Jésus est enraciné dans un pays,

état religieux et politique

 

Jésus est juif, membre du peuple d'Israël, qui habite la Palestine, et Jésus est proche de son peuple qui attend le Messie promis par Dieu par l'intermédiaire des prophètes.

Ce pays est sous administration romaine. En 31 avant Jésus-Christ, l'empereur Auguste est à la tête de l'empire romain qui occupe les rives de la Méditerranée et des territoires comme la Gaule et l'Espagne. Mais à la différence de ces autres pays, malgré la conquête romaine, le peuple avait préservé l'originalité de sa langue et de sa religion.

La Palestine se trouve donc dans la situation d'un État satellite de Rome. Elle a officiellement Hérode pour roi. Mais celui-ci, né en terre juive, n'est pas juif par le sang. Sa mère est arabe et son père iduméen ; aucun des deux n'était de race royale, si bien que Flavius Josèphe, dépeint ainsi leur fils : "un citoyen privé quelconque, et iduméen, c'est-à-dire demi-juif". Sa royauté ne lui vient donc pas de sa naissance, ni de la volonté de ses compatriotes, c'est à Rome qu'il est allé la chercher. Et c'est un homme dépravé, détraqué, sadique et impitoyable qui se trouve donc à la tête de État palestinien au moment de la naissance de Jésus. Sa cour est une véritable cour païenne où tous les excès sont permis : obscénité, adultère, inceste, crimes, assassinats de son épouse, de sa belle-mère, de ses enfants... Deux années après la naissance de Jésus, il meurt à soixante-dix ans, ayant appris, par ses sbires, l'adoration des mages et ayant ordonné des représailles pour interdire l'accès de la royauté à qui que ce soit d'autre que des fils qu'il avait eus d'autres femmes que son épouse. C'est à trois de ces fils qu'il partageait par testament son royaume. Rome saisit cette occasion pour intervenir : l'empereur partagea le royaume d'Hérode entre ses fils, mais leur refusa le titre de roi. Hérode Antipas et Philippe furent nommés tétrarques, et Archélaüs devint ethnarque de Judée, remplissant ses fonctions de chef du peuple pendant neuf ans, avant d'être destitué et remplacé par un procurateur romain, un haut fonctionnaire détenant les pouvoirs administratifs et politiques. La justice était, en principe rendue par les juifs, à condition qu'ils manifestent leur obéissance à l'ordre romain. Le procurateur de Judée le plus connu, grâce aux Évangiles, fut Pilate.

Ponce Pilate fut préfet de Judée de 26 à 36. Son nom, Pontius Pilatus, a été retrouvé gravé sur une stèle qui servit dans les travaux de reconstructions du théâtre de Césarée Maritime, et qui a été découverte en 1961. Mais il n'est resté aucune trace de sa correspondance avec le pouvoir central. Philon d'Alexandrie attribue à Pilate des violences, des cruautés, des rapines et des exécutions sans jugement préalable. Ainsi Pilate passa outre la sensibilité juive en voulant exposer des enseignes militaires dans le Temple de Jérusalem, et il fallut que l'empereur lui-même s'en mêle pour le faire céder. Pour financer l'aqueduc qui devait amener l'eau à Césarée Maritime, lieu de stationnement des troupes romaines, il voulut puiser dans le Trésor du temple, cet incident tourna à l'émeute et s'acheva dans la violence. Pilate fut convoqué en 36 par Vitellius, légat de Syrie, en envoyé à Rome pour se justifier d'avoir maté dans le sang une manifestation messianique samaritaine : des gens s'étaient rassemblés, à l'appel d'un prophète exalté, dans l'intention de gravir le mont Garizim, pour y découvrir les vases sacrés cachés depuis les premiers temps de l'occupation de Canaan par les Hébreux... Pilate fut condamné par Caligula soit à l'exil soit à la mort...

A Rome, l'empereur est vénéré comme un dieu : ce culte impérial va être une source de conflits avec le judaïsme. Car la société juive est une théocratie : Dieu dirige la nation par ses représentants. La Torah, la Loi de Dieu, donnée à Moïse, constitue le fondement de la vie nationale. La Torah comporte les commandements de Dieu et tout un code de morale et de religion, ainsi que d'organisation sociale. Les fidèles acceptent toutes ces lois pour vivre en présence de Dieu et vénérer sa gloire. Le respect des commandements de Dieu et de la religion mosaïque, fondamentalement monothéiste ne pouvait qu'entraîner de violents conflits avec Rome, dont la religion était résolument hostile au monothéisme.

Le Temple de Jérusalem est la clé de voûte de l'organisation du pays. Tout converge vers le Temple, lieu des sacrifices, lieu de rassemblements pour les grandes fêtes : la Pâque, la Pentecôte et la fête des Tentes. Le service du Temple est assuré par la classe sacerdotale, caste de prêtres qui se recrutaient exclusivement dans la descendance d'Aaron. A la tête de ces prêtres se trouvait le grand prêtre, assisté d'une multitude de lévites. Les grands prêtres, en principe nommés à vie, ne pouvaient être institués qu'avec l'agrément de Rome, qui se réservait également le droit de les destituer, si bien qu'une quinzaine de grands prêtres se succédèrent en soixante-cinq ans, parmi lesquels Anne et Caïphe.

Dans chaque village on trouve une synagogue (Beth-Knesset) : c'est la maison réservée à l'enseignement de la religion. Le jour du sabbat, les fidèles s'y rassemblent pour la prière et la lecture des textes sacrés. L'élément essentiel du culte est la bénédiction, par laquelle le fidèle remercie Dieu à chaque instant de sa vie, dans chaque geste qu'il accomplit.

Différents groupes interviennent dans la vie du peuple juif.

Les Pharisiens

Les pharisiens, ou "hassidim" constituent un courant de piété dans le judaïsme (hassid = pieux, séparé, pur). Ils souhaitent que les affaires de État soient traités sans autre considération que celle de la seule Torah, comprise non seulement dans le sens de la Loi écrite remontant directement à Moïse, mais aussi dans celui de la Loi orale qui s'est transmise, de génération en génération, depuis le temps de l'Exode. C'est donc sous le signe de la Torah qu'il faut comprendre le mouvement pharisien. Ces hommes veulent se constituer comme la véritable communauté sainte d'Israël, sans participer nécessairement à la classe sociale supérieure du peuple. En fait, ils sont issus, sociologiquement parlant du laïcat et non pas de la caste sacerdotale, ils n'ont pas reçu de formation spéciale, comme celle des scribes, avec lesquels ils entretiennent pourtant des relations très étroites. Ils étaient issus des classes populaires, principalement des marchands, des artisans et des paysans. Si certains scribes appartenaient au mouvement pharisien, la plupart des pharisiens n'étaient cependant pas des représentants de l'élite cultivée du peuple : ils étaient simplement membres d'associations pieuses qui suivaient une réglementation particulière, notamment en ce qui concernait la pureté rituelle et la dîme.

Constatant l'incapacité de la nation juive à pouvoir obtenir une place comparable à celle des grands empires de l'époque, ils renoncèrent à toute ambition politique internationale. Réalistes, ils admettaient que rien, à l'échelle humaine, ne pouvait permettre de libérer leur pays de l'autorité romaine et ils se satisfaisaient de la relative liberté qui leur était laissée pour étudier la Torah. Ils s'appuyaient sur le fait que les Écritures avaient été commentées depuis longtemps et donc que la tradition orale pouvait permettre à la Loi mosaïque de continuer à s'appliquer dans les nouvelles conditions d'existence du peuple.

Pour les pharisiens, YHWH était le Dieu de l'humanité entière et, en conséquence, ils proposaient une doctrine de la relation individuelle à Dieu, relation qui se poursuivait au-delà de la mort, puisqu'ils croyaient en la résurrection des morts. Ils n'étaient pas simplement de faux dévots hypocrites, semblables à ceux que le Nouveau Testament stigmatise avec vigueur, imposant un joug pénible de prescriptions légales et rituelles. Leur différend avec Jésus de Nazareth reposaient sur le fait que celui-ci méprisait quelque peu leur interprétation étroite de la Torah et les barrières qu'ils s'imposaient pour que celle-ci sont scrupuleusement respectée. Dans ses discussions avec eux, Jésus ne s'est jamais situé sur le plan de la spéculation intellectuelle ou des questions théoriques, il s'est placé davantage dur le plan des questions pratiques et tout au plus sur des question d'exégèse de la Torah. Cela laisse supposer que, même en milieu chrétien, les pharisiens n'étaient pas perçus comme de grands théoriciens du judaïsme, mais plutôt comme des hommes soucieux de conformer leur vie aux principes de la Loi de Moïse. Ils ne critiquèrent jamais Jésus pour ses prétentions messianiques : eux-mêmes attendaient la venue du Roi-Messie qui devait libérer le peuple de la dominations étrangère. Aussi ne sont-ils pas intervenus dans le procès qui opposa Jésus et les chefs des prêtres.

L'écrivain Juif Flavius Josèphe parle des pharisiens en ces termes : Les Pharisiens sont ceux que l'on estime avoir une plus parfaite connaissance de nos lois et de nos cérémonies. le premier article de leur croyance est de tout attribuer à Dieu et au destin, en sorte néanmoins que, dans la plupart des choses, il dépend de nous de bien faire ou de mal faire, quoique le destin puisse beaucoup nous y aider. Ils tiennent aussi que les âmes sont immortelles, que celles des justes passent, après cette vie en d'autres corps, et que celles des méchants souffrent des tourments qui durent toujours.

Toutefois, si les communautés pharisiennes étaient d'origine populaire, il semble leurs membres n'hésitaient pas à se considérer comme supérieurs à l'ensemble du peuple qui n'observait pas les prescriptions rigoureuses, aussi bien au niveau religieux que sur le plan de la morale quotidienne. Néanmoins, la foule suivait les pharisiens de manière inconditionnelle, car ils étaient capables de se dévouer entièrement pour la cause de leurs compatriotes. En face du pouvoir religieux et sacerdotal, comme en face du pouvoir politique, ils représentaient le parti du peuple qui visait à l'abolition de toutes les différences entre les classes sociales pour l'instauration d'un Nouvel Israël. Aussi ne faut-il pas s'étonner de constater que ce sont ces mêmes pharisiens qui, après la catastrophe nationale de 70, prendront en mains les destinées du judaïsme : ils tentèrent d'empêcher le peuple de se lancer de nouveau dans la guerre en l'invitant à se soumettre à la volonté divine, mais ils échouèrent dans leur entreprise.

Les Saducéens

Si les pharisiens étaient plus ou moins progressistes dans le domaine religieux, puisqu'ils admettaient la validité de la tradition orale, les Saducéens, quant à eux, étaient de fermes conservateurs : ils ne reconnaissaient que l'autorité des écrits les plus anciens, refusant la tradition orale, refusant également de reconnaître les progrès doctrinaux et les nouvelles croyances qui n'étaient pas fondées dans les premiers écrits. Ainsi, ils ne pouvaient admettre la croyance aux anges, à la résurrection des morts et à la rétribution universelle après la mort.

Les saducéens formaient un groupe organisé comprenant dans ses membres les grands prêtres, les anciens, la noblesse sacerdotale et laïque. Comme dans le mouvement pharisien, c'est naturellement le laïcat qui formait la plus grande masse des partisans, alors que le clergé exerçait son influence en tant que spécialiste dans les affaires religieuses.

La théologie saducéennes se ressent du conservatisme de ses membres : YHWH est exclusivement le Dieu national d'Israël. C'est en cela qu'ils s'opposent farouchement aux pharisiens. Pour eux, la Torah pouvait servir de constitution nationale bien que, dans les circonstances du premier siècle, il ne pouvait être question de mener une politique strictement théocratique. Il fallait nécessairement se soucier de l'opportunité politique et des intérêts économiques. Aussi ne faut-il pas s'étonner de les voir collaborer avec la puissance politique en place, fût-elle étrangère. Ils accepteront le joug de Rome, en s'accommodant tant bien que mal des circonstances les plus défavorables. Les masses populaires ne purent jamais accepter de telles compromissions et elles se rangèrent plus volontiers sous l'autorité du mouvement pharisien. Les grands prêtres perdirent toute importance politique vers la fin du premier siècle de l'ère chrétienne.

Flavius Josèphe présentait les saducéens de la manière suivante : Les saducéens nient absolument le destin et croient que comme Dieu est incapable de faire le mal, il ne prend pas garde à celui que les hommes font. Ils disent qu'il est en notre pouvoir de faire le bien ou le mal selon que notre volonté nous porte à l'un ou à l'autre, et que, quant aux âmes, elles ne sont ni punies ni récompensées dans un autre monde. Mais autant les pharisiens sont sociables et vivent en amitié les uns avec les autres, autant les saducéens sont d'une humeur farouche, et ils ne vivent pas moins rudement entre eux qu'ils ne le feraient avec des étrangers.

Le déclin de la nation d'Israël, après l'insurrection des zélotes en 67, amena la complète dissolution de la noblesse sacerdotale et laïque. Désormais, il ne pouvait plus être question de privilèges obtenus par la simple naissance, tout fidèle allant être soumis à la loi romaine dans sa plus grande rigueur.

Les Esséniens

Comme les pharisiens, les esséniens trouvent vraisemblablement leur origine auprès de ceux qui soutinrent les Maccabées dans la fidélité à la dynastie sacerdotale. Les écrivains juifs, en particulier Philon d'Alexandrie et Flavius Josèphe, les présentent organisés en petites communautés locales. Ainsi, selon Flavius Josèphe, les esséniens sont juifs de nation, vivent dans une union très étroite et considèrent les voluptés comme des vices que l'on doit fuir et la continence et la victoire de ses passions comme des vertus que l'on ne saurait trop estimer. Ils rejettent le mariage, non qu'ils croient qu'il faille détruire la race des hommes, mais pour éviter l'intempérance des femmes, qu'ils sont persuadés ne pas garder la foi de leur mari. Ils ne laissent pas néanmoins de recevoir les jeunes enfants qu'on leur donne pour les instruire et de les élever dans la vertu avec autant de soin et de charité que s'ils étaient les pères, et ils les nourrissent et les habillent tous d'une même sorte. Ils méprisent les richesses. Toutes choses sont communes entre eux, avec une égalité si admirable que, lorsque quelqu'un embrasse leur secte, il se dépouille de la propriété qu'il possède pour éviter par ce moyen la vanité des richesses, épargner aux autres la honte de la pauvreté et par un si heureux mélange vivre ensemble comme frères. Ils ne peuvent souffrir de s'oindre le corps avec de l'huile, mais si cela arrive à quelqu'un, quoique contre son gré, ils essuient cette huile comme si c'était des tâches et des souillures, et se croient assez propres et assez parés pourvu que leurs vêtements soient toujours bien blancs. Ils choisissent pour économes des gens de bien qui reçoivent tout leur revenu et distribuent selon le besoin que chacun en a. Ils n'ont point de ville certaine dans laquelle ils demeurent mais sont répandus en diverses villes où ils reçoivent ceux qui désirent entrer dans leur société, et encore qu'ils ne les aient jamais vus auparavant, ils partagent avec eux ce qu'ils ont comme s'ils les connaissaient depuis longtemps. Lorsqu'ils font quelque voyage, ils ne portent autre chose que des armes pour se défendre des voleurs. Ils ont dans chaque ville quelqu'un pour recevoir et loger ceux de leur secte qui y viennent et leur donner des habits et les autres choses dont ils peuvent avoir besoin. Ils ne changent point d'habits que quand les leurs sont déchirés ou usés. ils ne vendent et n'achètent rien entre eux mais se communiquent les uns aux autres, sans aucun échange, tout ce qu'ils ont. Ils sont très religieux envers Dieu, ne parlent que des choses saintes avant le lever du soleil, et font alors des prières qu'ils ont reçues par tradition, pour demander à Dieu qu'il lui plaise de le faire luire sur la terre. Ils vont après travailler, chacun à son ouvrage, selon qu'il leur est ordonné. A onze heures, ils se rassemblent et, couverts d'un linge, se lavent le corps avec de l'eau froide. Ils se retirent alors dans leurs cellules, dont l'entrée n'est permise à nul de ceux qui ne sont pas de leur secte et, s'étant purifiés de la sorte, ils vont au réfectoire, comme en un saint temple, où, lorsqu'ils sont assis en grand silence, on met devant chacun d'eux du pain et un mets quelconque dans un petit plat. Un sacrificateur bénit les viandes et on n'oserait y toucher jusqu'à ce qu'il ait achevé sa prière. Il en fait encore une autre après le repas pour finir comme il a commencé, par les louanges de Dieu, afin de témoigner qu'ils reconnaissent tous que c'est de sa seule libéralité qu'ils tiennent leur nourriture. Ils quittent alors leurs habits qu'ils considèrent comme sacrés et retournent à leur ouvrage. ils font le soir à souper la même chose et font manger avec eux leurs hôtes s'il en est arrivé quelques-uns. On n'entend jamais de bruits dans leurs maisons, on n'y voit jamais le moindre trouble, chacun n'y parle qu'en rang, et leur silence donne du respect aux étrangers. Une si grande modération est un effet de leur continuelle sobriété, car ils ne boivent ni ne mangent qu'autant qu'ils ont besoin pour se nourrir. Il ne leur est permis de rien faire que par l'avis de leurs supérieurs, si ce n'est d'assister les pauvres, sans qu'aucune autre raison les y porte que leur compassion pour les affligés. Car quant à leurs parents ils n'oseraient leur rien donner sans permission. Ils prennent un extrême soin de réprimer leur colère. Ils aiment la paix et gardent si inviolablement ce qu'ils promettent que l'on peut ajouter plus de foi à leur simple parole qu'aux serments des autres. Ils considèrent même les serments comme des parjures, parce qu'ils ne peuvent se persuader qu'un homme soit menteur, lorsqu'il a besoin pour être cru de prendre Dieu à témoin. Ils étudient avec soin les écrits des anciens, principalement en ce qui concerne les choses utiles à l'âme et au corps, et acquièrent aussi une très grande connaissance des remèdes propres à guérir les maladies, et de la vertu des plantes, des pierres et des métaux. Ils ne reçoivent pas à l'heure même dans leur communauté ceux qui veulent embrasser leur manière de vivre, mais les font demeurer durant un an au-dehors, où ils ont chacun, avec le même régime, une pioche, le linge dont nous avons parlé, et un habit blanc. Ils leur donnent ensuite une nourriture conforme à la leur et leur permettent de se laver comme eux dans l'eau froide pour se purifier, mais ils ne les font point manger au réfectoire jusqu'à ce qu'ils aient encore, durant deux ans, éprouvé leurs moeurs, comme ils avaient éprouvé auparavant leur continence. Alors on le reçoit parce qu'on les juges dignes, mais avant de s'asseoir à la table avec les autres, ils protestent solennellement d'honorer et de servir Dieu de tout leur coeur, d'observer la justice envers les hommes, de ne jamais faire volontairement de mal à personne quand même on le leur commanderait, d'avoir de l'aversion pour les méchants, d'assister de tout leur pouvoir les gens de bien, de garder la foi à tout le monde, et particulièrement aux princes parce qu'ils tiennent leur puissance de Dieu. A quoi ils ajoutent que si jamais ils sont élevés en charge ils n'abuseront point de leur pouvoir pour maltraiter leurs inférieurs, qu'ils n'auront rien de plus que les autres, ni en leurs habits, ni au reste de ce qui regarder leurs personnes, qu'ils auront un amour inviolable pour la vérité et reprendront sévèrement les menteurs, qu'ils conserveront leurs mains et leurs âmes pures de tout larcin et de tout désir injuste, qu'ils ne cacheront rien à leurs confrères des mystères les plus secrets de leur religion et n'en révéleront rien aux autres, quand même on les menacerait de mort pour les y contraindre, qu'ils n'enseigneront que la doctrine qui leur a été enseignée et qu'ils conserveront très soigneusement les livres aussi bien que les noms de ceux de qui ils l'auront reçue. Telles sont les protestations qu'ils obligent ceux qui veulent embrasser leur manière de vivre de faire solennellement afin de les fortifier contre les vices. Que s'ils y contreviennent par des fautes notables, ils les chassent de leur compagnie, et la plupart de ceux qu'ils rejettent de la sorte meurent misérablement, parce que, ne leur étant pas permis de manger avec des étrangers, ils sont réduits à paître l'herbe comme des bêtes et se trouvent ainsi consumés de faim. D'où il arrive quelquefois que la compassion que l'on a de leur extrême misère fait qu'on leur pardonne. Ceux de cette secte sont très justes dans leurs jugements, leur nombre n'est pas moindre que cent, lorsqu'ils les prononcent, et ce qu'il ont une fois arrêté demeure immuable. Ils aiment tellement, après Dieu, leur législateur, qu'ils punissent de mort ceux qui en parlent avec mépris et considèrent comme un très grand devoir d'obéir à leurs anciens et à ceux que plusieurs leur ordonnent. Ils se montrent une telle déférence les uns aux autres que s'ils se rencontrent dix ensemble, nul d'eux n'oserait parler, si les neuf autre ne l'approuvent, et ils regardent comme grande incivilité d'être au milieu d'eux ou à leur main droite. Ils observent le sabbat plus religieusement que tous les autres juifs et non seulement ils font cuire la veille leur viande pour n'être pas obligé ce jour de repos d'allumer du feu, mais ils n'osent pas même satisfaire, s'ils n'y sont contraints, aux nécessités de la nature. Aux autres jours ils font, dans un lieu à l'écart, avec cette pioche dont nous avons parlé, un trou dans la terre d'un pied de profondeur, et après s'être déchargés, en se couvrant de leurs habits, comme s'ils avaient peur de souiller les rayons du soleil que Dieu fait luire sur eux, ils remplissent cette fosse de la terre qu'ils en ont tirée, parce qu'encore que ce soit une chose naturelle, ils ne laissent pas de la considérer comme une impureté dont ils doivent se cacher, et se lavent même pour s'en purifier. Ceux qui font profession de cette sorte de vie sont divisés en quatre classes, dont les plus jeunes ont un tel respect pour les anciens, que lorsqu'ils les touchent, ils sont obligés de se purifier comme s'ils avaient touché un étranger. Ils vivent si longtemps que plusieurs vont jusqu'à cent ans, ce que j'attribue à la simplicité de leur manière de vivre et à ce qu'ils sont si réglés en toutes choses. Ils méprisent les maux de la terre et préfèrent la mort à la vie, lorsque le sujet en est honorable. La guerre que nous avons eue contre les Romains a fait voir en mille manières que leur courage est invincible. Ils sont souffert le fer et le feu et vu briser leurs membres plutôt que vouloir dire la moindre parole contre leur législateur, ni manger des viandes qui leur sont défendues, sans qu'au milieu de tant de tourments ils aient versé une seule larme ni dit la moindre parole pour tâcher d'adoucir la cruauté de leurs bourreaux. Au contraire, ils se moquaient d'eux, se souriaient et rendait l'esprit avec joie, parce qu'ils espéraient passer de cette vie à une meilleure et qu'il croient fermement que, comme nos corps sont mortels et corruptibles, nos âmes sont immortelles et incorruptibles, qu'elles sont d'une substance aérienne très faible, et qu'étant enfermées dans nos corps ainsi que dans une prison où une certaine inclination naturelle les attire et les arrête, elles ne sont pas plutôt affranchies de ces liens charnels qui les retiennent comme dans une longue servitude qu'elles s'élèvent dans l'air et s'envolent avec joie... Ces mêmes esséniens croient que les âmes sont créées immortelles pour se porter à la vertu et se détourner du vice, que les bons sont rendus meilleurs en cette vie par l'espérance d'être heureux après leur mort, et que les méchants qui s'imaginent pouvoir cacher en ce monde leurs mauvaises actions en sont punis dans l'autre par des tourments éternels. Tels sont leurs sentiment touchant l'excellence de l'âme dont on ne voit guère se départir ceux qui en sont une fois persuadés. Il y en a parmi eux qui se vantent de connaître les choses à venir tant par l'étude qu'ils font des livres saints et des anciennes prophéties que par le soin qu'ils prennent de se sanctifier, il arrive rarement qu'ils se trompent dans leurs prédictions. Il y a une autre sorte d'esséniens qui conviennent avec les premiers dans l'usage des mêmes viandes, des mêmes moeurs et des mêmes lois, et n'en sont différents qu'en ce qui regarde le mariage. Car ceux-ci croient que c'est vouloir abolir la race des hommes que d'y renoncer, puisque si chacun embrassait ce sentiment, on la verrait bientôt éteinte. Ils s'y conduisent néanmoins avec tant de modération qu'avant de se marier ils observent durant trois ans si la personne qu'ils veulent épouser paraît assez saine pour porter des enfants. Et lorsque, après être mariée, elle devient grosse, ils ne couchent plus avec elle durant sa grossesse pour témoigner que ce n'est pas la volupté mais le désir de donner des hommes à la nation qui les engage dans le mariage. Et lorsque les femmes se lavent, elles se couvrent avec un linge comme les hommes. On peut voir par ce que je viens de rapporter quelles sont les moeurs des esséniens. (La guerre des juifs contre les Romains, p. 87 sq).

Jusqu'en 1947, on ne disposait guère de renseignements sur cette secte juive du premier siècle. En réaction contre l'oppression et la misère subies par les juifs, sous les Hérode, certains hommes décidèrent de se mettre à l'écart du monde qu'ils considéraient comme mauvais et de vivre désormais dans la piété et la sécurité de la religion. Certains suivirent les conseils des esséniens mais ne quittèrent pourtant pas leur vie quotidienne, si bien qu'il existait des communautés esséniennes locales, chargées surtout d'oeuvre de solidarité envers les frères de passage dans les villes et les villages. Mais la plupart des fidèles de la secte se retiraient dans le voisinage de la Mer Morte pour pratiquer un ascétisme rigoureux. Après les fouilles entreprises à Qirbet Qumran, il semble que l'ensemble des constructions découvertes formait un véritable monastère, une sorte de maison-mère, régie par la Règle de la communauté. De 1951 à 1956, on a mis à jour l'ensemble de ces bâtiments, mais la découverte la plus extraordinaire fut certainement celle des manuscrits qui avaient été dissimulés dans les grottes voisines de leur communauté quand les sectaires durent s'enfuir devant l'avance des armées romaines.

La règle de la communauté est probablement le plus ancien document de la secte, sa composition littéraire permet de la situer au deuxième siècle avant l'ère chrétienne. Elle contient les statuts concernant l'initiation des membres et une sorte de règlement intérieur pour diriger la vie commune : organisation, discipline, code pénal, devoirs religieux et liturgiques du maître et de ses disciples. La communauté ressemblait étrangement, quant à son mode de vie, à un monastère dont les différents membres travaillaient en grande partie à la copie soigneuse des textes sacrés. Beaucoup plus soucieux de la pureté du judaïsme que les pharisiens eux-mêmes, les esséniens recherchaient la perfection la plus absolue. Pour ce faire, certains se vouèrent au célibat, dans l'attente de la venue imminente du Messie. Ce célibat rompait avec toute la tradition religieuse d'Israël qui prônait le mariage et la fécondité. Il est cependant pratiquement certain que tous n'embrassèrent pas le célibat puisque, dans le cimetière de Qumran, les archéologues ont découvert quelques squelettes de femmes et d'enfants. Ceux qui recherchaient la plus grande sainteté devaient néanmoins considérer comme préférable de n'avoir point charge de famille. A cet égard, les esséniens se présentent comme les précurseurs des moines et des ermites de l'Eglise chrétienne.

La communauté de Qumran prenait à son compte les concepts fondamentaux du judaïsme : l'élection d'Israël, l'alliance entre YHWH et son peuple, le salut universel dont le peuple d'Israël est le témoin à la face du monde. YHWH a choisi Israël en fidélité à la promesse faite à Abraham, renouvelant son choix par l'alliance du Sinaï pour le salut du peuple et, à travers ce peuple, au monde entier. Mais l'infidélité du peuple ne pouvait pas ruiner la fidélité éternelle de Dieu à la promesse qu'il avait faite : le reste d'Israël (et les membres de la secte se considéraient comme ce petit reste) devait racheter l'ensemble du peuple et lui assurer le salut voulu par Dieu. Pour cela, une guerre sainte était pratiquement inévitable, c'est ce que présente la Règle de la guerre. C'est un écrit théologique qui montre le combat entre les fils de lumière et ceux des ténèbres. Elle contient également des aspects politiques : il n'est pas impossible d'identifier les fils des ténèbres avec les armées romaines qui devaient finir par vaincre toute résistance palestinienne.

En insistant sur la perversité et la dépravation de la nature humaine, les esséniens s'opposaient à la doctrine traditionnelle du judaïsme qui affirme que l'homme possède les qualités morales et spirituelles lui permettant de vaincre le mal et de hâter ainsi la venue du Messie. Les esséniens rompirent avec le judaïsme traditionnel, celui-ci n'admettant pas le retrait du monde pour échapper aux souffrances et ne pouvant accepter l'ascétisme absolu comme ligne de conduite essentielle de l'existence humaine. Très rapidement donc, la doctrine essénienne tomba en désuétude et n'exerça plus aucune influence sur le développement ultérieur du judaïsme.

Les zélotes

Les esséniens apportaient une réponse négative à la misère et à l'oppression qu'ils pouvaient connaître, en se réfugiant dans des communautés qui leur apportaient une relative sécurité. les zélotes, quant à eux, entendaient trouver une solution pratique à cette oppression. Ils refusaient de se cacher du monde et se préparaient activement à la lutte contre toute tyrannie. En cela également, ils s'opposaient aux pharisiens et aux saducéens, qui étaient toujours prêts à coopérer avec la puissance d'occupation pour bénéficier d'une relative sécurité.

Pourtant, les zélotes n'étaient pas des nationalistes fanatiques, ils étaient prêts à lutter et à mourir pour l'amour de la patrie, mais ils vivaient aussi dans un profond attachement à la Torah pour laquelle également ils auraient accepté de subir la persécution et la mort. Forts de cette Torah, qui se présentait à eux comme la révélation même de la volonté de Dieu, ils se sentaient la force de provoquer tous les ennemis du peuple que YHWH s'était choisi. La présence de païens sur la terre promise en héritage aux fils d'Israël leur semblait un outrage aux droits de YHWH sur son peuple.

C'est en Galilée que se développa le mouvement zélote. Ezéchias, père de Juda le Galiléen, qui donna son impulsion à ce mouvement révolutionnaire, avait combattu Hérode à la tête d'un groupe de partisans. En 66 après Jésus-Christ, Ménahem, fils de Juda, fut l'un des principaux chefs de la révolte contre les Romains. Cette révolte devait tourner à la guerre et amener la destruction de Jérusalem. Au lieu de calmer l'ardeur de ces patriotes religieux, les vexations et les persécutions subies par les juifs ne firent que les exacerber et les zélotes appelèrent le peuple à la lutte sans merci contre l'oppresseur.

Les pharisiens tentèrent vainement d'écarter Israël de cette révolte armée et de l'empêcher d'entrer dans une guerre qui ne pouvait que conduire à la perte du peuple. Mais ils ne furent pas suivis dans leur raisonnement. La situation politique que connaissaient alors le peuple d'Israël était telle qu'il lui était impossible de subir davantage l'oppression romaine, et le résultat en fut la catastrophe nationale de 70 : Jérusalem tomba et le Temple fut détruit par les flammes.

Qumran tomba aux mains des Romains en 68, et ceux-ci incendièrent les bâtiments de la communauté. Certains membres de la secte purent cacher les manuscrits de la bibliothèque dans des grottes naturelles voisines. C'est là que de jeunes bédouins les retrouvèrent en 1947. Le site de Qumran servit alors de quartiers aux armées romaines, dans les années qui suivirent la chute de la communauté. Les membres de celle-ci se joignirent alors sans doute aux zélotes qui les entraînèrent dans la résistance à outrance, jusque dans la forteresse construite par Hérode sur le plateau de Massada, qui tomba elle aussi en 74. Ce dernier bastion de résistance n'abritait plus qu'un petit millier de fidèles décidés à ne pas céder à l'oppresseur dont les campements regroupaient plus de dix mille hommes décidés quant à eux à en finir avec cette guerre juive. Pour réduire la forteresse, il fallait que les Romains forcent la muraille pour pénétrer à l'intérieur, ce qui était chose impossible. Alors, ils construisirent une rampe d'assaut, avançant rapidement dans leurs travaux malgré les grosses pierres que les assiégés faisaient rouler sur les sentiers menant à la forteresse. Les zélotes ne pouvaient rien faire d'autre qu'espérer un miracle, mais celui-ci ne vint pas : la muraille fut percée. Le sort de Massada était décidé. le chef de la forteresse prit alors la décision fatale : plutôt mourir que vivre dans la servitude. Flavius Josèphe retrace ainsi l'exhortation d'Eléazar ben Yaïr, au moment de la chute de Massada : Il y a longtemps, mes braves, que nous avons résolu de n'être asservis ni aux Romains ni à personne, sinon à Dieu qui est le seul vrai, le seul juste maître des hommes. Voici venu l'instant qui commande de confirmer cette résolution par des actes. En ce moment donc, ne nous déshonorons pas, car nous fumes les premiers à nous révolter et nous sommes les derniers à leur faire la guerre. Je crois d'ailleurs que nous avons reçu de Dieu cette grâce de pouvoir mourir noblement en hommes libres, tandis que d'autres, vaincus par leur attente, n'ont pas eu cette faveur. Nous avons sous les yeux, pour demain, la prise de la place, mais aussi la liberté de choisir une noble mort que nous partagerons avec nos amis les plus chers. Que nos femmes meurent sans subir d'outrages. Que nos enfants meurent sans connaître la servitude. Après les avoir tués, nous nous rendrons les uns aux autres un généreux office, en conservant la liberté qui sera notre noble linceul. Mais d'abord détruisons par le feu nos richesses et la forteresse ! Laissons seulement les vivres. Ceux-ci témoigneront pour les morts que ce n'est pas la disette qui nous a vaincus, mais que, fidèles à notre résolution première, nous avons préféré la mort à la servitude. Prenons-nous en pitié, nous, nos femmes et nos enfants tant qu'il nous est encore permis d'avoir pitié de nous-mêmes. Car c'est pour la mort que nous sommes nés et que nous avons engendré nos enfants. Même les heureux ne peuvent y échapper. Mais les outrages, l'esclavage, la vue de nos femmes ravies avec nos enfants pour le déshonneur, ce ne sont pas les maux d'une nécessité naturelle pour les hommes. De telles épreuves, ils les supportent par lâcheté, parce qu'ils ne veulent pas, tout en en ayant le pouvoir, les prévenir par la mort. Mourons sans être esclaves de nos ennemis. Sortons ensemble de la vie, avec nos enfants et nos femmes.

Dans le monde juif actuel, Massada conserve une valeur de symbole : la lutte d'un petit nombre contre la multitude, la lutte des faibles contre les forts, le choix réfléchi de manière spirituelle de ceux qui préfèrent la mort à la vie honteuse de la servitude et du renoncement aux valeurs qui les faisaient vivre antérieurement. Les juifs actuels, retrouvant la terre de leurs ancêtres et redécouvrant le sacrifice des zélotes, font de nouveau ce serment : Massada ne tombera jamais plus !

Les baptistes

Une des sectes juives dont on découvre l'existence dans le Nouveau Testament est certainement le mouvement baptiste, dont Jean est l'un des témoins. Jean, surnommé le Baptiste, en raison de son activité, apparaît comme le dernier prophète, non reconnu par la tradition d'Israël ultérieure. Sur les bords du Jourdain, à quelques kilomètres de Qumran, il annonçait au peuple qu'il fallait se préparer à recevoir le Messie, à lui ouvrir les portes du coeur en faisant pénitence. Son activité se situe aux débuts de la vie publique de Jésus. Il conviait ses disciples à se plonger dans l'eau courante sous sa conduite : on ne s'immergeait pas de sa propre initiative comme pour un bain rituel ou comme pour une ablution classique. A ce baptême, qu'on ne recevait probablement qu'une seule fois, se trouvait liée une exigence de conversion, après la rémission des péchés. On a souvent pensé que Jean avait été influence par la communauté de Qumran, ce n'est pas impossible. Cependant, à la différence de celle-ci, il n'accueillait pas auprès de lui une sorte d'élite religieuse mais l'ensemble du peuple pécheur, qu'il préparait à la venue du Messie. Jean renouait avec le prophétisme le plus ancien d'Israël : à chacun il donnait des conseils appropriés à sa situation, l'invitant à suivre la religion juive selon son esprit et non pas seulement selon la lettre. L'usage de l'eau, qui permet les ablutions rituelles, est un signe commun à toutes les religions. En effet, le symbolisme de l'eau est tel qu'il signifie la régénération des individus. Les prêtres se soumettaient à des ablutions avant d'entrer dans le Temple de Jérusalem. La religion juive comportait d'ailleurs de très nombreux rites d'ablution afin de purifier l'homme de tout ce qui était susceptible de le rendre impur. Et au premier siècle de l'ère chrétienne, ces ablutions rituelles étaient observées avec une extrême minutie. C'est ainsi que les esséniens prenaient un bain rituel avant chaque repas... Jésus de Nazareth s'est trouvé mis en accusation par des pharisiens parce que ni lui ni ses disciples ne tenaient compte des prescriptions de la Torah avant de prendre leurs repas. La religion juive connaissait aussi à l'époque un baptême pour ceux qui se convertissaient à la foi ancestrale. Tout païen venant au judaïsme devait prendre un bain qui effaçait toute trace d'impureté avant de recevoir la circoncision. Les ablutions purificatrices remontaient à la Torah édictée par Moïse. A l'époque de Jean, le baptême était un rite suffisamment bien établi pour que Jean n'ait pas besoin de le justifier, même s'il lui donnait un caractère quelque peu nouveau, dans le sens d'une préparation immédiate à la venue des temps messianiques, comme une préparation des pécheurs à l'imminence de la visite que YHWH allait rendre à son peuple.

Jésus a vécu en respectant les convocation et la liberté de ceux qu'il rencontrait, mais sans jamais renier ses propres convictions.