Jeanne d'Arc,

une jeune fille au service de la France

 

Des événements et des personnages du passé prennent, de façon quelquefois surprenante, signification pour le présent. Jeanne d'Arc en offre un exemple particulièrement flagrant. A notre époque où l'on parle tant de jeunesse précoce, de promotion de la femme, de sexualité assumée, d'engagement politique, d'action en faveur de la paix, cette jeune fille, brûlée vive à dix-huit ans sur la place du Vieux Marché de Rouen le 30 mai 1431, après avoir gaillardement chevauché sur les routes de France, a sur ces choses beaucoup à nous dire. Norbert Prouin, responsable de la paroisse Jeanne d'Arc à Rouen.

En 1428, la France est en guerre avec l'Angleterre depuis presque un siècle. Jeanne, jeune paysanne de Domrémy, aux marches de Lorraine, entend des voix d'inspiration divine : elle comprend que sa mission est de chasser les Anglais de France pour placer le dauphin sur le trône. Après une longue lutte contre elle-même, elle part à Vaucouleurs pour y rencontrer le sire Robert de Beaudricourt. Celui-ci la fera accompagner par deux hommes d'armes jusqu'à Chinon où elle rencontrera le dauphin, futur Charles VII. Bien que ne connaissant pas le dauphin, elle le reconnaît immédiatement au milieu des courtisans parmi lesquels il s'était caché pour la tromper. Elle le persuade de lui confier une armée pour marcher sur Orléans. Puis, elle le fera sacrer roi en la cathédrale de Reims. Sur ordre du roi, elle doit abandonner la partie et ne pas marcher sur Paris : une trêve a été conclue avec l'ennemi. Mais elle continue la lutte et tombe aux mains des Bourguignons devant Compiègne. Les Bourguignons la livrent aux Anglais qui la font condamner et brûler vive en 1431.

 Jeanne a été surnommée la Pucelle d'Orléans, ce surnom étonne et amuse. Il traduit une réalité à laquelle Jeanne accordait le plus grand prix : sa pureté. Jeanne s'est toujours voulue pure de corps et d'esprit. Jeune fille, belle, elle devait attirer les regards et les désirs. Mais elle avait compris qu'un vêtement d'homme était pour elle une sorte de protection. Toute coquetterie absente, elle n'acceptait jamais de plaisanterie douteuse. Pourtant, ses compagnons d'armes n'étaient pas des anges : les soldats de l'époque étaient de rudes baroudeurs qui causaient la terreur parmi les paysans des régions qu'ils traversaient. Et ils devaient certainement ricaner en apprenant qu'une "pucelle" allait partager la vie de leur camp. Pourtant, elle pouvait leur demander n'importe quoi, ils la suivaient !

Pour favoriser la réflexion en groupe

1. Messire Dieu, premier servi. N'est-ce pas une maxime qui devrait inspirer toute vie chrétienne ?

2. Vous ne devez pas prononcer le nom de Dieu en vain, vous ne jurerez pas. Comment traitons-nous le nom de Dieu ? Les jurons, les grossièretés, les "gros mots" sont-ils le signe d'une certaine forme d'éducation ?

3. Est-ce que vous avez dit votre prière du matin ? N'oubliez plus jamais pour sauver votre âme. Acceptons-nous de prier régulièrement ? Quel est le contenu de notre prière ?

4. Chacun de vous devra confesser ses péchés avant de combattre. Acceptons-nous de reconnaître notre condition de pécheurs devant Dieu ?

5. Tout ce que j'ai fait, je l'ai fait sous le commandement du Seigneur. Est-ce notre conduite aujourd'hui ?

6. Le Seigneur fera de moi tout ce qu'il voudra. Acceptons-nous de nous laisser conduire par Dieu et par l'Evangile ?

7. Une question peut se poser sur la mission de Jeanne : doit-on en conclure que Dieu avait donné sa préférence aux Français ?

8. En voulant faire couronner roi le dauphin, Jeanne se rendait compte que c'était le plus grand service qu'elle pouvait rendre au peuple des pauvres en non pas aux princes et aux puissants... Dès lors, le choix de Jeanne était-il politique ou évangélique ?

9. Qu'est-ce qui a pu faire de Jeanne une sainte ? son ardeur au combat ? son goût pour l'uniforme ? sa captivité et ses souffrances ? son amour de l'eucharistie ? sa droiture lors de son procès ? son respect de l'Eglise ? son amour pour Dieu, les pauvres et les petits ?

10. Le procès de Jeanne était prévu pour être religieux, puisque c'est l'évêque Cauchon qui menait les débats. Mais l'a-t-il été vraiment ?

11. Quelles sont les grandes irrégularités que vous avez pu percevoir dans ce procès et dans la condamnation de Jeanne ?

12. Le procès de Jeanne n'a-t-il pas d'étranges ressemblances avec celui de Jésus, même si les détails ne coïncident pas véritablement ? Jeanne, dans sa marche vers Reims, a été portée par la victoire. Mais sa route de Compiègne a été solitaire. Devant ses juges, qui seront ses bourreaux, elle est abandonnée de tous et doit subir sa passion.

Jeanne la révoltée, tu es notre soeur d'aujourd'hui.

Cette détresse de ton pays, tu ne la supportais pas.

Elles t'ont répugné les armes qui brûlaient, violaient, tuaient.

Sur ton coin de Lorraine, tu voulus le bonheur de tous.

Jeanne, mets en nos coeurs le même refus du mal.

Jeanne la vierge, tu es notre soeur d'aujourd'hui.

Tu ne les supportais pas, ni les paillards, ni les braillards.

Les forces impures venaient mourir aux pieds de ta droiture.

Aucun de tes fiers compagnons ne te troublaient l'âme.

Jeanne, mets en nos coeurs la même rectitude.

Jeanne la voyante, tu es notre soeur d'aujourd'hui.

Ta vie nous en assure : tes voix ne t'ont pas trompée !

Tes amis les Saints toujours guidaient tes pas.

Aux croisements de ton chemin, tu entendais le ciel.

Jeanne, mets en nos coeurs la même écoute de Dieu.

Jeanne la fidèle, tu es notre soeur d'aujourd'hui.

Plus forte que le doute, la Parole d'En Haut t'habitait.

Contre toi les hommes d'Eglise, mais en toi, l'amour de l'Eglise !

Et seule sur ton bûcher, c'est "Jésus" que tu crias !

Jeanne, mets en nos coeurs la même fidélité.

Jeanne qui chevauchais, tu es notre soeur d'aujourd'hui.

L'intensité de vie, la vie en plénitude,

Davantage encore de vie, ce fut ton choix de tous les jours.

Loin de toi la lassitude de l'existence et la tristesse amère.

Jeanne, mets en nos coeurs le désir et la joie !

 

DU PROCÈS DE JEANNE (1431)

Mon père s’appelait Jacques d’Arc. Ma mère, Isabelle, Chez moi, on m’appelait Jeannette. Depuis ma venue en France, Jeanne.

Quel âge avez-vous ?

A peu près dix-neuf ans.

J’ai été baptisée en l’église de Domrémy par maître Jean Minet, à ce que je crois.

C’est de ma mère que j’ai appris Pater Noster, Ave Maria, Credo. Je n’ai appris ma créance d’ailleurs que de ma mère.

Quand je fus grande, après l’âge de raison, en général je ne gardais pas les bêtes, mais j’aidais à les mener au pré.

Je ne suis venue en France que sur l’ordre de Dieu.

Puisque Dieu le commandait, il le convenait faire. Si j’eusse eu cent pères et cent mères, et si j’eusse été fille de roi, je serais partie.

Mon étendard était blanc, en toile blanche. Il y avait dessus écrit les noms de " Jhesus Marie ", je crois. Mon étendard, je l’aimais plus, quarante fois plus que mon épée.

Je portais mon étendard quand j’attaquais, pour éviter de tuer personne. Jamais je n’ai tué personne.

Et encore - Prends tout en gré. Ne te chaille de ton martyre. Tu en viendras à fin en royaume de paradis.

Très doux Dieu, en l’honneur de votre sainte Passion, je vous requiers, si vous m’aimez, que vous me révéliez ce que je dois répondre à ces gens d’Eglise.

Savez-vous si vous êtes en la grâce de Dieu?

Si je n’y suis, Dieu m’y mette. Et si j’y suis, Dieu m’y garde ! Je serais la plus malheureuse du monde, si je savais ne pas être en la grâce de Dieu !

Je m’en remets à Dieu de tout.

Ne croyez-vous pas être sujette à l’Église qui est sur la terre, notre saint Père le Pape, cardinaux, évêques et autres prélats d’Église ?

Oui, Notre Seigneur premier servi.

Je m’en attends à mon juge, c’est le Roi du ciel et de la terre.

J’en appelle à Dieu et à notre Seigneur le Pape.

C’est ma mort, maître Jean ?

J’aimerais mieux sept fois être décapitée que d’être ainsi brûlée. Donnez-moi les sacrements de pénitence, et la très sainte Eucharistie.

Non, non, je ne suis pas hérétique, ni schismatique, mais une bonne chrétienne.

Jésus, Jésus...