Dix septième dimanche ordinaire

Ouverture

Le chrétien est un homme qui écoute la Parole de Dieu et qui la met en pratique. C'est aussi un homme qui tente d'être en relation avec Dieu dans la prière. Mais, pris par toutes nos occupations, nous n'avons plus le temps de prier. Aujourd'hui, Jésus lui-même vient nous apprendre à prier. Comme les disciples, tournons-nous vers lui, en disant : "Seigneur, apprends-nous à prier".

- Seigneur Jésus, envoyé par le Père, pour nous apprendre la vraie prière des enfants de Dieu, prends pitié de nous.

- O Christ venu dans le monde nous apporter le pardon de Dieu, prends pitié de nous.

- Seigneur élevé dans la gloire du Père où tu intercèdes pour nous, prends pitié de nous.

Prière

Tu protèges, Seigneur, ceux qui comptent sur Toi ; sans Toi, rien n'est fort et rien n'est saint ; multiplie pour nous tes gestes de miséri­corde afin que, sous ta conduite, en faisant un bon usage des biens qui passent, nous puissions déjà nous attacher à ceux qui demeu­rent. Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur.

Première lecture

Dans la prière, il ne faut pas avoir peur d'insister. C'est ce que nous apprend l'exemple d'Abraham.

Lecture du livre de la Genèse

Les trois visiteurs d'Abraham allaient partir pour Sodome. Le Sei­gneur dit : Comme elle est grande, la clameur qui monte de Sodome et de Gomorrhe ! Et leur faute, comme elle est lourde ! Je veux des­cendre pour voir si leur conduite correspond à la clameur venue jus­qu'à moi. Si c'est faux, je le reconnaîtrai. Les deux hommes se dirigè­rent vers Sodome, tandis qu'Abraham demeurait devant le Seigneur. Il s'avança et dit : Vas-tu vraiment faire périr le juste avec le pécheur ? Peut-être y a-t-il cinquante justes dans la ville. Vas-tu vraiment les faire périr ? Est-ce que tu ne pardonneras pas à cause des cinquante justes qui sont dans la ville ? Quelle horreur si tu faisais une chose pareille ! Faire mourir le juste avec le pécheur, traiter le juste de la même manière que le pécheur, quelle horreur ! Celui qui juge toute la terre va-t-il rendre une sentence contraire à la justice ? Le Seigneur répondit : Si je trouve cinquante justes dans Sodome, à cause eux, je pardonnerai à toute la ville. Abraham reprit : Oserai-je parler encore à mon Seigneur, moi qui suis poussière et cendre ? Peut-être, sur les cinquante justes en manquera-t-il cinq : pour ces cinq-là, vas-tu dé­truire toute la ville ? Il répondit : Non. je ne la détruirai pas, si j'en trouve quarante-cinq. Abraham insista : Peut-être en trouvera-t-on seulement quarante ? Le Seigneur répondit : Pour quarante, je ne le ferai pas. Abraham dit : Que mon Seigneur ne se mette pas en co­lère, si j'ose parler encore : peut-être y en aura-t-il seulement trente ? Il répondit : Si j'en trouve trente, je ne le ferai pas. Abraham dit alors : Oserai-je parler encore à mon Seigneur ? Peut-être en trouvera-t-on seulement vingt ? Il répondit : Pour vingt, je ne détruirai pas. Il dit : Que mon Seigneur ne se mette pas en colère, je ne parlerai plus qu'une fois. Peut-être en trouvera-t-on seulement dix ? Et le Seigneur répondit : Pour dix, je ne détruirai pas la ville de Sodome.

Psaume

Tu écoutes, Seigneur, quand je crie vers Toi.

ou bien :

N'arrête pas, Seigneur, l'oeuvre de tes mains.

 

De tout mon coeur, Seigneur, je te rends grâce :

tu as entendu les paroles de ma bouche.

Je te chante en présence des anges,

vers ton temple sacré, je me prosterne.

 

Je rends grâce à ton nom pour ton amour et ta vérité,

car tu élèves, au-dessus de tout, ton nom et ta parole.

Le jour où tu répondis à mon appel,

tu fis grandir en mon âme la force.

 

Si haut que soit le Seigneur, il voit le plus humble ;

de loin, il reconnaît l'orgueilleux.

Si je marche au milieu des angoisses, tu me fais vivre,

ta main s'abat sur mes ennemis en colère.

 

Ta droite me rend vainqueur.

Le Seigneur fait tout pour moi !

Seigneur, éternel est ton amour :

n'arrête pas l'oeuvre de tes mains.

Deuxième lecture

Dieu lui-même nous apporte le salut et la vie par son Fils.

Lettre de saint Paul, Apôtre aux Colossiens

Frères, par le baptême, vous avez été mis au tombeau avec le Christ. avec lui vous avez été ressuscités, parce que vous avez cru en la force de Dieu qui a ressuscité le Christ d'entre les morts. Vous étiez des morts. parce que vous aviez péché et que vous n'aviez pas reçu de circoncision. Mais Dieu vous a donné la vie avec le Christ : il nous a pardonné tous nos péchés. Il a supprimé le billet de la dette qui nous accablait depuis que les commandements pesaient sur nous : il l'a annulé en le clouant à la croix du Christ.

Alléluia

Alléluia. Animés par l'Esprit qui fait de nous des fils, nous appelons Dieu : notre Père. Alléluia

Evangile de Jésus Christ selon saint Luc

Un jour, quelque part, Jésus était en prière. Quand il eut terminé. un de ses disciples lui demanda : Seigneur, apprends-nous à prier. comme Jean Baptiste l'a appris à ses disciples. Il leur répondit : Quand vous priez. dites : "Père, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne. Donne-nous le pain dont nous avons besoin pour cha­que jour. Pardonne-nous nos péchés, car nous-mêmes nous pardon­nons à tous ceux qui ont des torts envers nous. Et ne nous soumets pas à la tentation." Jésus leur dit encore : Supposons que l'un de vous ait un ami et aille le trouver en pleine nuit pour lui demander : "Mon ami, prête-moi trois pains : un de mes amis arrive de voyage, et je n'ai rien à lui offrir." Et si. de l'intérieur. l'autre lui répond : "Ne viens pas me tourmenter ! Maintenant, la porte est fermée : mes enfants et moi. nous sommes couchés. Je ne puis pas me lever pour te donner du pain", moi, je vous l'affirme : même s'il ne se lève pas pour les donner par amitié, il se lèvera à cause du sans gêne de cet ami, et il lui donnera tout ce qu'il lui faut. Eh bien ! moi, je vous dis : deman­dez, vous obtiendrez ; cherchez, vous trouverez ; frappez, la porte vous sera ouverte. Celui qui demande reçoit ; celui qui cherche trouve ; et pour celui qui frappe. la porte s'ouvre. Quel père parmi vous donnerait un serpent à son fils qui lui demande un poisson ? ou un scorpion, quand il demande un oeuf ? Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, com­bien plus le Père céleste donnera-t-il l'Esprit Saint à ceux qui le lui demandent ?

Apprends-nous à prier !

"Un jour, quelque part, Jésus était en prière".

L'évangéliste souligne la faculté de Jésus de prier n'importe où et n'importe quand. Les disciples en ont impressionnés, eux qui pratiquaient les heures liturgiques du judaïsme. En découvrant que Jésus pouvait prier en dehors des contraintes de la Loi, ils pressentaient une différence de fond dans sa prière : la prière de leur maître était autre que les formules qu'ils récitaient machinale­ment.

Ils aimeraient que Jésus les sorte de ces prières anciennes et leur apprenne de nouvelles prières. Et ce n'est pas par humilité qu'un disciple lui demande : "Seigneur apprends-nous à prier". C'est surtout par crainte d'être distancés dans la prière par les disciples de Jean-Baptiste. Ce disciple, qui interroge Jésus, souhaite apprendre les paroles secrètes qu'il faut dire à Dieu pour être entendu de lui. Et voilà comment il est possible de transformer la foi chrétienne en une société secrète avec des rites magiques et des pratiques mystérieuses.

Pour éviter ce malentendu, Jésus a donné à ses disciples une prière, très brève, mais une prière que tout le monde pourra redire, que tout le monde pourra comprendre, même si deux millénaires de rabâ­chage nous l'ont rendue quelque peu étrange.. . C'est la formule-type sur laquelle toute prière peut et doit se modeler, puisqu'elle n'est rien d'autre que l'expression de la prière filiale de Jé­sus.

Quand vous priez, dites : Père. C'est quelque chose d'impression­nant que de parler à Dieu en lui disant : Père. Nous lui parlons déjà comme si nous étions tous frères, sans différences entre nous. Si seulement, nous nous rendions compte de l'impact de ce seul mot, nous n'oserions plus suivre notre prière comme une routine. Un seul Père, qui ne fait pas de différences entre ses enfants, et des enfants qui se déchirent en oubliant leur unique Père !

Demander que vienne le Règne de Dieu, c'est demander que vienne un monde qui ne soit plus soumis au régime de l'argent, de la violence, de la domination des forts sur les petits, c'est demander que vienne le règne de l'amour et de l'Esprit de Dieu. C'est par là que le nom de Dieu est sanctifié : le nom de Dieu est saint parce qu'il fait de grandes choses au milieu des petits. N'oublions pas que Luc ouvre son Evangile par un cantique qui porte les germes de la plus grande révolution de l'histoire : le Tout-Puissant fait des mer­veilles pour Marie qui accepte d'être son humble servante : il ren­verse les puissants de leurs trônes et comble de biens les affamés. Faire la volonté de Dieu, c'est opérer cette révolution : en le priant comme un Père, nous nous engageons à changer sans cesse notre vie, et nous révélons ainsi notre grande ambition, celle de faire partie de sa famille.

Quand on pense à tout le dynamisme que porte ces premières paro­les de la prière du Seigneur, on peut s'étonner que l'amour chrétien ait si peu changé le monde.

Depuis vingt siècles, des millions de chrétiens, en appelant Dieu leur Père, auraient dû entraîner l'ensemble de l'humanité jusqu'au pays de Dieu. Pourquoi avons-nous stérilisé cette prière de révolution perma­nente ? Pourquoi l'avons-nous transformé en prière à dire alors qu'elle était une prière à faire ! La réponse se trouve dans la deuxième partie de la prière. Pour vivre dans l'espérance de la venue du Règne de Dieu, l'homme faible et pécheur a besoin du pain et du pardon. Et il expose à Dieu sa fragilité, qui constitue l'obstacle principal au changement du monde, ce changement qui permettrait l'installation du royaume d'amour.

La première partie de la prière était faite de foi en Celui qui peut mener à bien son dessein de salut, sans nous distraire des tâches présentes exposées dans la deuxième partie : le partage des biens, le combat pour la justice, l'amour entre les hommes... La prière de demande devient aussi prière d'adoration. Nous sommes assurés qu'elle sera exaucée puisque le Père, qui est bon par excellence, nous donnera chaque jour le pain que nous devons partager, mais surtout il nous donnera l'Esprit-Saint qui nous transformera à l'image du Fils, pour dire avec lui : Père !

Prière d'intercession

Demandez et vous recevrez. Frappez, la porte vous sera ouverte. Pleins de confiance, supplions Dieu notre Père.

·    Père, que ton nom soit connu par toute la terre et loué par tous les peuples, nous t'en prions.

·    Père, que ta volonté soit faite et qu'en notre monde règnent la Jus­tice et la paix, nous t'en prions ;

·    Père, que ceux qui sont tombés aient le courage de se relever et de revenir vers toi, nous t'en prions.

Dieu, notre Père, accueille avec bonté les prières de ton peuple qui se tourne vers toi avec confiance. Accorde-lui ce qu'il te demande pour il soit fidèle à faire ta volonté aujourd'hui, demain et pour les siècles des siècles. Amen.

Prière sur les offrandes.

Accepte, Seigneur, ces offrandes prélevées pour toi sur tes propres largesses ; que ces mystères très saints, où ta grâce opère avec puissance, sanctifient notre vie de tous les jours et nous conduisent aux joies éternelles. Par Jésus, le Christ. notre Seigneur.

Prière après communion.

Nous avons communié, Seigneur, à ce sacrement, mémorial de la Passion de ton Fils ; fais servir à notre salut le don que lui-même nous a légué dans son immense amour. Lui qui règne avec toi.