Simplicité des dogmes

 

Alors que, dans le judaïsme et le christianisme, les doges sont sujets à de nombreuses interprétations, en raison même de leur complexité, l'islam est une religion facile à comprendre dans l'exposé de sa dogmatique, parce qu'il s'est fixé des dogmes simples qui peuvent être admis par tous les fidèles, sans prêter le flanc à des discussions interminables. Mais la difficulté de l'islam réside plutôt dans le mélange du religieux et du législatif, du sacré et du judiciaire... C'est que l'Islam n'est pas simplement une religion comme les autres : c'est tout un mode de vie que le croyant est invité à adopter pour suivre le chemin de Dieu tout au long de sa vie quotidienne au milieu de l'ensemble de la communauté des fidèles.

Toute la dogmatique musulmane se trouve résumée dans l'accomplissement de cinq obligations rituelles, appelées les cinq piliers de la foi : la profession de foi, la shahâda, la prière canonique, çalât, cinq fois par jour, précédée d'ablutions, le jeûne annuel, çaoum, au mois de Ramadan, l'aumône légale, la zakât, le pèlerinage, hajj à La Mekke.

La profession de foi

La première révélation du Coran, c'est le rejet de toutes les idoles : il n'y a qu'un seul Dieu. Mahomet refuse systématiquement le culte des polythéistes, se mettant ainsi à contre-courant des autorités mekkoises dont la fortune était souvent liée au pèlerinage qui s'accomplissait auprès des dieux de la Kaaba. Mahomet voudra balayer tout ce culte idolâtrique pour rétablir dans sa vérité la plus absolue le culte monothéiste, tel qu'il avait été pratiqué par l'ancêtre dans la foi, le patriarche et prophète Abraham. Le premier des dogmes de l'Islam repose sur l'affirmation de l'unicité absolue de Dieu.

Il s'exprime dans l'attestation de la foi, la shahâda : J'atteste qu'il n'y a pas d'autre dieu qu'Allah. Allah est grand et il n'y a pas d'autre dieu que lui.

Cette profession de foi place l'Islam dans le monothéisme le plus absolu. D'une part, un peu comme Yahvé, nom par lequel Dieu s'est révélé au peuple juif, Allah ne saurait être un dieu national à côté des autres dieux des nations païennes, c'est la raison pour laquelle le Prophète a tenu à purifier : la Kaaba sainte de toutes les idoles qui la peuplaient au moment de la Révélation. D'autre part, l'unicité absolue de Dieu interdit toute association de personnages, soit divins ou angéliques soit humains, en Dieu, le dogme trinitaire chrétien, d'ailleurs mal compris par Mahomet, se trouve exclu de la perspective islamique : l'unique Dieu ne saurait partager sa puissance et son pouvoir avec un autre que lui. Allah est unique, il est éternel et transcendant.

Tout au long du Coran, cette affirmation revient régulièrement, à la suite de ce qui est souvent considéré comme une des révélations les plus anciennes : Dis : Lui, Dieu est Un, Dieu, l'Impénétrable. Il n'engendre pas ; il n'est pas engendré ; nul n'est égal à lui ! (Sourate CXII). Le Coran affirme encore régulièrement que tout passera, à l'exception de l'éternité de Dieu, qui est absolument différent, transcendant, par rapport a toutes les créatures de ce monde. Dieu est seul à ne pas avoir à rendre de compte de ce qu'il fait : sa volonté est arbitraire mais elle est aussi miséricordieuse.

La shahâda, la profession de foi au Dieu unique, peut être considérée comme le dogme fondamental, le premier pilier de la foi islamique ; elle est sans cesse répétée, et il n'existe pas d'autre confession de foi que cette seule affirmation. Cependant, l'unicité de Dieu n'interdit pas le fait que ce Dieu puisse se présenter sous des facettes différentes auprès de ceux qui le craignent. Ainsi, comme la seule réalité absolue, Allah est qualifié d'une série d'épithètes dans le Coran, ce sont ses plus beaux noms, qui sont au nombre de quatre-vingt dix-neuf, qui ont été révélés et disposés en une litanie que la tradition aime à répéter, en les méditant, en s'aidant des grains d'une sorte de chapelet. Cette coutume de piété se recommande d'une tradition : A Dieu appartiennent quatre-vingt dix-neuf noms, cent moins un ; car lui, l'unique, aime à être désigné par ces noms, un par un. Quiconque connaît les quatre-vingt dix-neuf noms entre en Paradis.

Dieu possède les noms les plus beaux, priez-le avec ces noms :

Le bienfaiteur,

Le miséricordieux,

Le roi,

Le beau,

La paix,

Le fidèle, celui qui témoigne de sa propre véridicité,

Le protecteur,

Le tout-puissant,

Le très fort

Le réparateur,

Le grand,

Le créateur,

Celui qui donne un commencement à toute chose,

Celui qui façonne,

L'indulgent, le pardonneur

Le donateur,

Le dominateur,

Le dispensateur,

Le victorieux,

Le connaissant,

Celui qui ouvre les coeurs,

Celui qui ferme les coeurs,

Celui qui abaisse,

Celui qui élève,

Celui qui donne la dignité,

Celui qui enlève la dignité,

Le voyant,

L'attentif,

Le juge,

Le juste,

Le subtil,

L'informé, l'observateur,

Le clément,

Celui qui est plein de mansuétude,

Le magnanime

L'agréable,

Le glorifié,

Le magnifique,

Le gardien,

Le nourricier,

Celui qui tient compte de tout,

Le majestueux,

Le généreux,

Le veilleur,

Celui qui exauce,

Celui qui embrasse toutes choses,

Le sage,

Le Très-aimant,

Le superbe,

Le glorieux,

Le revificateur,

Le témoin,

La vérité,

L'inébranlable,

Le saint,

L'omniscient,

Le principe,

Le créateur de la vie,

Le créateur de la mort,

Le vivant,

L'opulent,

L'inventeur,

L'immuable,

L'unique,

L'éternel,

Le compatissant,

Le charitable,

Le prudent,

Le producteur,

Le prévenant,

Le premier,

Le dernier,

Le manifesté,

Le caché,

Le réconfortant,

Le digne,

Le droit,

Le justicier,

Le bon,

L'aimable,

Le maître du Royaume,

Le Seigneur de majesté et de générosité,

L'équitable,

Le rassembleur,

Le suffisant à lui-même,

Le riche,

Celui qui détient les biens,

Celui qui répartit les biens,

Celui qui distribue les biens,

La lumière,

Celui qui dure toujours,

Le glorieux,

L'universel,

Le guide,

L'immanent,

Le parfait,

Le sublime,

Le patient,

Le doux,

Le centième nom est demeuré ineffable, connu de celui seul à qui Dieu le communique.

Grâce à cette prière, issue de la révélation coranique, il est possible de découvrir quel est le Dieu que Mahomet prêchait, quels sont les attributs de ce Dieu. En rupture avec le polythéisme de ces compatriotes, Mahomet proclame un Dieu unique, transcendant au monde qu'il a créé, supérieur aux hommes tout en restant proche d'eux puisqu'il répond sans se lasser à leurs prières. Ce Dieu est un Dieu vivant qui donne la vie à tous les êtres qui peuplent le monde, il est Tout-Puissant, en tant que Créateur du ciel et de la terre, en tant que Seigneur souverain de l'ensemble de l'univers qu'il a lui-même créé et sur lequel il veille avec compassion et tendresse ; créateur de toutes choses, c'est aussi lui qui les maintient dans l'existence. Proche des hommes, il est celui qui accueille leur repentir, celui qui est toujours prêt au pardon, parce qu'il est le miséricordieux et le clément par excellence : il aime les hommes, et son amour pour eux se manifeste dans le fait qu'il leur envoie des prophètes pour que les hommes puissent le connaître lui, le seul vrai Dieu. Maître de la vie, Dieu est aussi le maître de la mort, puisqu'il est le commencement et la fin de toute chose, il est le Dieu de la résurrection, celui qui exercera son jugement à la fin des temps, rétribuant les hommes selon leurs actions, bonnes ou mauvaises. Un des attributs de Dieu, c'est sa justice : il est le Juge suprême, mais il peut faire preuve de mansuétude ; malgré sa miséricorde, il exercera pourtant sa justice sans pitié pour tous ceux qui auront refusé de devenir croyants.

Les envoyés de Dieu

La mansuétude de Dieu à l'égard de l'humanité s'exprime dans le fait qu'il a voulu envoyer aux hommes des prophètes, pour qu'ils puissent proclamer la nécessité de la foi au Dieu unique. Aussi la profession de foi islamique se poursuit-elle immédiatement dans la reconnaissance des envoyés de Dieu, et particulièrement dans celle de Mahomet, le grand Prophète : J'atteste qu'il n'y a pas d'autre Dieu qu'Allah. Allah est grand et il n'y a pas d'autre dieu que lui. J'atteste que Mahomet est l'envoyé de Dieu. C'est le deuxième aspect du premier doge de l'Islam : le croyant doit faire confiance aux envoyés de Dieu. Et il y en eut beaucoup depuis les origines du monde jusqu'à Mahomet, en commençant par Adam pour arriver jusqu'à Jésus, qui a été envoyé au peuple juif. Chacun des envoyés de Dieu a prêché le monothéisme dans un cadre défini de l'histoire et de l'espace ; avant Mahomet, ils étaient surtout envoyés au peuple issu d'Israël, mais, Mahomet, le dernier des prophètes d'Allah, a reçu une mission universelle. Il est Le Prophète de Dieu. Tous les autres prophètes ont eu besoin d'apporter des preuves de l'authenticité de leur mission, en accomplissant, par exemple, des miracles ou des signes qui les accréditaient ; seul, Mahomet, le dernier des envoyés de Dieu, n'a pas eu besoin de preuve : le miracle du Coran, le livre même de la Parole d'Allah, a été sa preuve, une preuve à laquelle tous les miracles ne pouvaient rien ajouter.

Dans ce cadre de la mission des envoyés de Dieu, le dogme musulman ne demande pas de croire simplement à la mission privilégiée de Mahomet, mais de reconnaître également celle des autres prophètes, ceux de l'Ancien Testament et de Jésus, les uns et les autres ont été mal accueillis par leurs contemporains et même leurs disciples ont contrefait le témoignage que ces envoyés de Dieu avaient apporté. Mahomet est apparu dans l'histoire comme le dernier Prophète, comme celui qui apporte le sceau divin de toute la Parole de Dieu pour l'ensemble de l'humanité. Le message de ces prophètes, tel qu'il peut apparaître dans le texte coranique, n'est cependant pas recopié ou retranscrit des livres dont ils ont pu être les auteurs ou les inspirateurs : la Coran ne prétend pas avoir emprunté ses sources aux livres antérieurs, il affirme que tout ce qui a trait aux prophètes a été l'objet d'une révélation particulière de Dieu. Celui-ci a voulu faire connaître à son Envoyé comment les prophètes de tous les temps ont été de parfaits musulmans, en prêchant le monothéisme contre toutes les formes d'idolâtrie courantes à leur époque.

Ces envoyés de Dieu ont été marqués par des signes qui ont pu accréditer leur mission, dès leur première vocation.

C'est ainsi que l'origine même de deux prophètes est due à une intervention particulière de Dieu : il s'agit d'Adam et de Jésus. Adam a été créé par Dieu pour être son lieutenant sur la terre, ce qui valut à Dieu la rébellion de Satan, appelé Iblis dans la littérature coranique. Lorsque ton Seigneur dit aux anges : Je vais établir un lieutenant sur la terre, ils dirent : Vas-tu y établir quelqu'un qui fera le mal et qui répandra le sang, tandis que nous célébrons tes louanges en te glorifiant et que nous proclamons ta sainteté ?... Il apprit à Adam le nom de tous les êtres, puis, il le présenta aux anges... Dieu dit : O Adam, fais-leur connaître les noms de ses êtres ! Quand Adam eut instruit les anges... Dieu dit à ses anges : Prosternez-vous devant Adam ! Ils se prosternèrent, à l'exception d'Iblis qui refusa et qui s'enorgueillit : il était au nombre des incrédules (Sourate II, 30...34). De même, Jésus, le Fils de Marie, celui que le Coran considère aussi comme le Messie, à la suite des chrétiens, il a été l'objet d'une naissance miraculeuse : oui, il en est de Jésus comme d'Adam auprès de Dieu : Dieu l'a créé de terre, puis il lui a dit : Sois, et il est (Sourate III, 59). Trois prophètes ont été conçus dans des conditions qui rendaient, en fait, leur naissance humainement impossible. Isaac a été conçu alors que son père Abraham et sa mère Sara étaient très avancés en âge et qu'ils ne pouvaient plus espérer de descendance. Pourtant, Nous lui avons annoncé une bonne nouvelle, la naissance d'Isaac, un prophète parmi les justes. Nous avons béni Abraham et Isaac. Parmi leurs descendants, certains font le bien et d'autres se font tort à eux-mêmes (Sourate XXXVII, 112-113). Il en est de même pour Jean-Baptiste, dont le père Zacharie avait comme épouse une femme stérile, et à qui Dieu a fait miséricorde, en entendant le cri de sa prière : Lorsqu'il invoqua son Seigneur d'une invocation secrète, il dit : Mon Seigneur, mes os sont affaiblis ma tête a blanchi. Mon Seigneur, jamais en te priant, je n'ai été malheureux ! Je crains le comportement de mes proches après ma mort. Ma femme est stérile ; accorde-moi, cependant un descendant venu de toi. Il héritera de moi, il héritera de la famille de Jacob. Mon Seigneur, fais qu'il te soit agréable ! O Zacharie, nous t'annonçons la bonne nouvelle d'un garçon ; son nom sera Jean... Zacharie dit : Mon Seigneur, comment aurai-je un garçon ? Ma femme est stérile et j'ai atteint l'âge de la décrépitude. Il dit : C'est ainsi : ton Seigneur a dit : Cela est facile, je t'ai créé autrefois alors que tu n'étais rien. Zacharie dit : Mon Seigneur ! Accorde-moi un signe ! Il dit : Voilà ton signe : durant trois jours, tu ne parleras pas aux hommes... Jean craignait Dieu, il était bon envers ses parents il n'était ni violent ni désobéissant (Sourate XIX, 3...14).

Le Coran place aussi la naissance de Jésus dans le domaine du miracle, en reconnaissant la virginité de Marie, une des seules femmes dont le livre saint de l'Islam cite le nom : Jésus est né d'une intervention de Dieu en la personne de Marie, sans qu'il n'y ait eu d'intervention d'homme pour la conception de l'enfant qu'elle allait porter : Mentionne Marie dans le Livre Elle quitta sa famille et se retira en un lieu vers l'orient. Elle plaça un voile entre elle et les siens. Nous lui avons envoyé notre Esprit, il se présenta devant elle sous la forme d'un homme parfait. Elle dit : Je cherche une protection contre toi, auprès du Miséricordieux si toutefois tu crains Dieu. Il dit : Je ne suis que l'envoyé de ton Seigneur pour te donner un garçon pur. Elle dit : Comment aurais-je un garçon ? Aucun mortel ne m'a jamais touchée et je ne suis pas une prostituée. Il dit : C'est ainsi ; ton Seigneur a dit : Cela m'est facile. Nous ferons de lui un signe pour les hommes, une miséricorde venue de nous. Le décret est irrévocable. Elle devint enceinte de l'enfant, puis elle se retira avec lui dans un lieu éloigné (Sourate XIX, 16-22). Quatre prophètes, quant à eux, ont échappé à la mort, au cours de leur jeunesse. Il en fut ainsi pour Abraham, qui avait mis en pièces les idoles adorées par ses compatriotes : ceux-ci menaçaient de le supprimer, comme il avait mis en pièces toutes les idoles. Ses compatriotes dirent : Brûlez-le ! et secourez vos dieux si vous en êtes capables ! Nous dîmes : O feu ! Sois pour Abraham fraîcheur et paix ! Ils voulaient dresser des embûches contre lui, et nous en avons fait les plus malheureux des perdants. Nous l'avons sauvé, ainsi que Loth, en les conduisant dans le pays que nous avons béni pour les mondes (Sourate XXI, 68-71). Joseph, un des fils de Jacob, lui-même fils d'Isaac et petit-fils d'Abraham, échappa également à la mort à laquelle l'avaient voué ses frères jaloux de son prestige. Ceux-ci emmenèrent Joseph, puis ils tombèrent d'accord pour le jeter dans les profondeurs invisibles du puits... Ils revinrent le soir chez leur père en pleurant, et ils dirent : O notre père ! nous étions partis pour jouer à la course, nous avons laissé Joseph auprès de nos affaires. Le loup l'a dévoré. Tu ne nous croiras pas, et, cependant, nous sommes véridiques... Des voyageurs arrivèrent, ils envoyèrent l'homme chargé de puiser l'eau, celui-ci fit descendre son seau. Il dit : Quelle bonne nouvelle ! voici un jeune garçon ! Ils le cachèrent comme une marchandise, mais Dieu savait parfaitement ce qu'ils allaient faire. Ils le vendirent à vil prix pour quelques pièces d'argent, car ils ne voulaient pas le garder. En Égypte, son acquéreur dit à sa femme : Fais-lui bon accueil ; peut-être nous sera-t-il utile, ou l'adopterons-nous pour fils. Nous avons ainsi établi Joseph en ce pays afin de lui enseigner l'interprétation des récits (Sourate XII, 15...21). Comme dans le récit biblique, le récit coranique présente Moïse comme celui qui a été sauvé des eaux.

Alors que Moïse suppliait Dieu de lui accorder un assistant pour l'aider à accomplir la tâche qui lui était confiée, Dieu lui fit savoir que sa prière était exaucée et qu'il allait bénéficier d'une faveur comparable à celle qui lui avait été faite, peu après sa naissance : Dieu dit : O Moïse ! Ta prière est exaucée. Nous t'avions déjà accordé une faveur une première fois, lorsque nous avons révélé à ta mère ce qui lui fut révélé : Jette-le dans le coffret, puis jette celui-ci dans le fleuve, pour que le fleuve le rejette sur la rive, et que mon ennemi, qui est aussi le sien, le prenne. J'ai répandu sur toi mon amour afin que tu sois élevé sous mes yeux (Sourate XX, 36-39). Et le quatrième prophète à être sauvé au cours de sa jeunesse, c'est une fois de plus Jésus, le fils de Marie. Celle-ci, une fois enceinte, puis ayant mis son enfant au monde, s'enfuit dans le désert. Elle dit : Malheur à moi ! Que ne suis-je déjà morte, totalement oubliée ! L'enfant qui se trouvait à ses pieds l'appela : Ne t'attriste pas ! Ton Seigneur a fait jaillir un ruisseau à tes pieds. Secoue vers toi le tronc du palmier, il fera tomber sur toi des dattes fraîches et mûres. Mange, bois et cesse de pleurer (Sourate XIX, 2326). Ce salut obtenu par Marie et par Jésus n'est pas sans rappeler le salut obtenu par Agar et son fils Ismaël, dans leur fuite au désert d'Arabie ; c'est au coeur de cette terre aride que Dieu avait fait sourdre pour eux ce qui allait devenir, selon la tradition musulmane, le puits de Zemzem. L'action des prophètes est véritablement commandée par Dieu, ainsi que le montrent ces témoignages exceptionnels. Il convient de considérer à présent tous ceux qui sont reconnus comme les prophètes envoyés par Dieu, en suivant l'ordre de la Bible, mais en les regardant tels qu'ils apparaissent dans le Coran, qui se refuse toujours à faire une refonte des traditions anciennes à partir d'emprunts aux livres sacrés précédents : Dieu a tout révélé directement à Mahomet tout ce qui a pu intéresser ces grands personnages de l'histoire de l'humanité.

Les prophètes reconnus par la tradition islamique

Tout d'abord, il faut citer le premier homme, Adam, qui a été placé dans le monde comme le lieutenant de Dieu. Un pacte avait été conclu entre Dieu et le premier homme, mais celui-ci, poussé par le démon, l'ange qui avait refusé de se prosterner devant cette nouvelle créature, ange qui a pour nom Iblis, a oublié le pacte conclu et n'a manifesté aucune résolution personnelle en face de Dieu. Iblis tenta Adam, en lui indiquant l'arbre de l'immortalité qui ouvrait, selon lui, les portes d'un Royaume impérissable. Adam désobéit donc à Dieu, puis il est revenu de son erreur, et Dieu l'a de nouveau élu, en le dirigeant selon sa volonté. Selon le Coran, Adam eut d'abord deux fils. Raconte en toute vérité l'histoire des deux fils d'Adam : ils offrirent chacun un sacrifice ; celui du premier fut agréé, celui de l'autre ne fut pas accepté, il dit alors : je vais te tuer. Le premier répondit : Dieu n'agrée que les offrandes de ceux qui le craignent. Si tu portes la main sur moi pour me tuer, je ne porterai pas la main sur toi pour te tuer. Je crains Dieu, le Seigneur des mondes. Je veux que tu prennes sur toi mon péché et ton péché, et que tu sois au nombre des hôtes du feu (telle est la rétribution des injustes). Sa passion le porta à tuer son frère ; il le tua donc et se trouva au nombre des perdants (Sourate V, 27-30).

Le Coran mentionne Idris : Mentionne Idris dans le Livre, ce fut un juste et un prophète, nous l'avons élevé à une place sublime (Sourate XIX, 56-57). On identifie habituellement Idris au patriarche biblique Hénok, dont le récit de la Genèse parle également très brièvement : Hénok vécut en tout trois cent soixante-cinq ans. Ayant suivi les voies de Dieu, il disparut car Dieu l'avait enlevé (Gen. 5, 23-24). Marcher dans les voies de Dieu, c'est agir conformément à la volonté de Dieu, et c'est donc déjà être un parfait musulman.

Noé fut envoyé par Dieu au peuple incrédule pour l'appeler à la conversion : Nous avons envoyé Noé vers son peuple : Je suis pour vous un avertisseur explicite pour que vous n'adoriez que Dieu. Je crains pour vous le châtiment d'un jour douloureux. Les chefs de son peuple, qui n'étaient pas croyants, dirent : Nous ne voyons en toi qu'un mortel semblable à nous. Nous ne te voyons, à première vue, suivi que par les plus méprisables d'entre nous. Nous ne voyons en vous aucune supériorité sur nous. Nous vous prenons, au contraire, pour des menteurs. Il dit : O mon peuple, qu'en pensez-vous ? Si je m'appuie sur une preuve irréfutable envoyée par mon Seigneur - il m'a envoyé sa miséricorde - et qu'elle vous reste cachée par votre aveuglement, devrons-nous vous l'imposer alors que vous y répugnez ?... Il fut révélé à Noé : Nul parmi ton peuple ne croit à part celui qui croyait déjà. Ne t'attriste pas de ce qu'ils font. Construis le vaisseau sous nos yeux et d'après notre révélation. Ne parle plus des injustes, ils vont être engloutis. Chaque fois que les chefs de son peuple passaient près de Noé, lorsqu'il construisait son bateau, ils se moquaient de lui (Sourate XI, 25...38). Noé construisit donc une arche au milieu des quolibets et des ricanements de son peuple, il le chargea d'un couple de chaque espèce animale et de ceux qui partageaient sa foi au Dieu unique. Et, au cours du déluge qui survint, personne n'échappa à la colère de Dieu, sinon ceux à qui Dieu lui-même avait fait preuve de miséricorde. Noé reçut alors les bénédictions de Dieu pour lui et pour tous ceux qui avaient placé leur foi dans le Seigneur de Noé.

C'est à l'occasion de cette sourate sur le patriarche élu de Dieu, que fut Noé, que le Coran exprime clairement la radicale nouveauté des révélations qui ont été faites à Mahomet, rompant ainsi toutes les accusations de plagiat des écrits antérieurs : Ceci fait partie des récits que nous t'avons révélés concernant le mystère. Ni toi, ni ton peuple ne les connaissaient auparavant (XI, 49).

Abraham, qui est l'ami de Dieu, ouvre une nouvelle étape dans l'histoire de la Révélation de Dieu aux hommes ; les Sémites, après lui, invoqueront le Dieu Un, en l'appelant le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob. Si la tradition biblique accorde une grande importance à la migration qu'entreprit Abraham pour aller dans le pays qui lui serait indiqué par Dieu : Pars, va dans le pays que je te montrerai , si elle insiste sur la foi de celui qui partit sans savoir où il allait être mené; la tradition coranique insiste davantage sur la foi d'Abraham avant son départ, elle souligne ainsi les conditions dans lesquelles il entreprit sa migration, en brisant, de manière définitive, avec le polythéisme de ses pères et de ses compatriotes. Le Coran rapporte la visite des trois anges au patriarche et à sa femme, pour lui annoncer la naissance d'Isaac. Nos envoyés apportèrent à Abraham la bonne nouvelle. Ils dirent : Salut ! il répondit : Salut ! et il apporta sans tarder un veau rôti. Mais lorsqu'il vit que leurs mains ne s'en approchaient pas, il ne comprit pas et il eut peur d'eux. Ceux-ci dirent : Ne crains pas ! Nous sommes envoyés au peuple de Loth. La femme d'Abraham se tenait debout et elle riait. Nous lui annonçâmes la bonne nouvelle d'Isaac, et de Jacob, après Isaac. Elle dit : Malheur à moi ! Est-ce que je vais enfanter, alors que je suis vieille, et que celui-ci, mon mari, est un vieillard ? Voilà vraiment une chose étrange ! Ils dirent : L'ordre de Dieu te surprend-il ? Que la miséricorde de Dieu et ses bénédictions soient sur vous, ô gens de cette maison ! Dieu est digne de louange et de gloire (Sourate XI, 69-73). Après cette annonce de la naissance d'un fils à Abraham, celui-ci est averti du châtiment que Dieu a décidé contre le peuple de Loth (le nom de Sodome n'est pas mentionné dans le Coran) : le peuple de Loth fut châtié en raison de son incrédulité et de leur adoration des idoles, Loth fut épargné, mais sa femme, qui se retourna pour regarder le châtiment de la ville périt également. Le Coran mentionne, à plusieurs reprises, le sacrifice du fils d'Abraham, sans jamais le désigner ; aussi, tout porte à croire que la tradition islamique veuille voir, dans ce fils, non pas Isaac, comme dans la tradition biblique, mais Ismaël. Lorsque le fils d'Abraham fut en âge d'accompagner son père, celui-ci dit : O mon fils ! je me suis vu moi-même en songe et je t'immolais, qu'en penses-tu ? Il dit : O mon père ! fais ce qui t'est ordonné. Tu me trouveras patient, si Dieu le veut ! Après que tous deux se furent soumis et qu'Abraham eut jeté son fils, le front à terre, nous lui criâmes : O Abraham ! Tu as cru en cette vision et tu l'as réalisée ; c'est ainsi que nous récompensons ceux qui font le bien : voilà l'épreuve concluante. Nous avons racheté son fils par un sacrifice solennel. Nous avons perpétué son souvenir dans la postérité. Paix sur Abraham ! C'est ainsi que nous récompensons ceux qui font le bien. Il était au nombre de nos serviteurs croyants (Sourate XXXVII, 102-111). Ce qui permet de penser que le fils qu'Abraham allait immoler était Ismaël se trouve précisément indiqué au verset suivant de cette même sourate. Après avoir constaté la justice d'Abraham, celui qui était placé parmi les croyants, le Coran poursuit : Nous lui avons annoncé une bonne nouvelle : la naissance d'Isaac un prophète parmi les justes.

Et, en souvenir de ce sacrifice d'Abraham, les musulmans ont conservé l'habitude d'immoler un mouton le dixième jour du mois du pèlerinage.

A la suite de son père, Abraham, Ismaël fut entièrement soumis à la volonté de Dieu. C'est la raison pour laquelle la tradition coranique le place également parmi les prophètes : Mentionne Ismaël dans le livre, il était sincère en sa promesse, ce fut un apôtre et un prophète. Il ordonnait à sa famille la prière et l'aumône. Il était agréé par son Seigneur (Sourate XIX, 54-55). Isaac, l'autre fils d'Abraham, est aussi considéré comme un prophète parmi les justes (XXXVII, 112). Le Coran a retenu également le nom de certains descendants du prophète et patriarche Abraham : Jacob, le fils d'Isaac et donc le petit-fils d'Abraham, et Joseph, l'un des douze fils de Jacob.

L'histoire de Joseph est racontée dans les cent onze versets d'une sourate qui porte son nom (XII). Tous ces descendants d'Abraham sont déclarés justes et soumis à Dieu en toute chose c'est-à-dire authentiques musulmans.

Si Abraham a pu être considéré comme l'ami de Dieu, Moïse est présenté, quant à lui, comme son interlocuteur. Le Coran rapporte l'histoire de Moïse d'une manière assez comparable à celle qui est rapportée par la Bible judéo-chrétienne.

Enfant, il a été sauvé des eaux, à la suite d'une révélation qui a été faite à sa mère (XX, 38-39), il est recueilli dans la famille même de Pharaon, alors que celui-ci avait décidé de faire périr les enfants mâles issus du peuple d'Israël. Parvenu à l'âge adulte, Moïse est amené à prendre le parti d'un des partisans du peuple d'Israël contre un de ses adversaires et à tuer ce dernier : Moïse lui donna un coup de poing, et le tua. Il dit : Voici une oeuvre du démon ; c'est un ennemi qui égare les hommes. Il dit : Mon Seigneur, je me suis fait tort à moi-même. Pardonne-moi. Dieu lui pardonna. Il est en vérité celui qui pardonne, il est le Miséricordieux (Sourate LVIII, 11-16). A la suite de ce meurtre, Moïse est obligé de s'enfuir du pays Égypte, et il trouve refuge au pays de Madian ; c'est là que, près d'un puits, il rencontre celle qui sera son épouse Mais, comme Jacob, dans le récit biblique, il doit servir, non pas sept ans, mais dix ans, le père de la jeune fille avant de pouvoir la prendre pour femme. Au cours d'un voyage avec sa famille, il aperçoit un feu ardent : Lorsque Moïse voyageait avec sa famille, après avoir accompli le temps fixé (celui du travail avant son mariage), il aperçut un feu du côté du Mont. Il dit à sa famille : Demeurez ici, j'aperçois un feu, peut-être vous en apporterai-je une nouvelle, ou bien un tison ardent ; peut-être vous réchaufferez-vous. Quand il fut arrivé, on l'appela du côté droit de la vallée de Tuwa, dans la contrée bénie et du milieu de l'arbre : O Moïse, je suis en vérité le Seigneur des mondes ! Jette ton bâton ! Lorsque Moïse le vit s'agiter comme des djinns, il tourna le dos sans revenir sur ses pas : O Moïse, approche-toi, n'aie pas peur ; tu es au nombre de ceux qui sont en sécurité. Une autre sourate rapporte également la vocation de Moïse : Je t'ai choisi ! Écoute ce qui t'est révélé : Moi, en vérité, je suis Dieu ! Il n'y a de Dieu que moi. Adore-moi donc ! Observe la prière en invoquant mon nom ! Suit alors le récit des deux signes qui sont accordés à ce nouveau prophète pour le fortifier dans sa mission : le signe de son bâton changé en serpent et le signe de la lèpre sur sa main : Qu'est-cela dans ta main droite, ô Moïse ? Il répondit : C'est mon bâton sur lequel je m'appuie et avec lequel j'abats du feuillage pour mes moutons : il me sert encore à d'autres usages. Dieu dit : Jette-le, ô Moïse ! Il le jeta et le voici, serpent qui rampait. Dieu dit : Saisis-le ! Ne crains rien ! Nous allons le faire revenir à son premier état. Mets ta main sur ton côté ; elle en sortira blanche, sans aucun dommage : autre signe pour te montrer certains de nos plus grands signes. Va chez Pharaon ; il est rebelle (Sourate XX, 17-24). Muni de ces signes, et accompagné de son frère, Aaron, Moïse se rend chez le Pharaon Égypte, qui le fait confronter ses pouvoir avec ceux des magiciens de son pays. Et, malgré tous les signes de la puissance divine manifestés par Moïse, les Égyptiens demeurent dans leur incrédulité. Sous l'ordre de Dieu, Moïse fit sortir son peuple de Égypte, en lui faisant traverser la mer à pied sec : Nous avons révélé à Moïse : Pars de nuit avec mes serviteurs. Ouvre-leur dans la mer un chemin où ils marcheront à pied sec. Ne crains pas d'être poursuivi, n'aie pas peur ! Pharaon les poursuivit avec ses armées, le flot les submergea. Pharaon avait égaré son peuple, il ne l'avait pas dirigé (Sourate XX, 77-79). Dans le désert, Dieu nourrit son peuple avec la manne et les cailles, et le désaltéra avec l'eau sortit du rocher, pendant les quarante années du séjour du peuple hébreu dans le désert. Moïse se rendait à la rencontre de Dieu. Lorsque Moïse vint à notre rencontre et que son Seigneur lui parla, il dit : Mon Seigneur ! montre-toi à moi pour que je te voie ! Le Seigneur dit : Tu ne me verras pas, mais regarde vers le Mont, s'il reste immobile, tu me verras. Mais lorsque son Seigneur se manifesta sur le Mont, il le mit en miettes et Moïse tomba foudroyé. Lorsqu'il se fut ressaisi, il dit : Gloire à toi ! Je reviens à toi ! Je suis le premier des croyants ! Le Seigneur dit : O Moïse ! Je t'ai choisi de préférence à tous les hommes pour que tu transmettes mes messages et ma parole. Prends ce que je t'ai donné et sois au nombre de ceux qui me sont reconnaissants. Nous avons écrit pour lui sur les Tables une exhortation sur tous les sujets et une explication de toute chose (Sourate VII, 143-145). Les commandements, transmis par Dieu à Moïse, au moyen des tables de la Loi, sont rappelés dans le Coran, mais sans référence à la révélation mosaïque. Ce que Dieu ordonne, c'est de ne reconnaître que le culte du Dieu unique en refusant aux croyants le culte des idoles qui ne sont que du vent ; le croyant doit également mener une vie exemplaire, se soumettant en tout à la volonté du Dieu unique, se refusant de l'invoquer vainement dans des serments, demeurant bon et respectueux à l'égard de ses parents, s'interdisant toute forme d'homicide, se refusant à tout ce qui pourrait faire tort à son semblable, comme le mensonge, l'adultère, le vol, la jalousie, la calomnie Pendant que Dieu parlait avec Moïse, cette rencontre ayant duré quarante jours, le peuple construisit une idole, un veau d'or, pour représenter son Dieu. En descendant de la montagne, Moïse entra dans une violente colère et jeta par terre les tables de la Loi, qui lui avaient été données par Dieu. Celui-ci lui pardonna ce mouvement d'humeur et maintint l'alliance contractée, permettant au peuple hébreu d'entrer en possession de la Terre sainte de Dieu.

Quelques versets coraniques sont consacrés aux trois premiers rois du peuple d'Israël : Saül, David et Salomon. Leur prophète leur dit : Dieu vous a envoyé Saul comme roi. Ils dirent : Comment aurait-il l'autorité sur nous ? Nous avons plus de droit que lui à la royauté, et il n'a même pas l'avantage de la richesse. Il dit : Dieu l'a choisi de préférence à vous tous, et il lui a octroyé une supériorité sur vous grâce à la science et à la stature dont il est doué. Dieu donne sa royauté à qui il veut (Sourate II, 247). David est présenté comme celui qui a donné les Psaumes au peuple d'Israël : il est celui qui a chanté Dieu en lui rendant hommage par toutes les merveilles de la création : Nous lui avons soumis les montagnes pour qu'elles célèbrent avec lui nos louanges, soir et matin, ainsi que les oiseaux rassemblés autour de lui. Tout revient à Dieu (Sourate XXXVIII, 18-19). Mais David, ainsi que le souligne le récit biblique, pécha contre Dieu en convoitant la femme d'Urie, l'un de ses officiers ; le Coran rappelle également ce péché de David. David comprit que nous avions seulement voulu l'éprouver. Il demanda pardon à son Seigneur, il tomba prosterné et se repentit. Nous lui avons pardonné : il a près de nous une place et un beau lieu de retour. O David, nous avons fait de toi un lieutenant sur la terre : juge les hommes selon la justice, ne suis pas ta passion, elle t'égarerait loin du chemin de Dieu. Ceux qui s'égarent loin du chemin de Dieu subiront un terrible châtiment pour avoir oublié le jour du Jugement (XXXVIII, 24-26). A David et à son fils, Salomon, Dieu donna une très grande science et sagesse au milieu des hommes : Nous avons donné une science à David et à Salomon Ils dirent : Louange à Dieu qui nous a préférés à beaucoup de ses serviteurs croyants. Salomon hérita de David et il dit : O vous, les hommes, on vous a appris le langage des oiseaux. Nous avons été comblés de tous les biens : voilà, vraiment, une grâce manifeste (Sourate XXVII, 11-17). La renommée de sagesse de Salomon s'étendit sur toute la terre, et la reine de Saba vint lui rendre visite, pour constater et admirer en personne toute la sagesse qui avait été accordée à ce roi d'Israël ; elle renonça au polythéisme et fit preuve de soumission à l'égard du Dieu unique, le Souverain de l'univers, le Seigneur des mondes.

De ceux que la Bible judéo-chrétienne considère comme les grands prophètes d'Israël, le Coran ne retient que quelques noms. D'abord, le prophète Élie est simplement mentionné au nombre des justes, parmi les descendants d'Abraham : Nous lui avons donné Isaac et Jacob - nous les avons tous deux dirigés - nous avions auparavant dirigé Noé, et, parmi ses descendants : David, Salomon, Job, Joseph, Moïse, Aaron - nous récompensons ainsi ceux qui font le bien - Zacharie, Jean, Jésus, Élie - ils étaient tous au nombre des justes - Ismaël, Élisée, Jonas et Loth (Sourate VI, 84-86). Élisée, le successeur biblique Élie, est ainsi mentionné également, comme l'un de ceux qui ont été choisis par Dieu pour être guidés sur la voie droite. Jonas, présenté comme l'homme au poisson, est également évoqué par le Coran, à plusieurs reprises : Soumets-toi au décret de ton Seigneur, ne sois pas comme l'homme au poisson lorsqu'il criait et suffoquait ! Si un bienfait de son Seigneur ne l'avait pas sauvé, il aurait été rejeté en réprouvé sur la terre nue. Son Seigneur l'a élu et il l'a placé au nombre des justes (Sourate LXCIII, 48-50). L'histoire de Jonas est relatée en ces termes : Jonas était au nombre des envoyés. Il s'enfuit sur un vaisseau bondé puis on tira au sort et il se trouva au nombre des perdants. Le poisson l'avala alors qu'il se blâmait lui-même. S'il n'avait pas été au nombre de ceux qui célèbrent les louanges de Dieu, il serait resté dans le ventre du poisson jusqu'au jour de la résurrection. Nous l'avons, après cela, rejeté malade sur la terre nue et nous avons fait croître, au-dessus de lui un plant de Yaqtin (de courge, ou de ricin ?). Nous l'envoyâmes à cent mille hommes - ou plus encore -. Ils crurent, et nous leur accordâmes une jouissance temporaire (XXXVII, 139-148). Le Coran mentionne enfin Job parmi les prophètes du peuple d'Israël : Job est l'exemple typique du serviteur souffrant, qui se soumet en tout à la volonté de Dieu, se comportant comme un véritable et fidèle musulman : Mentionne notre serviteur Job. Il cria vers son Seigneur : Le démon m'a atteint par une souffrance et un châtiment... Nous lui avons rendu sa famille et deux fois plus nombreuse : ce fut une miséricorde venue de nous et un souvenir pour ceux qui sont doués d'intelligence... Quel excellent serviteur ! Il était plein de repentir ! (Sourate XXXVIII, 41-44) A la suite de ces envoyés de Dieu, qui ont traversé l'histoire du peuple hébreu, de nouveaux envoyés sont chargés d'une mission par Dieu, dans l'histoire du peuple des chrétiens. C'est ainsi que le Coran parle de Zacharie, de Jean-Baptiste, de Marie qui est considérée comme la Vierge Mère de Jésus : le Coran relate le récit de l'Annonciation, de l'annonce faite à Marie qu'elle serait la mère de Jésus ; il affirme aussi la conception virginale de cet enfant, juste parmi les justes ; il raconte aussi sa naissance au milieu de certains prodiges, puisqu'il parle comme un homme plein de sagesse, dès son berceau. Elle (Marie) se rendit auprès des siens, en portant l'enfant. Ils dirent : O Marie ! Tu as fait quelque chose de monstrueux ! O soeur d'Aaron ! Ton père n'était pas un homme mauvais et ta mère n'était pas une prostituée. Elle fit signe au nouveau-né, et ils dirent alors : Comment parlerions-nous à un enfant au berceau ? Celui-ci dit : Je suis, en vérité, le serviteur de Dieu. Il m'a donné le Livre ; il a fait de moi un prophète ; il m'a béni où que je sois. Il m'a recommandé la prière et l'aumône tant que je vivrai, et la bonté envers ma mère. Il ne m'a fait ni violent, ni malheureux. Que la paix soit sur moi, le jour où je naquis, le jour où je mourrai, le jour où je ressusciterai (Sourate XIX, 27-33). Jésus est donc oc prophète, et il est très considéré dans l'Islam, puisqu'il est mentionné, dans le Coran, treize fois comme le fils de Marie et trois fois comme le Messie, fils de Marie. A la fin de sa vie, Jésus monte au ciel, d'où il reviendra au moment du Jugement dernier ; les musulmans ne peuvent pas admettre que Dieu ait laissé crucifier et mourir Jésus, ils pensent que Dieu l'a miraculeusement rappelé à lui et qu'un autre homme a été crucifié à sa place, ils partagent ainsi les doutes des juifs sur la mort et la résurrection de Jésus, admises comme des vérités fondamentales de la foi chrétienne. Nous les avons punis parce qu'ils n'ont pas cru, parce qu'ils ont proféré une horrible calomnie contre Marie, et parce qu'ils ont dit : oui, nous avons tué le Messie, Jésus, fils de Marie, le Prophète de Dieu. Mais ils ne l'ont pas tué, ils ne l'ont pas crucifié ; cela leur est seulement apparu ainsi. Ceux qui sont en désaccord à son sujet restent dans le doute ; ils n'en ont pas une connaissance certaine, ils ne suivent qu'une conjecture ; ils ne l'ont certainement pas tué, mais Dieu l'a élevé vers lui. Dieu est puissant et juste. Il n'y a personne, parmi les gens du Livre, qui ne croie en lui avant sa mort, et il sera un témoin contre eux, le jour de la Résurrection (Sourate IV, 156-159).

Si les chrétiens ne cessent pourtant d'affirmer la mort sur la croix de Jésus et sa résurrection, c'est qu'ils ont perverti le message évangélique ; d'ailleurs, ils ont même falsifié les paroles de Jésus. Celui-ci a annoncé la venue d'un autre Prophète après lui, Mahomet ; les chrétiens ont toujours caché cette annonce prophétique de la naissance de l'Islam. Jésus, fils de Marie dit : O fils d'Israël ! Je suis, en vérité, le Prophète de Dieu, envoyé vers vous, pour confirmer ce qui, de la Torah, existait avant moi, pour vous annoncer la bonne nouvelle d'un prophète qui viendra après moi, et dont le nom est : Ahad. Mais lorsque celui-ci vint à eux avec des preuves incontestables, ils dirent : Voilà une sorcellerie évidente (Sourate LXI, 6). Les chrétiens auraient donc refusé d'admettre que Jésus était envoyé de Dieu pour annoncer la venue d'un autre que lui, ils auraient même substituer au terme ' periclutos ' qui signifie en grec : le loué, l'illustre, et qui se traduit en arabe par Ahmad (qui est aussi le nom de Mahomet), le terme ' paracletos ', le Paraclet qu'ils ont traduit par le Saint-Esprit, altérant ainsi profondément le message même de celui qu'ils prétendent servir. De plus, les chrétiens ont altéré le dogme de l'unicité absolue de Dieu, en parlant de l'Incarnation et de la Trinité. Dieu ne saurait avoir un fils : et Dieu ne peut avoir d'associés à ses côtés. En parlant du Fils de Dieu et de l'Esprit Saint, comme de la deuxième et de la troisième personne du Dieu unique, les chrétiens ont trahi l'unité de Dieu. Cependant, lorsque des chrétiens entendent la prédication islamique et qu'ils la comprennent comme la révélation de Dieu faite à son grand Prophète, ils demandent presque nécessairement à devenir musulmans. Le Coran témoigne de l'attitude de ces chrétiens, en reconnaissant qu'ils sont sans doute moins adversaires de la véritable religion que les polythéistes et les juifs. Tu constateras que les hommes les plus hostiles aux croyants sont les juifs et les polythéistes. Tu constateras que les hommes les plus proches des croyants par l'amitié sont ceux qui disent : Oui, nous sommes chrétiens ! parce qu'on trouve parmi eux des prêtres et des moines qui ne s'enflent pas d'orgueil. Tu vois leurs yeux déborder de larmes lorsqu'ils entendent ce qui est révélé au Prophète, à cause de la Vérité qu'ils reconnaissent en lui. Ils disent : Notre Seigneur ! nous croyons ! Inscris-nous donc parmi les témoins ! Pourquoi ne croirions-nous pas en Dieu et à la Vérité qui nous est parvenue ? Pourquoi ne désirerions-nous pas que notre Seigneur nous instruise en la compagnie des justes ? Dieu leur accordera en récompense de leurs affirmations, des jardins où coulent les ruisseaux. Ils y demeureront immortels : telle est la récompense de ceux qui font le bien (Sourate V, 82-85).

A côté des prophètes envoyés au peuple hébreu, à côté des prophètes envoyés aux chrétiens, le Coran reconnaît l'existence de prophètes envoyés par Dieu aux Arabes. A plusieurs reprises, le Coran revient sur ces trois prophètes qui ont été envoyés par Dieu aux Arabes avec la mission de leur annoncer la nécessité de revenir au culte de l'Unique : ces prophètes étaient issus d'un peuple idolâtre, et Dieu les avait institués comme ses envoyés au milieu de leur communauté, ils furent traités de menteurs par leurs compatriotes incrédules.

La sourate VII, parmi d'autres, rapportent l'expérience de ces trois prophètes : Houd, Salih et Chuaïb. Aux Ad, nous avons envoyé leur frère Houd. Il dit : O mon peuple ! Adorez Dieu ! Il n'y a pas, pour vous, d'autre Dieu que lui. Ne le craignez-vous pas ? Les chefs qui, parmi son peuple, étaient incrédules dirent : Nous voyons ta folie ! Nous te considérons comme un menteur ! Il dit : O mon peuple ! Je ne suis pas fou, je suis un envoyé du Seigneur des mondes. Je vous ai fait parvenir les messages de mon Seigneur. Je suis, pour vous, un conseiller digne de confiance. Êtes-vous étonnés que, par l'intermédiaire d'un homme issu de vous, un rappel de votre Seigneur vous soit parvenu pour vous avertir ?... Ils dirent : Es-tu venu à nous pour que nous adorions Dieu, l'unique, et que nous abandonnions ce que nos pères adoraient ? Apporte-nous donc ce dont tu nous menaces, si tu es véridique. Houd dit : Le courroux et la colère de votre Seigneur tombent sur vous ! Allez-vous discuter avec moi sur les noms que vous et vos pères avez donnés à ceux auxquels Dieu n'a accordé aucun pouvoir ? Attendez donc ! Je suis, avec vous, parmi ceux qui attendent ! Nous l'avons sauvé, lui et les siens, par une miséricorde venue de nous. Nous avons exterminé ceux qui traitaient nos signes de mensonges et oui n'étaient pas croyants. Aux thamoud, nous avons envoyé leur frère Salih. Il dit : O mon peuple ! Adorez Dieu ! Il n'y a pas pour vous d'autre Dieu que lui... Souvenez-vous : il vous a désignés comme ses lieutenants après les Ad... Souvenez-vous des bienfaits de Dieu. Ne commettez pas de crimes sur la terre en la corrompant... Ceux qui étaient remplis d'orgueil dirent : Nous ne croyons certainement pas en ce que vous croyez... O Salih, apporte-nous ce que tu nous promets si tu es au nombre des envoyés. Le cataclysme fondit sur eux, et le matin suivant, ils gisaient dans leurs demeures... Aux gens de Madian, nous avons envoyé leur frère Chuaïb. Il dit : O mon peuple ! Adorez Dieu ! Il n'y a pas, pour vous, d'autre Dieu que lui. Une preuve de votre Seigneur vous est déjà parvenue. Donnez la mesure et le poids exacts. Ne causez pas de tort aux hommes dans leurs biens. Ne semez pas le scandale sur la terre. Ne vous placez pas sur tous les chemins pour menacer et détourner de la voie de Dieu celui qui croit en lui, en souhaitant rendre cette voie tortueuse... Les chefs qui, parmi son peuple, étaient remplis d'orgueil, dirent : Nous te chasserons de notre cité, ô Chuaïb, toi et ceux qui ont cru en même temps que toi, à moins que vous ne reveniez à notre religion. Il dit : Eh quoi ! Même si nous la détestons ? Si nous revenions à votre religion, c'est que nous aurions forgé un mensonge contre Dieu. Il ne nous appartient pas d'y retourner après que Dieu nous en a délivrés, à moins que Dieu, notre Seigneur, le veuille. La science de notre Seigneur s'étend à toute chose. Nous nous confions à Dieu... Les chefs qui, parmi son peuple, étaient incrédules, dirent : Si vous suivez Chuaîb, vous serez certainement perdants. Le cataclysme fondit sur eux, et, le matin suivant, ils gisaient dans leurs demeures. Ceux qui avaient traité Chuaïb de menteur disparurent comme s'ils n'y avaient jamais habité. Voilà les perdants (Sourate VII, 65...92).

Ainsi, des avertissements divins ont été adressés aux hommes de toutes les générations et de tous les lieux, mais les incrédules ont toujours refusé de croire en leur message, ils ont suscité et fortifié l'opposition à la parole des envoyés de Dieu. Et le Coran conclut cette expérience prophétique, toujours malheureuse : Voici les cités dont nous te racontons l'histoire. Leurs prophètes étaient venus à eux avec des preuves évidentes, mais ils ne crurent pas dans ce qu'ils avaient auparavant traité de mensonges. Voilà comment Dieu met un sceau sur le coeur des incrédules. Nous n'avons trouvé chez la plupart d'entre eux aucune trace d'alliance et nous avons trouvé que la plupart d'entre eux sont pervers (VII, 101-102).

Le jugement dernier

Le troisième aspect du dogme fondamental de l'Islam, qui reconnaît l'unicité absolue de Dieu, affirmée par le témoignage de ses envoyés et prophètes, concerne la rétribution universelle des hommes, selon le bien ou le mal qu'ils auront accompli au cours de leur existence terrestre. Tout le message de tous les prophètes reconnus par le Coran pourrait se résumez dans un appel urgent à se soumettre à la volonté du Dieu unique afin d'échapper à la menace terrible du jugement que Dieu porte sur les hommes, et particulièrement sur le châtiment qu'il prévoit pour tous les incrédules. Le jugement dernier récompensera infiniment le croyant et punira infiniment l'infidèle.

L'affirmation de l'unicité de Dieu implique presque nécessairement en elle-même qu'il est le créateur et le maître souverain de l'ensemble de l'univers. Lui qui n'est pas engendré et qui n'engendre pas a créé le monde, seul et à partir de rien. Et si le Coran ne comporte pas un récit suivi de la Création comme celui qui ouvre la Bible judéo-chrétienne, il remarque cependant que Dieu a effectué sa création, d'une manière comparable à celle qui peut être affirmée dans la religion juive ou dans la religion chrétienne. Il suffit qu'il parle pour que ce qu'il veut parvienne à l'existence pour expliquer aux incrédules les motifs de leurs dissensions et pour qu'ils sachent qu'ils sont menteurs, notre seule Parole, lorsque nous voulons une chose, est de lui dire : Sois, et elle est (Sourate XVI, 39-40). C'est aussi en six jours qu'Allah a créé le ciel et la terre, et tout ce qu'ils contiennent, à commencer par l'homme. Votre Seigneur est Dieu : il a créé les cieux et la terre en six jours, puis il s'est assis en majesté sur son Trône. Il couvre le jour de la nuit qui poursuit celui-ci sans arrêt. Le soleil, la lune et les étoiles sont soumis à son ordre. La création et l'ordre ne lui appartiennent-ils pas ? Béni soit Dieu, le maître des mondes (Sourate VII, 54). Il a créé tous les êtres vivants qui apparaissent comme autant de signes de sa puissance dans le monde, qu'il confie au premier homme comme à son lieutenant, puisque, à cet homme il a lui-même insufflé de son esprit, en ordonnant par la suite aux anges de se prosterner devant ce qui était le sommet de la création. Les anges, qui sont en quelque sorte contraints de se prosterner devant l'homme, sont aussi des créatures de Dieu.

Le rôle de ces anges est de louer sans cesse la divinité de Dieu, nuit et jour, sans se lasser ; mais il est aussi de servir d'intermédiaires entre Dieu et les hommes : ce sont eux qui transmettent, par exemple, aux prophètes les messages divins.

Ainsi en est-il particulièrement de Gabriel, qui est considéré par le Coran comme le messager privilégié de Dieu ; Michel est l'ange qui veille sur l'ensemble de la nature ; Izraïl est l'ange de la mort, tandis que Izrafil est l'ange qui sera chargé de sonner au clairon l'heure du jugement dernier. Il faut aussi compter les deux anges gardiens que Dieu accorde à chaque homme pour qu'ils soient les témoins de ses bonnes et de ses mauvaises actions ; ils seront présents, au moment du jugement, comme les garants de la conduite de chaque homme, avant que celui-ci ne puisse entrer dans le Paradis ou qu'il ne soit condamné à la Géhenne du feu éternel. Quant à Iblis, déjà nommé, comme celui qui a refusé de se prosterner devant le premier homme, il a été maudit de Dieu et condamné à errer éternellement, mais il réussit à se concilier les grâces d'une foule de petits démons, que la tradition préislamique connaissait déjà sous le nom de djinns , formant avec eux tout un peuple qui sera puni, au jour du jugement, en raison du mal qu'il aura fait à l'ensemble de l'humanité.

Dieu, le créateur de toutes choses, aime sa création et il manifeste toujours sa miséricorde à chacune de ses créatures, mais il sait être aussi le juge intransigeant, qui imposera son jugement sur l'ensemble de l'humanité, en considérant la manière dont elle aura vécu dans la soumission à sa volonté.

Dieu est à la fois le créateur, celui qui a parlé aux hommes par l'intermédiaire des prophètes, leur enseignant ses lois, et il est le maître suprême de la vie et de la mort : il ressuscitera les hommes pour les juger et pour les rétribuer dans une vie future. En effet, pour la foi islamique, comme pour les autres religions monothéistes, l'histoire humaine s'achève par la résurrection des morts et le jugement dernier, que les morts attendent dans leur tombe, sauf les prophètes et ceux qui sont morts martyrs pour la cause de Dieu, qui ont accès directement au Paradis éternel. Dès les premiers temps de sa prédication, Mahomet apparaît comme hanté par l'imminence de ce jugement qui lui a été révélé :- Par l'instant ! oui, l'homme est en perdition, à l'exception de ceux qui croient, de ceux qui accomplissent des oeuvres bonnes, de ceux qui s'encouragent mutuellement à rechercher la vérité, de ceux qui s'encouragent mutuellement à la patience (Sourate CIII). Celle qui fracasse Qu'est-ce donc que celle qui fracasse ? Comment pourrais-tu savoir ce qu'est celle qui fracasse ? Ce sera le Jour où les hommes seront semblables à des papillons dispersés et les montagnes à des flocons de laine cardée. Celui dont les oeuvres seront lourdes connaîtra une vie heureuse. Celui dont les oeuvres seront légères aura un abîme pour demeure. Comment pourrais-tu le connaître ? C'est un feu ardent (Sourate CI). Les incrédules, ceux qui auront refusé de se soumettre à la foi monothéiste, seront condamnés au feu de la Géhenne, tandis que les croyants, ceux qui auront accompli de bonnes oeuvres, en accord avec la foi monothéiste, auront une récompense, celle de vivre pour toujours dans les jardins paradisiaques où ils demeureront immortels. Les prédictions, qui jalonnaient la prédication de Mahomet, ont certainement pu ébranler quelque temps ses premiers auditeurs polythéistes, en raison de la grande conviction qui animait le Prophète quand il parlait. Mais Dieu seul est le maître de l'heure de son jugement. Ils t'interrogent au sujet de l'heure : Quand viendra-t-elle ? Dis : La connaissance de l'heure n'appartient qu'à Dieu, nul autre que lui ne la fera paraître en son temps. Elle sera pesante dans les cieux et sur la terre, et elle vous surprendra à l'improviste (Sourate VII, 187-188). Si Mahomet ignorait le moment que Dieu seul pouvait fixer, il n'en savait pas moins que cette heure était inévitable et que le jugement arriverait, soit dans ce monde soit dans l'autre. Mais, ses compatriotes, polythéistes et incrédules, ne voyant pas l'heure advenir sur le champ, ne découvrant même pas les signes qui annonçaient la réalité de cette heure, se replongeaient dans leurs anciennes erreurs.

Au jour du jugement, après les sonneries de clairon faites par Izrafil, annonçant la mort et la résurrection pour tous les hommes, chacun comparaîtra devant Dieu, muni du livre qui porte l'ensemble de ses actions, bonnes et mauvaises, en présence de ses deux anges gardiens. Ceux qui seront trouvés justes entreront en Paradis, qui est décrit comme une oasis agréable : ils se tiendront au milieu de jujubiers sans épines et d'acacias bien alignés ; ils jouiront de spacieux ombrages, d'une eau courante, de fruits abondants non cueillis à l'avance ni interdits ; ils se reposeront sur des lits élevés (Sourate LVI, 28-34). Ceux qui seront trouvés injustes, incrédules, seront condamnés à la Géhenne, présentée comme un feu qui ne s'éteint pas : ils seront exposés à un souffle brûlant, dans une eau bouillante, sous une ombre de fumée chaude, ni fraîche ni bienfaisante (LVI, 42-44). Naturellement, la description du paradis et de l'enfer utilise les métaphores suggestives que les Bédouins, habitués à la sécheresse et à l'aridité de la vie dans le désert, pouvaient comprendre et apprécier à leur juste mesure... Mais, il faut le souligner, toutes les descriptions ne sont que des suggestions, la réalité même du paradis ou de l'enfer étant inexprimable.

Le dogme de l'Islam

L'ensemble de la doctrine islamique, fondée sur la révélation de Dieu a Mahomet tient finalement en trois petits articles de foi, d'où vont découler toutes les autres obligations du croyant :

1) Dieu est Unique,

2) Mahomet est l'envoyé de Dieu, dans la ligne des prophètes des temps antérieurs,

3) Le jugement dernier, annoncé par Mahomet, de la part de Dieu récompensera les croyants et punira les infidèles.

En fait, la profession de foi musulmane tient en une seule phrase, qui est répétée tout au long de la vie de chaque musulman, et qui est la profession de foi, la shahâda : J'atteste qu'il n'y a pas d'autre Dieu qu'Allah. Allah est grand et il n'y a pas d'autre Dieu que lui. J'atteste que Mahomet est l'envoyé d'Allah.