Trentième dimanche ordinaire

Ouverture

Le Seigneur notre Dieu est un Dieu de tendresse et de pitié, nous savons bien que nous ne méritons pas sa bonté et nous savons aussi par son Fils qu’il nous aime et qu’il aime nous pardonner. Au début de notre célébration, comme le publicain de l’Evangile, commençons par reconnaître ce que nous sommes en réalité, non pas des justes, mais des pécheurs.

Prière d’ouverture

Dieu éternel et tout-puissant, augmente en nous la foi, l’espérance et la charité ; et pour que nous puissions obtenir ce que tu promets, fais-nous aimer ce que tu commandes. Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur.

Première lecture

Quelle prière sera exaucée ? C’est la question que nous ne cessons jamais de nous poser. Un sage de l’Ancien Testament nous propose une réponse : c’est la prière du pauvre qui est écoutée par le Dieu Très-Haut.

Lecture du livre de Ben Sirac le Sage

Le Seigneur est un juge qui ne fait pas de différence entre les hommes. Il ne défavorise pas le pauvre, il écoute la prière de l’opprimé. Il ne méprise pas la supplication de l’orphelin, ni la plainte répétée de la veuve. Celui qui sert Dieu de tout son coeur est bien accueilli, et sa prière parvient jusqu’au ciel. La prière du pauvre traverse les nuées ; tant qu’elle n’a pas atteint son but, il demeure inconsolable. Il ne s’arrête pas avant que le Très-Haut ait jeté les yeux sur lui, prononcé en faveur des justes et rendu justice.

Psaume

Un pauvre a crié : Dieu l’écoute et le sauve.

ou bien :

Le Seigneur prend pitié du pauvre que je suis.

 

Je bénirai le Seigneur en tout temps,

sa louange sans cesse à mes lèvres.

Je me glorifierai dans le Seigneur :

que les pauvres m’entendent et soient en fête !

 

Le Seigneur regarde les justes.

il écoute, attentif à leurs cris.

Le Seigneur entend ceux qui l’appellent :

de toutes leurs angoisses, il les délivre.

 

Il est proche du coeur brisé,

il sauve l’esprit abattu.

Le Seigneur rachètera ses serviteurs :

pas de châtiment pour qui trouve en lui son refuge.

Deuxième lecture

Devant Dieu, de quoi pouvons-nous nous glorifier ? Saint Paul nous dit ses titres de gloire : il a été fidèle disciple de l’Evangile ; Qu’en est-il pour nous ?

Seconde lettre de saint Paul à Timothée

Me voici déjà offert en sacrifice, le moment de mon départ est venu. Je me suis bien battu, j’ai tenu jusqu’au bout de la course, je suis resté fidèle. Je n’ai plus qu’à recevoir la récompense du vainqueur : dans sa justice, le Seigneur, le juge impartial, me la remettra en ce jour-là, comme à tous ceux qui auront désiré avec amour sa manifestation dans la gloire. La première fois que j’ai présenté ma défense, personne ne m’a soutenu : tous m’ont abandonné. Que Dieu ne leur en tienne pas rigueur. Le Seigneur, lui, m’a assisté. Il m’a rempli de force pour que je puisse jusqu’au bout annoncer l’Évangile et le faire entendre à toutes les nations païennes. J’ai échappé à la gueule du lion ; le Seigneur me fera encore échapper à tout ce qu’on fait pour me nuire. Il me sauvera et me fera entrer au ciel, dans son Royaume. À lui la gloire pour les siècles des siècles. Amen.

Alléluia.

Dieu ne regarde pas l’apparence, comme font les hommes : il sonde les reins et les coeurs.

Evangile de Jésus Christ selon saint Luc

Jésus dit une parabole pour certains hommes qui étaient convaincus d’être justes et qui méprisaient tous les autres : Deux hommes montèrent au Temple pour prier. L’un était pharisien, et l’autre publicain. Le pharisien se tenait là et priait en lui-même : Mon Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres hommes : voleurs, injustes, adultères, ou encore comme ce publicain. Je jeûne deux fois par semaine et je verse le dixième de tout ce que je gagne. Le publicain, lui, se tenait à distance et n’osait même pas lever les yeux vers le ciel ; mais il se frappait la poitrine, en disant : Mon Dieu, prends pitié du pécheur que je suis ! Quand ce dernier rentra chez lui, c’est lui, je vous le déclare, qui était devenu juste, et non pas l’autre. Qui s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé.

Et dire qu’il va à la messe !

Elle est inoubliable et bien actuelle encore, cette parabole du pharisien et du publicain. Si Jésus possédait cet art de conteur populaire, c’est qu’il observait ses contemporains et qu’il pouvait décrire des situations vécues. Imaginons une scène comparable dans nos assemblées du dimanche.

Le chrétien, que nous estimons être un modèle, est assidu aux célébrations liturgiques, il participe à quelques activités paroissiales, il est membre d’une équipe de réflexion, il a bonne réputation, tandis que ce pauvre type, là-bas tout seul dans son coin, que l’on ne voit jamais dans les cercles chrétiens, on se demande bien ce qu’il vient faire à la messe...

Le pharisien était un homme qui semblait être en bonne santé religieuse. Au regard de la loi, il n’a rien à se reprocher, et on ne peut rien lui reprocher. C’est un fidèle, consciencieux jusqu’au scrupule. Dans sa vie, il ne peut vraiment rien faire de mieux. Mais jésus va diagnostiquer en lui le mal le plus profond : il est enfermé sur lui-même, il n’a aucun besoin, et personne, même pas Dieu, ne peut entrer en relation vraie avec quelqu’un qui est sûr de lui et qui ne peut rien désirer. D’ailleurs, que demanderait-il, ce pharisien ? Sa prière ne peut être qu’action de grâces ! Il ne parle que de lui, en parlant à Dieu. Son autosatisfaction est si grande qu’il se complaît dans ce qu’il dit à Dieu, et il devient incapable de reconnaître la bonté de Dieu. Et, en montrant qu’il s’est bien placé, qu’il s’est placé du côté de Dieu, il finit par se séparer de Dieu, comme il s’est séparé des autres hommes.

Oui, ce pharisien scrupuleux n’est pas comme les autres hommes, et surtout pas comme ce publicain, qui lui permet de fournir un point de comparaison. Sa profession le met au rang des pécheurs publics : il se prostitue littéralement en récoltant l’impôt pour l’occupant romain. Sa réputation est mauvaise.

Mais, dans sa prière, il attend quelque chose de Dieu, il aspire à le rencontrer. Son désir le fait sortir de lui-même. Certes, tous les signes extérieurs de sa vie montrent ce qu’il est en profondeur : un pécheur qui ne peut même pas faire pénitence, parce qu’il lui serait impossible de dédommager tous ceux qu’il a roulés.

Aussi ne cherche-t-il pas à acheter Dieu. II est venu au temple avec son besoin de rencontrer le seigneur, et il ne va pas centrer sa prière sur sa propre personne : Mon Dieu, prends pitié du pécheur que je suis. Et ce qui justifie cet homme, c’est précisément le fait qu’il se reconnaît semblable aux autres hommes.

Dieu ne se laisse pas acheter, même pas au prix de la plus haute vertu, même pas au prix de la pratique la plus scrupuleuse des actes religieux.

Comment Dieu pourrait-il combler notre désir si nous n’avons besoin de rien ni de personne ? Comment pourrait-il nous sauver si nous ne reconnaissons pas que nous sommes perdus ? Comment pourrions-nous rencontrer le Dieu de tendresse et de miséricorde si nous ne cherchons jamais qu’à rencontrer un Dieu de justice qui nous rétribuera selon ce que nous estimons être notre mérite ? Pourquoi faut-il donc que ce pharisien nous ressemble, pourquoi faut-il que nous jugions les autres hommes à notre mesure ?

Notre prière pourra être écoutée de Dieu, si nous pouvons dire : Mon Dieu, prends pitié du pharisien que je suis, car je suis bien comme le reste des hommes, incapable de me tourner vers Toi et vers les autres. Alors, Ce pharisien rentrera chez lui, devenu juste lui aussi.

Prière sur les offrandes.

Regarde les présents déposés devant toi, Seigneur notre Dieu : permets que notre célébration contribue d’abord à ta gloire. Par Jésus, le Christ, notre Seigneur.

Prière après la communion.

Que tes sacrements, Seigneur, achèvent de produire en nous ce qu’ils signifient, afin que nous entrions un jour en pleine possession du mystère que nous célébrons dans ces rites. Par Jésus, le Christ, notre Seigneur.