La création et la chute
Le sens du péché dans l'Ancien Testament
Le premier livre de la Bible, la Genèse, s'ouvre sur un récit très connu, dans un style poétique. Il ne faut pas chercher ici un enseignement scientifique ou historique. Il s'agit simplement d'un poème exprimant la foi extraordinaire des prêtres en leur Dieu. Le monde a été créé en six jours pour légitimer le sabbat. Le sabbat a une double signification : Dieu lui-même cesse de travailler, signe que le repos est aussi nécessaire à l'homme, mais ce septième jour est aussi le commencement de l'histoire humaine.
Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre, la terre était déserte et vide, et la ténèbre à la surface de l'abîme, le souffle de Dieu planait à la surface des eaux. Et Dieu dit : Que la lumière soit. Et la lumière fut. Dieu vit que la lumière était bonne. Dieu sépara la lumière de la ténèbre. Dieu appela la lumière jour et la ténèbre il l'appela nuit. Il y eut un soir, il y eut un matin : premier jour. Dieu dit : Qu'il y ait un firmament au milieu des eaux et qu'il sépare les eaux d'avec les eaux. Dieu fit le firmament et il sépara les eaux inférieures au firmament d'avec les eaux supérieures. Il en fut ainsi. Dieu appela le firmament ciel. Il y eut un soir, il y eut un matin : deuxième jour. Dieu dit : Que les eaux inférieures au ciel s'amassent en un seul lieu et que le continent paraisse. Il en fut ainsi. Dieu appela terre le continent, il appela mer l'amas des eaux. Dieu vit que cela était bon. Dieu dit : Que la terre se couvre de verdure, d'herbe qui rende féconde sa semence, d'arbres fruitiers qui, selon leur espèce, portent sur terre des fruits ayant en eux-mêmes leur semence. Il en fut ainsi. La terre produisit de la verdure, de l'herbe qui rend féconde sa semence selon son espèce, des arbres qui portent des fruits ayant en eux-mêmes leur semence selon leur espèce. Dieu vit que cela était bon. Il y eut un soir, il y eut un matin : troisième jour. Dieu dit : Qu'il y ait des luminaires au firmament du ciel pour séparer le jour de la nuit, qu'il servent de signes tant pour les fêtes que pour les jours et les années, et qu'ils servent de luminaires au firmament du ciel pour illuminer la terre. Il en fut ainsi. Dieu fit les deux grands luminaires, le grand luminaire pour présider au jour, le petit pour présider à la nuit, et les étoiles. Dieu les établit au firmament du ciel pour illuminer la terre, pour présider au jour et à la nuit et séparer la lumière de la ténèbre. Dieu vit que cela était bon. Il y eut un soir, il y eut un matin : quatrième jour. Dieu dit : Que les eaux grouillent de bestioles vivantes et que l'oiseau vole au-dessus de la terre face au firmament du ciel. Dieu créa les grands monstres marins, tous les êtres vivants et remuants selon leur espèce, dont grouillèrent les eaux et tout oiseau ailé selon son espèce. Dieu vit que cela était bon. Dieu les bénit en disant : Soyez féconds et prolifiques, remplissez les eaux dans les mers et que l'oiseau prolifère sur la terre. Il y eut un soir, il y eut un matin : cinquième jour. Dieu dit : Que la terre produise des êtres vivants, selon leur espèce : bestiaux, petites bêtes et bêtes sauvages selon leur espèce. Il en fut ainsi. Dieu fit les bêtes sauvages selon leur espèce et toutes les petites bêtes du sol selon leur espèce. Dieu vit que cela était bon. Dieu dit : Faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance et qu'il soumette les poissons de la mer, les oiseaux du ciel, les bestiaux, toute la terre, et toutes les petites bêtes qui remuent sur la terre. Dieu créa l'homme à son image, à l'image de Dieu, il le créa, mâle et femelle, il les créa. Dieu les bénit et Dieu leur dit : Soyez féconds et prolifiques, remplissez la terre et dominez la. Soumettez les poissons de la mer, les oiseaux du ciel, et toute bête qui remue sur la terre. Dieu dit : Voici, je vous donne toute herbe qui porte sa semence sur toute la surface de la terre et tout arbre dont le fruit porte sa semence : ce sera votre nourriture. A toute bête de la terre, à tout oiseau du ciel, à tout ce qui remue sur la terre et qui a souffle de vie, je donne pour nourriture toute herbe mûrissante. Il en fut ainsi. Dieu vit tout ce qu'il avait fait. Voilà, c'était très bon. Il y eut un soir, il y eut un matin : sixième jour. Le ciel, la terre et tous leurs éléments furent achevés. Dieu acheva au septième jour l'oeuvre qu'il avait faite, il arrêta au septième jour toute l'oeuvre qu'il faisait. Dieu bénit le septième jour et le consacra car il avait alors arrêté toute l'oeuvre que lui-même avait créée par son action. Telle est la naissance du ciel et de la terre lors de leur création. (Gen. 1, 1 - 2, 4).
Certains mots ou certaines expressions reviennent régulièrement :
- Dieu dit...
- Dieu agit (par des verbes divers)...
- Dieu bénit...
- Il y eut un soir, il y eut un matin...
Ce texte liturgique, et non scientifique, apparaît comme une évasion du réel, quand on regarde l'époque de sa rédaction : le peuple est en exil à Babylone. Il connaît la détresse de la déportation, ce qu'on oublie trop facilement. Et pourtant, dans son malheur, dans sa détresse, en dépit du mal et de la souffrance, l'auteur affirme sa foi dans un Dieu qui veut un monde juste et beau.
Le récit de la création ne pose en aucune manière le
problème du mal, il ne souligne que le bien. Comment ne pas poser ici même le
problème du mal, comme le fait Jacques LACOURT, dans Au risque de croire,
tome 1, page 63 ?
Le problème du mal
Et le problème du Mal et de la souffrance, me diras-tu, ami lecteur ?
Crois-le, j'en ai parfaitement conscience. Et j'en suis scandalisé. Devant toute personne qui souffre, mieux vaut d'ailleurs se taire que discourir, tout en essayant de comprendre sa peine et de la partager dans une affectueuse sympathie. Mais il faut sérier les questions. Le désordre est la contre partie de l'ordre : la maladie, par exemple, est la rupture du merveilleux équilibre du vivant ; pense à un beau corps d'athlète. Il faut expliquer l'ordre avant le désordre. Il est certain que l'existence du mal constitue une objection sérieuse contre l'existence de Dieu ou contre sa bonté infinie. Sans doute ce monde est-il imparfait : cette imperfection est une partie du mal. Et si c'était la tâche de l'homme, et sa dignité, de le rendre meilleur ?
De plus, nous pouvons constater qu'une grande partie des maux de l'humanité provient de l'homme lui-même. Son égoïsme, sa haine, son orgueil sont à la source des guerres, des incompréhensions, des carences économiques et sociales. L'homme fait du mal à l'homme, il use mal de son bien le plus précieux, la liberté, une liberté que Dieu crée et respecte. Mais il y a des maux qui ne viennent pas directement des hommes, comme les catastrophes naturelles. Et il y a la souffrance de l'innocent, de l'enfant, notamment !
Alors, il ne faut pas parler de problème mais de mystère du
mal. Peut-être tient-il à la condition humaine présente, en partie du moins.
Qui nous éclairera ?
Je ne puis aborder ici cette question n'ayant pas encore parlé de Jésus de Nazareth, cet homme cloué sur une croix, l'innocent bafoué. Seul, à mon avis, il vient, sinon apporter une solution définitive et exhaustive au pourquoi du mal, de la souffrance et de la mort, mais nous permettre de nous en libérer ; il vient leur donner un sens, une valeur. Il nous apporte, avec l'espérance, la force de lutter contre le mal du monde, avec la certitude qu'un jour il sera définitivement vaincu. Il vient surtout, au nom de Dieu même, partager notre détresse, remplir notre souffrance de sa présence. Et si Dieu lui-même n'était pas un spectateur indifférent de la peine des hommes, s'il était présent au plus profond de celui qui souffre, si la souffrance de l'homme devenait une blessure au cœur de Dieu, si elle était la souffrance de Dieu ?
Le mystère du mal est le mystère de Dieu même, d'un Dieu amant de l'homme. En attendant, il faut expliquer pourquoi il y a tout de même du bien - sans quoi nous ne nous scandaliserions pas du mal. Il y a de la beauté et de l'organisation dans le cosmos, il existe des hommes qui luttent contre le mal, qui donnent leur vie pour leurs frères, il y a des bienfaiteurs de l'humanité. Alors, si Dieu n'existait pas, disait St Augustin, d'où viendrait le bien ?
- Le Livre de la Genèse lui-même pose le problème du mal.
Il est possible de s’arrêter sur ce thème du mal, à travers le récit du
déluge.
Yahvé vit que la méchanceté de l'homme était grande sur la terre et que son coeur ne formait que de mauvais desseins à longueur de journée. Yahvé se repentit d'avoir fait l'homme sur la terre et il s'affligea dans son coeur. Et Yahvé dit : " Je vais effacer de la surface du sol les hommes que j'ai créés - et avec les hommes, les bestiaux, les bestioles et les oiseaux du ciel car je me repens de les avoir faits. " Mais Noé avait trouvé grâce aux yeux de Yahvé.
Voici l'histoire de Noé : Noé était un homme juste, intègre parmi ses contemporains, et il marchait avec Dieu. Noé engendra trois fils. Sem, Cham et Japhet. La terre se pervertit au regard de Dieu et elle se remplit de violence. Dieu vit la terre : elle était pervertie, car toute chair avait une conduite perverse sur la terre.
Dieu dit à Noé : " La fin de toute chair est arrivée, je l'ai décidé, car la terre est pleine de violence à cause des hommes et je vais les faire disparaître de la terre. Fais-toi une arche en bois résineux, tu la feras en roseaux et tu l'enduiras de bitume en dedans et en dehors. Voici comment tu la feras : trois cents coudées pour la longueur de l'arche, cinquante coudées pour sa largeur, trente coudées pour sa hauteur. Tu feras à l'arche un toit et tu l'achèveras une coudée plus haut, tu placeras l'entrée de l'arche sur le côté et tu feras un premier, un second et un troisième étage. Pour moi, je vais amener le déluge, les eaux, sur la terre, pour exterminer de dessous le ciel toute chair ayant souffle de vie : tout ce qui est sur la terre doit périr. Mais j'établirai mon alliance avec toi et tu entreras dans l'arche, toi et tes fils, ta femme et les femmes de tes fils avec toi. De tout ce qui vit, de tout ce qui est chair, tu feras entrer dans l'arche deux de chaque espèce pour les garder en vie avec toi : qu'il y ait un mâle et une femelle. De chaque espèce d'oiseaux, de chaque espèce de bestiaux, de chaque espèce de toutes les bestioles du sol, un couple viendra avec toi pour que tu les gardes en vie. De ton côté. procure-toi de tout ce qui se mange et fais-en provision : cela servira de nourriture pour toi et pour eux. "
Noé agit ainsi ; tout ce que Dieu lui avait commandé, il le fit. Yahvé dit à Noé: " Entre dans l'arche, toi et toute ta famille, car je t'ai vu seul juste à mes yeux parmi cette génération. De tous les animaux purs, tu prendras sept paires, le mâle et sa femelle (et aussi des oiseaux du ciel, sept paires, le mâle et sa femelle), pour perpétuer la race sur toute la terre. Car encore sept jours et je ferai pleuvoir sur la terre pendant quarante jours et quarante nuits et j'effacerai de la surface du sol tous les êtres que j'ai faits. " Noé fit tout ce que Yahvé lui avait commandé.
Noé avait six cents ans quand arriva le déluge, les eaux sur la terre.
Noé - avec ses fils, sa femme et les femmes de ses fils - entra dans l'arche pour échapper aux eaux du déluge. (Des animaux purs et des animaux qui ne sont pas purs, des oiseaux, et de tout ce qui rampe sur le sol, un couple entra dans l'arche de Noé, un mâle et une femelle, comme Dieu l'avait ordonné à Noé.) Au bout de sept jours, les eaux du déluge vinrent sur la terre.
En l'an six cent de la vie de Noé, le second mois, le dix-septième jour du mois, ce jour-là jaillirent toutes les sources du grand abîme et les écluses du ciel s'ouvrirent. La pluie tomba sur la terre pendant quarante jours et quarante nuits. Ce jour même, Noé et ses fils, Sem, Cham et Japhet, avec la femme de Noé et les trois femmes de ses fils, entrèrent dans l'arche, et avec eux les bêtes sauvages de toute espèce, les bestiaux de toute espèce, les bestioles de toute espèce qui rampent sur la terre, les volatiles de toute espèce, tous les oiseaux, tout ce qui a des ailes.
Auprès de Noé, entra dans l'arche un couple de tout ce qui est chair, ayant souffle de vie, ceux qui entrèrent étaient un mâle et une femelle de tout ce qui est chair, comme Dieu le lui avait commandé.
Et Yahvé ferma la porte sur de Noé.
Il y eut le déluge pendant quarante jours sur la terre : les eaux grossirent et soulevèrent l'arche, qui fut élevée au-dessus de la terre. Les eaux montèrent et grossirent beaucoup sur la terre et l'arche s'en alla à la surface des eaux. Les eaux montèrent de plus en plus sur la terre et toutes les plus hautes montagnes qui sont sous tout le ciel furent couvertes. Les eaux montèrent quinze coudées plus haut, recouvrant les montagnes. Alors périt toute chair qui se meut sur la terre : oiseaux, bestiaux, bêtes sauvages, tout ce qui grouille sur la terre, et tous les hommes. Tout ce qui avait une haleine de vie dans les narines, c'est-à-dire tout ce qui était sur la terre ferme, mourut. Ainsi disparurent tous les êtres qui étaient à la surface du sol, depuis l'homme jusqu'aux bêtes, aux bestioles et aux oiseaux du ciel : ils furent effacés de la terre et il ne resta que Noé et ce qui était avec lui dans l'arche.
La crue des eaux sur la terre dura cent cinquante jours. Alors Dieu se souvint de Noé et de toutes les bêtes sauvages et de tous les bestiaux qui étaient avec lui dans l'arche ;
Dieu fit passer un vent sur la terre et les eaux désenflèrent. Les sources de l'abîme et les écluses du ciel furent fermées ; - la pluie fut retenue de tomber du ciel et les eaux se retirèrent petit à petit de la terre ; - les eaux baissèrent au bout de cent cinquante jours et, au septième mois, au dix-septième jour du mois, l'arche s'arrêta sur les monts d'Ararat. Les eaux continuèrent de baisser jusqu'au dixième mois et, au premier du dixième mois, apparurent les sommets des montagnes.
Au bout de quarante jours, Noé ouvrit la fenêtre qu'il avait faite à l'arche et il lâcha le corbeau, qui alla et vint en attendant que les eaux aient séché sur la terre. Alors il lâcha d'auprès de lui la colombe pour voir si les eaux avaient diminué à la surface du sol. La colombe, ne trouvant pas un endroit où poser ses pattes, revint vers lui dans l'arche, car il y avait de l'eau sur toute 1a surface de la terre ; il étendit la main, la prit et la fit rentrer auprès de lui dans l'arche. Il attendit encore sept autres jours et lâcha de nouveau la colombe hors de l'arche. La colombe revint vers lui sur le soir et voici qu'elle avait dans le bec un rameau tout frais d'olivier ! Ainsi Noé connut que les eaux avaient diminué à la surface de la terre. Il attendit encore sept autres jours et lâcha la colombe, qui ne revint plus vers lui.
C'est en l'an six cent un de la vie de Noé, au premier mois, le premier du mois, que les eaux séchèrent sur la terre. Noé enleva la couverture de l'arche : il regarda, et voici que la surface du sol était sèche ! Au second mois, 1e vingt-septième jour du mois, la terre fut sèche.
Alors Dieu parla ainsi à Noé : "Sors de l'arche, toi et ta femme, tes fils et les femmes de tes fils avec toi. Tous les animaux qui sont avec toi, tout ce qui est chair, oiseaux, bestiaux et tout ce qui rampe sur la terre, fais-les sortir avec toi ; qu'ils pullulent sur la
terre, qu'ils soient féconds et multiplient sur la terre. "Noé sortit avec ses fils, sa femme et les femmes de ses fils ; et toutes les bêtes sauvages, tous les bestiaux, tous les oiseaux, toutes les bestioles qui rampent sur la terre sortirent de l'arche, une espèce après l'autre. Noé construisit un autel à Yahvé, il prit de tous les animaux purs et de tous les oiseaux purs et offrit des holocaustes sur l'autel. Yahvé respira l'agréable odeur et il se dit en lui-même : " Je ne maudirai plus jamais la terre à cause de l'homme, parce que les desseins du coeur de l'homme sont mauvais dès son enfance ; plus jamais je ne frapperai tous les vivants comme j'ai fait. Tant que durera la terre, semailles et moisson, froidure et chaleur, été et hiver, jour et nuit ne cesseront plus."Dieu bénit Noé et ses fils et il leur dit : "Soyez féconds, multipliez, emplissez 1a terre.
Soyez la crainte et l'effroi de tous les animaux de la terre et de tous les oiseaux du ciel, comme de tout ce dont la terre fourmille et de tous les poissons de la mer : ils sont livrés entre vos mains. Tout ce qui se meut et possède la vie vous servira de nourriture, je vous donne tout cela au même titre que la verdure des plantes. Seulement, vous ne mangerez pas la chair avec son âme, c'est-à-dire le sang. Mais je demanderai compte du sang de chacun de vous. J'en demanderai compte à tous les animaux et à l'homme, aux hommes entre eux, je demanderai compte de l'âme de l'homme. Qui verse le sang de l'homme, par l'homme aura son sang versé. Car à l'image de Dieu l'homme a été fait.
Pour vous, soyez féconds, multipliez, pullulez sur la terre et la dominez. "
Dieu parla ainsi à Noé et à ses fils : " Voici que j'établis mon alliance avec vous et avec vos descendants après vous, et avec tous les êtres animés qui sont avec vous : oiseaux, bestiaux, toutes bêtes sauvages avec vous, bref tout ce qui est sorti de l'arche, tous les animaux de la terre. J'établis mon alliance avec vous tout ce qui est ne sera plus détruit par les eaux du déluge, il n'y aura plus de déluge pour ravager la terre. "
Et Dieu dit : " Voici le signe de l'alliance que j'institue entre moi et vous et tous les êtres vivants qui sont avec vous, pour les générations à venir : je mets mon arc dans la nuée et il deviendra un signe d'alliance entre moi et la terre. Lorsque j'assemblerai les nuées sur la terre et que l'arc apparaîtra dans la nuée, je me souviendrai de l'alliance qu'il y a entre moi et vous et tous les êtres vivants, en somme toute chair, et les eaux ne deviendront plus un déluge pour détruire toute chair. Quand l'arc sera dans la nuée, je le verrai et me souviendrai de l'alliance éternelle qu'il y a entre Dieu et tous les êtres vivants, en somme toute chair qui est sur la terre. "
Dieu dit à Noé : "Tel est le signe de l'alliance que j'établis entre moi et toute chair qui est sur la terre."
"L'histoire
de la nature commence par le bien parce qu'elle est l'oeuvre de Dieu, l'histoire
de la liberté commence par le mal parce qu'elle est l'oeuvre de l'homme",
écrivait le philosophe Hegel.
Par là se trouve résumé tout le contenu des premiers livres de la Genèse. Dieu a fait le monde et il vit que cela était bon, l'homme utilise la création à d'autres fins qui ne sont pas toujours bonne le récit du déluge vient confirmer cet aspect. L'histoire humaine se poursuit toujours avec un cortège de fautes. Face au méchant, nous sommes tentés d'exiger que sa faute soit punie. Maïs quand nous survient un malheur, nous nous interrogeons également : quelle faute a mérité ce châtiment ? L'histoire du déluge traînait dans les traditions du Moyen Orient antique. Reprise par la Bible, elle y est interprétée comme une intervention de Dieu nettoyant sa création...
Le pardon de Dieu
Certes, Dieu est l'ennemi du mal, mais il n'est pas l'ennemi
du pécheur. Le Psaume 50 est la grande prière d'un pécheur. Il avoue
loyalement son péché que pourtant Dieu seul connaît. Il reconnaît que devant
la sainteté et la pureté absolues de Dieu, l'homme paraîtra toujours comme un
être pécheur et souillé : Dieu seul peut le purifier. Ce même pécheur
découvre alors que le repentir sincère vaut mieux que tous les sacrifices
matériels ; il est confiant dans le pardon divin et s'engage â chanter sans
cesse la grandeur et la bonté de Dieu.
Pitié pour moi, Dieu, en ta bonté,
en ta grande tendresse efface mon péché,
lave-moi tout entier de mon mal
et de ma faute purifie-moi.
Car mon péché, moi, je le connais,
ma faute est devant moi sans relâche ;
contre toi, toi seul, j'ai péché,
ce qui est mal à tes yeux, je l'ai fait.
Pour que tu montres ta justice quand tu parles
et que paraisse ta victoire quand tu juges.
Vois : mauvais je suis né.
pécheur ma mère m'a conçu.
Mais tu aimes la vérité au fond de l'être,
dans le secret tu m'enseignes la sagesse.
Ôte mes taches avec l'hysope, je serai pur ;
lave-moi, je serai blanc plus que neige.
Rends-moi le son de la joie et de la fête :
qu'ils dansent, les os que tu broyas !
Détourne ta face de mes fautes,
et tout mon mal, efface-le.
Dieu, crée pour moi un coeur pur,
restaure en ma poitrine un esprit ferme ;
ne me repousse pas loin de ta face,
ne m'enlève pas ton esprit de sainteté.
Rends-moi la joie de ton salut,
assure en moi un esprit magnanime.
Aux rebelles j'enseignerai tes voies,
vers toi reviendront les pécheurs.
Affranchis-moi du sang, Dieu, Dieu de mon salut,
et ma langue acclamera ta justice ;
Seigneur, ouvre mes lèvres,
et ma bouche publiera la louange,
Car tu ne prends aucun plaisir au sacrifice ;
un holocauste, tu n'en veux pas.
Le sacrifice à Dieu, c'est un esprit brisé ;
d'un coeur brisé, broyé, Dieu, tu n'as point de mépris.
En ton bon vouloir, fais du bien à Sion :
rebâtis les remparts de Jérusalem !
Alors tu te plairas aux sacrifices de justice
- holocauste et totale oblation -
alors on offrira de jeunes taureaux sur ton autel.
La Bible présente une sorte de petit vocabulaire du péché. Il est aussi possible de s’arrêter sur l'un ou l'autre aspect :
faute : d'une racine hébraïque qui signifie "rater, ne pas atteindre son but". Pécher, c'est donc manquer Dieu et par là même le véritable bonheur.
révolte : c'est la transgression volontaire du droit de l'autre, que ce soit Dieu, le peuple ou l'homme individuel.
perversion : d'une racine signifiant "tordre, dévier". Le pécheur, c'est l'homme au cœur tordu qui est appelé à la conversion.
mal : c'est le nom le plus banal du péché, qui désigne le malheur et le mal moral.