La formation du canon
et la mise à l’écart de certains textes
L’idée
d’un canon des Ecritures chrétiennes se fit jour dans le courant du deuxième
siècle[1].
L’Eglise s’inspira de la fixation du canon des Ecritures juives qui lui est
antérieure[2].
Jusqu'à
la fin du deuxième siècle, lorsque les chrétiens parlent d'Ecriture, ce n'est
jamais de l'Ecriture chrétienne qu'il s’agit ; c'est toujours de
l'Ecriture juive. Le christianisme naissant s'octroyait les Ecritures juives en
les réinterprétant. Dans un monde chrétien diversifié, des groupes
particuliers que l’on n’appelait pas encore « hérétiques »
s’écartaient de la doctrine tel le marcionisme, du nom de son fondateur,
Marcion, qui est le premier à élaborer un canon c’est-à-dire à choisir ses
ouvrages de référence et en exclure ceux qui ne correspondaient pas à ses
pensées : il sélectionna l’Evangile de Luc et les Epîtres de Paul. S’appuyant
sur l’idée de Marcion, l’Eglise est amenée à composer sa propre
sélection.
Les historiens s’accordent
pour affirmer que les quatre évangiles ont été écrits avant l’an 100,
autour de 70 pour Matthieu, Marc et Luc et vers 90 pour Jean. En comparaison,
les autres évangiles seraient beaucoup plus tardifs[3]. Les communautés chrétiennes du deuxième siècle ont été le
lieu d'un foisonnement de production
littéraire faisant suite aux premiers écrits chrétiens[4]. L'Eglise va être amenée à opérer un tri, à déterminer le
canon des Ecritures. Justin, écrivant à Rome vers 150, témoigne du fait qu’on
lisait les « Mémoires des apôtres ». C'est dans la seconde partie
du deuxième siècle que s'établit la liste des livres canoniques. Nous en
avons le témoignage par un document latin datant de 180 environ, découvert à
Milan au dix-huitième siècle, le Canon de Muratori[5]. C'est la liste des
livres saints reconnus par l'Eglise de Rome. Sont mentionnés les Actes des
Apôtres, les lettres de Paul, quatre évangiles, en particulier Luc et Jean. On
voit que l’Eglise de Rome reconnaît exclusivement les quatre évangiles comme
inspirés, ainsi que la plupart des écrits du Nouveau Testament. Peu avant l’an
200, Irénée, évêque de Lyon, donne la liste de quatre auteurs Marc,
Matthieu, Luc et Jean, dont les écrits constituent la « Bonne Nouvelle » ou
Evangile, au singulier. La forme définitive de
Les
critères de sélection ne sont ni la date[7],
ni l'auteur supposé[8],
ni le fait d'être apôtre[9].
La sélection se fit quasi naturellement : n'ont été retenus que les textes en
usage dans l'ensemble des Eglises, pour la liturgie, la réflexion théologique
et dans l'enseignement. Il n’y a pas eu une sorte d'autorité qui a décidé
d'un coup : les variantes dans la tradition manuscrite montrent que c'est petit
à petit que c'est fait le choix. Le seul critère fut le consensus progressif
de l'ensemble des Eglises acquis à la fin du deuxième siècle[10].
Ainsi, dans ce domaine, l’unité
s’est faite petit à petit, et même elle ne s’est jamais faite, mais elle a
plutôt été affirmée par des conciles, avec une prise de pouvoir
décisionnaire par la hiérarchie de l’Eglise, avec les évêques, successeurs
des apôtres, puis par l’évêque de Rome. C’est alors que naissent et
renaissent sans cesse des déviations (hérésies) qui touchent à des
problèmes de fond de la foi : divinité du Christ, résurrection… Ce
sont ces questions qui sont posées dans les textes « apocryphes »
et qui sont résolues autrement que par l’orthodoxie.
Un dictionnaire de la fin
du dix-huitième siècle[11] donne cette définition pour les textes apocryphes :
« on appelle apocryphes tous les livres que l'on a voulu autrefois faire
passer pour livres sacrés, mais qui n'ont point été reconnus par l'Eglise
pour canoniques. On les nomme apocryphes parce qu'ils ont été composés par
des auteurs inconnus et sans autorité. Les uns sont pieux et utiles et les
Pères les ont cités ; d'autres sont fabuleux et erronés… ». S’il
est normal de situer l’apocryphe par rapport au canon, il peut paraître
quelque peu étrange de souligner que les auteurs sont inconnus[12] et sans autorité ; on pourrait en dire autant de bien des
textes canoniques et en particulier des quatre évangiles.
Si on remonte au sens du mot grec « apocryphos », ce
mot veut dire « caché[13] », « secret ». Les livres apocryphes seraient
donc des livres secrets. Il est vrai que certains écrits, qui se voulaient une
révélation plus approfondie, ont cherché à se présenter comme des livres
qu'il ne fallait pas mettre entre toutes les mains. Mais hormis ces cas, qui
constituent l'exception, la notion de secret est absente de la littérature
apocryphe, ne serait-ce qu'en raison du nombre des manuscrits présents dans les
bibliothèques, en aussi grand nombre que ceux du Nouveau Testament. Cela prouve
que ces textes étaient lus.
Pour définir ce que sont réellement les textes apocryphes[14], il faudrait dire que ce sont des écrits de genres variés,
conservés dans de nombreux manuscrits[15], d'époques diverses, de provenances géographiques multiples,
depuis les papyrus les plus anciens que nous possédions avec les manuscrits
évangéliques jusqu'au manuscrits du Moyen-âge et même de
Les textes apocryphes se démarquent des textes apostoliques sur
plusieurs points : ils répondent à la curiosité humaine en inventant les
histoires que les Evangiles n’ont pas traitées[17], ils contiennent des notions théologiques tardives[18], ils contiennent aussi parfois des notions contraires au Nouveau
Testament ; ils sont tous pseudépigraphiques, c’est-à-dire faussement
attribués à un auteur connu. Mais alors, que faut-il chercher dans les textes
apocryphes ? Si l'on cherche des éléments qui nous en apprendraient plus sur
le Jésus historique, sur l'histoire des Apôtres ou sur celle de telle ou telle
communauté, on risque d'être déçu. Il s'agit de tout autre chose.
Les évangiles apocryphes n'ont pas été retenus par ce consensus
de l'Eglise, soit qu'ils n'avaient pas la sobriété des quatre évangiles, soit
qu'ils allaient à l'encontre de la foi commune, soit que, en voulant combler
les vides des récits évangéliques, ils versaient dans la fiction. Certains
sont d'origine judéo-chrétienne comme celui de Pierre[19], des Hébreux, des Egyptiens, des Ebionites, des douze Apôtres. D’autres
se rattachant au courant gnostique : évangiles de Vérité, de Philippe, de
Thomas. On a fait beaucoup de bruit en particulier autour de l'évangile de
Thomas, présentant cent quatorze paroles de Jésus. Hormis le fait que ce texte
soit connu depuis longtemps, il ne mérite pas l'honneur qu'on lui fait[20]. D’autres pourraient être appelés des évangiles-fictions[21] : Protévangile de Jacques, évangile de Joseph, évangile du
pseudo-Thomas[22], évangile du pseudo-Matthieu. L'intérêt de ces textes est de
nous révéler quelque chose de la vie de l'Eglise des premiers siècles, mais
ils n'ajoutent rien aux textes canoniques.
Les apocryphes ont mis par écrit des traditions que l’on appelle
« mémoriales ». Dans le monde d'aujourd'hui, la mémoire écrite
est privilégiée par rapport à la mémoire orale. Cela ne fonctionnait pas
ainsi dans l'Orient antique, en particulier en Palestine au temps de Jésus[23]. Pendant les premières générations, certaines traditions ont
été mises par écrit, d'autres ont été conservées oralement ; et il y a
toujours des gens qui ont préféré la tradition orale à la tradition écrite[24] qui poursuit la littérature antérieure, en racontant ou en
re-racontant des histoires déjà connues. Ces évangiles n'ont pas été retenus par le consensus de l'Eglise, soit
qu'ils n'avaient pas la sobriété des quatre évangiles, soit qu'ils allaient
à l'encontre de la foi commune, soit que, en voulant combler les vides des
récits évangéliques, ils versaient dans la fiction.
Mais, les textes apocryphes constituent une sorte de savoir venu du
fond de la mémoire des premiers chrétiens. Leur existence en marge des livres
sacrés oblige à demander : pourquoi avoir introduit certains écrits dans le
corpus biblique et en avoir écarté d’autres ? Qu’est-ce qui différencie
les textes reçus dans le canon des écritures de ces ouvrages parfois plus
anciens que les Evangiles autorisés par l’Eglise ? On reproche aux apocryphes
d'avoir voulu passer pour écritures sacrées et d'avoir voulu entrer dans le
canon[25]. Pourtant,
au début du deuxième siècle, et encore en son milieu, personne ne songe à
établir un canon des écritures chrétiennes. Quand Irénée parle de canon, il
ne fait pas allusion à des textes, il ne s'agit pas du canon des textes
bibliques ; ce dont il parle, c'est le « kanon ths alhqeias »,
le canon de vérité, c'est-à-dire la règle de foi. Autrement dit les
évangiles canoniques et tous ces textes, évangéliques ou autres, qui
circulaient simultanément entre les mains chrétiennes, n'avaient aucune
prétention, ni les uns ni les autres, à entrer dans un quelconque canon. La
multiplicité remontait au départ, dès la première écriture chrétienne. La
forme première de l'écriture chrétienne, qu'elle ait été apocryphe ou
canonique, a appartenu au même régime littéraire[26].
L’étude des apocryphes et de leur réception dans l'Eglise des
premiers siècles est une tâche indispensable pour qui veut comprendre la
formation du Nouveau Testament, le processus historique de délimitation du
« canon » de vingt-sept livres. Cette délimitation résulte d'une
maturation prolongée, d'un dialogue épistolaire entre les responsables des
Eglises locales. Des livres rangés aujourd'hui parmi les apocryphes ont
côtoyé de près les livres devenus canoniques dans l'usage de certaines
Eglises[27]. Les apocryphes peuvent contribuer à la compréhension de Nouveau
Testament dans la mesure où ils utilisent les mêmes méthodes
d'interprétation que les auteurs bibliques et où ils cherchent à éclairer
des passages obscurs des récits canoniques[28].
Nous
ne possédons pas les manuscrits originaux des textes évangéliques. Ce que
nous possédons, ce sont des copies de copies. Il y avait deux supports pour les
manuscrits : le papyrus, moins cher mais moins solide, et le parchemin, fait de
peau de chèvre ou de mouton, plus résistant mais plus onéreux. Dans les
premiers siècles, la situation des communautés est difficile, y compris
pécuniairement. C'est donc le papyrus
qui est utilisé. A partir de 313[29],
les textes sont plus souvent transcrits sur parchemin. Le manuscrit le plus
ancien de l'évangile que nous possédons est un fragment de papyrus de six
centimètres sur neuf, où l'on peut lire cinq versets du chapitre 18 de Jean[30].
Puis
viennent des papyrus, comportant soit quelques versets, soit des textes plus ou
moins complets. Les principaux manuscrits sur parchemin, dont les textes
apparaissent assez complets sont : le Sinaïticus[31],
le Vaticanus[32],
l'Alexandrinus[33],
le Codex Ephraemi[34],
le Codex Bezae[35].
Hormis ce dernier, qui est bilingue (grec et latin), les autres transmettent
Le temps écoulé entre le texte original et ces
manuscrits peut paraître long, mais, si on le compare à d'autres textes de
l'antiquité, cet intervalle est extrêmement court[37]. Nous ne possédons donc pas les originaux.
Cela manque, car la question est de savoir si la transmission a été fidèle.
Il revient à une discipline que l'on appelle la critique textuelle de comparer
tous ces manuscrits. C'est un travail long et difficile, jamais achevé, à
cause de l'abondance des manuscrits, du nombre des variantes et des
appréciations diverses des spécialistes. Dès le troisième siècle, on
commença à traduire l'évangile en langue populaire : en latin à Rome, car
cette langue est redevenue la langue du peuple ; en syriaque, langue apparentée
à l'araméen, ou en copte, dérivé de l'égyptien ancien. Mais ces traductions
devinrent insuffisantes. La traduction latine
de toute
Même
avant les décisions conciliaires du quatrième siècle, une sorte d'accord
ecclésiastique relativement général finit par s'établir dans l'ensemble des
communautés chrétiennes du bassin méditerranéen, avec quelques différences,
notamment entre l'Orient et l'Occident[41],
pour reconnaître qu'on lisait à peu près la même chose. Le canon se fixa peu
à peu. Les textes devinrent quasi-immuables et tout un travail d'exégèse se
fit, notamment à partir d'Alexandrie, pour fixer ces textes, pour fixer leur
lettre et non pas seulement la liste des livres. De son côté la littérature
non canonisée, que l'on appellerait bientôt apocryphe, continua à se
développer[42].
Dès l'origine, les apocryphes les plus anciens s'écrivent et se
transmettent selon des modalités qui échappent à la fixité. C'est le
contraire du canon. Les écrits apocryphes sont marqués dès le début par la
variance. Dans la seconde moitié du deuxième siècle, le canon commençait à
s'isoler et à se fixer, au milieu des autres écrits. Dès la fin du troisième
siècle, exégètes et théologiens recherchent un consensus sur les textes et
sur la fixité du canon, sur les traditions dignes de foi. Cela va s'accompagner
d'une polémique de plus en plus vive contre les traditions considérées comme
douteuses, celles qui ne figurent pas dans la liste des témoins jugés fiables.
Ces « autres » traditions deviennent de plus en plus suspectes.
Par la difficulté qu’éprouvent les théologiens à définir les
récits apocryphes, le problème que ceux-ci posent aux croyants est mis en
évidence : Peut-être ces écrits, qui sont souvent d’une haute
spiritualité, n’ont-ils pas été retenus parce qu’ils en disaient trop.
Peut-être est-ce à cause de la clarté insoutenable qui en émanait que ces
écrits ont été « cachés » pour ne pas dire censurés, et qu’ils
sont devenus : « apocryphes[43] » ! Ils disent à voix haute ce qui se murmure dans les
quatre Evangiles bibliques en exposant la vérité sans nuance.
Curieusement, au début du quatrième siècle, de même qu'on
réorganise et qu'on fixe la littérature chrétienne, on voit qu'il y a une
réorganisation du discours dans l'empire romain et que le combat mené contre
les apocryphes n'est pas indépendant du discours que l'on tient sur l'histoire.
Si les textes « apocryphes » ont été rapidement accusés
d'hétérodoxie, voire d'hérésie, c'est lorsque s'est manifesté le désir
d'unifier l'Église et de réorganiser son discours, dans le temps même où le
pouvoir impérial passait au christianisme. Certains[44] pensent que plus de quatre-vingts évangiles auraient pu figurer
dans le Nouveau Testament, mais seulement quatre d’entre eux ont été retenus
- ceux de Matthieu,
de Marc, de Luc et de Jean.
[1]
C’est Tertullien qui, vers 200, forgea l’expression « Nouveau
Testament » (littéralement Nouvelle Alliance). Pour être intégré à
la collection des livres du Nouveau Testament, un écrit devait provenir des
apôtres, ne pas contredire leur enseignement et celui de Jésus, confirmer
les écrits de l’Ancien Testament.
[2]
La nécessité d’un canon normatif s’est vue accélérée par la
destruction du Temple de Jérusalem en 70, qui a provoqué l’urgence d’une
cohésion qui maintiendrait la propre l’identité juive et des discussions
internes au sein du judaïsme, entre les pharisiens et les sectes juives d’inspiration
apocalyptique. Les docteurs du judaïsme devaient aussi réagir à la montée
du christianisme qu’ils considéraient comme une secte déviante. Comme les
chrétiens prêchaient à partir des Ecritures juives, les rabbins juifs
délimitèrent le canon de leurs Ecritures, en excluant plusieurs rouleaux de
la « Septante » sur lesquels s’appuyait la prédication
chrétienne.
[3]
Par exemple, minimum 150, pour les évangiles gnostiques de Thomas et Marie,
après l’an 200 pour celui de Philippe.
[4]
Tout au long du deuxième siècle, l'Empire romain se montra hostile à cette
religion orientale qui gagnait du terrain. L'hostilité ne se manifesta pas
seulement par le sang versé. La polémique antichrétienne s'exerça par des
intellectuels, qui défendaient un paganisme civique. Par contrecoup, toute
une littérature prit naissance pour défendre le christianisme. Mentionnons
en particulier Saint Justin (mort à Rome en 165) qui écrivit deux Apologies
pour réfuter les attaques portées contre l'Eglise, et son Dialogue avec
Tryphon, ouvrage polémique avec un Juif. Il y eut aussi des récits de
martyres (le Martyre de Polycarpe, évêque de Smyrne), et surtout les Lettres
d'Ignace d'Antioche, presque contemporaines des écrits de Jean.
[5]
du nom du prêtre qui l'a découvert.
[6]
A côté des Evangiles de Matthieu, Marc, Luc et Jean, existent d’autres
récits chrétiens antiques sur Jésus, qui ne furent pas retenus dans le
canon. On les appela « apocryphes », termes qui signifie « secret, caché
», car l’Eglise s’en méfia, et ils eurent une diffusion bien moindre que
les quatre autres.
[7]
[8]
l'Evangile de Pierre et de Thomas n'ont pas été retenus.
[9]
Marc et Luc ne font pas partie des Douze.
[10]
Devient apocryphe tout écrit, mais celui-là seulement, qui a
essayé du fait de son auteur ou indépendamment de la volonté de celui-ci,
de se faire compter au nombre des écrits considérés par l’Eglise
chrétienne comme inspirés de Dieu.
[11]
Dictionnaire historique des cultes religieux établis dans le monde depuis son
origine jusqu'à présent (1770).
[12]
En fait, ces textes ne sont pas anonymes, mais adoptent le procédé de la
pseudépigraphie, couramment pratiqué dans l'Antiquité. Ces textes, comme
beaucoup d'autres, furent attribués à des auteurs. Aujourd'hui on sait que
cette attribution n'est pas exacte.
[13]
Mais des livres peuvent être tenus cachés pour leur éminence comme pour
leur caractère scandaleux.
[14]
en oubliant les idées d'anonymat, de fausseté, de pseudépigraphie,
d'hérésie, de secret, etc…
[15]
composés dans des langues différentes : slave, arménien, araméen,
éthiopien, copte, en plus bien sûr du latin et du grec.
[16]
Et même plus que les fondateurs, puisque, remontant encore plus loin, les
apocryphes mettent en scène le prophète Isaïe, le scribe Esdras et bien
d'autres personnages, considérés comme appartenant aux fondements du
Christianisme en ce sens qu’ils avaient déjà reçu une révélation qui
annonçait le Christ.
[17]
l’enfance de Jésus, par exemple, qui contient des histoires peu crédibles…
[18]
comme
le titre de Mère de Dieu - theotokos - dans le Protévangile de Jacques,
titre datant du concile d’Ephèse au cinquième siècle.
[19]
Le rejet de l'évangile de Pierre vient sans doute de son manque de
sobriété par rapport à
[20]
Il contient des paroles qu'on retrouve dans les autres évangiles,
mais d'autres qui sont marqués par le mépris du monde créé.
[21]
Il est vrai qu'on sait peu de choses sur les trente premières
années de la vie de Jésus. Les chrétiens des premiers siècles ont voulu
combler ces vides.
[22]
L’évangile du Pseudo-Thomas commence par
cette annonce : « Moi, Thomas l'Israélite, je crois très utile de
faire connaître à tous nos frères d'origine païenne, les actions
enfantines de notre Seigneur Jésus-Christ et les merveilles qu'il accomplit
après qu'il fut né en notre pays ». Il n’y a rien d'exact dans les
nom et titre de ce personnage, à part le terme de « pseudo » Ce
« Thomas, philosophe israélite » n'a rien à voir avec le
disciple de Jésus ni avec l'évangile de Thomas qui sera présenté plus
loin. Israélite ? Ses ignorances font plutôt songer à un chrétien
d'origine païenne. Philosophe ? Le récit révèle plus d'imagination que de
sagesse, de naïveté que de mystique. Le pseudo-Thomas prête au jeune Jésus
des miracles fantaisistes et surtout des réactions de colère qui sont loin
de l'esprit des Evangiles.
[23]
A la synagogue, on lisait
[24]
Ainsi en témoigne un texte de Papias cité par Eusèbe : « Je ne
pensais pas que les choses qui proviennent des livres fussent aussi utiles que
ce qui vient d'une parole vivante et durable ». Papias est un chrétien
de la troisième génération : il y a les apôtres, ceux qui ont connu les
apôtres et ceux qui connaissent ceux qui ont connu les apôtres, la
génération de Papias. En son temps il y a déjà des « livres ».
Mais Papias parie sur la mémoire vive, sur la mémoire orale de témoins en
témoins. Il est de ceux qui préfèrent la tradition orale à la tradition
écrite.
[25]
Le terme « canonique » sera utilisé pour la première
fois au Concile de Laodicée de Phrygie (360). Il instaure ainsi la règle que
«dans l’assemblée on ne doit pas réciter des psaumes privés ou des
livres non canoniques, mais seulement les livres canoniques du Nouveau et de l’Ancien
Testament ». Les livres canoniques en viendront à recouvrir l’ensemble des
livres qui donnent la norme de la foi de l’Église.
[26]
Les apocryphes sont simplement les témoins de l'extrême
diversité des traditions, des interprétations et des constructions
théologiques du christianisme ancien.
[27]
Ainsi, il est arrivé que l'Apocalypse de Pierre jouisse du même
statut que l'Apocalypse de Jean, que les Actes de Paul soient cités au même
titre que les Actes canoniques, ou que l'Epître aux Laodicéens soit copiée
parmi les lettres de Paul dans les manuscrits de
[28]
Par exemple, le récit de la passion de l'Evangile de Pierre, tout
comme celui des Evangiles canoniques, s'appuie sur certains textes de l'Ancien
Testament, dont on découvre l'accomplissement dans la destinée de Jésus. La
descente du Christ aux enfers racontée par l'Evangile de Barthélemy repose
sur une exégèse narrative de la parole énigmatique de Jésus à Nathanaël
: « Vous verrez le ciel ouvert et les anges de Dieu monter et descendre
au-dessus du Fils de l'Homme » (Jn. 1, 51). On trouve donc dans certains
apocryphes l'équivalent chrétien du « Midrash » juif, de
l'explication du texte biblique par le moyen d'une narration.
[29]
date de l'Edit de Milan, qui permet à
l'Eglise de vivre au grand jour et de disposer de moyens financiers plus
importants
[30]
Il a été découvert en Egypte et date
de la première moitié du deuxième siècle (quarante ou cinquante ans après
la date de composition communément admise.
[31]
découvert au monastère Sainte
Catherine, au Sinaï (d'ou son nom).
[32]
conservé à
[33]
conservé au British Museum, à Londres.
[34]
conservé à
[35]
donné à l'université de Cambridge, au
XVI° siècle, par le théologien protestant français Théodore de Bèze.
[36]
en latin « volumen », d'où
le nom de : volume.
[37]
Un seul exemple : 900 ans séparent
César du plus vieux manuscrit que nous possédons de ses œuvres.
[38]
la populaire, de vulgus qui veut dire
peuple en latin.
[39]
la simple.
[40]
Les protestants la traduisirent, non à
partir de
[41]
on discutait sur l'Apocalypse, le Pasteur d'Hermas.
[42]
A partir de ce moment il y a d'une part un bloc immuable et d'autre
part un corpus littéraire qui reste ouvert, qui continue de s'accroître et
finit par prendre une importance considérable.
[43]
L'épithète même d'apocryphes indique le statut qui leur est
conféré. Ces évangiles sont interdits parce que... non approuvés.
[44]
Parmi lesquels Dan Brown, l’auteur du Da Vinci Code qui préfère
se fier aux écrits apocryphes car, selon lui, ces textes ont été rejetés
par l’Église officielle puisqu’ils révèlent des vérités dérangeantes
pour l’Église. Lorsque Dan Brown suggère que l’empereur Constantin
aurait pu « commander et financer » la rédaction d’une nouvelle
Bible, et faire disparaître les témoignages plus anciens sur Jésus, il
projette sur le quatrième siècle une conception moderne de l’édition…
et de la propagande. À l’époque de Constantin, le texte du Nouveau
Testament était reconnu comme fidèle à l’enseignement des Apôtres depuis
au moins deux siècles. La moindre altération du message aurait été
vivement rejetée par les chrétiens répandus dans tout l’Empire. En outre,
le texte du Nouveau Testament circulait déjà dans d’innombrables copies,
traitées avec vénération par les communautés chrétiennes : il est
inimaginable que ces textes aient pu être détruits, ou même altérés, sur
les ordres de l’empereur romain.
[45]
En se référant à eux, les premiers chrétiens s’identifiaient
à l’enseignement reçu des apôtres.