Vingt-sixième dimanche ordinaire
Ouverture
Nous sommes tous invités à élargir notre regard. Nous ne sommes qu’un microcosme dans l’ensemble du monde, et nous devons, au nom de l’Evangile, expérimenter notre solidarité avec tous les hommes, nos frères.
L'opposition entre riches et pauvres nous est familière, sur le plan mondial, entre les pays industrialisés et les pays en voie de développement, dans les villes où le luxe et la misère se côtoient souvent. Mais voyons-nous la misère à notre porte ? Nous sommes invités aujourd'hui à entendre la parole que Dieu nous adresse : c'est un appel à ouvrir notre coeur aux appels de tous les hommes, à ouvrir nos mains au partage.
Prière d'ouverture
Dieu qui donnes la preuve suprême de ta puissance lorsque tu patientes et prends pitié. Sans te lasser accorde-nous ta grâce : en nous hâtant vers les biens que tu promets, nous parviendrons au bonheur du ciel. Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur.
Première lecture
Le rôle du prophète est souvent d'aller à contre-courant des pratiques de son époque. Amos lance des paroles au vitriol : Malheur aux insouciants qui rient aujourd'hui, et qui ne pensent pas à demain !
Lecture du livre d'Amos
Malheur à ceux qui vivent bien tranquilles dans Jérusalem, et à ceux qui se croient en sécurité sur la montagne de Samarie. Couchés sur des lits d'ivoire, vautrés sur leurs divans, ils mangent les meilleurs agneaux du troupeau, les veaux les plus tendres ; ils improvisent au son de la harpe, ils inventent, comme David, des instruments de musique : ils boivent le vin à même les amphores, ils se frottent avec des parfums de luxe, mais ils ne se tourmentent guère du désastre d'Israël ! C'est pourquoi maintenant ils vont être déportés. Ils seront les premiers des déportés : et la bande des vautrés n'existera plus.
Psaume
Chantons le Seigneur : il comble les pauvres.
ou bien :
Chante, ô mon âme, la louange du Seigneur.
Heureux qui s'appuie sur le Seigneur
il garde à jamais sa fidélité,
il fait justice aux opprimés,
aux affamés, il donne le pain.
Le Seigneur délie les enchaînés,
le Seigneur ouvre les yeux des aveugles,
le Seigneur redresse les accablés, le Seigneur aime les justes.
Le Seigneur protège l'étranger,
il soutient la veuve et l'orphelin.
Il égare les pas du méchant,
D'âge en âge, le Seigneur régnera !
Deuxième lecture
Paul adresse une lettre d'encouragement à son disciple Timothée : la richesse du croyant, c'est sa foi. Cette lettre s'adresse aussi à nous aujourd'hui. Nous sommes appelés à témoigner de notre foi.
Première lettre de saint Paul à Timothée
Toi, l'homme de Dieu, cherche à être juste et religieux ; vis dans la foi et l'amour, la persévérance et la douceur. Continue à bien te battre pour la foi, et tu obtiendras la vie éternelle : c'est à elle que tu as été appelé, c'est pour elle que tu as été capable d'une si belle affirmation de ta foi devant de nombreux témoins. Et maintenant, en présence de Dieu qui donne vie à toutes choses, et en présence du Christ Jésus qui a témoigné devant Ponce Pilate par une si belle affirmation, voici ce que je t'ordonne : garde le commandement du Seigneur, en demeurant irréprochable et droit jusqu'au moment où se manifestera notre Seigneur Jésus Christ. Celui qui fera paraître le Christ au temps fixé, c'est le Souverain unique et bienheureux, le Roi des rois, le Seigneur des seigneurs, le seul qui possède l'immortalité, lui qui habite la lumière inaccessible, lui que personne n'a jamais vu, et que personne ne peut voir. À lui, honneur et puissance éternelle. Amen.
Alléluia.
Alléluia. Jésus Christ s'est fait pauvre, lui qui était riche, pour qu'en sa pauvreté vous trouviez la richesse.
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
Jésus disait cette parabole : Il y avait un homme riche, qui portait des vêtements de luxe et faisait chaque jour des festins somptueux. Un pauvre, nommé Lazare, était couché devant le portail, couvert de plaies. Il aurait bien voulu se rassasier de ce qui tombait de la table du riche ; mais c'étaient plutôt les chiens qui venaient lécher ses plaies. Or le pauvre mourut et les anges l'emportèrent auprès d'Abraham. Le riche mourut aussi, et on l'enterra. Au séjour des morts, il était en proie à la torture ; il leva les yeux et vit de loin Abraham avec Lazare tout près de lui. Alors il cria : Abraham, mon père, prends pitié de moi et envoie Lazare tremper dans l'eau le bout de son doigt pour me rafraîchir la langue, car je souffre terriblement dans cette fournaise. - Mon enfant, répondit Abraham, rappelle-toi : tu as reçu le bonheur pendant ta vie, et Lazare, le malheur. Maintenant il trouve ici la consolation, et toi, c'est ton tour de souffrir. De plus, un grand abîme a été mis entre vous et nous, pour que ceux qui voudraient aller vers vous ne le puissent pas, et que, de là-bas non plus, on ne vienne pas vers nous. Le riche répliqua : Eh bien ! Père, je te prie d'envoyer Lazare dans la maison de mon père. J'ai cinq frères : qu'il les avertisse pour qu'ils ne viennent pas, eux aussi, dans ce lieu de torture ! Abraham lui dit : Ils ont Moïse et les prophètes : qu'ils les écoutent ! - Non, père Abraham, dit le riche, mais si quelqu'un de chez les morts vient les trouver, ils se convertiront. Abraham répondit : S'ils n'écoutent pas Moïse ni les prophètes, quelqu'un pourra bien ressusciter d'entre les morts : ils ne seront pas convaincus.
Un grand abîme
Tout est contraste dans cet évangile, d'un côté le riche, de l'autre le pauvre. Comme la plupart des riches dans le Nouveau Testament, le riche n'a pas de nom, il l'a perdu : l'argent et les richesses dépersonnalisent. Il ne compte que sur lui et sur sa fortune, mais, sans nom, il est sans relations, sans vraie vie, même s'il se pavane dans ses habits de luxe au cours de somptueux festins. Il ne pourra pas dire que Dieu ne lui a pas donné sa chance avec Lazare, ce pauvre qui est là, tous les jours, au travers de sa porte. Mais il ne l'a sans doute pas vu. Ce pauvre a gardé son nom ; lui, ayant toujours besoin des autres, il est resté un être en relation, même si seuls les chiens se préoccupent de lui en venant lécher ses plaies.
L'un et autre meurent. Alors tout change. Les funérailles furent sans doute bien différentes. Mais Lazare est "aux anges" tandis que le riche est porté au trou ! Ce raccourci est impressionnant : Lazare est emporté au ciel, c'est une ascension pour lui. Le riche, qui a connu tous les plaisirs de la terre, retourne à la terre, il y descend pour toujours.
Le riche se réveille. C'est alors qu'il découvre les autres et même le nom de Lazare. Il appelle à l'aide. Hélas, tout est joué. Pourquoi le riche est-il condamné ? Certainement pas parce qu'il était riche, mais parce que sa richesse l'a empêché de voir Lazare près de lui. Ce riche avait un portefeuille à la place du coeur, cela l'empêchait d'être proche des autres.
Pour le riche de la parabole, aucun miracle ne peut se produire. Tel est l'enseignement le plus important de l'Evangile. Aucun miracle, même le plus spectaculaire, ne peut retourner la situation de celui qui reste sourd à la Parole de Dieu. Le riche a vécu sa vie sans les autres, il n'a eu besoin de personne pendant sa vie, il s'est condamné à vivre éternellement seul... N'est-ce pas cela le véritable enfer ? Car, il est là "ce grand abîme", non pas pour nous faire peur mais pour souligner combien la vie de tout homme est chose sérieuse.
Et cet abîme dont il est question dans l'évangile ne cesse de se creuser, c'est le fossé entre les nations riches et les pays du Tiers-Monde, c'est la séparation entre les pays de l'abondance et ceux de la faim... Alors, que faire ? Partager, être attentif, s'informer, ouvrir son coeur... C'est facile à dire, mais est-ce bien efficace ? Que peut ma petite pièce ou mon gros billet devant la détresse du monde ? Mais il ne s'agit pas seulement de cela. L'évangile est clair : c'est notre regard qui doit d'abord être converti pour que notre coeur s'élargisse.
Convertissons-nous, sans attendre ni remettre à demain. Il serait trop tard, et il n'y aurait pas de miracle. Nous avons l'évangile, c'est encore mieux que Moise et les prophètes ! Si nous ouvrons notre porte à Lazare, la porte du Royaume nous sera ouverte : "Venez, les bénis de mon Père, car j'étais Lazare et vous êtes venus à mon secours".
Prière des fidèles
Ouvrons notre coeur et nos yeux aux dimensions du monde et prions Dieu avec confiance.
Pour les pays qu'on appelle riches. Qu'ils apprennent de toi, Seigneur, à partager avec nos frères du monde entier. Nous te prions, Seigneur.
Pour tous ceux qui ont des responsabilités économiques. Qu'ils apprennent de toi, Seigneur, la vraie justice et l'amour des plus pauvres. Nous te prions, Seigneur.
Pour ton Eglise répandue à travers le monde, qu'elle apprenne de toi, Seigneur, à être signe de pauvreté au milieu des hommes, Nous te prions, Seigneur.
Pour nous qui amassons des richesses. Que nous apprenions de toi, Seigneur, que la pauvreté conduit à la vraie vie. Nous te prions, Seigneur.
Dieu, notre Père, entends le cri des pauvres, regarde la terre des hommes, et fais briller sur nous ton amour, révélé en Jésus le Christ, notre Seigneur, aujourd'hui et pour les siècles des siècles. Amen.
Prière sur les offrandes
Dieu de miséricorde, accepte notre offrande : qu'elle ouvre largement pour nous la source de toute bénédiction. Par Jésus, le Christ, notre Seigneur.
Prière après la communion
Que cette eucharistie, Seigneur, renouvelle nos esprits et nos corps, et nous donne part à l'héritage glorieux de celui qui nous unit à son sacrifice lorsque nous proclamons sa mort. Lui qui règne avec toi et le Saint-Esprit.