La liturgie catholique
Les changements qui ont été le plus remarqués dans l’Eglise
catholique, après le concile Vatican II, concernent la liturgie, c’est-à-dire
l’ensemble des célébrations qui peuvent rassembler les communautés
chrétiennes, en particulier les sacrements, et parmi eux l’eucharistie. C’est
dans ses liturgies, et surtout l’eucharistie, que l’Eglise permet à ses
membres d’exprimer leur foi au Christ Jésus ; c’est aussi dans ses
liturgies que cette même Eglise s’édifie, en devenant un signe pour tous les
hommes. Pour la foi catholique, la liturgie est déjà un avant goût de la
fête qui se célèbre dans le Royaume de Dieu : aussi ne peut-elle pas
être l’activité d’un seul homme, elle est l’oeuvre de toute la
communauté qui célèbre et fête son Seigneur, dans l’espérance de le
fêter dans le Royaume, dont l’Eglise n’est que la figure visible et l’anticipation.
Les sacrements ont pour objet de signifier à tous les membres de la communauté
chrétienne la réalité sacramentelle de l’Eglise : ils sanctifient les
hommes, qui édifient ensemble le Corps du Christ dans la visibilité. Il était
donc de la plus grande importance de présenter les sacrements dans leur
ensemble pour montrer qu’ils sont les signes mêmes de la vie chrétienne, qu’ils
la nourrissent et la fortifient.
Un peuple plein d’incertitude.
Vatican II a voulu resituer l’Eglise dans une plus grande vérité, en la présentant comme le sacrement de la présence du Christ dans le monde, en la présentant également comme un peuple en marche vers Dieu. Cette reconsidération de l’Eglise, sans modifier radicalement la structure et l’organisation hiérarchique de l’institution-Eglise, n’en a pas moins été une cause de modification majeure dans l’organisation générale de l’Eglise catholique. Sans condamner l’Eglise du passé, en exaltant celle du présent - ce qui serait, à proprement parler, une négation absolue de la tradition - il faut souligner que ce sont les chrétiens, dans leur ensemble, et non pas simplement le ministère ou le magistère de la hiérarchie institutionnelle, qui portent en commun la responsabilité de l’Eglise et de sa mission dans le monde actuel. Et, chaque fois que le peuple chrétien est traversé par des incertitudes ou par des remous, des voix s’élèvent pour rappeler la mission que chaque chrétien porte, au nom de Jésus-Christ, dans le monde qu’il habite. Dans un contexte social fait de tracasseries et de calomnies, et même déjà de persécutions, l’apôtre Pierre demandait aux chrétiens d’adopter une conduite digne de la vie à laquelle ils ont été appelés, ils ne doivent pas avoir peur de mener une vie droite en étant unis au Christ qui est mort pour tous les hommes :
N’ayez donc aucune crainte et ne soyez pas troublés, mais sanctifiez dans vos coeurs le Christ qui est Seigneur. Soyez toujours prêts à justifier votre espérance devant ceux qui vous en demandent compte. Mais que ce soit avec douceur et respect, en ayant une bonne conscience, afin que, sur le point même où l’on vous calomnie, ceux qui décrient votre bonne conduite en Christ soient confondus. Car mieux vaut souffrir en faisant le bien, si telle est la volonté de Dieu, qu’en faisant le mal (1 P. 3, 14-17).
De même, dans une lettre aux catholiques de France, l’assemblée annuelle de l’épiscopat français rappelait que c’était l’Eglise, dans sa totalité qui portait la responsabilité de la transmission du message chrétien à tous les hommes :
Dans nos villes et dans nos villages, dans les divers milieux ou autres collectivités... des chrétiens se consacrent au service de l’Évangile, en partageant la vie des hommes de multiples manières : accueillir l’étranger, faire le catéchisme, éduquer les enfants, soigner les malades, participer à la vie du quartier, militer dans les organisations... Autant de signes qui peuvent exprimer l’amour du Christ pour l’humanité. Ils n’ont pas tous la même importance, mais ils sont tous nécessaires. Nous demandons à tous de porter cette hantise de la mission, partout où des hommes travaillent, bâtissent, souffrent et espèrent, jusque dans les groupes humains auxquels l’Eglise est encore étrangère. La mission exige une présence au coeur du monde, pour révéler l’Absolu de Dieu dans l’histoire des hommes. Être présent, en osant suivre le Christ, spécialement aux heures décisives où il faut choisir et prendre parti pour lui . (30 Octobre 1976).
Cette lettre, comme les divers travaux de l’épiscopat français et ceux des autres épiscopats nationaux répandus à travers le monde, vise à permettre aux chrétiens de construire ensemble l’Église. La première considération se porte sur la totalité du peuple chrétien, et non plus sur ceux qui sont appelés à le diriger. Ce n’est pas une nouveauté dans l’histoire de l’Eglise, mais c’est quand même une nouveauté par rapport à ce que des générations de catholiques ont connu et que certains regrettent déjà, La priorité revient à ceux qui sont les témoins de Jésus-Christ, dans le monde présent, fidèles à l’enseignement des apôtres. Ce sont précisément ces fidèles qui forment le Corps du Christ, remplissant dès aujourd’hui les fonctions que le Christ a transmises â son Eglise. Ce sont ces fidèles qui annoncent aux hommes le message chrétien dans sa plénitude.
La structure ministérielle de l’Eglise catholique
Le peuple chrétien s’organise autour des évêques, qui, en tant que successeurs des apôtres, ont la charge particulière de veiller à la sûreté de l’évangélisation, à la vérité du message chrétien, à la conformité des enseignements actuels au message explicité par une longue tradition. Les évêques (le terme grec episcopos, qui a été plus ou moins transcrit, désigne celui qui assure la surveillance et le tutorat des disciples, des étudiants) exercent une fonction particulière de surveillance, de vigilance : c’est de cette manière qu’ils sont les pasteurs du troupeau fidèle, en veillant avec tendresse sur la portion du peuple chrétien qui leur est confiée La charge qui leur est ainsi attribuée n’est pas un titre honorifique mais un service qu’ils exercent dans les Églises locales, en enseignant et en sanctifiant les chrétiens. Ce n’est certainement pas une tâche facile que celle de prêcher et de bâtir l’Eglise dans un monde inquiet, divisé, où la foi est souvent contestée, remise en question et parfois même niée ou absente. Ce n’est pas non plus une tâche facile que de discerner avec lucidité le travail de tous ceux qui prennent une part active dans la mission de construction d’une Eglise qui soit le signe de la présence du Christ au milieu des hommes.
L’évêque d’un lieu, d’un diocèse, est celui qui est le signe de l’unité de l’Eglise locale, c’est lui oui assure la cohésion de cette Eglise, en raison du service même qu’il accomplit au milieu d’elle. En dehors de lui, il n’est point d’Eglise, ainsi que le soulignait Ignace d’Antioche :
Que tous suivent l’évêque comme Jésus-Christ suit son Père, et que tous suivent le presbyterium comme les apôtres ; que les diacres soient respectés comme la Loi de Dieu. Qu’en dehors de l’évêque, rien de ce qui concerne l’Eglise ne soit fait par quiconque. Que la seule eucharistie faite sous la présidence de l’évêque, ou sous la présidence de celui à qui l’évêque en aura donné la charge, soit considérée comme légitime. Là où est l’évêque, c’est là que se trouve la communauté, de même que là où est Jésus-Christ, là se trouve l’Eglise catholique. Il n’est pas permis ni de baptiser ni de faire eucharistie en dehors de l’évêque ; par contre, tout ce que l’évêque approuve, tout cela plaît à Dieu. De la sorte, tout ce qui se fait se fera dans la sûreté et la légitimité. (Lettre aux chrétiens de Smyrne, vers 110)
Ignace, évêque d’Antioche, affirme ainsi qu’en dehors
du ministère, c’est-à-dire du service et de la charge, de l’évêque, il n’y
a pas de légitimité pour la communauté qui se rassemble, afin d’accomplir
les actes du culte, comme le baptême et l’eucharistie. Le ministère de l’évêque
ne se réduit donc pas à l’administration d’une Eglise qui serait en
quelque sorte autocéphale ; mais il lui revient d’assurer l’unité de
l’Eglise locale avec l’Eglise universelle, car sa charge le met en lien
immédiat avec l’ensemble des évêques du monde entier, avec lesquels il
forme le collège épiscopal, qui, en tant que collège précisément, reflète
le groupe des apôtres du Christ Jésus. Ce n’est pas à un seul que la charge
du peuple a été confiée, mais aux douze apôtres ; et c’est à l’ensemble
du collège épiscopal que se trouve maintenant confié le soin de tout le
peuple de Dieu répandu à travers le monde, et ce collège se trouve unifié,
en se rassemblant autour du successeur de Pierre. La Constitution dogmatique sur
l’Eglise, du 21 novembre 1964, présentait ainsi la structure de l’Eglise
catholique :
Le Christ Seigneur, pour assurer au peuple de Dieu des pasteurs et des moyens de croissance, a institué dans l’Eglise des ministères variés qui tendent au bien de tout le corps. En effet, les ministres sont au service de leurs frères, pour que tous ceux qui appartiennent au peuple de Dieu... parviennent au salut, dans leur effort commun, libre et ordonné vers une même fin. Ce saint concile... enseigne et déclare que Jésus-Christ, Pasteur éternel, a édifié la sainte Eglise, en envoyant ses apôtres, comme lui-même avait été envoyé par le Père ; il a voulu que les successeurs de ces apôtres, c’est-à-dire les évêques, soient, dans l’Eglise, pasteurs jusqu’à la consommation des siècles. Mais, pour que l’épiscopat lui-même fût un et indivis, il a mis saint Pierre à la tête des autres apôtres, instituant dans sa personne un principe et un fondement perpétuels et visibles d’unité de foi et de communion...
Ainsi, de même que l’évêque assure l’unité de l’Eglise locale, le pape, en tant qu’il est le successeur de Pierre, assure la cohésion et l’unité de toutes les Églises locales, dispersées à travers le monde, et qui vivent de la sorte en communion d’esprit et de coeur avec le siège apostolique de Rome. Dès lors, le collège épiscopal, représentant d’une certaine manière l’ensemble des Églises locales, par sa composition multiple (les évêques viennent de civilisations très différentes) peut exprimer d’une manière très concrète l’universalité et l’unité de l’Eglise, ce en quoi le collège épiscopal devient le signe même de la catholicité de l’Eglise. En raison de leurs origines très différentes, les évêques peuvent exprimer la variété des Églises locales et, dans leur communion avec l’évêque de Rome, ils expriment l’unité toujours à faire de l’unique Eglise de Jésus-Christ. Chaque évêque, au sein du collège épiscopal, représente son Eglise, et tous ensemble ils représentent toute l’Eglise catholique.
L’évêque, présidant à une Eglise locale, s’entoure de
la même manière d’un collège presbytéral, formé par l’ensemble des
prêtres auxquels il délègue les pouvoirs qui sont les siens, pour que les
communautés locales soient organisées autour de ces prêtres, afin d’édifier,
par le lien de l’unité, le corps ecclésial dans un lieu déterminé. La
délégation des prêtres par l’évêque se fait, ainsi qu’il a été dit
précédemment, dans l’analyse du sacerdoce chrétien, par l’ordination, et
particulièrement par l’imposition des mains, geste qui remonte à la plus
haute antiquité. Ainsi, Paul conféra au jeune Timothée, son disciple, la
charge de l’exhortation et de l’enseignement par l’imposition des mains
des anciens, les presbytres. L’imposition des mains marque l’ordination ‘à’
un ministère dans l’Eglise. La succession apostolique, comme l’ordination
des prêtres et des diacres, est transmission d’une charge envers le message
chrétien et l’ensemble du peuple de Dieu. Celui qui a la charge de l’Eglise
locale, c’est l’évêque qui reçoit le sacerdoce dans sa plénitude, mais
pour subvenir aux nécessités pressantes des communautés répandues à travers
les différents secteurs de son diocèse, des prêtres reçoivent la charge de l’assistance
de l’évêque. Et le ministère, c’est-à-dire la charge qu’ils
reçoivent, est non pas une suppléance de l’évêque mais plus exactement une
participation active au sacerdoce de cet évêque. Au sein d’une petite
communauté de fidèles, le prêtre assure le lien de cette communauté avec l’ensemble
de l’Eglise locale, unie autour de l’évêque ; il manifeste ainsi que
la communauté n’a pas sa propre fin en elle-même (sinon, elle court le
risque de devenir une secte) et il lui appartient de signifier, notamment dans
la célébration liturgique, l’unité de cette communauté qu’il est chargé
de rassembler au nom de l’évêque.
Prêtres, évêques, pape assurent la cohésion de l’Eglise catholique, en manifestant son unité, c’est-à-dire an rassemblant les chrétiens dans une même foi, mais en manifestant également que chaque communauté ne possède de sens que dans une relation d’altérité, c’est-à-dire dans une relation avec un autre qu’elle-même. Chaque ministre signifie à la fois l’unité de l’Eglise, en tant qu’elle est le Corps visible du Christ, mais aussi la radicale altérité de l’Eglise par rapport au Christ, en tant qu’elle est l’Épouse du Christ, pour reprendre des expressions pauliniennes. Car l’Eglise n’est pas le Christ, et c’est ainsi que l’apôtre Paul pouvait écrire :
... le Christ est le chef de l’Eglise, lui le Sauveur de son Corps... le Christ a aimé l’Eglise et est livré pour elle ; il a voulu la rendre sainte en la purifiant avec l’eau qui lave, et cela par la Parole ; il a voulu se la présenter à lui-même splendide, sans tâche ni ride, ni aucun défaut ; il a voulu son Eglise sainte et irréprochable... (Eph. 5, 23-27).
Aussi longtemps qu’elle partage la vie du monde présent, l’Eglise se forme à devenir cette Épouse du Christ, dont elle est le Corps, mais dans un état d’inachèvement. Ainsi, les différents ministres n’exercent pas un pouvoir, mais plutôt un service dans la formation et le progrès de l’Eglise tout entière en marche vers son Seigneur. Ce service, ce ministère est une tâche catholique, en ce sens qu’il vise à faire l’unité et l’universalité des petites communautés, des Églises locales, de l’Eglise universelle.
Toutefois, ce long excursus sur la structure ministérielle de l’Eglise catholique ne saurait faire oublier que le souci des différents pasteurs et ministres se focalise sur l’immense peuple chrétien. Aussi l’examen des fonctions et des charges de gouvernement, de pastorat dans l’Eglise, ne peut-il éclipser la responsabilité et la charge même des laïcs, dont le concile Vatican II a reconnu plus que jamais la dignité et l’importance essentielles. Ce sont eux, en effet, qui sont le plus immédiatement en contact avec l’ensemble des hommes, soit par leur travail, soir par la situation et les responsabilités qu’ils peuvent avoir dans la société, soit par leurs relations avec d’autres hommes, qu’ils soient ou non chrétiens. C’est pratiquement entre leurs mains que repose la mission d’évangéliser le monde, tout en prenant aussi une part très active dans la vie interne de l’Eglise, dans la liturgie ou dans les oeuvres caritatives, dans l’enseignement de la foi ou dans la participation à des mouvements organisés qui peuvent les rassembler, soit au titre de leur foi, soit au titre de leurs engagements respectifs. Ainsi, depuis les années 1960 des laïcs deviennent responsables de la catéchèse et de l’évangélisation des jeunes dans des secteurs d’Eglise déterminés. Ainsi également, devant la diminution du nombre de prêtres, devant l’absence même de ceux-ci, dans des régions rurales notamment, des assemblées chrétiennes se réunissent, le dimanche, pour une célébration commune. Ainsi, un peu partout, les laïcs prennent leurs responsabilités, qui ne sont pas simplement des activités de suppléance, mais des activités éminemment nécessaires à la vie même de l’Eglise locale. Toutefois, il ne faudrait pas s’imaginer que les laïcs aient attendu l’avènement du vingtième siècle, et particulièrement le concile Vatican II, pour assumer leurs responsabilités. L’histoire de l’Eglise montre que, de tout temps, ils ont exercé un rôle considérable dans la vie ecclésiale. Des laïcs ne sont-ils pas intervenus dans la désignation de certains évêques et même de certains papes ? N’est-ce pas l’initiative de quelques laïcs qui a permis la fondation et le développement de grandes oeuvres, missionnaires, sociales ou caritatives ? Ne peut-on pas saisir, en outre, une grande influence de leur part dans le renouveau de leur statut, examiné dans la Constitution sur l’Eglise, à Vatican II ?
Si les pasteurs et ministres de l’Eglise ont pour tâche et pour mission de manifester le rapport du Christ et de l’Eglise, c’est à tous les chrétiens que s’adresse la mission de former l’Eglise dans le monde et pour le monde. Et, en conséquence l’action de cette Eglise n’est pas tant l’affaire immédiate des différents pasteurs (même si, comme chrétiens, ils ont aussi quelque chose à dire et à faire dans l’organisation ecclésiale actuelle) que des chrétiens qui vivent les réalités de ce monde avec tout le poids d’engagement et de responsabilité qu’elles impliquent. Cependant, ces chrétiens n’ont pas è servir l’humanité pour que le monde demeure toujours semblable à ce qu’il est, pour que le monde présent ne connaisse aucun changement. Au contraire, les chrétiens doivent travailler dans le monde pour que celui-ci puisse devenir ce qui lui est promis : le Royaume de Dieu. C’est en ce sens que tous les chrétiens, mais les laïcs au premier chef, sont chargés de l’espérance des hommes : ils travaillent plus ou moins directement, et aussi plus ou moins consciemment, à ce que le monde devienne un monde pour Dieu.
Cette action des chrétiens, dans un monde qui n’est pas étranger à l’Eglise, provoque st inspire la fonction d’enseignement de l’Eglise, pour autant que cette action lui permet de saisir ce que le pape Jean XXIII appelait ‘les signes des temps’ qui interpellent la catholicité tant dans son rapport au monde que dans son rapport au message chrétien. C’est ainsi que le théologien protestant Jürgen MOLTMANN pouvait définir l’Eglise : elle n’est pas seulement une institution servant à la prédication de la Parole et à l’administration des sacrements ; elle est aussi concrètement la communauté des croyants, et, en tant que telle, elle est aussi la communauté pratique de l’amour.
Ce qui, appliqué à l’Eglise catholique, revient à dire qu’il ne faut pas tant chercher le maintien et l’expansion du catholicisme que chercher à faire partager l’espérance du salut en Jésus-Christ, qui habite le coeur de chacun des croyants. La tâche du catholique n’est pas simplement de faire vivre l’institution ecclésiale, laquelle est sociologiquement repérable ; elle est de faire advenir tous lei hommes à la connaissance du message chrétien, tel qu’il peut être vécu dans la communion et l’amour entre tous ceux qui partagent une même foi, entre tous ceux qui sont animés par une même espérance, dont ils ont déjà perçu la réalisation dans le Christ Jésus, mort et ressuscité.
La liturgie catholique, après Vatican II
Pour que les chrétiens puissent faire retentir dans le monde
des hommes le message chrétien tel qu’il est proclamé depuis les premières
générations chrétiennes, il est nécessaire que ces chrétiens entendent eux
aussi la proclamation de la Bonne Nouvelle de libération. Et cette audition se
fait dans les lieux privilégiés des célébrations eucharistiques. Celles-ci
ont été réformées dans l’ensemble de l’Eglise catholique, à la suite du
deuxième concile du Vatican. Les changements que les Pères conciliaires ont
apportés dans la perception de l’Eglise et du culte chrétien sont nombreux
et divers ; ceux qui ont été les plus vivement ressentis concernent la
liturgie. La réforme introduite touche au coeur même de la foi
catholique ; et il est donc normal et légitime que l’opinion générale
se soit sentie interpellée par les changements. Il est arrivé que la réforme
liturgique ait été perçue comme l’affaire des théologiens et des
intellectuels, et non pas comme celle des pasteurs soucieux du bien de l’ensemble
du peuple chrétien ; mêmes, les prêtres les mieux intentionnés ont
voulu faire comprendre la réforme liturgique en s’adressant à l’intelligence
des catholiques au lieu de s’adresser à leur coeur. Le résultat en a été
parfois le plus grand désarroi : on nous change la messe, donc on nous
change la religion... Et certains chrétiens n’ont pas pu accepter ce
changement, qu’ils ont considéré comme une trahison : ils ont alors
cessé toute pratique religieuse, ou ils se sont regroupés dans des
associations qui se réclament d’une pure tradition de l’Eglise, sans se
rendre compte que cette même tradition qu’ils invoquaient constituait la
réalité vivante st toujours croissante du catholicisme.
La réforme liturgique, voulue par les Pères conciliaires, souligne qu’en ce domaine de la célébration du culte que les hommes peuvent et doivent rendre à Dieu leur Père, rien n’est jamais complètement acquis, et qu’il faut sans cesse promouvoir, au sein même du Peuple de Dieu, des célébrations festives qui permettent de rapprocher les hommes de leur Père. La liturgie se devait de redevenir la source et le sommet de l’ensemble de la vie ecclésiale, puisqu’elle ne fait rien d’autre que de célébrer la Pâque du Seigneur Jésus, son passage de la mort à la vie.
Il importait alors aux Pères conciliaires de redonner tout son sens à la célébration de la fête annuelle de Pâques et à la célébration hebdomadaire de la résurrection du Christ, le dimanche, jour du Seigneur. Chaque semaine, il convient aux chrétiens de se rassembler pour faire mémoire de la résurrection du Seigneur, qui est célébrée dans toute sa solennité le jour de la fête de Pâques. Le mystère pascal n’est pas le fait d’un seul jour au cours de l’année, mais il se déploie, dans toute sa richesse, tout au long de l’année : le centre de la foi chrétienne se trouve dans la mort et la résurrection du Seigneur Jésus. Et le concile a voulu resituer ce mystère à sa vraie place, dans l’année liturgique, en accordant toute l’importance à Jésus-Christ, et non plus seulement au culte des saints.
Pendant le cycle de l’année liturgique, l’Eglise
catholique fait donc mémoire de tout le mystère du Christ, depuis son
incarnation jusqu’au jour de la Pentecôte, et dans l’attente de l’avènement
définitif du Seigneur Jésus-Christ. Mais le point culminant de ce mystère de
Jésus-Christ, c’est le mystère pascal, par lequel, en mourant, il a détruit
la mort des hommes, et en ressuscitant, il a restauré la vie dans sa véritable
dimension, celle qui fait des hommes les propres enfants de Dieu. C’est la
raison pour laquelle trois jours, du Jeudi Saint au Dimanche de Pâques,
constituent le sommet de l’année. Le triduum pascal commence avec la
célébration eucharistique du Jeudi-Saint, où l’Eglise fait mémoire du
repas que le Seigneur prit avec ses douze apôtres avant d’être livré à la
mort ; il se poursuit par le Vendredi-Saint, le véritable vendredi noir
pour l’ensemble des chrétiens, puisque c’est ce jour-là que l’Eglise
commémore la mort de son Seigneur ; il se prolonge par la journée du
Samedi-Saint, jour où n’est célébré aucun office liturgique : c’est
le jour du silence du tombeau, dans lequel le corps du Christ a été déposé.
Le triduum pascal s’achève dans la grande veillée pascale, où l’Eglise
veille, à l’écoute de la Parole de Dieu, pour célébrer dans la joie la
résurrection de Jésus-Christ. Chaque fidèle est invité, au cours de cette
grande nuit pascale, à effectuer lui-même son passage de la mort à la vie,
avec son Seigneur. Au cours de l’eucharistie du dimanche de Pâques, l’Eglise
rend grâces à Dieu pour la merveille qu’il a accomplie en faisant passer son
Fils de la mort à la vie, et en ouvrant ainsi à l’ensemble de l’humanité
les portes de la vie éternelle. Mais un seul jour ne suffit pas pour exprimer
toute la joie éprouvée par la résurrection ; aussi la célébration
pascale s’étend-elle sur une période de cinquante jours, qui séparent le
jour de Pâques du jour de la Pentecôte. Pendant sept semaines, les chrétiens
sont ainsi invités à méditer la vis de la première communauté chrétienne,
avec la lecture du livre des Actes des Apôtres, st par la lecture du quatrième
évangile, ils peuvent aussi découvrir tout ce que la mort et la résurrection
du Christ apportent à l’ensemble de l’humanité : Dieu, le père de
Jésus-Christ, a ressuscité son Fils, et il l’a fait entrer dans sa propre
gloire, par l’Ascension de Jésus, célébrée quarante jours après
Pâques : la résurrection et l’Ascension du Christ sont le prélude et l’anticipation
de la victoire de tous les hommes sur les forces de la mort et du péché, qui
les tenaient enfermés, prélude et anticipation qui sont marqués par le don de
l’Esprit à l’Eglise au jour de la Pentecôte. Ces cinquante jours sont
vécus dans la joie et dans l’exultation, car ils anticipent la vie des hommes
rassemblés dans le Royaume de Dieu. Le chant de l’Alléluia, qui retentit
pendant ces sept semaines, - " Alléluia " étant une
acclamation hébraïque qui veut dire : Louez Dieu - est le chant même qui
est proclamé par la multitude des rachetés, dans le livre de l’Apocalypse de
saint Jean ; c’est le chant de la victoire de la vie sur les forces de mort, c’est
Ie chant des hommes rassemblés en Dieu, par le Christ qui est entré dans la
gloire de son Père.
La solennité pascale est préparée par le Carême ; le mot "Carême" (quadragésime) veut dire : quarante. Pendant les quarante jours du Carême, les chrétiens sont appelés à revivre les quarante années de la marche du peuple élu de Dieu vers la Terre Promise. Au long de cette période, le peuple, guidé par Moïse, a fait l’expérience de la faim et de la soif, l’expérience du doute et du découragement, mais aussi l’expérience de la tendresse de ce Dieu qui marchait avec lui à travers le désert. C’est cette même intimité, cette même proximité avec Dieu que l’Eglise souhaite que les catholiques puissent vivre, en se mettant en route vers la Pâque du Seigneur, avec un coeur purifié. C’est un effort exigeant que le peuple de Dieu entreprend, dans une pénitence libératrice : en se privant des nourritures terrestres, quelle que soit leur forme, le chrétien peut s’ouvrir davantage à l’appel de Dieu, en se mettant à l’écoute de la Parole et en trouvant sa nourriture dans l’eucharistie. Le Carême s’ouvre le Mercredi, dit "des Cendres" : le geste de se couvrir de cendres trouve son origine dans la grande tradition juive pour signifier la pénitence ; mais l’essentiel, pour le croyant, consiste dans le désir de conversion : se convertir, c’est accepter de se détourner de sa vie passée pour se tourner vers Dieu, c’est rompre avec toutes les formes de l’égoïsme pour s’ouvrir davantage à l’amour de Dieu et à l’amour des autres. Autrefois, l’Eglise catholique insistait sur les modalités de la pénitence, pendant tout le temps du Carême ; depuis le concile Vatican II, elle s’efforce de faire comprendre la signification de cette période qui tourne les hommes vers Dieu, dans le grand mystère de la Pâque du Seigneur Jésus.
Le fait que Jésus ait voulu prendre son dernier repas au
cours de la fête de la Pâque juive donne uns signification particulière à sa
mort sur la croix : le Christ est le véritable agneau pascal qui donne sa
vie pour la libération de tout le peuple, pour la naissance d’un peuple
nouveau, le nouveau peuple de Dieu, l’Eglise. Et, en raison de la concomitance
de la fête juive et de la fête chrétienne, le choix de la date de Pâques est
fait non pas sur le calendrier solaire, comme pour toutes les autres fêtes
chrétiennes, mais sur le calendrier lunaire et solaire à la fois, ce qui
explique que la date de Pâques peut varier, selon les années, entre le 22 mars
et le 25 avril. De plus, il existe des divergences entre les chrétiens dans le
calcul de cette date, si bien que les chrétiens d’Orient et les chrétiens d’Occident
ne fêtent pas la résurrection de leur Seigneur le même jour... Toutefois, il
convient de noter que des discussions se poursuivent pour fixer la date de
Pâques au deuxième ou au troisième dimanche d’Avril ; si ces
négociations aboutissaient, tous les chrétiens, répandus à travers le monde,
fêteraient ensemble le Christ ressuscité.
Durant la préparation de l’événement pascal et dans la poursuite de cet événement jusqu’au don de l’Esprit de Dieu répandu sur tous les disciples, c’est-à-dire durant quatre-vingt-dix jours, les chrétiens vivent la période la plus intense de leur année. Cela souligne, à l’évidence, l’importance primordiale que l’Eglise accorde à l’événement sauveur, une importance beaucoup plus grande même que celle qu’elle peut accorder à la célébration de la naissance de Celui qui allait sauver le monde des hommes et le mettre en marche vers Dieu son Père.
Pourtant, la mentalité populaire chrétienne fait de la Nativité du Seigneur une journée de fête très importante, même si les théologiens la considèrent comme une fête seconde par rapport au grand mystère pascal. S’il n’y avait pas eu la mort et la résurrection du Christ, Jésus ne serait jamais qu’un petit prophète galiléen absolument oublié de tous les hommes ; et la célébration de sa naissance ne donnerait certainement pas lieu à des réjouissances populaires. Et dans la fête de la Nativité du Seigneur, l’Eglise catholique tente de percevoir déjà l’appel de la nouvelle naissance pour tous les chrétiens : ceux-ci sont des nouveau-nés dans le Christ Jésus, qui les entraîne avec lui vers la gloire de son Père. Noël, c’est la fête de la tendresse de Dieu qui se livre totalement entre les mains des hommes, en la personne de son Fils : Dieu s’est fait homme pour que tous les hommes puissent devenir à leur tour les enfants de Dieu. Pourtant, les hommes n’ont pas reconnu en Jésus, le Fils de Marie, celui qui était véritablement le Fils de Dieu, même si cette naissance avait été préparée et annoncée par les prophètes de l’Ancien Testament. Et c’est parce que la naissance de Jésus répondait à une très longue attente dans la pensée religieuse du judaïsme que l’Eglise aime à préparer aussi liturgiquement le souvenir de cette naissance. Cette attente liturgique se fait pendant le temps de l’Avent, dans lequel l’Eglise se souvient que sa fonction principale est d’attendre son Seigneur, comme celui qui doit guider tous les hommes vers sa Lumière. Pendant quatre semaines, le temps de l’Avent rappelle les grandes étapes qui ont préparé la venue du Messie : il faut tourner les yeux vers l’avenir qui est ouvert à tous par la naissance attendue de l’enfant-Dieu, il faut retrouver l’espérance messianique des générations anciennes qui attendaient la première venue du Christ. En revanche, les jours qui suivent la fête de la Nativité, jusqu’à l’Epiphanie et au Baptême du Seigneur permettent aux chrétiens de redécouvrir l’humanité de Dieu et la divinité de l’homme Jésus. Le dimanche qui suit la fête de Noël est appelé " dimanche de la sainte Famille " parce que les textes proposés à la méditation des fidèles rappellent quelle fut la vie cachée de Jésus, dans le village de Nazareth, auprès des siens, Marie sa mère et Joseph, l’époux de sa mère. Le jour du premier janvier, qui marque le début d’une année nouvelle, souligne le fait que les années passent, mais que le Christ demeure ; l’Eglise d’Occident avait choisi ce jour pour célébrer la Mère de Dieu bien avant que le calendrier civil ne choisisse ce jour pour marquer le début de l’année nouvelle : Marie est mère de Jésus, mais elle est aussi devenue la mère de l’Eglise et la mère de tous les hommes. Ce jour est le huitième jour après la Nativité ; c’était la journée où traditionnellement l’enfant juif était circoncis et où il recevait son nom. Le dimanche qui se situe entre le 2 et le 8 janvier, l’Eglise célèbre l’Epiphanie, c’est-à-dire la manifestation de Jésus-Christ au monde des hommes, dans leur diversité. Des hommes, venus de pays étrangers à la religion juive, sont venus reconnaître en Jésus, enfant nouveau-né, le roi du monde et le Seigneur des seigneurs ; ils marquent ainsi l’entrée de tous les hommes dans la foi, dans la reconnaissance du Dieu incarné. Le dimanche qui suit le 6 janvier, l’Eglise célèbre le baptême du Seigneur : cette fête du baptême clôt le cycle des fêtes de Noël, tout en marquant l’entrée de Jésus dans sa vie publique. Alors que toute la liturgie catholique vise à faire reconnaître en l’homme Jésus le propre Fils de Dieu, cette fête du baptême vise plutôt à faire reconnaître en Jésus un homme véritable : le Fils de Dieu s’est fait baptiser " homme " par Jean dans les eaux du Jourdain, pour que tous les hommes puissent devenir à leur tour des enfants de Dieu, pour que tous les hommes puissent être baptisés fils de Dieu.
Après ce dimanche du baptême commence le temps ordinaire et se poursuit jusqu’à la veille de l’entrée en Carême ; il reprend le lundi après la Pentecôte pour s’achever la veille du dimanche qui marque l’entrée dans le temps de l’Avent. Ainsi, en dehors des temps proprement festifs, il reste dans le cycle de l’année liturgique trente-trois ou trente-quatre semaines où l’on ne célèbre aucun aspect particulier du mystère du Christ, mais où l’Eglise fête le Christ dans la plénitude de son mystère, et cela particulièrement le dimanche. Aussi longtemps que la date de Pâques sera variable, la série des dimanches qui précèdent le carême et la série des dimanches qui suivent la Pentecôte seront elles aussi variables.
Organisation des dimanches et fêtes du calendrier catholique
Avent Noël Sainte Famille Epiphanie Baptême du Seigneur Temps ordinaire Carême Mercredi des Cendres
Temps de Pâques Dimanche de Pâques
Jeudi de l’Ascension
Pentecôte Trinité Saint Sacrement Temps ordinaire Christ-Roi
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quatre dimanches 25 décembre le dimanche qui suit la fête de Noël le dimanche entre le 2 et le 8 janvier le premier dimanche du temps ordinaire de 5 à 9 dimanches, selon les années
date variable selon la date de Pâques cinq dimanches dimanche des Rameaux et de la Passion Jeudi, Vendredi, Samedi saints
date variable entre le 22 mars et le 25 avril cinq dimanches après Pâques quarante jours après Pâques septième dimanche de Pâques cinquante jours après Pâques dimanche après la Pentecôte dimanche après la Trinité de 21 à 25 dimanches, selon les années dernier dimanche de l’année liturgique |
Les fêtes des saints
Lorsque l’Eglise célèbre son culte, notamment le dimanche, jour de rassemblement des catholiques pour l’eucharistie, elle souligne toujours le mystère pascal du Christ, mort et ressuscité. Ce mystère, elle le célèbre dans son ensemble, pendant tout le temps ordinaire, et en soulignant un aspect particulier, à l’occasion des grandes fêtes liturgiques. Pourtant, certaines fêtes du Seigneur sont fixées par des dates précises, ainsi la Présentation de Jésus au Temple (2 février), la Transfiguration du Seigneur (6 août), l’exaltation de la croix (14 Septembre), ces fêtes, quand elles tombent un dimanche, l’emportent sur le dimanche en question. On les appelle des solennités. Il existe également d’autres fêtes qui l’emportent sur le dimanche, lorsqu’elles sont célébrées un dimanche :
le jour anniversaire de la dédicace de l’église locale
le jour de la dédicace de la basilique du Latran (9 Novembre)
l’Assomption de la Vierge Marie (15 août)
la Nativité de Jean-Baptiste (24 juin)
la fête des apôtres Pierre et Paul (29 Juin)
la Toussaint (1 Novembre)
la Commémoration des défunts (2 Novembre)
En dehors de ces célébrations particulières, c’est toujours le mystère pascal, célébré dans l’eucharistie dominicale, qui a la préséance sur les fêtes des saints. Toutefois, les saints, ceux qui ont précédé les fidèles actuellement vivants, dans la gloire du Père, tiennent une grande place dans la liturgie catholique. Ils sont régulièrement évoqués dans chaque célébration.
Pourtant, l’Eglise catholique reconnaît que Dieu seul est saint, st c’est ainsi qu’elle l’acclame dans ses célébrations. Les chrétiens sont appelés à partager la sainteté du Christ Jésus, la sainteté de l’Eglise, que le Christ a purifiée, faisant d’elle le nouveau peuple de Dieu : les chrétiens participent même déjà à la sainteté du Christ et de son Eglise, depuis leur baptême Ils sont appelés les membres vivants du Corps du Christ ; c’est pourquoi l’apôtre Paul n’hésite jamais à appeler "saints" les chrétiens auxquels il s’adresse. C’est surtout à partir du quatrième siècle de l’ère chrétienne que se développa le culte des martyrs des saints qui avaient rendu le témoignage suprême à leur Seigneur, Dès lors, on attribua plus volontiers le nom de " saints " à ceux dont on pensait que la mort les avait réellement introduits dans l’intimité de Dieu : les saints sont ainsi ceux qui jouissent de la joie du Royaume de Dieu, en Jésus-Christ, et ils sont vénérés comme les intercesseurs et les modèles des chrétiens encore présents dans le monde.
Le calendrier des saints, appelé "Sanctoral", actuellement en vigueur dans l’Eglise catholique, a été promulgué par le pape Paul VI, en 1969 ; il ne contient qu’un nombre relativement limité de saints, proposés à la méditation des fidèles, moins de deux cents noms ont été retenus, pour bien manifester que l’important dans la liturgie, c’est le culte réservé à Dieu qui s’est manifesté aux hommes dans le mystère pascal du Christ. Le salut offert par Dieu apparaît donc comme plus important que l’imitation de l’exemple de certains saints ; et les Français ne doivent pas s’étonner de ne pas trouver Jeanne d’Arc au nombre des saints proposés à l’Eglise universelle, elle figure simplement dans le calendrier des saints vénérés par l’Eglise de France... Le calendrier, voulu par Paul VI, veut témoigner de la sainteté qui s’est manifestée au cours des siècles et sous toutes les latitudes, sinon dans tous les pays ; mais l’Eglise catholique se tourne avec une plus grande prédilection encore vers ses origines ; c’est pourquoi la Vierge Marie et les Apôtres occupent une grande place dans les célébrations du sanctuaire. Aux côtés de Marie et des Apôtres, l’Eglise vénère ceux qui ont manifesté leur fidélité jusqu’au don de leur vie pour la cause de l’Evangile, les martyrs, depuis le témoignage des Innocents de Bethléem, supprimés par la furie du roi Hérode, en passant par les victimes de la persécution de Néron (en 64) et par les martyrs de l’Ouganda (en 1886), jusqu’à Maria Goretti, assassinée pour avoir refusé de céder aux sollicitations d’un jeune homme (en 1902), et peut-être bientôt jusqu’à Monseigneur Romero, évêque de San Salvador, assassiné alors qu’il célébrait l’eucharistie, en 1980. Aux côtés des martyrs, l’Eglise commémore les grands pasteurs qui l’ont guidée dans des moments difficiles, Athanase d’Alexandrie, Hilaire de Poitiers ; les grands docteurs qui ont permis à la foi chrétienne de se préciser Irénée de Lyon, Augustin d’Hippone, Anselme de Cantorbery, Thomas d’Aquin, Thérèse d’Avila et Catherine de Sienne ; les fondateurs d’ordres religieux qui ont inspiré une spiritualité à l’ensemble des chrétiens, Antoine, Benoît, François d’Assise, Dominique, Jean de la Croix ; les grands missionnaires qui ont porté l’Evangile jusqu’aux confins du monde, les frères Cyrille et Méthode, François-Xavier ; le grand cortège des saintes femmes qui ont vécu dans sa plénitude l’amour du Christ et qui ont pu communiquer ce même amour à leurs enfants : Monique, la mère d’Augustin, Claire d’Assise, Thérèse de Lisieux...
Le calendrier des fêtes du sanctoral
La célébration des fêtes des saints comporte, dans l’Eglise catholique, trois degrés : les solennités, qui marquent les fêtes les plus importantes de la Vierge Marie, des Apôtres, de saint Joseph... ; les fêtes de moindre importance, qui sont simplement appelées " fêtes ", en l’honneur de Marie, de quelques Apôtres, des évangélistes... ; toutes les autres fêtes sont appelées des " mémoires " : elles ne signifient pas un arrêt de la célébration du grand mystère pascal, mais une invitation à leur intercession auprès de Dieu pour les fidèles actuellement vivants. A l’occasion des fêtes et des mémoires, il peut convenir de lire certains textes de l’Écriture sainte, qui ont pu inspirer ces saints et saintes, ou de lire certains textes qu’ils ont eux-mêmes écrits.
Les solennités
1 Janvier 19 Mars 25 Mars 24 Juin 29 Juin 15 Août 1 novembre 8 décembre |
Sainte Marie, mère de Dieu Saint Joseph, époux de la Vierge Marie Annonciation du Seigneur Nativité de saint Jean-Baptiste Saints Pierre et Paul, apôtres Assomption de la Vierge Marie Toussaint Immaculée Conception de la Vierge Marie |
Les fêtes
25 janvier 22 février 25 avril 3 mai 14 mai 31 mai 3 juillet 25 juillet 10 août 24 août 8 septembre 21 septembre 29 septembre 18 octobre 28 octobre 9 novembre 30 novembre 26 décembre 27 décembre 28 décembre |
Conversion de saint Paul, apôtre Chaire de saint Pierre, apôtre Saint Marc, évangéliste Saint Philippe et saint Jacques, apôtres Saint Matthias, apôtre Visitation de la Vierge Marie Saint Thomas, apôtre Saint Jacques, apôtre Saint Laurent, diacre et martyr Saint Barthélemy, apôtre Nativité de la Vierge Marie Saint Matthieu, apôtre et évangéliste Saint Michel, saint Gabriel, saint Raphaël, archanges Saint Luc, évangéliste Saint Simon et saint Jude, apôtres Dédicace de la basilique du Latran Saint André, apôtre Saint Etienne, premier martyr Saint Jean, apôtre et évangéliste Les saints Innocents |
Quelques "mémoires"
24 janvier 28 janvier 31 janvier 6 février 29 avril 3 juin 28 juin 11 juillet 26 juillet 31 juillet 4 août 11 août 20 août 27 août 28 août 3 septembre 27 septembre 1 octobre 4 octobre 15 octobre 11 novembre 17 novembre 3 décembre |
Saint François de Sales, évêque et docteur de l'Eglise Saint Thomas d'Aquin, prêtre et docteur de l'Eglise Saint Jean Bosco, prêtre Saint Paul Miki et ses compagnons, martyrs du Japon Sainte Catherine de Sienne, vierge et docteur de l’Eglise Saint Charles Lwanga et ses compagnons, martyrs de l'Ouganda Saint Irénée de Lyon, évêque et martyr Saint Benoît, abbé Sainte Anne et saint Joachim, parents de la Vierge Marie Saint Ignace de Loyola, prêtre Saint Jean-Marie Vianney, curé d'Ars Sainte Claire, vierge Saint Bernard, abbé et docteur de l'Eglise Sainte Monique Saint Augustin, évêque et docteur de l'Eglise Saint Grégoire le grand, pape et docteur de l'Eglise Saint Vincent de Paul, prêtre Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus, vierge Saint François d'Assise Sainte Thérèse d'Avila, vierge et docteur de l’Eglise Saint Martin de Tours, évêque Sainte Élisabeth de Hongrie Saint François Xavier, prêtre |
propre à la France
3 janvier 15 janvier 18 février 19 mai 30 mai 2 juin 4 juin 15 août 26 août 1 octobre |
Sainte Geneviève, vierge Saint Rémi, évêque Sainte Bernadette Soubirous, vierge Saint Yves, prêtre Sainte Jeanne d'Arc, vierge, patronne secondaire de la France Saint Pothin, sainte Blandine et leurs compagnons martyrs de Lyon Sainte Clotilde Assomption de la Vierge Marie, patronne principale de la France Saint Césaire d’Arles, évêque Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus, vierge, patronne secondaire de la France |