Guide de lecture pour la Bible

 

La Bible reste souvent un livre sur le rayon de la bibliothèque, un livre qui n'est pratiquement jamais ouvert ! Pourtant chacun sait que les chrétiens et les juifs parlent de la Bible comme de la Parole de Dieu. Cela explique le respect qu'ils lui témoignent. Ce respect est tel qu'ils n'ouvrent jamais personnellement ce livre. Ils se contentent d'en entendre des extraits dans les offices de leur religion, quand ils daignent y participer.

Alors que renferme ce livre mystérieux ? Est-ce un traité d'histoire, la saga d'un peuple, un recueil de poésies et de légendes, un livre philosophique, le fruit de l'imagination des hommes ou celui d'une inspiration divine ? C'est ce que nous allons essayer de découvrir par cette étude.

Les livres sacrés

Toutes les religions ont leurs textes sacrés, leurs croyances, leur culte, leur pratique. La sacralisation des textes, ou des livres vient de leur fonction qui les place hors de l'ordre profane, et elle est en rapport avec l'autorité qui leur est reconnue.

On connaît des textes sacrés de la tradition gréco-romaine, on a pu déchiffrer des textes venus de civilisations disparues, en Égypte, en Mésopotamie, en Asie Mineure. Il y a aussi les religions vivantes dont les livres sacrés ont été introduits en Occident, comme ceux de l'Inde, ceux du Bouddhisme, dont l'influence s'exerce sur plusieurs centaines de millions d'hommes. Il faudrait encore citer le livre de l'Islam, le Coran.

Si la Bible n'est pas un cas isolé dans l'histoire des religions, elle est dans une situation particulière, du fait que deux religions, apparentées mais différentes, s'en réclament : le Judaïsme et le Christianisme divisé en plusieurs branches : Catholicisme, Orthodoxie et Protestantisme.

La Bible a marqué de son empreinte et de son être la nature même d’une importante partie de la civilisation et de la culture. Sans la Bible, le discours, la façon de parler et d’écrire, de juger et de penser, de créer et de rêver, serait en effet tout autre.

Du côté juif, la Bible est constituée par une liste d'ouvrages, fixée par des docteurs juifs vers la fin du premier siècle de l'ère chrétienne. Le Christianisme, né au sein du Judaïsme, a repris à son compte cet ensemble sous une forme plus large que celle du Canon fixé par les docteurs juifs, en y ajoutant ses propres écrits.

Les langues de la Bible

Dans le Judaïsme, l'hébreu est la langue sacrée, mais l'explication de l'Écriture et l'enseignement peuvent s'adapter aux situations. Dans le Christianisme, il n'y a plus de langue sacrée, dès l'antiquité, la Bible chrétienne a connu une multitude de traductions. De ce fait, la Bible est le texte le plus traduit, le plus édité. Elle est traduite dans près de trois mille langues.

Pourquoi existe-t-il une traduction grecque de la Bible hébraïque ? Bien qu'ayant connu une évolution au contact des dialectes voisins, l'hébreu reste jusqu'au sixième siècle avant Jésus-Christ une langue comprise par l'ensemble de la population d'Israël. A partir du retour d'Exil en 535, et surtout du quatrième siècle avant Jésus-Christ, la population juive ne se fixe plus seulement en Palestine, elle s'implante sur le pourtour méditerranéen. C'est ce que l'on appelle la Dispersion ou Diaspora. Les pays de la Diaspora se trouvent sous domination grecque et l'influence hellénistique s'exerce dans tous les domaines. Progressivement, le grec se substitue aux autres langues. L'hébreu est de moins en moins connu même par la communauté juive. Il faut donc traduire le texte original. Ainsi naîtra une traduction grecque appelée Septante, destinée à être comprise des fidèles éloignés de Jérusalem et à nourrir leur foi.

"Septante" ce nom tire vient d'une légende. A la fin du deuxième siècle avant Jésus-Christ, la lettre d'Aristée, rapporte une légende selon laquelle Ptolémée, roi Égypte, aurait demandé au grand prêtre Eléazar, une traduction grecque des livres saints afin de les faire figurer dans la bibliothèque d'Alexandrie ! Les rouleaux sont expédiés de Jérusalem à Alexandrie, et le roi païen se prosterne sept fois devant les Saintes écritures... Et la légende précise qu'Eléazar envoya ses traducteurs, sages et savants - six par tribu - à Alexandrie. Ces soixante douze vieillards, isolés les uns des autres pour accomplir leur tâche, produisirent soixante-douze traductions absolument identiques les unes aux autres !

En fait, la traduction de la Bible en grec fut faite par étapes à partir du troisième siècle. En dépit de la légende, la traduction grecque n'est pas calquée sur le texte hébreu et des différences traduisent des interprétations qui renseignent sur la pensée juive au seuil de l'ère chrétienne. C'est presque toujours d'après la Septante que les auteurs du Nouveau Testament citent l'Écriture.

Les traductions de la Bible

Depuis 1950, les traductions en langue française se sont multipliées. Pourquoi recommencer la traduction d'un texte connu depuis longtemps ? Parce que le travail des traducteurs n'est jamais terminé. Les langues ne se superposent pas, il faut trouver les équivalences convenables. Les façons de traduire sont variées, et elles oscillent entre la littéralité rigoureuse et la recherche de la beauté littéraire. Les publics sont différents, les uns s'accommodent d'une langue technique tandis que d'autres préfèrent le français courant.

Pour s'en tenir aux traductions qui font autorité, on peut citer les quatre grandes éditions :

la Bible de Jérusalem, refondue en 1973 (éditions du Cerf) ;

la Bible en trois volumes parue dans la Pléiade ;

la Bible d'Osty (éditions du Seuil)

la Traduction oecuménique de la Bible, réalisée en commun par des spécialistes catholiques, protestants et orthodoxes.

Il existe des éditions illustrées pour le grand public, des éditions de luxe pour bibliophiles, des traductions en français courant, des textes choisis pour enfants, etc. En 2001, est parue une nouvelle traduction de la Bible, oeuvre commune d'écrivains et d'exégètes catholiques, sous l'égide de BAYARD-PRESSE

Qu'est-ce que la Bible ?

 La Bible a été longtemps le seul recueil littéraire connu de la culture ancienne du Proche-Orient et elle en reste un des témoins majeurs. À ce seul titre, elle mérite l’intérêt de l’homme cultivé. Cet intérêt est renforcé par son influence sur la civilisation occidentale par le christianisme. Elle reste le « livre sacré » des religions juive et chrétiennes : elle est un écrit vivant, en ce sens qu’elle nourrit la foi d’une grande fraction de l’humanité. À ce deuxième titre, la Bible fait partie de notre héritage, quelle que soit la position adoptée vis-à-vis de son contenu religieux. Livre religieux, elle est entourée de la vénération des fidèles des deux grandes religions juive et chrétienne. Ce livre est l’expression d’expériences humaines et religieuses vécues dans le temps et dépendant les unes des autres.

En proposant la Bible comme un seul livre, on risque de se faire illusion : il ne s'agit pas d'UN livre, mais d'une bibliothèque. En grec, ta Biblia : les livres. Cette bibliothèque paraît déroutante ; on y trouve des récits historiques, qui ne sont guère intéressants pour la connaissance du passé, des récits d'une morale pas toujours édifiante, des guerres, des meurtres, des chants de joie et de peine.

La Bible est autre chose qu'un livre, elle est l'aventure d'un peuple dévoré par la recherche de Dieu : chaque écrit est comme un condensé de cette expérience passionnante, interprétée par un écrivain qui donne le sens des événements, ou tente d'apporter une signification à chaque fait de l'histoire du peuple.

Les textes sacrés de la religion d'Israël sont devenus les textes du christianisme, et on les appelle alors Ancien Testament. Ce terme de "testament" désigne l'alliance que Dieu a passée avec son peuple par l'intermédiaire de Moïse. Et l'Ancien Testament s'oppose au Nouveau, qui désigne l'alliance établie en Jésus-Christ.

Dans les traductions françaises, la Bible présente ces deux versants, parce qu'en Occident la religion la plus répandue est le christianisme.

La Bible au temps de Jésus

Pour essayer de comprendre comment un Juif du premier siècle pouvait percevoir le contenu des livres sacrés de son peuple, nous pouvons recourir aux textes évangéliques.

Les chrétiens connaissent ce passage d'Évangile où des pharisiens demandent à Jésus quel commandement il considérait comme le plus grand et où Jésus répondit :

Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme et de tout ton pouvoir. Voilà le plus grand et le premier commandement. Le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. A ces deux commandements se rattachent toute la Loi et les Prophètes.     Mt 22,37-40

On peut aussi citer cet autre passage où Jésus souligne l'importance de toutes les Écritures :

Il leur dit : Voici les paroles que je vous ai adressées quand j'étais encore avec vous : il faut que s'accomplisse tout ce qui a été écrit de moi dans la loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes.     Lc 24,44

Cette "Loi" et ces "Prophètes" auxquels Jésus se réfère, ce sont les "Écritures" qui constituent pour le peuple juif "le Livre" par excellence, le trésor le plus précieux, la parole vivante du Dieu vivant.

Il est un autre texte qui peut en parler. Certes, ce texte ne semble pas répondre directement à notre question, mais si on le lit au-delà des apparences premières, il peut être riche d'enseignement. Il s'agit de la multiplication des pains par Jésus, rapportée par exemple en Luc 9, 12-17.

Le jour commençait de baisser. Les Douze s'approchèrent et lui (Jésus) dirent : Renvoie la foule, qu'ils aillent loger dans les villages et les hameaux des environs et qu'ils y trouvent à manger, car nous sommes ici dans un endroit désert. Mais il leur dit : Donnez-leur à manger vous-mêmes. Alors, ils dirent : Nous n'avons pas plus de cinq pains et deux poissons... à moins d'aller nous-mêmes acheter des vivres pour tout ce peuple. Il y avait environ cinq mille hommes. Il dit à ses disciples : Faites-les s'installer par groupes d'une cinquantaine. Ils firent ainsi et les installèrent tous. Jésus prit les cinq pains et les deux poissons et, levant son regard vers le ciel, il les bénit, les rompit, et il les donnait aux disciples pour les offrir à la foule. Ils mangèrent et furent tous rassasiés ; et l'on remporta ce qui leur restait de morceaux : douze paniers.

On n'aura jamais fini de s'interroger sur la réalisation même de cette multiplication des pains. Comment s'est-elle produite ? On pourra dire qu'une enfant ayant sorti son pique-nique, tout le monde fit de même, et les foules furent rassasiées. On pourra dire que, parmi les personnes qui suivaient Jésus, se trouvait la femme de l'intendant d'Hérode, et qu'elle se serait chargée d'assurer le ravitaillement. Mais on peut lire ce texte de manière plus symbolique.

De quoi s'agit-il ? Il s'agit de nourriture, et cette nourriture doit être donnée par les Douze : Donnez-leur vous-mêmes à manger ! leur dit Jésus. Mais on se souvient des paroles de Jésus qui affirme que : Ce n'est pas seulement de pain que l'homme vivra, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu.

La nourriture qui doit être donnée aux hommes n'est pas seulement faite pour apaiser la faim des corps, mais surtout pour celle de l'esprit et du cœur. Ce que les Douze doivent donner comme nourriture, c'est la Parole de Dieu. Or, comment cela se traduit-il dans ce texte ? Par cinq pains et par deux poissons. Ces cinq pains et ces deux poissons représentent symboliquement la Parole de Dieu que les disciples pouvaient connaître avant l'enseignement de Jésus, c'est-à-dire, pour faire bref, de la Bible connue à cette époque. Cette Bible comprenait le grand enseignement de la Loi donnée par Dieu à Moïse (ce qu'on appelait la Torah) et d'autres livres (ceux des prophètes et des écrits divers). La Bible était déjà divisée en trois grandes parties : la Torah, les Prophètes et les autres Écrits. La Torah, elle-même, était subdivisée en cinq livres différents, qui seront réunis sous le titre de Pentateuque dans la Bible des Septante : la Genèse, l'Exode, les Nombres, le Lévitique et le Deutéronome.

De là à dire que les cinq pains représentent, de manière allégorique, les cinq livres de la Torah qui constituent la nourriture spirituelle du peuple et que les deux poissons représentent les livres des Prophètes et des autres Écrits, il n'y a qu'un pas que l'on peut franchir allègrement. Toute la nourriture du peuple se trouve dans les Écritures, c'est la Parole de Dieu qui nourrit le peuple pendant la traversée de son désert terrestre.

Mais la Parole de Jésus va plus loin, quand il dit aux Douze : Donnez-leur vous-mêmes à manger ! Il ne s'agit plus simplement de se contenter de tout ce qui a été donné dans le passé, même si cela reste légitime, puisque Jésus bénit les pains et les poissons, il faut innover et donner un supplément de nourriture, et c'est ce dont les Douze sont chargés : un enseignement nouveau s'inaugure avec Jésus, et c'est de cela dont seront chargés les apôtres qui ramassent les douze paniers de restes après cette multiplication des pains et des poissons.

Dans ce texte évangélique, il est possible de voir un déploiement des Écritures, entre le passé du peuple juif et l'avenir de nouveauté de ce qui sera le peuple chrétien. Le passé n'est pas aboli, il est béni et sublimé. Il s'agit là d'une transition qui permet d'effectuer le passage de la Bible juive à la Bible chrétienne.

La Bible pour les Juifs

Pour les Juifs, la Bible est le Livre par excellence, toujours actuel, présent par le message qu'il apporte dans leur vie religieuse, dans leur conception de Dieu, du monde et de l'homme. La Bible hébraïque compte des Livres divisés en trois grandes parties : la Torah, les Neviim, les Ketouvim : d'où le nom de TaNaKh (formé de la première consonne des noms des trois parties, par lesquels les Juifs désignent la Bible).

Malgré la diversité d'auteurs, de styles, de genres à travers l'histoire et la géographie, une unité jaillit de la Bible, celle de l'inspiration divine, qui se manifeste à travers les conditions concrètes de la vie du peuple d'Israël.

La Bible est l'histoire d'un dialogue entre Dieu et les hommes, ce dialogue passe par la rencontre unique de Dieu et du Peuple d'Israël. Par l'intermédiaire des Prêtres, des Prophètes, des Rois et des Sages, le peuple comprend l'appel que Dieu adresse à l'humanité et la vocation particulière qui lui est assignée.

La Torah

De tous les livres bibliques, c'est la première partie, la Torah, qui occupe la place éminente dans la tradition. Le mot Torah est habituellement traduit par loi, c'est cependant une traduction trop restrictive. Ce mot, d'une très grande richesse, signifie enseignement, doctrine, orientation dans le droit chemin.

La Torah est composée de cinq livres (d'où le nom Pentateuque). Elle débute par le récit des origines et embrasse la période fondamentale de l'histoire d'Israël, celle des patriarches Abraham, Isaac et Jacob, et celle de Moïse. Elle renferme la plupart des préceptes, lois, commandements, règles rituelles qui furent données au peuple pour faire de lui une nation sainte.

C’est la partie la plus ancienne - d'après la tradition, elle a été écrite par Moïse. Elle renferme les vérités fondamentales sur Dieu et sur l'homme. C'est pourquoi elle est constamment lue, commentée, étudiée.

Les Neviim : les Prophètes

On appelle Nabi, prophète, un homme qui a reçu l'appel de Dieu à travers une vision ou un songe. Il devient le porte-parole de Dieu dont il transmet la volonté aux hommes à travers ses actes, ses discours ou ses silences. Les Neviim constituent la seconde partie du TaNaKh. Elle comporte deux livres, les "Premiers prophètes" et les "Derniers prophètes".

Les Premiers Prophètes comprennent le livre de Josué, des Juges, de Samuel et des Rois. Ils constituent l'histoire des Israélites à la conquête de Canaan jusqu'à la destruction du Temple de Jérusalem. Cet ensemble est classé dans "les Prophètes" parce que l'histoire qu'il relate est interprétée à la lumière de la prophétie, c'est-à-dire par des hommes conscients de l'action de Dieu dans l'histoire de leur peuple. Les Derniers Prophètes comprennent les livres des grands prophètes : Isaïe, Jérémie, Ezéchiel et les livres des « 12 » derniers prophètes.

Ces paroles, diverses dans leur forme (vision, allégorie, paraboles, etc.) se rejoignent dans une unité de vision de Dieu et de l'homme : exaltation du Dieu unique, diatribes implacables contre l'idolâtrie, l'injustice sous toutes ses formes, l'hypocrisie religieuse. Ces paroles adressent un appel permanent à tous les hommes.

Les Ketouvim : les "Écrits", ou Hagiographes

Ces écrits, variés par leur contenu, ont été écrits par des auteurs animés, non plus de "l'esprit prophétique" mais de "l'esprit de la Sagesse". Ils comprennent d'extraordinaires poèmes religieux, des sentences et maximes de sagesse universelle, des récits religieux et philosophiques sur les problèmes qui hantent l'homme à travers tous les temps : la souffrance et la mort, le doute et la foi.

La Tradition orale

La Bible est appelée par les Juifs "Loi Ecrite". Dès les origines elle fut une lecture qui s'explicite, s'amplifie, se perpétue, se colore, se diversifie, se dévoile par "Tradition orale".

Cette Tradition interprétative, fut d'abord transmise de maîtres à disciples sans passer par l'intermédiaire de l'écrit. Elle fut ensuite mise par écrit entre le deuxième et le huitième siècle après Jésus-Christ, donnant naissance à des ouvrages connus sous le nom de Talmud et recueils midrashiques.

Après la clôture du Talmud, les maîtres d'Israël continuèrent à commenter les enseignements de la Bible pour qu'ils soient toujours vivants, compris et appliqués par les Juifs. Chaque époque a apporté son maillon dans la chaîne de la tradition qui s'est ainsi enrichie, a évolué, est vivante aujourd'hui comme hier.

Le contenu de la Bible hébraïque

Les livres dont se compose la Bible se présentent dans un certain ordre qu'il faut connaître si l'on veut se retrouver facilement dans cette vaste bibliothèque.

La Torah

La Torah, Loi divine, est le monument littéraire sur lequel la nation s’appuie pour survivre. C'est la base d'un statut juridique pour le peuple, et l'enseignement de dirige les aspects pratiques de la vie quotidienne : le culte, les règles de conduite, les exemples à suivre ou à proscrire. Cet ensemble comprend cinq livres :

- la Genèse

- l'Exode

- le Lévitique

- les Nombres

- le Deutéronome

Les Neviim

C'est la révélation de Dieu qui s'opère, en se tournant vers l'avenir : le prophète est appelé par Dieu, pour parler en son nom au peuple, s'opposant parfois au pouvoir politique. Un sous-classement a été effectué selon la longueur des rouleaux des textes entre les "premiers prophètes" et les "derniers prophètes" :

Les premiers prophètes :

- le livre de Josué

- le livre des Juges

- premier livre de Samuel

- deuxième livre de Samuel

- premier livre des Rois

- deuxième livre des Rois

Les derniers prophètes :

- Isaïe

- Jérémie

- Ezéchiel

- Osée

- Joël

- Amos

- Abdias

- Jonas

- Michée

- Nahoum

- Habaquq

- Sophonie

- Aggée

- Zacharie

- Malachie

Les Ketouvim

C'est un recueil assez hétéroclite, avec des livres historiques, des livres de sagesse, des écrits narratifs, du lyrisme liturgique.

- les Psaumes.

- le livre de Job

- les Proverbes

- le livre de Ruth

- le Cantique des Cantiques

- Qohélet (ou l'Ecclésiaste)

- les Lamentations

- le livre d'Esther

- Daniel

- le livre d'Esdras

- le livre de Néhémie

- premier livre des Chroniques

- deuxième livre des Chroniques

Telle était la présentation de la Bible hébraïque au premier siècle mais les synagogues grecques disposaient de textes supplémentaires : le Siracide, le livre de Judith, Tobie, la Sagesse de Salomon, le livre de Baruch.

Organisation de la Bible grecque

Il est convenu d'appeler "Bible grecque" la Bible telle qui a été traduite pour les Juifs de la Diaspora. Cette Bible comprend les livres de la Bible hébraïque traduits en grec, avec des variantes, des omissions, des additions et des livres qui n'entraient pas dans la Bible hébraïque, mais qui étaient utilisés dans les synagogues de la Diaspora. L'organisation de cette bibliothèque est un peu différente, elle a été utilisée par les traductions chrétiennes :

Le Pentateuque

C'est l'ensemble des cinq livres qui composent la Torah :

- la Genèse

- l'Exode

- le Lévitique

- les Nombres

- le Deutéronome

Les livres historiques

- le livre de Josué

- le livre des Juges

- le livre de Ruth

- premier livre de Samuel

- deuxième livre de Samuel

- premier livre des Rois

- deuxième livre des Rois

- premier livre des Chroniques

- deuxième livre des Chroniques

- le livre d'Esdras

- le livre de Néhémie

- le livre d'Esther (avec des fragments propres au texte grec)

auxquels s'ajoutent des livres considérés comme deutérocanoniques car n'entrant pas dans le canon de la Bible hébraïque :

- le livre de Tobie

- le livre de Judith

- premier livre des Maccabées

- deuxième livre des Maccabées

Les livres poétiques

- les Psaumes

- les Proverbes de Salomon

- l'Ecclésiaste (Qohélet)

- le Cantique des Cantiques

- le livre de Job

auxquels s'ajoutent les textes deutérocanoniques :

- la Sagesse de Salomon

- l'Ecclésiastique (livre de Sirac le Sage)

Les livres prophétiques

Ils comprennent les douze petits prophètes :

- Osée

- Amos

- Michée

- Joël

- Abdias

- Jonas

- Nahoum

- Habaquq

- Sophonie

- Aggée

- Zacharie

- Malachie

à côté des autres prophètes, considérés comme grands en raison de la longueur de leur livre :

- Isaïe (appelé parfois Esaïe)

- Jérémie

- Ezéchiel

- les Lamentations (dites de Jérémie)

- Daniel 

et un prophète deutérocanonique :

- Baruch.

Le contenu de la Bible hébraïque

La Torah

C’est un ensemble de cinq livres, de cinq rouleaux, d'où le nom que les chrétiens lui ont donné : "Pentateuque".

La Genèse relate la préhistoire de l'humanité : création du monde, vie au paradis dans le Jardin d'Eden, la chute, le déluge, la descendance de Noé, la tour de Babel, puis ce livre présente l'histoire des Patriarches, les ancêtres du peuple d'Israël : Abraham, Isaac, Jacob et ses douze fils.

L'Exode présente la sortie du peuple Égypte, sous la conduite de Moise, et l'alliance de Dieu avec son peuple au mont Sinaï.

Les Nombres contiennent le dénombrement du peuple durant le séjour au désert et des récits retraçant la vie de ce peuple en migration et les prescriptions qui découlent de cette vie errante.

Le Lévitique, ou livre des Lévites, rassemble des prescriptions surtout rituelles mais aussi morales.

 Le Deutéronome, la deuxième loi, se présente comme un discours de Moise, avant l'entrée dans la Terre Promise. Moïse rappelle les prescriptions pour vivre dans l'alliance avec Dieu

Les Prophètes

La deuxième partie du canon Juif s'intitule "les Prophètes", les Neviim ; elle comprend deux sections : les "premiers prophètes" et les "derniers prophètes".

La première section constitue un ensemble historique, qui débute à l'installation dans le pays de Canaan, grâce à Josué, et se termine avec la chute de Jérusalem en 586. La seconde section comprend les textes prophétiques proprement dits : les discours des prophètes qui reflètent les questions qui se posent à l'époque de leur prédication.

Le livre de Josué présente la conquête de la Terre Promise sous la conduite de Josué, successeur de Moise, puis le partage de l'ensemble du pays de Canaan entre les tribus d'Israël.

Dans le livre des Juges, des hommes suscités par Dieu vont sauver le peuple des situations de détresse. Après la mort de Josué, la vie s'est mêlée aux Cananéens, au point que le peuple abandonne Dieu pour servir les faux dieux. Le peuple connaît des défaites à cause de sa désobéissance. Dans sa détresse, il crie vers Dieu qui, ému, lui envoie des Juges pour rétablir les situations compromises, pour effectuer sa libération.

Les livres de Samuel présentent les événements qui mènent à l'instauration de la royauté. Samuel, consacré à Dieu dès son jeune âge, est dépeint comme un Juge, auquel les Israélites réclament un roi. D'abord, Samuel refuse, puis finit par sacrer roi Saül. Celui-ci ne suit pas les ordres de Dieu. Aussi sera-t-il rejeté au profit de David qui reçoit l'onction royale. A travers le règne de David, l'historien montre que le projet de Dieu se réalise, et à mesure que l'on approche de Salomon, l'histoire apparaît comme une chronique écrite par un contemporain.

Les livres des Rois rapportent l'histoire des rois, de la mort de David jusqu'à l'exil à Babylone. Le règne de Salomon témoigne de sa sagesse, il organise le royaume, il édifie le Temple, mais bientôt le climat change, Salomon se laisse entraîner vers des cultes païens, ce qui entraîne un schisme religieux et politique après sa mort. La succession des rois s'interrompt pour laisser place au courant prophétique. Les prophètes interviennent dans la vie pour rappeler la fidélité à Dieu. Mais leur parole n'est guère entendue, et c'est la déportation en Babylonie.

Les "derniers prophètes" se considèrent comme les dépositaires du patrimoine du peuple en face de Dieu. Le prophète est, avant tout, un prédicateur et non un écrivain : il est appelé par Dieu et devient son "parleur", son porte-parole, le contenu de son message passe par une prédication, plus que dans une prédiction.

L'ordre dans lequel la Bible présente les livres prophétiques tient à la longueur des textes, les plus longs apparaissant en premier. De plus, cet ordre n'est pas chronologique.

Le livre d'Isaïe n'est dû qu'en partie à ce prophète dont le ministère s'est exercé dans la seconde moitié du huitième siècle. Il importe de distinguer les chapitres 1 à 39 des autres, en effet, les chapitres 40 à 55 sont nettement postérieurs (on les attribue au "Second Isaïe"), les chapitres 56 à 66 le sont davantage ("Trito-Isaïe"). La première partie du livre porte la marque du prophète qui intervient pour annoncer la destruction presque totale du peuple, au coeur endurci. Il veut éclairer le peuple du dessein divin qui va conduire le royaume vers la déportation, en raison de son infidélité à la Loi. A la fin de l'exil se fait entendre un autre prophète, le "Second Isaïe" : la mission du prophète est de consoler le peuple, en annonçant la fin du châtiment : on appelle ce témoignage "livre de la Consolation". Le Trito-Isaïe a été composé à un moment où le Temple est reconstruit, mais les promesses du temps de l'exil n'ont pas été réalisées, le peuple est divisé en deux, ceux qui n'ont pas connu la déportation et qui, demeurant dans la Terre, ont accepté des cultes étrangers (les Samaritains) et ceux qui sont revenus de la déportation, comme les "humbles" serviteurs de Dieu. C'est dans ce climat troublé que Dieu fait entendre sa voix, par la menace et par la promesse.

Le livre de Jérémie recèle les prophéties prononcées avant la déportation, il annonce la ruine d'un monde et la naissance d'une communauté renouvelée, Dieu purifiera le coeur d'Israël.

Le livre d'Ezéchiel retrace la prédication de ce prophète aux déportés en 596. Il ne faut plus rêver d'une puissance politique, mais former le peuple des "saints de Dieu".

Forts courts, les livres des Douze petits prophètes ont été réunis en un rouleau pour des raisons pratiques.

Osée est le prophète de l'amour de Dieu, amour bafoué par le peuple, mais amour qui reste vivant et qui demande une réponse de la part de son peuple.

Le livre de Joël affirme que l'homme doit se dépouiller pour préparer le "Jour du Seigneur", tous ceux qui invoqueront le nom de Dieu seront sauvés.

Amos prophétise la chute d'Israël, il annonce l'imminence du jugement de Dieu. Dieu va visiter son peuple, et cette inspection apportera le châtiment.

Le livre d'Abdias est court, vingt-et-un versets. Edom, frère ennemi du peuple d'Israël, s'effondrera à cause de sa trahison, et toutes les nations connaîtront l'effondrement.

Le livre de Jonas est une légende. C'est l'histoire du prophète qui refuse d'obéir à l'ordre donné par Dieu. Puis il prêche la conversion à Ninive et la ville change de conduite, si bien que Dieu renonce à la détruire, ce qui entraîne la colère du prophète.

Michée présente un procès entre Dieu et son peuple. Dieu réclame Justice, son châtiment sera à la mesure de la révolte du peuple contre le Seigneur qui avait fait alliance avec lui.

Nahoum célèbre la chute de Ninive, son châtiment est exemplaire. Les nations sont des instruments dans les mains de Dieu, qui ne les préserve pas de la chute, quand il veut relever son peuple.

Habaquq montre que la fidélité de l'homme permet de comprendre la fidélité de Dieu qui est réelle malgré les apparences.

Sophonie prêche sur le thème du "Jour du Seigneur", un jour de bouleversement, qui atteindra tous les hommes. Pourtant, il ne s'agit pas d'une fin du monde, mais de la transformation du peuple qui sera délivré de son péché pour inaugurer une vie nouvelle.

Aggée interprète les signes des temps : les mauvaises récoltes sont la punition de Dieu sur ceux qui sont revenus d'exil sans retrouver un zèle religieux. Il faut reconstruire le Temple pour que la bénédiction se répande sur le peuple.

Zacharie souligne l'amour dont Dieu fait preuve à l'égard de son peuple. Il entrevoit un Messie qui apportera le salut à son peuple, et à toutes les nations. Dieu sauvera son peuple en le rassemblant, puis il intégrera au peuple les nations païennes qui adopteront la Loi.

Malachie place chacun de ses auditeurs devant ses responsabilités envers le Seigneur et envers les autres hommes.

Les autres Écrits

Après la Loi et les livres prophétiques, la Bible hébraïque présente une troisième collection de livres hétéroclites : aucun titre caractéristique n'a été attribué à cette collection, on l'appelle simplement "les autres écrits".

Le livre des Psaumes est un recueil de cent cinquante chants liturgiques, avec accompagnement d'instruments à corde. Ce livre est rédigé en vers, chacun d'eux se composant de deux membres (ou trois) soulignant le rythme à partir de l'accent tonique, comme dans la poésie anglo-saxonne.

Le livre de Job traite du problème du gouvernement du monde par Dieu, et particulièrement de la souffrance du juste. Il n'apporte pas de solution au problème du mal, mais il se présente comme une tentative de l'homme qui veut se situer face à Dieu.

Le livre des Proverbes rassemble des sentences qui rappellent la littérature sapientielle de Égypte et de Babylone.

Le Cantique des cantiques est un recueil de poèmes d'amour. Alors que la Bible démythifie tout érotisme, ce chant d'amour, sexuel et sacré, décrit l'activité amoureuse comme bonne dans l'oeuvre de Dieu.

Le livre de Ruth évoque l'histoire d'une ancêtre du roi David, une étrangère au peuple d'Israël qui abandonne son peuple et ses dieux pour s'agréger au peuple.

Qohélet, appelé l'Ecclésiaste, s'appuie sur la constatation de la vanité des choses : tout se dirige vers la mort. Celui qui prend la parole dans l'assemblée (traduction littérale du terme Qohélet) n'est pas un sceptique : il croit en Dieu, il partage la foi d'Israël, il accepte la Parole de Dieu : le juste peut échapper au Jugement de Dieu en suivant la Loi, mais il n'y a pas d'espérance d'un au-delà de la mort.

Les Lamentations, attribuées faussement à Jérémie, constituent un chant de confiance à Dieu qui pourra prendre en pitié son peuple châtié.

Le livre d'Esther raconte l'histoire d'une Juive choisie pour épouse par le roi Assuérus et qui réussit à empêcher l'extermination de ses compatriotes voulue par le vizir Aman.

Le livre de Daniel souligne l'importance de demeurer fidèle malgré l'épreuve car la puissance de Dieu l'emporte toujours.

Les derniers écrits de la Bible sont attribués à un chroniste. Les livres d'Esdras et de Néhémie veulent justifier les fondements de la vie après le retour de la captivité, ces fondements étant le respect de la Loi, les institutions centralisées autour du culte à Jérusalem, et l'espérance de la restauration davidique.

Les livres des Chroniques veulent réinterpréter toute l'histoire au point de vue sacerdotal et liturgique.

A tous ces livres qui constituent le canon de la Bible, il faut ajouter des livres contenus dans le canon de la Bible d'Alexandrie, qui ne sont connus qu'en grec. On les appelle "apocryphes".

Les livres des Maccabées présentent la rébellion des frères Maccabées contre le roi Antiochus Epiphane.

Le livre de Judith retrace la légende d'une juive qui aurait sauvé son peuple en tuant le général assyrien Holopherne.

Le livre de Tobie insiste sur la valeur des oeuvres de bienfaisance à l'égard des malades et des morts.

Le livre de Sirac rassemble des sentences sur des sujets très divers : c'est un livre de sagesse qui doit amener la conversion des païens.

 Le livre de Baruch, secrétaire de Jérémie, est un poème sapientiel invitant à la pénitence et qui s'inspire des Proverbes.

Le livre de la Sagesse, attribué à Salomon, reprend la doctrine de sagesse de la Bible en lui donnant un sens nouveau, en raison du milieu hellénisé dans lequel ce livre est écrit.

La Bible des chrétiens

 Le christianisme distingue deux parties dans la Bible : l'Ancien et le Nouveau Testament qu'il a ajouté à la Bible juive. Le Nouveau Testament a été écrit après la résurrection de Jésus, après que ses premiers disciples aient commencé leur prédication : ces écrits vont proposer la foi des disciples qui proclament une 'bonne nouvelle', un 'évangile' (translittération du grec : bonne nouvelle) qui a traversé leur vie. Mais de l'annonce orale à la rédaction écrite, un temps assez long s'est écoulé, celui de la naissance et de la vie de l'Eglise primitive.

Avant toute rédaction, il y a la vie de l'Eglise : elle a donné le jour à ces écrits, en méditant les actions et les paroles de Jésus. Il n'est pas possible d'atteindre Jésus directement, il faut passer par le témoignage de l'Eglise et de sa foi. L'évangile que les apôtres prêchaient n'était pas un livre, mais un témoignage qu'ils rendaient à la manière dont Jésus avait vécu.

Jésus n'a rien écrit. Ses disciples se sont contentés de l'écouter comme un prophète, et plus qu'un prophète, puisque ses disciples ont acquis la conviction qu'il était la Parole même de Dieu. Pour comprendre cette Parole de Dieu, ils ont eu recours aux Écritures du peuple juif, dans lesquelles ils ont glané les extraits qui leur semblaient s'appliquer directement à Jésus.

La Bible des premiers chrétiens était une collection de morceaux choisis de l'Ancien Testament. Mais, dans le même temps, la prédication annonçait Jésus de Nazareth. Des récits concernant Jésus, son enseignement, ses miracles, se sont ainsi formés ; et le but de ces récits était toujours de susciter un désir chez les auditeurs, celui de mieux connaître cet homme hors du commun.

Les éléments des récits évangéliques se sont constitués progressivement au cours des premières prédications, au milieu des foules, juives ou païennes.

Les hommes, qui entendaient cette prédication, se convertissaient et se regroupaient en communautés, principalement dans les villes que visitaient les apôtres. Il fallait rester en lien avec ces communautés pour les aider dans leur découverte du Christ et les orienter dans leur vie chrétienne : les apôtres, principalement Paul, leur écrivent des lettres afin de les soutenir et de les conforter dans leur foi. Les lettres de Paul sont les premiers écrits du Nouveau Testament. Mais Paul n'est pas le seul à expédier des lettres : Jacques, chef de la communauté de Jérusalem, Pierre et Jude envoient aussi des lettres aux communautés...

Mais déjà les apôtres commencent à disparaître : Jacques a été lapidé à Jérusalem, Pierre et Paul ont connu le martyre. Il ne faudrait pas que l'enseignement des apôtres soit perdu après leur disparition : il faut garder ce que les chrétiens savent de Jésus, les traditions qui circulent à son propos oralement, ou sous forme de petits billets relatant tel ou tel récit. Quatre auteurs vont travailler à partir des données qui avaient pris des formes diverses selon les communautés : ils recueillent et mettent par écrit, selon une perspective théologique ou historique qui leur est particulière, les enseignements transmis à propos de Jésus. Évangile, qui était une Bonne Nouvelle proclamée aux hommes, va se fixer en des évangiles des textes issus des communautés, des textes qui répondront aux besoins des communautés dans lesquelles ils ont été élaborés.

L’Évangile traversera les siècles en quatre livrets. Trois sont relativement similaires : ils sont dits 'synoptiques', du nom d'un ouvrage paru à la fin du dix-huitième siècle 'la Synopse' qui permet la lecture simultanée des évangiles de Matthieu, Marc et Luc, sur trois colonnes parallèles. Le quatrième évangile, celui de Jean, présente des originalités qui le mettent à part et qui le situent dans une ''école johannique". Celle-ci a permis de classer dans le Nouveau testament des lettres attribuées à Jean, ainsi qu'un texte apocalyptique, qui clôt le canon néotestamentaire. 

Le canon du Nouveau Testament

Dans la littérature chrétienne, vingt-sept livres occupent une place privilégiée, car ils constituent la norme de la foi reçue des apôtres : ces livres forment le Nouveau Testament. Ils ont tous été écrits en grec : quatre évangiles, les Actes des apôtres, treize lettres attribuées à Paul, trois à Jean, deux à Pierre, une à Jacques, une à Jude, une lettre aux Hébreux, et l'Apocalypse.

L'autorité des textes évangéliques ne vient pas du fait qu'on les attribue aux apôtres ou à des disciples proches, mais au fait qu'ils retracent la vie du Seigneur, selon la tradition orale. Mais des écrits biographiques concernant Jésus proliférèrent rapidement ; leur contenu relevait parfois de la plus haute fantaisie... C'est la raison pour laquelle, dès le milieu de ce deuxième siècle, le besoin d'une norme reconnue se fait ressentir dans l'Eglise. Celle-ci s'orienta vers la collection des quatre évangiles qui s'étaient imposés en raison du témoignage qu'ils rendaient au Christ.

Après l’événement de la Pentecôte, qui suit la mort et la résurrection de Jésus de Nazareth, ses disciples, continuant à participer à la vie cultuelle juive, conservent et transmettent oralement le souvenir de la vie et de l’enseignement du maître. Le message qu’ils propagent rapidement dans l’est du bassin méditerranéen présente Jésus comme le Christ, c’est-à-dire le Messie, l’Oint annoncé par les prophètes et spécialement par l’auteur du troisième Isaïe.

C’est autour de la mort de Jésus et de la foi en la résurrection du Christ fils de Dieu que s’articule, dans le prolongement de la pensée juive, la nouvelle doctrine. À mesure qu’on s’écarte de Jérusalem dans l’espace et qu’on s’éloigne de la mort de Jésus dans le temps, les membres des premières communautés chargés de la catéchèse éprouvent le besoin d’aider leur mémoire en coulant leurs souvenirs et leurs enseignements dans le moule des genres littéraires de la tradition orale. Certains aide-mémoire sont parfois déjà mis par écrit. Il se forme ainsi lentement un ensemble mouvant de textes et de souvenirs centrés sur la mort et la résurrection du « Seigneur ».

Au tout début du IIIe siècle, les chrétiens distinguèrent dans la Bible un Nouveau Testament et, par voie de conséquence, un Ancien Testament. Ce n’est qu’au IIe siècle que l’on aboutit, en effet, à une collection complète que l’on appela « Nouveau Testament » ; jusque-là, on ne possédait pas d’ensemble constitué ; il n’y avait que de simples groupements de documents tels que les Évangiles ou les lettres de Paul. La manifestation d’une unité littéraire nommée « Nouveau Testament » désignait de soi, comme son complément obligé, cette autre unité que l’on appela « Ancien Testament ».

Les quatre évangiles et les autres textes du Nouveau Testament, qui furent considérés comme exprimant la véritable foi, constituent le canon des Écritures et jouirent de la vénération des fidèles et des copistes. D'autres écrits, qui remontaient à l'époque ancienne ne furent pas reconnus comme établissant la règle de foi, ils furent écartés plus ou moins rapidement, selon qu'ils bénéficiaient de l'estime générale ou non. En tout cas, ils furent interdits de lecture publique lors des assemblées. On les appela 'apocryphes', c'est-à-dire cachés, parce qu'ils véhiculaient des idées et des doctrines considérées comme étrangères à l'Eglise, même si, pour certains, la lecture en était recommandée en privé, pour le bien spirituel des croyants. Si, finalement, on retient seulement quatre de ces recueils, c’est en fonction d’un besoin essentiel de l’ensemble des communautés : garder une certaine unité de pensée. Ce sont les Évangiles (transcription d’un mot grec signifiant bonne nouvelle, annonce favorable) de Matthieu, Marc, Luc et Jean.

Le contenu du Nouveau Testament

Marc vise à montrer que Jésus est le Christ, c'est-à-dire le Messie, même s’il n’est pas celui que les juifs attendaient, et ce Jésus est aussi le Fils de Dieu, scandale pour les juifs et folie pour les païens.

Matthieu affirme que la Loi de Moïse a trouvé son accomplissement en Jésus : son évangile est considéré comme celui de l'Eglise, qui a mené à sa fin le peuple d'Israël : l'Eglise est le véritable peuple de Dieu. 

Luc s'attarde sur les manifestations de la tendresse de Dieu, il souligne comment la foi des disciples peut éclairer les entreprises de la vie quotidienne de l'Eglise affrontée au monde.

L'évangile selon Jean se présente comme une méditation des paroles et des gestes de Jésus : plutôt que de retenir une multiplicité de faits, l'auteur en retient un petit nombre qu'il exploite pour manifester la progression qui existe dans la vie de Jésus jusqu'à l'heure qui sera la sienne, celle de son exaltation dans la gloire, mais aussi dans l'humiliation et la détresse de la croix.

Écrit par Luc, le livre des Actes des Apôtres présente une fresque des origines de l'Eglise, depuis Jérusalem jusqu'à Rome. C'est le premier travail de l'évangélisation : le but de la prédication des apôtres c'est la conversion des auditeurs au Dieu qui a ressuscité Jésus d'entre les morts.

Les lettres attribuées à Paul sont classées par ordre de grandeur décroissante, les lettres aux communautés chrétiennes précédant les billets adressés à des individus : une lettre aux Romains, deux lettres aux Corinthiens, une lettre aux Galates, une aux Éphésiens, une aux Philippiens, une aux Colossiens, deux aux Thessaloniciens, et trois lettres pastorales : deux adressées à Timothée, une à Tite, un court billet destiné à Philémon. Toutefois, afin de mieux comprendre la pensée de Paul, il convient de les resituer dans l'histoire de l'Eglise du premier siècle.

Dans ses lettres aux Thessaloniciens, Paul exprime sa joie de les voir répondre à la Bonne Nouvelle du salut. Il déploie la foi reçue du Christ et des apôtres pour entretenir ces chrétiens dans l'espérance de la venue du Royaume : le souci de tout chrétien est de veiller dans l'attente du Jour du Seigneur.

Dans ses lettres aux Corinthiens, Paul invente une morale chrétienne, une manière de vivre qui corresponde à Évangile pour lequel il lutte. A partir des faits qui agitaient Corinthe, le scandale des oppositions entre les riches et les pauvres, le scandale des dissensions entre les chrétiens, Paul fait réfléchir sur ce qui fait le coeur de la foi : Jésus Christ, mort et ressuscité, sur qui les disciples doivent engager toute leur vie. 

La lettre de Paul aux Galates est une circulaire qu'il adresse aux chrétiens séduits par des prédicateurs judaïsants et observant dès lors les préceptes de la Loi, il leur rappelle que le baptême suffit pour donner le salut et que les pratiques juives sont abolies.

Dans sa lettre aux Romains, Paul reprend le message qu'il adressait aux Galates. Tous les hommes, juifs ou païens, sont unis dans une même solidarité, celle du péché, mais cette solidarité en appelle une autre : tous les hommes sont solidaires dans le salut apporté par Jésus-Christ. La conséquence, c'est que les chrétiens doivent vivre comme des enfants de Dieu.

Dans sa lettre à ses Philippiens, Paul se livre en dévoilant la grande amitié qui le lie à cette communauté. Proche d'eux, il l'est, car il vit avec eux dans la communion fraternelle avec le Christ.

Dans sa lettre aux Colossiens, Paul affirme que Évangile exprime le mystère de Jésus-Christ qui est la tête, le chef de l'Eglise. Par le travail que les chrétiens effectuent dans ce monde, c'est au Royaume de Dieu qu'ils travaillent.

En envoyant sa lettre aux Colossiens, Paul adresse aussi un billet à un chrétien de Colosses, Philémon. Paul y exprime, d'une manière nouvelle pour l'époque, la qualité des relations qui doivent exister entre un maître et un esclave chrétiens.

En écrivant aux Éphésiens, Paul s'adresse aux chrétiens d'Asie Mineure : il fait découvrir la grandeur du plan de Dieu sur le monde, réunir l'ensemble de l'humanité sous le Christ : par lui que peut se faire l'union entre les juifs et les païens dans une même foi au salut apporté par la résurrection du Christ.

Trois lettres personnelles à des compagnons de Paul achèvent le corpus paulinien. Ces lettres sont le testament spirituel par lequel Paul faisait ses ultimes recommandations aux pasteurs de l'Eglise, Timothée et Tite. Sa principale préoccupation, c'est son désir de les voir garder intact le dépôt de la foi.

La lettre aux Hébreux démontre la continuité qui existe entre l'Ancien et le Nouveau Testament. L'auteur, qui n'est pas Paul, mais sans doute un de ses disciples, esquisse une théologie du sacerdoce, montrant que le seul prêtre de la Nouvelle Alliance est Jésus-Christ. Dès l'époque d'Origène (185-252), ce sermon fut rattaché au corpus paulinien, même si l'on percevait déjà que cet écrit ne ressemblait guère aux lettres de Paul.

Très rapidement, des écrits furent réunis aux autres lettres du Nouveau Testament. Ce sont les lettres 'catholiques', c'est-à-dire 'ayant une dimension universelle', et non pas seulement destinées à une communauté... Ces lettres sont au nombre de sept : une attribuée à Jacques, deux à Pierre, trois à Jean et une à Jude. Seules, la première lettre de Pierre et la première lettre de Jean entrèrent rapidement dans le canon officiel des Églises, les cinq autres n'y entrant qu'au cinquième ou au sixième siècle, c'est la raison pour laquelle elles sont parfois appelées deutérocanoniques

La lettre de Jacques veut donner un enseignement moral qui ressemble à la morale grecque de l'époque, rappelant les exigences évangéliques du Sermon sur la Montagne.

La première lettre de Pierre est une homélie sur le baptême, dans laquelle on peut retrouver la catéchèse de l'Eglise primitive.

La deuxième lettre attribuée à Pierre attaque les faux docteurs qui font apparaître la foi comme une fable et invite les chrétiens à garder la foi reçue des véritables prophètes inspirés par l'Esprit et à demeurer fidèles à leur vocation, même si le retour du Christ tarde.

La lettre de Jude utilise des textes juifs contemporains, afin de mettre en garde les chrétiens contre la menace des faux docteurs qui peuvent séduire l'Eglise.

La première lettre de Jean présente une exhortation pour que les chrétiens demeurent fidèles à la foi reçue : Dieu a aimé les hommes en premier, c'est par l'amour que les chrétiens manifestent qu'ils entrent en communion avec Dieu.

La deuxième lettre de Jean insiste sur la nécessité de l'attachement à la foi et à la vie fraternelle qui permettront de se préserver de l'enseignement dangereux des faux docteurs.

 La troisième lettre de Jean indique que l'amour chrétien trouve son origine dans la vérité révélée en Jésus-Christ.

Le terme d'apocalypse est une transcription d'un mot grec, qui signifie : lever le voile, dévoiler ce qui était caché. A une Eglise enracinée dans les réalités humaines, l’auteur propose un examen de conscience à partir des réalités. Cette Eglise est affrontée aux problèmes de son époque, rompant avec le monde juif qui n'a pas reconnu le Christ Sauveur, mais aussi rencontrant un monde païen qui la persécute. Dieu interviendra pour renverser les puissances qui s'opposent à la foi, il jugera et condamnera les persécuteurs de l'Eglise.

La numérotation en chapitres et versets

Comme l'Ancien Testament, le Nouveau Testament est divisé en ouvrages différents : évangiles, actes des apôtres, lettres des apôtres, apocalypse. Et, afin de pouvoir repérer très facilement un passage à l'intérieur de ces livres, l'ensemble du texte a été subdivisé en chapitres, eux-mêmes divisés en versets : ainsi chaque phrase est numérotée. Cette classification est une découverte tardive dans l'histoire de la littérature.

C'est pour se retrouver facilement dans la Bible qu'Etienne Langton eut l'idée de diviser chaque livre en chapitres numérotés : cette première classification fut faite en 1226. En 1551, l'imprimeur Robert Estienne, voyageant en diligence entre Lyon et Paris, subdivisa les chapitres en versets.

Cette subdivision n'apporte pas d'éléments permettant de mieux comprendre le texte, mais, elle a l'immense avantage d'être pratique, c'est la raison pour laquelle toutes les bibles l'ont rapidement adoptée...

Les grandes affirmations de la Bible

La Bible constitue un immense trésor de pensée et d'action, elle propose aux croyants certaines affirmations.

L'Unité de Dieu

L'affirmation de l'unité absolue de Dieu constitue le noyau central. L'idée d'unité est un concept élaboré de l'esprit humain : il se distingue des autres par son abstraction la plus complète. Il parait étrange que ce soit un peuple, sans instruction ni culture, qui soit à l'origine de cette découverte de l'unicité de Dieu. Plusieurs hypothèses ont été avancées pour justifier ce mystère.

Certains pensent que le monothéisme ne serait qu'une excroissance des polythéismes : les peuples entourant Israël étaient polythéistes mais connaissaient un Dieu supérieur dirigeant le monde. Israël n'aurait eu qu'à adopter la pensée religieuse de Babylone et de l’Égypte pour se forger son idée de l'unité divine.

Une autre hypothèse fait de l'unicité le résultat d'une conception nationale de la religion. Le Dieu d'Israël n'aurait été qu'un Dieu parmi les autres : la religion se serait particularisée pour devenir le culte du Dieu plus grand que les autres, puis celui du Dieu unique de tous les hommes dont il est le créateur.

Le judaïsme récuse ces hypothèses pour affirmer l'unité absolue de Dieu en dehors de tout lien avec l'univers matériel. Dieu est esprit : personne ne peut le voir, même s'il se révèle aux hommes dans sa création.

Le Dieu d'Israël est transcendant et souverain : ce sont ses deux caractères. Dieu est son nom, qui est transcrit en hébreu YHWH, mais il est lu Adonaï, le Seigneur, afin de préserver à ce nom son caractère sacré. Celui-ci ne pouvait être prononcé qu'une fois par an, à Jérusalem, le jour du grand Pardon ; mais, depuis la destruction du Temple, la prononciation s'est perdue...

La notion d'alliance

La notion la plus caractéristique de la Bible est celle de l'alliance, lieu de la rencontre de Dieu avec l'homme. Elle s'exprime sous la forme d'un contrat, d’un engagement entre deux personnes. Il y a alliance quand il s'agit de renouer ou d'asseoir une relation entre deux personnes ou deux groupes après une période d'hostilité. Parler d'alliance, c'est soupçonner qu'on peut la rompre ou qu'elle a été rompue, c'est poser la possibilité d'un renouvellement de l'accord entre les deux parties.

Il est impossible d'attribuer une date historique à la conclusion de l'alliance entre Dieu et son peuple, car l'alliance se répète et doit se renouveler dans l'histoire du peuple, même si celui-ci se réfère toujours à une alliance unique. La Bible présente une pluralité d'alliances bâties sur le modèle d'une alliance unique.

Le Dieu qui se révèle est un Dieu qui se donne à connaître aux hommes et qui se livre à eux pour qu'ils le fassent connaître. Son destin se trouve remis entre les mains des croyants : il se fait connaître, mais aussitôt il se retire, c'est à l'homme qu'il revient de faire connaître Dieu, en rappelant ses actions de salut.

Le propre de la tradition n'est pas dans un code législatif, mais dans la lecture de l'histoire comme dessein de Dieu. Si les actions mises en rapport avec l'accomplissement des commandements ne sont plus les mêmes, leur rattachement à l'alliance perdure : la foi en l'alliance est immuable, bien que les manifestations extérieures changent. La spécificité de l'alliance est de demeurer identique, dans la succession des événements comme dans la suite des générations. Ce qui fait la grandeur de Dieu, c'est la relation qu'il établit entre lui et l'homme : l'éternel est entré dans le temps en devenant le partenaire de l'homme.

Si le judaïsme affirme la sainteté de Dieu, il affirme dans le même temps la culpabilité de l'homme : cette dernière implique que la notion d'alliance soit comprise comme la prescription d'une Loi à laquelle le peuple doit se soumettre.

La situation de l'homme

Dans la connaissance de l'alliance avec Dieu, l'homme ne cesse de se reconnaître pécheur, devant la sainteté absolue de Dieu. Devant les choses de ce monde, le fidèle fait l'expérience de l'échec chaque fois qu'il ne reconnaît pas l'ordre voulu par Dieu dans sa création. De même, dans ses relations avec les autres, il fait l'expérience de sa culpabilité, de son indignité en face des autres, en face surtout de l'Autre qu'est Dieu.

La grandeur de Dieu, c'est d'avoir créé un être tel qu'il pouvait le remettre en question, le contester et même le nier (cette négation étant la forme suprême du péché) ; mais aussi, après avoir contesté et nié Dieu, l'homme est capable de le reconnaître comme celui qui fonde son autonomie, sa liberté.

La loi est l'objet dont le fidèle a soif : la sainteté de Dieu est le modèle que doit atteindre l'homme. Toute la Torah ne cesse de reprendre l'impératif : Soyez saints ! qui exprime le désir de Dieu pour le peuple avec qui il a conclu une alliance. Pour le fidèle, la sainteté ne peut être atteinte que par la pratique des commandements, qui traduisent dans le monde la volonté d'amour de Dieu.

Les grands personnages de la Bible

 Toute l'histoire biblique peut se résumer dans quelques personnages qui ont laissé une trace déterminante au coeur de chaque croyant.

A l'origine de l'histoire religieuse de l'humanité se trouve la migration d'une tribu sumérienne, conduite par un patriarche nommé Abram, qui a quitté la Mésopotamie pour venir s'installer au pays de Canaan. Ce qui a le plus marqué la conscience de ce peuple, c'est l'histoire de sa libération. Après un séjour de plusieurs siècles en Égypte, les descendants d'Abraham subissent l’esclavage, et quittent ce pays de servitude sous la conduite de Moïse, qui sera leur législateur et qui les conduira jusqu'en Canaan. Installés dans ce pays, les Israélites se donnent des chefs militaires, appelés les juges, puis des rois, comme David et Salomon, qui réussissent à établir l'unité entre les douze tribus que constituent les descendants des patriarches. Mais après la mort de Salomon, le pays se trouve déchiré en deux petits états qui ne pourront pas rivaliser en face des grands empires : ce fut le temps de la captivité à Babylone, au cours de laquelle des prophètes se lèvent pour rappeler la fidélité à la religion des pères. Malgré le retour de déportation, jamais le peuple n'a pu connaître une restauration comparable aux règnes de David et de Salomon : la domination étrangère se fait toujours sentir avec plus ou moins de force. Ce sont les Perses, puis les Grecs, puis les Romains qui exercent leur influence politique et culturelle sur le peuple d'Israël.

Abraham, le père des croyants

L'histoire d'Abraham est racontée dans la Genèse. Toute l'histoire d'Abraham sera une marche spirituelle à la découverte du Dieu unique, au cours de la migration qui le conduisit d'Ur en Chaldée, à proximité du Golfe Persique, pour s'installer dans le pays choisi par Dieu pour ce qui allait devenir son peuple, au pays dans la région d'Hébron, près de la Mer Morte.

Le père d'Abraham, Térah, était un descendant du fils aîné de Noé, Sem, d'où le nom de Sémites. Térah était originaire d'Ur, et c'est lui qui entreprit la grande migration, à la suite de la chute de la ville d'Ur entre les mains des Élamites. Il prit la tête d'un groupe de réfugiés. Térah mourut à Harran, la position de chef de tribu revint à son fils aîné, Abram. Celui-ci avait des idées différentes de celles de son père. Si Térah adorait plusieurs dieux, il n'est était pas de même pour son fils qui brisa avec l'idolâtrie, en s'installant au pays de Canaan et en se mettant au service du dieu local El. Puisque ce dieu lui avait donné un pays, Abram pensait qu'il serait capable de résoudre son problème crucial : sa femme était stérile. C'est le point de départ de la foi d'Abram en ce Dieu unique. Le Dieu d'Abram est personnel, il a des relations d'intimité avec son fidèle à qui il donne un nouveau nom : Abraham, père d'une multitude. Pourtant, Dieu n’est pas nommé, on le désigne en indiquant le nom de ceux qui le vénèrent : le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac, le Dieu de Jacob... Ce Dieu n'est pas semblable aux dieux fabriqués de mains d'hommes. Il refuse les sacrifices humains et n'accepte pas que son fidèle lui immole son fils.

A la mort d'Abraham, Isaac devint le chef de la tribu, sa personnalité est moins marquante que celle de son père, Dieu lui renouvela son alliance. Après Isaac, ce fut son fils Jacob qui hérita de la promesse. Il dut s'expatrier pour avoir extorqué la bénédiction paternelle à son aîné Ésaü. Après avoir vécu auprès de son oncle Laban et épousé Léa puis Rachel, Jacob décide de rentrer au pays de ses pères. Avant de franchir les frontières du pays, il dut lutter contre un ange. C'est alors que Jacob reçut un nouveau nom, celui d'Israël, dont l'étymologie signifie : il a été fort contre Dieu. Ce nom d'Israël devait remplacer celui d'Hébreux par lequel étaient désignés les descendants d'Abraham.

Jacob-Israël eut douze fils qui furent les ancêtres des douze tribus d'Israël. Avec l'un des plus jeunes, Joseph, le destin de la tribu des descendants d'Abraham prend une dimension nouvelle en entrant dans l'histoire de l’Égypte. Joseph, vendu par ses frères, passe de la servitude à la position de vice-roi d’Égypte, grâce à son talent d'interprétation des songes. L’Égypte était sous la domination des Hyksos d'origine sémite, ce qui lui permit de faire carrière à la cour. Joseph jugule une famine qui s'abattait grâce aux réserves qu'il avait faites. Chassée de Canaan par cette famine, sa famille vient le rejoindre.

Moïse, le libérateur et le législateur

Vers 1580 avant Jésus-Christ, la monarchie des Hyksos fut renversée, ce qui entraîna un changement de situation pour les Israélites soupçonnés de sympathie pour le précédent régime, en raison de leurs affinités raciales. Les descendants de Jacob furent réduits en servitude, puis d'esclavage, sous les règnes des pharaons Thoutmès III et Aménophis IV (entre 1485 et 1421). Des mesures impitoyables furent prises à l'encontre des Israélites : Tout garçon nouveau-né, jetez-le au Fleuve.

Un enfant Israélite fut sauvé des eaux par une princesse égyptienne, qui lui donna le nom de Moïse. Par ce concours de circonstances, il échappait à la condition de l'ensemble du peuple ; ayant reçu une instruction royale, il est fonctionnaire de la cour. Son éducation n'a pas supprimé les liens qui l'unissaient au peuple opprimé. Un jour, il doit tuer un Égyptien qui frappait un esclave. Lorsque le Pharaon apprend ce fait, Moïse est contraint à l'exil, il s'enfuit dans le désert de Madian : là, il se montre comme le défenseur des faibles, en l'occurrence des filles du prêtre de Madian contre des bergers. Il devient berger pour le compte de Jéthro dont il épouse une des filles.

Il réfléchissait tandis qu'il parcourait les étendues du Sinaï, il pouvait comprendre le mystère qu'il n'avait pas saisi lors de sa jeunesse. Alors qu'il faisait paître le troupeau de son beau-père, il parvient au mont Horeb, là il eut une vision sous la forme d'un buisson qui brûlait sans se consumer. Dieu lui révèle son nom, YHWH, et lui donne l'ordre de libérer le peuple de la servitude et de le conduire vers un bon pays.

Après bien des vicissitudes, Moïse conduit son peuple hors d’Égypte, en lui faisant traverser la Mer des Roseaux, tandis que les Égyptiens, lancés à sa poursuite, se noyaient. La fête de la Pâque fut instituée par ceux qui avaient fui, en souvenir du passage du Dieu qui avait libéré son peuple : l'exode restera comme le moment fondamental où Dieu se manifeste comme sauveur.

Moïse conduit Israël au Sinaï. Il donne au peuple une constitution, une Loi, la Torah, traduction de l'alliance de Dieu avec son peuple. Cette alliance est conclue de manière solennelle, avec une manifestation de Dieu, une théophanie : Dieu va prononcer les Dix Paroles, le Décalogue, fondement de l'alliance du Sinaï. Ces "dix Paroles", dix commandements indiquent comment ne pas connaître à nouveau l'esclavage et comment marcher sur les chemins de la liberté, en devenant le peuple de Dieu.

C'est moi le Seigneur ton Dieu qui t'ai fait sortir du pays d'Égypte, de la maison de servitude.

Tu n'auras pas d'autres dieux face à moi. Tu ne te feras pas d’idole, ni rien qui ait la forme de ce qui se trouve au ciel là-haut, sur terre ici-bas ou dans les eaux sous la terre.

Tu ne prononceras pas à tort le nom du Seigneur ton Dieu, car le Seigneur n'acquitte pas celui qui prononce son nom à tort.

Qu'on garde le jour du sabbat en le tenant pour sacré comme le Seigneur ton Dieu te l'a ordonné.

Honore ton père et ta mère, comme le Seigneur ton Dieu te l'a ordonné, afin que tes jours se prolongent et que tu sois heureux sur la terre que te donne le Seigneur ton Dieu.

Tu ne commettras pas de meurtre.

Tu ne commettras pas d'adultère.

Tu ne commettras pas de rapt.

Tu ne témoigneras pas faussement contre ton prochain.

Tu n'auras pas de visées ni sur la femme de ton prochain, ni sur son serviteur, ni sur sa servante, son boeuf ou son âne, ni sur rien qui appartienne à ton prochain.

Il existe de nombreuses prescriptions et interdictions qui ne sont pas rapportées dans le Décalogue, la synagogue ancienne a tiré de la Torah six cent treize préceptes (deux cent quarante-huit commandements et trois cent soixante-cinq interdictions). Et c'est à Moïse que la tradition biblique rapportait les différentes lois et coutumes qui pouvaient permettre au peuple de vivre.

Après son séjour au Sinaï, le peuple reprend sa marche vers Canaan ; la pérégrination va durer quarante ans, pour permettre à la génération qui avait connu la servitude de disparaître ; un peuple nouveau va entrer en possession de la Terre que Dieu avait promise aux patriarches. Cette marche ne se fera pas sans incidents, car le peuple obéit difficilement à la volonté de Dieu.

Après ces années d'exode, Moïse monte sur le mont Nebo d'où il lui est possible de contempler le pays de Canaan, dans lequel il n'entrera pas. C'est Josué, que Moïse avait désigné comme son successeur qui conduira la conquête du pays.

Le livre de Josué donne l'impression d'une conquête rapide et facile. Toutefois, les éléments de l'histoire donnent à penser que les tribus ne se sont infiltrées en Canaan que lentement : la conquête a été longue. Ce qui importe au rédacteur biblique, c'est de souligner qu'elle s'est faite sous la conduite de Dieu, providence pour son peuple. Chaque tribu, issue des fils de Jacob, vit de manière indépendante sur le sol qu'elle occupe en abandonnant la vie nomade pour se sédentariser. La constitution politique était assez faible. Un point les unissait : leur histoire commune, fondée sur la reconnaissance du même Dieu qui avait libéré le peuple de la servitude d’Égypte.

Chaque village formait une communauté indépendante, dirigée par les anciens, qui réglaient les problèmes. Parfois, une personnalité remarquable peut faire respecter son autorité sur une région plus vaste, en rappelant la fidélité à Dieu au moment où les Israélites se tourneraient vers les dieux locaux : ce sont les Juges, qui se présentent comme des libérateurs face au péril qui venait aussi bien de l'extérieur (les ennemis d'Israël) que de l'intérieur (le culte des divinités étrangères).

Les règnes de David et de Salomon

Le livre des Juges présente l’Histoire selon un schéma cyclique : les fils d'Israël font ce qui déplaît à Dieu, alors sa colère s'enflamme contre eux, Israël tombe en décadence, dans sa misère, il crie vers Dieu, qui lui envoie un sauveur, un Juge, mais, à la mort de ce Juge, les fils d'Israël retombent dans leur faute. Si ce livre mentionne douze Juges, il faut adjoindre Samuel, qui dénoua la série des crises nationales, en instituant la royauté.

Samuel, consacré à Dieu dès avant sa naissance, considéré comme juge par l'ensemble du peuple, sera un prophète, un homme à qui Dieu parle et un homme qui parle au nom de Dieu. Devenu vieux, les anciens lui demandent d'établir sur le peuple un roi. Peu enthousiasmé, il propose une constitution démocratique, avec un roi dont il trace le portrait en termes peu flatteurs. Puis, malgré ses réticences, et sur les conseils de Dieu, il finit par accéder à leur demande : Samuel convoque le peuple et fait établir Saül roi par tirage au sort. Désormais, et pendant quatre siècles, l'histoire d'Israël sera guidée par des rois.

Après la mort de Saül, dont le règne fut bref et tragique, les tribus viennent trouver David à Hébron pour lui offrir le trône. David s'empare de la place forte de Jérusalem dont il fait son lieu de résidence et sa capitale, alors que cette ville n'avait encore joué aucun rôle dans l'histoire. Dans cette ville, David organise le culte et il crée un début d'organisation administrative centralisée. La fin du règne ne sera pas brillante, car David utilise à son profit le pouvoir que Dieu lui a confié, il se sert de sa puissance pour lui-même au lieu de s'en servir pour le bien du peuple.

Sa politique de centralisation civile et religieuse sera poursuivie par son fils Salomon, qui fit construire un Temple splendide. Profitant de l'affaiblissement de ses voisins, l’Égypte et l'Assyrie, Salomon fit régner la paix durable sur Israël, dotant le pays d'une civilisation exceptionnelle, il établit avec ses voisins de relations commerciales et culturelles. Mais ses mariages avec des étrangères conduisirent une dégradation du culte de Dieu.

La conséquence fut la destruction de l'unité religieuse qui sera suivie par la perte de l'unité nationale. Alors, les deux états d'Israël, au Nord, comprenant dix tribus, et de Juda, au Sud, regroupant les deux autres tribus restées fidèles à la dynastie davidique, menèrent une existence séparée. Les trois siècles qui suivirent la mort de Salomon sont marqués par la décadence des deux royaumes et par la chute de leurs capitales aux mains des Babyloniens.

C'est dans ce contexte troublé politiquement et religieusement que se sont levés des prophètes : ceux-ci ont rappelé au peuple les exigences de l'Alliance avec Dieu.

Les prophètes de la Nouvelle Alliance

L'histoire du peuple prend du relief par la présence de prophètes. Tout d'abord, il importe de revenir sur le terme de prophète.

Le mot hébreu, nabi, signifie : l'homme qui parle. En passant dans la langue grecque il a pris le sens de : l'homme qui dit une chose avant qu'elle n'arrive, l'homme qui prédit. Ce sens a prévalu dans la tradition occidentale.

Le souci des prophètes sera de ramener au coeur de la pensée du peuple le fait que Dieu est le seul et unique Dieu. Pour ce faire, ils approfondissent la doctrine de l'alliance, qui unit l'homme à Dieu et Dieu à l'homme comme deux partenaires. L'homme est incapable de se transformer lui-même, Dieu doit entreprendre la transformation du coeur de l'homme. Dieu changera le coeur de l'homme et réalisera l'obéissance à sa Loi.

Les prophètes prêchent aussi l'espérance pour les exilés, la conversion de ceux-ci en vue d'un retour à Jérusalem, pour la reconstruction du Temple et la constitution d'un peuple nouveau.

La Nouvelle Alliance que Dieu va établir après avoir pardonné la rupture de l'ancienne n'est pas différente de celle transmise par Moïse, mais elle ne va plus consister en des prescriptions extérieures à l'homme, elle s'inscrira au plus intime de la personne.

La Loi qui sera donnée, comme signe de la nouvelle alliance, ne sera pas une nouvelle Loi, mais la Loi renouvelée : le Décalogue demeure. Ce qui est nouveau, c'est la manière de considérer la Loi, qui s'exprime dans une relation de réciprocité et d'amour : Je deviendrai Dieu pour eux, et eux, ils deviendront un peuple pour moi. Cette alliance reposera sur le pardon, avant d'être exprimée en termes de changement de coeur.

Tout le prophétisme est une longue protestation contre l'oubli du Dieu unique. Les prophètes rappellent sans cesse la Loi que Dieu a donnée à son peuple : elle est la constitution du peuple, puisqu'elle renferme non seulement sa doctrine religieuse, mais aussi sa doctrine politique et sociale.

Le Messie, inaugurateur du Royaume de Dieu

L'annonce des "jours du Messie" est une des idées forces du prophétisme. La nouvelle alliance est une préparation qui vise, à plus ou moins longue échéance, l'instauration du Royaume de Dieu sur la terre, royaume qui prendra la succession davidique.

Pour le judaïsme, le Royaume de Dieu sera inauguré par le Messie, ce personnage qui ouvrira une époque de justice et de paix sur la terre : les nations qui lui résisteront seront réduites à néant, le règne de Dieu s'établira sur tout l'univers.

Les prophètes ont parlé pour leurs contemporains, leur message était relatif aux problèmes qui se posaient à leur époque. Mais, dans leur vision du monde, ils englobaient le passé et l'avenir. Leur idée était que le dessein de Dieu se développe dans le courant de l'histoire : les promesses faites jadis se réalisent progressivement, dans l'attente de leur plein achèvement au jour de Dieu. Leur conception de l'histoire n'était pas cyclique, elle visait une fin : les hommes marchent vers un but fixé dès l'origine par Dieu, vers une fin dernière, qui est l'objet de l'espérance croyante.

Contrairement à une opinion répandue, l'objet de la promesse de Dieu n'est pas la venue d'un sauveur particulier, le Messie, mais l'avènement du Royaume de Dieu. Dieu, créateur et maître du monde, n'a choisi Israël qu'en vue du salut des peuples, ses fidèles connaîtront le bonheur. Pourtant, le jour de Dieu auquel les fidèles aspirent ne sera pas un jour de consolation, mais un jour de colère : le péché des hommes implique une sanction. Dieu rémunère les hommes selon leur conduite dans le monde. Lors de son jour, il sera exalté et tout orgueil humain sera abattu.

La déception fut grande après l'exil... Toutefois l'attente du Jour de Dieu ne s'acheva pas avec cette déception. Les promesses que Dieu avaient faites par la bouche des prophètes constituaient une certitude que rien ne pouvait ébranler. Si le salut tarde, c'est que la conversion du peuple est insuffisante, qu'elle manque de profondeur.

Les prophètes post-exiliques vont mettre l'accent sur l'aspect spirituel de cette venue du Royaume. On imagine l'existence nouvelle comme un prolongement de l'existence présente, avec le triomphe du peuple fidèle.

L'idée d'une restauration de la dynastie reprend ses droits pour le monde actuel : l’Élu de Dieu, le Fils de Dieu, le Serviteur du Seigneur inaugurera l'avènement du Royaume, le Messie appartient à ce monde, même si ses qualités sont exceptionnelles, et s'il gouverne le peuple avec justice et droiture, avec sagesse et puissance : il rétablira le trône de David. Mais son rôle ne s'achève pas dans cette restauration, il fera advenir le Royaume sur terre. Il va accomplir le rétablissement de l'alliance entre Dieu et son peuple. Le domaine politique est lié à la pensée religieuse des prophètes.

Par l'annonce de la naissance d'un enfant, les prophètes manifestent que le Messie, sera l'homme d'une alliance nouvelle. Il occupera la place du roi, car il sera capable de faire comprendre que le seul roi possible pour Israël, c'est Dieu lui-même.

Le Messie libérateur surgira de la famille de David. La dynastie établie à Jérusalem qui est non seulement la capitale de Juda, le centre de l'empire de David et de Salomon, mais aussi et surtout le centre du monde vers lequel convergent toutes les nations.

L'école prophétique reprendra cette annonce messianique : Dieu vient sauver son peuple. L'image du roi-messie va se transformer pour exprimer la sollicitude de Dieu : le roi-messie prendra la figure du Serviteur de Dieu, parfaitement juste, dont la mort apportera la réconciliation avec Dieu.

L'annonce de ce messie-serviteur, qui ne se manifestera pas aux hommes sous des aspects les contraignant à la conversion et reste ouverte sur l'avenir.

Les réalisations qui ont pu être accomplies dans la suite des temps, ont toujours été partielles, elles n'ont jamais épuisé la mission universelle dont était investi le Serviteur de Dieu. La tradition chrétienne a identifié ce dernier à Jésus et à son oeuvre de réconciliation avec Dieu.

Le fils de l'homme

Le livre de Daniel est unique en son genre dans la tradition, son genre littéraire le situe comme un écrit apocalyptique. Après l'exil à Babylone, la réflexion des prophètes a été marquée par le souci du jugement que Dieu peut opérer. Les hommes cherchent à comprendre quel sera l’avenir que Dieu ouvre à l'homme, quel sera le jugement qu'il va exercer sur toute l'humanité.

On se tourne vers la fin des temps, vers l'eschatologie. Pour exprimer l'action future de Dieu, les prophètes se situent dans un contexte de révélation, c'est le sens premier du terme d'origine grecque : apocalypse.

Le "Fils de l'homme" est un titre qui vient d'une des visions du prophète Daniel : Je regardais dans les visions de la nuit, et voici qu'avec les nuées du ciel venait comme un Fils d'homme. Et il lui fut donné souveraineté, gloire et royauté : les gens de tous peuples, nations et langues le servaient.

L'expression de "Fils d'homme" a un sens faible, elle désigne un être humain dans sa simplicité, elle devient alors synonyme de l'homme, soulignant la précarité de la condition humaine vouée à la mort. Mais cette expression, dans la littérature apocalyptique, prend un sens plus fort, elle désigne un personnage céleste qui apparaîtra à la fin des temps et qui jugera tous les hommes.

Ce personnage céleste a des prérogatives divines : il séjourne auprès de Dieu et n'a plus rien de commun avec la condition mortelle des hommes. Après son jugement à la fin des temps, pourra rétablir le Royaume de Dieu. Les commentaires du livre de Daniel lui ont attribué des caractéristiques de Messie royal et de Serviteur de Dieu.

La tradition chrétienne reprendra ce titre de Fils de l'homme pour l'appliquer à Jésus.

Toutes ces figures de la Bible (Abraham, Moïse, les rois David et Salomon, les prophètes, le Messie, le Serviteur de Dieu, le Fils de l'homme) sont comme autant de symboles pour exprimer ce que doit être l'attitude de tout croyant devant Dieu.

Ces figures permettent aux croyants de comprendre l'évolution des desseins de Dieu tout au long de l'histoire. Dieu se donne à connaître comme agissant en vue du bonheur de l'homme dans la terre qu'il avait promis de donner en héritage aux patriarches, en vue du bonheur de l'homme après sa destinée terrestre.