LA BIBLE AUJOURD'HUI

 

Les chrétiens, comme les juifs, parlent de la Bible comme de la Parole de Dieu. Cela explique le respect qu'ils lui témoignent. Pourtant, à y regarder de près, la Bible n'apparaît pas comme une parole, mais comme un ensemble d'écrits, comme un recueil de livre divers, dont la composition a été fixée il y a dix-huit siècles (c'est ce que l'on appelle le Canon biblique).

Alors que renferme ce livre mystérieux ? Est-ce un traité d'histoire, la saga d'un peuple, un recueil de poésies et de légendes, un livre philosophique, le fruit de l'imagination des hommes ou celui d'une inspiration divine ? Autant de questions auxquelles il faut répondre en soulevant un coin du mystère qui nourrit les espérances les plus folles, les entreprises les plus déroutantes, les découvertes les plus extraordinaires...

Celui qui ouvre la Bible éprouve les mêmes sentiments que celui qui découvre pour la première fois la Terre Sainte. Ces impressions risquent de le mettre dans la confusion, du fait qu'il lit et voit trop de choses. Il éprouve une sorte de vertige en abordant cinq mille ans remplis des événements les plus formidables de l'histoire de l'humanité.

En lisant la Bible, nous ne cherchons pas seulement des traces de l'histoire des hommes, mais nous découvrons l'initiative prise par Dieu d'aimer les hommes. Nous la trouvons à travers les écrits ou derrière les pierres, les événements, les souvenirs et les personnes. Dieu qui se révèle à l'homme a voulu exprimer la plénitude de son intérêt pour lui.

La Bible et la théologie traditionnelle disent que Dieu parle, qu'il intervient et agit dans l'histoire de son peuple et des nations. Si nous entendions par là qu'il parlerait comme un homme et interviendrait dans l'histoire comme un agent parmi d'autres agents, nous serions en pleine mythologie... Après avoir répété que Dieu parle, nous devons aussitôt préciser qu'il ne parle pas, mais "fait parler". Après avoir répété que Dieu agit, nous devons préciser qu'il n'agit pas mais "fait agir". Ce sont des hommes qui parlent en son nom, ce sont les événements dans la trame de l'histoire qui témoignent de lui (Henri Bouillard, théologien).

La Bible, c'est la lettre, la communication que Dieu donne de lui-même en commentant l'oeuvre qu'il fait par des hommes qu'il a choisis... C'est le best-seller mondial, le texte le plus édité. Copiée, recopiée sur papyrus, dont les plus célèbres sont les manuscrits de la Mer Morte, découverts en 1947, scrupuleusement transmise de façon orale pendant des siècle, la Bible a été imprimée pour la première fois par Gutenberg en 1455. Elle est aujourd'hui traduite en plus de trois cents langues et mille huit cents idiomes et dialectes. Pourquoi toujours recommencer cette traduction d'un texte que l'on connaît depuis longtemps ? Simplement, parce que le travail des traducteurs n'est jamais achevé : les langues évoluent, elles ne se superposent pas et il faut toujours trouver des équivalences convenables. Les façons de traduire sont variées et elles oscillent entre la littéralité la plus rigoureuse et la recherche de la beauté littéraire. Désormais, la Bible est accessible à quatre-vingt dix huit pour cent de la population mondiale. Mais pourtant, dans certains régions du monde, elle est encore inaccessible à certaines populations.

En proposant la Bible comme livre, on se fait illusion. Ce n'est pas un livre, mais une bibliothèque. Et une bibliothèque déroutante, elle contient des récits historiques qui ne sont pas toujours intéressants pour connaître le passé de l'humanité, puisque ces récits ne s'attachent qu'à un tout petit peuple. On y trouve aussi des récits d'une morale pas toujours très édifiante, des rapports de guerres, de meurtres, des chants de joie et des chants de peine... Il paraît difficile de découvrir dans la Bible un livre d'histoire. La Bible, telle qu'elle se présente à nous, se prête à une lecture cursive (à la suite). Si l'on entreprend une telle lecture, on aura l'impression d'avoir en mains une histoire de toute l'humanité (du moins dans les onze premiers chapitres de la Genèse) qui se spécialise progressivement en une histoire du peuple de Dieu (fin de la Genèse et Exode tout entier). Mais cette impression s'effacera vite au moment du Lévitique, pour réapparaître partiellement dans les livres des Nombres et du Deutéronome, puis à travers les livres qui sont dits historiques. Mais dans ces livres eux-mêmes, il y a de quoi être déconcerté par l'absence de cohérence, par les répétitions, par les retours en arrière et la chronologie souvent fantaisiste.

L'appellation "histoire sainte" se révèle être un défi à la Bible et à l'histoire, car la Bible opère toujours une actualisation : elle est faite de documents vivants qui sont sans cesse repris et revécus par les fidèles au cours des siècles. De cette manière, le croyant ne lit pas seulement le récit d'événements du passé, mais il se trouve aussi embarqué dans une aventure personnelle et communautaire. Le croyant découvre alors que la Bible est autre chose qu'un livre, elle est l'oeuvre d'un peuple dévoré par la recherche de Dieu : chaque texte apparaît comme un condensé d'une expérience passionnante que l'ensemble du peuple de Dieu, ou même un simple individu, a pu faire de cette quête de Dieu. Un même événement peut être raconté plusieurs fois, et les rédacteurs lui donnent des sens différents : chacun donne une lumière nouvelle sur un texte ancien qui reste toujours un repère pour l'histoire présente. C'est la raison pour laquelle une lecture théologique guidée par des thèmes qui se dégagent avec netteté est du plus haut intérêt, même si elle exige un sérieux investissement.

Les livres qui composent la Bible sont organisés dans un ordre qu'il faut connaître si l'on veut s'y retrouver dans cette bibliothèque qui appartient au patrimoine de l'humanité. D'ailleurs, les textes sacrés de la religion d'Israël sont devenus ceux du christianisme, lequel a enrichi la collection des livres de la collection juive. Pour distinguer ces deux collections, on parle souvent d'Ancien et de Nouveau Testament, mais ce terme est inadéquat pour exprimer toute la richesse biblique (un testament évoque toujours la mort de quelqu'un, alors que le Dieu qui parle aux hommes est le Vivant pour toujours). Le terme d'Alliance convient beaucoup mieux.

Dans la plupart des traductions occidentales, la Bible récapitule les textes juifs et les textes chrétiens. Pourtant, il existe des différences de classement et d'organisation entre les deux ensembles, le christianisme ayant hérité d'une classification qui n'est pas d'origine hébraïque, mais qui dépend de la littérature grecque avec son souci de l'histoire.

Quelles sont les différences dans la Bible ? L'Ancien Testament est la préparation de la venue de Jésus-Christ, et le Nouveau Testament est le document qui nous parle de cette venue avec tout le sens qu'elle a et toutes les conséquences qu'elle porte pour les chrétiens. Il a fallu quinze siècles pour écrire l'Ancien Testament et un seul pour le Nouveau. L'Ancien Testament a été écrit en hébreu et en araméen, qui étaient les langues du peuple d'Israël, le Nouveau a été écrit en grec parce que c'était la langue commune dans tout le monde connu d'alors.

Classification de la Bible hébraïque

                La Torah, la Loi

C'est la base de toute la législation d'Israël, qui regroupe cinq livres : Genèse, Exode, Lévitique, Nombres, Deutéronome.

                Les Nébiim, les Prophètes

C'est la révélation de Dieu qui se fait en se tournant vers l'avenir. Le prophète est appelé par Dieu pour transmettre sa Parole, pour parler en son nom au peuple, en s'opposant parfois et même souvent au pouvoir politique en place. Le prophète demande au peuple d'étudier la Loi, source et fondement de toute vie religieuse.

Un sous-classement a été effectué selon la longueur des rouleaux des textes prophétiques, entre les "premiers" prophètes et les "derniers" prophètes.

Dans les premiers prophètes, on trouve les livres de Josué, des Juges, les deux livres de Samuel, les deux livres des Rois.

Dans les derniers prophètes, les livres sont désignés par les noms des différents prophètes qui les ont inspirés : Isaïe, Jérémie, Ezéchiel, Osée, Joël, Amos, Abdias, Jonas, Michée, Nahoum, Habaquq, Sophonie, Aggée, Zacharie, Malachie.

                Les Kétubim, les "autres écrits"

Il s'agit d'un recueil hétéroclite qui rassemble : les Psaumes, le livre de Job, les Proverbes, le livre de Ruth, le Cantique des cantiques, Qohélet, les Lamentations, le livre d'Esther, Daniel, le livre d'Esdras, le livre de Néhémie et les deux livres des Chroniques.

Classification de la Bible chrétienne

                Le Pentateuque

Ce sont les cinq livres (penta = cinq) qui composent la Torah : Genèse, Exode, Lévitique, Nombres, Deutéronome.

                Les livres historiques

Il s'agit des livres de Josué, des Juges, de Ruth, de Samuel, des Rois, des Chroniques, d'Esdras, de Néhémie et d'Esther. A ces livres s'ajoutent des livres qui n'entrent pas dans le canon de la Bible hébraïque et qui sont dits deutérocanoniques : Tobie, Judith, Macchabées.

                Les livres poétiques

Ils comprennent : les Psaumes, les Proverbes, Qohélet (Ecclésiaste), le Cantique des cantiques, Job, auxquels s'ajoutent d'autres textes deutérocanoniques : la Sagesse, le livre de Sirac (Ecclésiastique).

                Les livres prophétiques

Ils comprennent les douze petits prophètes : Osée, Amos, Michée, Joël, Abdias, Jonas, Nahoum, Habaquq, Sophonie, Aggée, Zacharie, Malachie, à la suite des autres prophètes qui sont considérés comme grands en raison de la longueur de leurs livres : Isaïe, Jérémie, Ezéchiel, les Lamentations (dites de Jérémie), Daniel, et un prophète deutérocanonique, Baruch.

                Le Nouveau Testament

Ce sont des textes propres aux Eglises chrétiennes, et qui ne font donc pas partie de la Bible hébraïque. Le classement de ces livres ne correspond pas à leur ordre de rédaction. Ce classement commence par les Evangiles selon Matthieu, Marc, Luc, Jean. Il se poursuit par les Actes des apôtres (rédigés par Luc), puis on trouve les lettres de saints Paul : une aux Romains, deux aux Corinthiens, une aux Galates, une aux Ephésiens, une aux Philippiens, une aux Colossiens, deux aux Thessaloniciens, deux à Timothée, une à Tite, une à Philémon. Puis l'on trouve une lettre qui n'est pas de Paul, même si elle lui est parfois faussement attribuée, le lettre aux Hébreux. Suivent les lettres des autres apôtres : une de Jacques, deux de Pierre, trois de Jean, une de Jude. Et le Nouveau Testament s'achève par le livre de l'Apocalypse de saint Jean.

Des témoignages sur la Bible :

La Bible, c'est l'axe de ma vie parce que j'ai découvert la personne du Christ en lisant la Bible. J'essaie de transmettre mon lien avec le Christ dans l'assemblée(Mireille Nègre, religieuse et danseuse étoile).

La Bible est le Livre des livres, susceptible de nourrir une vie entière. Dieu est Beauté aussi : l'art est le chemin par lequel il est possible de le trouver (Michaël Lonsdale, metteur en scène).

Mais la beauté se transforme parfois en horreur et l'homme ne s'en rend pas toujours compte. Il fait valoir au nom de Dieu ses idéologies et ses rêves les plus tragiques. Existe-t-il un Dieu vengeur et meurtrier ? comme peuvent le penser ceux qui acceptent d'appeler à la guerre sainte... Des hommes ont choisi d'autres voies. Le 4 Août 1968, à Memphis, Martin Luther King était assassiné, il avait 39 ans. Il soutenait au nom de sa foi la lutte de ses frères du Sud des U.S.A. contre la ségrégation, l'injustice, la misère. En 1964, il avait reçu le Prix Nobel de la Paix. Mais pour lui la réalité était tout autre :

Que va-t-il arriver ? Nous avons beaucoup de difficultés à affronter. Mais peu importe, car je suis allé en haut de la montagne. Comme tous les hommes, j'aimerais vivre longtemps. Cela ne me préoccupe pas, je veux seulement faire la volonté de Dieu. Il m'a permis d'arriver en haut de la montagne et j'ai vu le pays promis. Je veux que vous sachiez ce soir que nous sommes le peuple qui verra le pays promis. Ce soir, je suis heureux, je n'ai peur de rien ni de personne. Mes yeux ont vu la gloire du retour du Seigneur.

Comment vivre sa foi ?

Comment trouver la vérité dans une fin de siècle tourmentée ?

Comment afficher sa différence en restant bien ancré dans la réalité du quotidien ?

La réponse n'est jamais facile...

L'unité de Dieu

L'affirmation de l'unicité absolue de Dieu constitue le noyau de tout le judaïsme, et par suite du christianisme, et même de l'islam. Pour exprimer cette unité, il suffirait de reprendre l'hymne à Dieu que tous les fidèles juifs disent au début de la prière du matin :

Maître de l'univers, tu as régné avant que rien ne fut créé. Quand par ta volonté, tout fut créé, ta royauté fut proclamée. Quand tout aura pris fin, seul, sublime, tu régneras. En gloire, tu fus, tu es et tu seras. Tu es unique et sans second à te comparer ou à t'associer. Sans commencement et sans fin, à toi, la puissance et la domination...

Le maître de l'univers, Dieu des patriarches et de Moïse, Créateur de tout ce qui existe est le Dieu de tous les hommes et il n'en est pas d'autre que lui. L'idée d'unité est un concept très élaboré de l'esprit humain. En effet, il se distingue des autres par son abstraction la plus complète. Et il paraît assez étrange que ce soit un peuple de nomades, sans instruction et sans culture, un peuple qui ne connaîtra pas une civilisation de type analytique et philosophique, qui se soit trouvé à l'origine de la découverte de l'unicité de Dieu. Plusieurs hypothèses ont été avancées pour justifier cette découverte par un peuple si peu enclin à la recherche spéculative.

Certains pensent que le monothéisme serait une excroissance des polythéismes voisins : les peuples qui entouraient Israël et sur qui ils exerçaient une influence aussi bien religieuse que politique adoraient une multitude de dieux, dans des panthéons hiérarchisés, mais ils reconnaissaient aussi un dieu supérieur qui dirigeait le monde. C'était un dieu cosmique qui réglait le sort des dieux et des hommes. Israël aurait adopté la pensée religieuse de Babylone et de l'Egypte pour se forger son idée de l'unité divine.

Une seconde hypothèse fait de l'unicité non pas le résultat d'une vision cosmique de l'univers, mais le résultat d'une conception nationale de la religion : le Dieu d'Israël n'aurait été qu'un Dieu parmi les autres, la religion n'aurait été qu'une monolâtrie qui se serait particularisée pour devenir le culte du Dieu plus grand que tous les autres, puis celui du Dieu unique auprès duquel les autres dieux ne sont que néant, du Dieu unique de tous les hommes dont il est le créateur. Ces hypothèses posent l'unité de Dieu comme le résultat d'une très longue évolution.

Le judaïsme récuse ces hypothèses pour affirmer l'unité de Dieu en dehors de tout lien avec l'univers matériel, en dehors de tout lien avec une histoire qui retracerait le destin des dieux de l'humanité. Dieu est Esprit, personne ne peut le voir, même s'il se révèle aux yeux des hommes dans la splendeur de sa création.

Un profond fossé existe entre les cultes polythéistes et le monothéisme hébreu qui insiste sur le caractère spirituel de Dieu, qui récuse les aspects mythologiques des divinités étrangères. C'est le sentiment du caractère personnel de Dieu qui excita la colère des prophètes contre toute forme d'idolâtrie. Pour le judaïsme, c'est le Dieu, dont le nom a été révélé à Moïse, qui s'est manifesté aux patriarches et qui commença avec eux l'histoire de l'ensemble du peuple. Les rédacteurs de la Genèse, par exemple, estiment que le Dieu qui s'est révélé aux Pères était YHWH. Ceci ne peut surprendre, car à l'époque où ils rédigent leur texte YHWH était le Dieu unique en Israël, et il était normal qu'ils le considèrent comme le Dieu de leurs ancêtres. Ainsi le nom de YHWH est-il fréquemment noté à côté d'autres noms divins composés de El. Un petit passage de la Genèse contient une véritable collection de noms divins :

Par la force de l'Indomptable de Jacob, par le nom du Pasteur, la Pierre d'Israël, par El, ton Père, qu'il te vienne en aide, par le Dieu Puissance (El Shaddaï), qu'il te bénisse.        Gen. 49, 24-25

Comme Dieu personnel, El est attesté aux quinzième et quatorzième siècles à Ougarit, où il occupe le premier rang de tous les dieux. Mais c'est dans les cunéiformes du troisième millénaire que, pour la première fois, on rencontre le mot 'El', employé de deux manières différentes, soit comme nom commun devant le nom d'un dieu (El Enlil, le dieu Enlil), soit comme nom propre (El est grand). Chez les patriarches, et parmi les peuples avec lesquels ils furent davantage en relation, il y a certainement eu un double niveau de croyances religieuses et d'attitudes.

D'une part, ils reconnaissaient une divinité nationale et même internationale, dont l'autorité s'étendait sur un horizon de plus en plus large : c'était un dieu lointain, le dieu des cieux qui dominait les autres dieux et les hommes. A ce type de dieu appartenaient Mardouk, du panthéon babylonien, El, le dieu suprême du panthéon cananéen, et YHWH, le dieu du peuple d'Israël.

D'autre part, il y avait le dieu tribal, le dieu du clan, le dieu du père de tel ou tel individu de la famille ; plus tard, il sera le dieu des pères, soit la divinité de la totalité d'un clan descendant d'un même père. C'est avec cette divinité que l'on entretenait des rapports intimes : elle se manifestait directement à son peuple. Et c'est dans cette représentation du dieu tribal que la notion d'alliance entre Dieu et son fidèle a pu s'élaborer dans la conscience d'Israël, de façon de plus en plus marquée.

Le culte rendu au dieu de la tribu n'entrait sans doute pas en concurrence avec le culte réservé au dieu suprême, les deux cultes étaient complémentaires, l'homme pouvait reconnaître en son dieu personnel le Dieu suprême et transcendant. Il cherchait alors à le rencontrer dans son intimité.

A mesure que YHWH devenait le seul et unique Dieu pour un peuple d'Israël unique, les deux types de divinités se sont confondus et identifiés en un seul Dieu transcendant, maître de l'univers, qui a établi sa royauté avant la création du monde et qui la fera durer jusqu'à la fin des temps. Dans les temps anciens de la religion d'Israël, les patriarches n'étaient pas polythéistes au sens où ils auraient adoré de nombreuses divinités. Mais, polythéistes, ils l'étaient à leur manière, sur un plan pratique et non pas sur un plan théorique. Ils n'ont certainement pas établi de différences entre les noms et les représentations de Dieu. Les ancêtres du peuple d'Israël ont sans doute adopté un monothéisme très souple, avec plusieurs variantes de nomination pour un même Dieu. Et le culte final de YHWH fut simplement le terme d'un processus lent et complexe qui devait aboutir à l'unification des tribus en une nation unique. En fait, c'est la centralisation du culte rendu par les différentes tribus d'Israël qui a contribué à faire de YHWH l'unique Dieu national, lequel présida au rassemblement et à l'unification du peuple.

Le Dieu d'Israël est transcendant et souverain. Ce sont ces deux caractères qui le définissent dans la Bible. YHWH est son nom, lequel est lu Adonaï, le Seigneur, afin de préserver à ce nom divin le caractère sacré que les Ecritures lui attribuent. Chaque fois que le tétragramme divin apparaît dans le texte biblique, le lecteur lui substitue immédiatement le terme de Adonaï. Le nom sacré ne pouvait être prononcé qu'une fois par an à Jérusalem, le jour du Grand Pardon, mais, depuis la destruction du Temple, en l'an 70 de l'ère chrétienne, la véritable prononciation s'est perdue, sans aucune chance d'être retrouvée.

YHWH est le nom que Dieu s'est donné lui-même quand il s'est fait connaître à Moïse :

Moïse dit à Dieu : Voici ! Je vais aller vers les fils d'Israël et je leur dirai : le Dieu de vos pères m'a envoyé vers vous. S'ils me disent : Quel est son nom ? que leur dirai-je ? Dieu dit à Moïse : Je suis qui je serai. Il dit : Tu parleras ainsi aux fils d'Israël : Je suis m'a envoyé vers vous.        Ex. 3, 13-14

Ce court passage apparaît comme une tentative d'explication doctrinale du nom divin, mais cette parole est énigmatique. On peut la comprendre : Je suis qui je suis, autrement dit : je refuse de donner mon nom. De même, on peut comprendre : Je suis celui qui est, en comparaison des autres dieux qui ne sont que des néants. La version grecque de la Bible hébraïque, version dite des Septante, a adopté cette interprétation, soulignant ainsi le concept de l'existence de Dieu, que le peuple d'Israël ne mettait pas en doute. En comprenant : Je suis qui je serai, le nom de YHWH devient le lieu d'une histoire qui va se nouer entre Dieu et les hommes. C'est dans l'histoire des hommes que Dieu manifestera peu à peu qui il est.

La réponse faite à Moïse est à la fois une révélation et un refus de se révéler complètement. C'est seulement dans les événements de l'exode et dans le cours ultérieur de l'histoire du salut que Moïse et tout le peuple pourront comprendre plus précisément qui est le Dieu qui est entré en relation avec eux, dans le cadre d'une alliance, au Sinaï.

LE CONTENU DE LA BIBLE

Le Pentateuque: il s'agit de cinq rouleaux, de cinq livres, qui ouvrent la Bible. C'est l'ensemble de toutes les codifications qui ont été rendues nécessaires pendant l'histoire du peuple juif, lors de ses origines. Longtemps, la tradition a vu en Moïse le seul responsable de cette oeuvre de la Torah judaïque. Mais, on s'est aperçu que ces cinq rouleaux ne formaient pas une unité absolue : les récits qu'ils présentent sont variés, et leur rassemblement en collection unifiée ne s'est fait qu'après le retour de l'exil à Babylone, au quatrième siècle de l'ère chrétienne.

La Genèse relate la préhistoire de l'humanité : création du monde, vie au paradis terrestre, la chute de l'homme dans le péché, le déluge, la descendance de Noé, la tour de Babel et l'origine des langues. Puis ce livre présente l'histoire des patriarches, les ancêtres du peuple d'Israël : Abraham, Isaac, Jacob et ses douze fils.

L'Exode présente comme son nom l'indique, la sortie et la fuite d'Israël du pays d'Egypte puis l'alliance avec Dieu sur le mont Sinaï.

Les Nombres contiennent le dénombrement du peuple durant le séjour au désert et des récits concernant la vie du peuple au long de la migration de l'exode, ainsi que des prescriptions qui découlent de cette vie errante.

Le Lévitique, ou livre des lévites, rassemble une foule de prescriptions rituelles et morales.

Le Deutéronome, c'est-à-dire la deuxième loi, se présente comme un discours de Moïse aux tribus d'Israël, juste avant son entrée dans la Terre Promise, au pays de Canaan. Moïse vieillissant rappelle la façon dont Dieu a guidé la vie de son peuple et les principales prescriptions qu'il lui a fixées pour vivre dans son alliance. Ce livre s'achève avec la mort de Moïse.

Le livre de Josué narre la conquête de la Terre Promise sous la conduite du successeur de Moïse, puis le partage du territoire entre les tribus d'Israël.

Dans le livre des Juges, des hommes sont suscités par Dieu pour sauver son peuple dans des situations de détresse, entre la mort de Josué et l'avènement de Samuel. La vie du peuple, après son installation en Canaan, s'est étroitement mêlée à celle des occupants du sol, au point que le peuple abandonnait progressivement son Dieu pour servir des idoles. Ce livre montre que le peuple a connu des défaites en raison de sa désobéissance. Mais, dans sa détresse, quand il crie vers Dieu, celui-ci est ému et lui envoie un Juge pour rétablir une situation compromise... Par le fait même, ce livre évoque l'anarchie qui pouvait exister à l'époque du partage du pays après sa conquête.

Les deux livres de Samuel présentent des événements qui vont conduire à l'instauration de la royauté en Israël. Samuel ne tient une place importante que dans les premiers chapitres. Consacré à Dieu dès avant sa naissance, il est dépeint comme un Juge auquel les Israélites réclament un roi pour lui succéder. D'abord, Samuel refuse, puis il finit par consacrer Saül. Mais celui-ci n'obéit pas à Dieu, aussi sera-t-il rejeté au profit de David qui reçoit en secret l'onction royale. A travers le règne de David, l'historien montre que le projet de Dieu se réalise et s'achève. En approchant du règne de Salomon, l'histoire apparaît comme une sorte de chronique écrite par un contemporain.

Les deux livres des Rois rapportent l'histoire des rois de Juda et d'Israël de la mort de David jusqu'à l'exil à Babylone. Salomon témoigne de la sagesse que Dieu lui a accordée : il organise le royaume, édifie des constructions remarquables, comme le Temple... Ses débuts semblent augurer d'un enthousiasme débordant, mais bientôt le climat change, car il se laisse entraîner vers les cultes païens, et un prophète annonce le schisme religieux qui va se produire, conduisant à la séparation du royaume entre les tribus du Nord et celles du Sud après la mort du roi.

Ce schisme religieux sera condamné par les prophètes. Dès lors, la succession des rois s'interrompt pour laisser place à une succession qui inaugure le courant prophétique, avec Elie et son disciple Elisée. Les prophètes interviennent dans la vie politique pour rappeler aux rois la fidélité à Dieu. leur parole n'est guère entendue, et c'est la ruine du royaume du Nord, alors le peuple réfléchit aux conséquences de son infidélité à l'alliance. Mais l'impiété ne tarde pas à reprendre vigueur, et la réforme de Josias, après la découverte dans le Temple du livre de la Loi, n'empêche pas la chute du royaume du Sud. Jérusalem tombe entre les mains de Nabuchodonosor, et c'est la déportation à Babylone.

Le prophète, en hébreu "Nabi", est un prédicateur et non pas un écrivain. L'essentiel du témoignage des prophètes a été rédigé par leurs disciples, ceux-ci ont organisé leur message en l'adaptant aux situations nouvelles. Cela explique la difficulté à resituer la prophétie singulière dans son originalité première. Le Nabi est un homme appelé par Dieu pour devenir son porte-parole, il n'annonce pas l'avenir, il rappelle au peuple qu'il lui revient d'observer dans son intégrité la Loi de Dieu.

Le contenu du message des prophètes passe bien plus par une prédication que par une prédiction. Certes, la plupart des prophètes font des prédictions dont la réalisation peut être proche ou lointaine. Il arrive qu'ils se trompent dans leurs prédictions ou que celles-ci soient difficiles à vérifier.

Ce qu'ils demandent de comprendre, ce n'est pas l'événement qu'ils annoncent, mais bien plus la signification spirituelle de l'alliance de Dieu avec son peuple, alliance qui se renouvelle sans cesse dans le cours de l'histoire.

L'ordre dans lequel la Bible présente les livres prophétiques tient à la longueur des textes, les plus longs apparaissant en premier, les plus courts ensuite, de plus l'ordre n'est pas chronologique...

Le livre d'Isaïe n'est dû qu'en partie à ce prophète dont le ministère s'est exercé dans la seconde moitié du huitième siècle. Il faut distinguer les chapitres 1 à 39 des autres. En effet, les chapitres 40 à 55 sont postérieurs (on les attribue au Second Isaïe ou Deutéro-Isaïe) et les chapitres 56 à 66 le sont encore davantage (Trito-Isaïe).

La première partie de ce livre porte la marque du prophète qui intervient dans le royaume de Juda pour annoncer la destruction presque totale du peuple au coeur rebelle et endurci. Il veut éclairer le peuple et les rois du dessein de Dieu qui va conduire le royaume à la déportation, en raison de son infidélité envers la Loi.

En fin d'exil, se fait entendre un autre prophète, le Second Isaïe : Israël est captif aux mains des Babyloniens, mais Babylone est menacée par Cyrus qui décrétera la délivrance des captifs. Le prophète devra consoler le peuple, en lui annonçant la fin du châtiment que Dieu lui avait infligé. On appelle parfois ce livre "le livre de la Consolation d'Israël".

Le Trito-Isaïe a été composé au moment où le Temple de Jérusalem a été reconstruit et où il revient au peuple de l'orner, mais toutes les promesses du temps de l'exil n'ont pas été réalisées, et le peuple est divisé : ceux qui n'ont pas connu la déportation et qui ont accepté les cultes étrangers (les Samaritains) et ceux qui sont revenus de la grande déportation comme "les humbles de YHWH". C'est dans ce climat troublé que Dieu fait entendre sa voix, par la menace et la promesse.

Le livre de Jérémie recèle, outre les prophéties de celui-ci prononcées avant la déportation, une grande collection de renseignements biographiques collectionnés vraisemblablement par son secrétaire, Baruch. La carrière de Jérémie prépare la réforme religieuse de Josias, il annonce la fin d'un monde perdu, il est envoyé pour "arracher et démolir", puis il annonce la naissance d'un peuple renouvelé, il est envoyé pour "planter et rebâtir". C'est Dieu qui pourra purifier le coeur d'Israël : le malheur qu'il prépare pour Jérusalem peut être évité si le peuple se convertit et rejette les faux dieux, s'il refuse d'écouter les faux prophètes qui ne reconnaissent pas dans la captivité le signe de l'action divine.

Le livre d'Ezéchiel retrace la prédiction de ce prophète aux juifs déportés en 596. A Babylone, il apprend la chute de Jérusalem, catastrophe marquant un tournant pour Israël : il ne doit plus rêver à une puissance politique mais découvrir qu'il forme "le peuple des saints de Dieu". Déporté en 598, Ezéchiel annonce que la capitale doit subir le sort qu'elle a mérité. Une fois le châtiment accompli, il entreprend de ressusciter l'espérance des exilés, en faisant entendre une promesse de salut.

Forts courts, les livres de ceux que la tradition chrétienne présente comme les douze petits prophètes ont été réunis en un seul rouleau pour des raisons pratiques.

Osée est le prophète de l'amour de Dieu, un amour bafoué par le peuple, mais un amour qui n'en demeure pas moins vivant et qui demande une réponse de la part du peuple. Le symbolisme conjugal tient une grande place dans ce livre. Le prophète a épousé une courtisane se livrant à la prostitution sacrée et qui lui donne des enfants de la prostitution. Il emmène son épouse infidèle au désert, ce lieu où Israël se laissait séduire par Dieu, pour rétablir des relations conjugales normales.

Joël est un prophète dont on ignore tout, car aucune indication n'est donnée par le texte sur le cadre historique ou sur sa personnalité. L'homme doit se dépouiller pour préparer le "Jour du Seigneur". La première partie de son livre décrit une invasion de sauterelles qui frappe le pays de Juda, cela doit l'entraîner au repentir et à la conversion, moyennant quoi Dieu se laissera peut-être fléchir : ceux qui invoqueront le Nom du Seigneur seront sauvés.

Amos est le premier prophète-écrivain : ses discours sont intégralement rapportés dans son livre. Son message est une annonce de malheur, sa prédication est menaçante. Il prophétise la chute d'Israël, l'imminence du jugement de Dieu : Dieu va visiter son peuple pour le châtier. Malgré les malheurs, la conversion n'est pas venue, alors le peuple sera jugé. La finale énonce un oracle de bonheur (mais c'est sans doute une addition des disciples du prophète), une promesse de Dieu : l'homme peut aspirer au bonheur.

Le livre d'Abdias est le plus court de la Bible, il ne comporte qu'un chapitre de vingt et un versets, mais cela ne signifie pas qu'il soit dépourvu de valeur. Alors que Jérusalem connaissait la défaite, le frère ennemi du peuple, Edom, descendant d'Esaü, en a profité pour occuper une partie du territoire. Au moment où tout semble perdu, le prophète a une vision : Edom s'effondre en raison de sa trahison, puis toutes les nations.

Le livre de Jonas se présente comme une légende prophétique. Plus qu'un recueil d'enseignement, le récit présente l'histoire du prophète qui refuse d'obéir à Dieu. Jonas fuit dans la direction opposée à la ville de Ninive qu'il devait convertir, il cause le malheur de tous ceux qu'il fréquente. Jeté à la mer, il est sauvé par un monstre marin dans le ventre duquel il passe trois jours et trois nuits. Après cela, il accomplit sa mission, il prêche la conversion à la ville de Ninive dont les habitants changent immédiatement de conduite. Dieu renonce à la détruire, ce qui entraîne la colère du prophète qui réclame la mort. Le livre se termine sans qu'on sache ce qu'il advient du prophète.

Le livre de Michée, contemporain d'Isaïe, présente un procès entre Dieu et son peuple. Si Jérusalem n'a pas encore connu le châtiment de Samarie, la sécurité n'est qu'apparente, car Dieu ne peut pas se contenter des moyens que le peuple a trouvés pour se faire pardonner. Dieu réclame la justice, son châtiment sera à la mesure de la révolte du peuple contre son Dieu, mais une place est laissée au relèvement de Juda, à la description des temps futurs.

Les trois chapitres du livre de Nahoum célèbrent la chute de Ninive, qui prend valeur de symbole : son châtiment est un exemple pour les nations. Elles sont des instruments entre les mains de Dieu, il ne les préserve pas de la chute quand il décide de relever son peuple.

Le livre d'Habaquq s'en prend aux Chaldéens, aux néo-babyloniens qui, ayant combattu l'Assyrie, se lancent à la conquête du Proche-Orient. En période de crise, le prophète en appelle à Dieu : comment peut-il permettre le triomphe des ennemis au point que la foi en sa souveraineté sur le monde en soit mise en cause. La réponse de Dieu tient en un seul mot : fidélité.

Sophonie s'élève contre le paganisme renaissant en Juda pendant la minorité du roi Josias. Ses exigences en font un précurseur  de la réforme religieuse entreprise par ce roi. Les rédacteurs du livre l'ont ordonnancé en trois parties : menaces contre Juda, menace contre les ennemis du peuple, promesse d'un rétablissement. Le Jour du Seigneur est le centre de sa prédication. Ce jour sera celui d'un bouleversement général, il atteindra tous les hommes et sera une désintégration de la création. Pourtant, ce n'est pas une fin du monde, c'est une transformation du peuple délivré de son péché pour inaugurer une vie nouvelle à partir d'un "petit reste de gens humbles et pauvres qui chercheront refuge dans le nom du Seigneur".

Le message d'Aggée se situe fin 520, près des juifs revenus de Babylone pour reconstruire le Temple. Il essaie d'interpréter les signes des temps, particulièrement la pauvreté du peuple. Les mauvaises récoltes sont le signe de la punition infligée par Dieu à ceux qui sont revenus d'exil sans retrouver un zèle ardent. Il faut reconstruire le Temple sans tarder pour que la bénédiction de Dieu se répande sur son peuple.

Zacharie est le contemporain d'Aggée dont il consolide le message en soulignant l'amour ardent dont Dieu fait preuve à l'égard de son peuple. Toutefois, comme le livre d'Isaïe, le livre de Zacharie ne peut pas être attribué à un seul prophète. Si la première partie se rapporte bien à la date de 520, la seconde partie (chapitres 9 à 14) provient d'un auteur plus tardif que l'on appelle parfois le Deutéro-Isaïe. Le message du premier Zacharie se compose de huit visions qu'il a eues au cours de la même nuit. Il annonce des temps meilleurs, la restauration se prépare, elle s'organise et va même s'achever prochainement. Le prophète entrevoit un Messie qui apportera le salut à son peuple et à toutes les nations. Le Deutéro-Zacharie présente une description des temps messianiques. Dieu réalisera le salut pour son peuple en le rassemblant, puis il intégrera à la communauté du salut les nations païens qui adopteront la Loi.

Le livre de Malachie est le dernier livre du canon prophétique de la Bible hébraïque. Malachie est un pseudonyme, signifiant : mon envoyé. Le peuple est rentré d'exil, le culte a repris. Des indices du livres permettent de situer son message entre 480 et 460. Les espérances ne se sont pas réalisées, le scepticisme s'installe, le découragement entraîne une régression de la foi. Malachie réagit et place ses auditeurs en face de leurs responsabilités envers Dieu et envers les autres hommes.

La Bible chrétienne a ajouté un autre livre, n'appartenant pas au corpus de la Bible hébraïque. C'est le livre de Baruch, livre qui n'est pas homogène, et dont les parties ne peuvent appartenir à la même époque ni donc au même auteur. Il comprend une introduction historique présentant les circonstances de composition du livre, puis une prière pénitentielle dont le but est de réconcilier le peuple avec Dieu, ensuite une méditation sur la sagesse qui peut se définir comme la crainte de Dieu. ce livre se termine par une exhortation et une consolation de Jérusalem.

Après la Torah et les livres prophétiques, la Bible hébraïque présente une troisième collection de livres hétéroclites, aucun titre n'a été attribué à cette collection. Ce sont simplement les autres écrits.

Le livre des Psaumes est un recueil de cent cinquante chants destinés au culte avec un accompagnement musical. Ce recueil est rédigé en vers, chacun d'eux se composant de deux (parfois trois) membres qui soulignent le rythme à partir de l'accent tonique, comme dans la poésie anglo-saxonne. Ce sont des hymnes de louange, des invitations à l'acclamation pendant les pèlerinages, des prières individuelles ou collectives, comme les supplications des malades ou des pénitents, comme le cris des persécutés ou des exilés, des chants de confiance et des actions de grâce... On trouve des psaumes qui mêlent plusieurs genres : chants de bénédictions, chants liturgiques, chants alphabétiques. Le contenu des psaumes permets de souligner les différents genres : ils peuvent être à la gloire de la royauté, revêtir une tournure prophétique ou historique, ils peuvent aussi se présenter comme des enseignements de sagesse.

Le livre de Job traite, sous forme de dialogue, du problème du gouvernement du monde par Dieu et celui de la souffrance du juste. il n'apporte pas de solution au problème du mal, mais il présente une tentative de l'homme qui veut se situer face à Dieu, alors qu'il connaît le désarroi. On suppose qu'il a été composé à partir d'une légende ancienne après l'exil, alors que le peuple remettait en cause sa foi en la justice de Dieu.

Le livre des Proverbes rassemble une collection de sentences rappelant la littérature sapientiale de l'Egypte et de Babylone. La période royale, surtout celle de Salomon, paraît avoir été propice pour la mise par écrit de ces sentences qui circulaient par la tradition orale. Salomon est présenté comme l'inventeur de ce genre de littérature, de même que David est considéré comme l'inventeur de la littérature psalmique ou de même que Moïse était présenté comme l'origine de la littérature juridique.

Un recueil est appelé "les cinq rouleaux", ce sont cinq petits livres qui étaient habituellement lus dans les synagogues à l'occasion de certains jours de fête : Cantique des cantiques pour la Pâque, Ruth pour la Pentecôte, Lamentations pour le jour anniversaire de la destruction du Temple, Qohélet pour la fête des Tentes, Esther à Pourim.

Le Cantique des cantiques est un recueil de poèmes d'amour. Alors que la Bible démythifie tout érotisme contre ses voisins qui laissaient les dieux présidaient les amours humaines, ce chant d'amour, sexuel et sacré, décrit l'activité amoureuse comme bonne dans l'oeuvre de Dieu.

Le livre de Ruth doit son nom à l'héroïne du récit. Son auteur évoque une ancêtre du roi David, une étrangère qui abandonne son peuple et ses dieux pour s'agréger à Israël. Convertie sincère, introduite légalement dans la famille israélite par son mariage avec Booz, elle donne naissance à un fils, Oved, père de Jessé, lui-même père de David. Ce livre souligne l'universalisme de la religions d'Israël au milieu des nations.

Le livre de Qohélet, appelé également l'Ecclésiaste, s'appuie sur la constatation de l'universelle vanité des choses : tout se dirige vers la mort et rien ne peut subsister. Mais celui qui prend la parole dans l'assemblée (traduction du terme : Qohélet) n'est pas un sceptique, il croit en Dieu, il partage la foi d'Israël, il accepte les doctrines révélées par la Parole de Dieu, mais il ne donne pas de solutions à son problème : le juste peut, tout au plus, s'efforcer d'échapper au jugement de Dieu en suivant la Loi, mais il n'y a pas d'espérance en un au-delà de la mort.

Les Lamentations, faussement attribuées à Jérémie, dont on reconnaît pourtant l'influence, sont composées de cinq poèmes ayant pour objet la ruine de Jérusalem et du Temple. Elles s'appliquent donc à la catastrophe nationale de la déportation, mais elles sont aussi un chant de confiance en Dieu qui peut prendre en piété son peuple châtié.

Le livre d'Esther raconte l'histoire d'une juive, choisie par le roi Assuérus comme épouse, elle empêche la mort de ses compatriotes, voulue par la vizir Aman. Esther obtient sa condamnation et son remplacement par Mardochée, son oncle, qui obtient l'autorisation d'exterminer tous les adversaires de la communauté d'Israël. L'événement est célébré à Pourim, ou fête des sorts.

Le livre de Daniel comprend deux parties malgré son unité apparente. Daniel, juif déporté, demeure fidèle à Dieu malgré l'épreuve. Puis le récit prend un forme autobiographique : Daniel obtient une sagesse extraordinaire en refusant de manger des aliments considérés comme impurs. Ses compagnons, jetés dans le feu, pour avoir refusé d'adorer les idoles, sont protégés par Dieu, et ils obtiennent finalement la faveur royale. Nabuchodonosor ayant perdu la raison, son fils Balthasar lui succède. Au cours d'un festin, il a la vision d'une main inscrivant des signes incompréhensibles sur le mur. Daniel interprète ces termes dans le sens de la ruine imminente des Chaldéens et de la venue des Perses. Le récit de Daniel dans la fosses aux lions souligne la puissance de Dieu qui l'emporte toujours. Il annonce la délivrance proche des fidèles persécutés pour leur foi.

Les derniers livres de la Bible hébraïque sont attribués à un chroniste. Il s'agit des livres d'Esdras, de Néhémie et des Chroniques.

Les livres d'Esdras et de Néhémie traitent des événements qui se sont déroulés après l'exil. Leur auteur ne fait pas une oeuvre historique dans le sens moderne du terme. Il veut avant tout justifier les fondements de la vie juive : respect de la Loi et des institutions centralisées autour du Temple et de son culte, espérance en la restauration davidique. Ainsi la restauration est entièrement commandée par le dessein de salut de YHWH.

Les deux livres des Chroniques sont une reprise d'écrits anciens complétés par une documentation orale. Ils veulent réinterpréter toute l'histoire, et plus particulièrement celle du royaume du Sud, dans une perspective sacerdotale.

A ces livres qui constituent le canon de la Bible hébraïque, il faut ajouter quelques livres de la Bible d'Alexandrie qui ne sont connus qu'en grec. Ils sont appelés apocryphes, mais sont entrés dans la Bible chrétienne.

Les deux livres des Maccabées présentent leur rébellion contre le roi Antiochus Epiphane.

Le livre de Judith retrace la légende d'une juive qui aurait sauvé son peuple en tuant le général assyrien Holopherne.

Le livre de Tobie insiste sur les oeuvres de bienfaisance à l'égard des malades et des morts.

Le livre de Sirac est constitué par un recueil de sentences. C'est un livre de sagesse pratique qui doit amener à la conversion morale des païens.

Le livre de Baruch, secrétaire de Jérémie, est un poème sapiential invitant à la pénitence et qui s'inspire des Proverbes.

Le livre de la Sagesse, dont le patronage est accordé à Salomon, reprend la doctrine de la sagesse dans la Bible en lui donnant un sens nouveau, en raison du milieu hellénisé dans lequel ce livre a été écrit.

Dans la littérature chrétienne, vingt-sept livres occupent une place privilégiée, car ils constituent en quelque sorte la norme de la foi reçue des apôtres. Ces livres forment le Nouveau Testament, ils ont tous été écrits en grec. Le plus ancien manuscrit dont on dispose a été découvert sur le mont Sinaï en 1859. Il existe de nombreux manuscrits plus ou moins complets. A force d'être recopiés à la main, ces textes ont subi des modifications ou des altérations. Certaines ont trait à la grammaire grecque, les autres affectent le sens profond du texte.

Les traducteurs ne privilégient pas un texte aux dépends d'un autre, mais essaient d'établir le texte en tenant compte des différentes leçons dont ils disposent grâce aux nombreux manuscrits anciens. Le but de la critique textuelle est de reconstituer, à partir de ces éléments, un texte qui se rapproche le plus possible du texte original, tout en sachant qu'il sera impossible de remonter jusqu'à l'original lui-même.

Le Nouveau Testament comprend quatre Evangiles, les Actes des apôtres, des lettres d'apôtres, et l'Apocalypse.

L'auteur du premier évangile complètement rédigé est Marc. Cet auteur s'efface complètement devant le message qu'il transmet. Grâce à la tradition, on sait qu'il fut disciple de Pierre et de Paul qu'il écoutait prêcher et dont il gardait fidèlement l'enseignement. Son évangile est marqué par la situation de l'Eglise romaine après la persécution de Néron. Cette communauté était essentiellement composée d'anciens païens, et l'on comprend l'importance que Marc accorde à l'évangélisation des païens.

L'Evangile selon Matthieu, qui occupe la première place dans les livres du Nouveau Testament, a été écrit vers les années 80, probablement en Syrie. On ne connaît pas avec certitude la personnalité de Matthieu, mais on l'identifie souvent à l'apôtre de Jésus. Bien enraciné dans son milieu d'origine, Matthieu s'adresse à des communautés chrétiennes venues du judaïsme. Il est documenté sur les traditions, les lois et les coutumes juives, dont il n'éprouve pas le besoin de justifier l'existence, puisque ceux à qui il s'adresse les connaissaient. Il affirme que la Loi de Moïse a trouvé son achèvement en Jésus, et il invite les communautés d'origine juive à se renouveler afin de permettre aux païens d'accéder à la Bonne Nouvelle et d'entrer dans l'Eglise, le véritable Israël.

Le troisième Evangile, celui de Luc, est le premier volet d'un diptyque, l'autre volet étant constitué par les Actes de Apôtres. Luc est un disciple de Paul, un homme cultivé, et il écrit son évangile vers l'an 80, en s'adressant aux communautés venues du paganisme. Il est soucieux de voir les chrétiens mettre en oeuvre la parole de Jésus. Il s'attarde sur les manifestations de la tendresse et de la miséricorde de Dieu, telles qu'elles ont pu être manifestées dans la personne de Jésus. Il fait oeuvre d'historien, même s'il se soucie surtout de montrer la grandeur de l'histoire sainte qui ne peut se comprendre que dans la foi.

L'Evangile selon Jean a été mis en forme vers les années 90-100. Il se présente comme une méditation des paroles et des gestes de Jésus, et, plutôt que de retenir une multiplicité de faits, il n'en retient qu'un petit nombre qu'il va exploiter au maximum pour manifester la progression dans la vie de Jésus jusqu'à l'heure qui sera la sienne, celle de son humiliation et de sa détresse sur la croix, mais aussi celle de son exaltation dans la gloire. le corps ressuscité de Jésus est le seul vrai Temple de Dieu.

Rédigé par Luc, le rédacteur du troisième évangile, le livre des Actes des apôtres se présente comme une grande fresque sur les origines de l'Eglise, de Jérusalem jusqu'à Rome. C'est le premier travail d'évangélisation qui se trouve rapporté. Le but de la prédication, c'est la conversion au Dieu qui a ressuscité Jésus d'entre les morts. Le but du livre n'est pas simplement historique, sa visée est théologique : l'oeuvre de Dieu commencée en Jésus se poursuit dans les communautés où la Bonne Nouvelle du salut est annoncée.

Les treize lettres attribuées à Paul sont généralement classées par ordre de longueur décroissante, les lettres aux communautés précédant les billets aux individus.

Toutefois, pour mieux comprendre la pensée de Paul, il convient de resituer ces lettres dans le cadre de l'histoire de l'Eglise au premier siècle.

Ses lettres s'échelonnent de l'année 51, quelques mois après le concile de Jérusalem, jusqu'au moment de la mort de l'apôtre. Durant son séjour à Corinthe, de l'hiver 50 à l'été 52, il envoie ses deux lettres aux Thessaloniciens.

Pendant son séjour à Ephèse qui dura deux ans et trois mois, il écrit ses deux lettres aux Corinthiens, sa lettre aux Galates et sans doute sa lettre aux Philippiens. Revenu à Corinthe pour l'hiver 57-58, il écrit aux Romains. Au moment de sa captivité ou plus exactement de sa mise en résidence surveillée à Rome, il envoie ses lettres aux Colossiens, aux Ephésiens, son billet à Philémon et ses lettres pastorales.

Dans ses deux lettres aux Thessaloniciens qui sont, selon la chronologie, les premiers écrits du Nouveau testament, Paul vient de quitter une communauté qu'il a fondée et il manifeste les liens qui l'unissent à elle, ainsi que la joie de voir ses disciples répondre avec empressement à la Bonne Nouvelle du salut. Il déploie la foi qu'il a reçue du Christ et des apôtres pour entretenir les chrétiens dans l'espérance de la venue du Royaume : le souci prioritaire du chrétien est de veiller dans l'attente du Seigneur.

Ecrivant aux Thessaloniciens, Paul annonçait en même temps la Bonne Nouvelle dans la ville de Corinthe où il séjournait. C'était une cité où des populations diverses se côtoyaient. Ce qui était frappant, c'était la distinction des classes sociales : seuls, une minorité disposait de la richesse tandis que la majorité était constituée de petites gens et d'esclaves méprisés. Le visage de la communauté de Corinthe reflétait la vie quotidienne de cette cité cosmopolite. Cette communauté pouvait être vivante et fervente, elle n'était pas à l'abri des dangers moraux et spirituels que représentaient les courants de pensée et de vie dans ce port.

Quand Paul quitte Corinthe afin de poursuivre son activité, il reste en lien avec cette communauté qui éprouve de la difficulté à vivre selon l'Evangile, à se détourner des pratiques de débauche antérieure. Paul va être amené à inventer une morale chrétienne, une manière de vivre qui correspond à l'évangile qu'il a annoncé et pour lequel il ne cesse de lutter. A partir de faits concrets qui agitaient cette Eglise, comme le scandale de l'opposition entre les riches et les pauvres, Paul réfléchit et fait réfléchir sur ce qui constitue le coeur de la foi chrétienne : Jésus-Christ, mort et ressuscité, sur qui les disciples doivent engager leur vie.

La lettre aux Galates est une lettre circulaire que Paul adresse aux communautés de Galatie. Paul s'était arrêté quelque temps dans leur région, pour une maladie grave. Les Galates, bien que païens, l'avaient accueilli et soigné, ils avaient reçu la Parole de l'Evangile avec joie et les dons spirituels ne leur avaient pas manqué. Mais après le départ de Paul, des prédicateurs, fortement judaïsants, sont venus contrecarrer sa prédication en insistant sur les exigences de la Loi juive. Les Galates se sont laissés séduire et se sont mis à suivre rigoureusement les préceptes de la Loi, comme la circoncision, sans voir le danger qu'ils pouvaient courir. S'il faut ajouter quelque chose à l'Evangile, le Christ est incapable de sauver totalement l'homme. L'objet de la lettre sera de rappeler que le baptême suffit pour donner le salut et que les pratiques juives sont définitivement abolies. Pour Paul, l'Evangile est une Parole libératrice : il n'y a plus de commandement auquel il faudrait obéir. C'est pour que les hommes soient vraiment libres que le Christ les a libérés.

Dans sa lettre aux Romains, Paul reprend de manière systématique le message qu'il adressait aux Galates, et il développe les principales préoccupations de son apostolat. Tous les hommes, juifs ou païens, sont unis dans une même solidarité, celle du péché, mais cette solidarité en appelle une autre : les hommes sont solidaires dans le salut apporté par le Christ. Lui seul est le nouvel Adam qui suscite une création nouvelle par la foi et le baptême. La tendresse et la miséricorde de Dieu pour tous les hommes leur ont valu un surabondance de biens spirituels. par la mort et la résurrection du Christ, par le don de l'Esprit à tous les croyants, les hommes peuvent vivre en communion les uns avec les autres, se découvrant ainsi une filiation divine : ils peuvent appeler Dieu leur Père. La conséquence pratique qu'en tire Paul, c'est que les chrétiens doivent vivre véritablement comme le enfants de Dieu, en offrant toute leur vie dans le même Esprit qui fait vivre l'Eglise universelle.

Quand il écrit aux Philippiens, Paul indique lui-même qu'il est prisonnier, mais il n'indique pas le lieu de son incarcération. Cette lettre reprend les thèmes du séjour de Paul à Ephèse, et particulièrement la certitude que tous les hommes sont sauvés en Jésus. Mais, si dans la lettre aux Romains, il développait sa pensée en s'imposant une discipline littéraire, dans cette lettre à ses "chers Philippiens", Paul se livre tout entier en dévoilant la grande amitié qui le lie à la communauté. Proche d'elle, il l'est malgré la captivité, car il vit avec elle dans la communion fraternelle avec le Christ qui lui assure que son sort ne peut pas être indifférent aux progrès de l'Evangile.

Pendant les quatre années qui séparent ces lettres des suivantes, Paul est prisonnier, deux ans à Césarée Maritime en Palestine, et deux ans en résidence surveillée à Rome. Pendant ce temps, il peut réfléchir et élargir ses horizons. Il ne renie pas l'intérêt qu'il porte à la croissance de l'Evangile, mais il va le centrer davantage sur la personne du Christ qui est à l'oeuvre dans la croissance de l'Eglise par la prédication. Il en ressent d'autant plus la nécessité absolue qu'il découvre qu'une communauté qu'il n'a pas fondée, celle de Colosses, est menacée d'hérésie. C'est Epaphras qui a fondé cette Eglise, et c'est d'après ses informations que Paul va rédiger sa lettre.

Paul écrit aux Colossiens de sa captivité romaine, vers l'an 63. Malgré les études importantes faites par les spécialistes, on ne sait pas exactement quel était le risque d'hérésie que courait cette communauté, sans doute une tentation judaïsante qui finissait par considérer le Christ comme un simple maillon entre Dieu et les hommes, une puissance céleste comparable à celle des anges ou des puissances occultes. La tendance théologique réduisait le rôle éminent et particulier de Jésus, Christ et Sagesse de Dieu. L'Evangile exprime pleinement le mystère de Jésus en qui Paul découvre la tête, le chef de l'Eglise. Par le travail des chrétiens dans le monde, ceux-ci oeuvrent déjà au Royaume de Dieu.

En envoyant sa lettre aux Colossiens par l'intermédiaire de Tychique, Paul adresse un court billet à un chrétien de Colosses. Dans ce mot à Philémon, écrit de sa main, Paul exprime, de manière nouvelle pour l'époque, la qualité des relations qui doivent exister entre maître et esclave chrétiens. Onésime, esclave de Philémon, s'est enfui. La loi était intransigeante pour les fugues : la mort était le lot de l'esclave. Onésime a rencontré Paul, on ne sait dans quelle circonstance, et Paul s'est pris d'amitié pour lui, il le renvoie à son maître en lui recommandant de l'accueillir non plus comme un esclave mais comme un frère en Jésus-Christ.

En écrivant aux Ephésiens, Paul s'adresse collectivement aux Eglises d'Asie Mineure. Il fait découvrir à ces chrétiens la grandeur du plan de Dieu sur le monde. Dieu vise à réunir tous les hommes sous un seul chef, le Christ. Paul, prisonnier du Christ, décrit la place que Jésus occupe dans le projet de Dieu sur l'humanité. Par lui se fait l'union entre les juifs et les païens dans une même foi apportée par la résurrection du Christ. Paul exhorte les chrétiens à vivre dans l'unité de l'Eglise qui se présente comme le Corps continué du Christ et comme son Epouse bien-aimée, qu'il s'est acquise au prix de son sang. Il les invite à vivre en enfants de lumière qui renoncent aux pratiques anciennes pour se situer dans le régime de la loi d'amour et pour vivre sans cesse dans l'action de grâce.

Trois lettres personnelles à des compagnons privilégiés achèvent le corpus paulinien. Ces trois lettres sont le testament spirituel de Paul qui fait ses ultimes recommandations aux pasteurs de l'Eglise, en particulier à ceux qu'il avait institués lui-même comme ministres, c'est-à-dire comme serviteurs du Christ et de l'Eglise, Timothée qu'il appelait avec tendresse son frère et son collaborateur dans la prédication et Tite qu'il désignait comme son enfant dans la foi commune. La principale préoccupation de Paul, c'est son désir de voir gardé intact le dépôt de la foi qu'il a transmise, ainsi que son souhait d'organiser les différentes communautés pour que tous ceux qui se réclament du nom de Jésus puissent continuer de communier à la louange de Dieu, telle que l'Eglise primitive le faisait dans l'exaltation du Christ et de son oeuvre.

La lettre aux Hébreux n'est pas une lettre dans le style de l'époque. C'est une homélie sur le sacerdoce. En finale, un court biller d'accompagnement est ajouté avant de l'envoyer à une communauté. l'auteur, qui n'est pas Paul, mais sans doute un de ses disciples, esquisse une théologie du sacerdoce, montrant que le seul prêtre de la Nouvelle Alliance est Jésus-Christ.

Les autres lettres du Nouveau Testament sont au nombre de sept et sont attribuées à différents apôtres : une à Jacques, une à Jude, deux à Pierre et trois à Jean. Les premières lettres de Pierre et de Jean entrèrent rapidement dans le canon officiel des Eglises, les autres n'y entrant qu'au cinquième ou au sixième siècle, ce qui les fait appeler deutérocanoniques.

Selon l'opinion traditionnelle, la lettre de Jacques a pour auteur le frère du Seigneur et le chef de l'Eglise de Jérusalem, mais la plupart des critiques refusent une telle identification, l'auteur serait un chrétien d'origine juive appartenant à la deuxième génération chrétienne, possédant une connaissance des subtilités de la culture grecque. Il aurait écrit sa lettre après la ruine de Jérusalem, il veut donner un enseignement moral ressemblant à la morale grecque : il rappelle les exigences développées par Jésus dans le Sermon sur la Montagne, soulignant avec fermeté qu'il est impossible de servir Dieu et l'argent, non pas pour condamner les riches sans rémission, mais pour les inviter à méditer sur la caducité des biens terrestres et à rechercher les biens spirituels. Il recommande la prière pour les malades, invitant celui qui souffre à faire appel aux prêtres pour qu'ils prient sur lui en faisant une onction d'huile afin qu'il s'en trouve bien. Cette prière soutenue par la foi lui vaudra le pardon de ses péchés.

La première lettre de Pierre apparaît comme une homélie sur le baptême dans laquelle il est possible de retrouver la catéchèse de l'Eglise primitive. Pierre aurait fait écrire cette lettre par Sylvain, son secrétaire, vers 63-64. Il invite son lecteur à méditer sur le mystère du Christ dans sa Passion, mystère du Serviteur souffrant qui prend sur lui le péché du monde, acceptant de mourir pour une multitude et pour le pardon de tous les péchés. Puisque le Christ est vainqueur de toutes les limitations humaines, le chrétien est assuré de surmonter toutes les épreuves.

La deuxième lettre attribuée à Pierre est un écrit beaucoup plus tardif, composée sous le patronage de "Syméon Pierre". L'auteur attaque les faux docteurs qui font apparaître la foi comme une fable. Les chrétiens doivent garder le dépôt de la foi, demeurer fidèles à leur vocation, même si le retour du Christ tarde. En effet, le problème du retard du Christ à revenir commence à se poser : la promesse du nouvel avènement du Christ ne se réalisait pas, les pères dans la foi étaient morts sans le connaître... L'auteur reproche à ses contemporains leur manque de foi : Dieu ne mesure pas le temps à la manière des hommes, pour assurer le salut de tous il peut accorder un délai de grâce, le temps qu'il faudra pour que tous puissent se convertir. L'essentiel de la vie chrétienne est de vivre chaque jour l'idéal de sainteté, en laissant Dieu agir pour le bien de tous.

Vers les années 80-90, un auteur qui se présente comme Jude, le frère de Jacques, écrit une lettre utilisant des textes juifs pour mettre en garde les chrétiens contre les faux docteurs. A côté de la profession de foi au monothéisme strict, on trouve une esquisse de la théologie trinitaire. Dieu le Père châtie les impies et appelle les justes à la vie, Jésus est le Maître qui a racheter les chrétiens pour leur donner la vie, l'Esprit-Saint garde constante la foi des apôtres et évite aux chrétiens les pièges des docteurs qui veulent pervertir la doctrine.

La première lettre de Jean se présente comme l'exhortation d'un homme qui possédait une autorité religieuse sur ceux qu'il appelle "ses petits enfants" afin que les chrétiens demeurent fidèles à la foi reçue par le témoignage apostolique. C'est une lettre pastorale pour soutenir la foi dans les combats contre les tentations d'erreur et d'égarement. La preuve que le chrétien peut donner de sa foi, c'est l'amour pour ses frères.

La deuxième lettre de Jean est un billet adressé à "la Dame élue et à ses enfants", à une Eglise et à ses membres. Son but est d'insister sur la nécessité de l'attachement à la foi et à la vie fraternelle qui permettront de se préserver de l'enseignement dangereux des faux docteurs.

La troisième lettre de Jean est adressée à un certain Gaïus qu'elle félicite d'être resté fidèle à la vérité de la foi. l'amour chrétien trouve son origine dans la vérité révélée en Jésus.

L'Apocalypse est le nom du dernier livre de la Bible chrétienne, c'est la translittération d'un mot grec signifiant : lever le voile, dévoiler ce qui était caché. C'est la révélation par Dieu des mystères cachés que seul il connaît. L'auteur de ce livre donne lui-même son nom : Jean, et il se présente comme prophète et comme témoin du Christ vivant. Le prophète est le porte-parole de Dieu qui interprète ce que Dieu peut dévoiler de lui-même et de son projet pour l'humanité. Le monde doit disparaître à cause de sa perversité mais cette disparition permettra l'avènement du monde nouveau qui marquera le triomphe de Dieu, lors du retour glorieux du Christ qui rétablira toutes choses selon la justice de Dieu.