Maximilien Kolbe
Donner sa vie
Le
10 Octobre 1982, sur la place saint Pierre de Rome, devant 200000 fidèles,
Jean-Paul II canonisait Maximilien-Marie Kolbe, comme martyr de la foi et de la
charité. Des anciens déportés étaient présents et parmi eux François
Gajowniczek, âgé de 82 ans, le père de famille sauvé par Maximilien Kolbe.
Le pape parlait de lui de la manière suivante : Il n'y a pas de plus grand
amour que de donner sa vie pour ses amis, a dit Jésus, la veille de sa mort. A
partir d'aujourd'hui, l'Eglise veut appeler saint un homme auquel il a été
donné d'accomplir ces paroles du Christ. En Juillet 1941, on fit mettre en rang
les prisonniers destinés à mourir de faim, Maximilien-Marie Kolbe se présenta
spontanément et déclara qu'il était prêt à aller vers la mort à la place
de l'un d'eux. Après deux semaines de tourments causés par la faim, une
injection mortelle lui enleva la vie, le 14 Août 1941. Tout cela arriva dans le
camp d'Auschwitz. La désobéissance à Dieu, créateur de la vie, a causé en
ce lieu l'hécatombe de tant d'innocents. Notre époque est restée marquée par
l'extermination de l'homme innocent. Le père Kolbe revendiqua sur le lieu de la
mort le droit à la vie d'un innocent. Cet homme, François Gajowniczek, vit
encore. Pour lui, le Père Kolbe a réaffirmé le droit exclusif du Créateur
sur la vie de l'homme, et il a rendu témoignage au Christ et à l'amour. En
donnant sa vie pour un frère, il s'est rendu semblable au Christ. Pour cela,
j'ai décrété que Maximilien Kolbe sera vénéré comme martyr. Elle est
précieuse aux yeux du Seigneur la mort de ses amis.
Qui était donc Maximilien Kolbe ?
La Pologne où il naît le 7 Janvier 1894 est le pays de la
Vierge, Notre Dame de Czestochowa. Elle choisit le petit Raymond qui n'est pas
un saint. Il est violent, turbulent, batailleur. Excédée, sa mère s'écria un
jour : Mon pauvre enfant, qu'est-ce que tu vas devenir ? Or, de jour en jour,
Raymond devient plus sage et plus obéissant. Surprise de cette transformation,
sa mère l'observe et découvre qu'il disparaît souvent près de l'autel de
Notre Dame de Czestochowa. L'enfant priait longuement et quittait l'endroit les
yeux pleins de larmes. Intriguée, elle demande ce qu'il a, il répond : Je l'ai
vue, elle tenait deux couronnes, l'une blanche, l'autre rouge. Elle m'a
expliqué : la première veut dire "tu seras pur" et la deuxième
"tu seras martyr". Puis elle m'a demandé : Laquelle choisis-tu ? J'ai
répondu : Les deux. Elle a souri et elle est partie. Sa première idée est de
devenir prêtre. Son aîné est déjà au séminaire, la famille est trop pauvre
pour l'envoyer à l'école. Un pharmacien, frappé par son intelligence le fit
travailler et paya ses études. Il entre donc au séminaire à 13 ans. Il se
passionne pour les sciences, manifestant des aptitudes d'inventeur, voulant
fabrique un appareil pour aller dans la lune ! A 16 ans, il veut être général
et se décide à dire au supérieur qu'il ne resterait pas au séminaire, quand
sa mère vient lui dire que son père et elle-même rentraient en religion. Ce
fut un coup de foudre : la volonté de Dieu était claire. Il court donc chez le
supérieur et lui demande l'habit religieux. Il s'appellera désormais
Maximilien-Marie. Ses supérieurs l'envoient étudier à Rome, en automne 1912.
Après son noviciat, il prononce ses voeux le jour de la Toussaint 1914. Il est
sur le chemin de la perfection : rien
ne l'arrêtera. Le 28 Avril 1918, il est ordonné prêtre. Le 16 Octobre 1917,
il avait fondé une Milice de l'Immaculée dont le but était de permettre à
chacun de s'adonner à l'apostolat de toutes ses forces pour parvenir à la
perfection chrétienne, selon son état de vie et sa profession. En Janvier
1922, il fonde un journal "Le chevalier de l'Immaculée", journal qui
connaît un vif succès, atteignant un million d'exemplaires en 1939. En Août
1927, on lui donne un terrain près de Varsovie où il réalise son rêve,
fonder une Cité de l'Immaculée, Niepokalanow, où il fonde une maison
d'édition et où mes ouvriers travaillent gratuitement dans la fraternité, le
silence et la prière. Comme il veut conquérir les âmes, il part au Japon en
1930 où il publie en japonais son Journal de l'Immaculée. Il fonde en 1931 le
Jardin de l'Immaculée, cité jumelle de Niepokalanow. Insatiable pour annoncer
la Bonne Nouvelle, il voyage en Inde et envisage de diffuser son journal dans
tous les continents. Revenu en Pologne en 1936, il est responsable de
Niepokalanow qu'il modernise en créant une radio catholique. Éclate alors la
guerre mondiale qui détruira tout dans la tourmente qu'elle provoquera.
Auschwitz, c'est là que le père Kolbe va mourir. Il y vécut les horreurs du
camp avec un ferme courage et une foi sans ombre. Il goûta l'amertume du
déporté dans ce camp où on cherchait à anéantir sa dignité de chrétien.
La force brutale n'eut pas raison de lui parce qu'il vivait imperturbablement en
un monde que la méchanceté ne peut atteindre, le lieu de la rencontre de Dieu.
Il fut affecté aux travaux forcés parce qu'il était prêtre. Il supporta avec
une patience à toute épreuve, sans gémir, avec une paix intérieure
inaltérable, les cruautés que le commandant du camp imaginait chaque jour pour
briser sa personnalité. Son calme l'irritait, il comprenait qu'il ne pouvait le
dominer, qu'il était impuissant face à sa liberté intérieure. Il découvrait
que l'esprit ne peut être écrasé. Dans ce prêtre faible, malade, pétri de
bonté, il voyait l'échec des plans destructeurs de la haine. Peut-être
entrevoyait-il que la liberté sortirait victorieuse, ce qui le rendait furieux.
Les
détenus découvrent l'amour du Christ, le don de soi au service des autres, ils
sont encouragés à résister, à réveiller leur force de vivre, à découvrir
l'horizon de la foi au-delà du quotidien. Fin Juillet 1941, le père Kolbe fut
transféré au bloc 14 où s'entassent les rescapés de l'hôpital, les rations
sont réduites, les plus valides sont employés aux travaux de la moisson. Le 31
Juillet, les sirènes signalent une évasion. Après le travail, tout le camp
reste sur place. Le manquant faisait partie du bloc 14... A 9 heures, on
distribua un peu de soupe, sauf aux prisonniers de ce bloc : leurs rations sont
jetées. Ordre est donné de rentrer dans les baraques. Le lendemain, le
manquant manquait toujours. Les prisonniers partent au travail, les six cents
prisonniers du bloc sont maintenus toute la journée immobiles en plein soleil.
Il est interdit de s'asseoir et, sous peine de mort, de sortir des rangs. Le
soit, le commandant annonce que le fugitif n'ayant pas été retrouvé, dix
hommes sont condamnés à mourir de faim. Il passe dans les rangs choisir les
victimes. Peu à peu se forme le groupe des condamnés. Alors se produit une
chose jamais vue : un prisonnier sort des rangs pour prendre la place d'un
autre. Le père Kolbe affronte le commandant : Je suis vieux et bon à rien, ma
vie ne peut plus servir à grand chose ! Lui, il a une famille ! Je suis prêtre
catholique ! Les condamnés sont conduits au bunker de la faim. En fermant la
porte, le geôlier affirme : Vous vous dessécherez comme des tulipes... La faim
est terrible, mais la soif est pire. La déshydratation attaque les cellules
cérébrales, déchaîne les hallucinations. Le père Kolbe ne se plaint pas, il
ne délire pas, il prie et entonne des cantiques repris en choeur. Le 14 Août,
ordre est donné d'achever les survivants. Le père n'est plus qu'une forme
desséchée repliée contre un mur. Il arrive au terme de sa passion, la veille
de l'Assomption.
Pour favoriser la réflexion en groupe
1. Vous avez vu le reportage sur la vie du père Kolbe. Quelles impressions en retenez-vous ? Est-il un exemple pour notre temps ?
2. Il n'y a pas de plus grande preuve d'amour que de sonner sa vie pour ses amis, disait Jésus. Maximilien Kolbe a réalisé cette parole jusqu'au don de sa vie. Connaissez-vous d'autres personnes qui ont donné ou qui donnent leur vie pour les autres ?
3. Qu'est-ce qui a inspiré toute la vie du père Kolbe ?
4. Plusieurs phrases du père Kolbe sont citées ci-dessous. Pour chacune d'elles, vous direz ce que vous en pensez.
Lorsqu'une oeuvre est de Dieu, il faut qu'elle soit persécutée, même par les bons.
La seule chose qui compte, c'est notre vie intérieure. Notre activité extérieure ne peut être qu'un surcroît de ce que nous avons au-dedans, un trop-plein qui déborde.
Lorsque la souffrance est loin, nous sommes prêts à tout, lorsqu'elle est là, tout change. Profitons-en pour gagner des âmes.
J'ai besoin de la prière pour pouvoir persévérer vraiment jusqu'au bout et grandir toujours plus, sans limites, dans l'amour.
La prière est un moyen méconnu, c'est pourtant le plus puissant pour établir la paix de l'âme, pour lui donner le bonheur et l'amour de Dieu. La prière est une condition indispensable pour le renouveau et la vie des âmes.
On demanda à Napoléon ce qui était nécessaire pour gagner une bataille. Il répondit : Trois choses sont nécessaires, de l'argent, de l'argent, et encore de l'argent. Lorsqu'il s'agit de la sanctification, est indispensable la prière, la prière, et encore la prière.
5. Nous ne devons pas oublier que nous sommes ici-bas de passage. Si nous sommes sur terre que "de passage", est-il important de réaliser de grandes choses, alors que tout est passager ? Qu'est-ce qui vaut la peine d'être tenté au cours d'une vie ?
6. Il faut croire contre toute espérance. Qu'est-ce que cela veut dire ?