Trente deuxième dimanche ordinaire

Ouverture

Dieu n'est pas le Dieu des morts, mais des vivants : dix jours après le "jour des morts" il est bon de nous rappeler que nos cimetières ne sont pas seulement des lieux de deuil, mais surtout des lieux d'espérance. C'est animés de cette confiance que nous venons rencontrer le Dieu de toute miséricorde.

Prière.

Dieu qui es bon et tout-puissant, éloigne de nous tout ce qui nous arrête afin que sans aucune entrave, ni d'esprit ni de corps, nous soyons libres pour accomplir ta volonté. Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur.

Lecture du second livre des Martyrs d'Israël

Sept frères avaient été arrêtés avec leur mère. A coups de fouet et de nerf de boeuf, le roi Antiochus voulut les contraindre à manger du porc, viande interdite. L'un d'eux déclara au nom de tous : Que cherches-tu à savoir de nous ? Nous sommes prêts à mourir plutôt que de transgresser les lois de nos pères. Le deuxième frère lui dit, au moment de rendre le dernier soupir : Tu es un scélérat, toi qui nous arraches à cette vie présente, mais puisque nous mourons par fidélité à ses lois, le Roi du monde nous ressuscitera pour une vie éternelle. Après celui-là, le troisième fut mis à la torture. Il tendit la langue aussitôt qu'on le lui ordonna, et il présenta les mains avec intrépidité, en déclarant avec noblesse : C'est du Ciel que je tiens ces membres, mais à cause de sa Loi je les méprise, et c'est par lui que j'espère les retrouver. Le roi et sa suite furent frappés du courage de ce jeune homme qui comptait pour rien les souffrances. Lorsque celui-ci fut mort, le quatrième frère fut soumis aux mêmes tortures. Sur le point d'expirer il parla ainsi : Mieux vaut mourir par la main des hommes, quand on attend la résurrection promise par Dieu, tandis que toi, tu ne connaîtras pas la résurrection pour la vie éternelle.

Psaume

Le jour viendra, Seigneur, où je m'éveillerai en ta présence.

ou bien :

Roi du monde, relève-moi pour une vie éternelle !

 

Seigneur, écoute la justice !

Entends ma plainte, accueille ma prière.

Tu sondes mon coeur, tu me visites la nuit,

tu m'éprouves, sans rien trouver.

 

J'ai tenu mes pas sur tes traces,

jamais mon pied n'a trébuché.

Je t'appelle, toi, le Dieu qui répond :

écoute-moi, entends ce que je dis.

 

Garde-moi comme la prunelle de l'oeil ;

à l'ombre de tes ailes, cache-moi.

Et moi, par ta justice, je verrai ta face :

au réveil, je me rassasierai de ton visage.

Seconde lettre de saint Paul aux Thessaloniciens

Frères, laissez-vous réconforter par notre Seigneur Jésus Christ lui-même et par Dieu notre Père, lui qui nous a aimés et qui, dans sa grâce, nous a pour toujours donné réconfort et joyeuse espérance : qu'ils affermissent votre coeur dans tout ce que vous pouvez faire et dire de bien. Priez aussi pour nous, frères, afin que la parole du Seigneur poursuive sa course, et qu'on lui rende gloire partout comme chez vous. Priez pour que nous échappions à la méchanceté des gens qui nous veulent du mal car tout le monde n'a pas la foi. Le Seigneur, lui, est fidèle : il vous affermira et vous protégera du Mal. Et, dans le Seigneur, nous avons pleine confiance en vous : vous faites et vous continuerez à faire ce que nous vous ordonnons. Que le Seigneur vous conduise à l'amour de Dieu et à la persévérance pour attendre le Christ.

Alléluia

Alléluia. Jésus Christ, premier-né d'entre les morts : à toi gloire et puissance pour les siècles. Alléluia.

Evangile de Jésus Christ selon saint Luc

Des sadducéens - ceux qui prétendent qu'il n'y a pas de résurrection - vinrent trouver Jésus, et ils l'interrogèrent : Maître, Moïse nous a donné cette loi : Si un homme a un frère marié mais qui meurt sans enfant, qu'il épouse la veuve pour donner une descendance à son frère. Or il y avait sept frères : le premier se maria et mourut sans enfant ; le deuxième, puis le troisième épousèrent la veuve, et ainsi tous les sept : ils moururent sans laisser d'enfants. Finalement la femme mourut aussi. Eh bien, à la résurrection, cette femme, de qui sera-t-elle l'épouse, puisque les sept l'ont eue pour femme ? Jésus répond : Les enfants de ce monde se marient. Mais ceux qui ont été jugés dignes d'avoir part au monde à venir et à la résurrection d'entre les morts ne se marient pas, car ils ne peuvent plus mourir : ils sont semblables aux anges, ils sont fils de Dieu, en étant héritiers de la résurrection. Quant à dire que les morts doivent ressusciter. Moïse lui-même le fait comprendre dans le récit du buisson ardent, quand il appelle le Seigneur : le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac, le Dieu de Jacob. Il n'est pas le Dieu des morts, mais des vivants ; tous vivent en effet pour lui.

Dieu des vivants

Après sa marche vers Jérusalem, Jésus exerce sa mission dans la Ville sainte et s'affronte aux autorités pour qui il précise les éléments fondamentaux de son message. Aujourd'hui, il débat avec les Sadducéens sur la foi en la résurrection. Ceux-ci ont inventé l'histoire caricaturale d'une femme qui aurait épousé successivement sept frères.

La résurrection n'était pas un dogme inscrit dans la Loi de Moïse. Elle apparaît chez les prophètes ou dans des textes comme ceux des Martyrs d'Israël, des écrits auxquels les aristocrates sadducéens n'accordaient pas d'autorité décisive. Certes, les Sadducéens croyaient en un Dieu maître de la vie et de la mort. Mais que cette maîtrise doive se concrétiser par une résurrection n'était pas évident.

Avec le cas de la femme aux sept maris, ces Sadducéens tentent de prouver l'absurdité de l'idée de résurrection. Qu'adviendrait-il de cette femme à la résurrection, puisqu'une femme ne peut avoir simultanément plusieurs maris ? En réponse, Jésus corrige d'abord une conception erronée de la résurrection. Il réaffirme ensuite, d'accord avec les pharisiens, la foi en cette résurrection.

Une rupture intervient entre le monde présent et le monde à venir. La vie après la mort n'est pas la prolongation du parcours terrestre ; elle instaure un mode d'existence et de relation entièrement nouveau. Le mariage appartient à la condition terrestre et vise la perpétuation de la race. Mais ce but de la procréation cesse dans le monde de la résurrection puisque celle-ci signifie une vie éternelle et une transformation radicale des êtres.

La résurrection n'est pas une vie terrestre illimitée mais la transfiguration des personnes. Contre les thèses de la réincarnation, Jésus affirme le destin unique de chaque homme et sa vocation à une libération des pesanteurs charnelles, biologiques. Aux yeux de Dieu, tous les hommes sont des vivants.

Des sondages périodiques révèlent que certains chrétiens ne croient pas en la résurrection. Peut-être se fait-on de la résurrection une idée trop matérialiste. C'est la foi en la résurrection qui a conduit Jésus au don de soi total sur la croix sachant que Dieu ne peut abandonner à la mort ceux qui ont gardé son alliance.

Puissions-nous transformer chacune de nos séparations, chacun de nos deuils en confiance et en espérance : notre Dieu est le Dieu des vivants et non des morts.

Prière sur les offrandes.

Sur les offrandes que nous présentons, Seigneur, jette un regard de pardon et de paix : qu'en célébrant la Passion de ton Fils, nous entrions de tout coeur dans son mystère. Lui qui règne avec toi.

Prière après la communion.

Fortifiés par cette nourriture sainte, nous t'adressons. Seigneur, nos actions de grâce et nous implorons ta miséricorde : que l'Esprit-Saint fasse persévérer dans la droiture ceux qui ont reçu la force d'en haut. Par Jésus, le Christ, notre Seigneur.