Septième dimanche ordinaire

Ouverture

Dimanche dernier, le Seigneur nous invitait à la joie. Aujourd'hui, il parle à notre coeur et nous dit les secrets du Royaume : il nous demande d'aimer : d'aimer ceux qui nous aiment et même d'aimer ceux qui ne nous aiment pas. Que l'Esprit de réconciliation et de paix nous prépare à accueillir la Parole de Dieu.

Prière.

Accorde-nous, Dieu tout-puissant, de conformer à ta vo­lonté nos paroles et nos actes dans une inlassable re­cherche des biens spirituels. Par Jésus, ton Fils, notre Seigneur.

Première lecture

Le roi Saül a mal tourné. Mais c'est Dieu qui l'avait choisi, c'est à lui seul de faire justice. Telle est l'idée qui inspire la clémence de David.

Lecture du premier livre de Samuel

Saül se mit en route avec trois mille hommes, l'élite d'Is­raël, pour traquer David dans le désert de Ziph. Pendant la nuit, David et Abishaï son compagnon pénétrèrent à l'intérieur du campement de Saül ; ils trouvèrent celui-ci qui dormait au centre, sa lance plantée en terre près de sa tête ; Abner, le chef de l'armée, et ses hommes étaient couchés autour de lui. Alors Abishaï dit à David : Aujour­d'hui Dieu a livré ton ennemi entre tes mains. Eh bien, je vais le clouer à terre avec sa propre lance, d'un seul coup, et je n'aurai pas à m'y reprendre à deux fois. Mais David dit à Abishaï : Ne le tue pas ! Qui pourrait demeurer im­puni après avoir porté la main sur le roi, qui a reçu l'onc­tion du Seigneur ? David prit la lance et la gourde d'eau qui étaient près de la tête de Saül, et ils s'en allèrent. Per­sonne ne vit rien, personne ne le sut, personne ne s'éveilla : ils dormaient tous, car le Seigneur avait fait tom­ber sur eux un sommeil mystérieux. David passa sur l'au­tre versant et s'arrêta sur le sommet, à bonne distance. Il appela Saül et lui cria : Ô roi, voici ta lance. Qu'un jeune garçon traverse et vienne la prendre ! Le Seigneur rendra à chacun selon sa justice et sa fidélité. Aujourd'hui, le Sei­gneur t'avait livré entre mes mains. Mais je n'ai pas voulu porter la main sur le roi, qui a reçu l'onction du Seigneur.

Psaume 

Le Seigneur est tendresse et pitié

 

Bénis le Seigneur, ô mon âme,

bénis son nom très saint, tout mon être

Bénis le Seigneur, ô mon âme,

n'oublie aucun de ses bienfaits !

 

Car il pardonne toutes tes offenses

et te guérit de toute maladie ;

il réclame ta vie à la tombe

et te couronne d'amour et de tendresse

 

Le Seigneur est tendresse et pitié,

lent à la colère et plein d'amour ;

il n'agit pas envers nous selon nos fautes,

ne nous rend pas selon nos offenses.

 

Aussi loin qu'est l'orient de l'occident,

il met loin de nous nos péchés :

comme la tendresse du père pour ses fils,

la tendresse du Seigneur pour qui le craint.

Deuxième lecture

Les Corinthiens se trompent s'ils s'imaginent que la résurrection de Jésus fut un simple retour à la vie. Pour Paul, il s'agit d'un recommencement de l'humanité.

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Co­rinthiens

Frères, l'Écriture dit : Le premier Adam était un être hu­main qui avait reçu la vie ; le dernier Adam - le Christ - est devenu l'être spirituel qui donne la vie. Ce qui est ap­paru d'abord, ce n'est pas l'être spirituel, c'est l'être hu­main, et ensuite seulement, le spirituel. Pétri de terre, le premier homme vient de la terre ; le deuxième homme, lui, vient du ciel. Puisque Adam est pétri de terre, comme lui les hommes appartiennent à la terre ; puisque le Christ est venu du ciel, comme lui les hommes appartiennent au ciel. Et de même que nous sommes à l'image de celui qui est pétri de terre, de même nous serons à l'image de celui qui vient du ciel.

Alléluia.

Le Seigneur nous a laissé un comman­dement nouveau : Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés. Alléluia.

Evangile de Jésus Christ selon saint Luc

Jésus déclarait à la foule : Je vous le dis, à vous qui m'écoutez : Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent. Souhaitez du bien a ceux qui vous mau­dissent. Priez pour ceux qui vous calomnient. À celui qui te frappe sur une joue, présente l'autre. À celui qui te prend ton manteau, laisse prendre aussi ta tunique. Donne à quiconque te demande, et ne réclame pas à celui qui te vole. Ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le aussi pour eux. Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle reconnaissance pouvez-vous atten­dre ? Même les pécheurs aiment ceux qui les aiment. Si vous faites du bien à ceux qui vous en font, quelle recon­naissance pouvez-vous attendre ? Même les pécheurs en font autant. Si vous prêtez, quand vous êtes sûrs qu'on vous rendra, quelle reconnaissance pouvez-vous atten­dre ? Même les pécheurs prêtent aux pécheurs pour qu'on leur rende l'équivalent. Au contraire, aimez vos en­nemis. Faites du bien et prêtez sans rien espérer en re­tour. Alors votre récompense sera grande, et vous serez, les fils du Dieu très-haut. Car il est bon, lui, pour les in­grats et les méchants. Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ; ne condamnez pas, et vous ne serez pas con­damnés. Pardonnez, et vous serez pardonnés. Donnez, et vous recevrez : une mesure bien pleine, tassée, secouée, débordante, qui sera versée dans votre tablier : car la me­sure dont vous vous servez pour les autres servira aussi pour vous.

Aimez... vos ennemis.

Dans les pays du monde où règnent la guerre ou les conflits, que se passera-t-il lorsqu'on entendra évangile ? Que pourra dire le prêtre qui prononcera l'homélie ? On peut imaginer l'épaisseur du silence en écoutant ces deux mots contradictoires : "Aimez... vos ennemis".

Jésus jouait du paradoxe pour bousculer les consciences et faire  réfléchir. Mais cette fois, il semble dé­passer les bornes. Jamais de mémoire juive, on n'avait entendu pareille invitation. N'était-ce pas ouvrir la porte à toutes les résignations et à toutes les passivités ?

"Aimez vos ennemis", dit Jésus. Comment ? Non pas en éprouvant pour eux l'affection qui nous unit à nos amis. Non pas d'un amour tout intérieur qui n'engage à rien. Il s'agit de les aimer en actes, comme Jésus le précise : "faites le bien, bénissez, priez." Qui d'autre que Jésus a su aimer ainsi ses adversaires ?

Ce sont encore des actes qu'il réclame quand il dit : "A celui qui te frappe sur une joue, présente l'autre. A celui qui te prend ton manteau, laisse prendre ta tunique." Exemples provocants pour nous appeler à ne pas entrer dans le cycle de la violence où l'on rend coup par coup. Pour rompre ce cycle, il ne suffit pas d'en avoir le désir, il faut passer aux actes, ce qui peut conduire aussi bien à subir la violence qu'à protester contre elle.

Ainsi, quand Jésus est giflé par le serviteur du grand prêtre au cours de sa Passion, il ne tend pas l'autre joue, il lui fait remarquer ce que son geste a d'irrégulier et de contraire à la justice. Par contre, lorsqu'il est cloué en croix, Jésus brise le cycle de la violence en acceptant de mourir d'amour pour tous les hommes.

Encore d'autres actes : "Ne jugez pas, ne condamnez pas, pardonnez." Il n'est pas question de se voiler les yeux pour ne pas discerner le bien du mal, mais de ne pas s'ériger en juge qui condamne. Pardonner, c'est offrir à l'autre une chance de réussir autrement sa vie.

Ce n'est pas une ligne de conduite morale que propose Jésus, mais un chemin de vie évangélique. Il l'a parcouru le premier pour nous révéler qui est Dieu. Car c'est Dieu qui aime vraiment ses ennemis, leur fait du bien et les bénit. C'est lui qui est bon pour les mé­chants. C'est lui qui brise le cycle de la violence jusqu'à li­vrer son Fils à la violence des hommes.

Suivre Jésus sur ce chemin, c'est se vouloir les fils du Dieu très-haut, du Père des miséricordes dont l'amour est sans mesure, puisqu'il est bon pour les méchants. Et pourquoi ses enfants n'en feraient-ils pas autant ?

Prière universelle

L'homme est à l'image de Dieu. Prions pour que vienne partout le Royaume de justice et de paix.

Apprends-nous, Seigneur, à nous traiter vraiment comme des frères, en Jésus, le Christ, notre Seigneur.

Prière sur les offrandes.

En célébrant avec respect tes mystères, Seigneur, nous te supplions humblement : que les dons offerts pour te glori­fier servent à notre salut. Par Jésus, le Christ, notre Sei­gneur.

Prière après la communion

Nous t'en prions, Dieu tout-puissant, donne-nous de re­cueillir tous les fruits de salut dont ces mystères sont déjà la promesse et le gage. Par Jésus, le Christ, notre Sei­gneur.