Roger Riou

Le flibustier de Dieu

 

Tous les hommes sont appelés, d'une manière ou d'une autre. L'histoire du Père Riou est exceptionnelle : il suffit de regarder ses origines pour découvrir qu'il aurait pu devenir un véritable loubard sans l'intervention spéciale de certains hommes, de certaines femmes, qui lui ont permis de changer d'orientation, de se convertir, de devenir prêtre et missionnaire. Dieu continue d'agir parmi les hommes de notre temps. Roger Riou est né au début du siècle dans une famille qui ne connaît que la misère. Le père était cuisinier sur les longs courriers, buveur et coléreux, la mère usait ses forces pour un salaire de famine, le frère débardeur était toujours en tête des mouvements de grève, la soeur se prostituait... Tel était son cadre familial. Après la mort de sa mère, Roger est arrêté pour avoir volé la caisse de son patron. Et c'est l'enchaînement : la prison à dix-sept ans et demi, le placement dans différentes familles. Mais c'est aussi la découverte de la foi et de l'Evangile. A Maître Stahl, créateur d'une oeuvre pour enfants moralement abandonnés, Roger confie son désir de devenir prêtre. Ordonné prêtre, il sera missionnaire d'abord en Haïti, puis dans l'île de la Tortue où il découvre le véritable enfer de la misère humaine : il y restera vingt-deux ans, découvrant alors que toute vie peut avoir un sens... Sa grande réussite dans cette île soulèvera le déchaînement des forces politiques contre lui. Il est arrêté en pleine messe et expulsé du pays. Mais l'important, c'est que son oeuvre puisse continuer. Qui aurait pu soupçonner ce coeur admirable sous la défroque du petit caïd de marché noir, d'enfant dévoyé ? Le grand mystère, c'est l'amour, la fraternité entre tous les hommes de bonne volonté qui luttent ensemble, coude à coude. La vérité, c'est qu'on ne peut rien faire tout seul, on est solidaire. Mais il ne faut jamais reculer, il faut se cramponner à son idéal.

Pour prolonger la réflexion, il est possible de lire Roger Riou, le flibustier de Dieu, bande dessinée parue aux Editions Fleurus, dans la collection : Croyants de tous pays.

Pour favoriser la réflexion en groupe

1. Toute une vie peut-elle se construire dès l'enfance ? Peut-on juger de la valeur d'un homme en le voyant enfant ?

2. Est-il permis de juger et de condamner un enfant, un adolescent et de conclure qu'il ne fera rien de bon de sa vie ?

3. La délinquance des jeunes est-elle irrémédiable ? Peut-on espérer quelque chose de bon du dernier des misérables ? Les délinquants, les loubards sont-ils fréquentables ?

4. Qu'est-ce qui a permis au Père Riou de s'en sortir ? Son aventure est-elle exceptionnelle ? Comment l'extraordinaire peut-il naître d'une vie ordinaire ? Qu'est-ce qui peut pousser un homme à aller au-delà de lui-même ?

5. Quel Père pouvait être ce Dieu tout-puissant pour ces êtres dont le seul souci était de pouvoir manger, de pouvoir vivre ? La Bonne Nouvelle, c'était d'abord qu'ils allaient être guéris. Peut-on annoncer l'Evangile directement à des hommes qui souffrent de la faim, de la maladie, de la misère, du manque d'amour ?

6. Qu'est-ce qui vous faisait tenir le coup ? - Le spirituel. Ma petite équipe était animée de la foi qui soulève les montagnes... Quelle place le "spirituel" tient-il dans votre vie ? Avons-nous une foi à soulever les montagnes ?

7. La vérité, c'est qu'on ne peut rien faire tout seul, on est solidaire. L'union fait-elle la force ? Avec qui faut-il être uni pour être fort ?

8. Il ne faut jamais reculer, il faut se cramponner à son idéal. Pourquoi ne faut-il jamais reculer ? Quel est votre idéal dans la vie ? Etes-vous disposés à vous y cramponner ?

9. Que pensez-vous de ce texte du Général Mac Arthur sur la jeunesse ? Peut-il s'appliquer au Père Riou ? Comment pouvez-vous l'appliquer dans votre vie ?

La jeunesse n'est pas une période de la vie. Elle est un état d'esprit, un effet de la volonté, une qualité de l'imagination, une intensité émotive, une victoire du courage sur la timidité, un goût de l'aventure sur l'amour du confort. On ne devient pas vieux pour avoir vécu un certain nombre d'années. On devient vieux parce qu'on a déserté son idéal. Les années rident la peau. Renoncer à son idéal ruine l'âme. Jeune est celui qui s'émerveille et s'étonne. Il demande comme l'enfant insatiable : et après ? Il défie les événements et trouve la joie au jeu de la vie. Les préoccupations, les doutes, les craintes et les désespoirs sont les ennemis qui lentement nous font pencher vers la terre et devenir poussière avant la mort. Vous êtes aussi jeune que votre foi, aussi vieux que votre doute, aussi jeune que votre confiance en vous-même, aussi jeune que votre espoir, aussi vieux que votre abattement. Vous resterez jeunes tant que vous resterez réceptif, réceptif à tout ce qui est beau, bon et grand, réceptif aux messages de la nature, de l'homme et de l'infini. Si, un jour, votre coeur allait être mordu par le pessimisme et rongé par le cynisme, puisse Dieu avoir pitié de votre âme de vieillard.