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Hindouisme

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Avec une superficie de 3 287 732 kms² (soit environ 6 fois la France), l'Inde est le septième  pays du monde. La plus grande distance couvre 2 933 kms d'est en ouest, et 3 214 kms du nord au sud.

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Bordée par la Chine, le Népal, le Bouthan, la Birmanie, le Ban­gladesh, le Pakistan, l'Inde possède 15200 kms de frontières terrestres et 6100 kms de littoral.

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Le Gange est un fleuve important (3 090 km) dans l'Inde du Nord. Il prend sa source dans l'Himalaya. A 210 km de sa source, il conflue avec une rivière pour former le Gange propre­ment dit. Il coule ensuite à travers la plaine indienne du nord, et se jette dans le golfe du Bengale en formant un impor­tant delta.

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Le Gange est considéré comme sacré par les Hindous. Depuis trois mille ans, les Hindous considèrent le Gange comme l'image d'un être divin, une source de pureté.

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Des millions de personnes fréquentent les pèlerinages qui s'y déroulent, de l'embouchure à la source. Les pèlerins de toutes les provinces se déplacent pour boire son eau et prendre un bain rituel, ce qui efface les fautes.

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Cette eau est supposée guérir les malades, on la boit lors des mariages, on en humecte les lèvres des agonisants, on en expé­die des jarres dans tous les pays.

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Les dévots hindous font des pèlerinages pour se baigner dans ses eaux et pratiquer la méditation sur ses rives. L'immersion dans le Gange est censée laver le croyant de ses péchés et la dispersion des cendres dans le fleuve peut apporter une meil­leure vie future et même permettre d'atteindre plus tôt la dé­livrance.

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La religion principale de l'Inde, l'hindouisme, n'échappe pas à l’intuition fondamentale des grandes religions qui fait de l’eau une force purificatrice.

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La vie du fidèle hindou est essentiellement ponctuée d'ablu­tions rituelles, notamment dans les eaux du Gange, fleuve sa­cré entre tous ceux de l'Inde, notre mère Ganga. C'est avec lui que s'écoule toute la vie humaine.

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En effet, ce fleuve porte en lui-même l'ultime signification : le temps n'existe pas. Partout, il est le fleuve simultanément, à sa source, dans son cours et jusqu'à son embouchure.

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Pour lui, seul le présent compte ; en lui, point de passé ni d'avenir. Toute la souffrance humaine réside dans la condition temporelle de l'homme.

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Si celui-ci est capable de se libérer du temps, qui pèse sur lui comme un fardeau, il peut atteindre le plein épanouissement de sa nature. S'affranchir du temps, c'est entrer en communica­tion avec le sacré, avec le divin, c'est entrer en communion avec lui pour toute l'éternité.

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Indien et Hindou : L'hindouisme, qui se veut la religion officielle de l'Inde, est une religion très importante dans l'ensemble des grandes religions du monde : il suffit de savoir qu'il regroupe plus de quatre cent millions de fidèles pour avoir une simple idée de l'impact qu'il peut avoir numériquement en Orient. Mais il convient de noter aussi de remarquer qu'elle ne peut se comparer aux religions occidentales, qui ont une visée universaliste, voulant se répan­dre dans l'ensemble du monde et non pas se limiter simplement à la région dans lesquelles elles ont pu voir le jour, d'où était originaire leur fondateur.

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        Les origines

        Les doctrines et les croyances

        L ’expression de la religion

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3000 ans avant JC, des paysans vivaient dans la plaine de l’Indus.

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Vers 1500 avant JC, ils sont envahis par des nomades, les Aryens, venus d’Iran. Ils ont apporté les Vedas (le savoir), le char, les sacrifices rituels… Les peuples ont mélangé leurs tra­ditions et leurs textes pour donner un sens à la représentation du monde et des religions.

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La religion repose sur une cosmogonie qui explique la formation de l’univers. Il connaît des phases alternées de création et de destruction.

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De là, l’idée de réincarnation apparaît.

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Les Vedas sont les plus anciens textes d’Inde, considérés comme la Révélation. Il s ’agit avant tout de textes rituels, classés selon les directives d’effectuer des sacrifices. On dis­tingue quatre volets, à savoir : Rig-Veda (collection des hymnes des dieux), Sama-Veda (collection des chants d’offrande), Ya­jur-Veda (collection des maximes d’offrande), Atharva-Veda (collection des maximes magiques). La collection a été terminée autour de l’an 1000 avant Jésus-Christ.

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Aux textes des Vedas s’ajoutent des poèmes épiques qui ras­semblent des légendes transmises oralement et qui sont à l’origine de nombreuses célébrations : le Mahabharatha et le Ramayana.

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Ainsi, l'hindouisme n'a pas de fondateur, comme Moïse, Jésus ou Mahomet... Il est issu d'une tradition qui se perd dans la nuit des temps, mais qui traduit la Loi éternelle qui a été révélée par les dieux à des sages, à un moment ou à un autre de l'histoire.

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(Agni, dieu des sacrifices). A proprement parler, on ne peut guère employer le vocabulaire de religion pour cette forme de pensée et surtout d'agir selon les règles les plus anciennes. D'ailleurs, ce sont les Occidentaux qui, désireux de mieux connaître cet Orient mystérieux, ont donné ce nom à un mode de conduite des hommes qui peuplaient les bords de l'Indus.

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(Surya, dieu du soleil). Ce n'est qu'à une époque ré­cente, au cours du dix-neuvième siècle, que les sages indiens ont repris à leur compte cette détermination commode pour désigner l'ensemble des doctrines qu'ils enseignaient et transmettaient.

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Surya, dieu du soleil

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Varuna, Seigneur de l’univers

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La religion hindoue est l’une des grandes religions du monde avec le Christianisme et l’Islam. En effet, on voit des sages avec des traits blancs dessinés sur le front, des vendeurs d’objets spirituels dans la rue, des autocollants représentant des divinités sur pratiquement tout les véhicules, des bâtonnets d’encens fixés sur le capot des voitures, des images religieuses dans les restaurants, et même des commerces portant le nom des divinités hindoues !

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L’hindouisme aujourd’hui

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L'Inde, l'Île Maurice et le Népal sont des nations majoritaire­ment hindouistes. On trouve actuellement des minorités hin­douistes importantes dans les pays suivants : le Bangladesh (11 millions), la Birmanie (7,1 millions), le Sri Lanka (2,5 millions), les États-Unis (1,7 million), le Pakistan (1,3 million), l'Afrique du Sud (1,2 million), le Royaume-Uni (1,2 million), la Malaisie (1,1 million), le Canada (0,7 million), les Fidji (0,5 million), Trinité-et-Tobago (0,5 million), Guyana (0,4 million), les Pays-Bas (0,4 mil­lion) et le Suriname (0,2 million).

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Les dieux

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Les Hindous vénèrent plusieurs dieux dont : Brahma le créateur, Vishnu le protecteur, Shiva le destructeur, Ganesh le dieu à la tête d’éléphant et il est représenté assis sur un trône, tantôt sur une souris, c’est le Dieu de l’intelligence. Kama le dieu de l’amour et Agni le dieu du feu. Les hindous voient une divinité dans tout ce qui est vivant.

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Brahma dieu créateur. Il a quatre têtes et quatre mains. Il porte un objet de sacrifice, de l’eau salée, les Vedas et un cha­pelet.

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Brahma

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Brahma

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Brahma

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Brahma

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Vishnou est le dieu conservateur. Il a quatre mains : la première porte une conque marine indiquant la propagation du son divin « Om » ; la deuxième porte un disque denté, un rappel de la roue du temps et pour mener une belle vie ; la troisième porte un lo­tus, symbole de l ’existence glorieuse ; la quatrième porte une masse d ’or représentant le pouvoir et la possibilité du dieu de punir celui qui n ’a pas de discipline dans sa vie.

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Vishnou

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Vishnou

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Vishnou

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Shiva est le dieu destructeur mais aussi créateur. Il apparaît sous les traits d ’un ascète toujours en posture heureuse assis sur une peau de tigre, des serpents autour du cou. Le front est percé du troisième œil. Les cheveux non coupés sont relevés sur le sommet du crâne et maintenus par un croissant de lune. De ceux-ci jaillit un jet d ’eau (Ganga).  Il porte un trident dans sa main et des cendres recouvrent son corps.

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Shiva

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Shiva

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Lakshmi a quatre bras, les cheveux longs. Elle est souvent re­présentée assise sur une fleur de Lotus et des pièces d’or s’écoulent de sa main. Aussi est-ce la déesse de la richesse.

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Lakshmi

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Lakshmi

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Saraswati a quatre bras, porte une couronne. C’est la déesse de l’art et du savoir, et l’épouse de Brahma.

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Saraswati

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Krishna est représentée toujours à la peau bleue et jouant de la flûte. Elle est le dieu champêtre de l’amour et du jeu.

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Krishna

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Krishna

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Durga est la déesse qui symbolise l’illusion et la fin de la tyran­nie.

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Durga

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Durga

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Rama est représentée à la peau bleue avec deux bras. Elle est la plus habile tireuse à l’arc du panthéon hindou.

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Rama

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Rama

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Ganesh, à tête d’éléphant, est le seigneur de l’intelligence.

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Ganesh

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Organisation sociale : Il n'est pas possible d'isoler le phéno­mène de l'hindouisme de la réalité du peuple indien. La caracté­ristique première qui apparaît immédiatement aux yeux de l'oc­cidental, c'est celle des castes. Mais ce terme lui-même n'est pas d'origine indienne : il a d'abord été employé par les Portu­gais qui ont été les premiers à coloniser l'Inde ; le mot casta, en portugais, est employé pour établir des distinctions entre les races ou les espèces, il trouve son application aussi bien dans le monde humain que dans le monde animal.

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L’hindouisme a plusieurs fondements sociaux et spirituels. Les plus importants sont le système des castes et l’enseignement du Karma (agir) et du Samsara (la réincarnation).

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Les castes définissent le statut social, fixent les droits et les obligations de chacun, expliquent les coutumes religieuses et
règlent également l’ordre social en Inde. Il y a quatre varnas (groupes de castes) : celui des prêtres, celui des rois et des soldats, celui des commerçants et des paysans et celui des arti­sans et des ouvriers. La répartition des tâches et des travaux entre les différentes castes se fait selon des critères religieux et non économiques. Il existe aujourd’hui entre 3000 et 4000 castes.

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Un hymne explique la genèse des castes. L'être primordial, Pu­rusha (ce nom comme celui d'Adam, en hébreu, semble être un terme générique désignant et signifiant l'ensemble de l'huma­nité) se trouve en butte à l'hostilité des dieux qui s'acharnent contre lui et finissent par le mettre en pièces. Cet homme pri­mordial est sacrifié par les dieux, pour permettre la création du monde et de l'humanité, sacrifice qui est sans cesse renou­velé par la liturgie.

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Les Brahmanes sont prêtres, les Kshatriyas sont guerriers, les Vaisyas sont agriculteurs et commerçants. Les Shudras sont ar­tisans, ouvriers, serviteurs, autochtones tolérés par les premiè­res castes, et qui les servent.

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Les brahmanes se considèrent comme des surhommes de la formule rituelle « le brahman » en relation avec une puissance surnaturelle dont les dieux sont eux-mêmes soumis.

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Classe sacerdotale sans grand pouvoir au départ, elle devint la classe supérieure. Ils ont pour rôle de conserver la parole védi­que et de l’appliquer.

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Seule, la caste des brahmanes, issue de la bouche du Dieu sa­crifié, de l'homme primordial, est véritablement religieuse : les brahmanes détiennent le pouvoir sacré, faisant office de prê­tres à l'occasion des sacrifices, tout en étant les maîtres dans l'enseignement du Veda, du Savoir par excellence, grâce à leur pratique de la méditation et de la contemplation.

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brahmanes

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brahmanes

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brahmanes

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La deuxième caste est celle des militaires ou guerriers, de ceux qui font leur métier des armes. Le prototype de cette caste est le roi, véritable émanation de la divinité sur la terre. Le rôle religieux des guerriers est de faire offrir des sacrifi­ces, sans oublier les dons qu'ils doivent attribuer aux brahma­nes.

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Ces devoirs religieux sont les mêmes que ceux dévolus à la troisième caste, celle des laboureurs, c'est-à-dire de ceux qui ont pour fonction sociale le commerce, l'agriculture ou l'éle­vage.

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laboureurs

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laboureurs

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La dernière caste, celle des serviteurs, place ses membres au service des autres castes : ils sont mis plus ou moins à l'exté­rieur de toutes les fonctions religieuses.

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Les Intouchables, sont considérés comme impurs, (tellement impurs qu’ils sont «intouchables»), inassimilables, et comme tels rejetés, hors caste. Ils sont voués à l’équarrissage, au travail du cuir, au nettoyage des latrines et des égouts, à la crémation des morts etc... aux tâches impures.

Chaque caste doit, en principe, accomplir le travail qui lui est réservé exclusivement. Aussi l'expulsion de la caste, surtout si elle est plus élevée dans la hiérarchie, devient une sorte d'ex­communication irrémédiable. En effet, selon l'organisation so­ciale, l'exclusion met l'individu au ban de l'échelle sociale et re­ligieuse sans lui permettre, pour autant, l'entrée dans une caste inférieure, toutes les castes étant également fermées et acharnées à défendre toute intrusion dans leur propre domaine, fut-il le plus misérable.

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Deuxième aspect : le Samsara.

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Son mouvement ne s’interrompt jamais. Le déroulement dépend du karma de chaque individu.

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La somme du karma définit les conditions de la vie actuelle et décide de la forme de l’existence dans la vie future.

80

Si une personne commet principalement de mauvaises actions durant sa vie, elle renaîtra dans des conditions défavorables, dans le pire des cas comme personne sans caste, voire comme animal. Une vie correcte et pure peut conduire jusqu’aux royaume des dieux, mais si la réserve positive du karma est épuisée, la personne renaîtra dans ce monde.

81

Ce qui est au coeur de la religion hindoue, ce n'est sans doute pas la doctrine de la séparation des castes, c'est au contraire la libération de celles-ci, ce qui est manifestement impossible dans la vie concrète des hommes, mais qui peut être rendu pos­sible progressivement, au fil de renaissances successives, puis­que, selon les actions des individus dans lesquels elles sont in­corporées, les âmes peuvent accéder ultérieurement à des for­mes d'existence de plus en plus élevées dans la hiérarchie reli­gieuse, jusqu'à atteindre la complète libération

82

La conviction religieuse essentielle, c'est la foi et l'absolue cer­titude de la série des réincarnations, ainsi que la foi et la certi­tude de l'existence de moyens par lesquels il sera possible d'échapper à ce cycle.

83

De cette doctrine de la transmigration des âmes, il s'ensuit que chaque individu mérite entièrement le sort qui est le sien dans l'existence présente : si son sort est mauvais, c'est qu'il porte les conséquences de ses existences antérieures, mais s'il est bon, cela ne doit pas l'entraîner à suivre la pente dangereuse du relâchement, sous peine de connaître un sort encore plus mau­vais dans une existence future.

84

Dès l'époque la plus ancienne, l'affranchissement de la mort, et l'échappement au cycle de la transmigration des âmes, semble avoir constitué la préoccupation fondamentale de la religion. Il s'agit, pour le fidèle, de passer de la mort à l'immortalité, en échappant de manière définitive à la loi du karma. Toute l'exis­tence humaine apparaît dès lors comme une tentative pour échapper au cycle permanent mort-réincarnation, en vue d'ac­céder à la béatitude de l'immortalité.

85

L'âme qui se trouve prisonnière n'aspire qu'à se libérer entiè­rement de tout attachement à ce monde pour parvenir non pas seulement à un état de vie meilleur dans une vie future mais aussi et surtout dans l'échappement à toute forme d'existence terrestre.

86

Le chemin de libération semble être réservé principalement aux fidèles de haute naissance, et particulièrement à ceux qui ap­partiennent à la caste des brahmanes.

87

Après avoir été étudiant brahmanique, maître de maison, puis ermite, le brahmane achève son existence dans le renoncement total.

88

Pendant cette période, le disciple est contraint à suivre certai­nes obligations morales : chasteté parfaite, obéissance absolue envers son maître, quête journalière de sa nourriture et service du gourou. Au cours de la seconde période de sa vie, celle qui fait de lui un maître de maison, l'homme a pour tâche principale de procréer des fils qui continueront, après lui, à entretenir le foyer domestique, le culte des dieux et à perpétuer les tradi­tions.

89

Lorsqu'il verra naître le fils de son fils, le brahmane pourra se retire dans un ermitage, avec ou sans sa famille : il entre alors dans un troisième stade de sa vie, celui de la retraite pendant lequel il accomplit des exercices ascétiques, en abandonnant progressivement toutes ses attaches avec le monde et avec ses vanités, en cessant également de pratiquer les rites religieux, puisque son fils ou ses fils assurent désormais la tradition sé­culaire.

90

Enfin, arrivé au sommet de sa vie, le fidèle prend le bâton de pèlerin et part de lieu saint en lieu saint, ne mangeant plus que de la nourriture sauvage sans la faire cuire ou de la nourriture qu'il a pu recevoir en aumône. Il est alors parvenu à un état de perfection, où tout désir se trouve éteint, où il rejoint vérita­blement le Brahma. Il faut néanmoins ajouter que peu d'hindous parviennent à mener jusqu'à son terme cette recherche de la libération, en suivant à la lettre les principes de cette théorie des différents stades de l'existence.

91

Un texte ancien recommande la voie  du renoncement intérieur. Au lieu de devenir un pseudo-mystique, il semble préférable de garder ses occupations présentes, tout en cherchant à attein­dre le but de l'existence qui est de se libérer de toutes les en­traves matérielles ou corporelles. Le fidèle se trouve alors in­vité à accomplir soigneusement les devoirs de sa charge, ses devoirs individuels qui lui sont indiqués par sa participation à une caste déterminée, sans se soucier des conséquences que de tels actes peuvent avoir pour lui-même.

92

C'est la voie de la bhakti, de la participation de l'homme à la condition divine. C'est une voie de la dévotion, l'homme n'a pas à chercher à se libérer par ses propres forces pour atteindre le plein épanouissement spirituel : le dieu se charge de satisfaire entièrement ceux qui se placent entièrement à son service.

93

La bhakti se présente ainsi comme le don de soi total au dieu, à un élan du coeur du fidèle vers lui.

94

Chaque fois qu'un fidèle, quel qu'il soit, à quelle caste qu'il ap­partienne, se rapproche d'un dieu personnel pour se confier en­tièrement à lui, il y a une voie qui est ouverte à ce fidèle de participer à la nature du dieu.

95

L’âme individuelle se laisse vivre dans l'émotion spirituelle afin de connaître une expérience religieuse, qui conduit le fidèle à mener une existence concrète morale.

96

Le dévot du dieu, est appelé bhakta, il pratique l'ascèse et la dévotion, il devient aussi une sorte de héraut de l'amour divin, un prophète et un saint, capable de transmettre aux autres hommes les vertus qui sont les siennes et qui lui ont permis d'accéder de son vivant à la délivrance.

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Le culte

98

Les hindous sont sûrs de l'effet purificateur de l'immersion dans les eaux du Gange comme à Bénarès. Cette immersion per­mettrait d'échapper au cycle des réincarnations et d'accéder directement au salut.

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Bains dans le Gange

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après la crémation et la déposition des cendres dans le fleuve.

101

Le culte est privé ou public dans les temples.

102

Abords d’un temple

103

Le rite commence toujours par des ablutions rituelles.

104

Il s’accompagne de mantra, prières brèves répétées. Le Om, contraction phonétique de trois lettres A, U, M, entre dans la plupart des mantra. Cette syllabe est écrite en sanscrit, la lan­gue sacrée. Quand l ’hindou la prononce, il se relie à la vibration du commencement du monde, à l ’énergie du créa­teur.

105

L’hommage a remplacé le sacrifice par suite du développement de l’ahimsa (en sanskrit "non-désir de nuire"). Il s’exprime à l’aide d’offrandes d’eau, de fleurs, de lumières, de graines ou de gâteaux.

106

Offrandes

107

En Inde les temples sont richement décorés de bas reliefs re­présentant dieux et déesses, héros, démons, animaux...

108

Temple

109

Temple

110

Les vaches sacrées, symbole de l'Inde. Il est interdit de les tuer et elles sont libres d'aller où elles veulent.

111

Leur lait est recueilli précieusement ainsi que leurs bouses qui sont sacrées elles aussi.

112

La vache est la déesse mère adorée par Krishna. Son lait est assimilé au lait de la mère et tout ce qui vient de la vache est le nectar des dieux. C ’est pourquoi les hindous s ’en occupent jusqu ’à la mort : servir la vache, c ’est servir Dieu.

113

Le feu est purificateur. En Inde, les morts sont incinérés car les flammes constituent un rite de passage. C'est le suprême sacrifice où l'hindou offre son corps éphémère.

114

Le Yoga, une voie qui mène à la délivrance.

115

Le Yoga est une discipline que l'ascète s'impose pour exercer un contrôle sur ses sens et ses activités mentales, afin d'entrer en communion avec la divinité à laquelle il voue sa dévo­tion.

116

Cette discipline se présente comme un chemin long et difficile, qu'il est important de commencer jeune sous la conduite d'un maître (guru) qui se présente à son disciple comme un modèle en même temps qu'un guide sur ce chemin.

117

Celui qui se lance dans cette pratique doit renoncer au monde, et cela s'exprime normalement par l'abandon de sa caste, ce qui constitue un véritable drame. En effet, renoncer à sa caste, c'est renoncer aux bénéfices que les vies antérieures ont per­mis d'acquérir, au prix des souffrances causées par le cycle des réincarnations : c'est donc un acte de foi extraordinaire qu'il convient de faire pour se lancer dans la voie du yoga, il faut croire que la délivrance sera plus facilement acquise par la voie du renoncement que par la voie des actions quotidiennes, sans être absolument certain d'obtenir le moindre résultat.

118

C'est pourquoi celui qui entreprend de marcher dans cette voie est d'abord soumis à grande épreuve par son guru, avant de recevoir l'initiation, qui permettra au guru de commencer son enseignement.

119

Les deux premières étapes de l’initiation insistent sur les re­frènements qui constituent en fait un véritable noviciat comme dans toute vie monastique : ne faire de mal à aucun être vi­vant ; ne plus mentir, mais dire toujours la vérité ; être sincère en toute chose et ne rien voler ; s'abstenir des relations sexuelles et vivre dans la chasteté ; être totalement indiffé­rent à l'égard des richesses. Ces commandements s'accompa­gnent de cinq vertus qui doivent permettre l'avènement d'un homme nouveau : demeurer pur, en étant d'une propreté cor­porelle scrupuleuse ; être modéré ; pratiquer l'ascèse ; étudier la science du yoga, en récitant les textes sacrés ; faire preuve de dévotion.

120

La troisième étape consiste dans l'apprentissage des postures correctes, des poses qui favorisent la concentration. Le but n'est cependant pas de faire une gymnastique corporelle, mais de placer le corps dans une position telle que l'esprit puisse parvenir à en oublier son existence. L'esprit se trouve libéré de la force charnelle dont la pesanteur apparaît comme un obs­tacle à l'élévation spirituelle.

121

Ayant maîtrisé le corps, le yogi doit maîtriser son souffle, sa respiration, c'est l'objet de la quatrième étape, qui a pour but de produire la tranquillité de l'esprit en dirigeant l'attention sur le souffle qui est l'intermédiaire entre le corps et l'esprit.

122

La cinquième étape consiste dans l'action de se détacher de la perception des objets : il faut se couper du monde, en ne cher­chant plus à le percevoir, non pas en se fermant les yeux, en se bouchant les oreilles... mais en interrompant toutes les formes de l'attention consciente.

123

L'adepte peut accéder au niveau de la concentration : le regard intérieur du yogi se trouve fixé sur une image mentale. Au moment où l'esprit est complètement absorbé dans cette concentration, quand il n'est que la pure contemplation, la dé­marche du yoga est atteinte, puisque l'organe intérieur est maîtrisé, comme les différents organes de la perception exté­rieure.

124

La septième étape est celle de la méditation parfaite, la médi­tation est complètement absorbée par son objet au point qu'elle devient vide d'elle-même.

125

La huitième étape est celle de l'intériorisation parfaite, appe­lée samâdhi. Le yogi concentre en lui-même toutes les forces qui se trouvent dans l'ensemble du cosmos. Celui qui parvient à cet état dépasse la condition humaine et devient, par le fait même, semblable à un dieu.

126

Il apparaît ainsi que le yoga authentique est un chemin difficile qui ne peut être réservé qu'à une élite spirituelle, car les ex­périences mystiques qui en sont les plus grands fruits sont im­possibles à communiquer.

127

L'élément moral est absent de la pratique du yoga : ce n'est pas par altruisme que le yogi cherche à dominer les passions humaines, ce n'est pas davantage dans le but d'élever la cons­cience des autres hommes vers un idéal spirituel.

128

La visée du mystique hindou est de se délivrer personnellement des liens qui l'unissent encore à l'univers humain et de réaliser lui-même sa pleine identification avec l'âme universelle.

129

Un grand nom de l'histoire indienne doit être mentionné, même si cet homme refusa toujours de se présenter comme un réfor­mateur religieux, bien que tenu pour tel par tous ceux qui ont voulu se mettre à son école ; il s'agit de Gandhi, universellement connu sous son titre de Mahatmâ, c'est-à-dire de grande âme.

130

C'est même sous le titre d'un apôtre de la non-violence qu'il est connu, bien plus qu'un simple leader politique. Originellement, rien ne prédisposait le jeune Gandhi à devenir un réformateur religieux : né dans une famille de marchands, envoyé en Grande-Bretagne pour y faire ses études de droit, il revient en Inde muni de diplômes pour entreprendre une carrière d'avocat. En défendant les intérêts d'une maison de commerce indienne dans la République sud-africaine, il découvre la nécessité du combat politique qu'il commence en Inde à partir de 1914.

131

Pendant trente-quatre ans, il mènera ce combat pour l'indé­pendance de l'Inde, en refusant toute violence, appliquant à la lutte politique les principes qui avaient fait la grandeur de la religion hindoue, tout en acceptant les influences diverses qu'il avait reçues, notamment de la religion chrétienne et des prin­cipes moraux de l'occident.

132

Il laissa des disciples se grouper autour de lui, en un véritable ashram, où il enseigne surtout comment résister à l'occupation anglaise, afin de parvenir à l'indépendance. Dans tous les conflits sociaux, il préconise la résistance, sous une forme pas­sive, par le jeûne et l'ascèse ; à maintes reprises, il est arrêté, emprisonné, puis finalement relâché.

133

Sur le plan religieux, il définit l'hindouisme comme la non-vio­lence et le respect de la vache, refusant la distinction de la société selon les castes, ce qui lui vaut la haine des hindous or­thodoxes, fervents partisans du maintien du système des cas­tes, affirmant que tous les hommes, hindous, musulmans ou chrétiens sont tous susceptibles de connaître le salut.

134

Son attitude de refus de l'orthodoxie religieuse lui vaut d'être assassiné par un brahmane fanatique, le 30 janvier 1948. Mais son exemple reste vivant, en raison du prestige de celui qui a pu triompher de toutes les situations d'injustice, dans le domaine social comme dans le domaine politique, par la seule force de la non-violence et par l'énergie qu'il puisait dans le renoncement total à l'intérêt personnel, dans la prière, dans le jeûne et l'ascèse.

135

L’hindouisme n’est pas une religion organisée (dogmes, hiérar­chie, magistère), mais un ensemble diversifié de croyances, textes, rites et pratiques, informant toute la vie. C’est plutôt une culture nationale.

136

Dans son expression du divin omniprésent, l’hindouisme oscille entre un polythéisme de fait (innombrables figures divines) et une quête de type monothéiste, attachée à la représentation d’un Dieu au-delà de tout. L’influence de l’Islam et du christia­nisme, n’est pas négligeable

137

Plutôt qu’un système de vérités proposées à la foi, l’hindouisme se présente comme une « voie » (yoga), un mode de vie impli­quant toutes les réalités de l’existence. Sous sa forme popu­laire, l’hindouisme s’exprime dans la « dévotion », dans l’attachement personnel à un dieu (surtout Vishnu, Shiva) dont la providence intervient dans le cours de la vie sous la forme des « avatars » de Vishnu, Krishna, Rama…

138

Le concept d’avatar est enraciné dans l’hindouisme, chacune des incarnations du dieu Visnu représente un avatar. C’est un être qui n’est pas nécessairement humain, mais qui adopte la forme humaine pour venir en aide aux humains. Dans la Bible, on parle d’anges descendus pour porter assistance à l’humanité.

139

Un avatar est une incarnation parfaite du Divin dans un corps humain. Il fait figure de grand initiateur d’une ère nouvelle. Différentes traditions le considèrent comme étant l’ultime maître spirituel. Il faut savoir que l’avatar préfigure ce que chacun de nous est appelé à devenir potentiellement. Il est de la sorte en avance sur nous tous.

140

Depuis des millénaires, l’avatar est venu sur Terre sous diffé­rentes incarnations : ce fut Krishna, pour la tradition hindoue, ce fut Zarathoustra, le grand réformateur perse, ce fut Bouddha, pour la lignée bouddhiste, ce fut Jésus, pour le christianisme, ce fut Muhammad, pour l’islam…

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L’hindouisme participe d’une vision du monde selon laquelle l’expérience religieuse réside dans la fusion ou l’absorption par le divin. Dès lors, les réalités historiques sont tenues pour se­condaires, voire inexistantes. Le salut est considéré comme une délivrance, dont le terme ne peut être que la sortie du cy­cle des réincarnations.

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Caractérisé par une dévotion, l’hindouisme est partagé entre la préservation d’un sacré immuable et magique (culte du feu, du lait, des images divines), servi par la caste des brahmanes, et la vitalité des mouvements, associés au dieu Shiva et incarnés dans les multiples formes d’un ascétisme radical et parfois ex­travagant aux yeux des occidentaux (les sadhu).

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Profondément syncrétiste, l’hindouisme surprend le chrétien par son refus des distinctions notionnelles, son exubérance dans la représentation du divin, son peu d’intérêt pour l’histoire, son incapacité à penser la notion de « personne », sa compromission avec le système des castes.

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En revanche, il rappelle la vocation de toute religion : attester l’omniprésence du divin, et informer toute l’existence de l’être humain engagé dans une relation d’amour avec Dieu source de tout bien. Nous sommes aux antipodes de la laïcité occidentale (sécularisation), même si l’Inde est un état laïc.

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Ce même état laïc a rendu hommage, en lui accordant des funé­railles nationales, à une femme qui n’était pas hindoue, mais qui avait obtenu la nationalité indienne, se faisant indienne parmi les Indiens, en pratique la compassion universelle.