Vingt-quatrième dimanche ordinaire
Ouverture
Dieu nous accueille à nouveau dans son amour. Il nous accueille tels que nous sommes, avec nos difficultés, avec nos rancunes et avec nos jalousies. Et il nous invite à vivre un nouvel amour. Au moment de célébrer l'eucharistie, reconnaissons que nous sommes pécheurs.
Prière
Dieu créateur et maître de toutes choses, regarde-nous, et pour que nous ressentons l'effet de ton amour, accorde-nous de te servir avec un coeur sans partage. Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur.
Première lecture
Comment peut-on demander le pardon de Dieu sans entendre de la bouche du Christ : Pardonne-nous comme nous pardonnons aussi ?
Lecture du livre de ben Sirac le Sage
Rancune et colère, voilà des choses abominables où le pécheur s'obstine. L'homme qui se venge éprouvera la vengeance du Seigneur : celui-ci tiendra un compte rigoureux de ses péchés. Pardonne à ton prochain le tort qu'il t'a fait : alors, à ta prière, tes péchés seront remis. Si un homme nourrit de la colère contre un autre homme, comment peut-il demander à Dieu la guérison ? S'il n'a pas de pitié pour un homme, son semblable, comment peut-il supplier pour ses propres fautes ? Lui qui est un pauvre mortel, i1 garde rancune : qui donc lui pardonnera ses péchés ? Pense à ton sort final et renonce à toute haine, pense à ton déclin et à ta mort, et demeure fidèle aux commandements. Pense aux commandements et ne garde pas de rancune envers ton prochain, pense à l'Alliance du Très-Haut et oublie l'erreur de ton prochain.
Psaume
Le Seigneur est tendresse et pitié.
ou bien : Tu nous as pardonné, Seigneur ; nous pardonnons.
Bénis le Seigneur, ô mon âme,
bénis son nom très saint, tout mon être !
Bénis le Seigneur, ô mon âme,
n'oublie aucun de ses bienfaits !
Car il pardonne toutes tes offenses
et te guérit de toute maladie ;
il réclame ta vie à la tombe
et te couronne d'amour et de tendresse.
Il n'est pas toujours en procès,
ne maintient pas sans fin ses reproches :
il n'agit pas envers nous selon nos fautes,
ne nous rend pas selon nos offenses.
Comme le ciel domine la terre,
fort est son amour pour qui le craint :
aussi loin qu'est l'orient de l'occident,
Il met loin de nous nos péchés.
Deuxième lecture
Paul rappelle aux Romains que la foi au Christ ouvre des horizons nouveaux : c'est le Christ qui est le centre de notre vie.
Lecture de la lettre de saint Paul aux Romains
Frères, aucun d'entre nous ne vit pour soi-même, et aucun ne meurt pour soi-même : si nous vivons, nous vivons pour le Seigneur : si nous mourons, nous mourons pour le Seigneur. Dans notre vie comme dans notre mort, nous appartenons au Seigneur. Car, si le Christ a connu la mort, puis la vie, c'est pour devenir le Seigneur et des morts et des vivants.
Alléluia
Alléluia. Le Seigneur nous a laissé un commandement nouveau : Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés.
Evangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
Pierre s'approcha de Jésus pour lui demander : Seigneur, quand mon frère commettra des fautes contre moi, combien de fois dois-je lui par donner ? Jusqu'à sept fois ? Jésus lui répondit : Je ne te dis pas jusqu'à sept fois, mais jusqu'à soixante-dix fois sept fois. En effet, le Royaume des cieux est comparable à un roi qui voulut régler ses comptes avec ses serviteurs. Il commençait, quand on lui amena quelqu'un qui lui devait dix mille talents (c'est-à-dire soixante millions de pièces d'argent). Comme cet homme n'avait pas de quoi rembourser, le maître ordonna de le vendre, avec sa femme, ses enfants et tous ses biens, en remboursement de sa dette. Alors, tombant à ses pieds, le serviteur demeurait prosterné et disait : Prends patience envers moi, et je te rembourserai tout. Saisi de pitié, le maître de ce serviteur le laissa partir et lui remit sa dette. Mais, en sortant, le serviteur trouva un de ses compagnons qui lui devait cent pièces d'argent. Il se jeta sur lui pour l'étrangler, en disant : "Rembourse ta dette !" Alors, tombant à ses pieds, son compagnon le suppliait : "Prends patience envers moi, et je te rembourserai." Mais l'autre refusa et le fit jeter en prison jusqu'à ce qu'il ait remboursé. Ses compagnons, en voyant cela, furent profondément attristés et allèrent tout raconter à leur maître. Alors celui-ci le fit appeler et lui dit : "Serviteur mauvais ! je t'avais remis toute cette dette parce que tu m'avais supplié. Ne devais-tu pas, à ton tour, avoir pitié de ton compagnon, comme moi-même j'avais eu pitié de toi ?" Dans sa colère, son maître le livra aux bourreaux jusqu'à ce qu'il eût tout remboursé. C'est ainsi que mon Père du ciel vous traitera, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère de tout son coeur.
La force des fils de Dieu.
Les textes proposés aujourd'hui nous renvoient à des situations bien actuelles : jusqu'où peut-on pardonner sans perdre la face, sans être "le dindon de la farce" ? L'Ancien testament disait qu'il fallait pardonner sept fois, c'est-à-dire beaucoup. Jésus semble faire de la surenchère, il parle de soixante dix fois sept fois, autant dire à l'infini. Il est très beau de se savoir fils de Dieu, mais quand cela nous engage à ce point, nous avons bien envie de revenir sur la terre à la bonne vieille loi du talion : oeil pour oeil, dent pour dent...
Ce n'est d'ailleurs pas d'aujourd'hui qu'on a reproché à l'Evangile d'être angélique, admirable sans doute, mais finalement irréaliste et du même coup nuisible à la bonne relation sociale...
Le croyant n'échappe pas à ce monde. Comme tous les autres hommes, il a la rancune tenace, il éprouve la tentation de tenir des comptes, d'accumuler les motifs de rancoeur, les motifs de ne pas se laisser faire. Déjà le livre de la sagesse nous invitait à sortir de ce cercle infernal. Si nous voulons que Dieu se révèle à nous comme le Dieu du pardon, nous devons commencer par balayer devant notre porte. Nous devons vivre une ouverture aux autres hommes.
Cela est difficile. Il s'agit en, fait de mourir un peu à soi-même, il s'agit de vaincre notre désir de domination. Il s'agit d'accepter la vie du Christ en nous, ce Christ qui a accepté de vivre le pardon face à la haine et à la vengeance, ce Christ qui a accepté que cette vie le conduise à la mort, ce Christ qui nous a montré que le pardon est une déclaration d'amour, la révélation de l'amour infini de Dieu, en donnant la preuve de cet amour par la croix. Il est fidèle notre Dieu : on peut le tuer sans l'empêcher d'aimer les hommes.
Mais il ne faut pas se leurrer. Il n'est pas facile d'accepter tout cela, même si c'est le coeur de notre foi. Nous ne comprendrons jamais totalement cet amour et nous ne serons jamais prêts à l'accueillir totalement dans nos vies. C'est peut-être à ce moment-là qu'il convient de découvrir le sens de la prière authentiquement chrétienne : que Dieu, lentement, nous aide à entrer dans cet amour ! La patience de Dieu est telle qu'au lieu de nous écraser il nous invite à retrouver chaque jour le chemin de son pardon.
Prière universelle
Dieu nous invite à porter un regard d'amour et de pardon sur notre monde. Rassemblons nos prières pour ce monde difficile.
Dans notre prière, nous pensons d'abord à ton Eglise. Qu'elle vive toujours la force de la réconciliation pour qu'elle soit le signe du pardon de Dieu. Ensemble, nous te prions, Seigneur.
Nous pensons aussi à ceux qui souffrent de l'indifférence, du racisme, du rejet de notre monde. Puisses-tu te révéler à eux comme un Dieu proche et accueillant. Ensemble, nous te prions, Seigneur.
Nous pensons à nos difficultés de vivre le partage et le pardon. Suscite en nous des gestes de pardon et de réconciliation. Ensemble, nous te prions, Seigneur.
Dieu d'amour, transforme-nous par l'Esprit d'amour. Que nos pensées deviennent tes pensées, et nous aurons pour nos frères un seul et même amour. Par Jésus, ton enfant bien-aimé, notre frère et notre Seigneur pour les siècles des siècles.
Prière sur les offrandes
Sois favorable à nos prières, Seigneur, et reçois avec bonté nos offrandes : que les dons apportés par chacun à la gloire de ton nom servent au salut de tous. Par Jésus, le Christ, notre Seigneur.
Prière après la communion
Que la grâce de cette communion, Seigneur, saisisse nos esprits et nos corps, afin que son influence, et non pas notre sentiment, domine toujours en nous. Par Jésus, le Christ, notre Seigneur.