La Passion de Jésus

 

Contrairement à ce que l'on croit trop facilement, Jésus n'a pas fait semblant d'être homme, il n'a pas fait semblant de souffrir. Sous prétexte qu'il est Dieu, nous n'avons pas le droit de lui refuser d'être honnête et d'être vrai. Il est Dieu mais il est homme : il n'a pas profité du fait qu'il était Dieu pour tricher. Il n'a pas joué un rôle, il a joué sa vie, et il a perdu. Il n'a pas été un héros, il a été condamné à être crucifié comme n'importe quel condamné de droit commun, comme un voleur à la tire, comme un assassin... La foule, en délire, approuve sa condamnation, elle hurle à la mort et préfère libérer un assassin plutôt que de laisser vivre Jésus. Jésus est "le prophète assassiné".

Quand il est entré dans Jérusalem,

La foule a chanté son nom,

Quand il est entré dans Jérusalem,

Ils ont fleuri leurs maisons.

Il a partagé le pain et le vin,

C'était son dernier repas,

Il a partagé le pain et le vin,

Même Judas était là.

C'est lui, Jésus, le fils du charpentier.

C'est lui, Jésus, qui nous a tant aimés.

Armés de bâtons, ils l'ont arrêté,

Il s'est rendu sans un cri,

Armés de bâtons, ils l'ont arrêté,

Ses amis se sont enfuis.

Les chefs et les prêtres l'ont condamné

Et lui ont craché dessus,

Les chefs et les prêtres l'ont condamné,

Il ne s'est pas défendu.

On l'a vu tomber en portant sa croix,

Les soldats riaient de lui,

On l'a vu tomber en portant sa croix,

Mais des femmes l'ont suivi.

Il faisait grand jour quand ils l'ont cloué,

Sur les branches de la croix.

Il faisait grand jour quand ils l'ont cloué,

Il est mort au Golgotha.

Le troisième jour, il est apparu

A Marie de Magdala

Le troisième jour, il est apparu,

Ses amis n'y croyaient pas.

Depuis ce jour-là, il est avec nous,

Il ne nous a pas quittés,

Depuis ce jour-là, il est avec nous,

A jamais ressuscité.

 

Passion de Jésus-Christ... Passion du monde...

La Passion de Jésus se prolonge tous les jours dans notre monde sous des formes divers. Ouvrons donc notre coeur à la dimension du monde, ouvrons notre coeur à la dimension du coeur de Dieu.

L'agonie

Après le repas, Jésus parvient avec ses disciples à un domaine appelé Gethsémani et leur dit : Restez ici, pendant que je vais là-bas pour prier. Il emmena Pierre et les deux fils de Zébédée et commença à ressentir tristesse et angoisse. Il leur dit alors : Mon âme est triste à en mourir. Demeurez ici et veillez avec moi. Il s'écarta un peu et tomba la face contre terre, en faisant cette prière : Mon Père, s'il est possible que cette coupe passe loin de moi ! Cependant non pas comme je veux, mais comme tu veux. Puis il revient vers ses disciples et les trouve endormis. Il dit à Pierre : Ainsi, vous n'avez pas eu la force de veiller une heure avec moi ? Veillez et priez pour ne pas entrer en tentation, l'esprit est ardent, mais la chair est faible. Il retourna prier une deuxième fois : Mon Père, si cette coupe ne peut passer sans que je la boive, que ta volonté soit faite.

Par le petit garçon qui meurt près de sa mère

Tandis que les enfants s'amusent au parterre

Et par l'oiseau blessé qui ne sait pas comment

Son aile tout à coup s'ensanglante et descend

Par la soif et la faim et le délire ardent

Je vous salue, Marie.

La Passion de Jésus commence par la solitude. Face à la mort, il est seul. Ses disciples ne peuvent pas veiller avec lui. Même ses intimes, Pierre, Jacques et Jean s'endorment. Il ne trouve de réconfort que dans une prière angoissée : Mon Père, s'il est possible que cette coupe passe loin de moi ! Cependant non pas comme je veux, mais comme tu veux. La souffrance qu'éprouve le Christ est éprouvée aussi par les hommes. Chaque homme est seul devant sa mort. Ses amis l'abandonnent. Le petit garçon meurt pendant que les autres enfants s'amusent. Même dans le monde animal, la mort intervient sans que l'oiseau blessé puisse s'en rendre compte. L'agonie de chaque homme, dans la faim, la soif, le délire trouve sa référence dans l'agonie de Jésus. Le croyant peut trouver un appui dans la prière, prière à Dieu le Père, prière aussi à Marie, la Mère de Jésus, si proche des hommes. Jésus-Christ est présent dans le petit enfant qui meurt près de sa mère, comme il est présent dans toute souffrance physique injustifiée.

La flagellation

Pilate sortit du palais pour aller vers les Juifs, et il leur dit : Moi, je ne trouve en lui aucun motif de condamnation. Mais c'est la coutume chez vous que je relâche quelqu'un pour la Pâque. Voulez-vous que je vous relâche le roi des Juifs ? Mais les Juifs se mirent à crier : Pas lui ! Barabbas ! Ce Barabbas était un bandit. Pilate ordonne d'emmener Jésus pour le flageller. Les soldats tressent une couronne d'épines et la lui mettent sur la tête. Ils le revêtent d'un manteau de pourpre. Ils s'avancent vers lui en disant : Honneur à toi, roi des Juifs !

Par les gosses battus par l'ivrogne qui rentre

Par l'âne qui reçoit des coups de pieds au ventre

Et par l'humiliation de l'innocent châtié,

Par la vierge vendue qu'on a déshabillée

Par le fils dont la mère a été insultée

Je vous salue, Marie.

Devant la foule qui réclame la mort de Jésus, Pilate n'ose pas prendre une position nette. Il ne trouve rien de condamnable dans sa conduite, dans ses faits et gestes. Pour ne pas perdre son prestige, pour ne pas risquer sa situation, il va céder à la foule, en permettant que jésus soit flagellé. Pourquoi faire fouetter un homme en qui on ne trouve aucun motif de condamnation ? Jésus est l'innocent qui souffre à la place d'un coupable. La souffrance de Jésus, innocent châtié, continue d'être la souffrance du monde. Sa Passion est vécue par ceux qui subissent des outrages sans être coupables, comme les gosses battus par l'ivrogne. Il faut toujours quelqu'un pour subir les emportements de l'autre... Le monde animal connaît aussi cette souffrance, l'âne reçoit des coups de pied s'il refuse d'avancer. Chaque fois qu'un innocent, quel qu'il soit, est puni ou torturé, la Passion se continue. La méchanceté des hommes conduit souvent à ne pas entendre la cause vraie : tout innocent est un coupable qui s'ignore et il vaut mieux qu'il soit puni d'avance.

Le portement de croix

Pilate cherchait à relâcher Jésus, mais les Juifs se mirent à crier : Si tu le relâches, tu n'es pas l'ami de l'empereur. Quiconque se fait roi s'oppose à l'empereur. Entendant ces paroles, Pilate amena Jésus dehors. Il le fit asseoir sur une estrade à l'endroit que l'on appelle le Dallage. C'était un Vendredi, veille de la Pâque, vers midi. Pilate dit aux juifs : Voici votre roi ! Alors ils crièrent : A mort ! A mort ! Crucifie-le ! Pilate leur dit : Vais-je crucifier votre roi ? Les chefs des prêtres répondirent : Nous n'avons pas d'autre roi que l'empereur. Alors il leur livra Jésus pour qu'il soit crucifié, et ils se saisirent de lui. En sortant, les soldats trouvèrent un certain Simon, originaire de Cyrène, et ils le réquisitionnèrent pour porter la croix avec Jésus.

Par la vieille qui, trébuchant sous trop de poids,

S'écrie : Mon Dieu ! Par le malheureux dont les bras

Ne purent s'appuyer sur une amour humaine,

Comme la croix du Fils sur Simon de Cyrène

Par le cheval tombé sous le chariot qu'il traîne

Je vous salue, Marie.

Le condamné devait porter lui-même l'instrument de son supplice jusqu'au lieu de l'exécution. Jésus, après avoir été châtié sans raison, doit quand même être mis en croix. Mais les outrages et les tortures l'ont épuisé. Il n'arrivera sans doute pas au lieu de son exécution. Il ne convient pas que le condamné ne subisse pas son châtiment jusqu'au bout. L'épuisement physique de Jésus explique le fait qu'un passant soit réquisitionné pour porter la croix avec lui. Cet homme sera un certain Simon qui revenait des champs. Dans le monde, la Passion du Christ se poursuit sous les formes les plus diverses de l'épuisement physique : la vieille trébuche sous trop de poids, l'homme ne trouve aucun réconfort auprès de ses semblables. Le monde animal connaît la même souffrance : le cheval tombe sous le chariot... Porter sa croix est une expression qui prend alors tout son sens. Il ne faut pas chercher bien loin pour comprendre la douleur et la souffrance de ceux qui nous sont proches.

La crucifixion

Jésus, portant sa croix, sortit de Jérusalem, en direction du lieu-dit Golgotha. Là, ils le crucifièrent, et avec lui deux autres, un de chaque côté et Jésus au milieu. Pilate avait rédigé un écriteau qu'il fit placer sur la croix, avec cette inscription : Jésus le Nazaréen, roi des Juifs. Comme on avait crucifié Jésus dans un endroit proche de la ville, beaucoup de Juifs lurent cet écriteau qui était libellé en hébreu, en latin et en grec. Alors les prêtres des Juifs dirent à Pilate : Il ne fallait pas écrire : Roi des Juifs, mais : Cet homme a dit : Je suis le roi des Juifs. Pilate répondit : Ce que j'ai écrit, je l'ai écrit. Quand les soldats eurent crucifié Jésus, ils prirent ses habits. Ils en firent quatre parts, une pour chacun. Restait la tunique, c'était une tunique sans couture, tissée toute d'une pièce de haut en bas. Alors, ils se dirent entre eux : Ne la déchirons pas, tirons au sort celui qui l'aura. Ainsi s'accomplissait la parole de l'Ecriture : Ils se sont partagé mes habits, ils ont tiré au sort mon vêtement. C'est bien ce que firent les soldats. Après cela, Jésus dit : Tout est accompli. Puis, inclinant la tête, il remit l'esprit.

Par les quatre horizons qui crucifient le monde

Par tous ceux dont la chair se déchire ou succombe

Par ceux qui sont sans pieds, par ceux qui sont sans mains

Par le malade que l'on opère et qui geint

Et par le juste mis au rang des assassins

Je vous salue, Marie.

Dépouillé de tout caractère humain, Jésus finit par connaître la condition de l'esclave révolté qui s'est enfui. La crucifixion était, en effet, à l'origine, le châtiment qui leur était réservé. Jésus s'est fait obéissant jusqu'à la servitude. La grandeur du roi des Juifs, c'est de servir, c'est d'être mis au rang des criminels et des rebelles. La passion du Christ se poursuit dans le monde, mais uniquement dans le monde humain. Car l'homme est le seul être qui puisse donner un sens à sa souffrance, même s'il lui arrive d'être totalement démuni devant elle. La souffrance, acceptée et vécue en union avec la souffrance de Jésus, est une participation à la croix du Christ.

La résurrection

Après le sabbat, à l'heure où commençait le premier jour de la semaine, Marie Madeleine et l'autre Marie vinrent faire leur visite au tombeau de Jésus. Et voilà qu'il y eut un grand tremblement de terre. L'ange du Seigneur descendit du ciel, vint rouler la pierre et s'assit dessus. Il avait l'aspect de l'éclair et son vêtement était blanc comme neige. Les gardes, dans la crainte qu'ils éprouvèrent, furent bouleversés et devinrent comme morts. Or l'ange, s'adressant aux femmes, leur dit : Vous, soyez sans crainte ! Je sais que vous cherchez Jésus le Crucifié. Il n'est pas ici car il est ressuscité comme il l'avait dit. Venez voir l'endroit où il reposait. Puis vite, allez dire à ses disciples : Il est ressuscité d'entre les morts, il vous précède en Galilée, là vous le verrez. Voilà ce que j'avais à vous dire. Vite elles quittèrent le tombeau, tremblantes et toute joyeuses, et elles coururent porter la nouvelle aux disciples. Et voici que Jésus vint à leur rencontre et leur dit : Je vous salue. Elles s'approchèrent et lui saisissant les pieds, elles se prosternèrent devant lui. Alors Jésus leur dit : Soyez sans crainte ! Allez annoncer à mes frères qu'ils doivent se rendre en Galilée, c'est là qu'ils me verront.

Par la mère apprenant que son fils est guéri

Par l'oiseau rappelant l'oiseau tombé du nid

Par l'herbe qui a soif et recueille l'ondée

Par le baiser perdu, par l'amour redonné

Et par le mendiant retrouvant sa monnaie

Je vous salue, Marie.

Les chrétiens savent que la mort n'est pas une fin : Jésus est ressuscité d'entre les morts. C'est tout le contenu de l'Evangile qui leur permet de passer à travers les morts quotidiennes, et pas seulement cette mort qui marque la fin de la vie sur la terre. Les chrétiens doivent vivre sans crainte, dans l'espérance. Cette espérance affirme que la mort n'est pas une fin, que toute maladie n'est pas pour la mort : la mère apprend que son fils est guéri, l'oiseau peut voler de nouveau, l'herbe reverdit après la sécheresse. Si la souffrance est une prière, la joie et l'action de grâce en sont une autre.

Pour favoriser la réflexion en groupe

1. En vous aidant de vos souvenirs, en vous aidant également des textes de l'Evangile, vous chercherez toutes les raisons qui ont poussé le gouverneur romain, Pilate, à condamner Jésus.

2. Que reprochait-on à Jésus ? Pourquoi les chefs et les prêtres l'ont-ils condamné ?

3. Judas mériterait-il d'être réhabilité ? N'est-ce pas grâce à lui que tout a pu se dérouler selon le plan de Dieu ?

4. Que pensez-vous de l'attitude des disciples de Jésus ? Pourquoi ses amis se sont-ils enfuis ? Pourquoi Jésus ne s'est-il pas défendu ?

5. Il a souffert sous Ponce-Pilate. Le procurateur de Judée est entré dans l'histoire uniquement parce qu'il a ordonné l'exécution de Jésus. Est-il complètement responsable de sa mort ? Pilate apparaît comme le type même du lâche. Un tel jugement est-il bien justifié ?

6. Je suis né, je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque est de la vérité écoute ma voix. Pilate dit : Qu'est-ce que la vérité ? Et pour nous, qu'est-ce que la vérité ?

7. Que pensez-vous de l'attitude de la foule qui, un jour, acclame Jésus, et qui, peu de temps après, réclame sa mort ? Ne sommes-nous pas aussi versatiles que cette foule ?

Vous pouvez aussi méditer sur le texte suivant :

Jésus a été condamné pour atteinte à Dieu. 

Il disait :

Notre Père qui est dans les cieux.

Alors n'importe qui serait son enfant ?

Il est condamné pour atteinte au pouvoir de Dieu. 

Il disait :

Mon Père et moi, nous sommes un.

Alors, il serait le Fils de Dieu ?

Il est condamné pour atteinte à la religion. 

Il disait :

Les vrais adorateurs adorent le Père en esprit et vérité.

Alors il ne suffit plus d'accomplir des rites ?

Il est condamné pour atteinte au Messie guerrier. 

Il disait :

Je suis doux et humble de coeur.

Alors il n'y aurait plus de guerre contre les méchants ?

Il est condamné pour atteinte aux bonnes moeurs. 

Il disait :

Les prostituées vous précèdent dans le Royaume de Dieu.

Alors les experts de la vertu perdraient leurs mérites ?

Il est condamné pour atteinte à la puissance. 

Il disait :

Heureux les doux !

Alors la faiblesse serait source de bonheur ?

Il est condamné pour atteinte à l'ordre établi. 

Il disait :

Je ne suis pas venu appeler les justes mais les pécheurs.

Alors les pécheurs seraient les premiers de la hiérarchie ?

Il est condamné pour atteinte à l'ordre public. 

Il disait :

Je ne suis pas venu apporter la paix mais le glaive.

Alors il faudrait prévoir des troubles à cause de lui ?