La longue marche dans le désert

 

Les pérégrinations des Israélites dans le désert vont durer quarante ans, qui seront marqués par des événements dont rend compte le livre des Nombres. Ce qui est toujours souligné, c'est la difficulté éprouvée par le peuple à obéir à la Parole de Dieu. Pour avancer dans le désert, il convient de respecter un certain ordre, c'est la raison pour laquelle Moïse, en réponse à l'ordre de Dieu, fait procéder à un recensement général, en ne comptent que les hommes de plus de vingt ans, aptes à faire campagne militaire.

Dans le désert du Sinaï, le Seigneur parla à Moïse dans la tente de la Rencontre, c'était le premier jour du deuxième mois, la deuxième année après leur sortie d'Egypte. Il dit : Dressez l'état de toute la communauté des fils d'Israël, par clans et par familles, en relevant les noms de tous les hommes, un par un. Les hommes de vingt ans et plus, tous ceux qui servent dans l'armée d'Israël, recensez-les par armées, toi et Aaron. Qu'il y ait avec vous un homme de chaque tribu, un homme qui soit chef de famille (Nb. 1, 1-6).

Le total de ces hommes est de 603550, ce qui permet d'évaluer la population à environ deux millions et demi de personnes.

Si l'idolâtrie a pu être écartée depuis l'épisode du veau d'or, alors que Moïse est monté dans le Sinaï pour rencontrer Dieu, le mécontentement subsiste toujours dans le camp. La colère de Dieu s'élève contre Israël, et c'est une partie du camp qui se trouve incendiée...

Un jour, le peuple se livra à des lamentations, ce que le Seigneur entendit avec déplaisir. En les entendant, le Seigneur s'enflamma de colère. Le feu du Seigneur ravagea le camp et dévora un bout du camp. Le peuple lança des cris vers Moïse qui intercéda auprès du Seigneur, et le feu se calma. On donna à cet endroit le nom de Taveéra, parce que le feu du Seigneur avait ravagé les fils d'Israël (Nb. 11, 1-3).

Mais les murmures continuent. Le peuple en a assez de la nourriture éternelle de la manne, ressemblant à la graine de coriandre qui avait le goût de miel, ce qui pourrait être comparé au pain d'épices. Le peuple regrette la nourriture traditionnelle de l'Egypte : poissons, concombres, melons, poireaux, oignons, aulx... Il réclame de la viande, et Dieu va répondre de manière spectaculaire à cette demande jusqu'à dégoûter les enfants d'Israël : un vent amène les cailles de la mer en extraordinaire abondance, si bien que le peuple s'en trouve gravement malade...

Il y avait parmi eux un ramassis de gens qui furent saisis de convoitise, et les fils d'Israël recommencèrent à pleurer : Qui nous donnera de la viande à manger ? Nous nous rappelons le poisson que nous mangions pour rien en Egypte, les concombres, les pastèques, les poireaux, les oignons, l'ail ! Tandis que maintenant notre vie s'étiole, plus rien de tout cela ! Nous ne voyons plus que la manne... (Nb. 11, 4-8).

Un vent envoyé par le Seigneur se leva, de la mer, il amena des cailles qu'il abattit sur le camp et tout autour, sur une distance d'un jour de marche de chaque côté du camp, elles couvraient le sol sur deux coudées. Le peuple fut debout tout ce jour-là, toute la nuit et tout le lendemain pour ramasser les cailles. Celui qui en ramassa le moins en eut dix homers. Ils les étalèrent partout autour du camp. La viande était encore entre leurs dents, ils n'avaient pas fini de la mâcher que le Seigneur s'enflamme de colère contre le peuple et lui porta un coup très fort. On donna à cet endroit le nom de Qivroth-Taawa - Tombes de la convoitise, car c'est là qu'on enterra la foule de ceux qui avaient été saisis de convoitise (Nb. 11, 31-34).

Mais il faut aussi penser à explorer le pays que Dieu a promis de donner en héritage à son peuple. Moïse envoie douze explorateurs, un par tribu, dont Josué et Caleb. Ces explorateurs montent jusqu'au sud du pays de Canaan.

Le Seigneur dit à Moïse : Envoie des hommes pour explorer le pays de Canaan que je donne aux fils d'Israël, vous enverrez un homme par tribu, chacun pour la tribu de ses pères, ils seront tous pris parmi les responsables des fils d'Israël. Depuis le désert de Parân, Moïse les envoya donc sur l'ordre du Seigneur... Moïse les envoya explorer le pays de Canaan : Montez-y par le Neguev, leur dit-il, vous gravirez la montagne et vous verrez comment est le pays et si le peuple qui l'habite est fort ou faible, si la population est rare ou nombreuse. Vous verrez si le pays habité par ce peuple est bon ou mauvais et si les villes qu'il habite sont des camps ou des forteresses. Vous verrez si le pays est fertile ou pauvre, boisé ou non. Soyez assez hardis pour prendre des fruits du pays : c'était, en effet, la saison des premiers raisins. Ils montèrent et explorèrent le pays... (Nb. 13, 1... 21).

Leur mission dure quarante jours et ils ramènent des fruits dont le pays abonde : une grande grappe de raisins est emportée par deux hommes sur une perche. Ils font un récit détaillé de leur mission : c'est bien un pays ruisselant de richesses, mais le peuple qui l'habite est très puissant et ses villes sont fortifiées. Cela entraîne le découragement du peuple, malgré les tentatives de Josué et de Caleb pour calmer les angoisses, et déjà certains sont prêts à retourner en Egypte...

Ils revinrent de leur exploration du pays au bout de quarante jours. Ils vinrent trouver Moïse, Aaron et toute la communauté des fils d'Israël dans le désert de Parân, à Qadesh. Ils leur rendirent compte, ainsi qu'à toute la communauté et leur montrèrent les fruits du pays. Ils firent ce récit à Moïse : Nous sommes allés dans le pays où tu nous as envoyés et vraiment c'est un pays ruisselant de lait et de miel : en voici les fruits. Cependant le peuple qui l'habite est puissant, les villes sont d'immenses forteresses... Caleb fit taire le peuple qui s'opposait à Moïse : Allons, dit-il, montons et emparons-nous du pays, nous arriverons sûrement à le soumettre. Mais les hommes qui étaient montés avec lui dirent : Nous ne pouvons pas attaquer ce peuple, car il est plus fort que nous. Et ils se mirent à décrier devant les fils d'Israël le pays qu'ils avaient exploré : Le pays que nous avons parcouru pour l'explorer, disaient-ils, est un pays qui dévore ses habitants, et tous les gens que nous y avons vu étaient des hommes de grande taille, et nous y avons vu ces géants... nous nous voyions comme des sauterelles et c'est bien ainsi qu'eux-mêmes nous voyaient. Toute la communauté fit chorus et poussa des cris, et le peuple passa la nuit à pleurer. Tous les fils d'Israël protestèrent contre Moïse et Aaron. La communauté tout entière leur dit : Ah ! si nous étions morts dans le pays d'Egypte, ou si du moins nous étions morts dans ce désert ! Pourquoi Dieu nous mène-t-il dans ce pays où nous tomberons par l'épée ? Nos femmes et nos enfants seront capturés. Ne ferions-nous pas mieux de retourner en Egypte ?... Josué et Caleb qui avaient pris part à l'expédition déchirèrent leurs vêtements. Ils dirent à toute la communauté des fils d'Israël : Ce pays que nous avons parcouru est un très, très beau pays. Si le Seigneur nous favorise, il nous mènera dans ce pays et nous le donnera, ce pays ruisselant de lait et de miel. Ne vous révoltez pas contre le Seigneur, ne craignez pas les gens de ce pays, nous n'en ferons qu'une bouchée. L'ombre de leurs dieux s'est éloignée d'eux alors que le Seigneur est avec nous. Ne les craignez pas. Toute la communauté parlait de les lapider, quand la gloire du Seigneur apparut à tous les fils d'Israël sur le tente de la rencontre. Le Seigneur parla à Moïse : Jusqu'à quand ce peuple me méprisera-t-il ? Jusqu'à quand refusera-t-il de croire en moi, en dépit de tous les signes que j'ai opérés au milieu d'eux ? Je vais le frapper de la peste et le priver de son héritage, et de toi, je ferai un peuple plus grand et plus puissant que lui. Moïse dit au Seigneur : Les Egyptiens ont appris que c'est ta puissance qui a fait monter ce peuple de chez eux et ils l'ont dit aux habitants de ce pays. Ceux-ci ont appris que toi, le Seigneur, tu es au milieu de ce peuple, que c'est toi, le Seigneur, qui te montres à eux les yeux dans les yeux... et tu ferais mourir ce peuple comme un seul homme ! Alors les peuples qui ont appris ta renommée diraient : Le Seigneur n'était pas capable de faire entrer ce peuple dans le pays qu'il leur avait promis, voilà pourquoi il les a massacrés dans le désert. Le Seigneur répondit : Je pardonne comme tu le demandes. Cependant aussi vrai que je suis vivant, aussi vrai que la gloire du Seigneur remplit toute la terre, aucun de ces hommes qui ont vu ma gloire et les signes que j'ai opérés en Egypte et dans le désert et qui m'ont mis à l'épreuve dix fois déjà, en ne m'écoutant pas, aucun d'eux, je le jure, ne verra le pays que j'ai promis à leurs pères, aucun de ceux qui m'ont méprisé ne le verra (Dt 13, 25 - 14, 23).

Moïse comprit que le plan qu'il avait conçu d'envahir rapidement le pays de Canaan ne pourrait jamais être réalisé. Canaan n'était pas prêt à recevoir des hommes libérés, le pays était encore sous l'influence de l'Egypte. Aussi Israël vécut-il longuement dans le désert, le temps qu'il fallut à la génération sortie d'Egypte pour disparaître. Il faudra beaucoup de temps à Moïse pour amener ces tribus qu'il avait fait sortir d'Egypte à être prêtes pour l'action. Il ne lui suffisait pas d'avoir écrit une Loi, il fallait apprendre à ce peuple à l'accepter et à la respecter.

Cela ne pouvait pas se faire en quelques jours, ni en quelques semaines : le peuple devait apprendre à changer ses manières de vivre et prendre de nouvelles habitudes.

Moïse entreprit alors de transformer la fédération des tribus en une communauté beaucoup plus étroitement unie. Pour ce faire, il employa son temps à guider ceux qui devaient lui succéder, et particulièrement Josué, en déléguant de plus en plus son autorité. Il en profita pour préciser le code religieux, les devoirs spécifiques des tribus, notamment celle des fils de Lévi qui devait se charger du culte.

C'est un peuple nouveau qui devait entrer dans la Terre Promise : les enfants qui étaient nés dans le désert étaient devenus des hommes, ils n'avaient jamais connu la servitude, ils avaient vraisemblablement suivi un enseignement guerrier, ils étaient alors prêts à prendre part aux combats d'Israël pour entrer en Terre Promise. L'heure approchait de l'entrée en possession de l'héritage divin.

Néanmoins, poussé par des considérations politiques, Moïse ne choisit pas l'itinéraire le plus court pour se lancer dans la conquête. Il demande au roi d'Edom l'autorisation de traverser son territoire, celui-ci refuse, le peuple doit donc contourner ce pays pour se diriger vers le sud-est. Moïse ne songe pas à utiliser la force pour combattre Edom puisque l'ancêtre de ce royaume n'est autre qu'Esaü, le frère de Jacob-Israël.

De Qadesh, Moïse envoya des messagers au roi d'Edom pour lui dire : Ainsi parle ton frère Israël. Tu sais toutes les difficultés que nous avons rencontrées. Nos pères sont descendus en Egypte où nous avons séjourné de longs jours, mais les Egyptiens nous ont maltraités, nous et nos pères. Nous avons crié vers le Seigneur et il a entendu nos cris. Il nous a envoyé un ange pour nous faire sortir d'Egypte. Nous voici maintenant à Qadesh, ville située à la limite de ton territoire. Laisse-nous donc passer par ton pays. Nous ne passerons ni dans les champs ni dans les vignes, nous ne boirons pas l'eau des puits. Nous irons par la route royale sans nous en écarter ni à droite ni à gauche jusqu'à ce que nous ayons traversé ton territoire. Mais Edom lui répondit : Tu ne passeras pas chez moi, sinon je sortirai en armes à ta rencontre. Les fils d'Israël lui dirent : Nous monterons par la route. Si nous buvons de ton eau, moi et mes troupeaux, je t'en paierai le prix. Je ne demande qu'une chose : passer à pied. Mais Edom répondit : Tu ne passeras pas ! Et il sortit à sa rencontrer avec une masse de gens et un grand déploiement de forces. Ainsi Edom refusa de laisser passer Israël sur son territoire et Israël s'éloigna de lui (Nb. 20, 14-21).

Mais le peuple est mécontent d'avoir à effectuer ce détour, il s'irrite contre Moïse et contre Dieu. Un fléau s'abattra sur le peuple : les serpents.

Le peuple se mit à critiquer Dieu et Moïse : Pourquoi nous avez-vous fait monter d'Egypte ? Pour que nous mourrions dans le désert ? Car il n'y a ici ni pain ni eau et nous sommes dégoûtés de ce pain de misère. Alors le Seigneur envoya des serpents brûlants qui les mordirent et il mourut un grand nombre de gens en Israël. Le peuple vint trouver Moïse en disant : Nous avons péché en critiquant le Seigneur et en te critiquant, intercède auprès du Seigneur pour qu'il éloigne de nous les serpents. Moïse intercéda pour le peuple et le Seigneur lui dit : Fais faire un serpent brûlant et fixe-le à une hampe, quiconque aura été mordu et le regardera aura la vie sauve. Moïse fit un serpent d'airain et le fixa à une hampe. Quand un serpent mordait un homme, celui-ci regardait le serpent d'airain, il avait la vie sauve (Nb. 21, 5-9).

L'itinéraire se complique encore par le détour du pays de Moab, descendant de Lot, le neveu d'Abraham. Puis Moïse demande le passage au roi des Amoréens qui refuse à son tour. C'est le combat de Jahats, Israël est vainqueur. Le pays de Moab est effrayé par l'arrivée de ce nouveau peuple, et comme Balaq, le roi de ce pays, découvre qu'il n'est guère possible de vaincre Israël par les armes, il cherche à l'attaquer d'une autre manière : il demande à un prophète, Balaam, de maudire le peuple d'Israël.

Le lendemain matin, Balaam se leva, sella son ânesse et partit avec les dignitaires de Moab. Mais Dieu se mit en colère en le voyant partir, et l'ange du Seigneur se posta sur le chemin pour lui barrer la route tandis qu'il cheminait, monté sur son ânesse, accompagné de ses deux serviteurs. L'ânesse vit l'ange du Seigneur posté sur le chemin, l'épée nue à la main. Quittant le chemin, elle prit par les champs. Balaam bâtit l'ânesse pour la ramener sur le chemin. L'ange du Seigneur se plaça alors dans un chemin creux qui passait dans les vignes entre deux murettes. L'ânesse vit l'ange du Seigneur, elle se serra contre le mur. Comme elle serrait le pied de Balaam contre le mur, il se remit à la battre. L'ange du Seigneur les dépassa encore une fois pour se placer dans un passage étroit où il n'y avait pas la place d'obliquer ni à droite ni à gauche. L'ânesse vit l'ange du Seigneur, elle s'affaissa sous Balaam qui se mit en colère et la battit à coup de bâton. Le Seigneur fit parler l'ânesse et elle dit à Balaam : Que t'ai-je fait pour que tu me battes par trois fois ? C'est, lui dit Balaam, que tu en prends à ton aise avec moi ! Si j'avais une épée en main, je te tuerais sur-le-champ ! L'ânesse dit à Balaam : Ne suis-je pas ton ânesse, celle que tu montes depuis toujours ? Est-ce mon habitude d'agir ainsi avec toi ? Non, dit-il. Le Seigneur dessilla les yeux de Balaam, qui vit l'ange du Seigneur posté sur le chemin, l'épée nue à la main, il s'inclina et se prosterne la face contre terre. Alors, l'ange du Seigneur lui dit : Pourquoi as-tu battu ton ânesse par trois fois ? Tu le vois, c'est moi qui suis venu te barrer la route, car, pour moi, c'est un voyage entrepris à la légère. L'ânesse m'a vu, elle, et par trois fois s'est écartée de moi. Si elle ne s'était pas écartée devant moi, je t'aurais tué sur-le-champ, tandis qu'à elle j'aurais laissé la vie sauve. Balaam dit à l'ange du Seigneur : J'ai péché, car je n'ai pas reconnu que c'était toi qui étais posté devant moi, sur le chemin. Maintenant, si ce voyage te déplaît, je m'en retournerai. Mais l'ange du Seigneur lui dit : Va avec ces hommes, mais tu diras seulement la parole que je te dirai. Balaam s'en alla donc avec les dignitaires de Balaq (Nb. 22, 21-35).

Alors ce prophète, poussé par Dieu ne maudit pas le peuple d'Israël, et ses incantations sont plutôt des bénédictions pour Israël et des malédictions pour ses ennemis (cf. Nb. 22 - 24).

Après avoir prononcé ces paroles, Balaam rentre dans son pays. La puissance militaire n'ayant rien pu faire devant Israël, la puissance religieuse se révélant également impuissante, il ne reste plus que la corruption morale intérieure pour entraîner le peuple vers sa perte. Il semble que ce soit Balaam qui ait laissé entendre cette solution au roi Balaq.

Israël s'établit à Shittim et le peuple commença à se livrer à la débauche avec les filles de Moab. Elles invitèrent le peuple aux sacrifices de leurs dieux. Le peuple y mangea et se prosterna devant leurs dieux. Israël se mit sous le joug du Baal de Péor, et le Seigneur s'enflamma de colère contre lui. Le Seigneur dit à Moïse : Saisis tous les chefs du peuple et fais-les pendre devant le Seigneur face au Seigneur afin que l'ardente colère du Seigneur se détourne d'Israël. Moïse dit aux juges d'Israël : Que chacun de vous tue ceux de ses hommes qui se sont mis sous le joug du Baal de Péor... Les victimes de ce fléau furent au nombre de vingt-quatre mille (Nb. 25, 1-9).

C'est la grande tentation du peuple, au moment où il s'apprête à se sédentariser, de se livrer à la prostitution sacrée pour obtenir la fertilité des sols... L'affaire se poursuit : sur ordre de Dieu, Israël attaque les Madianites, les hommes sont tués, Balaam est de leur nombre, car c'est sur son conseil que les femmes ont entraîné le peuple sur les chemins de la perversité, les femmes et les enfants sont faits prisonniers, et les femmes seront ensuite mises à mort sur ordre de Moïse.

A la même époque, un nouveau recensement est réalisé. Il révèle que tous ceux qui avaient quitté l'Egypte étaient morts, à l'exception de Josué, Caleb et Moïse lui-même. La population n'a guère augmenté depuis la sortie d'Egypte, mais c'est un peuple nouveau qui s'apprête à franchir la dernière étape dont la longue marche au désert n'avait été que la préparation : l'entrée dans la Terre de Canaan.

L'événement dominant cette dernière étape sera la mort de Moïse qui désigne son successeur en la personne de Josué. Le Seigneur dit à Moïse : Monte sur cette montagne de la chaîne des Avirim (à l'est de la Mer Morte) et regarde le pays que je donne aux fils d'Israël. Tu le verras, puis tu seras enlevé toi aussi pour rejoindre ta parenté, comme l'a été ton frère Aaron... Moïse dit alors au Seigneur : Que le Seigneur, le Dieu qui dispose du souffle de toute créature, désigne un homme qui sera à la tête de la communauté…, ainsi la communauté du Seigneur ne sera pas comme des moutons sans berger. Le Seigneur répondit à Moïse : Prends Josué, le fils de Noun, c'est un homme qui est inspiré. Tu lui imposeras les mains, et tu le présenteras au prêtre Eléazar ainsi qu'à toute la communauté et tu l'établiras dans sa charge sous leurs yeux. Tu lui donneras une part de ta puissance, afin que toute la communauté des fils d'Israël lui obéisse (Nb. 27, 12-20).

La tâche de Moïse était désormais accomplie, il avait vécu longtemps, il pouvait jeter un regard en arrière sur toute son existence et sur l'action qu'il avait menée sur les conseils de Dieu. Aux descendants de ceux qui avaient fui l'Egypte, il pouvait raconter la sortie d'Egypte, en les exhortant à ne jamais oublier les drames traversés par leur peuple, il leur rappela les commandements de Dieu et l'ensemble du Code de l'alliance. Tout cela est rapporté dans le livre du Deutéronome qui se présente comme le discours d'adieu de Moïse, au moment de l'entrée en terre de Canaan.

Moïse monta des steppes de Moab vers le mont Nébo qui est en face de Jéricho, et le Seigneur lui fit voir tout le pays, le Galaad jusqu'à Dan, tout Nephtali, le pays d'Ephraïm et de Manassé, tout le pays de Juda jusqu'à la Mer occidentale, le Neguev et le District, la vallée de Jéricho, ville des palmiers, jusqu'à Tsoar. Et le Seigneur lui dit : C'est là le pays que j'ai promis par serment à Abraham, Isaac et Jacob en leur disant : C'est à ta descendance que je le donne. Je te l'ai fait voir de tes propres yeux, mais tu n'y entreras pas. Et Moïse le serviteur de Dieu mourut là, dans le pays de Moab, selon la déclaration du Seigneur. Il l'enterra dans la vallée, au pays de Moab, en face de Beth-Phéor, et personne n'a jamais connu son tombeau jusqu'à ce jour. Moïse avait cent vingt ans quand il mourut, sa vue n'avait pas baissé, sa vitalité ne l'avait pas quitté. Les fils d'Israël pleurèrent Moïse dans les steppes de Moab pendant trente jours. Puis les jours pour le deuil de Moïse s'achevèrent. Josué, fils de Noun, était rempli d'un esprit de sagesse, car Moïse lui avait imposé les mains, et les fils d'Israël l'écoutèrent pour agir suivant les ordres que le Seigneur avait donnés à Moïse. Plus jamais en Israël ne s'est levé un prophète comme Moïse, lui que le Seigneur connaissait face à face, lui que le Seigneur avait envoyé accomplir tous ces signes et tous ces prodiges dans le pays d'Egypte devant le Pharaon, tous ses serviteur et tout son pays, ce Moïse qui avait agi avec toute la puissance de sa main, en suscitant toute cette grande terreur, sous les yeux de tout Israël (Dt. 34, 1-12).