Deuxième dimanche de Carême

 

Ouverture

Le carême est déjà commencé. La semaine dernière, nous avons suivi Jésus au désert. Aujourd'hui, nous le sui­vons sur la montagne, pour le contempler transfiguré, en vrai fils de Dieu qu'il est. Au mo­ment de célébrer l'eucha­ristie, reconnaissons que nous avons de la peine à vi­vre en enfants de lumière, en citoyens des cieux, comme dira saint Paul. Reconnaissons-nous pé­cheurs.

Prière

Tu nous as dit, Seigneur, d'écouter ton Fils bien-aimé ; fais-nous trouver dans sa Parole les vivres dont notre foi a be­soin ; et nous au­rons le regard assez pur pour dis­cerner ta gloire. Par Jésus, ton Fils, notre Seigneur.

Première lecture

Le point de départ de l'histoire du salut, le point de départ de la foi en un Dieu unique, c'est Abraham. Dieu fait alliance avec celui qui de­viendra le père de la multitude des croyants.

Lecture du livre de la Genèse

Le Seigneur parlait à Abraham dans une vision. Puis il le fit sortir et lui dit : Regarde le ciel, et compte les étoiles, si tu le peux... Et il dé­clara : Vois quelle descendance tu auras ! Abraham eut foi dans le Seigneur, et le Seigneur estima qu'il était juste. Puis il dit : Je suis le Seigneur, qui t'ai fait sortir d'Our en Chaldée pour te mettre en pos­session de ce pays. Abraham répondit : Seigneur mon Dieu, com­ment vais-je sa­voir que j'en ai la possession ? Le Seigneur lui dit : Prends-moi une génisse de trois ans, une chèvre de trois ans, un bé­lier de trois ans, une tourterelle et une jeune co­lombe. Abraham prit tous ces animaux, les partagea en deux, et plaça chaque moitié en face de l'autre ; mais il ne partagea pas les oi­seaux. Comme les ra­paces descendaient sur les morceaux, Abraham les écarta. Au cou­cher du soleil, un sommeil mystérieux s'em­para d'Abraham, une sombre et profonde frayeur le saisit. Après le coucher du soleil, il y eut des ténèbres épaisses. Alors un brasier fumant et une torche en­flammée passèrent entre les quar­tiers d'ani­maux. Ce jour-là, le Sei­gneur conclut une al­liance avec Abraham en ces termes : À ta des­cendance je donne le pays que voici.

Psaume 

Le Seigneur est ma lumière et mon salut.

De qui aurais-je crainte ?

Le Seigneur est le rempart de ma vie,

devant qui tremblerais-je ?

 

Écoute, Seigneur, je t'appelle ! Pitié ! Réponds-moi !

Mon coeur m'a redit ta parole : Cherchez ma face.

 

C'est ta face, Seigneur, que je cherche :

ne me cache pas ta face.

N'écarte pas ton serviteur avec colère, tu restes mon secours.

 

J'en suis sûr, je verrai les bontés du Seigneur

sur la terre des vivants.

Espère le Seigneur, sois fort et prends courage ;

espère le Seigneur.

Deuxième lecture

Nous appartenons à la terre, mais nous sommes aussi citoyens de cieux. Nos visages sont-ils déjà transfigurés ?

Lettre de saint Paul Apôtre aux Philippiens

Frères, prenez-moi tous pour modèle, et regardez bien ceux qui vi­vent selon l'exemple que nous vous donnons. Car je vous l'ai sou­vent dit, et maintenant je le redis en pleurant : beaucoup de gens vi­vent en ennemis de la croix du Christ. Ils vont tous à leur perte. Leur dieu, c'est leur ventre, et ils met­tent leur gloire dans ce qui fait leur honte ; ils ne tendent que vers les choses de la terre. Mais nous, nous sommes citoyens des cieux : c'est à ce titre que nous attendons comme sauveur le Seigneur Jésus Christ, lui qui trans­formera nos pauvres corps à l'image de son corps glorieux, avec la puissance qui le rend capable aussi de tout dominer. Ainsi, mes frères bien-ai­més que je désire tant revoir, vous, ma joie et ma ré­compense, tenez bon dans le Seigneur, mes bien-aimés.

Acclamation

Gloire au Christ, Parole éternelle du Dieu vivant. Gloire à toi, Seigneur. Du sein de la nuée resplendissante, la voix du Père a re­tenti : Voici mon Fils, mon bien-aimé ; écoutez-le !

Evangile de Jésus Christ selon saint Luc

Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il alla sur la montagne pour prier. Pendant qu'il priait, son visage ap­parut tout autre, ses vêtements devinrent d'une blancheur éclatante. Et deux hommes s'entre­tenaient avec lui : c'étaient Moïse et Élie, apparus dans la gloire. Ils par­laient de son départ qui allait se réaliser à Jérusalem. Pierre et ses compagnons étaient accablés de sommeil : mais, se réveillant, ils virent la gloire de Jésus, et les deux hommes à ses côtés. Ces derniers s'en allaient, quand Pierre dit à Jésus : Maître, il est heureux que nous soyons ici. Dressons trois tentes : une pour toi, une pour Moïse et une pour Élie. Il ne savait pas ce qu'il disait. Pierre n'avait pas fini de parler, qu'une nuée survint et les couvrit de son ombre : ils furent saisis de frayeur lorsqu'ils y pénétrèrent. Et, de la nuée, une voix se fit entendre : Celui-ci est mon Fils, celui que j'ai choisi, écoutez-le. Quand la voix eut retenti, on ne vit plus que Jésus seul. Les disciples gardèrent le silence et, de ce qu'ils avaient vu, ils ne dirent rien à personne à ce mo­ment-là.

Faire l'homme à l'image de Dieu : Transfiguration

"Nous sommes citoyens des cieux". C'est la grande affirmation de l'apôtre Paul. Nous sommes entrés dans le monde nouveau des fils de Dieu, nous sommes engagés à la suite du Christ sur les che­mins d'une vie nouvelle.

Depuis le baptême, Dieu a conclu une alliance avec nous. Nous sommes appelés à prendre part à la gloire, que Pierre, Jacques et Jean ont aperçu en voyant Jésus transfiguré. Nous sommes ci­toyens des cieux. Pourtant, notre vie est marquée par la croix. Etre chrétien n'est pas une si­tuation confor­ta­ble, même si cela ouvre à une vie nouvelle.

La transfiguration de Jé­sus devant ses disciples montre que ceux-ci con­templent sa gloire afin de pouvoir sup­porter la vision de ses souffran­ces et de dé­couvrir dans l'homme des douleurs le Fils de Dieu. Luc souligne que Jésus, s'entretenant avec Moïse et Elie, parle de son départ qui allait se réali­ser à Jé­rusalem.

Ce départ, c'est sa traversée de la souf­france et de la mort. La transfi­guration de Jésus prépare les dis­ciples à l'agonie du Christ... Mais il ne faudrait pas de s'appuyer sur cela pour transformer la foi en ma­so­chisme. Cette méprise arrive quand on ne re­tient que la souffrance. Jésus a souffert, le monde souf­fre, vous souffrez, comme si la souf­france était le der­nier mot. Certes, Jésus a souffert, et il est mort, mais si le Père a ac­cepté qu'il souffre, c'est par souci pédago­gique : pour mon­trer que la souf­france a une valeur. Quelle qu'elle soit, elle est un chemin, une montée vers Pâques et la joie de la ré­sur­rection.

Nous ressusciterons. Nous ressuscitons déjà. Et pourtant, il serait intéressant de faire une expé­rience. Quel visage présentons-nous à ceux qui nous voient ? Comme ils sont nombreux les visa­ges inquiets, bla­sés, clos, amers, tristes, mornes, sans expression, visages sans espérance ou visages sans amour ! L'évangile nous invite à transformer ces visages en visages glorieux, parce qu'ils por­tent les traits de Jésus-Christ. Ce sont les visages de ses frères, des frères en­veloppés par l'amour du père. Nous som­mes citoyens des cieux, et pour­tant ce que nous som­mes n'est pas encore pleine­ment manifesté. Trop de choses nous éloi­gnent du Père. Nos visa­ges sont marqués par les angoisses du temps, ils portent un masque qui défi­gure.

Ne serait-il pas possible de jeter bas les masques de la morosité et de la tristesse pour redécouvrir nos vi­sages d'enfants aimés du Père. Découvrons notre vrai visage, le visage transfiguré de ceux qui se sa­vent les citoyens d'un monde nouveau, le vi­sage transfiguré de ceux qui attendent le retour du Sei­gneur dans la gloire.

Prière universelle

Unissons notre prière avec tous nos frères dans la foi qui cherchent à transfigurer leur vie­, prions ensemble

·    Seigneur, affermis l'espérance de ton Eglise. Qu'elle fasse res­plendir la lumière de ta présence et qu'elle soit toujours et partout le signe de ton amour pour les hommes. Unis à ton Eglise, Seigneur, nous te prions.

·    Seigneur, révèle ton visage de tendresse et de lu­mière à tous ceux qui souffrent dans leur corps ou dans leur coeur. Et transfi­gure notre visage en y ins­crivant plus d'amour. Unis à tous ceux qui souffrent, Seigneur, nous te prions.

·    Seigneur, fais que nous ne restions pas installés dans nos certitu­des et que nous marchions à ta ren­contre pour décou­vrir ton action dans chacune de nos vies. Unis à tous les croyants du monde, Sei­gneur, nous te prions.

Dieu, notre Père, sois notre lumière de chaque jour. Donne toujours plus d'audace pour que nous soyons vraiment tes fils par Jésus, notre frère, ressuscité et vi­vant avec toi, pour les siècles des siè­cles. Amen.

Prière sur les offrandes.

Que cette offrande, Seigneur, nous purifie de nos péchés ; qu'elle sanctifie le corps et l'esprit de tes fidèles, et les pré­pare à célébrer les fêtes pascales. Par Jésus, le Christ, notre Seigneur.

Préface.

Vraiment, il est juste et bon de te rendre gloire, de t'offrir notre ac­tion de grâce, toujours et en tout lieu, à toi, Père très saint, Dieu éternel et tout-puis­sant, par le Christ, notre Seigneur. Après avoir prédit sa mort à ses disciples, il les mena sur la monta­gne sainte ; en présence de Moïse et du pro­phète Élie, il leur a manifesté sa splendeur : il nous révélait ainsi que sa Passion le conduirait à la gloire de la résur­rection. C'est pour­quoi, avec les anges dans le ciel, nous pouvons te bénir sur la terre et t'adorer en di­sant : Saint !...

Prière après la communion

Pour avoir communié, Seigneur, aux mystères de ta gloire, nous voulons te remercier, toi qui nous donnes déjà, en cette vie, d'avoir part aux biens de ton Royaume. Par Jé­sus.