Écoute, mon Dieu

 

 

Écoute, mon Dieu, ils m'ont dit que tu n'existais pas,

et comme un sot, je l'ai cru.

L'autre soir, du fond d'un trou d'obus, j'ai vu ton ciel...

Du coup, j'ai vu qu'ils m'avaient dit un mensonge.

Si j'avais pris le temps de regarder les choses que tu as faites,

j'aurais bien vu que ces gens refusaient d'appeler un chat un chat.

Je me demande, Dieu, si tu consentirais à me serrer la main...

Et pourtant, je sens que tu vas comprendre.

Curieux qu'il m'ait fallu venir à cette infernale place

avant d'avoir le temps de voir ta face.

Je t'aime terriblement, voilà ce que je veux que tu saches.

Il va y avoir maintenant un horrible combat.

Qui sait ? Il se peut que j'arrive chez toi

Ce soir même...

Nous n'avons pas été camarades jusqu'ici 

et je me demande, mon Dieu, si tu m'attendras à la porte.

Tiens, voilà que je pleure.

Moi, verser des larmes. Ah ! si je t'avais connu plus tôt...

C'est drôle, depuis que je t'ai rencontré,

je n'ai plus peur de mourir.

Au revoir.

 

Ce texte a été trouvé sur le corps d'un soldat américain lors du débarquement en Afrique du Nord pendant la dernière guerre mondiale.