La dernière semaine de Jésus

 

Si l'on fait une étude statistique de la vie de Jésus celle qu'elle nous est rapportée par les quatre évangélistes, on s'aperçoit que la plus grande importance des récits se situe dans la dernière semaine de sa vie.

Le nombre de chapitres consacré aux trente premières années de Jésus est infime, presque inexistant. Certes la prédication tient un bon nombre de chapitres. Mais il faut reconnaître que proportionnellement la dernière semaine est rapportée avec un luxe de détails, bien que les autres évangélistes ne rapportent pas exactement les mêmes faits ni le même déroulement des événements.

Il est certain que les premiers écrits composés ont été ceux de la Passion. Ils rapportaient les événements allant de l'arrestation de Jésus à son ensevelissement. Les rédacteurs présentaient ainsi les événements de l'extérieur, apportant leur propre témoignage ou celui des autres apôtres. Mais très vite on a éprouvé le besoin de faire sentir les événements de l'intérieur, en apportant la réponse que tout le monde était en droit de se poser : comment Jésus, pleinement homme, a-t-il pu assumer sa mort, la pressentir ? Comment a-t-il pu réaliser l'échec de sa mission, un échec apparent, puisqu'il appellera l'intervention de Dieu dans la résurrection. Le récit de la Cène montre comment Jésus, par avance, célèbre sa Passion : d'un échec, il fait un offrande.

Dans son existence, Jésus a partagé beaucoup de repas avec ses disciples. Pourquoi ce dernier repas a-t-il prix plus d'importance à leurs yeux ? N'était-ce qu'un repas d'adieu ? En ce cas, les célébrations eucharistiques ne seraient-elles également que des repas du souvenir ?

Ce repas a-t-il été un geste prophétique ? Les prophètes avaient l'habitude de traduire par des actions significatives leur message oral, des actions qui réalisaient par avance ce qu'elles disaient. Essayez de découvrir les aspects prophétiques de la Cène.

La Cène est aussi un repas de bénédiction. Qu'est-ce qui est béni dans ce repas ? Étymologiquement que veut dire : bénir ? Il ne faudrait pas oublier que toute la vie du juif pieux est scandée de bénédictions :

- au réveil : Béni sois-tu Seigneur, roi de l'univers, toi qui rends les âmes à leur corps mortel....

- en se lavant : Béni sois-tu Seigneur. roi de l'univers, toi qui nous sanctifies par tes commandements et nous as prescrit de laver nos mains. . .

- en s'habillant : Béni sois-tu Seigneur, roi de l'univers, toi qui vêts ceux qui sont nus...

- en allant aux toilettes : Béni sois-tu Seigneur, roi de l'univers, toi qui as modelé l'homme avec sagesse et as créé en lui des issues et des canaux. . .

Ainsi, toute la vie est vécue comme une action de grâces.

Le procès de Jésus, un procès à réviser

Il n 'est peut-être pas nécessaire de relire intégralement les quatre récits de la Passion, il suffirait simplement de bien resituer, sur un tableau synoptique, les événements qui sont rapportés par chaque rédacteur et d'essayer de comprendre la démarche de chacun des évangélistes...

Contrairement à ce que nous croyons trop facilement, Jésus n'a pas fait semblant d'être homme, il n'a pas fait semblant de souffrir. Sous prétexte qu'il est le Fils de Dieu, nous n'avons pas le droit de lui refuser d'être honnête et d'être vrai. Il est Dieu mais il est aussi homme, il n'a pas profité de ce qu'il était Dieu pour tricher. Il n'a pas joué un rôle, il a joué sa vie et il a perdu...

Jésus n'a pas été un héros, il a été condamné à être crucifié comme n'importe quel condamné de droit commun, comme un voleur à la tire, comme un assassin. Et la foule approuve sa condamnation, elle hurle à la mort et préfère libérer un assassin plutôt que de laisser vivre l'innocent. Jésus sera le type même du prophète assassiné.