Chapitre 13

LA PENTECOTE, NAISSANCE DE L’EGLISE

 

L’inauguration du témoignage apostolique

Après sa résurrection, Jésus se montre pendant quarante jours à ses amis, continuant son enseignement et les préparant à leur mission. Ils les envoie dans le monde proclamer ce qu’ils ont vu et entendu. Ils seront ses témoins. Quarante jours après sa Pâque, Jésus fait ses adieux avant de rejoindre son Père :

Ils étaient donc réunis et lui avaient posé cette question : Seigneur est-ce maintenant le temps où tu vas rétablir le Royaume pour Israël ? Il leur dit : Vous n’avez pas à connaître les temps et les moments que le Père a fixés de sa propre autorité, mais vous allez recevoir une puissance, celle du Saint Esprit qui viendra sur vous, vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. A ces mots, sous leurs yeux, il s’éleva et une nuée vint le soustraire à leurs regards. Comme ils fixaient encore le ciel où Jésus s’en allait, voici que deux hommes en vêtements blancs se trouvèrent à leurs côtés et leur dirent : Gens de Galilée, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? Ce Jésus qui vous a été enlevé pour le ciel viendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel.        Ac. 1, 6-11

Cependant, contrairement à ce que l’on pense habituellement, ce n’est pas le moment où Jésus disparaît, c’est le jour où il apparaît, où il se montre tel qu’il est : le premier des hommes, celui qui les précède, qui le devance près du Père. En partant vers lui, il domine et englobe tout l’univers, il comprend encore mieux les préoccupations des hommes, il partage encore mieux le sens de leur vie. Jésus n’est plus simplement le compagnon des disciples qui marchaient avec lui sur les routes de Palestine, il devient le compagnon de tous les hommes, de tous pays et de tous temps. En rejoignant le Père, il devient plus proche des hommes, il est leur compagnon de route dans leur marche vers Dieu. Les apôtres découvriront sa présence mystérieuse sur les chemins de leur mission. Il est avec eux, autrement qu’auparavant, mais il est là, réellement. Il leur sera présent par l’Esprit qu’il a promis et qui est destiné à tous ceux qui croiront en lui.

Jésus monte au ciel, façon de dire qu’il retourne près de Dieu, le ciel, le lieu de sa demeure. Dès lors, le Christ n’est plus visible dans le monde : il regagne la proximité de Dieu. Ses disciples demeurent sur la terre, ils doivent faire connaître l’amour de Dieu pour tous les hommes. Ils ne doivent plus rester les yeux fixés au ciel dans l’attente du retour de Jésus, mais ils doivent travailler sur la terre pour y faire la demeure de Dieu au jour du retour du Christ.

Chez les disciples, ce départ aurait dû provoquer la tristesse, le découragement. Au contraire, c’est la joie qui les envahit. La disparition de Jésus n’est que l’envers de sa présence invisible : Jésus s’éloigne pour se rendre plus proche. Il gagne le ciel, pourtant ce n’est pas là qu’il faut le chercher, mais sur la terre où tout pouvoir lui a été donné. Que signifie ce ciel où Jésus disparaît ? Quel sens peut-il avoir pour la vie des hommes et des chrétiens ? Jésus est venu sur la terre pour faire la volonté du Père, il est venu vivre sur terre le ciel pour lequel les hommes sont faits. Dieu a écouté l’appel du prophète Esaïe : Ah ! si tu déchirais les cieux, si tu descendais !

Dieu a répondu au désir de l’homme, il ne sera plus un Dieu lointain, mais un Dieu proche des hommes. Jésus envoie donc ses apôtres, il seront ses témoins jusqu’aux extrémités du monde. Ils sont surpris devant l’immensité de la tâche à accomplir. Ils pensaient que leur Maître allait rétablir la royauté de David sur Israël, qu’il allait bâtir le monde nouveau annoncé par les prophètes. Depuis de nombreuses générations, les juifs pieux attendaient le Messie, ils pensaient qu’il rassemblerait toutes les nations autour de Jérusalem.

Jésus renverse toutes les perspectives. Il ne rétablit pas la dynastie davidique, il envoie ses amis dans le monde pour préparer la venue du Royaume de Dieu. Il ne leur demande pas de rassembler toutes les nations autour de Jérusalem, mais de quitter la ville pour aller à la rencontre des hommes, là où ils se trouvent. Il ne leur demande plus de regarder vers le passé, mais de se tourner résolument vers l’avenir. Il ne faut pas compter sur une intervention directe de Dieu pour régler les problèmes humains. Dieu se retire de l’histoire des hommes, il a dit son dernier mot dans la résurrection du Christ. Il ne reviendra pas sur sa parole, il a tout donné. Jésus demande à ses disciples de devenir eux-mêmes les artisans du monde pour faire de celui-ci une demeure habitable par Dieu, au jour où le Christ reviendra dans la gloire.

Pour être ses témoins jusqu’aux extrémités de la terre, les apôtres doivent d’abord se souvenir de ce qu’ils ont vu et entendu de la bouche même de Jésus. Le témoignage qui est demandé aux disciples n’a rien à voir avec une connaissance spéculative de Dieu : ils n’ont pas à connaître Dieu en lui-même, mais simplement à reconnaître que cet homme singulier qu’était Jésus de Nazareth est véritablement le Révélateur du Père. C’est le témoignage rendu à la connaissance d’un homme singulier et unique, en qui les disciples ont pu reconnaître l’action de Dieu. La puissance de l’Esprit leur permettra de découvrir en Jésus le Serviteur de Dieu qui a été glorifié par le Dieu d’Abraham, d’Isaac, de Jacob, le Dieu des pères, le Dieu-Père du peuple, le Dieu de Jésus-Christ qu’il a glorifié et exalté.

L’événement fondateur de l’Église

L’absence de Jésus et la puissance de l’Esprit vont permettre aux apôtres de prendre la parole, d’exprimer ce qu’ils ont vécu avec ce Jésus de Nazareth que les Juifs ont crucifié, mais que Dieu a ressuscité d’entre les morts. D’une certaine manière, le Ressuscité, en disparaissant à la vue des disciples, leur permet de devenir eux-mêmes dans le témoignage qu’ils vont rendre de lui, ce témoignage sera celui de la re-connaissance, celui d’une nouvelle naissance à l’intérieur d’une communion avec Celui qui est ressuscité. Les disciples auront alors un avenir marqué par une singularité, celle de la puissance de l’Esprit, qui, par eux, rendra lui-même témoignage à Jésus-Christ.

Pour comprendre tout son enseignement, Jésus demande à ses apôtres de rester encore quelque temps à Jérusalem pour recevoir cette force qui leur sera nécessaire dans leur mission. Une fois qu’ils auront reçu l’Esprit Saint, ils pourront partir à la conquête du monde, une conquête qui se fera sans arme, rien qu’avec un filet de pêcheur, selon la parole de Jésus à Pierre : Désormais, ce sont des hommes que tu prendras, je ferai de toi un pêcheur d’hommes.

C’est l’Esprit qui leur donne de continuer l’oeuvre du Christ sur terre. Au cours de son brève existence terrestre, Jésus a parcouru les routes du petit pays de Palestine pour annoncer la venue imminente du Royaume de Dieu. Il a annoncé à ses disciples le chemin qui pouvait les conduire vers le Père. Ce chemin, il leur disait que c’était lui-même : Personne ne va vers le Père sans passer par moi. Ce chemin, Jésus l’a parcouru en passant par la souffrance et par la mort, mais ce chemin conduit à la résurrection...

C’est l’Esprit Saint qui continue d’animer l’Église, en rendant le Christ présent de multiples manières, par sa Parole, la Bonne Nouvelle de l’amour de Dieu pour les hommes, par la prière, les sacrements, signes de la rencontre de Dieu et de l’homme, par la vie fraternelle, le partage et l’amour.

La mission confiée par Jésus : De tous les peuples faites des disciples n’est pas réservée aux apôtres et elle ne finit pas avec eux. C’est la mission de l’Église, c’est la mission de tout chrétien.

La tradition chrétienne la plus ancienne découvre donc dans l’événement de Pentecôte l’acte fondateur de l’Église, dans l’acte même de la prise de parole par Pierre. Si l’Ascension permet aux disciples de parler de Celui qui est l’Absent de l’histoire, la Pentecôte va permettre à ses mêmes disciples de communiquer leur foi et de faire naître ainsi une communauté de foi avec les hommes de toutes les races et de toutes les langues.

Chez les Juifs, cinquante jours après la Pâque se déroule une autre grande fête, la Pentecôte qui rappelle le séjour du peuple d’Israël dans le désert du Sinaï, là où Dieu avait donné sa Loi par l’intermédiaire de Moïse. De nombreux pèlerins de toutes les nations venaient à Jérusalem pour prier en ce jour. Entre l’Ascension et la Pentecôte, les disciples sont réunis dans la chambre haute d’une maison, avec Marie, la mère de Jésus et quelques intimes. ils sont enfermés par crainte de la réaction des juifs, mais ils restent confiants dans les paroles de Jésus et dans sa promesse de leur donner son Esprit. Ils prient Dieu de les éclairer et de leur donner la force de continuer sur terre l’oeuvre de Jésus.

Que s’est-il donc passé le jour de la Pentecôte ? Luc, dans son livre des Actes, nous le rapporte :

Quand le jour de la Pentecôte arriva, ils se trouvaient réunis tous ensemble. Tout à coup survint du ciel un bruit comme celui d’un violent coup de vent : la maison où ils se tenaient en fut toute remplie. Alors leur apparurent comme des langues de feu qui se partageaient et il s’en posa sur chacun d’eux. Ils furent tous remplis de l’Esprit Saint et se mirent à parler d’autres langues comme l’Esprit leur donnait de s’exprimer. Or, à Jérusalem, résidaient des juifs pieux, venus de toutes les nations qui sont sous le ciel. A la rumeur qui se fit, la foule se rassembla et fut en plein désarroi, car chacun les entendait parler dans sa propre langue. Déconcertés, émerveillés, ils disaient : Tous ces gens qui parlent ne sont-ils pas des Galiléens ? Comment se fait-il que chacun de nous les entende dans sa langue maternelle ?... Tous, nous les entendons annoncer dans nos langues les merveilles de Dieu. Ils étaient tous déconcertés et dans leur perplexité, il se disaient les uns aux autres : Qu’est-ce que cela veut dire ? D’autres s’esclaffaient : Ils sont pleins de vin doux. Alors s’éleva la voix de Pierre, qui était là avec les Onze, il s’exprima en cas termes : Hommes de Judée et vous tous qui résidez à Jérusalem, comprenez bien ce qui se passe et prêtez l’oreille à mes paroles. Non, ces gens n’ont pas bu comme vous le supposez, nous ne sommes en effet qu’à neuf heures du matin... Israélites, écoutez ces paroles : Jésus le Nazoréen, cet homme que Dieu avait accrédité auprès de vous en opérant par lui des miracles, des prodiges et des signes au milieu de vous, comme vous cet homme, selon le plan bien arrêté et la prescience divine, vous l’avez livré et supprimé en le faisant crucifier par la main des impies, mais Dieu l’a ressuscité en le délivrant des douleurs de la mort, car il n’était pas possible que la mort le retienne en son pouvoir... Frères, il est permis de vous le dire en toute liberté : le patriarche David est mort, il a été enseveli, son tombeau se trouve encore aujourd’hui chez nous. Mais il était prophète et savait que Dieu lui avait juré par serment de faire asseoir sur son trône quelqu’un de sa descendance, issu de ses reins, il a donc vu par avance la résurrection du Christ et c’est à son propos qu’il a dit : il n’a pas été abandonné au séjour des morts et sa chair n’a pas connu la corruption. Ce Jésus, Dieu l’a ressuscité, nous tous en sommes témoins. Exalté par la droite de Dieu, il a donc reçu du Père l’Esprit Saint promis et il l’a répandu, comme vous le voyez et l’entendez... Que toute la maison d’Israël le sache avec certitude : Dieu l’a fait Seigneur et Christ ce Jésus que vous, vous aviez crucifié. Le coeur bouleversé d’entendre ces paroles, ils demandèrent à Pierre : Que ferons-nous, frères ? Pierre leur répondit : Convertissez-vous, que chacun de vous reçoive le baptême au nom de Jésus Christ pour le pardon de ses péchés et vous recevrez le don du Saint Esprit. Car c’est à vous qu’est destinée la promesse, et à vos enfants ainsi qu’à tous ceux qui sont au loin aussi nombreux que le Seigneur notre Dieu les appellera. Par bien d’autres paroles Pierre rendez témoignage et les encourageait : Sauvez-vous, disait-il de cette génération dévoyée. Ceux qui accueillirent sa parole reçurent le baptême et il y eut environ trois mille personnes ce jour-là qui se joignirent à eux.        Ac. 2, 1-41

Avant la Pentecôte, les apôtres vivaient dans la crainte d’une persécution juive, ils étaient paralysés par la peur. Pourtant, il ne s’agissait par d’individus isolés, ils formaient une communauté assidue à la prière. Et c’est toute la communauté priante qui reçoit l’Esprit, et dès ce jour-là, leur courage renaît, ils retrouvent leur assurance la plus intrépide. Pour eux, ce fut une véritable résurrection spirituelle, celle-ci étant un des signes les plus éclatants de la réalité de la résurrection de Jésus. Ils n’ont plus peur, car ils ont désormais la certitude de l’authenticité de leur mission. Ils ont reçu la force de l’Esprit de Dieu qui leur permet de clamer partout ce qu’ils ont vu et entendu de la part de Jésus, cet homme envoyé par Dieu, cet homme qui avait opéré des miracles, des signes et des prodiges au milieu de son peuple, cet homme qui a été crucifié par les romains, cet homme que Dieu a ressuscité, cet homme que Dieu a fait Seigneur et Christ.

Dieu est intervenu pour libérer Jésus de la mort, il intervient pour sauver les apôtres de la peur. ils sont conscients des risques qu’ils vont courir, mais ils ne craignent plus ni la mort ni la persécution, ils savent qui ils ont mis leur confiance, Dieu ne les décevra jamais.

Après la résurrection de Jésus, Dieu fait irruption dans le monde. C’est d’une manière fracassante que les premiers chrétiens ont décrit cette intervention de Dieu. C’est comme si un feu brûlait toutes les peurs, les angoisses et même le monde ancien. C’est la nouvelle alliance, la Pentecôte, une symphonie qui se joue devant un peuple surpris. Les disciples sont saisis dans ce vent et des langues de feu se posent sur chacun d’eux, signe que chacun pourra dès lors parler des merveilles de Dieu : en chacun d’eux, c’est l’Esprit qui est à l’oeuvre. Et les hommes, venus de toutes les régions de la terre, en entendant les apôtres, comprennent dans leur propre langue qu’il s’agit d’une parole de Dieu.

Chacun entend dans sa propre langue raconter les merveilles de Dieu, et l’audition est parfaite : l’Esprit de Dieu vient remplir le coeur des hommes. Dans ce concert nouveau, chaque instrument est unique, différent du voisin, et cependant, l’accord est unanime. L’Esprit de Dieu n’abolit pas la diversité des langages, il ne supprime pas les différences, mais les dissonances apparentes font la richesse de l’accord : l’Esprit de Dieu est source de communion. Il est en quelque sorte un chef d’orchestre qui permet à l’humanité de réaliser sa propre cohésion, son unité. Les apôtres eux-mêmes sont invités à reconnaître la diversité : eux qui avaient cheminé avec Jésus de Nazareth sur les routes de Palestine, ils ne veulent plus faire qu’un avec tous ceux qui sont venus d’ailleurs. Et ces hommes réalisent qu’il s’agit d’une parole de Dieu, puisqu’ils comprennent l’annonce qui leur est faite.

En quittant cette terre, Jésus n’a laissé qu’une communauté de croyants. Il n’a laissé aucune constitution, aucun règlement. Il laisse seulement quelques hommes qui seront ses témoins, les dépositaires de ses paroles et de son Esprit, quelques hommes qui devront faire connaître au monde l’amour de Dieu.

La grande nouvelle annoncée par Pierre, c’est la résurrection de Jésus. par celle-ci, Dieu s’est fait proche des hommes à qui il donne aussi son Esprit de force et d’amour pour porter le témoignage du Ressuscité jusqu’aux extrémités de la terre.

Par la résurrection de Jésus, Dieu s’est fait proche des hommes à qui il donne aussi son Esprit de force et d’amour pour porter le témoignage du Ressuscité jusqu’aux extrémités de la terre.

L’Église de Pentecôte se présente essentiellement comme une Église de mission. Elle reçoit l’Esprit pour annoncer aux hommes les merveilles de Dieu, et particulièrement ce qu’il a accompli en faveur de cet homme singulier qu’était Jésus de Nazareth, mis à mort par la main des hommes et que Dieu a ressuscité d’entre les morts. Le don de l’Esprit de Dieu aux hommes s’enracine dans le mystère pascal, celui de la mort et de la résurrection du Christ.

L’Église est l’Église de Pentecôte

Ce sont ces mêmes merveilles que les chrétiens sont appelés à faire connaître aux hommes de leur temps. Il y a des signes qui ne trompent pas et qui peuvent permettre de reconnaître les véritables envoyés de Dieu, des signes qui paraissent parfois paradoxaux, puisqu’ils se fondent uniquement sur les béatitudes et qui révèlent une religion en contradiction la plupart du temps avec les aspirations et les réalités du monde présent. C’est dans la communauté rassemblée que la parole de Jésus est vivant pour les chrétiens aujourd’hui. C’est dans l’Église que Jésus leur laisse les signes de sa présence, des signes porteurs de vie, que l’on appelle les sacrements. L’Église a reçu mission de garantir qu’à travers la parole et les gestes, Jésus communique aux hommes sa propre vie. Les chrétiens connaissent le chemin de la fidélité défini par les apôtres : se rassembler chaque dimanche en Église, prier avec Marie pour recevoir l’Esprit de Dieu et vivre les sacrements comme des rencontres personnelles avec Dieu.

Le deuxième concile du Vatican a opéré une nouvelle Pentecôte pour l’ensemble de l’Église, en retrouvant la plus pure théologie de l’Église, non plus une Église verticale, centrée sur une hiérarchie, au sommet de laquelle se trouvait le pape, auquel étaient soumis les évêques, auxquels étaient soumis les prêtres, et enfin les chrétiens laïcs, soumis à tous, mais une Église horizontale, celle du peuple de Dieu, comme il s’est manifesté au jour de la Pentecôte. C’est une Église de la communauté priante réunie autour de Pierre et des apôtres, une communauté qui reçoit ensemble le don de Dieu, l’Esprit-Saint.

Une fois achevée l’oeuvre que le Père avait chargé son Fils d’accomplir sur la terre, le jour de la Pentecôte, l’Esprit-Saint fut envoyé, qui devait sanctifier l’Église en permanence et procurer ainsi aux croyants, par le Christ, dans l’unique Esprit, l’accès au Père. C’est lui, l’Esprit de vie, la source jaillissante pour la vie éternelle, par qui le Père donne la vie aux hommes que le péché avait fait mourir, en attendant de ressusciter dans le Christ leur propre corps mortel. L’Esprit habite dans le Christ et dans le coeur des fidèles comme dans un temple, en eux il prie et atteste leur condition de fils de Dieu par adoption. Cette Église qu’il introduit dans la vérité tout entière et à laquelle il assure l’unité dans la communion et le service, il l’équipe et la dirige grâce à la diversité des dons hiérarchiques et charismatiques, il l’orne de ses fruits. par la vertu de l’Évangile, il rajeunit l’Église et il la renouvelle sans cesse, l’acheminant à l’union parfaite avec son Époux. L’Esprit et l’Épouse, en effet, disent au Seigneur Jésus : Viens. Ainsi l’Église universelle apparaît comme un peuple qui tire son unité du Père et du Fils et de l’Esprit-Saint.        Lumen Gentium, 4

Ce qui commence effectivement au jour de la Pentecôte, c’est le temps de l’Église : les disciples, autour des apôtres, inaugurent l’Église primitive. Le rôle actuel de l’Église est de montrer à tous les hommes que Jésus est le Vivant. Avec ses deux milles ans d’histoire, l’Église est plus vivante que jamais : fondée timidement par douze hommes rendus intrépides par la résurrection de leur Maître, elle a subi l’épreuve et les persécutions au fil des siècles, elle a connu des hérésies, des divisions au cours de son histoire, elle a eu parfois des responsables indignes de leur charge, elle rassemble des chrétiens pécheurs, qui ont bien du mal à se convertir... Mais comment aurait-elle pu survivre et faire surgir tant d’hommes et de femmes ouverts aux dimensions de l’humanité, si le Christ ressuscité ne l’habitait pas, si l’Esprit qu’il avait promis ne l’animait pas ?

Les chrétiens doivent manifester le Christ vivant par des signes du même types que ceux des premiers chrétiens : la réconciliation, l’union des fidèles célébrant l’eucharistie, l’esprit d’amour et le partage, la révolte contre l’injustice et la misère, l’action contre le mensonge sous toutes ses formes, l’action contre le mépris des pauvres et des petits... C’est à ce signe que les hommes de notre temps reconnaîtront Jésus-Christ vivant pour toujours, à la gloire de Dieu le Père de tous les hommes.

L’Église a reçu mission de garantir qu’à travers la parole et les gestes, Jésus communique aux hommes sa propre vie. Les chrétiens connaissent le chemin de la fidélité défini par les apôtres : se rassembler chaque dimanche en Église, prier avec Marie pour recevoir l’Esprit de Dieu et vivre les sacrements comme des rencontres personnelles avec Dieu.