LE MANIFESTE DE JESUS
Heureux êtes-vous,
le Dieu de Justice arrive !
Dès
le début de sa vie publique, Jésus a manifesté qu'il était un homme libre.
Il commence sa prédication par la proclamation des Béatitudes, c'est ce que
nous appelons, depuis saint Augustin, le Sermon sur la montagne, où Jésus
présente la loi-cadre de son Royaume. Le Royaume de Dieu, dans la conception de
Jésus, c'est l'existence humaine, de la manière où il la vit. Le Royaume,
c'est Jésus vivant notre vie. En quelques paroles, il indique le chemin qu'il
faut suivre pour être son disciple. Cela lui vaudra des difficultés avec les
autorités civiles et religieuses. Par huit fois (le chiffre de
l'accomplissement : celui de l'histoire <7> augmenté de celui de Dieu
<1>), le cri de bonheur retentit sur des situations de détresse. Le
Christ se met du côté des pauvres, des opprimés, des laissés pour compte.
Les béatitudes sont un S.O.S. de Jésus en faveur des sans voix auxquels il
s'identifie. Pour nous, c'est une invitation à découvrir, à sa suite,
l'itinéraire de l'espérance : il y a un chemin du bonheur à trouver pour tous
les hommes. Le mot "heureux" doit être plus exactement traduit par
"progrès pour", "en avant" : vous êtes sur la bonne voie
en mesurant votre pas sur celui du Christ, il s'est mis avec vous pour vous
sauver. Les béatitudes sont l'autoportrait de Jésus.
Evangile selon saint Matthieu (Mt. 5, 1-12)
Quand Jésus vit toute la foule qui le suivait, il gravit la montagne. Il s'assit et ses disciples s'approchèrent. Alors, ouvrant la bouche, il se mit à les instruire. Il disait :
Heureux les pauvres de coeur : le Royaume des cieux est à eux !
Heureux les doux : ils obtiendront la terre promise !
Heureux ceux qui pleurent : ils seront consolés !
Heureux ceux qui ont faim et soif de justice : ils seront rassasiés !
Heureux les miséricordieux : ils obtiendront miséricorde !
Heureux les coeurs purs : ils verront Dieu !
Heureux les artisans de paix : ils seront appelés fils de Dieu !
Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice : le Royaume des cieux est à eux !
Heureux serez-vous si l'on vous insulte, si l'on vous persécute et si l'on dit faussement toute sorte de mal contre vous à cause de moi. Réjouissez-vous, soyez dans l'allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux !
Ce discours est un modèle pour toute existence. Nous pouvons toujours découvrir des hommes, des femmes, des jeunes, des enfants qui ont vécu et qui vivent selon l'idéal des Béatitudes proposées par Jésus. D'ailleurs, tous ceux qui en vivant ne sont pas nécessairement sortis du cercle de ceux qui sont simplement déclarés chrétiens par une inscriptions sur un registre de baptême. Le coeur de Dieu est plus grand que le nôtre, et cela est heureux !
Jésus-Christ est un modèle qui a combattu pour l'homme parmi les hommes. Rien de plus, mais c'est beaucoup à mes yeux, rien de moins. De son enseignement qui a été transmis par la prédication des premiers temps du christianisme, je retiens ce qu'il y a de particulièrement humain, c'est-à-dire la grande révélation de l'égalité et de la fraternité des hommes. René Andrieux, rédacteur de l'Humanité.
A mesure qu'augmentait mon contact avec les vrais chrétiens, je vis que le Sermon sur la montagne était le christianisme pour qui veut vivre une vie chrétienne. C'est ce sermon qui m'a fait aimer Jésus. Gandhi
Voici une méditation sur les béatitudes. L'ayant lue en catéchèse, il serait bon de le relire personnellement dans les semaines qui suivent...
Heureux les pauvres de coeur
Non pas ceux qui baignent dans la misère, car la pauvreté imposée est un scandale et l'homme n'est pas fait pour la misère. Mais ceux qui ne sont pas gonflés par leur importance, qui ne sont pas bourrés du désir de posséder. Ceux qui, au milieu de leurs soucis, gardent le coeur assez libre pour rester ouverts à leurs frères, ouverts à un avenir.
Heureux les doux
Non pas les mollassons, les résignés, mais les solides, les patients, ceux pour qui l'agressivité n'est plus un besoin, ni la revanche un désir. Ceux à côté de qui il est possible de vivre parce qu'ils ne prennent pas toute la place. Ceux qui communiquent, ceux qui, ayant la parole, savent la donner.
Heureux ceux qui pleurent
Non pas les aigris, les réfugiés du fatalisme, ceux qui se répètent bêtement que c'est la volonté de Dieu, comme si Dieu voulait qu'on pleure ! Mais ceux qui, par amour, ont de la peine, ceux à qui l'autre est nécessaire. Ceux qui sont révoltés par la douleur du monde, qui ne peuvent prendre leur parti du malheur de leurs frères.
Heureux ceux qui ont faim et soif de justice
Ni bourreaux, ni fanatiques de règlements. Mais des hommes qui harmonisent leurs actions, leurs pensées avec le vouloir de Dieu, ceux qui sont passionnés pour l'homme, qui se battent pour qu'ils puissent vivre debout, dans la dignité.
Heureux les miséricordieux
Ni amnésiques, ni faibles. Mais des hommes qui n'enferment jamais autrui dans son péché et lui offrent toujours les portes d'un avenir. Ceux qui ne connaissent pas la sécheresse de l'indifférence, ceux qui, avant de parler, portent sur tout être un regard d'amour.
Heureux les coeurs purs
Ni castrés, ni frigides, mais des êtres sans partage, les êtres d'un seul amour, d'une seule foi, et qui s'efforcent de lui être fidèles. Ceux qui sont transparents, ceux qui, devant Dieu et sa Parole, savent s'émerveiller.
Heureux les artisans de paix
Ni muets, ni placides. Non pas ceux qui nivellent les difficultés, mais ceux qui s'interdisent d'escamoter les tensions, qui permettent que surgissent les vraies questions et que se clarifient les situations. Ceux qui consentent, avec leurs partenaires, à rechercher inlassablement, patiemment, des solutions, ceux qui sont source de réconciliation.
Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice
Non pas les fanatiques, ceux qui n'ont que Dieu à la bouche et la méchanceté sur les lèvres. Mis ceux qui s'engagent et vont jusqu'au bout de leur projet. Ceux qui prennent la Parole de Dieu au sérieux, ceux qui souffrant d'être fidèles, ceux qui meurent pour que les tombeaux s'ouvrent.
LES BEATITUDES
Le bonheur de l'homme
L'évangile rappelle souvent que nous sommes les "citoyens des cieux" et que nous devons vivre sur la terre en gardant sans cesse une dimension d'accueil au monde qui vient, le Royaume de Dieu. Dans son discours-programme, Jésus nous a laissé la loi-cadre de son Royaume : ce sont les Béatitudes. Pendant le temps qui nous sépare de la Toussaint, nous méditons l'évangile des béatitudes. C'est un texte très riche qui mérite que nous nous attardions sur lui puisqu'il forme le coeur de la vie chrétienne.
Le bonheur de l'homme |
Cherche plus haut |
Heureux les riches Amasse, spécule. Sans argent, on n'est rien du tout.
Heureux ceux qui ne se laissent pas marcher sur les pieds. Faites-vous de la place !
Heureux ceux qui rigolent, qui ne se bilent pas.
Chacun pour soi ! Il faut se défendre.
Les paumés, les malheureux, laisse-les tomber. Il ne faut pas être poire !
Profite de ta vie, de ta jeunesse Amuse-toi, jouis de ton corps et de celui des autres.
Venge-toi, ça lui apprendra ! La raison du plus fort est toujours la meilleure !
Planque-toi ! Ne te compromets pas pour Dieu. |
Heureux les pauvres de coeur : le Royaume des cieux est à eux !
Heureux les doux : ils obtiendront la terre promise !
Heureux ceux qui pleurent : ils seront consolés !
Heureux ceux qui ont faim et soif de justice : ils seront rassasiés !
Heureux les miséricordieux : ils obtiendront miséricorde !
Heureux les coeurs purs : ils verront Dieu !
Heureux les artisans de paix : ils seront appelés fils de Dieu !
Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice : le Royaume des cieux est à eux !
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Pour favoriser la réflexion en groupe
1. Ces textes sont contradictoires. Où se trouve le bonheur de l'homme, tel qu'il peut être désiré par nos contemporains ?
2. L'argent ne fait pas le bonheur. Est-ce bien exact ?
3. Où se trouve le bonheur du chrétien qui veut vivre selon l'Evangile ?
4. L'homme est fait pour se dépasser. Il doit chercher plus haut comme l'aigle de la fable lue précédemment. Comment est-il possible aujourd'hui de se dépasser ?
5. Qu'est-ce que la miséricorde ? Connaissez-vous des hommes et des femmes qui font oeuvre de miséricorde ? Faisons-nous preuve de miséricorde dans notre vie de jeunes ?
6. Que veut dire "être pauvre de coeur" ? Cela a-t-il un rapport avec les richesses que nous possédons ? Que signifie la parole de Jésus : "Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d'une aiguille qu'à un riche d'entrer dans le Royaume de Dieu" ?
7. Pouvez-vous citer des hommes et des femmes qui se sont engagés dans la lutte pour la justice et la paix ?
8. Ceux qui essaient d'appliquer les béatitudes sont-ils nécessairement des gens tristes ? Que pensez-vous du dicton : "Les saints tristes sont de tristes saints" ?
9. Trouvez une béatitude que vous appliquerez dans votre vie pendant ces semaines qui nous séparent de la Toussaint.
10. Nous venons de commencer un parcours sur les Béatitudes. Ce parcours se termine par une célébration, à laquelle vous êtes invités avec vos familles, avec les aînés de la Profession de foi. Pour cette célébration, chaque équipe prépare un panneau illustrant une Béatitude. Pensez à rechercher des documents variés et suggestifs qui permettront d'illustrer ce panneau.
Poussé par la foule lasse et excédée,
Le Christ arriva au palais de l'ONU.
Il avait le visage blême du chômeur,
Le pas incertain du réfugié,
Les épaules voûtées du mineur,
L'oeil triste du Palestinien,
Les mains inertes du Sibérien,
Le coeur avide d'un jeune.
Il n'était recommandé par personne.
Les larmes des humbles seules le faisaient avancer.
La justice pour les faibles était sa seule force.
Il frappa à la porte,
Mais, pour lui, c'était le "veto".
Les hommes n'étaient pas libres.
Au seuil du monde civilisé, il trouva la barbarie.
Il lut les Droits de l'homme
Et fut saisi de compassion.
L'homme a le droit à la vie,
Mais un enfant assassiné lui dit que ce n'était par vrai.
L'homme a droit à l'instruction
Mais un Indien lui dit que c'était pure plaisanterie.
L'homme a droit au travail,
Mais un Africain du Poussé par la foule lasse et excédée,
Le Christ arriva au palais de l'ONU.
Il avait le visage blême du chômeur,
Le pas incertain du réfugié,
Les épaules voûtées du mineur,
L'oeil triste du Palestinien,
Les mains inertes du Sibérien,
Le coeur avide d'un jeune.
Il n'était recommandé par personne.
Les larmes des humbles seules le faisaient avancer.
La justice pour les faibles était sa seule force.
Il frappa à la porte,
Mais, pour lui, c'était le "veto".
Les hommes n'étaient pas libres.
Au seuil du monde civilisé, il trouva la barbarie.
Il lut les Droits de l'homme
Et fut saisi de compassion.
L'homme a le droit à la vie,
Mais un enfant assassiné lui dit que ce n'était par vrai.
L'homme a droit à l'instruction
Mais un Indien lui dit que c'était purSud lui dit que depuis vingt cinq ans
C'est le contraire qui est vrai.
L'homme a droit à la paix,
Mais une veuve de guerre lui dit que personne ne pensait à elle.
L'homme a droit à la famille,
Mais un enfant d'orphelinat lui demanda ce que signifiait ces mots.
L'homme a droit à la liberté,
Mais un Argentin se mit à pleurer.
Et le Christ redescendit les marches du palais de verre.
Quand la foule lui demanda le résultat de sa visite,
Le Christ étendit les bras :
il était alors crucifié, comme le Vendredi Saint.
Alors la foule se dispersa. Il pleuvait.
Et le Christ demeura sous la pluie comme tant d'autres.
Personne ne s'arrêta. Personne ne l'invita à monter en voiture.
d'après Pier Luigi Torresin, Christo ancore un croce.
LES BEATITUDES
La voie de la sainteté
Nous continuons notre réflexion sur les béatitudes, en relisant d'abord ce texte de l'Evangile, qui est un appel pour tout chrétien à vivre de la sainteté même de Dieu : Soyez saints parce que votre Père du ciel est saint. Dans quelques jours, l'Eglise célébrera la fête de tous les saints. Interrogeons-nous sur le sens de cette fête et sur ce qu'est la sainteté aujourd'hui.
TOUS SAINTS !
Il y avait eu tant de martyrs et de témoins de la foi pendant les persécutions sanglantes qui ont frappé l'Eglise jusqu'au quatrième siècle qu'il était impossible de donner à chaque saint un jour de fête. Dans un album de famille, il est fréquent de regrouper tous les aïeux sur une même âge. C'est de cette même manière qu'est née l'idée de célébrer une fête de tous les saints. Un calendrier de 363 en fait mention, mais la date de la célébration variait selon les régions de la chrétienté. C'est en 875 que Louis le Débonnaire, descendant de Charlemagne, fixe le 1er Novembre pour cette fête dans toute l'étendue de son empire. Il faisait cela à la demande du pape Grégoire IV. Quand on feuillette un album de famille, il reste encore des visages qui s'installent dans toutes les mémoires, des visages connus. Alors, le lendemain de la fête des saints, nous pensons aussi à tous ceux que nous avons connus et qui ont quitté ce monde pour vivre auprès de Dieu.
L'album n'est pas terminé. Il y a aussi des hommes, des femmes, des jeunes, célèbres ou inconnus, qui changent la vie autour d'eux et qui répandent quelque chose qui vient de Dieu, parfois au péril de leur vie. Ainsi Maximilien Kolbe, Marcel Callo, Martin Luther King, Helder Camara, Oscar Romero, Jerzy Popieluszko, Mère Térèsa, Soeur Emmanuelle... Il y a même des non-chrétiens qui ouvrent aussi un chemin vers Dieu pour l'humanité. Ils passent en ce monde en faisant le bien. Ainsi, l'hindou Gandhi, le musulman Sadate... Ils prendront place dans la nuée des témoins qui montrent que la sainteté se prolonge encore aujourd'hui.
On les aura les pauvres ! On les exploitera jusqu'à la corde. On les aura ceux qui sont accablés, car ils seront marginalisés jusqu'à zéro !
On les aura ceux qui ont faim et soif de justice, car la force prime le droit et c'est la puissance de l'argent qui gouverne le monde.
On les aura ceux qui ont le coeur remplis d'amour, car ils auront la haine et l'indifférence en retour.
On les aura les coeurs droits et purs, car ils seront traités de rêveurs et de débiles.
On les aura les pacifiques, car ils seront pris entre deux feux.
On les aura ceux qui sont persécutés pour la justice, car en notre monde leur lutte n'a pas de place.
Pour favoriser la réflexion en groupe
1. Il serait certainement intéressant que chaque membre de l'équipe présente ce qu'il sait de son saint patron.
2. En suivant le fil de l'Histoire de l'Eglise, quels sont les saints qui ont le plus marqué la vie des autres chrétiens ?
3. Quelles sont les principales caractéristiques de la sainteté ?
4. Connaissez-vous des saints français ? Lesquels ?
5. Que pensez-vous de ce texte ?
Si tu peux conserver le calme quand tout le monde s'énerve,
Si tu peux rester confiant quand tous sont dans le doute
et compréhensif envers eux,
Su tu peux attendre sans impatience,
rester honnête au milieu de la tromperie
et pur au milieu de la corruption,
Si tu peux te garder humble dans le triomphe
et paisible dans la déroute,
Si tu peux employer ton temps avec sagesse,
ne faisant que le bien sans autre récompense que celle promise par Jésus,
Si tu sais vivre pour l'amour de Dieu et du prochain,
Alors, à toi la terre et le ciel, le temps et l'éternité,
les hommes et Dieu lui-même,
Tu es un homme, un chrétien, un saint.
6. Chaque équipe compose une courte prière (demande de pardon, prière universelle, prière de remerciement pour préparer la prochaine célébration.
Ils sont très bien élevés, les gosses qui meurent de faim,
Ils ne parlent pas la bouche pleine, ne gâchent pas leur pain,
Ne jouent pas avec la mie pour en faire des boulettes,
Ne font pas de caprices, ne disent pas "j'aime pas ça",
Ne font pas la grimace quand on enlève un plat.
Eux, ils ne trépignent pas pour avoir des bonbons,Ne courent pas dans vos jambes, ne grimpent pas partout,
Ils ont le coeur si lourd... qu'ils vivent à genoux.
Pour avoir leur repas, ils attendent sagement,Ils pleurent quelquefois quand ça dure trop longtemps.
Non, non, rassurez-vous, ils ne vont pas crier !Ces petits enfants-là, ils sont trop bien élevés.
Eux, ils pleurent sans bruit, on ne les entend pas,
Ils savent qu'ils ne peuvent rien attendre de leur mère,
Ils cherchent stoïquement du riz dans la poussière...
Mais ils ferment les yeux quand l'estomac se tord,
Quand la douleur atroce irradie tout le corps.
Non, non, soyez tranquilles, ils ne vont pas crier !
Ils n'en ont pas la force, seuls leurs yeux peuvent parler.
Ils vont prendre la pose pour faire un bon cliché,
Ils vont croiser leurs bras sur leur ventre gonflé,
Ils mourront doucement, sans bruit, sans déranger,
Ces petits enfants-là, ils sont si bien élevés.
Denise Roux