Dieu dans les camps de concentration

 

Élevé dans une famille croyante, j'ai reçu une éducation imprégnée de foi. Mais au sortir d'une jeunesse heureuse et protégée, une expérience redoutable m'attendait. J'avais vingt ans seulement quand je fus plongé dans l'enfer des camps de concentration nazis. Une vraie descente aux enfers, au milieu de dizaines de milliers d'êtres humains parqués, battus, massacrés. Toute la cruauté de l'homme, mais aussi sa détresse, son abandon, son écrasement me saisissaient et me submergeaient. Dans ce tête-à-tête avec l'horreur, j'ai éprouvé jusqu'à l'angoisse le silence et l'absence de Dieu. On pouvait lever les yeux vers le ciel. Il ne répondait pas, il ne semblait pas prêter attention à ce qui se passait. Les cris ne l'atteignaient pas. Je compris qu'on pouvait être athée, oui athée par égard pour Dieu, pour l'honneur de Dieu, afin de ne pas le rendre complice par son silence des crimes qui se commettaient.

Éloi Leclerc