Préparation à la naissance de Jésus de Nazareth

 

Deux évangélistes seulement rapportent quelques détails sur les origines de Jésus que ses contemporains considèrent comme venant de Nazareth. Il s'agit de Luc et de Matthieu. Encore faut-il remarquer que leurs récits ne sont pas similaires, même si tous les deux font naître Jésus à Bethléem. Il faut toujours se souvenir que les évangiles ne sont en aucune façon des biographies mais des témoignages de foi des premières communautés chrétiennes et que les récits proposés par les différents rédacteurs servent des fins théologiques précises.

Un fait est cependant à noter : Marc, celui qui est considéré comme le plus ancien des évangélistes (puisque son texte est habituellement daté des années 60), ne possède pas de récits relatifs à l'enfance de Jésus. Matthieu et Luc auraient rédigé leurs textes dans les années 70-80, ce qui fait que plus de soixante ans séparent les évangiles des événements eux-mêmes... et les évangélistes font allusion à des témoins qui n'ont laissé aucun autre souvenir dans l'histoire des hommes. Ce qu'il appartient au croyant d'effectuer, c'est de considérer les récits de la naissance et de l'enfance de Jésus comme des récits construits pour faire comprendre, dès le point de départ, le mystère même de la personne de Jésus. Il faut avoir mis sa foi dans le Christ sauveur des hommes pour comprendre la portée ultime de ces récits.

Mais une grande distance temporelle nous sépare des événements concernant la naissance et l'enfance de Jésus, qui sont pratiquement passées inaperçues aux yeux des hommes, d'autant plus que leur narration a été faite bien longtemps après le reste des évangiles. Aucun rédacteur n'était présent au moment de ces événements, même si chacun d'eux a cherché, à sa manière, à faire comprendre aux hommes de la fin du premier siècle que ce Jésus qu'ils considéraient à juste titre comme Dieu était aussi réellement un homme.

Il y avait, en effet, parmi les premiers chrétiens, des hommes qui prétendaient que Jésus n'était pas un homme véritable, mais une simple apparence. Les évangélistes se sont attachés à montrer qu'il était vraiment homme, qu'il était né d'une femme, qu'il avait vécu, qu'il avait lutté pour faire connaître ce qui lui tenait à coeur, qu'il avait souffert, qu'il était mort avant de ressusciter et d'entrer dans la gloire de son Père.

Matthieu et Luc ne présentent pourtant pas une rédaction comparable des événements de l'enfance. Le danger est grand de privilégier l'un des rédacteurs au détriment de l'autre ou d'harmoniser les deux pour faire une histoire aussi complète que possible de Jésus, essayant de dresser une chronologie des récits et oubliant les visées théologiques de chacun des auteurs. Avant d'imaginer cette reconstruction, il faut se souvenir du souci des évangélistes et de leurs préoccupations.

Matthieu écrit pour des chrétiens venus du judaïsme, cela explique les références constantes qu'il fait à l'Ancien Testament, afin de montrer que Jésus est bien celui que tout le peuple attendait comme Messie d'Israël et qu'il est le nouveau Moïse qui devait libérer le peuple. Et cet évangéliste montre que l'Eglise naissante n'est pas un nouvel Israël, mais l'Israël véritable, héritier de toutes les promesses de Dieu. Toutefois, afin que les chrétiens venus du judaïsme ne se fassent pas illusion en croyant pouvoir revendiquer une certaine priorité dans l'ordre du salut, Matthieu va insister sur l'universalité absolue de la libération : même les païens sont invités à reconnaître dans cet enfant le sauveur du monde. Par des voies qui ne sont pas celles de la tradition juive, mais du monde païen, par exemple pour les mages une étoile, symbole de la recherche scientifique, astrologique, de l'époque, il montre que Dieu invite les savants à se mettre en route vers son Fils. Le souci de l'évangéliste sera de manifester la place que des païens, qui ont été les premiers à reconnaître en Jésus le Fils de Dieu, peuvent et doivent prendre dans l'Eglise.

Luc, quant à lui, porte tout son souci vers les païens qui sont entrés dans la voie chrétienne. Sans doute écrit-il après la chute de Jérusalem. Mais il constate que les nouveaux convertis ont tendance à oublier les racines juives de la foi chrétienne, d'où son insistance à bien enraciner Jésus dans le peuple juif, en soulignant les coutumes et les traditions religieuses de ce peuple, pour montrer que le salut apporté en Jésus passe par Jérusalem. Et, au moment de la naissance du Fils de Dieu, par exemple, il n'hésite pas à faire intervenir les représentants les plus insignifiants de ce peuple, des bergers qui se situent en marge de la vie religieuse, mais aussi des hommes qui témoignent du respect que la famille humaine de Jésus apporte à remplir les devoirs envers la Loi juive. Alors qu'il écrit pour des hommes disposant d'une certaine culture, Luc souligne que cette culture peut être un handicap pour reconnaître Jésus, et que la pauvreté est une condition première pour accepter le message de libération.

Ainsi, il existe une différence radicale entre ces deux versions et il devient difficile de les harmoniser pour ne faire qu'un récit continu de l'enfance de Jésus, selon le modèle approximatif suivant :

Annonce faite à Marie

Visite de Marie à sa cousine Élisabeth

Songe de Joseph, l'époux de Marie

Naissance de Jésus

Visite des bergers

Circoncision de Jésus

Présentation de Jésus au Temple

Visite des mages

Fuite en Égypte

Massacre des innocents de Bethléem

Retour de la sainte Famille à Nazareth

Un exemple de la difficulté de situer Jésus dans la géographie de la Palestine se trouve dans les récits concernant Joseph, l'époux de Marie. Chez Luc, Joseph habitait à Nazareth. A cause du recensement ordonné par l'empereur, il quitte son village pour se faire inscrire dans la ville de Bethléem, dont sa famille était originaire. Après avoir satisfait aux obligations de la Loi concernant les fils premiers-nés, soit après une période de quarante jours, il revient à Nazareth. Chez Matthieu, la situation est différente. Joseph habite Bethléem, lieu où Jésus viendra au monde. Mais Joseph doit fuir avec Marie et son enfant devant la colère du roi Hérode, lequel avait entendu parler de la naissance d'un enfant qui pourrait menacer les assises de son trône. La famille s'enfuit en Égypte pour un certain temps (dont la durée n'est en aucune façon précisée, sinon que cet exil cesse avec la mort d'Hérode). Après cet exil, alors que Joseph pensait revenir s'installer en Judée, il est obligé de s'expatrier de nouveau, pour éviter de se soumettre au régime d'Archélaüs, le successeur d'Hérode pour cette province. C'est donc presque par hasard, chez Matthieu, que Jésus sera considéré comme Nazaréen. Il s'avère donc presque impossible de concilier les éléments qui proviennent des deux rédacteurs évangéliques...

Jésus a passé sa jeunesse à Nazareth, en Galilée. Mais on ne sait pratiquement rien de sa vie durant ses trente premières années. Sa vie publique ne commença que vers 27 ou 28, et dura environ deux trois ans. On sait qu'il mourut crucifié, vraisemblablement le 7 avril 30, âgé d'un peu plus de trente ans. Ce village de Nazareth n'était qu'une bourgade obscure, méprisée : Que peut-il sortir de bon de Nazareth ? (Jn. 1, 46) dira Nathanaël. Pourtant, c'est là que le Verbe s'est fait chair, comme le rappelle l'inscription "Hic Verbum caro factum est" dans la grotte de l'Annonciation. Située au coeur des collines de Galilée, Nazareth occupe une place privilégiée dans le coeur des chrétiens pour être le lieu où Marie entendit l'appel de l'ange Gabriel, lui annonçant qu'elle serait la Mère de Jésus :

Le sixième mois, l'ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée du nom de Nazareth à une jeune fille accordée en mariage à un homme nommé Joseph de la famille de David. L'ange entra auprès d'elle et lui dit : Sois joyeuse, toi qui as la faveur de Dieu, le Seigneur est avec toi. A ces mots, elle fut très troublée, et elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation. L'ange lui dit : Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu vas être enceinte, tu enfanteras un fils et tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera grand et sera appelé Fils du Très Haut. Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père, il règnera pour toujours sur la famille de Jacob et son règne n'aura pas de fin. Marie dit à l'ange : Comment cela se fera-t-il puisque je suis vierge ? L'ange répondit : L'Esprit Saint viendra sur toi et la puissance du Très Haut te couvrira de son ombre, c'est pourquoi celui qui va naître sera saint et sera appelé Fils de Dieu. Et voici Élisabeth, ta parente, est elle aussi enceinte d'un fils dans sa vieillesse, et elle en est à son sixième mois, elle qu'on appelait la femme stérile. Car rien n'est impossible à Dieu. Marie dit alors : Je suis la servante du Seigneur, que tout se passe pour moi comme tu l'as dit. Et l'ange la quitta (Lc. 1, 26-38).

Ce récit est étonnant à plus d'un titre. Un ange, celui de la Présence de Dieu, est envoyé à une jeune fille, une vierge d'après le terme grec. Dans le contexte de l'époque, une jeune fille de douze ans pouvait à la fois être mariée et vierge : elle restait un certain temps sous le toit paternel avant que le mari ne vienne l'introduire dans sa propre maison. L'ange salue Marie, alors qu'il était tout à fait inconvenant de saluer une femme. Bien plus, il la salue en des termes de salutation amoureuse : Favorisée, Bien-aimée, ce qui laisse supposer une manoeuvre de subversion entreprise à l'encontre de Joseph. Et c'est bien ce qui arrive dans la réponse de Marie : Je suis la servante du Seigneur, se situant dans la position de la servante-épouse, selon le régime matrimonial courant.

Recevoir la visite d'un message de Dieu quand on est une simple jeune fille peut surprendre. Le "Sois sans crainte" n'est pas facile à entendre, quand l'annonce vient affirmer que Dieu est un Dieu de la situation qui dérange, un Dieu de l'imprévisible qui bouscule les habitudes et les programmes d'actions. L'annonce faite à Marie est pourtant une bonne nouvelle, une naissance à venir est la promesse d'une vie donnée par amour. Mais une bonne nouvelle n'est pas toujours sans inquiétude ni question pour l'avenir. Cette annonce est même la Bonne Nouvelle, promesse de la naissance de l'Homme, Fils de Dieu. Marie accueille donc cette Parole qui ne va pas lui épargner les pleurs et la douleur : donner la vie est le plus grand service de l'humanité, mais il suppose le renoncement.

L'ange dit à Marie qu'elle est comblée de grâce. En lui disant cela, il lui dévoile que Dieu l'a remplie de son amour dès le commencement de sa vie, et qu'à la différence des autres hommes, son coeur n'est pas marqué par le péché, par le refus de l'amour de Dieu. Marie est tout entière marquée par l'amour de Dieu. L'Eglise appelle Marie l'Immaculée Conception, affirmant ainsi qu'elle est toute pure, sans tâche, sans péché. C'est le 8 Décembre, peu avant la naissance de Jésus, que l'Eglise célèbre cette fête : elle rend grâce à Dieu d'avoir sauvé ainsi Marie du péché pour qu'elle deviennent la mère parfaite et sainte de Jésus. Plus on est aimé, plus on a envie d'aimer. C'est en comprenant combien Dieu l'aimait que Marie a voulu l'aimer davantage.

Marie a trouvé grâce auprès de Dieu, elle est comblée du don de Dieu, comblée de l'amour de Dieu. La grâce, dans le vocabulaire théologique, est un don. Et, comme tout don, elle est gratuite : personne ne mérite jamais ce qui lui est donné. Les termes formés sur le mot "grâce" sont éloquents : gratuit, gracieux. Faire grâce, c'est accorder son pardon, et le pardon est l'achèvement même du don, c'est le don poussé jusqu'au bout.

Dieu a donc choisi une jeune fille pour être la Mère de son Fils. Elle s'appelle Marie et se présente comme la servante du Seigneur. Aux débuts du monde, selon le récit d la Genèse, le premier livre de la Bible, Ève avait dit « Non » à la parole de Dieu, et tous les hommes, ses descendants furent écartés de Dieu. Marie, nouvelle Ève, dit OUI à la parole de Dieu. Par elle, tous les hommes sont de nouveau plongés dans la vie de Dieu et ils retrouvent la joie d'aimer. En devenant Mère de Jésus, Marie n'est pas devenue la mère d'un homme, comme toutes les autres mères de la terre, puisque Jésus est à la fois homme et Dieu. C'est pourquoi Marie est appelée la Mère de Dieu.

On ne dispose que de très peu de données sur le passé du village de Nazareth : seule, une source, alimentant la fontaine, laisse supposer que le site fut occupé à une époque très lointaine. L'existence d'un village au site actuel de Nazareth est archéologiquement attestée depuis le huitième siècle avant l'ère chrétienne. On peut encore voir ruisseler l'eau de la fontaine à l'intérieur de l'église grecque orthodoxe de Saint Gabriel. On peut facilement imaginer que Marie soit venue y puiser de l'eau comme toutes les femmes du village. C'est là que la tradition grecque a situé la première rencontre de l'ange Gabriel avec la Vierge. Elle serait alors rentrée chez elle, et Gabriel l'aurait suivie. Pour commémorer cette rencontre, les orthodoxes grecs y ont édifié leur église dédiée à l'ange Gabriel. Le village fut détruit au temps de la guerre juive contre Rome. Aucune église n'y fut bâtie avant l'époque de Constantin, et le site n'est pas mentionné avant 570. La première église fut détruite par les Arabes en 636, puis rebâtie par les Croisés. Alors, la cité devint prospère, mais elle connaît à nouveau la ruine après la défaite des Croisés à Acre en 1291. Les Franciscains et quelques familles chrétiennes viennent s'y installer en 1620 afin d'y honorer dignement le mystère de l'incarnation par une église qui ne fut construite qu'en 1731. Cette église fut démolie en 1956 pour permettre la création, entre 1960 et 1968, de la basilique actuelle qui est la plus importante de tout le Moyen Orient. Les fouilles entreprises au moment de cette reconstruction permirent d'établir avec certitude l'existence d'un sanctuaire byzantin. Une inscription "XE, MARIA, réjouis-toi, Marie" atteste l'existence d'un lieu de culte marial qui remonterait au quatrième siècle. 

La grotte de l'Annonciation est située à l'extrémité sud de l'ancien village, où furent retrouvées de nombreuses installations agricoles, pressoirs à huile ou à vin, grottes naturelles ou artificielles ayant servi de silos à grains ou d'étables. La tradition chrétienne voit en ces lieux des dépendances de la maison de la Vierge ou les vestiges de la maison et de l'atelier de Joseph. On a découvert à Nazareth des vestiges d'églises byzantines et des croisés. La basilique actuelle enchâsse dans un même édifice la grotte de l'Annonciation et les restes des églises anciennes. Avec son aspect majestueux de tour-phare pour l'ensemble de la chrétienne, cette basilique établit un contraste saisissant entre l'humilité de l'Incarnation et la gloire de l'Eglise en marche, telle qu'elle est présentée dans la partie supérieure où de riches sculptures et peintures évoquent le mystère qui s'est passé en ces lieux. Vue de près, cette basilique semble trop lourde, trop solide pour communiquer aux hommes toute la tendresse et le mystère de l'événement qui s'y est produit. Sa construction a été achevée en 1969, ses autels sont parmi les plus modernes du monde et dans le choeur principal une fresque illustre la catholicité, l'universalité de l'Eglise.

Selon la tradition évangélique, Jean, surnommé ultérieurement le Baptiste, était le cousin de Jésus, et ses parents vivaient dans un village de Judée où Marie vint les visiter sitôt après avoir reçu la visite de l'ange, lui annonçant qu'elle serait la mère de Jésus, et lui donnant comme signe de l'accomplissement des oeuvres de Dieu l'annonce de la naissance de Jean, alors que sa mère Élisabeth était avancée en âge.

Marie se mit en route rapidement vers une ville de la montagne de Judée. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth Or quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l'enfant tressaillit en elle, Élisabeth fut remplie de l'Esprit-Saint et s'écria d'une voix forte : Tu es bénie entre toutes les femmes et le fruit de tes entrailles est béni. Comment ai-je ce bonheur que la Mère de mon Seigneur vienne jusqu'à moi ? Car lorsque j'ai entendu tes paroles de salutation, l'enfant a tressailli d'allégresse au-dedans de moi. Heureuse celle qui a cru à l'accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. Marie dit alors : Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur. Il s'est penché sur son humble servante. Désormais tous les âges me diront bienheureuse. Le Puissant fit pour moi des merveilles, saint est son nom. Son amour s'étend d'âge en âge sur ceux qui le craignent. Déployant la force de son bras, il disperse les superbes, il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles, il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides. Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour, de la promesse faite à nos pères, en faveur d'Abraham et de sa race à jamais. Marie demeura avec Élisabeth environ trois mois puis elle s'en retourna chez elle.

Zacharie et Élisabeth sont présentés par l'évangéliste Luc comme des justes, c'est-à-dire de bons Israélites observant strictement et parfaitement la Loi de Dieu. Or, au lieu d'être bénis par Dieu, ils sont apparemment l'objet d'un châtiment divin. Aussi sont-ils considérés comme de véritables pauvres : ils n'avaient pas d'enfant, et cela constitue une dure épreuve dans les peuples pauvres où une nombreuse descendance est le signe de la bénédiction de Dieu et la seule vraie richesse. Ils n'ont pas d'enfant, mais de plus ils ne peuvent plus en avoir, et cela pour une double raison : l'âge avancé de Zacharie et la stérilité, reconnue par tous, Élisabeth La Parole de Dieu va rétablir une situation compromise : Dieu va enlever la honte Élisabeth, en réponse à la prière incessante de Zacharie, lors d'une vision pendant le service qu'il exerçait au Temple de Jérusalem. Ils auront un fils dont la mission intéressera toute l'histoire du peuple d'Israël : il sera le premier signe de la venue des temps messianiques.

Ein Kerem ou Ain Karim se trouve dans la banlieue de Jérusalem, à six kilomètres de la capitale. Le déplacement de Marie vers ce village n'est pas un simple déplacement géographique, c'est aussi un signe : ce voyage inaugure toute la série des voyages qui remplissent les récits de l'évangéliste Luc : la Parole de Dieu est venue du ciel à Nazareth, elle est allée de Nazareth en Judée, prélude à la grande montée de Jésus vers Jérusalem, et de Jérusalem, cette Parole se répandra en Samarie et jusqu'aux extrémités du monde.

Mais le parcours de la Parole de Dieu se fait d'abord au stade le plus intime, dans le cadre de vie naturel, à la maison, entre parents. C'est toujours de cette manière que peut se transmettre la foi. Et l'évangéliste n'hésite pas à produire un événement exceptionnel : ce sont deux femmes qui auront la parole. On ne trouve guère de récits évangéliques où la parole leur soit accordée. Certes, il existe des dialogues de Jésus avec certaines femmes, comme la Samaritaine, Marie de Magdala, Marthe et Marie, mais jamais de rencontres exclusivement féminines à l'exception de ce récit qui présente deux femmes vivant une expérience particulièrement féminine : toutes deux attendent un enfant. Mais, d'emblée, leur rencontre est centrée non pas sur elles-mêmes, mais sur les enfants qu'elles portent. Dès la venue de Marie, l'enfant bondit dans le sein Élisabeth, c'est le temps de la joie messianique qui commence, et Jean inaugure son ministère prophétique par la bouche de sa mère qui est remplie d'Esprit Saint. Jean commence son rôle de prophète et de témoin de Jésus-Christ, c'est lui qui avertit sa mère de l'événement fantastique qui se prépare : il annonce à sa mère la Bonne Nouvelle de la venue du Messie.

Élisabeth bénit Marie, la mère de son Seigneur, elle est la première à saluer Marie du titre de bénie entre toutes les femmes. Bénir, c'est dire du bien de quelqu'un afin que ce bien se réalise pour lui. Élisabeth appelle la bénédiction de Dieu sur Marie, elle lui souhaite le plus grand bien possible, pour qu'il se réalise dans sa vie. Et donc Élisabeth accueille sa jeune cousine comme celle qui allait donner au monde le roi Messie et ouvrir un avenir nouveau à l'ensemble du peuple d'Israël. Déjà, elle pressent que son fils, même s'il sera appelé le plus grand parmi les enfants des hommes, ne sera pas digne de délacer la courroie des sandales de celui qui sera appelé le fils du charpentier. Élisabeth reconnaît le mystère de Marie et la présence en elle du Seigneur... La bénédiction de Dieu repose sur Marie non seulement parce qu'elle a répondu immédiatement à l'appel de Dieu, mais surtout parce que son fils est le Fils de Dieu. Dans la tradition juive, on ne nommait pas Dieu, c'eût été un sacrilège, car donner un nom à quelqu'un, c'est affirmer que l'on a une certaine supériorité sur lui, et nul ne peut dominer Dieu. Néanmoins, les juifs avaient trouvé le moyen de parler de Dieu sans le nommer, ils lui attribuaient d'autres qualificatifs : le Saint, le Béni, le Seigneur, le Nom, la Présence... Ce qui arrive à un enfant rejaillit toujours sur ses parents : quand un homme est comblé d'honneur, cela rejaillit sur ses parents. Il en est de même pour Marie, il en est de même pour Élisabeth : toutes deux partagent les privilèges de sainteté de leurs fils.

La première manifestation de Jean est suivie du Magnificat. Ce cantique, que l'évangéliste a introduit dans le cadre de cette visite de Marie à sa cousine, est sans conteste le plus beau chant à la louange et à la gloire de Dieu. Marie exprime une foi extraordinaire en ce Dieu qui va réaliser en elle de grandes choses. La foi de Marie est enracinée dans une histoire, elle est la fille du peuple juif qui a médité en son coeur toutes les promesses de Dieu, depuis la promesse faite à Abraham jusqu'à l'annonce de l'ange Gabriel. Marie est pénétrée de littérature biblique, et il n'est pas étonnant qu'elle reprenne des fragments de psaumes et d'annonces prophétiques. Marie est aussi une femme au carrefour de deux peuples, elle hérite du passé du peuple juif et elle va accoucher du monde nouveau, en mettant au monde son fils Jésus. En relisant l'histoire de son peuple, en relisant également sa propre vocation, elle découvre la puissance de Dieu qui opère une véritable révolution dans le monde des hommes. Ce faisant, Marie apporte une réponse à la question que les hommes ne cessent de se poser : qui donc est Dieu ? Dieu est le Tout-Puissant, mais sa puissance s'exprime dans la faiblesse : dans la nature même de Dieu, les valeurs sont inversées, il ne choisit pas la force, il préfère la faiblesse. Et il ne va pas confier sa Parole, son Verbe, aux grands sermons des théologiens ou aux longs discours des intellectuels. Dieu confie sa Parole, son Fils, au ventre d'une femme. Marie apporte également une réponse à la question de savoir quelle est l'action de Dieu, elle vient témoigner que Dieu ne cesse d'agir en faveur de son peuple, il se souvient de la promesse faite à Abraham, même s'il a fallu deux mille ans pour que la promesse se réalise. Mais l'action de Dieu, c'est précisément de se souvenir. La qualité de Dieu, c'est le souvenir, non pas le souvenir d'un Dieu vengeur, mais celui d'un Dieu qui étend son amour d'âge en âge sur ceux qui le craignent. Et le verbe craindre dans la Bible est le strict équivalent du verbe aimer. Dieu est fidèle en amour pour ceux qui sont fidèles dans leur amour. L'action de Dieu se manifeste dans le complet renversement des valeurs sociales, dans le renversement des hiérarchies. C'est en cela que le Magnificat peut apparaître comme un véritable chant révolutionnaire, c'est le cri des opprimés, le cri d'un peuple entièrement tendu vers l'avènement de la justice : Dieu écarte les hommes au coeur fier, il renverse les puissants, il renvoie les satisfaits les mains vides, mais il comble de biens les affamés, et il élève les humbles.

Le verset évangélique qui suit ce cantique : Marie demeura avec Élisabeth environ trois mois, puis elle s'en retourna chez elle, termine le récit de la visite de Marie. Marie demeura avec Élisabeth environ trois mois, ce qui ajouté aux six mois qui précèdent l'annonce faite à Marie laisserait croire à la présence de Marie lors de la naissance de Jean, mais le texte lui-même n'en dit rien.

Pour Élisabeth arriva le temps où elle devait accoucher et elle mit au monde un fils. Ses voisins et ses proches apprirent que le Seigneur l'avaient comblée de sa bonté et ils se réjouissaient avec elle.

Or, le huitième jour, ils virent pour la circoncision de l'enfant et ils voulaient l'appeler comme son père, Zacharie. Alors, sa mère, prit la parole : Non, dit-elle, il s'appellera Jean. Ils lui dirent : Il n'y a personne dans ta parenté qui porte ce nom. Et ils faisaient des signes au père pour savoir comment il voulait qu'on l'appelle. Il demanda une tablette et écrivit ces mots : Son nom est Jean, et tous furent étonnés. A l'instant sa bouche et sa langue furent libérées et il parlait bénissant Dieu. Alors la crainte s'empara de tous ceux qui habitaient alentour, et dans le haut pays de Judée tout entier on parlait de tous ces événements. Tous ceux qui les apprirent les retinrent dans leur coeur, ils se disaient : Que sera donc cet enfant ? Et vraiment, la main du Seigneur était avec lui (Lc. 1, 57-66).

L'évangéliste insiste très peu sur la naissance même de Jean, s'attardant plus volontiers sur la circoncision, en indiquant que c'est ce jour-là que le nom est accordé à l'enfant. Mais cette habitude relève davantage du monde grec que des pratiques traditionnelles d'Israël. Là, le nom est donné à la naissance. L'évangéliste, peu habitué, semble-t-il, aux coutumes du peuple juif, confond deux événements : l'imposition du nom et la circoncision, et il simplifie même quelque peu la situation en prétendant que ce sont les voisins et amis qui voulaient lui donner le nom de son père, alors que normalement, c'est le père (ou parfois exceptionnellement la mère) qui donne ce nom, en général celui du grand-père paternel (quand il s'agit d'un premier-né), très rarement celui du père. Dans la pensée de beaucoup de peuples, le nom est beaucoup plus qu'une simple question d'état civil. Et, dans le monde de la Bible, donner un nom à un enfant, c'est lui souligner une vocation, c'est donner un sens à toute sa vie. D'ailleurs, tous les noms propres de cette famille ont une importance significative, ils sont déjà porteurs de la Bonne Nouvelle. Zacharie : Dieu se souvient ; Élisabeth : Maison de Dieu ; Jean : Dieu fait grâce. Tous ces personnages portent donc un nom qui manifeste une action particulière de Dieu. Par ailleurs, le nom de Jean Élisabeth veut donner à son enfant va à l'encontre de la tradition, puisque personne dans la famille ne porte ce nom. Interrogé par signes (ce qui manifeste que Zacharie est également devenu sourd, en raison de son scepticisme lors de l'annonce qui lui a été faite de la naissance prochaine d'un fils), Zacharie lui accorde également le nom de Jean, et à l'instant même il retrouve la parole. Et les premiers mots qu'il prononce sont des paroles de louange et de bénédiction de Dieu. C'est ici sans doute qu'il faudrait placer le cantique prophétique du Benedictus : c'est le temps du salut qui commence, la naissance de cet enfant est le signe de la libération apportée par Dieu.

L'intérêt du récit repose sur le nom accordé à l'enfant. Et les témoins s'interrogent : Que sera cet enfant ? se demandent les gens qui apprennent la nouvelle rapportée par les gens du voisinage, tout remplis de crainte. Cette crainte n'est pas une angoisse panique, il s'agit bien de la crainte dans son sens biblique, qui traduit l'attitude de l'homme qui approche le mystère de Dieu.

Zacharie, son père, fut rempli de l'Esprit Saint et il prophétisa en ces termes : Béni soit le Seigneur, le Dieu d'Israël, parce qu'il a visité son peuple, accompli sa libération, et nous a suscité une force de salut dans la famille de David son serviteur. C'est ce qu'il avait annoncé par la bouche de ses saints prophètes d'autrefois, un salut qui nous libère de nos ennemis et des mains de tous ceux qui nous haïssent. Il a montré sa bonté envers nos pères et s'est rappelé son alliance sainte, le serment qu'il a fait à Abraham notre père : il nous accorderait, après nous avoir arrachés aux mains des ennemis, de lui rendre sans crainte notre culte, dans la piété et la justice, sous son regard, tout au long de nos jours. Et toi, petit enfant, tu seras appelé prophète du Très Haut, car tu marcheras par devant sous le regard du Seigneur, pour préparer ses routes, pour donner à son peuple la connaissance du salut par le pardon des péchés. C'est l'effet de la bonté profonde de notre Dieu, grâce à elle nous a visités l'astre levant venu d'en haut. Il est apparu à ceux qui se trouvaient dans les ténèbres et l'ombre de la mort, afin de guider nos pas sur la route de la paix (Lc. 1, 67-79).

Zacharie, rempli de l'Esprit-Saint, tout comme son épouse, exprime dans son cantique d'action de grâce quelle sera la mission de son fils, il sera le précurseur du Messie. D'abord, il célèbre le salut offert par Dieu dans la maison et la famille du serviteur de Dieu qu'était David, ce qui souligne la portée messianique du psaume qu'il entonne. Dieu est béni d'avoir visité son peuple, d'être intervenu en sa faveur en (res)suscitant une force se salut : Zacharie ferait-il allusion à la résurrection de Jésus, signe de l'inauguration des temps nouveaux ? Après avoir souligné la visite de Dieu et le salut qu'il apporte, Zacharie insiste sur la réalisation actuelle de ce salut : la libération présente manifeste la réalisation des promesses de Dieu faite par tous les prophètes. Mais cette promesse dépasse les simples temps prophétiques de l'histoire d'Israël, elle remonte à Abraham lui-même. La venue du Messie réalise et accomplit le serment fait à Abraham, serment scellé dans l'alliance, inscrite par la circoncision dans la chair de tous les enfants mâles d'Israël. La mission de son fils Jean sera d'annoncer et de préparer le chemin du Seigneur. Il devra aménager les voies spirituelles en vue de former un peuple préparé à recevoir la visite de son Seigneur. Il fera connaître comment Dieu sauvera son peuple par le pardon des péchés. Cette visite du Seigneur se fera par la venue de l'astre levant venu d'en haut, cet astre étant l'effet de la bonté profonde de Dieu (littéralement : le fruit des entrailles de la miséricorde de Dieu). Cet astre éclairera tous ceux qui sont dans la ténèbre et les conduira sur les chemins de la paix.

Quant à l'enfant, il grandissait et son esprit se fortifiait, et il fut dans les déserts jusqu'au jour de sa manifestation à Israël (Lc. 1, 80).

Luc achève le cycle de l'enfance de Jean par un refrain sur la croissance de l'enfant, refrain dont les termes sont empruntés aux récits de croissance d'autres enfants mentionnés dans les Écritures : Isaac, Ismaël, Samson, Samuel. En parlant de la présence de Jean dans les déserts, Luc annonce directement l'activité du Baptiste. Pour lui, tout est accomplissement des prophéties anciennes, mais tout annonce en même temps l'avenir... Le salut d'Israël peut alors se résumer ainsi : Dieu se souvient de son peuple, il installe au milieu de lui sa demeure pour lui donner sa grâce, mais encore faudra-t-il que ce peuple parte au désert pour le rencontrer.

Selon une légende ancienne antérieure au sixième siècle, venant du Protévangile de Jacques, Jean aurait été emmené dans la montagne par sa mère, pour fuir la persécution des enfants de moins de deux ans par le roi Hérode :

S'apercevant qu'il avait été trompé par les mages, Hérode se mit en fureur, il envoya des soudards en disant : Massacrez les enfants de deux ans et en dessous. Marie, apprenant qu'on massacrait les enfants, eut très peur. Elle prit l'enfant, l'enveloppa de langes et le déposa dans une étable. Élisabeth apprit que l'on cherchait Jean. Elle le prit, gagna la montagne, elle regardait autour d'elle où le cacher. Or il n'y avait pas de cachette. Elle dit à voix haute, en gémissant : Montagne de Dieu, reçois une mère avec son enfant. Car Élisabeth ne pouvait pas monter jusqu'au sommet. Aussitôt la montagne s'ouvrit et la reçut. Et il y avait une lumière pour les éclairer, car un ange du Seigneur était avec eux et les gardait.

De nombreux lieux (Bethléem, Hébron, Jérusalem, Machéronte) ont voulu situer la demeure de Zacharie et Élisabeth en leurs murs, mais Ein Kerem reste la localisation la plus vraisemblable et la plus célèbre. Deux églises y rappellent les événements de l'enfance de Jean. Au centre du village, une église construite sur un ancien sanctuaire du quatrième siècle, serait le lieu de résidence de Zacharie et Élisabeth Elle date de 1675 et évoque la naissance de Jean. Le texte du Benedictus se trouve inscrit sur des fresques en mosaïque dans la cour, sur le parvis de l'église. A l'intérieur de celle-ci, une étoile de marbre devant l'autel rappelle la naissance par cette inscription : Hic precursor Domini natus est.

La seconde église se dresse sur une colline voisine. C'est là Élisabeth, se découvrant enceinte malgré son âge, serait venue vivre près d'un puits que l'on voit encore. Elle y aurait reçu la visite de Marie. La basilique actuelle a été construite en 1938 par les franciscains et, dès la grille d'entrée, c'est le Magnificat, inscrits sur les murs en une quarantaine de langues, qui accueille les pèlerins.

Tout ce qui se manifeste dans cette recherche, c'est l'amour de Dieu, un amour que nous pouvons rencontrer déjà dans notre vie présente. Il ne faut pas chercher bien loin ces signes de l'amour de Dieu. Dans les événements de la vie courante, nous pouvons être témoins de gestes d'amitié et d'amour qui nous font presque immédiatement penser au fait que Dieu nous aime. Nous avons tous un Père qui nous aime. Et, dans notre monde, l'amour des parents pour les enfants peut être considéré comme une image (parfois imparfaite) de cet amour de Dieu.

C'est sans doute un réflexe humain, parfois quelque peu égoïste : quand nous constatons que quelqu'un nous aime, nous sommes portés à l'aimer, et plus l'amour qu'il nous porte est grand, plus nous sommes portés à aimer. Seulement, ce réflexe peut prendre des dimensions plus importantes. Quand nous sentons que nous sommes vraiment aimés, nous avons aussi le sentiment que nous devons aimer les autres, tous les autres, avec un amour de plus en plus fort. Tous les saints que nous pouvons connaître, qu'ils soient morts ou qu'ils soient encore en vie, ont été baignés dans un climat d'amour dès leur enfance et leur jeunesse, et ce qu'ils ont reçu, ils ont éprouvé le besoin et la nécessité de le partager avec les autres. "L'amour est un fruit toujours de saison", dit très justement Mère Térésa de Calcutta. Nous ne pouvons pas garder jalousement pour nous seuls ce qui nous a été donné gratuitement. Nous pouvons aussi également nous rappeler une parole de Jésus qui n'est pas rapportée par les évangélistes, mais qui nous a été transmise par l'apôtre Paul : "Il y a plus de joie à donner qu'à recevoir".

Pour redécouvrir le "Je vous salue, Marie",cette prière que les chrétiens reprennent régulièrement depuis que Marie a reçu dans son coeur l'appel de Dieu.

Que veut dire "pleine de grâce" ?

C'est une expression qui signifie "comblée du don de Dieu, comblée de l'amour de Dieu". La grâce, dans le vocabulaire théologique, est un don. Et comme tout don, elle est gratuite: nous n'avons jamais mérité ce qui nous a été donné. Les termes formés sur le mot grâce sont assez éloquents par eux-mêmes : gratuit, gracieux. Faire grâce à quelqu'un, c'est lui accorder son pardon, et le pardon est l'achèvement même du don, c'est le don poussé jusqu'au bout.

Que veut dire "le Seigneur est avec vous" ?

Cette expression, souvent employée dans la littérature biblique, désigne une bénédiction, une faveur particulière de Dieu envers un membre de son peuple. Le Seigneur est avec Marie qu'il a choisie pour être la mère de son Fils. Il accompagne sur leurs routes ceux qui lui sont fidèles Le fait que Dieu accompagne ses fidèles permet à ceux-ci d'avancer avec beaucoup plus d'assurance sur les chemins de leur propre vie.

C'est aussi une salutation que l'on retrouve sous la forme d'un souhait : "Le Seigneur soit avec vous", à plusieurs reprises dans chacune de nos eucharisties. Le Seigneur est toujours avec nous. Mais ce souhait pose aussi une interrogation : Sommes-nous avec le Seigneur ? C'est un rappel qui nous est ainsi adressé : si nous voulons que le Seigneur soit avec nous, nous devons nous aussi être toujours branchés sur lui. C'est le seul moyen pour que la communication entre lui et nous soit parfaite.

Marie est "bénie entre toutes les femmes" ?

C'est Élisabeth, la cousine de Marie, qui fut la première à saluer Marie sous ce titre de "bénie entre toutes les femmes". Bénir, c'est dire du bien de quelqu'un afin que ce bien se réalise pour lui. Élisabeth appelle la bénédiction de Dieu sur Marie, elle lui souhaite le plus grand bien possible, pour que celui-ci se réalise dans sa vie. Marie est bénie parce qu'elle a cru à la Parole de Dieu qui lui fut adressée par l'ange Gabriel. Élisabeth souhaite de tout son coeur que ce que Marie a accepté dès le premier instant continue de se réaliser tout au long de son existence.

"Jésus, le fruit de tes entrailles (= ton enfant) est béni".

La bénédiction de Dieu repose sur Marie non seulement parce qu'elle a répondu immédiatement à l'appel de Dieu, mais surtout parce que son fils Jésus est le Fils même de Dieu. Dans la tradition biblique, on ne nommait pas Dieu, cela aurait été un sacrilège, parce que donner un nom à quelqu'un, c'est reconnaître que l'on a une supériorité sur lui, et nul ne peut avoir de supériorité sur Dieu. Néanmoins, les hébreux avaient trouvé un moyen de parler de Dieu sans le nommer, ils lui attribuaient d'autres qualificatifs : le Saint, le Béni, le Seigneur. Jésus est béni parce qu'il est le Fils de Dieu. Et ce qui arrive à un enfant rejaillit toujours sur ses parents. Quand un homme est comblé d'honneurs, immense est la fierté de ses parents. Il en est de même pour Marie : le fait que son fils Jésus soit lui-même le Fils du Béni rejaillit sur elle. Elle partage les privilèges de sainteté de son fils.