Le carême est déjà commencé. La semaine dernière, nous avons suivi Jésus au désert. Aujourd'hui, nous le suivons sur la montagne, pour le contempler transfiguré, en vrai fils de Dieu qu'il est. Au moment de célébrer l'eucharistie, reconnaissons que nous avons de la peine à vivre en enfants de lumière, en citoyens des cieux, comme dira saint Paul. Reconnaissons-nous pécheurs.
Tu nous as dit, Seigneur, d'écouter ton Fils bien-aimé ; fais-nous trouver dans sa Parole les vivres dont notre foi a besoin ; et nous aurons le regard assez pur pour discerner ta gloire. Par Jésus, ton Fils, notre Seigneur.
Le point de départ de l'histoire du salut, le point de départ de la foi en un Dieu unique, c'est Abraham. Dieu fait alliance avec celui qui deviendra le père de la multitude des croyants.
Le Seigneur parlait à Abraham dans une vision. Puis il le fit sortir et lui dit : Regarde le ciel, et compte les étoiles, si tu le peux... Et il déclara : Vois quelle descendance tu auras ! Abraham eut foi dans le Seigneur, et le Seigneur estima qu'il était juste. Puis il dit : Je suis le Seigneur, qui t'ai fait sortir d'Our en Chaldée pour te mettre en possession de ce pays. Abraham répondit : Seigneur mon Dieu, comment vais-je savoir que j'en ai la possession ? Le Seigneur lui dit : Prends-moi une génisse de trois ans, une chèvre de trois ans, un bélier de trois ans, une tourterelle et une jeune colombe. Abraham prit tous ces animaux, les partagea en deux, et plaça chaque moitié en face de l'autre ; mais il ne partagea pas les oiseaux. Comme les rapaces descendaient sur les morceaux, Abraham les écarta. Au coucher du soleil, un sommeil mystérieux s'empara d'Abraham, une sombre et profonde frayeur le saisit. Après le coucher du soleil, il y eut des ténèbres épaisses. Alors un brasier fumant et une torche enflammée passèrent entre les quartiers d'animaux. Ce jour-là, le Seigneur conclut une alliance avec Abraham en ces termes : À ta descendance je donne le pays que voici.
Le Seigneur est ma lumière et mon salut.
De qui aurais-je crainte ?
Le Seigneur est le rempart de ma vie,
devant qui tremblerais-je ?
Écoute, Seigneur, je t'appelle ! Pitié ! Réponds-moi !
Mon coeur m'a redit ta parole : Cherchez ma face.
C'est ta face, Seigneur, que je cherche :
ne me cache pas ta face.
N'écarte pas ton serviteur avec colère, tu restes mon secours.
J'en suis sûr, je verrai les bontés du Seigneur
sur la terre des vivants.
Espère le Seigneur, sois fort et prends courage ;
espère le Seigneur.
Nous appartenons à la terre, mais nous sommes aussi citoyens de cieux. Nos visages sont-ils déjà transfigurés ?
Frères, prenez-moi tous pour modèle, et regardez bien ceux qui vivent selon l'exemple que nous vous donnons. Car je vous l'ai souvent dit, et maintenant je le redis en pleurant : beaucoup de gens vivent en ennemis de la croix du Christ. Ils vont tous à leur perte. Leur dieu, c'est leur ventre, et ils mettent leur gloire dans ce qui fait leur honte ; ils ne tendent que vers les choses de la terre. Mais nous, nous sommes citoyens des cieux : c'est à ce titre que nous attendons comme sauveur le Seigneur Jésus Christ, lui qui transformera nos pauvres corps à l'image de son corps glorieux, avec la puissance qui le rend capable aussi de tout dominer. Ainsi, mes frères bien-aimés que je désire tant revoir, vous, ma joie et ma récompense, tenez bon dans le Seigneur, mes bien-aimés.
Gloire
au Christ, Parole éternelle du Dieu vivant. Gloire à toi, Seigneur. Du sein de
la nuée resplendissante, la voix du Père a retenti : Voici mon Fils,
mon bien-aimé ; écoutez-le !
Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il alla sur la montagne pour prier. Pendant qu'il priait, son visage apparut tout autre, ses vêtements devinrent d'une blancheur éclatante. Et deux hommes s'entretenaient avec lui : c'étaient Moïse et Élie, apparus dans la gloire. Ils parlaient de son départ qui allait se réaliser à Jérusalem. Pierre et ses compagnons étaient accablés de sommeil : mais, se réveillant, ils virent la gloire de Jésus, et les deux hommes à ses côtés. Ces derniers s'en allaient, quand Pierre dit à Jésus : Maître, il est heureux que nous soyons ici. Dressons trois tentes : une pour toi, une pour Moïse et une pour Élie. Il ne savait pas ce qu'il disait. Pierre n'avait pas fini de parler, qu'une nuée survint et les couvrit de son ombre : ils furent saisis de frayeur lorsqu'ils y pénétrèrent. Et, de la nuée, une voix se fit entendre : Celui-ci est mon Fils, celui que j'ai choisi, écoutez-le. Quand la voix eut retenti, on ne vit plus que Jésus seul. Les disciples gardèrent le silence et, de ce qu'ils avaient vu, ils ne dirent rien à personne à ce moment-là.
"Nous sommes citoyens des cieux". C'est la grande affirmation de l'apôtre Paul. Nous sommes entrés dans le monde nouveau des fils de Dieu, nous sommes engagés à la suite du Christ sur les chemins d'une vie nouvelle.
Depuis le baptême, Dieu a conclu une alliance avec nous. Nous sommes appelés à prendre part à la gloire, que Pierre, Jacques et Jean ont aperçu en voyant Jésus transfiguré. Nous sommes citoyens des cieux. Pourtant, notre vie est marquée par la croix. Etre chrétien n'est pas une situation confortable, même si cela ouvre à une vie nouvelle.
La transfiguration de Jésus devant ses disciples montre que ceux-ci contemplent sa gloire afin de pouvoir supporter la vision de ses souffrances et de découvrir dans l'homme des douleurs le Fils de Dieu. Luc souligne que Jésus, s'entretenant avec Moïse et Elie, parle de son départ qui allait se réaliser à Jérusalem.
Ce départ, c'est sa traversée de la souffrance et de la mort. La transfiguration de Jésus prépare les disciples à l'agonie du Christ... Mais il ne faudrait pas de s'appuyer sur cela pour transformer la foi en masochisme. Cette méprise arrive quand on ne retient que la souffrance. Jésus a souffert, le monde souffre, vous souffrez, comme si la souffrance était le dernier mot. Certes, Jésus a souffert, et il est mort, mais si le Père a accepté qu'il souffre, c'est par souci pédagogique : pour montrer que la souffrance a une valeur. Quelle qu'elle soit, elle est un chemin, une montée vers Pâques et la joie de la résurrection.
Nous ressusciterons. Nous ressuscitons déjà. Et pourtant, il serait intéressant de faire une expérience. Quel visage présentons-nous à ceux qui nous voient ? Comme ils sont nombreux les visages inquiets, blasés, clos, amers, tristes, mornes, sans expression, visages sans espérance ou visages sans amour ! L'évangile nous invite à transformer ces visages en visages glorieux, parce qu'ils portent les traits de Jésus-Christ. Ce sont les visages de ses frères, des frères enveloppés par l'amour du père. Nous sommes citoyens des cieux, et pourtant ce que nous sommes n'est pas encore pleinement manifesté. Trop de choses nous éloignent du Père. Nos visages sont marqués par les angoisses du temps, ils portent un masque qui défigure.
Ne serait-il pas possible de jeter bas les masques de la morosité et de la tristesse pour redécouvrir nos visages d'enfants aimés du Père. Découvrons notre vrai visage, le visage transfiguré de ceux qui se savent les citoyens d'un monde nouveau, le visage transfiguré de ceux qui attendent le retour du Seigneur dans la gloire.
Unissons notre prière avec tous nos frères dans la foi qui cherchent à transfigurer leur vie, prions ensemble
· Seigneur, affermis l'espérance de ton Eglise. Qu'elle fasse resplendir la lumière de ta présence et qu'elle soit toujours et partout le signe de ton amour pour les hommes. Unis à ton Eglise, Seigneur, nous te prions.
· Seigneur, révèle ton visage de tendresse et de lumière à tous ceux qui souffrent dans leur corps ou dans leur coeur. Et transfigure notre visage en y inscrivant plus d'amour. Unis à tous ceux qui souffrent, Seigneur, nous te prions.
· Seigneur, fais que nous ne restions pas installés dans nos certitudes et que nous marchions à ta rencontre pour découvrir ton action dans chacune de nos vies. Unis à tous les croyants du monde, Seigneur, nous te prions.
Dieu, notre Père, sois notre lumière de chaque jour. Donne toujours plus d'audace pour que nous soyons vraiment tes fils par Jésus, notre frère, ressuscité et vivant avec toi, pour les siècles des siècles. Amen.
Que cette offrande, Seigneur, nous purifie de nos péchés ; qu'elle sanctifie le corps et l'esprit de tes fidèles, et les prépare à célébrer les fêtes pascales. Par Jésus, le Christ, notre Seigneur.
Vraiment, il est juste et bon de te rendre gloire, de t'offrir notre action de grâce, toujours et en tout lieu, à toi, Père très saint, Dieu éternel et tout-puissant, par le Christ, notre Seigneur. Après avoir prédit sa mort à ses disciples, il les mena sur la montagne sainte ; en présence de Moïse et du prophète Élie, il leur a manifesté sa splendeur : il nous révélait ainsi que sa Passion le conduirait à la gloire de la résurrection. C'est pourquoi, avec les anges dans le ciel, nous pouvons te bénir sur la terre et t'adorer en disant : Saint !...
Pour avoir communié, Seigneur, aux mystères de ta gloire, nous voulons te remercier, toi qui nous donnes déjà, en cette vie, d'avoir part aux biens de ton Royaume. Par Jésus.