Réconciliation, sacrement de l'espérance

 

 

Bien qu'elle se sache l'Église de la Pentecôte, l'Église catholique sait aussi qu'elle est composée d'hommes et de femmes, installés dans leurs habitudes, traversés par les doutes les plus profonds ; elle sait qu'elle constitue un peuple de pécheurs appelés à vivre de la sainteté même de Dieu. Les chrétiens confirmés par le don de l'Esprit sont appelés à se mettre tout entiers au service du Royaume en construction dans le monde présent, avec toute leur intelligence, toute leur volonté, toute leur capacité d'amour. Ce Royaume a besoin de toutes les volontés et de tous les coeurs, même si les hommes qui ont reçu de don de l'Esprit n'en restent pas moins limités, même si ces hommes sont sans cesse appelés à vivre la réconciliation avec Dieu qui les appelle.

Dans la vie quotidienne, la réconciliation joue un grand rôle entre les personnes, entre les groupes, entre les États. Bien souvent, des querelles se terminent par une poignée de mains, qui signifie la restauration d'une relation d'amitié. Les guerres se terminent par des traités de paix, préambules à de nouvelles relations entre les peuples qui s'opposaient. La réconciliation est une attitude de relation. Pour le chrétien, elle est aussi une rencontre nouvelle avec Dieu, par Jésus-Christ.

Pour les chrétiens, Jésus-Christ, par sa mort et sa résurrection, a opéré le retour des hommes vers Dieu. Il y a un changement d'optique : il ne s'agit plus de se forcer pour revenir vers Dieu, il s'agit simplement de se laisser conduire par Jésus vers le Père qui offre son pardon pour faire vivre les hommes comme ses enfants.

La réconciliation est la célébration de la rencontre de Dieu avec son peuple, comme la célébration du Christ qui fait entrer les hommes avec lui dans le monde restauré de Dieu. Aussi n'est-il pas possible de considérer la réconciliation comme un rite magique, une sorte de psychothérapie, mais il faut plutôt la considérer comme un acte d'espérance. Pour le chrétien, la réconciliation est une invitation à inaugurer une vie nouvelle. Ce n'est pas un rite qui effacerait automatiquement le péché. En célébrant Jésus-Christ ressuscité, le chrétien se tourne vers l'avenir qu'il ouvre à toute l'humanité, dans l'alliance qu'il renouvelle avec Dieu pour tous les hommes.

Depuis que les disciples ont reçu le pouvoir de pardonner les péchés, c'est-à-dire depuis le soir de la Pâque, le sacrement du pardon a connu une grande évolution avec des noms différents qui insistent sur l'un ou l'autre aspect de ce sacrement.

Jésus a confié à ses apôtres le pouvoir de pardonner les péchés. Des affirmations très nettes se trouvent dans l’Évangile : La Paix soit avec vous. Comme le Père m'a envoyé, à mon tour, je vous envoie. Recevez l'Esprit-Saint. Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis. Ceux à qui vous les retiendrez, ils seront retenus (Jn. 20, 21-23). Au soir de la Pâque, le Christ confirme son Église comme le lieu de la rémission des péchés, en l'inscrivant directement dans le sillage du don de l'Esprit-Saint. Il ne saurait plus faire de doute que le sacrement du pardon ait été institué par Jésus, dès le moment de la profession de foi de Pierre : Tu es Pierre, et sur cette pierre, je bâtirai mon Église et la puissance de la mort n'aura pas de force contre elle. Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux. Tout ce que tu lieras sur la terre sera lié aux cieux, tout ce que tu délieras sur la terre sera délié aux cieux (Mt. 16, 18-19).

La tradition primitive de l'Église présentait la réconciliation comme un second baptême, comme une mort avec le Christ pour ressusciter avec lui. C'est dans la mort et la résurrection du Christ que les chrétiens découvrent la relation qui existe entre le péché du monde et le salut proposé par Dieu. Car il convient de remarquer que ce n'est que dans la découverte de l'amour qu'il est possible de découvrir la dimension des ruptures d'amour. C'est parce que le Christ est mort pour le salut des hommes que ceux qui ont mis leur foi en lui peuvent percevoir le décalage qui existe entre eux et Dieu. C'est parce que le Christ est ressuscité que ces croyants entrent dans la vie, la vie de la grâce, la vie du don gratuit de Dieu, cette vie qu'ils obtiennent en surabondance.

Célébrer la réconciliation, c'est non pas confesser l'existence du péché, c'est confesser que Jésus-Christ est le Seigneur, vainqueur de la mort et du péché, c'est confesser l'espérance de vie qu'il ouvre à l'humanité qui accepte l'amour de Dieu, manifesté dans celui qui a donné sa vie pour le salut des hommes.