Troisième dimanche de Carême

Ouverture

La troisième halte du Carême nous fait stationner sur la margelle du puits de Samarie, où le Christ nous demande, comme à la Samaritaine, de rechercher l'eau vive. Si nous savions le don de Dieu, notre vie se changerait en joie et nous saurions accueillir le pardon de Dieu. Au moment de célébrer l'eucharistie, reconnaissons que nous refusons d'accueillir le pardon de Dieu parce que nous sommes pécheurs.

Prière

Tu es la source de toute bonté, Seigneur, et toute miséricorde vient de toi : tu nous as dit comment guérir du péché par le jeûne, la prière et le partage ; écoute l'aveu de notre faiblesse : nous avons conscience de nos fautes, patiemment, relève-nous. Par Jésus Christ.

Pour ceux qui se préparent au baptême

Ceux que tu as appelés au baptême, Seigneur, approchent du jour où ils proclameront la foi au milieu de ton peuple en fête : pour qu'ils soient enfin recréés dans le Christ, pour qu'ils retrouvent en lui leur dignité de fils de Dieu dont la faute originelle les a écartés, soutiens-les dans leur marche vers toi. Par Jésus.

Première lecture

Souvent, nos coeurs s'endurcissent parce que nous ne comprenons pas les projets de Dieu.

Lecture du livre de l'Exode

Les fils d'Israël campèrent dans le désert à Rephidim, et le peuple avait soif. Ils récriminèrent contre Moïse : Pourquoi nous as-tu fait monter d'Égypte ? Était-ce pour nous faire mourir de soif avec nos fils et nos troupeaux ? Moïse cria vers le Seigneur : Que vais-je faire de ce peuple ? Encore un peu, et ils me lapideront ! Le Seigneur dit à Moïse : Passe devant eux, emmène avec toi plusieurs des anciens d'Israël, prends le bâton avec lequel tu as frappé le Nil, et va ! Moi, je serai là, devant toi, sur le rocher du mont Horeb. Tu frapperas le rocher, il en sortira de l'eau, et le peuple boira ! Et Moïse fit ainsi sous les yeux des anciens d'Israël. Il donna à ce lieu le nom de Massa (c'est-à-dire : Défi) et Mériba (c'est-à-dire : Accusation), parce que les fils d'Israël avaient accusé le Seigneur, et parce qu'ils l'avaient mis au défi, en disant : le Seigneur est-il vraiment au milieu de nous, ou bien n'y est-il pas ?

Psaume

Aujourd'hui, ne fermons pas notre coeur, mais écoutons la voix du Seigneur !

ou bien : Le Seigneur est vraiment au milieu de nous.

 

Venez, crions de joie pour le Seigneur, acclamons notre Rocher, notre salut !

Allons jusqu'à lui en rendant grâce, par nos hymnes de fête, acclamons-le !

 

Entrez, inclinez-vous, prosternez-vous, adorons le Seigneur qui nous a faits,

Oui, il est notre Dieu ; nous sommes le peuple qu'il conduit.

 

Aujourd'hui écouterez-vous sa parole ? Ne fermez pas votre coeur comme au désert,

où vos pères m'ont tenté et provoqué, et pourtant ils avaient vu mon exploit.

Deuxième lecture

La preuve suprême de l'amour de Dieu pour nous, c'est la mort de son Fils, le seul Juste.

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains

Frères, Dieu a fait de nous des justes par la foi ; nous sommes ainsi en paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus Christ, qui nous a donné, par la foi, l'accès au monde de la grâce dans lequel nous sommes établis ; et notre orgueil à nous, c'est d'espérer avoir part à la gloire de Dieu. Et l'espérance ne trompe pas, puisque l'amour de Dieu a été répandu dans nos coeurs par l'Esprit Saint qui nous a été donné. Alors que nous n'étions encore capables de rien, le Christ, au temps fixé par Dieu, est mort pour les coupables que nous étions. Accepter de mourir pour un homme juste, c'est déjà difficile : peut-être donnerait-on sa vie pour un homme de bien. Or la preuve que Dieu nous aime, c'est que le Christ est mort pour nous, alors que nous étions encore pécheurs.

Acclamation

Gloire au Christ, Sagesse éternelle du Dieu vivant. Gloire à toi, Seigneur. Le Sauveur du monde, Seigneur, c'est toi ! Donne-nous de l'eau vive et nous n'aurons plus soif.

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

Jésus  arrivait à une ville de Samarie appelée Sykar, près du terrain que Jacob avait donné à son fils Joseph, et où se trouve le puits de Jacob. Jésus, fatigué par la route, s'était assis là, au bord du puits. II était environ midi. Arrive une femme de Samarie, qui venait puiser de l'eau. Jésus lui dit : Donne-moi à boire. (En effet, ses disciples étaient partis pour la ville pour acheter de quoi manger.)

La Samaritaine lui dit : Comment ! Toi qui es juif, tu me demandes à boire, à moi, une Samaritaine ? (En effet, les Juifs ne veulent rien avoir en commun avec les Samaritains.) Jésus lui répondit : Si tu savais le don de Dieu, si tu connaissais celui qui te dit : donne-moi à boire, c'est toi qui lui aurais demandé, et il t'aurait donné de l'eau vive. Elle lui dit : Seigneur, tu n'as rien pour puiser et le puits est profond, avec quoi prendrais-tu l'eau vive ? Serais-tu plus grand que notre père Jacob qui nous a donné ce puits, et qui en a bu lui-même, avec ses fils et ses bêtes ? Jésus lui répondit : Tout homme qui boit de cette eau aura encore soif ; mais celui qui boira de l'eau que moi je lui donnerai n'aura plus jamais soif : et l'eau que je lui donnerai deviendra en lui source jaillissante pour la vie éternelle. La femme lui dit : Seigneur, donne-la moi, cette eau : que je n'aie plus soif, et que je n'aie plus à venir ici pour puiser. [Jésus lui dit : Va, appelle ton mari, et reviens. La femme répliqua : Je n'ai pas de mari. Jésus reprit : Tu as raison de dire que tu n'as pas de mari, car tu en as eu cinq, et celui que tu as maintenant n'est pas ton mari : Là, tu dis vrai. La femme lui dit : Seigneur, je le vois, tu es un prophète. Alors,] explique-moi : nos pères ont adoré Dieu sur la montagne qui est là, et vous, les Juifs, vous dites que le lieu où il faut l'adorer est à Jérusalem. Jésus lui dit : Femme, crois-moi : l'heure vient où vous n'irez plus ni sur cette montagne ni à Jérusalem pour adorer le Père. Vous adorez ce que vous ne connaissez pas ; nous adorons, nous, celui que nous connaissons, car le salut vient des Juifs. Mais l'heure vient - et c'est maintenant - où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité : tels sont les adorateurs que recherche le Père. Dieu est esprit, et ceux qui l'adorent, c'est en esprit et vérité qu'ils doivent l'adorer. La femme lui dit : Je sais qu'il vient, le Messie, celui qu'on appelle Christ. Quand il viendra, c'est lui qui nous fera connaître toutes choses. Jésus lui dit : Moi qui te parle, je le suis. [Là-dessus, ses disciples arrivèrent : ils étaient surpris de le voir parler avec une femme. Pourtant, aucun ne lui dit : Que demandes-tu ? ou : Pourquoi parles-tu avec elle ? La femme, laissant là sa cruche, revint à la ville et dit aux gens : Venez voir un homme qui m'a dit tout ce que j'ai fait. Ne serait-il pas le Messie ? Ils sortirent de la ville, et ils se dirigeaient vers Jésus. Pendant ce temps les disciples l'appelaient : Rabbi, viens manger. Mais il répondit : Pour moi, j'ai de quoi manger ; c'est une nourriture que vous ne connaissez pas. Les disciples se demandaient : Quelqu'un lui aurait-il apporté à manger ? Jésus leur dit : Ma nourriture, c'est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé et d'accomplir son oeuvre. Ne dites-vous pas : Encore quatre mois et ce sera la moisson ? Et moi je vous dis : Levez les yeux et regardez les champs qui se dorent pour la moisson. Dès maintenant, le moissonneur reçoit son salaire : il récolte du fruit pour la vie éternelle, si bien que le semeur se réjouit avec le moissonneur. Il est bien vrai, le proverbe : L'un sème, l'autre moissonne. Je vous ai envoyés moissonner là où vous n'avez pas pris de peine ; d'autres ont pris de la peine, et vous, vous profitez de leurs travaux.] Beaucoup de Samaritains de cette ville crurent en Jésus, [à cause des paroles de la femme qui avait rendu ce témoignage : Il m'a dit tout ce que j'ai fait.] Lorsqu'ils arrivèrent auprès de lui, ils l'invitèrent à demeurer chez eux. Il y resta deux jours. Ils furent encore beaucoup plus nombreux à croire à cause de ses propres paroles, et ils disaient à la femme : Ce n'est plus à cause de ce que tu nous as dit que nous croyons maintenant ; nous l'avons entendu par nous-mêmes, et nous savons que c'est vraiment lui le Sauveur du monde.

En route vers Pâques : Si tu savais le don de Dieu

Une vie d'homme n'est jamais facile. Les obstacles surgissent chaque jour, l'existence est une agression perpétuelle à notre recherche d'équilibre. Les habitudes changent et nous perdons notre sens de l'orientation. C'est dans ce contexte que l'Eglise invite à célébrer la réconciliation.

La réconciliation est confession du péché. Cette confession nécessite une rencontre avec le Christ. La Samaritaine vivait sur l'acquis du passé, elle venait chercher de l'eau à ce puits que Jacob avait creusé pour sa race, elle évitait la fréquentation des juifs. Sa vie était troublée par ses mariages qui ne lui avaient pas apporté le bonheur. Au puits, elle rencontre un homme, un juif qui lui parle, qui lui demande à boire, qui l'écoute, qui la comprend telle qu'elle est. Si nous écoutons cette femme, nous constatons qu'elle ne fait en aucune façon l'aveu de sa faute : elle se situe en vérité devant cet homme extraordinaire. Comme elle, nous ne devons pas être obnubilés par nos péchés. Nous ne devons pas nous réfugier derrière un catalogue fastidieux qui ne nous permet plus de nous situer en vérité. Au regard du Christ, nous ne sommes pas réductibles à la somme de nos actes. L'homme importe plus que ses péchés. Confesser notre péché, c'est nous reconnaître tels que nous sommes.

La réconciliation est confession de foi. Confesser notre péché, c'est reconnaître que tout n'est pas perdu, c'est découvrir que nous ne pouvons pas vivre replié sur le passé et que nous pouvons commencer autre chose. Dès lors, ce sacrement ne peut plus être considéré comme la confession des péchés, c'est bien plus la confession de notre foi au Christ qui se présente comme la source du pardon. Comme la Samaritaine, nous sommes rétablis dans une situation de croyants, dans une situation qui s'appuie sur de nouvelles relations. Jésus demande à la Samaritaine de revenir avec son mari. Par là, il lui signale que le changement intervenu dans son existence devient authentique en étant expérimenté au milieu des autres hommes. Confesser son péché, c'est reconnaître que seuls, nous ne pouvons pas grand-chose, c'est découvrir qu'avec les autres nous inaugurons une vie nouvelle.

La réconciliation est confession d'espérance.  Confesser son péché, c'est reconnaître qu'un avenir est ouvert. La Samaritaine ne pouvait pas garder pour elle seule le don offert par Jésus. De même, nous ne pouvons garder jalousement le don de Dieu comme un acquis personnel. Ce don est une invitation à rassembler tous les hommes autour de la même espérance d'une vie nouvelle. C'est l'humanité entière qu'il nous faut entraîner vers le Christ.

Jésus-Christ seul peut donner un sens à notre vie. Il est là au milieu de nous pour nous faire avancer, dans les difficultés présentes, non pas en les supprimant, mais en nous faisant découvrir qu'a travers elles, nous participons à notre manière à la mort de Jésus pour ressusciter avec lui dans une vie nouvelle.

Prière universelle

Seigneur, tu as besoin des hommes et tu nous confies le Royaume à construire.

·      Pour les peuples de la faim et de la soif, que la solidarité internationale se fasse plus active. Seigneur, nous te prions.

·      Avec ceux qui ont soif de Dieu, avec ceux qui le cherchent et avec ceux qui l'ont trouvé. Seigneur, nous te prions.

·      Avec ceux qui manquent d'amour, ceux qui ne savent pas en donner, ceux qui ne veulent pas en recevoir, Seigneur, nous te prions.

Seigneur Jésus, tu es la soif que rien n'apaise, tu dis les paroles qu'on ne peut oublier. Montre-nous le Père et nous pourrons lui rendre grâce en esprit et en vérité, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen.

Prière sur les offrandes

Que cette eucharistie nous obtienne, Seigneur, à nous qui implorons ton pardon la grâce de savoir pardonner à nos frères. Par Jésus le Christ.

Préface

Vraiment, il est juste et bon de te rendre gloire, de t'offrir notre action de grâce toujours et en tout lieu, à toi, Père très saint, Dieu éternel et tout-puissant, par le Christ, notre Seigneur. En demandant à la Samaritaine de lui donner à boire, Jésus faisait à cette femme le don de la foi. Il avait un si grand désir d'éveiller la foi dans son coeur, qu'il fit naître en elle l'amour même de Dieu. Voilà pourquoi le ciel et la terre t'adorent ; ils te chantent leur hymne toujours nouvelle, et nous-mêmes, unissant notre voix à celle des anges, nous t'acclamons...

Prière après la communion

Nous avons reçu de toi, Seigneur, un avant-goût du ciel en mangeant dès ici-bas le pain du Royaume, et nous te supplions encore : fais-nous manifester par toute notre vie ce que le sacrement vient d'accomplir en nous.