Préparation à la visite de la Terre Sainte

 

Celui qui ouvre la Bible peut éprouver les mêmes sentiments que le pèlerin qui vient pour la première fois en Terre Sainte. Il ressent mille impressions qui risquent souvent de le mettre dans la confusion, du fait qu’il lit, qu’il voit ou écoute trop de choses. Il peut éprouver une sorte de vertige en abordant, en quelques centaines de pages ou en quelques jours, plus de quatre mille ans remplis des événements les plus extraordinaires de l’histoire de l’humanité...

En lisant la Bible, nous ne cherchons pourtant pas des traces matérielles de l’histoire des hommes, mais nous voulons simplement découvrir les manifestations multiples de l’initiative prise par Dieu d’aimer gratuitement l’homme. C’est cela que nous cherchons à travers les écrits comme derrière les pierres, les événements, les souvenirs et les personnes. Dieu qui se révèle à l’homme a voulu exprimer la plénitude de son intérêt pour l’homme dans ces lieux...

Une émouvante prophétie d’Isaïe reflète l’importance capitale de la Terre Sainte, berceau des trois grandes religions monothéistes, le judaïsme, le christianisme et l’islam.

Ce que vit Isaïe, fils d’Amoz, au sujet de Juda et de Jérusalem. Il arrivera dans l’avenir que la montagne de la Maison du Seigneur sera établir au sommet des montagnes et dominera sur les collines. Toutes les nations y afflueront. Des peuples nombreux se mettront en marche et diront : Venez à la montagne du Seigneur, à la Maison du Dieu de Jacob. Il nous montrera ses chemins et nous marcherons sur ses routes. Oui, c’est de Sion que vient l’instruction et de Jérusalem la Parole du Seigneur. Il sera juge entre les nations, l’arbitre de peuples nombreux. Martelant leurs épées, ils en feront des socs, de leurs lances, ils feront des serpes. On ne brandira plus l’épée nation contre nation, on n’apprendra plus à se battre. Venez, maison de Jacob, marchons à la lumière du Seigneur (Is. 2, 1-5).

Le pèlerinage prend ses racines dans l’ordre qui fut donné au peuple hébreu de se rendre trois fois par an dans cette ville de Jérusalem, aux fêtes de la Pâque, de la Pentecôte et des Tentes. Le christianisme continuera de vénérer Jérusalem comme ville sainte, retrouvant en elle le lieu de la mort et de la résurrection du Christ et le lieu où il reviendra dans la gloire. Des textes anciens attestent l’existence de pèlerinages chrétiens dès la fin du deuxième siècle. Mais ce n’est pas seulement la ville sainte qui attire les pèlerins, c’est le pays tout entier, carrefour de continents et d’anciennes civilisations et source de la foi. Quel que soit le lieu où il pose les pieds, le pèlerin foule un sol marqué par l’histoire biblique.

C’est le pays des patriarches ensevelis à Hébron, c’est le pays vers lequel Moïse guida le peuple d’Israël auquel il avait donné la Loi de Dieu sur le mont Sinaï, c’est le pays du prophète Elie qui brisa la résistance des prêtres idolâtres sur le mont Carmel, c’est le pays de David qui a fait de Jérusalem la capitale du pays, c’est le pays de Salomon qui a fait construire le premier Temple, c’est le pays de Jésus que l’impératrice Hélène remit en honneur lors de sa visite en 326, c’est le pays où les Croisés affrontèrent les guerriers de l’islam pour délivrer les lieux saints de leur influence et favoriser le culte chrétien dans la ville où Jésus souffrit. Sur le mont Moriah, la montagne du Temple, se trouvent deux lieux saints de l’islam, le dôme du Rocher et la mosquée El Aqsa.

On peut être chrétien sans jamais avoir visité la Terre Sainte, sans avoir jamais vu Bethléem, Nazareth, Jérusalem... Depuis le matin de Pâques, le Christ n’est plus présent dans ce petit pays d’Israël, mais partout dans le monde où des hommes croient en lui et se rassemblent en son nom.

Mais, on ne peut pas être chrétien si on n’a jamais entendu parler de Bethléem, Nazareth, Jérusalem. Ces villes ont vu se dérouler les événements essentiels de la foi chrétienne. C’est là que Jésus, le Fils de Dieu, est né, a vécu, a souffert, est mort, est ressuscité, a été vu vivant par ces disciples. Si ces lieux n’existaient pas, l’histoire de Jésus perdrait toute sa consistance. C’est pour cette raison que les chrétiens veulent aller en Terre Sainte : pour réaliser que la foi chrétienne repose sur des faits historiques qui se rattachent à des endroits précis.

Aller en Israël, c’est aussi découvrir la terre des ancêtres de Jésus. Il n’est pas permis d’ignorer que l’Ancien Testament a préparé la venue du Christ. Abraham, Moïse, David, les rois et les prophètes sont les témoins de l’action progressive de Dieu dans l’histoire des hommes. Leur message retentit encore dans les villes et les villages où ils sont passés.

La division des chrétiens se manifeste en Terre Sainte de manière frappante et évidente : toutes les confessions chrétiennes se retrouvent à Jérusalem, elles se côtoient, semblent s’ignorer et même parfois rivaliser dans l’hostilité... Cette situation peut paraître scandaleuse dans cette ville où Jésus a prié pour l’unité de ces disciples. Il nous revient alors d’ouvrir notre esprit et notre coeur à la prière de Jésus pour ses disciples.

La Terre Sainte est également le lieu de rencontre des grandes religions monothéistes : le judaïsme, le christianisme et l’islam y ont leurs lieux saints dans la vénération et l’adoration du Dieu unique. Un appel est adressé à tous ceux qui se rendent en Terre Sainte en vue de la compréhension entre tous ceux qui adorent le Dieu unique qui s’est révélé au patriarche Abraham, en qui tous les croyants reconnaissent leur père dans la foi.

Israël est une région du monde où la paix est souvent menacée. C’était le cas dès la plus haute antiquité : la Palestine, bande côtière sur la Méditerranée se trouvait au coeur du Croissant Fertile sur les voies de jonction des deux empires rivaux d’Egypte et de Mésopotamie. C’était aussi le cas dans la période expansionniste de la Grèce puis de Rome. C’est encore le cas aujourd’hui, même si depuis 1948, Israël est reconnu comme un Etat indépendant. Il ne nous est pas demandé de prendre parti en faveur des uns ou des autres, mais de garder à l’esprit la demande de compréhension mutuelle du Christ sans laquelle la paix ne peut exister entre les hommes : Heureux les artisans de paix !