Fête du Baptême du Seigneur

Ouverture

Nous célébrons aujourd'hui la fête du baptême du Seigneur, occasion pour nous de nous souvenir de notre propre baptême, de notre entrée dans le peuple des enfants de Dieu.

Afin de nous préparer à l'eucharistie, et en mémoire de notre baptême, la liturgie propose pour aujourd'hui le rite de l'aspersion.

Préparation pénitentielle

Célébrant le baptême de notre Seigneur Jésus Christ, nous pensons aussi à notre baptême, qui est à la source de notre mission. Que Dieu bénisse cette eau dont nous serons aspergés, et nous garde fidèles à l'Esprit que nous avons reçu. Amen.

Dieu éternel et tout-puissant, tu as donné aux hommes l'eau qui les fait vivre et les purifie ; tu veux aussi qu'elle puisse laver nos âmes et nous apporter le don de la vie éternelle : Daigne bénir cette eau, pour que nous en recevions des forces en ce jour qui célèbre la résurrection de ton Fils.

Par cette eau, renouvelle en nous la source vive de ta grâce, défends-nous contre tout mal de l'âme et du corps ; nous pourrons alors nous approcher de toi avec un cœur pur, et profiter pleinement du salut que tu nous donnes. Par Jésus, le Christ, notre Seigneur. Amen.

Le prêtre circule dans l'église et asperge le peuple d'eau bénite.

A la fin, le prêtre dit :

Que Dieu tout-puissant nous fasse miséricorde qu'il nous purifie de nos péchés par la célébration de l'eucharistie, et qu'il nous rende dignes de participer un jour au festin de son Royaume. Amen.

Prière d'ouverture

Dieu éternel et tout-puissant, quand le Christ fut baptisé dans le Jourdain, et que l'Esprit Saint reposa sur lui, tu l'as désigné comme ton Fils bien-aimé ; accorde à tes fils adoptifs, nés de l'eau et de l'Esprit, de se garder toujours dans ta sainte volonté. Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur.

ou bien :

Dieu éternel, c'est dans la réalité de notre chair que ton Fils unique est apparu ; puisque nous reconnaissons que son humanité fut semblable à la nôtre, donne-nous d'être transformés par lui au plus intime de notre coeur. Lui qui règne.

Première lecture

Isaïe annonce la venue du Serviteur de Dieu, qui se mettra au service de l'humanité pour lui procurer la paix et la faire vivre dans la justice.

Lecture du livre d'Isaïe

Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu. Parlez au coeur de Jérusalem et proclamez que son service est accompli, que son crime est pardonné, et qu'elle a reçu de la main du Seigneur double punition pour toutes ses fautes. Une voix proclame : Préparez à travers le désert le chemin du Seigneur. Tracez dans les terres arides une route aplanie pour notre Dieu. Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées, les passages tortueux deviendront droits et les escarpements seront changés en plaine. Alors la gloire du Seigneur se révélera et tous en même temps verront que la bouche du Seigneur a parlé. Monte sur une haute montagne, toi qui portes la bonne nouvelle à Sion. Élève la voix avec force, toi qui portes la bonne nouvelle à Jérusalem. Élève la voix, ne crains pas. Dis aux villes de Juda : Voici votre Dieu, Voici le Seigneur Dieu : il vient avec puissance et son bras est victorieux. Le fruit de sa victoire l'accompagne et ses trophées le précèdent. Comme un berger, il conduit son troupeau : son bras rassemble les agneaux, il les porte sur son cour, et il prend soin des brebis qui allaitent leurs petits.

Psaume

L'eau et l'Esprit te rendent témoignage, Seigneur de gloire !

 

Revêtu de magnificence,

tu as pour manteau la lumière !

Comme une tenture, tu déploies les cieux,

tu élèves dans leurs eaux tes demeures.

 

Des nuées, tu te fais un char,

tu t'avances sur les ailes du vent ;

tu prends les vents pour messagers,

pour serviteurs, les flammes des éclairs.

 

Quelle profusion dans tes oeuvres, Seigneur !

La terre s'emplit de tes biens.

Voici l'immensité de la mer,

son grouillement innombrable d'animaux grands et petits.

 

Tous, ils comptent sur toi

pour recevoir leur nourriture au temps voulu.

Tu donnes : eux, ils ramassent ;

tu ouvres la main : ils sont comblés.

 

Tu caches ton visage : ils s'épouvantent ;

tu reprends leur souffle, ils expirent

et retournent à leur poussière.

Tu envoies ton souffle : ils sont créés ;

tu renouvelles la face de la terre.

Deuxième lecture

La grâce de Dieu manifestée en Jésus ne connaît pas de frontières : tous ceux qui adorent Dieu peuvent être sauvés.

Lettre de saint Paul apôtre à Tite

La grâce de Dieu s'est manifestée pour le salut de tous les hommes. C'est elle qui nous apprend à rejeter le péché et les passions d'ici-bas, pour vivre dans le monde présent en hommes raisonnables, justes et religieux, et pour attendre le bonheur que nous espérons avoir quand se manifestera la gloire de Jésus Christ, notre grand Dieu et notre Sauveur. Car il s'est donné pour nous afin de nous racheter de toutes nos fautes, et de nous purifier pour faire de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien. Dieu, notre Sauveur, a manifesté sa bonté et sa tendresse pour les hommes ; il nous a sauvés. Il l'a fait dans sa miséricorde, et non pas à cause d'actes méritoires que nous aurions accomplis par nous-mêmes. Par le bain du baptême, il nous a fait renaître et nous a renouvelés dans l'Esprit Saint. Cet Esprit, Dieu l'a répandu sur nous avec abondance, par Jésus Christ notre Sauveur ; ainsi, par sa grâce, nous sommes devenus des justes, et nous possédons dans l'espérance l'héritage de la vie éternelle.

Alléluia

Voici venir un plus fort que moi, proclame le Baptiste ; c'est lui qui vous baptisera dans l'Esprit Saint et dans le feu. Alléluia.

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Le peuple venu auprès de Jean Baptiste était en attente, et tous se demandaient en eux-mêmes si Jean n'était pas le Messie. Jean s'adressa alors à tous : Moi, je vous baptise avec de l'eau, mais il vient, celui qui est plus puissant que moi. Je ne suis pas digne de défaire la courroie de ses sandales. Lui vous baptisera dans l'Esprit Saint et dans le feu. Comme tout le peuple se faisait baptiser et que Jésus priait, après avoir été baptisé lui aussi, alors le ciel s'ouvrit. L'Esprit Saint descendit sur Jésus, sous une apparence corporelle, comme une colombe. Du ciel une voix se fit entendre : C'est toi mon Fils : moi, aujourd'hui, je t'ai engendré.

Le Baptême d'un peuple

Il est facile d'assister à la naissance d'un enfant. Mais il n'est guère possible d'assister à la naissance d'un peuple. C'est toujours longtemps après une suite d'événements que l'on peut dire : toute cette histoire a conduit à la naissance de cette nation. Ce n'est qu'après coup que nos yeux s'ouvrent et que nous pouvons parler de la naissance d'un peuple.

Il en est de même pour ce peuple fragile qu'est l'Eglise. Ses membres ont d'abord été confondus avec les juifs, et ce n'est qu'à Antioche que les disciples reçurent, pour la première fois, le nom de chrétiens (et c'était un sobriquet insultant).

Lorsque les communautés primitives s'interrogent sur les conditions de leur naissance, les anciens, et parmi eux les évangélistes, leur racontent un événement tout à fait anodin. Pourtant, c'est de là que tout est parti : il suffit d'une étincelle pour allumer un grand incendie.

Les foules se rassemblaient autour de Jean et se faisaient baptiser par lui dans le Jourdain. Perdu au milieu de la foule, l'un des baptisés priait ; il s'appelait Jésus. C'est lui qui allait inaugurer des chemins nouveaux, c'est lui qui allait annoncer une vie nouvelle. Pourtant, réalistes, ses proches disaient qu'il était fou. D'ailleurs cela pouvait se vérifier. Ne disait-il pas que le bonheur c'était d'être pauvre, démuni, persécuté ? Ne proclamait-il pas qu'il fallait aimer ses ennemis ? N'annonçait-il pas cette nouvelle scandaleuse que Dieu se mettait du côté des exclus ? N'allait-il pas bouleverser les règlements établis, les lois imposées par les prêtres de son temps ? Ne voulait-il pas entraîner tout le monde dans cette folie, dans cette utopie qu'il appelait "le Royaume de Dieu" ? Finalement ses adversaires avaient eu raison de lui. Il avait pu déclarer : "Je suis la Vie", mais il était bien mort, et d'une façon atroce, condamné â être crucifié.

Mais ceux qui avaient décidé de vivre comme lui, ceux qui avaient fait le plongeon dans sa manière de vivre, et aussi dans sa manière de mourir, faisaient chaque jour l'expérience d'une nouvelle façon d'exister. Les communautés devenaient chaque jour plus nombreuses, elles prenaient conscience d'elles-mêmes. Et le peuple tout entier recherchait son origine, son commencement...

C'est au jour du baptême de Jésus que l'Esprit de Dieu avait commencé d'envahir l'humanité. Et, pour exprimer la mission et la personne de Jésus, Luc va employer une expression qui n'est pas rare dans la littérature de époque : "Du ciel, une voix s'est fait entendre". Elle disait à Jésus et à tout le peuple qui naissait avec lui dans les eaux du Jourdain : "C'est toi mon Fils, moi, aujourd'hui, je t'ai engendré". Mais il ne s'agit pas de l'engendrement du Fils unique de Dieu. Le Fils de Dieu n'est pas engendré par le baptême de Jésus, mais c'est bien tout le peuple qui est engendré, tout ce peuple qui tait en attente et qui devient une création nouvelle.

Ce peuple c'est l'Eglise qui prend corps avec la descente de l'Esprit de Dieu sur Jésus, c'est l'Eglise qui se constituera d'une façon plus humaine encore avec la descente de l'Esprit sur les apôtres au jour de la Pentecôte. L'Eglise, le peuple de Dieu renouvelé par le baptême vient de naître, et Luc nous fait le récit de cette naissance.

Et l'Eglise, aujourd'hui, c'est nous. Si nous entendons ce récit, nous ne pouvons pas rester indifférents. Nous devons ouvrir notre coeur à la dimension de Dieu qui dit à chacun de nous : "C'est toi, mon fils, aujourd'hui, je t'ai engendré". Allons-nous accepter d'entendre cette voix céleste qui nous parle et nous donne l'Esprit de Dieu ? Le baptême que nous avons reçu a allumé en chacun de nous une flamme. Allons-nous réussir à enflammer le monde, en annonçant la Bonne Nouvelle, la Parole de l'Evangile qui dit l'amour de Dieu pour tous les hommes ?

Prière universelle

Après son baptême et pendant que Jésus priait, le ciel s'ouvrit au-dessus de lui. Que notre prière de baptisés ouvre aussi le ciel au-dessus de nous et de notre monde.

·    Sur ceux que tu appelles â être l'Eglise de ton Fils : qu'ils soient des témoins de ton Amour. O Seigneur, envoie ton Esprit.

·    Sur ceux qui gouvernent les peuples : qu'ils travaillent efficacement à la paix et au développement. O Seigneur, envoie ton Esprit.

·    Sur ceux qui vivent loin de l'Evangile : qu'ils rencontrent des témoins du Christ qui réveillent leur foi. O Seigneur, envoie ton Esprit.

·    Sur les membres présents et absents de notre communauté : pour que l'Eglise, dans notre ville et dans notre diocèse, devienne plus vivante et plus missionnaire. O Seigneur, envoie ton Esprit.

Seigneur, notre Dieu, tu sanctifies le peuple que tu rassembles. Répands ton Esprit sur tous les hommes, et, dans le coeur des croyants, continue l'oeuvre d'amour commencée lors de leur baptême. Par Jésus, le Christ, notre Seigneur.

Prière sur les offrandes

Seigneur, accepte les offrandes que nous te présentons en ce jour où ton Fils nous est révélé : qu'elles deviennent ainsi le sacrifice de celui qui a enlevé le péché du monde. Lui qui règne avec toi.

Préface

Vraiment, il est juste et bon de te rendre gloire, de t'offrir notre action de grâce, toujours et en tout lieu, à toi, Père très saint, Dieu éternel et tout-puissant. Aujourd'hui, sur les eaux du Jourdain, tu veux inaugurer le baptême nouveau : une voix descend du ciel pour attester que ta parole habite chez les hommes, et l'Esprit, manifesté sous l'aspect d'une colombe, consacre ton Serviteur Jésus, pour qu'il aille annoncer aux pauvres la Bonne Nouvelle. C'est pourquoi, avec les anges dans le ciel, nous pouvons te bénir sur la terre et t'adorer en (disant) chantant : Saint !...

Prière après la communion

Nourris de ton eucharistie et sûrs de ta bonté, nous te prions, Seigneur : accorde à ceux qui sauront écouter ton Fils unique de mériter le nom de fils de Dieu, et de l'être vraiment. Par Jésus, le Christ.