Dix-huitième dimanche du temps ordinaire

Ouverture

Il nous arrive facilement de constater le caractère éphémère de notre existence. Nous nous trompons facilement aussi en nous appuyant sur ce qui, finalement, nous échappe et qui passe. Mieux vaut compter sur Dieu, et devenir riche en vue de Dieu que de compter sur nos richesses. Au moment de célébrer l'eucharistie, reconnaissons que nous ne comptons pas assez sur le Seigneur dans notre vie, et que nous sommes pécheurs.

Oraison

Assiste tes enfants, Seigneur, et montre à ceux qui t'implorent ton inépuisable bonté ; c'est leur fierté de t'avoir pour Créateur et Providence : restaure pour eux ta création et, l'ayant renouvelée, protège-la. Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur.

Lecture du livre de l'Ecclésiaste

Vanité des vanités, disait l'Ecclésiaste. Vanité des vanités, tout est vanité ! Un homme s'est donné de la peine ; il était avisé, il s'y connaissait, il a réussi. Et voilà qu'il doit laisser son bien à quelqu'un qui ne s'est donné aucune peine. Cela aussi est vanité, c'est un scandale. En effet, que reste-t-il à l'homme de toute la peine et de tous les calculs pour lesquels il se fatigue sous le soleil ? Tous les jours sont autant de souffrances, ses occupations sont autant de tourments même la nuit, son coeur n'a pas de repos. Cela encore est vanité.

Psaume

D'âge en âge, Seigneur, tu as été notre refuge.

ou bien :

De toujours à toujours, toi seul es Dieu !

 

Tu fais retourner l'homme à la poussière ;

tu as dit : Retournez, fils d'Adam !

À tes yeux, mille ans sont comme hier,

c'est un jour qui s'en va, une heure dans la nuit.

 

Tu les as balayés : ce n'est qu'un songe ;

dès le matin, c'est une herbe changeante :

elle fleurit le matin, elle change ;

le soir elle est fanée, desséchée.

 

Apprends-nous la vraie mesure de nos jours :

que nos coeurs pénètrent la sagesse.

Reviens, Seigneur, pourquoi tarder ?

Ravise-toi par égard pour tes serviteurs.

 

Rassasie-nous de ton amour au matin,

que nous passions nos jours dans la joie et les chants.

Que vienne sur nous la douceur du Seigneur notre Dieu.

Consolide pour nous l'ouvrage de nos mains.

Lettre de saint Paul apôtre aux Colossiens

Frères, vous êtes ressuscités avec le Christ. Recherchez donc les réalités d'en haut : c'est là qu'est le Christ, assis à la droite de Dieu. Tendez vers les réalités d'en haut, et non pas vers celles de la terre. En effet, vous êtes morts avec le Christ, et votre vie reste cachée avec lui en Dieu. Quand paraîtra le Christ, votre vie, alors, vous aussi, vous paraîtrez avec lui en pleine gloire. Faites donc mourir en vous ce qui appartient encore à la terre : débauche, impureté, passions, désirs mauvais, et cet appétit de jouissance qui est un culte rendu aux idoles. Plus de mensonge entre vous ; débarrassez-vous des agissements de l'homme ancien qui est en vous, et revêtez l'homme nouveau, celui que le Créateur refait toujours neuf à son image pour le conduire à la vraie connaissance. Alors, il n'y a plus de Grec et de Juif, d'Israélite et de païen, il n'y a pas de barbare, de sauvage, d'esclave, d'homme libre, il n'y a que le Christ : en tous, il est tout.

Alléluia.

Heureux les pauvres de cœur : le Royaume des cieux est à eux ! Alléluia.

Evangile de Jésus Christ selon saint Luc

Du milieu de la foule, un homme demanda à Jésus : Maître, dis à mon frère de partager avec moi notre héritage. Jésus lui répondit : Qui m'a établi pour être votre juge ou pour faire vos partages ? Puis, s'adressant à la foule : Gardez-vous bien de toute âpreté au gain ; car la vie d'un homme, fût-il dans l'abondance, ne dépend pas de ses richesses. Et il leur dit cette parabole : Il y avait un homme riche, dont les terres avaient beaucoup rapporté. Il se demandait : Que vais-je faire ? je ne sais pas où mettre ma récolte. Puis il se dit : Voici ce que je vais faire : je vais démolir mes greniers, j'en construirai de plus grands et j'y entasserai tout mon blé et tout ce que je possède. Alors je me dirai à moi-même : Te voilà avec des réserves en abondance pour de nombreuses années. Repose-toi, mange, bois, jouis de l'existence. Mais Dieu lui dit : Tu es fou : cette nuit même, on te redemande ta vie. Et ce que tu auras mis de côté, qui l'aura ? Voilà ce qui arrive à celui qui amasse pour lui-même, au lieu d'être riche en vue de Dieu.

L'Héritage en question

Les querelles d'héritage sont de tous les temps. Et il n'est pas rare que l'on prenne Dieu à témoin de son bon droit : "Maître, dis à mon frère de partager avec moi notre héritage". On peut se demander à quel titre une telle demande est adressée à Jésus, il n'est pas un juge de paix, ni un fonctionnaire investi du pouvoir de rétablir les droits des héritiers brimés par leur famille. Jésus vient pour nous sauver, et on lui demande d'intervenir dans des querelles d'argent, il vient nous faire découvrir que Dieu nous aime, et on lui parle de contentieux...

L'homme qui était venu interroger Jésus se trouve bien déçu. La réponse de Jésus est un refus : "qui m'a établi pour être votre juge ou pour faire vos partages ?" C'est, dans l'Evangile l'une des rares demandes que Jésus refuse de prendre en compte. C'était pourtant un pauvre qui était venu lui exposer l'injustice dont il était la victime de la part de ses proches. Le regard de Jésus perce à nu cette pauvreté qui n'en était pas une. Au lieu de dépouiller le coeur de celui qui vient se plaindre et de l'ouvrir à autre chose, cette pauvreté lui a refermé le coeur, elle l'a durci, elle l'a rendu âpre et jaloux. Cette pauvreté porte à faux elle ne sert qu'à révéler à quel point on est attaché aux richesses

La réponse de Jésus va au coeur du problème : "Gardez-vous de toute âpreté au gain !" Cette sentence rejoint d'autres passages de l'Evangile où Jésus parle de l'argent, de la fortune et des richesses.

Pour bien faire comprendre le sens de sa réponse, Jésus raconte une parabole. C'est l'histoire d'un propriétaire terrien qui vient de faire une excellente récolte. Cet homme calcule la taille des greniers qu'il devra construire pour conserver cette récolte... Et, la nuit même, il meurt... Celui qui ne se soucie que d'amasser des biens est un insensé, dit le Seigneur. S'il meurt, que fera-t-il : Comment se présentera-t-il devant Dieu ? quel gaspillage d'énergie !

Mais quel langage désespérant et insupportable ! Tous les efforts de l'homme seraient-ils inutiles ? Comment faut-il se comporter lorsqu'on vit dans une société où il faut gagner sa subsistance et celle de sa famille ? Nous ne pouvons pas vivre sans argent, et l'homme qui consacre une large part de son temps à son travail répond à l'appel de Dieu. La misère et l'indigence ne sont pas normales, elles sont inhumaines. Inversement, la richesse devient vite une tentation, celle de trop aimer l'argent.

L'âpreté au gain nous guette tous. Chacun souhaite la plus grosse part d'héritage, l'augmentation de ses revenus ou de son salaire, même au-delà du nécessaire. Il est difficile de déterminer dans ce désir la part du souci légitime et celle de la tentation qui devient vite péché, un péché si subtil que nous ne le percevrions pas si Jésus ne nous avait averti : "Vous ne pouvez pas servir Dieu et l'argent".

Il ne nous est pas demandé de vivre dans la misère. Il nous est demandé de ne pas aimer l'argent. C'est ce qui nous permettra d'aimer Dieu et le prochain.

Prière universelle

Temps du travail, temps du loisir, temps pour Dieu et temps pour l'homme... Le Seigneur à chaque instant veut poursuivre son oeuvre, lui qui inspire notre prière...

·    Béni sois-tu, Dieu créateur, pour l'éclat du soleil, la douceur des nuits. Que notre coeur sache discerner dans ta création les signes de ta grâce.

·    Béni sois-tu, Dieu des vivants, pour les hommes de toute race, de toute nation. Que notre amour s'élargisse à tous nos frères et que tombent les barrières qui nous séparent !

·    Béni sois-tu, Dieu de Jésus Christ, pour sa présence dans l'aujourd'hui du temps. Ne nous laisse pas oublier ceux qu'il nous confie et sur qui pèse le fardeau de la misère, de l'exclusion...

·    Béni sois-tu, Dieu des croyants, pour cette eucharistie où tu nous rassembles. Fais-nous célébrer en esprit et en vérité le mystère de la Pâque toujours nouvelle.

Accueille nos prières, Dieu d'amour, car c'est ta joie de les susciter et de les exaucer par Jésus, le Christ, notre Seigneur.

Prière sur les offrandes

Dans ta bonté, Seigneur sanctifie ces dons ; accepte le sacrifice spirituel de cette eucharistie, et fais de nous-mêmes une éternelle offrande à ta gloire. Par Jésus.

Prière après la communion

Seigneur, entoure d'une constante protection ceux que tu as renouvelés par le pain du ciel ; puisque tu ne cesses de les réconforter, rends-les dignes de l'éternel salut. Par Jésus, le Christ, notre Seigneur.