Chapitre 1
Commencement de l'Évangile de
Jésus Christ, Fils de Dieu
L'Évangile selon saint Marc commence par cette phrase :
Commencement de l'Évangile de Jésus Christ, Fils de Dieu. Certains ont voulu y
voir le titre de l'ouvrage. En ce sens, le ministère de Jésus, sa Passion et
sa mort ne sont que le commencement de la Bonne Nouvelle. Celle-ci se continue
par la mission de l'Église. Mais l'activité de l'Église ne semble pas être
une partie de l'Évangile : l'Église ne peut pas s'annoncer elle-même, elle ne
peut pas se prêcher elle-même. Sa prédication doit être celle de
l'événement sauveur, qui l'a fondée : le ministère de Jésus et sa Passion.
Évangile selon saint Jean s'ouvre lui aussi par l'expression : Au commencement
(était le Verbe) (Jn. 1, 1). Mais ce commencement est intemporel, hors du temps
historique, alors que le commencement de Marc est bien inscrit dans l'histoire.
L'Évangile selon saint Matthieu, quant à lui s'inaugure par le terme de
"généalogie", qui indique également un commencement : Livre des
origines de Jésus Christ, fils de David, fils d'Abraham (Mt. 1 1).
Il semble que le premier verset de l'Évangile selon saint Marc constitue plutôt le titre d'un prologue : l'activité de Jean (le Baptiste) est le signe du commencement de la Bonne Nouvelle, c'est-à-dire de l'Évangile C'est le ministère de Jean qui constitue par lui-même le commencement de l'Évangile Ce prologue s'ouvre donc sur la mention de l'Évangile un thème qui revient souvent chez Marc. Il l'emploie parfois sans lui donner de complément, un peu à la manière paulinienne : ce qui est demandé aux hommes, c'est de croire à l'Évangile
Dans ce prologue, le terme Évangile apparaît deux fois, au verset 1 : "Évangile de Jésus-Christ", et aux versets 14-15 : "Évangile de Dieu" et "Évangile" employé absolument). Cela permet d'y découvrir un procédé littéraire d'inclusion, procédé qui détermine une unité textuelle. De plus, la désignation "Évangile de Dieu" invite à penser que Évangile vient de Dieu et que Jésus lui-même est l'objet de cet Évangile Le génitif, c'est-à-dire le complément du nom donné au terme évangile au verset 1, est à la fois objectif : Évangile qui a pour objet Jésus Christ, Fils de Dieu, et subjectif : Évangile prêché par Jésus qui commence à proclamer la proximité du Royaume de Dieu.
Les parallélismes qui existent entre "à cause de l'Évangile" et "à cause du Christ" (8, 35, 10, 29, 13, 9-10) conduisent à dire que l'objet premier de l'Évangile, c'est le Christ. Il apparaît que "Christ" et "Fils de Dieu" sont les deux titres de Jésus. C'est la raison pour laquelle il convient de séparer Jésus de Christ dans la lecture : "Commencement de l'Évangile de Jésus Christ, Fils de Dieu". Une seule fois, Jésus sera reconnu comme Christ par un homme, Pierre (8,29) et Pierre se trouvera réduit au silence par Jésus qui n'approuve ce titre qu'au moment de son procès.
Le titre de Fils de Dieu court à travers tout le texte de Marc. C'est d'abord Dieu qui le révèle au baptême (1, 11), le confirme à la Transfiguration (9, 7). Ce sont les démons qui le proclament (3, 11, 5, 7). Ce titre doit également demeurer secret, mais Jésus l'acceptera également au cours de son procès (14, 61-62). C'est finalement un païen qui sera le seul homme à prononcer ce titre, à la mort de Jésus (15, 39).
Marc veut ainsi montrer, à travers tout son récit, que Jésus, dans son existence pré-pascale, est bien le Christ, le Fils de Dieu. Ces deux titres glorieux de Jésus ne pouvaient être compris que par le passage de la mort, dans le mystère de la souffrance et non pas dans une victoire messianique temporelle comme pouvaient le souhaiter les Juifs.
Le ministère de Jean et le ministère de Jésus
La mention du terme "Évangile" permet de constater l'existence d'un procédé d'inclusion : l'ensemble forme une unité. Par suite, on découvre un parallélisme étroit entre Jean et Jésus, parallélisme souligné par la mention du désert en référence à la prophétie d'Esaïe.
Jean est au désert Dans le désert la foule vient rencontrer Jean prêche un baptême de pénitence |
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Jésus vient de Galilée Jésus se retire Jean seul au désert Jésus se fait baptiser par Jean |
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Jean établit la distinction entre le baptême d'eau et le baptême de l'Esprit |
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1. Commencement de l'Évangile de Jésus Christ, Fils de Dieu 2. Ainsi qu'il est écrit dans le livre du prophète Esaïe : Voici que j'envoie mon messager en avant de toi pour préparer ton chemin. |
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15. Le temps est accompli et le Règne de Dieu s'est approché.
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14. Après que Jean eut été livré, |
3. Une voix crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur. Rendez droits ses sentiers. Jean le Baptiste parut dans le désert
Jésus vint en Galilée proclamant un baptême de conversion en vue du pardon des péchés |
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Il proclamait l'Évangile de Dieu. |
5. Tout le pays de Judée et tous les habitants de Jérusalem au désert, se rendaient auprès de lui, ils se faisaient baptiser par lui dans le Jourdain, en confessant leurs péchés |
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13. Durant quarante jours, il fut tenté par Satan. |
6. Jean était vêtu de poil de chameau avec une ceinture de cuir autour des reins, il se nourrissait de miel sauvage et les anges le servaient |
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il était avec les bêtes sauvages |
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12. Aussitôt l'Esprit pousse Jésus au désert. |
7. Il proclamait : Celui qui est plus fort que moi vient après moi
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11. Et des cieux vint une voix : Tu es mon Fils bien aimé, Il m'a plu de te choisir |
8. Moi, je vous ai baptisé d'eau, lui vous baptisera d'Esprit Saint
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10. A l'instant où il remontait de l'eau, il vit les cieux se déchirer et l'Esprit, comme une colombe, descendre sur lui. |
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9. Or, en ces jours-là, Jésus vient de Nazareth en Galilée et se fit baptiser par Jean dans le Jourdain. |
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