Arrestation et procès de Jésus

 

Le dernier repas de Jésus est suivi de son agonie et de sa prière solitaire au jardin de Gethsémani. C'est sans doute à ce moment que Jésus a pu mesurer pleinement le destin tragique qui allait être le sien.

Après avoir chanté les psaumes d'action de grâce, à la fin du repas pascal, Jésus s'en va, par la vallée du Cédron, jusqu'au jardin de Gethsémani. On peut encore voir les marches qu'il emprunta pour descendre à la vallée du Cédron, à proximité de l'église saint Pierre en Gallicante (au chant du coq), qui rappelle que Pierre renia son maître par trois fois.

Ils arrivent à un domaine du nom de Gethsémani et il dit à ses disciples : Restez ici pendant que je prierai. Il emmène avec lui Pierre, Jacques et Jean. Et il commença à ressentir frayeur et angoisse. Il leur dit : Mon âme est triste à en mourir. Demeurez ici et veillez. Et, allant un peu plus loi, il tombait à terre et priait pour que, si possible, cette heure passât loin de lui. Il disait : Abba, Père, à toi tout est possible, écarte de moi cette coupe ! Pourtant, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux ! Il vient et les trouve en train de dormir, il dit à Pierre : Simon, tu dors ! Tu n'as pas eu la force de veiller une heure ! Veillez et priez afin de ne pas tomber au pouvoir de la tentation. L'esprit est plein d'ardeur, mais la chair est faible. De nouveau, il s'éloigna et pria en répétant les mêmes paroles. Puis, de nouveau, il vint et les trouva en train de dormir, car leur yeux étaient appesantis. Et ils ne savaient que lui dire. Pour la troisième fois, il vient, il leur dit : Continuez à dormir et reposez-vous ! C'en est fait. L'heure est venue, voici que le Fils de l'homme est livré aux mains des pécheurs. Levez-vous ! Allons ! Voici qu'est arrivé celui qui me livre (Mc. 14, 32-42).

Jésus est effrayé devant un événement qui doit survenir et sur lequel il ne peut avoir de prise directe, un événement auquel il ne peut donner personnellement un sens. Il est dépourvu devant la mort qui approche de lui. Il est seul, car les hommes qu'il a choisis sont défaillants, l'un d'eux le trahit, l'autre va le renier, les autres dorment sans se rendre compte de l'importance de ce qui se déroule pendant leur sommeil. Pour Jésus, c'est l'heure du rejet, l'heure de l'abandon par ceux qui l'entourent, c'est l'heure de la mort. C'est aussi l'heure où il surmonte définitivement la tentation. Dans sa prière au Père, à qui tout est possible, il demande d'écarter la coupe de souffrance. Mais il comprend quelle est la volonté du Père, il s'y abandonne avec confiance : Pourtant, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux ! Certes Jésus devait pressentir sa mort comme le résultat du rejet définitif du peuple d'Israël qui ne pouvait admettre l'authenticité de sa mission, mais jamais il ne semble avoir pu imaginer que se mort lui serait en quelque sorte volée et qu'il connaîtrait l'infamie des agitateurs politiques. Lui, le prophète envoyé par Dieu, le Fils unique, ne pouvait connaître que le sort des prophètes, et voilà qu'il va être traité comme le dernier des révolutionnaires.

Au même instant, comme il parlait encore, survient Judas, l'un des douze, avec une troupe armée d'épées et de bâtons qui venait de la part des grands prêtres, des scribes et des anciens. Celui qui le livrait avait convenu avec eux d'un signal : Celui à qui je donnerai le baiser, avait-il dit, c'est lui ! Arrêtez-le et emmenez-le sous bonne garde. Sitôt arrivé, il s'avance vers lui et lui dit : Rabbi. Et il lui donna un baiser. Les autres mirent la main sur lui et l'arrêtèrent. L'un de ceux qui étaient là tira l'épée, frappa le serviteur du grand prêtre et lui emporta l'oreille. Prenant la parole, Jésus leur dit : Comme pour un bandit, vous êtes partis avec des épées et des bâtons pour vous saisir de moi ! Chaque jour, j'étais parmi vous dans le Temple à enseigner et vous ne m'avez pas arrêté. Mais c'est pour que les Ecritures soient accomplies. Et tous l'abandonnèrent et prirent la fuite. Un jeune homme le suivait, n'ayant qu'un drap sur le corps. On l'arrête, mais lui, lâchant le drap, s'enfuit tout nu (Mc. 14, 43-52).

Le jardin de Gethsémani est le lieu où Jésus fut arrêté par l'ensemble de ses adversaires conduits par Judas Iscarioth. Le rôle de Judas, le compagnon de Jésus, fut d'indiquer l'endroit où saisir son maître, car beaucoup de pèlerins campaient sur le mont des Oliviers pendant la période pascale, rendant difficile la reconnaissance d'une personne au cours de la nuit. Les gardes trouvent Jésus paré à toute éventualité, tandis que des disciples, non préparés, s'enfuient et se dispersent, laissant Jésus seul aux mains de ses ennemis. Le jeune homme couvert d'un simple drap pourrait bien être Marc lui-même, qui rapporte seul cet événement qui semble autobiographique... Comme les prêtres l'avaient souhaité, l'arrestation de Jésus s'est faite à l'insu de la foule, et Jésus leur reproche de ne pas avoir osé intervenir devant la foule pendant qu'il enseignait dans le Temple.

Il fallait maintenant dépêcher le procès de Jésus, avant que ses sympathisants puissent avoir le temps de provoquer une émeute en cette période de fêtes où de nombreux fidèles étaient montés à Jérusalem pour la Pâque. Dans le récit du procès de Jésus que dressent les évangélistes, il existe deux jugements séparés, l'un devant le tribunal juif, le sanhédrin qui n'avait aucun pouvoir pour exécuter les sentences qu'il prononçait, et l'autre devant le tribunal du gouverneur romain. Chacun des deux jugements se termine par une condamnation à mort, mais chacun pour un crime différent.

Au Jardin de Gethsémani, endroit d'où l'on extrait l'huile, on peut voir des oliviers millénaires. C'est à l'ombre de ces arbres que s'élève la basilique de l'Agonie. Une fresque rappelle l'agonie de Jésus sur ce mont. Cette église est aussi connue sous le nom d'église des Nations, en raison du fait que de nombreux pays ont contribué à son financement. Elle a été construite sur les ruines d'un sanctuaire byzantin et de l'église des Croisés, elle renferme le rocher de l'agonir, là où Jésus aurait eu des sueurs de sang...

La Vallée du Cédron

La vallée du Cédron a eu un très grand attrait sur la population de Jérusalem depuis toujours, avec son aspect fantastique rehaussé par son paysage rude et sa maigre végétation. D'après une croyance populaire, c'est en cet endroit qu'aura lieu la résurrection de la chair, lors du jugement dernier. La légende affirme qu'un fil très mince sera tendu entre le parvis du Temple et le mont des Oliviers. Les bons rejoindront l'autre bord, tandis que les méchants tomberont dans le vide. L'histoire a fait que cette vallée regorge de monuments taillés dans le roc, parmi lesquels le pilier d'Absalon, appelé aussi tiare des pharaons en raison de son aspect (c'est le mémorial laissé par Absalon qui se révolta contre son père David), la tombe de Josaphat, le mausolée des prêtres Hezir que les chrétiens croient être la tombe de saint Jacques, la pyramide de Zacharie. C'est aussi dans la vallée du Cédron que l'on trouve l'église du tombeau de Marie qui remonte aux temps des Croisés et qui appartient actuellement aux grecs orthodoxes.

La Vierge se coucha sur son lit et, rendant grâce à Dieu, rendit l'esprit. Les apôtres virent alors une splendeur telle que nulle langue humaine ne saurait l'exprimer car elle surpassait la blancheur de la neige et la clarté de l'argent. Alors le Sauveur du monde parla ainsi : Lève-toi, Pierre, ainsi que les autres apôtres, et prenez le corps de la Vierge, ma bien-aimée, et portez-le à la droite de la ville vers l'orient, vous y trouverez un sépulcre neuf, vous l'y déposerez et vous attendrez que je vienne à vous... Les apôtres portant le corps parviennent à la vallée de Josaphat que le Seigneur avait désignée. Et ils le déposèrent dans un sépulcre neuf, le fermèrent et ils s'assirent à la porte du monument, ainsi que Dieu leur avait commandé. Voici que le Seigneur arriva soudainement avec une armée d'anges brillant d'une grande splendeur et il dit aux apôtres : La paix soit avec vous. Et ils répondirent : Seigneur, que ta miséricorde s'étende sur nous qui avons espéré en toi... Alors le Sauveur dit : Lève-toi, mon amie, toi qui n'a pas senti de corruption, tu ne souffriras pas la destruction du corps dans la sépulture. Aussitôt Marie se leva et bénit le Seigneur : Je ne puis, Seigneur, te rendre des actions de grâces dignes des bienfaits que tu as daigné accorder à ta servante. Le Seigneur l'ayant embrassée, la remit aux mains des anges pour qu'ils la portent dans le paradis (Transitus Mariae 8...18).

Marie se serait endormie dans la mort sur le mont Sion, là où se dresse l'église de la Dormition, avant d'être portée dans ce tombeau, où son corps reposa pendant trois jours. Alors, son corps fut emporté au ciel et son âme fut remise dans son corps.

L'église-crypte est un reste d'une basilique byzantine restaurée par les croisés. Les orthodoxes vénèrent ce tombeau avec une grande dévotion : le banc rocheux sur lequel son corps fut déposé est encore visible. Le tombeau se trouve dans une crypte dans le rocher, il est orné d'icônes, de tableaux et de pierres précieuses.

Le procès devant le Sanhédrin

Après son arrestation au jardin de Gethsémani, Jésus est traduit devant un tribunal juif, le Sanhédrin, grand conseil comprenant soixante et onze membres, chefs religieux des familles sacerdotales, membres de l'aristocratie laïque et scribes, divisés en deux tendances : les pharisiens et les saducéens. Ce grand conseil se réunit dans le palais du grand prêtre.

Ils emmenèrent Jésus chez le grand prêtre. Ils s'assemblent tous, les grands prêtres, les anciens, les scribes. Pierre, de loin, l'avait suivi jusqu'à l'intérieur du palais du grand prêtre. Il était assis avec les serviteurs et se chauffait près du feu. Or les grands prêtres et tout le Sanhédrin cherchaient contre Jésus un témoignage pour le faire condamner à mort et ils n'en trouvaient pas. Car beaucoup portaient de faux témoignages contre lui, mais les témoignages ne concordaient pas. Quelques-uns se levaient pour donner un faux témoignage contre lui en disant : Nous l'avons entendu dire : Moi, je détruirai ce sanctuaire fait de main d'homme et, en trois jours, j'en bâtirai un autre qui ne sera pas fait de main d'homme. Mais, même de cette façon, ils n'étaient pas d'accord dans leur témoignage. Le grand prêtre, se levant au milieu de l'assemblée, interrogea Jésus : Tu ne réponds rien aux témoignages que ceux-ci portent contre toi ? Mais lui gardait le silence, il ne répondit rien. De nouveau, le grand prêtre l'interrogeait, il lui dit : Es-tu le Messie, le Fils du Dieu béni ? Jésus dit : Je le suis et vous verrez le Fils de l'homme siégeant à la droite du Tout Puissant et venant avec les nuées du ciel. Le grand prêtre déchira ses habits et dit : Qu'avons-nous encore besoin de témoins ! Vous avez entendu le blasphème. Qu'en pensez-vous ? Et tous le condamnèrent comme méritant la mort. Quelques-uns se mirent à cracher sur lui, à lui couvrir le visage et à lui dire : Fais le prophète ! Et les serviteurs le reçurent avec des gifles (Mc. 14, 53-65).

Jésus est donc d'abord traduit devant le tribunal juif où les prêtres cherchent un motif pour le condamner à mort. Ils avaient de bonnes raisons de refuser son enseignement, ils souhaitaient qu'il se manifeste ouvertement contre l'occupant romains pour qu'ils puissent le condamner sans les faire tremper dans "l'affaire Jésus". Ils auraient ainsi pu dégager leur responsabilité, mais Jésus ne s'est jamais laissé prendre à leurs pièges. Les prêtres ne manquaient pas de mobiles pour chercher à faire périr Jésus :

- il ne respectait pas le sabbat

- il ne respectait pas le Temple

- il se moquait ouvertement des prêtres et des pharisiens

- il se prétendait fils de Dieu

Pendant que se décidait le sort de Jésus, dans la cour du palais du grand prêtre, Pierre reniait son maître.

Tandis que Pierre était en bas, dans la cour, l'une des servantes du grand prêtre arrive. Voyant Pierre qui se chauffait, elle le regarde et lui dit : Toi aussi, tu étais avec le Nazaréen, avec Jésus ! Mais il nia en disant : Je ne sais pas et je ne comprends pas ce que tu veux dire. Et il s'en alla dehors dans le vestibule. La servante le vit et se mit à dire à ceux qui étaient là : Celui-là, il est des leurs ! Mais de nouveau, il niait. Peu après, ceux qui étaient là disaient une fois de plus à Pierre : A coup sûr, tu es des leurs ! Et puis, tu es galiléen. Mais lui se mit à jurer avec des imprécations : Je ne connais pas l'homme dont vous me parlez ! Aussitôt, pour la deuxième fois, un coq chanta. Et Pierre se rappela la parole que Jésus lui avait dite : Avant que le coq chante deux fois, tu m'auras renié trois fois. Il sortit précipitamment, il pleurait (Mc. 14, 66-72).

L'église de saint Pierre en Gallicante, propriété des Assomptionnistes, aurait été édifiée sur la maison de Caïphe. Dans le jardin, un escalier datant des Maccabées relie le mont Sion à la source de Gihôn. Dans le sous-sol, des cachots et un lieu de flagellation sont encore visibles. C'est là que Jésus aurait été questionné et emprisonné par Caïphe, et que Pierre aurait nié le connaître.

Sous des apparences de procès régulier, ce premier procès de Jésus devant les autorités juives a été bâclé. Même si le Sanhédrin avait quelque pouvoir pour ordonner l'exécution d'une sentence pour un motif religieux, tel que le blasphème, il n'avait pas le pouvoir d'ordonner la mise à mort. C'est pourquoi il faut porter l'affaire devant le procurateur romain, Pilate, qui séjournait à Jérusalem, pendant les périodes de fêtes. Aussi les milieux sacerdotaux livrent-ils Jésus à Pilate, en invoquant non plus des motifs religieux, mais en présentant Jésus comme un agitateur qui refuse de payer l'impôt et veut rétablir la royauté sur Israël. L'intention qui dirigeait les prêtres était double : il fallait réussir à faire condamner Jésus, et surtout il fallait réussir à discréditer absolument sa mémoire parmi le peuple. D'où la conversion du motif religieux en motif politique d'incitation à la révolte et à la sédition.

Le procès devant Pilate

La Palestine était sous protectorat romain et Pilate était chargé de maintenir le bon ordre dans le pays. Ce n'était pas une tâche facile : il y avait de nombreux zélotes, plus ou moins terroristes, qui cherchaient à faire tomber la puissance romaine par les armes ou préconisaient de ne plus se soumettre à Rome, en refusant de payer les impôts romains et en faisant tout ce qu'il était possible de faire pour empêcher le bon fonctionnement du gouvernement de la Palestine. Or, on a certainement rapporté à Pilate la pensée de Jésus sur l'impôt : rendre à César ce qui est à César et rendre à Dieu ce qui est à Dieu... En bon juif, Jésus sait que tout est à Dieu, et il pouvait donc être accusé comme exhortant le peuple à ne plus payer l'impôt.

Pour la bonne marche de son gouvernement, Pilate avait besoin du concours du sacerdoce juif : si les prêtres collaboraient, il aurait moins de problèmes avec leurs fidèles. Aussi ne pouvait-il pas refuser de prêter son appui à ceux qui dénonçaient Jésus, d'autant plus qu'ils le présentent comme un ennemi de Rome, prétendant même qu'il voulait devenir le roi des Juifs, comme un ennemi de l'empereur. Pilate aurait sans doute aimé trouver le moyen de décliner la compétence de son pouvoir, mais les grands prêtres, jouant le rôle de procureurs de justice, lui présentèrent Jésus comme un dangereux nationaliste et exercèrent contre Pilate un véritable chantage : Si tu le relâches, tu n'es plus l'ami de César, autrement dit : si nous faisons remonter l'affaire jusqu'à Rome, tu risques ta place !, si bien que Pilate était très ennuyé, ne trouvant rien de spécial à reprocher à Jésus qu'il interrogeait. Pourtant, les évangélistes soulignent que Pilate joua un grand rôle dans le procès de Jésus. C'est un procurateur romain ordinaire qui pense surtout à sa carrière et qui mène une guerre froide contre les chefs juifs. Quand on enferme Jésus dans ses prisons, il ne représente pour lui qu'un épisode négligeable. Hérode Antipas, venu à Jérusalem pour participer aux fêtes, a peut-être agi dans les coulisses. Les évangélistes ne permettent pas de le savoir avec certitude. Le Sanhédrin s'est sans doute réuni dans le palais d'Hérode, près de la porte de Jaffa, dont les casernements sont encore partiellement visibles du côté Nord de l'enceinte du Temple. C'est là que le procurateur s'installait lorsqu'il venait de Césarée, sa résidence officielle en Palestine. Devant la citadelle s'étendait une place pavée, nommée le Lithostrotos, où Pilate parlait au peuple. C'est au Couvent de la Flagellation que part le Chemin de Croix, à l'endroit où Pilate interrogea Jésus. La construction actuelle a remplacé un oratoire de l'époque des Croisés. A l'intérieur, trois vitraux modernes rappellent les moments de cet interrogatoire : Jésus flagellé (au centre), tandis que Pilate se lave les mains (à gauche) et que Barabbas est libéré (à droite). Sur la coupole, au-dessus de l'autel, une grande couronne d'épines, dorée et percée d'étoiles.

Dès le matin, les grands prêtres tinrent conseil avec les anciens, les scribes et le Sanhédrin tout entier. Ils lièrent Jésus, l'emmenèrent et le livrèrent à Pilate. Pilate l'interrogea : Es-tu le roi des Juifs ? Jésus lui répond : C'est toi qui le dis. Les grands prêtres portaient contre lui beaucoup d'accusations. Pilate l'interrogeait de nouveau : Tu ne réponds rien ? Vois toutes les accusations qu'ils portent contre toi. Mais Jésus ne répondit plus rien de sorte que Pilate était étonné. A chaque fête, il leur relâchait un prisonnier, celui qu'ils réclamaient. Or celui qu'on appelait Barabbas était en prison avec les émeutiers qui avaient commis un meurtre pendant l'émeute. La foule monta et se mit à demander ce qu'il accordait d'habitude. Pilate leur répondit : Voulez-vous que je vous relâche le roi des Juifs ? Car il voyait bien que les grands prêtres l'avaient livré par jalousie. Les grands prêtres excitèrent la foule pour qu'il leur relâche plutôt Barabbas. Prenant alors la parole, Pilate leur disait : Que ferai-je donc de celui que vous appelez le roi des Juifs ? De nouveau, ils crièrent : Crucifie-le ! Pilate leur disait : Qu'a-t-il donc fait de mal ? Ils crièrent de plus en plus fort : Crucifie-le ! Pilate, voulant contenter la foule, leur relâcha Barabbas et il livra Jésus, après l'avoir fait flageller, pour qu'il soit crucifié (Mc. 15, 1-15).

Pilate va abandonner Jésus, mais auparavant, conscient du fait que Jésus pouvait être un personnage populaire, il va faire un geste susceptible de lui attirer la faveur des foules, dut-il déplaire aux chefs des prêtres qu'il semblait mépriser. Pilate propose inconditionnellement de remettre Jésus en liberté ; mais la foule rejette cette proposition et, sous l'incitation des prêtres, réclame la mise en liberté de Barabbas et la crucifixion de Jésus. Le gouverneur romain est alors contraint de se soumettre à la vindicte populaire, et conformément à l'usage romain, il fait flageller Jésus avant de le faire crucifier. Jésus est alors soumis aux outrages des soldats qui lui enfoncent sur la tête une couronne d'épines tressées.

Les soldats le conduisirent à l'intérieur du palais, c'est-à-dire du prétoire. Ils appellent toute la cohorte. Ils le revêtent de pourpre et ils lui mettent sur la tête une couronne d'épines qu'ils ont tressée. Et ils se mirent à l'acclamer : Salut, roi des Juifs ! Ils lui frappaient la tête avec un roseau, ils crachaient sur lui et se mettant à genoux, ils se prosternaient devant lui. Après s'être moqués de lui, ils lui enlevèrent la pourpre et lui remirent ses vêtements. Puis ils le font sortir pour le crucifier (Mc. 15, 16-20).

La deuxième station du chemin de croix traditionnel est l'Arc de l'Ecce homo, nom que les pèlerins du seizième siècle donnèrent à ce lieu, en se référant aux paroles de Pilate qui présenta Jésus à la foule des juifs, en disant : Voici l'homme ! En fait, l'arc de l'Ecce homo serait une partie de l'arc de triomphe qu'Hadrien fit élever en 135, en mémoire de la conquête de Jérusalem. Beaucoup de grottes creusées dans le rocher se trouvent sur ce chemin de croix. Les orthodoxes ont vu dans deux grottes voisines les cellules dans lesquelles furent enfermés Jésus et Barabbas. Sous l'église des soeurs de Sion, on découvre les restes d'un ancien dallage de l'époque romaine, qu'on appelle le Lithostrotos. Sur certains dalles, des signes gravés rappellent un jeu d'osselets, dit jeu du roi, qui serait de distractions aux soldats. Ce jeu permettrait d'expliquer les sévices et les outrages subis par Jésus.