Premiers pas sur la Terre Sainte

 

Tel Aviv

Première ville visitée en arrivant en Israël, car proche de l'aéroport Ben Gourion, elle est appelée Tel-Aviv, la colline du printemps, du nom de la localité où les juifs se sont installés durant l'exil à Babylone, ainsi que le rapporte le livre du prophète Ezéchiel : Alors, l'esprit me souleva et m'emporta, j'allais, amer et l'esprit irrité. La main du Seigneur était sur moi, très dure. J'arrivais chez les déportés à Tel-Aviv, chez ceux qui résident près du fleuve Kebar, car c'est là qu'ils résident, et je résidais là sept jours, hébété, au milieu d'eux. A la fin des sept jours, il y eut une parole du Seigneur pour moi : Fils d'homme, je t'établis guetteur pour la maison d'Israël. Quand tu entendras une parole venant de ma bouche, tu les avertiras de ma part (Ez. 3, 14-17).

Le mot Tel est un mot d'origine sémitique, employé fréquemment en archéologique pour désigner une colline artificiellement formée par la superposition de niveaux successifs d'habitations ou de remparts des cités anciennes, formés au fil des temps par la construction de bâtiments sur les ruines des précédents.

Fondée en 1901 sur des dunes de sable dans une région désolée, c'était la première fois dans l'histoire qu'une ville était entièrement construite, peuplée et gérée par des juifs. Elle connut un grand essor au point de devenir le siège provisoire du gouvernement après la promulgation, le 14 mai 1948, de la Charte d'Indépendance et avant que Jérusalem ne devienne la capitale du pays.

Tel-Aviv reste la capitale culturelle, industrielle et commerciale du pays. Une boutade affirme : 

A Tel-Aviv, on travaille,

A Tibériade et à Eilat, on s'amuse,

A Jérusalem, on prie.

Jaffa ou Joppé

Dans les faubourgs de Tel-Aviv, cette ville parmi les plus récentes villes du monde, se situe Jaffa à proximité d'une vingtaine de sites anciens de la période du Néolithique à la période hellénistique et romaine. Ces sites furent redécouverts en 1948, lors des travaux de construction. D'après la richesse des découvertes, il semble que ces sites furent prospères pendant l'âge du Bronze, sous la domination des Hyksos.

Jaffa plonge ses racines dans la plus haute antiquité, puisqu'elle date de 3600 ans. Selon la légende, elle fut fondée par Japhet, fils de Noé, après le déluge. Cette ville est citée plusieurs fois dans la Bible, comme port de Jérusalem sur la mer. C'est là que débarquent, sous les ordres d'Hiram, roi de Tyr, les cèdres du Liban et les matériaux de construction pour le Temple édifié par Salomon : Hiram, roi de Tyr, répondit par écrit à Salomon : C'est parce que le Seigneur aime son peuple qu'il t'a placé sur lui comme roi... Je t'envoie donc maintenant un spécialiste qui sait travailler l'or, l'argent, le fer, la pierre, le bois, la pourpre, le violet, le lin et le carmin, exécuter toute sculpture et réaliser tout projet qui lui sera confié... Nous, nous couperons des arbres du Liban, selon tous tes besoins et nous te les amènerons en radeaux par mer à Jaffa. Toi, tu les feras monter à Jérusalem (2 Chr. 2, 10-15).

Port très ancien de la côte de Palestine, Jaffa fut conquise par Thoumosis III en 1468 avant Jésus-Christ, pour devenir le siège d'une garnison égyptienne aux quatorze et treizième siècle, époque où la ville est mentionnée dans les documents d'El Amarna. En 701, Jaffa est conquise par Sénachérib, roi d'Assyrie, sur Sidka, roi d'Askalon. A l'époque perse, la ville est donnée aux habitants de Sidon. Sous les Ptolémées, l'autonomie lui est accordée, avec le droit de battre monnaie. Les juifs y subirent la persécution d'Antiochus Epiphane. Juda Maccabée attaqua la ville en 163, sans pouvoir s'en emparer. En 144, Simon Maccabée la conquiert, chasse les étrangers pour y installer ses soldats, de manière à obtenir une ouverture sur la mer. La souveraineté juive sur la ville fut longuement contestée au fil des années, mais les juifs la gardèrent de fait. La ville était si importante économiquement pour les Hasmonéens qu'Alexandre Jannée fit battre de nombreuses pièces de monnaie avec des symboles marins pour commémorer sa conquête.

Après le déclin de la puissance hasmonéenne et la conquête de la Palestine par Pompée, en 64 avant Jésus-Christ, Jaffa fut reconstruite et détachée du royaume de Judée, ce qui fut un grand choc pour l'économie de Judée. En 30 avant Jésus-Christ, Auguste la rendit à Hérode qui en fit la capitale d'un petit district. Sous la domination romaine, la ville prospéra jusqu'à la construction par le roi Hérode du port de Césarée qui allait supplanter l'ancien port de Jaffa. Après la chute de Jérusalem, l'autonomie fut laissée à la ville par Vespasien. Pline raconte que Ceto, le serpent légendaire de la mythologie grecque, était vénéré à Jaffa : il avait menacé la vie d'Andromède jusqu'au moment où elle fut secourue par Persée.

C'est de là que la légende biblique fait partir le prophète Jonas pour Tarsis (difficile à localiser : peut-être la Sardaigne, l'Espagne ou la Tunisie, en tout cas, pour les Hébreux, c'est le bout du monde) :

La parole du Seigneur s'adressa à Jonas : Lève-toi, va à Ninive la grande ville et profère contre elle un oracle parce que la méchanceté de ses habitants est montée jusqu'à moi. Jonas se leva mais pour fuir à Tarsis hors de la présence du Seigneur. Il descendit à Jaffa, y trouva un navire pour aller à Tarsis, il l'affréta pour se faire conduire à Tarsis (Jon. 1, 1-3).

Jaffa est mentionnée plusieurs fois dans le Nouveau Testament. C'est là que Pierre rappela à la vie Tabitha, une femme disciple de Jésus : 

Il y avait à Joppé une femme qui était disciple, elle s'appelait Tabitha (en grec, Dorcas), ce qui se traduit par Gazelle. Elle était riche des bonnes oeuvres et des aumônes qu'elle faisait. Or, en ces jours-là, elle tomba malade et mourut. Après avoir fait sa toilette, on la déposa dans la chambre haute. Comme Lydda est proche de Joppé, les disciples avaient appris que Pierre y était et ils lui envoyèrent deux hommes chargés de cette invitation : Rejoins-nous sans tarder. Aussitôt Pierre partit avec eux. Quand il fut arrivé, on le fit monter dans la chambre haute, et toutes les veuves se tenaient devant lui en pleurs, lui montrant les tuniques et les manteaux que faisait Dorcas quand elle était en leur compagnie. Pierre fit sortir tout le monde et, se mettant à genoux, il pria. Puis, se tournant vers le corps, il dit : Tabitha, lève-toi. Elle ouvrit les yeux, et, à la vue de Pierre, elle se redressa et s'assit. Il lui donna la main, la fit lever et, rappelant les saints et les veuves, il la leur présenta vivante. Tout Joppé fut au courant, et beaucoup crurent au Seigneur. Pierre demeura assez longtemps à Joppé, chez un certain Simon qui était corroyeur (Ac. 9, 36-43).

C'est dans cette même ville que ce même chef des apôtres eut une vision lui ordonnant d'ouvrir les portes de l'Eglise aux païens : 

Le lendemain, tandis que, poursuivant leur route, ils se rapprochaient de la ville, Pierre était monté sur la terrasse de la maison pour prier, il était à peu près midi. Mais la faim le prit et il voulut manger. On lui préparait un repas quand une extase le surprit. Il contemple le ciel ouvert, il en descendait un objet indéfinissable, une sorte de toile immense, qui, par quatre points, venait se poser sur la terre. Et, à l'intérieur, il y avait tous les animaux quadrupèdes et ceux qui rampent sur la terre, et ceux qui volent dans le ciel. Une vois s'adressa à lui : Allez, Pierre ! Tue et mange. Jamais, Seigneur, répondit Pierre. Car de ma vie, je n'ai jamais rien mangé d'immonde ni d'impur. Et de nouveau une voix s'adressa à lui pour la seconde fois : Ce que Dieu a rendu pur, toi, ne va pas le déclarer immonde ! Cela recommença trois fois et l'objet fut aussitôt enlevé dans le ciel. Pierre essayait en vain de s'expliquer à lui-même ce que pouvait bien signifier la vision qu'il venait d'avoir, quand justement les envoyés de Corneille qui avaient demandé ça et là la maison de Simon se présentèrent au portail. Ils se mirent à crier pour s'assurer que Simon qu'on surnomme Pierre était bien l'hôte de cette maison. Pierre était toujours préoccupé de sa vision, mais l'Esprit lui dit : Voici deux hommes qui te cherchent. Descends donc tout de suite et prends la route avec eux sans te faire aucun scrupule, car c'est moi qui les envoie. Pierre descendit rejoindre ces gens. Me voici, leur dit-il. Je suis celui que vous cherchez. Quelle est la raison de votre visite ? Ils répondirent : C'est le centurion Corneille, un homme juste, qui craint Dieu, et dont la réputation est bonne parmi la population juive tout entière. Un ange saint lui a révélé qu'il devait te faire venir dans sa maison pour t'écouter exposer des événements. Pierre les fit entrer et leur offrit l'hospitalité. Le lendemain même, il partit avec eux, accompagné de quelques frères de Joppé. Et le surlendemain, il arrivait à Césarée (Ac. 10, 9-24).

Après la destruction du Temple, une communauté juive, imposante par le nombre de ses scribes, vint s'y installer. Jaffa demeura un important centre commercial. L'histoire de la ville se poursuit pendant les croisades et sous Napoléon Bonaparte, dont l'armée fut décimée par la peste, après sa défaite à Saint Jean d'Acre en 1799.