Pratiquer, pourquoi ?
La messe du dimanche
Pratiquer,
ce n'est pas toujours pratique ! C'est ce que l'on entend dire à propos de la
messe... Le dimanche, c'est le jour où l'on choisit d'aller ou de ne pas aller
à la messe, en disant : moi, je suis croyant, mais pas pratiquant. Si la
pratique pose problème, c'est qu'il y a concurrence : le sommeil, les loisirs,
le travail. Les conditions de vie ont été bousculées. Face à cela, les
réponses, surtout celles des jeunes sont intéressant : Il n'est pas
nécessaire d'aller à la messe tous les dimanches, Pratiquer, cela ne veut pas
dire forcément aller à l'église chaque dimanche, Pratiquer, ce n'est pas
pratiquer dans une église, puisqu'il n'y a pas grand-chose à pratiquer. C'est
plutôt dehors où les gens ont besoin de nous ! Pratiquer, c'est vivre
l'Évangile. On se réunit ensemble pour célébrer Dieu, pour savoir qu'on est
tous dans son amour. Comment rester libre en étant pratiquant ? Dans les
années 60, il y a eu une rupture du fait que les gens ont vécu la pratique
comme une obligation et non comme une nécessité vitale. Il est important que
l'Eglise soit visible, il faut être dans le monde, parce que c'est notre vie
qui est célébrée à chaque eucharistie.
La vraie question n'est pas : faut-il aller à la messe ? Mais : Croyez-vous que le Christ est ressuscité et que cela vaut la peine de rejoindre des gens qui y croient pour le retrouver ensemble ? L'Eglise reste marquée par son premier dimanche, celui des disciples d'Emmaüs :
Et voici que, ce même jour, deux d'entre eux se rendaient à un village du nom d'Emmaüs, à deux heures de marche de Jérusalem. Ils parlaient entre eux de tous ces événements. Or, comme ils parlaient et discutaient ensemble, Jésus lui-même les rejoignit et fit route avec eux, mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître. Il leur dit : Quels sont les propos que vous échangiez en marchant ? Alors, ils s'arrêtèrent, l'air sombre. L'un d'eux nommé Cléopas, lui répondit : Tu es bien le seul à séjourner à Jérusalem qui n'ait pas appris ce qui s'y est passé ces jours-ci. Quoi donc ? leur dit-il. Ils lui répondirent : Ce qui concerne Jésus de Nazareth, qui fut un prophète puissant en action et en parole devant Dieu et devant tout le peuple : comment nos grands prêtres et nos chefs l'ont livré pour être condamné à mort et l'ont crucifié, et nous, nous espérions qu'il était celui qui allait délivrer Israël. Mais, en plus, voici le troisième jour que ces faits se sont passés. Toutefois quelques femmes qui sont des nôtres nous ont bouleversés. S'étant rendues au tombeau de grand matin et n'ayant pas trouvé son corps, elles sont venues nous dire qu'elles ont même eu une vision d'anges qui le déclarent vivant. Quelques-uns de nos compagnons sont allés au tombeau et ce qu'ils ont trouvé était conforme à ce que les femmes avaient dit, mais lui, ils ne l'ont pas vu. Et il leur dit : Esprits sans intelligence, coeurs lents à croire tout ce qu'ont déclaré les prophètes ! Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire ? Et commençant pas Moïse et par tous les prophètes, il leur expliqua dans toutes les Écritures ce qui le concernait. Ils approchèrent du village où ils se rendaient, et lui fit mine d'aller plus loin. Ils le pressèrent en disant : Reste avec nous car le soir vient et la journée déjà est avancée. Et il entra pour rester avec eux. Or, quand il se fut mis à table avec eux, il prit le pain, prononça la bénédiction, le rompit et le leur donna. Alors leurs yeux s'ouvrirent et ils le reconnurent, puis il leur devint invisible. Et ils se dirent l'un à l'autre : Notre coeur ne brûlait-il pas en nous tandis qu'il nous parlait en chemin et nous ouvrait les Écritures ? A l'instant même, ils partirent et retournèrent à Jérusalem. Ils trouvèrent réunis les Onze et leurs compagnons qui leur dirent : C'est bien vrai ! Le Seigneur est ressuscité, et il est apparu à Simon. Et eux racontèrent ce qui s'était passé sur la route et comment ils l'avaient reconnu à la fraction du pain.
Dimanche veut dire : Jour du Seigneur. C'est le nom que les
disciples ont donné au jour de la résurrection parce
qu'ils ont découvert que Jésus était le Seigneur. ce jour est inoubliable.
C'est leur repère, jour où ils se reconnaissent en se réunissant, jour aussi
où on les reconnaît. C'est leur carte d'identité : les chrétiens se
rassemblent chaque dimanche pour célébrer le Ressuscité. Nous sommes loin
d'une obligation, c'est la foi qui s'exprime. Et quelques années plus tard, des
martyrs préféreront mourir que d'y renoncer : nous ne pouvons pas vivre sans
nous rassembler. l'Eglise, avec un grand E, la famille des disciples du Christ,
de ceux qui ont compris que la foi est une affaire communautaire, a vingt
siècles d'expérience du dimanche. Depuis Emmaüs jusqu'à dimanche dernier (et
cela se poursuivra dimanche prochain), elle en a besoin pour vivre, elle en a
besoin pour faire signe aux autres. Nul ne peut parler de sa foi comme d'une
possession individuelle. La foi est en quelque sorte un jeu de société : j'ai
besoin des autres et les autres ont besoin de moi. C'est ce que l'apôtre Paul
voulait faire comprendre aux chrétiens de Corinthe : Le corps est un, pourtant
il y a plusieurs membres mais tous les membres du corps malgré leur nombre ne
forment qu'un seul corps. Il en est de même du Christ. Le corps ne dispose pas
d'un seul membre, mais de plusieurs. Dieu a disposé dans le corps chaque membre
selon sa volonté. (1 Cor. 12).
Nous avons besoin de nous confronter les uns aux autres pour assurer la présence de l'Eglise dans le monde. Ainsi on devient responsables du Christ : la foi, c'est l'affaire de tous. Venir à l'Eglise, c'est répondre à l'appel du Seigneur, prier en union avec les chrétiens, célébrer le Ressuscité. Il ne suffit pas de dire : Seigneur, Seigneur, pour entrer dans le Royaume des cieux, il faut faire la volonté du Père qui est aux cieux. Il faut prier : Seigneur, viens à mon aide ! A la fin de la messe, on dit : Allez vers vos frères pour dire la Bonne Nouvelle. Si on ne le fait pas, si on ne répond pas à cet envoi, on ne fait pas grand chose dans l'eucharistie, on ne répond pas à la volonté du Père. S'il n'y a pas de prière communautaire, cela ne va pas. On ne vient pas à l'eucharistie les mains vides et on ne repart pas les mains dans les poches : on arrive avec ses difficultés, et on repart vers un monde qui attend de nous la joie. Si on n'a pas la force du Seigneur qui dit : Je suis avec vous ! Croyez et vous vivrez ! on ne peut pas continuer la route. Seuls, nous ne pouvons rien. L'eucharistie est une nourriture. Les chrétiens puisent leurs force dans le Corps du Christ. parler du corps, cela signifie qu'il n'est pas question de limiter la foi simplement au sentiment, il faut des actes, du concret, on a besoin de chants, de gestes, de signes pour rendre visible ce qui se vit au fond du coeur. Célébrer l'eucharistie, c'est répondre à l'invitation du Christ : Faites ceci en mémoire de moi. Quand, à la fin de la messe, le prêtre dit : Allez dans la paix du Christ, c'est une invitation à la pratique de la semaine, pour annoncer, par sa vie, le monde de paix, de justice et d'amour dont la messe a jeté et célébré les premières semences.
Pour préparer l'eucharistie
a. Le rassemblement des chrétiens
Les chrétiens affirment que Jésus-Christ est vivant et
présent au milieu d'eux. En se rassemblant pour célébrer l'eucharistie, ils
écoutent la Parole de Dieu qui donne sens à leur vie, ils partagent le Corps
du Seigneur qui est le pain de la route vers le Royaume de Dieu. Nourris de la
Parole de Dieu et du Pain de vie, ils sont frères. Comprenons-nous l'importance
des rassemblements qui permettent à chacun de retrouver la source de sa vraie
vie ?
b. L'unité des chrétiens
Les rassemblements ne constituent pas des réunions de gens placés les uns à côté des autres. Ces gens sont réunis par un amour commun pour une même chose : un sport, une activité... Dans l'eucharistie, le Christ invite les chrétiens à se réunir. mais ils se savent divisés. Ils demandent pardon à Dieu de leurs incompréhensions, de leurs désunions.
c. La vie fraternelle
Communier au Corps du Christ, c'est avoir part à sa vie. En mangeant le même pain, les chrétiens deviennent tous frères. Vivre ensemble comme des frères, ce n'est pas évident. Des obstacles surgissent sans cesse qui les empêchent de vivre véritablement en frères. Aimer, ce n'est pas toujours très simple. Quels sont les obstacles à l'amour fraternel ?
d. Le partage
L'eucharistie invite les chrétiens au renouvellement de leur vie. Le pain qu'ils rompent est communion au Corps du Christ... Comment peuvent-ils accueillir le Christ sans s'accueillir les uns les autres, en mettant en commun les biens dont ils disposent.
e. L'importance de la Parole de Dieu
Pour les chrétiens, il ne s'agit pas seulement d'écouter de belles paroles de la Bible ou de Évangile, mais de découvrir que les paroles qu'ils entendent doivent inspirer toute leur vie. Comment les chrétiens reçoivent-il la Parole et en vivent-ils ?
f. L'importance du don
Ce que les hommes ont à leur disposition leur a été remis gratuitement. Ce n'est pas Dieu qui a partagé le monde en plusieurs zones, entre les nantis et les démunis. Dieu a donné la terre à tous les hommes, et il ne leur reprend rien. Mais il les invite à lui offrir les biens qu'il leur donne, et c'est dans la joie que les chrétiens lui offrent le pain qui fait vivre, le vin qui réjouit le coeur de l'homme, tout le travail qu'ils effectuent pour participer à sa création.
g. Découvrir les merveilles de Dieu
La création est un sujet d'admiration. ceci est vrai quand nous contemplons de beaux paysages ou quand nous découvrons d'autres horizons. Y découvrons-nous la première manifestation de l'amour que Dieu nous témoigne. Dans l'eucharistie, les chrétiens rendent grâce à Dieu pour toutes les merveilles qu'il accomplit en faveur des hommes.
h. Participer au travail créateur de Dieu
Le travail, qu'il soit manuel ou intellectuel, est une participation à l'oeuvre de Dieu. par le travail, les hommes accomplissent la volonté de Dieu qui leur permet de devenir ses coopérateurs. Quelles sont les richesses que nous découvrons par notre travail ? Les chrétiens rendent grâce à Dieu pour les merveilles qu'ils accomplissent avec son aide.
i. L'importance de la nourriture
Le pain est un aliment de base. Être copain signifie : être capable de partager son pain avec l'autre. Le repas, ce n'est pas simplement manger et boire, c'est aussi partager la même vie. Dans l'eucharistie, les chrétiens sont invités à devenir des hommes de partage, en apprenant à partager le pain de la terre.
j. La responsabilité des chrétiens
Il ne suffit pas d'aller à la messe pour être un bon chrétien, comme il ne suffit pas de prendre des engagements au service des autres pour être un bon chrétien. Dans l'eucharistie, les chrétiens sont rassemblés pour célébrer le Christ vivant au milieu d'eux. Mais le Christ les renvoie sur les routes des hommes pour faire un monde nouveau, le Royaume de Dieu.