Pourquoi lire les apocryphes ?

 

 

Pourquoi lire les apocryphes aujourd’hui ? Non pas d'abord pour y découvrir un enseignement qui aurait été occulté par l'Eglise officielle, ni pour recueillir des informations historiques dont nous ne disposerions plus. L'intérêt indéniable de ces textes est ailleurs : reflets des représentations, parfois étranges, que les chrétiens se sont faites de la figure de Jésus, du rôle des apôtres, de l'origine des Eglises locales, les apocryphes offrent un éclairage passionnant sur la vie et les croyances diversifiées des premières communautés chrétiennes. A ce titre, et à ce titre seulement, ils méritent d'être lus.

Certains peuvent être considérés comme rapportant des faits authentiques, mais mêlés à des imaginations plus ou moins naïves. D’autres évangiles apocryphes, en revanche, déforment profondément la vie et l’enseignement du Christ, pour les faire coïncider avec les idées de groupes extérieurs à l’Église. C’est le cas des évangiles dits « gnostiques », qui furent rédigés autour du troisième et du quatrième siècles. La caractéristique des évangiles gnostiques est qu’ils prétendent rapporter la doctrine « secrète de Jésus », transmise seulement à quelques initiés, et donc en marge de l’enseignement « public » du Christ[1].

Origène donne un témoignage très clair sur la façon dont les chrétiens ont voulu, dès le début, protéger les évangiles authentiques contre les falsifications des apocryphes : « Au temps du Nouveau Testament, beaucoup ont essayé d’écrire des évangiles, mais tous n’ont pas été acceptés… L’Église possède quatre évangiles ; les hérétiques, un très grand nombre… Ainsi beaucoup ont essayé d’écrire, mais quatre évangiles seulement sont approuvés ; et c’est d’eux que l’on doit tirer, pour le mettre en lumière, ce qu’il faut croire de la personne de notre Seigneur et Sauveur. Je sais qu’il existe un évangile que l’on appelle selon Thomas et un autre selon Matthias ; et nous en lisons quelques autres encore pour ne pas avoir l’air d’être des ignorants à cause de ceux qui s’imaginent savoir quelque chose, quand ils connaissent ces textes. Mais, en tout cela, nous n’approuvons rien sinon ce qu’approuve l’Église : on doit admettre quatre évangiles seulement »[2]. Origène distingue donc deux groupes de livres : celui des apocryphes, qu’il considère comme utiles, mais que l’on doit utiliser avec beaucoup de précaution ; et celui des livres scripturaires qui comprennent la Bible hébraïque et les deutérocanoniques, même si ces derniers ne sont pas lus par l’Église et ne font pas, non plus, l’objet de commentaires. Ainsi, aux origines, certains Pères de l'Eglise lisent les apocryphes, mais à leur suite une génération de théologiens, conduits au départ par Jérôme, seront des pourfendeurs d'apocryphes. Puis au Moyen-âge, avec la légende dorée, avec la multiplication des manuscrits, on verra des gens tout à fait partagés sur la place à donner à ces textes. Plus tard encore la discussion reprendra avec la Réforme , pour savoir si, oui ou non, on peut faire quelque chose de la littérature apocryphe. Aujourd'hui la discussion se poursuit, aidée maintenant par tout un travail d'analyse historique.  

Il est faux de faire du Concile œcuménique[3] de Nicée (20 mai-25 juillet 325) l’organe qui a constitué le canon du Nouveau Testament : non seulement Constantin n’a jamais fait rédiger aucun évangile, mais le canon est le fruit d’un long travail de sélection que mena l’Eglise à partir du deuxième siècle et qui s’acheva avec le Concile de Carthage (397). A Nicée, ce furent de toutes autres questions qui occupèrent les esprits, en particulier celle de l’arianisme, théorie relative à la divinité du Christ et qui fut alors déclarée hérétique.

Constantin siège parmi les évêques, comme s’il était l’un d’entre eux. Il se pose en gardien attitré du dogme et de la discipline. Il intervient dans toutes les affaires de l’Église, légiférant et jugeant pour elle, souvent à l'appel de chrétiens eux-mêmes, l’organisant et la dirigeant, dictant les formules de foi. Dans son organisation et son fonctionnement l'Église a besoin de l'empereur. Le pouvoir assure le bon ordre des réunions souvent houleuses, tant les questions christologiques soulèvent les passions. Les décisions conciliaires sont appuyées par des lois impériales. Constantin affirme : « la providence divine agit de concert avec moi ». Ses décisions sont sacralisées, les décisions religieuses relèvent de son autorité. Il s'entoure d'un faste incroyable pour exalter la grandeur de la fonction impériale. Désormais la romanité et la religion chrétienne sont liées. L'empereur reçoit la mission de guide de la foi chrétienne. Son intervention grandissante dans les questions religieuses se trouve ainsi légitimée ainsi que le césaropapisme[4]. On dit parfois que Constantin aurait déterminé[5] le canon des livres reconnus ; en fait, il ne s’en est jamais occupé : une liste consacrant les quatre évangiles et la plupart des autres livres du Nouveau Testament existait dès 180. À l’époque de Constantin, le texte actuel du Nouveau Testament était reconnu comme fidèle à l’enseignement des apôtres depuis au moins deux siècles. La moindre altération du message aurait été vivement rejetée par les milliers de chrétiens déjà répandus dans tout l’Empire. En outre, le texte du Nouveau Testament circulait déjà dans d’innombrables copies, traitées avec vénération par les communautés chrétiennes : il est inimaginable que ces textes aient pu être détruits, ou même altérés, sur les ordres de l’empereur romain. Il est donc faux de penser que Constantin aurait fait modifier la Bible , comme il est erroné de penser qu’il aurait constitué le christianisme comme religion officielle de l’empire en 325, ce qui en fait sera l’œuvre de Théodose en 385.

L'idée donnée par l'Eglise elle-même de sa propre histoire n'est peut-être pas conforme à la réalité historique. On serait, selon la tradition, parti de l'unité en Jésus-Christ, de la première communauté chrétienne et il y aurait eu ensuite des dégradations, des disputes, des divisions, des hérésies. Or, il apparaît de plus en plus, aux yeux des historiens, que la réalité de départ c'est la diversité et que l'unité n'est venue qu'ensuite. Elle s'est faite après, à coup d'accusations, d'exclusions, de tri, et de discussions théologiques de haut niveau…

C’est ainsi que, dans leur multiplicité, leur diversité et leur foisonnement, les textes apocryphes sont les témoins de l'immense variété des traditions nées avec le Christianisme. Mais il ne s’agit pas simplement d’un aspect « folklorique » ou anecdotique. Aux traditions qui touchaient à des problèmes théologiques de fond des réponses ont été tentées et elles étaient très diverses. Certaines furent retenues comme « orthodoxes » par la grande Eglise, et les autres perdurèrent au travers des apocryphes. La « grande Eglise », s’est formée au deuxième siècle sous l'égide de Pierre et Paul, en affichant l'image des Douze[6] et en se réclamant de la tradition qu’ils véhiculaient.

Les communautés marginales[7], qui échappaient à l'orthodoxie naissante vont être contraintes d’exploiter des figures secondaires des Evangiles[8] qui deviennent des figures pour permettre à ces chrétientés d’afficher leur compréhension du message tout en l'enracinant dans l'histoire de Jésus. En luttant contre ce qu'elle estimait être des hérésies, la grande Eglise va non seulement lutter contre ces théologies déviantes, mais elle va refuser la place éminente qu'accordaient aux femmes ces groupes marginaux. Et le cercle vicieux est amorcé : plus l'Eglise va se crisper sur des figures masculines, plus les chrétientés marginales vont mettre en avant des figures féminines, qui seront à leur tour combattues par l'orthodoxie.

D'où la fortune de Marie-Madeleine, Marie de Magdala... qui est la femme la plus célèbre du Nouveau Testament. Elle deviendra l'inspiratrice de nombreuses communautés dès le deuxième siècle. Sa célébrité ne faiblira pas durant le Moyen Age et connaîtra une période de grâce dans la piété populaire au dix-septième et dix-huitième siècles. Ce qui lui vaut cet honneur, c'est qu'elle fait partie du groupe des femmes qui ont suivi Jésus au Calvaire et ont été témoins de sa crucifixion. Ce statut justifie qu'elle ait pu avoir une relation affective particulière avec Jésus[9]. Elle est devenue la figure de proue pour les gnostiques qui en appellent à la rencontre entre Marie-Madeleine et Jésus ressuscité. Selon eux, Jésus aurait donné à Marie-Madeleine un enseignement privilégié, qui a été refusé aux premiers disciples. Mais il s'agit, comme souvent chez les apocryphes, d'une construction narrative visant à légitimer l'enseignement de ces traditions particulières. L'Evangile de Pierre[10], au deuxième siècle, la qualifie également de « disciple du Seigneur ».

En fait, aucun, parmi ces évangiles dits « apocryphes », c’est-à-dire « non intégrés par l’Eglise dans la liste officielle de ses Saintes Ecritures », ne contredit les données des écrits canoniques. Ces évangiles apocryphes n’apportent aucune révélation explosive, ni même aucun fait historique sur la vie de Jésus que nous ne connaissions déjà. On a plutôt l’impression, en les lisant, d’assister aux efforts de chrétiens pour combler, par des détails imaginaires et tirant sur le merveilleux, les silences des évangiles canoniques... Même si l’intention semblait louable, l’Eglise a préféré s’en tenir à la sobriété des évangiles, et on ne saurait le lui reprocher. On ne peut donc éviter de se poser la question du rapport entre le canon et les apocryphes.

Mais avant de poursuivre sur les textes apocryphes, il faut également mentionner qu’il existe des textes chrétiens, reconnus par l’Eglise officielle, mais qui ne font pas partie du canon proprement dit, tout en remontant aux débuts de l’histoire de l’Eglise… ce sont des livres chrétiens non-canoniques, parmi lesquels on peut citer :

L'épître de Clément de Rome à l'Eglise de Corinthe[11],

La Didaché[12] ou Enseignement des douze apôtres est un recueil de préceptes de morale chrétienne et d'instructions sur le baptême, la cène et les pasteurs.

L'épître de Barnabas[13] a quelques points communs avec l'épître aux Hébreux.

Le Pasteur d'Hermas[14], frère de l'évêque Pie de Rome. C'est une sorte d'Apocalypse.

L'Apocalypse de Pierre[15] contient deux visions, l'une du ciel, l'autre de l'enfer.

Ces livres jouissaient d'une haute estime dans certaines Eglises au moins, puisque des auteurs chrétiens du deuxième ou du troisième siècles les classent dans l'Ecriture Sainte. Parmi les autres ouvrages du deuxième siècle qui ont exercé une grande influence dans l'Eglise, on peut citer les épîtres d'Ignace d'Antioche, celle de Polycarpe, évêque de Smyrne, les apologies de Justin, etc...

On sait, par des citations d’auteurs anciens, que d'autres évangiles ont été écrits, outre ceux de Matthieu, Marc, Luc et Jean. L'un d'entre eux, « l'Evangile selon Thomas[16] », est maintenant connu, car on en a trouvé une copie, dans une traduction copte, en 1946 en Egypte. Il s'agit d'un recueil de paroles de Jésus, dont une partie reproduit des passages des Evangiles, alors qu'ailleurs ce sont des Evangiles apocryphes qui sont cités (Evangile selon les Hébreux, par exemple) ; cependant certaines paroles de Jésus sont inédites. Cet « évangile de Thomas » ne contient pas une histoire de Jésus et il n’y a pas un seul récit de miracles. C’est une collection de cent quatorze logia ou « paroles nues » attribuées au Maître, le Doux, le Vivant. L’Evangile selon Thomas commence ainsi : « Voici les paroles secrètes[17] que Jésus le vivant a dites et qu’a écrites Didyme Jude Thomas[18]. Et celui qui trouvera l’interprétation de ces paroles ne goûtera point la mort ». Ces paroles[19] ne sont pas bavardes mais posent de nombreuses énigmes ; ce sont de petites phrases qui semblent manquer de sens mais qui, si on les laisse pénétrer, peuvent interpeller.

Cet Evangile de Thomas, qui contient des paroles attribuées à Jésus, contredit à plusieurs reprises les autres textes du Nouveau Testament. La parole 114 est carrément misogyne : « Simon Pierre leur dit : Que Marie sorte du milieu de nous car les femmes ne sont pas dignes de la Vie. Jésus dit : Voici que je la guiderai afin de la faire mâle, pour qu’elle devienne, elle aussi, un esprit vivant semblable à vous, mâles. Car toute femme qui se fera mâle entrera dans le royaume des cieux ». La parole 77 est panthéiste : « Jésus a dit : je suis la lumière qui est sur eux tous. Je suis le Tout : le Tout est sorti de moi, et le Tout est arrivé à moi. Fendez du bois : je suis là ; levez la pierre et vous me trouverez là  ». De nombreuses autres paroles, en revanche, sont des citations directes des Evangiles canoniques, souvent sorties de leur contexte, preuve qu’elles sont reprises et non antérieures aux Evangiles canoniques.

Les apocryphes du Nouveau Testament diffèrent et ressemblent à la fois aux écrits du Nouveau Testament. Ils diffèrent quant à la hauteur de vue[20], quant à l’étendue des informations[21]. Ils ressemblent quant à certaines paroles de Jésus[22]. Ils ressemblent en tant que copies : Evangiles, Actes, Apocalypses, noms d’apôtres, style littéraire oriental… Pour faire bref, les apocryphes du Nouveau Testament sont intéressants pour la curiosité, mais n’apportent rien de nouveau, rien de spirituel et rien de fiable, ils n’ajoutent ni ne retranchent rien aux croyances cardinales du christianisme[23].

Certains de ces évangiles sont connus depuis longtemps et ont exercé une influence sur la représentation chrétienne de Marie. C’est, par exemple, le cas du Protévangile de Jacques, datant probablement du milieu du deuxième siècle, qui parle de Joachim et Anne, les parents de Marie, et qui nous fait le récit d’une présentation de Marie au temple. C’est le cas du Transitus Mariae, qui raconte l’assomption de Marie, contribuant à faire de la mère de Jésus[24] une personne plus importante que dans le Nouveau Testament où elle est peu présente.

Néanmoins, les Evangiles dits apocryphes se démarquent des textes apostoliques sur plusieurs points : ils répondent à la curiosité humaine en inventant les histoires que les Evangiles n’ont pas traitées[25] ; ils contiennent des notions théologiques tardives[26] ; ils contiennent des notions parfois contraires au Nouveau Testament ; ils sont pseudépigraphiques, c’est-à-dire faussement attribués à un auteur connu[27].

Les apocryphes du Nouveau Testament imitent le style du Nouveau Testament et se regroupent sous quatre formes : les Evangiles, les Actes, les Epitres et les Apocalypses[28]. Trois thèmes prédominent : l’histoire de Marie et de Joseph, l’enfance de Jésus et l’histoire de Pilate. Les plus connus sont l’évangile selon Jacques, l’évangile selon Nicodème (ou Les Actes de Pilate), l’évangile selon Pierre[29]. Dans ce dernier, Jésus semble ne pas souffrir et il ne meurt pas mais est enlevé. Cela correspond au docétisme[30] gnostique qui enseignait que Jésus n’était pas vraiment humain et n’avait qu’une apparence humaine.

 


[1] Ils sont trop tardifs, contiennent très peu de faits historiques, et expriment des préoccupations religieuses marquées par certaines tendances du judaïsme et par l’hellénisme.

[2] Homélies sur saint Luc

[3] Le concile de Nicée fut le premier concile dit œcuménique ou universel, c'est à dire ouvert aux patriarches ou évêques d'Antioche, de Jérusalem, d'Alexandrie et de Constantinople, ainsi qu'aux évêques du monde entier. Il est d'ailleurs à noter que ce concile ouvre une période de conciles où le mot œcuménique prend tout son sens. En effet, les huit premiers conciles sont les seuls à avoir réuni l'Orient et l'Occident. A partir du concile de Latran I (1123), l'expression « concile œcuménique » ne couvre plus que les conciles convoqués par Rome.

[4] Le césaropapisme est un mot né au milieu du dix-neuvième siècle. Il désigne un système de gouvernement temporel qui, dans une volonté de domination universelle, cherche à exercer son pouvoir sur les affaires religieuses. L'Empereur empiète donc sur les affaires de l'Église. Il occupe aussi une place privilégiée dans la sphère législative et théologique de l’Église. Le problème est de savoir qui dirige au nom de Dieu ; il faut déterminer si c’est le pape ou le patriarche qui est soumis à l’empereur en tant que citoyen romain ou si l’empereur est soumis au pape en tant que chrétien.

[5] Dan Brown écrit : « C’est là, écrit-il, que se place le virage décisif de l’histoire chrétienne. Constantin a commandé et financé la rédaction d’un Nouveau Testament qui excluait tous les évangiles évoquant les aspects humains de Jésus ». C’est plutôt l’inverse qui est vrai. Le Nouveau Testament est composé de livres qui ont fait dès la fin du premier siècle l’objet d’un consensus dans toutes les communautés chrétiennes. Les apocryphes sont plus tardifs et furent écrits à partir du deuxième siècle. Ici resurgit la théorie du complot qui a pu assurer une part du succès du « Da Vinci Code ». Ceux qui n’ont jamais lu les évangiles canoniques peuvent faire la promotion d’un livre qui recèle un goût de mystère ou un parfum de scandale : les frères de Jésus, ses amours avec Marie-Madeleine... en s’appuyant sur de prétendues révélations apportées par les manuscrits de la mer Morte ou tel évangile non retenu par l’Eglise dans le canon des Ecritures

[6] Les Douze jouent dans la mémoire chrétienne un rôle premier : ils permettent à l'Eglise de revendiquer l'héritage d'Israël. Ils sont un Israël en miniature, ce qu'a voulu Jésus : il voulait recomposer symboliquement les douze tribus, pour signifier sa volonté de réformer la foi du peuple élu.

[7] Ainsi les communautés judéo-chrétiennes attachées à la tradition juive ou les groupes de spiritualité gnostique axée sur le salut des âmes…

[8] Comme Judas, Thomas, Nicodème, Pilate ou les femmes disciples : Thècle, Maximilla, Marie-Madeleine…

[9] Mais cela ne légitime pas, à son propos, les hypothèses de relations sexuelles avec lui, qui ne datent pas d'aujourd'hui.

[10] Elle est aussi une figure de légitimité dans l'Evangile de Marie (deuxième siècle), dans l'Evangile de Philippe (quatrième siècle), dans l'Evangile secret de Marc. Mais, cette construction narrative ne prétend pas à l'historicité. Ces écrits ne prétendent pas reconstruire à plusieurs siècles de distance la vie du Jésus de l'histoire. Ils émanent d'une tradition chrétienne qui se cherche une légitimité et trouve, par la fiction, une confirmation dans l'histoire de Jésus.

[11] vers 96. Clément s'inspire de l'enseignement de Paul, de Jacques et de l'épître aux Hébreux. Sa lettre était lue lors des cultes de l'Eglise de Corinthe vers 170.

[12] Elle date du début du deuxième siècle.

[13] Elle a sans doute été écrite à Alexandrie vers 130.

[14] ouvrage du deuxième siècle.

[15] Elle a été écrite vers 150.

[16] Ce livre aurait été écrit en Syrie au deuxième siècle.

[17] Cette idée de secret réservé à une élite est tout à fait gnostique et s’oppose aux livres du Nouveau Testament qui affirment que les mystères de Dieu ont été révélés et ne sont plus secrets (Ro. 16, 25-26).

[18] didymos : jumeau.

[19] Cet évangile a été diversement reçu par la critique. Pour certains, il s’agit d’un apocryphe parmi d’autres qui peut avoir un intérêt sur le plan de l’étude de la gnose. Pour d’autres, il s’agit d’un amalgame de paroles de Jésus tirées, tantôt des Evangiles canoniques, tantôt de traditions hétérodoxes qui les attribuaient à Jésus. Pour d’autres enfin, il s’agit de la source même à laquelle ont puisé les évangélistes, le « proto-évangile » dont tout le monde a rêvé et qui nous transmettrait les seules « paroles authentiques » de Jésus. Mais Jésus n’a pas écrit. Il n’y a donc pas de « paroles authentiques de Jésus » ; tout ce qui est rapportée, c’est une « parole entendue » qui traduit à sa façon la réaction de celui qui l’a entendue

[20] Ils n’atteignent pratiquement jamais l’inspiration des textes canoniques.

[21] Ils ne décrivent pas les actions de Jésus comme le font les Evangiles.

[22] Un certain nombre de paroles semblent directement prises sur les Evangiles écrits un siècle avant au moins.

[23] Ils ne trahissent pas de doctrine secrète cachée jusque-là, ils n’enlèvent rien à la personne centrale de Jésus le Messie, ils n’enlèvent rien à l’œuvre de Christ, sa naissance, sa mort et sa résurrection, ils citent les Evangiles (sans les nommer) et y ajoutent des paroles de Jésus ou des récits légendaires

[24] Cette vénération de Marie est historiquement une déviation absente chez les premiers chrétiens.

[25] L’enfance de Jésus, par exemple, qui contient des histoires peu crédibles.

[26] Comme le titre de « Mère de Dieu » (theotokos) dans le Protévangile de Jacques, titre datant du concile d’Ephèse au cinquième siècle

[27] Un certain nombre de documents pseudépigraphiques circulait dans les églises en même temps que les écrits des apôtres.

[28] Actuellement, on recense généralement : 22 Evangiles apocryphes du deuxième siècle (12 en latin et 10 en grec), 15 Actes, 10 Epitres, 6 Apocalypses. Mais, avec le temps, on a pu constater une diversification de plus en plus forte en fonction des milieux culturels. D'où le très grand nombre des textes que l'on peut recenser aujourd'hui.

[29] Le rejet de l'évangile de Pierre vient sans doute de son manque de sobriété par rapport à la Résurrection : il la décrit, ce dont les autres évangiles se sont bien gardés.

[30] docétisme vient du grec dokew qui signifie imaginer.