Approches du christianisme

 

Jésus-Christ est-il un personnage historique ?

 

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Selon la plupart des spécialistes du christianisme, 1994 a été le deux millième anniversaire de la naissance de Jé­sus de Nazareth.

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Le chris­tianisme a connu un suc­cès phénoménal au cours des deux premiers millénaires qui ont suivi la nais­sance de son fondateur à Bethléem.

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La Bible est un best-seller, c'est le texte le plus édité. Copiée, recopiée sur papyrus, la Bible est imprimée pour la première fois par Guten­berg en 1455.

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Elle est aujourd'hui traduite en plus de trois cents lan­gues et elle est accessible à 98% de la population mon­diale.

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Il y a 1,8 milliard de chrétiens dans le monde aujourd'hui. Il faut dire que le terme chrétien n'est pas d'origine chrétienne. Les disciples se dési­gnaient entre eux sous le nom de « frères », de « disciples », de « ceux qui sui­vent la Voie », de « saints ».

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C'est dans des milieux non-chrétiens d’Antioche que ce concept a été formé et que « pour la première fois, le nom de chrétiens fut donné aux disci­ples » (Ac. 11, 26).

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L'apparition de ce terme manifeste que l'Eglise n'est plus consi­dérée comme une secte juive, mais comme un groupe re­ligieux nou­veau. Ce terme n'est pas un terme honorifique, c'est plu­tôt un sobri­quet insultant à l'égard de ceux qui considèrent que Jésus est le Christ. Qu'est-ce qui fait l'identité du chrétien ?

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Alexamenos adore son dieu

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Il n'existe pas d'autre personnage qui ait exercé une in­fluence com­parable à celle de ce prophète galiléen, puis­que son influence se fait sentir encore aujour­d'hui. Même les adversaires les plus acharnés de la religion, re­connais­sent qu’il a été un personnage hors du commun et que son message a mar­qué l'humanité, bien que sa prédi­cation n'ait duré que quelques an­nées et que sa mort fut ignominieuse.

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Pourtant, aussi extraordi­naire que cela puisse paraître, cet homme n'a laissé aucun écrit. Et il est prati­quement impossi­ble de retracer une his­toire de sa vie, car les évangiles, seule source d'information sur sa vie, ne sont pas des livres d'histoire, des biogra­phies, mais des té­moignages sur son message.

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De plus, ces té­moignages ont subi l'in­fluence de l'inter­prétation des communautés chrétiennes dans les­quelles ils ont été ré­digés. L'histo­rien se trouve dépourvu quand il entre­prend de retracer ou de dé­crire ce que fut son existence.

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Une question se pose avec acuité chez ceux qui s'oppo­sent violem­ment à la foi : y a-t-il eu à l'origine du chris­tianisme une personnalité réelle, celle de Jésus, ou bien l'histoire évangélique n'est-elle qu'un mythe et Jésus n'a-t-il eu de réalité que dans l'imagination et le coeur de ses adorateurs ? Ce n'est pas une question nouvelle, elle s'est posée à partir du dix-huitième siècle... tout comme on s'inter­rogeait aussi peu de temps après sur l'existence de Napoléon, en se demandant s'il n'était pas qu'un mythe, qu'une légende.

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C'est au dé­but du vingtième siècle que la discussion sur l'historicité de Jésus s'est amplifiée, parce que les maté­riaux évangéliques ne permet­taient pas d'écrire une vie de Jésus et que les té­moignages non-chrétiens le concernant étaient peu nombreux.

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L'histoire de Jésus n'est consignée ni dans les actes of­ficiels ni dans les Annales de l'empire romain, ni dans au­cun ouvrage d'histoire juive, et il n'a guère été pris en considération par l'histoire mondiale.

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Il fait son entrée dans l'histoire à l'occasion d'un échange de notes administratives. Gaius Plinius Secun­dus, généralement ap­pelé Pline le Jeune, légat en Bythi­nie, écrit à l'empereur, vers 112, pour lui faire part de ses problè­mes. Il a comme sou­cis des grèves, des scan­dales et une morosité politique. Il cons­tate un malaise religieux : les temples sont désertés, dans quelques-uns, le culte a cessé. Cela a conduit à une crise agricole, puis­qu'il n'y a plus d'acheteurs pour les animaux destinés aux sa­crifi­ces.

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Tout cela est imputable, selon ses informateurs, aux chrétiens qui forment une société secrète manquant de loyauté envers l'empire. Cette lettre est importante pour connaître l'Eglise ancienne, mais c'est certai­nement des adversaires des chrétiens que le gouverneur de By­thinie tire ses informations.

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Il de­man­de des instruc­tions : « J'ai l'habitude de vous consulter sur mes doutes. Voici la règle que j'ai suivie à l'égard de ceux qui ont été déférés à mon tribu­nal comme chrétiens. Leur faute ou leur er­reur s'était bor­née à se réunir à date fixe, avant le lever du jour et de chanter entre eux un hymne à Christ comme à un dieu, et de s'engager par serment (non, comme Pline s'y atten­dait, à quelque crime, mais) à observer la loi morale : ne pas commettre de vol, de violence, d'adultère, de ne pas manquer à leur parole, ne pas nier un dépôt réclamé...

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Ils se retrou­vaient pour prendre ensemble un repas, mais un repas or­dinaire et in­nocent. A ceux qui avouaient, je l'ai demandé une deuxième et une troisième fois, en les menaçant de supplice. Ceux qui persévé­raient, je les ai fait exécuter. Ceux qui niaient être chrétiens ou l'avoir été, s'ils invoquaient les dieux selon la formule que je leur dictais et sa­crifiaient par l'en­cens et par le vin devant ton image que j'avais fait apporter à cette in­tention avec les statues des divinités, si, en outre, ils blas­phémaient le Christ - toutes choses qu'il est, dit-on, impossi­ble d'obtenir de ceux qui sont vraiment chré­tiens, j'ai pensé qu'il fallait les relâcher.

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Ce n'est pas seulement à travers les villes, mais aussi à tra­vers les villages et les campa­gnes que s'est répandue la contagion de cette su­perstition. Je crois pourtant qu'il est possible de l'enrayer et de la guérir ».

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Trajan répond de ne pas tenir compte des dénonciations anonymes et de punir ceux qui s'obstineraient à s'af­fir­mer chrétiens : « Il ne faut pas rechercher les chré­tiens. Mais s'ils sont dé­noncés et convaincus, qu'on les châtie. Pourtant, si quelqu'un nie être chrétien et le prouve en sacrifiant aux dieux, qu'il obtienne le pardon ».

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La lettre de Pline n'est pas la seule source non chré­tienne à désigner « Christ ». Trois ou quatre ans plus tard Tacite écrit dans ses Annales que Néron était soupçonné d'être l'instigateur de l'incendie de Rome en 64. 

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Pour faire taire les rumeurs, la police romaine avait re­cherché un bouc émissaire. Elle en trouva un dans un groupe de per­sonnes connues sous le nom de chrétiens, qui étaient mé­prisées par la populace à cause de leur conduite scandaleuse à ses yeux. Aussi un certain nombre de chrétiens furent-ils torturés et condamnés à mort :

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« Néron produisit comme inculpés... des gens détestés pour leurs turpitudes, que la foule appelait chrétiens. Ce nom leur vient de Christ que, sous le principat de Tibère, le procurateur Ponce-Pilate avait livré au supplice.

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Réprimée sur le moment, cette exécrable su­perstition perçait de nouveau, non seulement en Judée où le mouve­ment avait pris naissance, mais encore à Rome où tout ce qu'il y a d'infâme et de honteux afflue et trouve des sectateurs... ».

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Tacite ne semble pas croire au bien-fondé de l'accusa­tion portée contre les chrétiens, mais il n'hésite par à les présenter comme des ennemis de la société romaine. Il nomme le Christ comme fondateur de ce mouvement et donne des renseignements qui repren­nent les évangiles : Tibère et Ponce-Pilate.

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Mal­heureusement la mort du fondateur n'a pas stoppé le mouvement, et à l'épo­que de l'incen­die de Rome, soit trente ans après sa mort, les parti­sans de cette supers­tition étaient devenus une multitude. Mais Tacite n'au­rait-il pas utilisé des documents d'origine chrétienne, en recourant à des témoignages de croyants inculpés, conservés dans des rapports de police ?

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Nous savons que Pilate fut préfet de Judée de 26 à 36. Son nom, Pontius Pilatus, est gravé sur une pierre qui fut réemployée dans la construction du théâ­tre de Césarée Maritime, et qui a été redécou­verte en 1961. Mais il n'est resté aucune trace de sa correspondance avec le pouvoir.

28

Philon d'Alexandrie attribue à Pilate des vio­lences, des exécutions sans jugement. Pilate passa ou­tre la sensibi­lité juive en voulant expo­ser des enseignes mi­litaires dans le Temple, il fallut que l'empe­reur s'en mêle pour le faire céder.

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Pour financer l'aqueduc devant amener l'eau à Césarée, il vou­lut puiser dans le Trésor du Temple, cet incident tourna à l'émeute et s'acheva dans la violence.

30

Pilate fut révoqué en 36 par Vi­tellius, légat de Syrie, et envoyé à Rome pour se justifier devant l'empereur d'avoir maté dans le sang une mani­festation mes­sia­nique samaritaine... Pilate fut condamné par Cali­gula soit à l'exil soit à la mort...

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Vers l'an 120, dans sa Vie des douze Césars, Suétone écrit la vie de Néron. Dans une série de mesures prises par l'empereur, il note : « On livra au supplice les chré­tiens, sorte de gens adonnés à une su­perstition nouvelle et dangereuse ». Et, dans la vie de Claude, on peut lire : « Comme les juifs se soulevaient continuelle­ment, à l'ins­tigation d'un certain Chrestos, il les chassa de Rome ».

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Dans tout cela, il n'y a rien de très précis concernant Jésus qui mourut sous Ponce-Pilate. Mais un fait est ca­pital : dans la deuxième décennie du deuxième siè­cle, les auto­rités impériales connaissent les chrétiens comme un mou­vement spécifique, et elles ont eu affaire à eux déjà sous Néron.

33

Trois témoins romains font mention du Christ, ce qui em­pêche de mettre en doute son existence histo­rique. 

34

Indirectement, les textes du Talmud établissent égale­ment qu'il n'y a pas lieu de mettre en doute son exis­tence. Une tradition antérieure à l'an 200, venue du traité du Sanhédrin, dans le Talmud de Babylone, indique : « A la veille de la fête de la Pâque, on pendit Jésus à la veille de la fête de la Pâque ».

35

Pour poursuivre l'enquête, on peut apporter un autre do­cument juif. Vers 93, Flavius Josèphe mentionne le Christ dans deux passages de son livre, les Antiqui­tés juives. Le premier rapporte la condamnation et l'exécu­tion de Jacques, le frère de Jésus, et le second parle de Jésus comme d'un sage dont beaucoup de juifs et de non-juifs sont devenus les disciples, croyant qu'il était le Messie :

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« A cette époque vécut Jésus, un homme exceptionnel, car il accomplissait des cho­ses prodigieuses. Il se gagna beaucoup de monde parmi les juifs. Lorsque, sur la dé­nonciation de nos notables, Pilate l'eut condamné à la croix, ceux qui lui avaient donné leur affection au début ne cessè­rent pas de l'aimer, parce qu'il leur était apparu le troisième jour, de nouveau vi­vant, comme les prophè­tes l'avaient déclaré. De nos jours ne s'est pas tarie la lignée de ceux qu'à cause de lui on appelle chrétiens ».

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Si c'est en langue hébraïque ou araméenne, et si c'est probablement à Jé­rusalem qu'est née la littérature concernant Jésus, depuis lors, il n'y a guère eu de litté­rature juive concernant Jésus, venant des des­cendants à qui le prophète de Na­zareth avait pu s'adresser. Quel­ques lignes dans la littéra­ture non-chré­tienne, c'est tout ce que nous pouvons savoir de Jésus de l'exté­rieur.

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Le seul in­térêt qu'il est possible de trouver dans ces té­moignages non-chrétiens, c'est que même les plus ar­dents détracteurs de la prédication du Na­zaréen n'ont jamais mis en doute son existence historique, ce qui sera fait par les critiques les plus tendancieux de l'époque moderne... Mais ceux qui ont en­tendu parler de ce pro­phète galiléen considèrent tou­jours son arrivée sur la scène publique comme un événement quel­conque, sans grande importance.

39

On aurait tort de penser que les seules sources non-chrétiennes ont une valeur probante. Les textes du Nou­veau Testament permettent d'affirmer, sans hésitation, l'existence de Jésus, même si les premières communau­tés n'ont pas cherché à mettre en valeur le rôle histori­que mondial que pouvait avoir celui en qui des hommes mettaient leur foi, au point de mourir pour son nom au lieu de le renier.

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Pour connaître Jésus de Nazareth, il faut accepter de franchir le pas de la foi et de s'en remettre au témoi­gnage que les premiers chré­tiens ont porté sur lui. Les lettres de l'apôtre Paul, facilement data­bles, permettent d'affirmer un fait qu'aucune communauté chré­tienne n'a pu inventer :

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Jésus est mort sur une croix, sans doute le vendredi 7 avril 30 (date très vraisemblable, quoique pas entière­ment certaine, d'autres histo­riens estiment que la mort de Jésus eut lieu le 27 avril 31). Cette mort est loin d'être « noble » pour le fondateur d'une religion ! En ef­fet, un texte terrible de la Loi de Moïse concerne ce châti­ment : « l'homme ayant en lui un péché passible de mort, qui aura été mis à mort et que l'on aura pendu à un arbre : un pendu est une malédiction de Dieu » (Dt. 21, 23).

42

A partir du milieu du deuxième siècle, les chrétiens se définissent de la manière suivante : « Autrefois, nous prenions plaisir à la débauche. Aujourd'hui, après la ve­nue du Christ, nous vivons ensemble, nous prions pour nos ennemis, nous cherchons à gagner nos injustes persécu­teurs, afin que ceux qui au­ront vécu conformément à la sublime doctrine du Christ puissent es­pérer les mêmes récompen­ses de Dieu, le Maître du monde » (Justin, vers 150).

43

 « Les chrétiens ne se distinguent pas des autres hom­mes ni par le pays ni par le langage, ni par les vête­ments... Ils se conforment aux usages locaux pour les vê­tements, la nourriture et la manière de vi­vre... Ils pas­sent leur vie sur la terre mais sont citoyens du ciel... On les persécute et ils bénissent. Châtiés, ils sont dans la joie comme s'ils naissaient à la vie.» (Epître à Diognète, fin du deuxième siècle).

44

Les docu­ments chré­tiens sont les plus nombreux pour af­firmer qu'un personnage réel se trouve derrière la tradi­tion évangélique. Ainsi en­core, aux environs de l'an 200, mourut à Lyon saint Irénée, évê­que de cette ville, l'un des hommes les plus mar­quants de la cité. Une de ses lettres, adressée à son ami Florinus, nous est par­venue.  

45

A celui qu'il avait perdu de vue depuis un certain temps, Iré­née rappelle des sou­venirs de vie étu­diante en Asie Mineure, évoquant leurs étu­des au­près de Polycarpe, évêque de Smyrne, qui mou­rut aux environs de 155, âgé de plus de quatre-vingt-cinq ans.

46

Il se sou­vient que le vieil­lard les entrete­nait de « Jean, le disciple du Sei­gneur », qu'il avait personnelle­ment connu bien des années aupara­vant. Irénée n'aurait pas fait ce témoignage sans avoir la cer­titude que son ami pouvait évo­quer les mêmes souvenirs. Donc, aux environs de l'an 200, un homme était en me­sure d'évoquer Jésus par l'in­ter­médiaire d'un maître qui avait connu personnel­lement un des disciples de ce Jésus...

47

Sous le règne de Tibère, nul ne sait exactement où ni quand, un person­nage dont on ignore le nom a ouvert une brèche dans l'hori­zon des hommes. Ce n'était sans doute ni un philosophe ni un tribun, mais il a dû vivre de telle manière que toute sa vie signifiait : chacun peut, à cha­que instant, commencer un nouvel avenir.  Des dizaines de conteurs populaires ont chanté cette bonne nouvelle.

48

Il faut se mettre à l'écoute des conteurs populaires qui transmis aux géné­ra­tions ultérieures ce qu'ils avaient perçu de Jésus. La question se pose de sa­voir qui a pu écrire les évangiles. Jusqu'à une époque ré­cente, les plus anciens manus­crits dont on disposait remon­taient au deuxième siècle.

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Et l'on pensait que les évangiles avaient d'abord été vé­hiculés par un enseignement oral, puis mis par écrit à la fin du pre­mier siè­cle, après la dispari­tion des témoins oculaires. Et l'on affir­mait avec plus ou moins de véhé­mence que ces évangiles étaient sur­tout et même uni­quement des témoignages de foi.

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Cela reste vrai : les évangiles ne sont pas des chroniques de la vie de Jésus, ils ont été composés pour donner sens à l'acti­vité de Jésus, mais ils ne sont plus considérés comme des textes composés par d'habiles compilateurs qui auraient travaillé à partir de sources aujourd'hui dis­parues.

51

La tradition de l'Eglise a limité le nombre des évangélis­tes à quatre, bien que le quatrième évangile soit davan­tage une construction théo­logique élaborée qu'un conte populaire...

52

Les trois premiers évangiles sont appelés synoptiques, parce qu'il est possible de les lire en pa­rallèles, même s'ils ne sont pas toujours unani­mes.

53

Ce ne sont pas des biographies de Jésus, mais des témoi­gnages de foi et des annonces du mystère de Jésus.

54

Jamais un récit ne rapporte un fait brut, mais toujours, quand il pré­sente un acte ou une parole de Jésus, il cher­che à transmettre un enseignement qui remonte au maî­tre, qui lui est fi­dèle sinon dans la lettre, du moins dans l'es­prit.

55

Comment a été fixée le début de l'ère chrétienne ? Au sixième siè­cle, un moine, Denys le Petit, instaura un com­put des dates à partir de la nais­sance de Jésus, en la fixant en l'an 753 de la fondation de Rome.

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Il se trompa sans doute de quelques années. Néanmoins on peut parvenir à des hypothèses as­sez probables. Ce calcul, même erroné, a permis d'illustrer, par un texte poéti­que, la situation du monde au moment de la nais­sance de Jésus :

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« Des milliards d'an­nées depuis qu'au commencement roulèrent les galaxies dans l'im­mensité du monde,

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des millions d'années depuis que la terre avait balbutié les premiers hommes,

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près de deux mille ans depuis qu'Abraham avait fait route vers l'in­connu,

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quinze siècles depuis Moïse et la sortie d'Egypte,

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mille ans après le règne de David,

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au cours de la cent qua­tre vingt quatorzième Olympiade,

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dans la sept cent cinquante qua­trième année de la fonda­tion de Rome, et la qua­rante deuxième année du règne d'Auguste,

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six siècles après le Bouddha,

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et cinq après Socrate,

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Jésus-Christ, Dieu éternel, Fils du Père éternel, conçu dans le temps par une femme, naît à Be­thléem, en Pales­tine, pour sanctifier le monde ».

67

L'évangéliste Luc (3, 1) fixe le commencement du minis­tère public à l'an 15 du principat de Tibère César, ce qui permet de le dater des années 27-28.

68

Cette date se trouve en quelque sorte justifiée par l'évangéliste Jean (2, 20) quand il parle des quarante-six années qu'il a fallu pour reconstruire le Temple de Jéru­salem.

69

La vie publique de Jésus aurait duré deux ou trois ans, ce qui correspond aux trois fê­tes de Pâques mentionnées par Jean.

70

La date de la naissance de Jésus est difficile à établir avec précision. Selon Matthieu, Jésus serait né sous le règne d'Hérode le Grand, mort en l'an 4 avant le début de l'ère chrétienne.

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Quirinius

Les historiens s'accordent sur l'an 746 ou 747 de la fondation de Rome, c'est-à-dire en 6 ou 7 avant l'ère chrétienne. Luc, qui af­firme que Jésus avait environ 30 ans au début de son ministère, s'accorde avec cette date. Il mentionne le gouverneur de Syrie, Quirinius.

72

D'après Flavius Josè­phe, celui-ci pré­sida au re­censement de la Palestine, en l'an 6 de l'ère chré­tienne. Le recen­sement men­tionné par les évangélistes au moment de la naissance de Jésus ne peut pas être celui de Quirinius, puisque Matthieu et Luc attestent que Jésus est né au temps du roi Hérode le Grand, mort en l'an 4 avant l'ère chrétienne.

73

Il y a un dé­saccord de dix ans entre les données : si Luc parle d'un premier re­censement, il apparaît informé, mais peu soucieux d'exactitude chro­nologique.

74

La mention du recensement impliquerait un fait public qui aurait dû laisser des traces. Or il n'y a au­cune trace d'un recensement dans l'histoire, on sait qu'Auguste a organisé des re­cense­ments dans diverses provinces : il est probable que Luc a re­groupé divers recensements répartis sur une trentaine d'années. C'est une simplifica­tion de l'histoire familière aux historiens de l'anti­quité, plus soucieux de la forme littéraire que des détails ma­tériels.

75

Les chrétiens sont tellement habitués à fêter Noël le 25 décembre qu'ils ne se soucient guère de la date de la naissance de Jésus. Il semble que ce soit vers la fin du règne de Constantin, mort en 337, qu'on décida de célé­brer cette nais­sance à cette date.

76

Aurélien au­rait fixé la date en fonction du solstice d'hi­ver, c'est-à-dire le mo­ment où la force solaire, jus­qu'alors décroissante, com­mence à gran­dir. C'était la fête du « Natalis solis invicti, du soleil renaissant et in­vaincu ».

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C'est pour christianiser cette fête païenne que l'Eglise dé­cida de cé­lé­brer le « Dies natalis », d'où vient le mot de Noël, comme jour de la nais­sance du véritable soleil levant. Cette date est donc d'origine romaine, mais elle s'imposa au cours du quatrième siècle dans la chrétienté pour célébrer la gloire de Dieu manifesté en Jé­sus, lu­mière qui éclaire tout homme en venant dans le monde.

78

Si l'on se réfère au texte de Matthieu, relatif à la nais­sance de Jé­sus, et si on s'intéresse à la situation des bergers à qui la naissance est annoncée, on décou­vre qu'ils sont dans les champs à garder leurs troupeaux.

79

Cela exclut une nais­sance en hiver : l'été sec et chaud a détruit toute forme de végétation dans les champs, et l'hiver très rigoureux (surtout la nuit) ne leur permettait par de res­ter dans les champs.

80

Il faut attendre les pluies de printemps pour que l'herbe re­pousse et que les bergers puissent conduire leurs troupeaux hors des berge­ries. Cela permet de penser que la nais­sance a eu lieu vraisembla­blement au printemps...

81

Jésus est né à Bethléem, fait attesté par Matthieu et Luc. Bethléem est la ville de naissance du roi David. La perspec­tive religieuse affir­mait que le Messie, sau­veur du peuple, serait originaire de la cité de David : « Et toi, Bethléem, tu n'es pas le moindre des cantons de Juda, car de toi naî­tra un sauveur » (Mi. 5, 1, cité par Mt. 2, 6).

82

Le prophète Mi­chée annonçait de cette manière la nais­sance de Jésus dans cette ville. Il est pratiquement cer­tain que la famille de Jésus, comme d'autres familles jui­ves, ait été de la des­cendance de David. Pour­tant, Jésus ne se prévaudra jamais de son illustre ascen­dant...

83

Certains exégètes récusent l'historicité d'une naissance de Jésus à Bethléem, il serait né à Naza­reth, puis la tra­dition chré­tienne aurait déplacé le lieu de sa naissance en fonc­tion de la prophé­tie davidique et messianique de Mi­chée.

84

Même si la naissance de Jésus a eu lieu à Bethléem, Jé­sus est tou­jours reconnu comme venant de Nazareth, une obscure bourgade du Nord du pays, la Galilée. Cette ré­gion, tout comme le reste de la Pa­lestine était sous in­fluence romaine, et il est attesté que la société était multilingue (polyglotte).

85

On en trouve une preuve évidente dans le texte de l'évangile de Jean (19, 20) où il est fait référence à l'inscription que Pilate fit placer sur la croix de Jé­sus en ces termes : « Cette inscription a été lue par de nom­breux juifs, car l'en­droit où Jésus fut crucifié était proche de la ville, et elle était écrite en hébreu, en latin et en grec ».

86

La co­lonisation romaine avait renforcé le multilinguisme de la ré­gion, et il est pratiquement certain que tous les habitants, à des degrés divers, parlaient ou comprenaient plusieurs langues.

87

Ainsi, Jésus, comme les enfants de son temps, parlait l'ara­méen, un dia­lecte issu de l'hébreu, qui était sa lan­gue maternelle, il connais­sait aussi l'hé­breu, langue dans laquelle avaient été écrits les livres saints du judaïsme.

88

Il devait avoir des notions de grec et de la­tin, les deux langues cultu­relles de la Mé­diterranée orientale, depuis les conquêtes de grecs et des Ro­mains, langues dans lesquelles s'ef­fec­tuaient aussi les échanges com­mer­ciaux.

89

Un exemple, tiré de l'évan­gile selon Marc, nous apprend que Jésus s'est rendu dans la ré­gion de Tyr, qu'il y a rencontré une syrophé­ni­cienne. Marc souligne que cette femme parlait le grec, et donc que la conversa­tion qu'elle a eue avec Jésus a été menée en grec.

90

Il en est de même dans la dis­cussion de Jésus avec les Phari­siens, concernant l'impôt à payer à Cé­sar. La Palestine avait comme monnaie des pièces por­tant une ins­cription latine au « Di­vus Augustus », le divin Auguste. Jésus ne demande pas ce que signifie l’ins­cription, mais de qui il est fait mention sur cette pièce, si­gne qu'il comprenait le sens de la phrase...

91

Il faudrait en­core évoquer l'interrogatoire de Jésus par Pi­late : il n'a pu être mené qu'en grec ou en latin.

92

Rembrandt - Le reniement de Pierre

Cependant, si Jésus par­lait plu­sieurs langues, il faut sa­voir qu'il avait un accent, l'accent ru­gueux des paysans galiléens, celui-là même qui fit repérer Pierre dans la cour du grand-prêtre au moment du procès de Jésus.

93

Le climat dans lequel s'est déroulée l'enfance de Jésus est celui de la spiritua­lité de l'Ancien Testament.

94

L'élément essentiel du culte repose sur la bénédiction par laquelle cha­que croyant remercie Dieu à chaque ins­tant de sa vie, à chaque geste qu'il accomplit. La béné­diction constitue la trame de la prière, car l'essentiel est de bénir. Les bénédictions s'éche­lonnent tout au long de la journée.

95

Si chaque jour s'accompagne de formules religieuses, à plus forte raison en est-il du sabbat qui est consacré à la prière et à la médita­tion : toute vie profane cesse pour vingt-quatre heures, du vendredi soir au samedi soir.

96

La loi prévoyait trois pèlerinages par an, pour tous les hommes, à par­tir de douze ans, âge où l'enfant entre dans la vie adulte, après un temps de catéchèse : l'en­fant devient Bar Mitzva, un fils de la loi.

97

Ce jour-là, on lui demande de monter à l'ambon et de lire, dans la syna­gogue, un passage de la Torah.

98

A l'âge de douze ans, Jésus accompagne ses parents à Jérusalem. Après la fête, Jésus reste au Temple, sans que ses parents ne s'en aperçoi­vent.

99

Quand ils dé­couvrent son absence dans la cara­vane du retour, ils regagnent Jérusalem et le cherchent. C'est dans le Temple qu'au bout de trois jours, Jésus est retrouvé. Il était assis parmi les doc­teurs, ce qui fait ressortir l'in­tel­ligence et la sagesse de l'enfant.

100

Les Évangiles gardent le souvenir de paroles très dures de Jésus à l'égard de sa famille. Luc qui rapporte la seule parole de Jésus en­fant souligne comment Jésus s'est démarqué de la paternité de Jo­seph, que Marie lui rap­pelait : « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois, ton père et moi, nous te cherchions, tout an­gois­sés ». C'est sans hésitation que Marie désigne Joseph comme le père de Jésus. Cette paternité eut pour Jésus plus d'impor­tance qu'on ne le pense. D'ailleurs, pour désigner Dieu, Jésus em­ploie le terme affectueux que les enfants donnent à leur père : « Abba, papa ».

101

Après la manifestation de Jésus au Temple, les évangiles ne rappor­tent rien de son existence jusqu'au début de sa vie publique. Jésus grandit, il apprend le mé­tier de Jo­seph, que l'on a l'habitude de pré­senter comme un char­pentier. En fait, le terme grec de l'évangile qui désigne le métier de Joseph est : tec­ton, mais plutôt bâtisseur, sens qui lui est resté dans le terme « architecte ». Même si l'évangile ne le dit pas, Jé­sus travailla avec lui comme apprenti. Selon les directives des livres saints, un père ne doit pas seulement nourrir son fils, mais lui ap­prendre un métier : « Qui n'enseigne pas à son fils une profession manuelle, c'est comme s'il en faisait un bri­gand ».

102

Les gens qui ont fréquenté Jésus durant sa vie l'ont sou­vent appelé « rabbi », terme qui veut dire « maître » en hébreu. Jésus de­vait être consi­déré comme un ensei­gnant, même s'il n'avait pas ef­fectué d'études auprès des scri­bes et des docteurs de la Loi. Char­pentier, il fai­sait partie du milieu des artisans qui étaient les déposi­taires de la sagesse populaire véhiculée dans le cadre des ate­liers. « N'y a-t-il pas un charpentier, fils de charpen­tier, pour résoudre cette question ? »

103

Après la manifestation de Jésus au Temple, les évangiles ne rappor­tent rien de son existence jusqu'au début de sa vie publique. Fau­drait-il admettre l'hypo­thèse qui identi­fie Jésus avec un personnage connu dans les légendes ti­bétaines sous le nom de saint Issa, qui vé­cut vers l'an 30 et mourut crucifié ?

104

Issa a voyagé par terre et par mer pour arriver jusqu'à l'Indus, il y a étudié les Écritu­res saintes du bouddhisme. Issa fut reçu avec joie par les brahmanes qui lui ap­pri­rent à guérir par la prière, à chasser les esprits mauvais et à resti­tuer au corps la forme humaine après blessure ou mutilation.

105

Alors les miracles de Jésus sembleraient naturels pour ceux qui ont accédé à la véritable connaissance spiri­tuelle. Issa se serait rendu à Béna­rès, aux bords du Gange, fleuve sacré de l'hin­douisme, là où les pèle­rins se purifient de leurs péchés et espèrent mourir, puis­que la mort à Bénarès rompt le cycle des réincarnations.

106

A proximité de Bénarès, Bouddha avait fait son premier sermon. Il convient de dire que bouddhisme et hin­douisme étaient florissants au temps de Jésus et que le monothéisme était vivant en Inde.

107

A 26 ans, Issa aurait quitté l'Inde pour Persépolis, puis Athènes et l'Égypte, pour rentrer à 29 ans en Pales­tine, afin d'y accomplir son destin.

108

A l'âge d'environ trente ans, Jé­sus quitte son village de Nazareth et son travail pour se rendre sur les bords du Jourdain, où Jean donnait aux pécheurs le signe de la pu­rification du coeur, en les plongeant dans l'eau.

109

 

Au premier siècle de l'ère chrétienne, le judaïsme est fragmenté en de multiples tendances dont les traces sont perceptibles dans les différents écrits. Pour faire passer son message, Jésus devait s'ins­crire dans l'un ou l'autre courant de la pensée mystique de son épo­que.

110 

Les Pharisiens constituent un courant de piété. Ils refu­sent la lutte armée pour l'indépendance nationale et gar­dent des objectifs reli­gieux, cen­trés sur la fidé­lité à l'enseignement de la Torah. Toutefois, ils n'hésitent pas à se considérer comme supérieurs à l'ensemble du peuple qui n'observait pas les prescriptions rigoureu­ses.

111

Les sadducéens sont conservateurs, ils ne reconnaissent les écrits les plus anciens, refusant la tradition orale, re­fusant de reconnaître les progrès doctri­naux et les nou­velles croyances, comme la croyance aux anges, à la ré­surrection des morts et à la rétribution universelle après la mort.

 112

En réaction contre l'oppression et la misère subies par les juifs, certains hommes, qui seront appelés Esséniens, décident de se mettre à l'écart du monde et de vivre dé­sormais dans la piété. Certains suivirent les conseils de vie des Esséniens, mais ne quittèrent pourtant pas leur existence quotidienne, si bien qu'il existait des commu­nautés essénien­nes loca­les, chargées surtout d'oeuvres de solidarité envers les frères de pas­sage dans les villes et les villages.

 113

La plupart des fidèles de la secte se reti­raient près de la mer Morte, pour prati­quer un ascé­tisme ri­goureux. La communauté ressemblait assez étrangement, quant à son mode de vie, à un monas­tère dont les membres travaillaient dans la copie soi­gneuse des textes scripturai­res.

114

Jésus eut des contacts avec les communautés essénien­nes, même si rien n'en transpire dans les évangiles. Tou­tefois, il semble qu'il prit son dernier repas dans le quar­tier essé­nien de Jé­rusalem. Pour préparer ce repas, il envoie deux disciples, en leur disant de suivre un homme portant une cruche d'eau. Or, ce travail était une tâche féminine, sauf chez les Esséniens, qui voulaient éviter tout contact féminin, sur­tout pendant la préparation de la Pâque.

115 

Les zélotes entendaient trouver une solution pratique à cette oppression : ils re­fusaient de se cacher du monde et se prépa­raient activement à la lutte contre toute ty­rannie. Ils étaient prêts à lutter et à mourir pour l'amour de la patrie, mais ils vivaient aussi dans un profond atta­chement à la Torah, pour laquelle aussi ils au­raient ac­cepté de subir la persécution et la mort.

116

 

Jésus a eu des contacts parmi les zé­lotes, notamment par l'un de ses disciples, Simon, non pas celui qui sera surnommé Pierre, mais un au­tre Simon qui est toujours qualifié de son titre de zélote.

117

Et sans être affilié au parti des zélotes, il est vraisem­blable que Judas Iscarioth était un de leurs sym­pa­thi­sants, puisqu'il souhaitait faire advenir le Royaume de Dieu par la force, tout comme ces révolutionnaires parti­sans d'une guerre sainte.

118

Les zélotes entraînèrent le peuple dans la révolte, et le résultat en fut la catastrophe de 70 : Jérusalem tomba et le Temple fut détruit par les flammes. La nation juive disparaissait de l'his­toire pour près de vingt siècles...

119

Sur les bords du Jourdain, un dernier prophète - qui n'est pas re­connu comme tel, par la tradition juive - Jean proposait un baptême de conversion à ceux qui espé­raient la venue de l'ère messianique, dans l'attente de celui qui devait li­bé­rer Israël.

120

Les évangiles présentent Jésus se faisant baptiser par Jean et recrutant parmi les disciples de celui-ci ceux qui allaient devenir les siens.

121

La mort du Baptiste, exé­cuté par ordre du roi Hérode, devait permettre à Jésus de mener son action propre. S'écartant du courant baptiste, il présente un message qui, dans sa forme, semble nouveau pour le peuple.

122

Après son baptême par Jean sur les bords du Jourdain, et après avoir séjourné quelque temps au désert pour prier et jeû­ner,

123

Jésus est de retour à Nazareth. Il se rend à la synago­gue pour y prêcher, mais il n'y trouve pas l'accueil qu'il pou­vait espérer, tant il est vrai qu'aucun pro­phète n'est bien reçu dans son pays

124

Tout juif adulte peut prendre la parole dans une assem­blée de prière. Habituellement, les autorités de la syna­gogue confient cette tâche à ceux qui sont compétents dans le domaine des Ecritures. Cela laisse suppose que la renommée et la réputation de Jésus étaient parvenues jusque dans son village.

125

On lui donne à lire un texte du pro­phète Esaïe. On sait, par les découvertes de Qumran, que ce pro­phète était très utilisé au temps de Jésus, le plus ancien manuscrit retrouvé dans les grottes de la secte des bords de la Mer Morte étant précisément un rouleau de ce prophète.

126 

L'évangéliste Jean fait commencer la mission de Jésus par un signe étonnant à Cana, village de Galilée, lors d'un mariage, auquel il fut convié avec ses proches.

127

Toute la tradition chrétienne a vu dans ce signe de Cana un rappel ou une préfiguration du vin eucharistique de la même manière que la mul­tiplication des pains pré­figure l'eucharistie.

128

La province du Nord, la Galilée, est particulièrement fer­tile et verdoyante. Son pôle d'attraction est certaine­ment le lac de Tibériade.

129

Ce lac est encore appelé mer de Kinnéreth, en raison de sa forme qui rappelle celle d'un kinnor (sorte de lyre an­cienne). le niveau de ses eaux est de 210 mètres au-des­sous du niveau de la mer. Il mesure 21 kilomètres de long du nord au sud et sa plus grande largeur est de 12 kilo­mètres, la profondeur de ses eaux se situe entre 40 et 50 mètres.

130

La rive nord-ouest du lac de Tibériade connût la plus grande partie du ministère galiléen de Jésus. D'ailleurs, certains de ses disciples étaient originaires du lac. Pierre et André étaient originaires de Capharnaüm où Matthieu, le publicain, tenait l'octroi, tandis que Jacques, Jean et Philippe étaient de Bethsaïde.

131

Le ministère de Jésus, sur les bords du lac, commence immédiatement par une prédication de l'Evangile et par un appel à la conversion.

132

Il commence sa prédication devant la foule venue de tous les territoires d'Israël et des pays limitrophes et païens, par un Sermon sur la montagne, où il présente la loi-ca­dre de son Royaume.

133

 

Ce Sermon a impressionné non seulement ceux qui ont décidé de le suivre, mais aussi des hommes de tous bords et qui ne vivent pas né­cessairement les valeurs chrétien­nes. Jésus pré­sente le chemin pour parvenir au bonheur.

134

 

Avec ses amis pêcheurs, ceux qu'ils avaient appelés comme disciples, ceux qu'il avait choisis pour en faire ses apôtres, Jésus traversera souvent le lac de Tibériade, se retirant aussi souvent à l'écart sur les collines sauvages pour y prier.

135

L'eau du lac est calme d'ordinaire, mais la tempête peut se lever et le transformer en mer démontée et rugis­sante… La tempête sur le lac est l'occasion pour Jésus d'insister sur la nécessité de la foi pour qui veut être son disciple.

136

 

Jésus parcourt donc la Galilée, enseignant non seulement dans les synagogues, mais aussi en pleine nature, procla­mant la Bonne Nouvelle.

137

Sa renommée s'étend dans tout le pays, à partir de la ville de Capharnaüm, sur les bords du lac de Tibériade, dont il fait sa ville.

138

Capharnaüm était une cité peuplée au temps de Jésus, au carrefour de plusieurs routes, notamment la route ro­maine de la Mer, la Via Maris, qui allait de la Méditerra­née à Damas.

139

Ce village était visité par les premiers pèlerins de Terre Sainte qui signalent la présence de deux constructions importantes : la maison-basilique de Pierre et une syna­gogue en pierres taillées, à laquelle on accède par de nombreuses marches.

140

C'est dans le contexte des premiers signes que Jésus donne de sa mission qu'il convient de situer la multiplica­tion des pains. Jésus nourrit cinq mille personnes avec cinq pains d'orge et deux petits poissons.

141

Tabgha est la corruption d'un terme grec : Heptapegon (signifiant les sept sources). Ces sources fournissaient une eau sulfureuse susceptible de traiter les maladies de peau. La tradition chrétienne a voulu commémorer en ce lieu la multiplication des pains.

142

A Tabgha, également, on voit encore les poteaux aux­quels on attachait les barques, ainsi que des marches qui descendent dans l'eau.

143

Une nuit, après la résurrection, Pierre et les autres dis­ciples avaient pêché sans rien prendre. Ils s'en reve­naient de mauvaise humeur quand un étranger leur crie de jeter une nouvelle fois les filets. Ils le font et ramè­nent une énorme quantité de poissons. Ils reconnaissent alors Jésus.

144

Dans le repas pris sur la berge, il faut découvrir un as­pect symbolique. Il s'agit de pain, mais il s'agit aussi de poisson. Et le terme grec employé (ichtus) est l'ana­gramme du Christ : Iésous Christos Theou Uos Sôter, Jésus Christ, le Fils de Dieu, Sauveur.

145

 

La confession de foi de Pierre marque un tournant l’évangile. Jusqu'alors, l'essentiel de la mission de Jésus se déroulait dans le cadre de la prédication en Galilée, avec quelques incursions dans les pays païens tout pro­ches.

146

 

Désormais, le cadre géographique va changer : ce sera très prochainement la montée à Jérusalem, là où doit se jouer le destin de Jésus. Lors de la transfiguration, Jé­sus parlera de sa véritable mission qui est une montée vers la Passion...

147

 

Au nord de la Terre Sainte, le mont Hermon se dresse couvert de neige. D'après certaines traditions, c'est à son sommet que la Transfiguration aurait eu lieu.

148

 

La tradition byzantine préfère situer cet événement sur le mont Thabor, colline de 520 mètres qui domine la plaine de la Basse Galilée.

149

En montant à Jérusalem, Jésus est passé (sans doute plusieurs fois) par Jéricho, oasis bien connue de l'époque biblique et de tous les pèlerins galiléens qui montaient à Jérusalem.

150

Jéricho, cité des palmiers, est la ville la plus basse du monde, située à 300 mètres au-dessous du niveau de la mer. C'est une oasis de verdure de cinq kilomètres de diamètre, véritable porte d'entrée en Israël en venant du désert.

151

Les fouilles entreprises montrent que Jéricho devait déjà être une ville fortifiée aux environs de l'an 7000 avant Jésus-Christ.

152

Jésus traverse donc la ville lors d'un voyage à Jérusalem. Les évangélistes y situent la guérison d'un aveugle, Bar­timée.

153

C'est aussi dans cette ville de Jéricho que Jésus se fait accueillir par le collecteur d'impôts Zachée.

154

 

Les nombreuses grottes de la région accueillirent de nombreux ermites s'engageant dans des combats spiri­tuels à l'exemple du Christ qui résista à la tentation.

155

 

Au cours de sa vie publique, notamment dans le cadre de la capitale, Jésus, par sa prédication et par ses actes, va s'attirer les foudres des représentants du peuple et de la tradition juive.

156

 

La tradition chrétienne se plaît à dire que Jésus serait entré à Jérusalem par la porte Dorée, ou porte de la Compassion, qui faisait partie de l'enceinte du Temple.

157

 

Les juifs croient que le Messie viendra par cette porte ; les musulmans, que cette attente messianique inquiétait, bloquèrent cette porte qui fut complètement bouchée lorsque le sultan Soliman le Magnifique fit reconstruire les murailles de la ville.

158

Face à la muraille du Temple se dresse le mont des Oli­viers. Sur ces lieux les souvenirs chrétiens sont très vi­vants,

159

avec parmi les tombeaux juifs celui qui abrita le corps de la Vierge,

160

l'église de Gethsémani,

161

l'église sainte Marie Madeleine,

162

l'église du Dominus Flevit,

163

le Carmel du Pater Noster, avec la grotte des enseigne­ments

164

ainsi que la mosquée de l'Ascension.

165

L'unzione di Betania
L'unzione di Betania

Malgré les critiques adressées par Jésus aux pharisiens et aux légistes, il accepte l'invitation d'un pharisien, si­gne qu'il n'a pas d'exclusives. S'il se présente comme un pauvre, il vit aussi au contact de gens riches, car Simon est un homme riche qui offre un repas de fête dans une cadre confortable.

166

Ce repas aurait eu lieu à Béthanie, près de Jérusalem. En hébreu, Béthanie signifie : la maison du pauvre, la maison de l'humilité.

167

 

Actuellement, bien que sa population soit en majorité musulmane, ce village a conservé le souvenir du passage de Jésus et du signe qu'il fit en faveur de Lazare, connu pour être l'ami de Jésus, ainsi que ses soeurs, Marthe et Marie.

168

Le village s'appelle aujourd'hui El-Azarîye, et on y mon­tre un tombeau, qui est faussement identifié à la tombe de Lazare creusée dans le roc.

169

C'est à partir des pentes du mont des oliviers que Jésus est entré triomphalement à Jérusalem.

170

Cette entrée de Jésus dans la ville sainte se déroule dans le cadre de la semaine qui précède la Pâque.

171

C'est l'incident des vendeurs chassés du Temple qui a mis le feu aux poudres, même s'il est vraisemblable qu'il a eu lieu plusieurs mois avant la dernière semaine de Jé­sus.

172

Par ce geste, Jésus se met au-dessus des plus hautes au­torités et s'oppose au culte normal. Toucher au Temple, c'était s'exposer à faire éclater une affaire d'état.

173

Le Temple de Jérusalem n'était pas seulement un lieu sa­cré (en grec : naos), un lieu dans lequel seuls les prêtres pouvaient entrer, mais le Temple (ieron) constituait un vaste domaine qui entourait le sanctuaire proprement dit. Le Temple formait une immense esplanade qui bordait le sanctuaire. C'était une sorte de place publique, bordée de portiques où régnait, au temps de Jésus, une anima­tion très orientale

174

Le sanctuaire proprement dit domine de plusieurs mètres ce marché. Cette fois, l'entrée est interdite aux païens : "qui sera pris sera seul responsable envers lui-même, car mort s'ensuivra".

175

La décision est prise : l'affrontement que Jésus avait porté jusque dans la capitale ne peut avoir d'autre issue que son arrestation et sa mise à mort. La proposition de Judas Iscarioth aux grands prêtres arrivera à point nommé pour hâter les événements.

176

A l'approche de la fête juive de la Pâque, Jésus a soin de faire préparer le repas par ses disciples. La maison où eut lieu cette célébration pascale est inconnue. ce peut être n'importe quelle maison dans le labyrinthe des ruelles de la ville. Et pourtant, en se référant aux indica­tions précises concernant l'homme qui porte une cruche d'eau, il est légitime de situer plus précisément ce lieu dans le quartier des esséniens. En effet porter l'eau était une tâche exclusivement féminine dans le judaïsme de l'époque. Seuls, les esséniens, par souci de pureté ri­tuelle absolue, effectuaient eux-mêmes cette tâche.

177

La salle que l'on propose actuellement comme celle de la Cène, bâtie par les franciscains au quatorzième siècle, dans le style gothique, est une salle haute dont la voûte est soutenue par des chapiteaux caractéristiques de l'époque.

178

Elle se situe à l'endroit où la première communauté chré­tienne s'assemblait après la Pentecôte. Après la mort de Jésus, il est plus que vraisemblable que ses disciples ont trouvé refuge dans cette même salle, et que c'est là qu'ils seront réunis quand Jésus leur apparaît, le diman­che de Pâques.

179

La Cène, peint par Léonard de Vinci en 1498.

Un climat festif a présidé à la Cène. Il ne fait pas de doute que Jésus ait dit beaucoup plus de choses que ce que les évangélistes ont rapporté.

  180

 

Ils n'ont retenu que ce qui était nouveau, soit parce que le rituel juif était assez connu pour les chrétiens venus du judaïsme, soit parce que ce rituel n'offrait que peu d'intérêt pour les chrétiens venus du paganisme.

  181

Le dernier repas de Jésus est suivi de son agonie et de sa prière solitaire au jardin de Gethsémani. C'est sans doute à ce moment que Jésus a pu mesurer pleinement le destin tragique qui allait être le sien

  182

Après avoir chanté les psaumes d'action de grâce, à la fin du repas pascal, Jésus s'en va, par la vallée du Cé­dron, jusqu'au jardin de Gethsémani.

183

On peut encore voir les marches qu'il emprunta pour descendre à la vallée du Cédron, à proximité de l'église saint Pierre en Gallicante (au chant du coq), qui rappelle que Pierre renia son maître par trois fois.

184

Jésus est effrayé devant un événement qui doit survenir et sur lequel il ne peut avoir de prise directe, un événe­ment auquel il ne peut donner personnellement un sens. Il est dépourvu devant la mort qui approche de lui.

185

Il est seul, car les hommes qu'il a choisis sont défail­lants, l'un d'eux le trahit, l'autre va le renier, les autres dorment sans se rendre compte de l'importance de ce qui se déroule pendant leur sommeil.

186

Pour Jésus, c'est l'heure du rejet, de l'abandon par ceux qui l'entourent, c'est l'heure de la mort. Dans sa prière au Père, à qui tout est possible, il demande d'écarter la coupe de souffrance. Mais il comprend quelle est la volonté du Père, il s'y abandonne avec confiance.

  187

Le rôle de Judas fut d'indiquer l'endroit où saisir son maître, car beaucoup de pèlerins campaient sur le mont des Oliviers pendant la période pascale, rendant difficile la reconnaissance d'une per­sonne au cours de la nuit. 

  188

 

Les gardes trouvent Jésus paré à toute éventualité, tan­dis que des disciples, non préparés, s'enfuient et se dis­persent, laissant Jésus seul aux mains de ses ennemis.

189

 

Après son arrestation au jardin de Gethsémani, Jésus est traduit devant un tribunal juif, le Sanhédrin, grand conseil comprenant soixante et onze membres, chefs re­ligieux des familles sacerdotales, membres de l'aristo­cratie laïque et scribes, divisés en deux tendances : les pharisiens et les saducéens.

190

Ce grand conseil se réunit dans le palais du grand prêtre.

191

Les prêtres ne manquaient pas de mobiles pour chercher à faire périr Jésus :

192

il ne respectait pas le sabbat, il ne respectait pas le Temple, il se moquait ouvertement des prêtres et des pharisiens, il se prétendait fils de Dieu.

193

Pendant que se décidait le sort de Jésus, dans la cour du palais du grand prêtre, Pierre reniait son maître.

194

GIOTTO,15,ITA,

Sous des apparences de procès régulier, ce premier pro­cès de Jésus devant les autorités juives a été bâclé. Même si le Sanhédrin avait quelque pouvoir pour or­don­ner l'exécution d'une sentence pour un motif religieux, tel que le blasphème, il n'avait pas le pouvoir d'or­donner la mise à mort. C'est pourquoi il faut porter l'affaire de­vant le procurateur romain, Pilate, qui séjournait à Jéru­salem, pen­dant les périodes de fêtes.

195

FRESQUE

Les milieux sacerdotaux livrent Jésus à Pilate, en invo­quant non plus des motifs religieux, mais en présentant Jésus comme un agitateur qui refuse de payer l'im­pôt et veut rétablir la royauté sur Israël. L'intention qui diri­geait les prêtres était double ; il fallait faire condamner Jésus, et surtout discrédi­ter ab­solument sa mémoire parmi le peuple. D'où la conversion du motif re­ligieux en motif politique d'incita­tion à la révolte et à la sédition.

196

Pilate est un procurateur romain ordinaire qui pense sur­tout à sa car­rière et qui mène une guerre froide contre les chefs juifs. Quand on enferme Jésus dans ses pri­sons, il ne représente pour lui qu'un épi­sode négligeable.

197

Pilate s'aperçoit certainement qu'on lui présente un pro­cès truqué, et se trouve dans l’embarras, quand on lui présente Jésus. Il aurait sans doute aimé trouver le moyen de décliner la com­pétence de son pouvoir, mais les grands prêtres, qui jouaient le rôle de procureurs de jus­tice, lui présentent Jé­sus comme un dange­reux nationa­liste, invo­quant contre lui des accusations aux­quelles Jé­sus ne ré­pond pas, car il ne les accepte pas.

198

Interrogé, Jésus ne ré­pond rien aux accusa­tions portées contre lui. Pilate ne trouve pas de motif de condamna­tion dans la personne de Jésus et dans ses actes.

199

Mais il va abandonner Jésus, mais auparavant, cons­cient du fait que Jésus pouvait être populaire, il va faire un geste susceptible de lui atti­rer la faveur des foules, même s’il devait dé­plaire aux chefs des prêtres qu'il semblait mé­priser. Pilate propose inconditionnellement de re­mettre Jésus en liberté ; la foule rejette cette proposition et, sous l'incitation des prêtres, réclame la mise en liberté de Barabbas et la crucifixion de Jésus.

200

Le gouverneur romain est alors contraint de se soumet­tre à la vindicte populaire, et conformé­ment à l'usage romain, il fait flageller Jésus avant de le faire crucifier.

201

La foule, en délire, approuve sa condamnation, elle hurle à la mort et préfère li­bérer un assassin plutôt que de laisser vi­vre Jésus. Jésus est « le prophète as­sassiné ». Jésus est l'innocent qui souffre à la place d'un coupable.

202

Le condamné devait porter lui-même l'instrument de son supplice, le patibulum, jusqu'au lieu de l'exécution. Jésus, après avoir été châtié sans raison, doit quand même être mis en croix.

203

Mais les outrages et les tortures l'ont épuisé. Il n'arri­vera sans doute pas au lieu de son exécution. Il ne convient pas que le condamné ne subisse pas son châ­ti­ment jusqu'au bout. L'épuisement physique de Jésus ex­plique le fait qu'un passant soit réquisitionné pour porter la croix avec lui. Cet homme sera un certain Simon qui revenait des champs.

204

En arrivant sur le Golgotha, Jésus sera dépouillé de ses vête­ments. Dé­pouillé de tout caractère humain, il connaît la condition de l'esclave révolté.

205

La crucifixion, comme peine de mort, ne s'appliquait pas aux citoyens romains qui étaient décapités, les juifs, se­lon leur loi, étaient lapidés.

206

Pour décrire l'exécution, les évangélistes sont très so­bres. Les condamnés, qui devaient subir ce châtiment, habituellement des es­claves révoltés, étaient cloués, les bras étendus sur le patibulum, puis on fixait cette barre transversale sur un poteau vertical, le stipes, préalable­ment dressé à hauteur d'homme.

207

Les pieds du condamné étaient alors cloués. Une sorte de siège supportait en partie le poids du corps afin que ce­lui-ci n'entraîne pas une déchirure des membres su­pé­rieurs fixés préalablement.

208

Le crucifié mettait souvent de très longues heures avant de mourir, non pas par perte de sang, mais plu­tôt par une lente asphyxie.

209

Les inventeurs de ce type d'exécution sont les Perses et les Phéniciens, puis les Grecs et les Romains l'ont certai­nement adopté en raison de son caractère très specta­culaire.

210

Sur la route de son supplice, la tradition veut qu'il ren­contra sa mère. La quatrième station du chemin de croix est un oratoire, Notre-Dame du Spasme, avec un haut-relief d'un sculpteur po­lonais évoquant cette rencontre.

211

Le voile de Véronique

Une tradition très ancienne, qui ne trouve aucune réfé­rence dans les évangiles canoniques mentionne qu’une femme aurait essuyé le visage de Jésus marqué par les souffrances et défiguré par les mauvais traitements.

212

Véronique a franchi les obstacles qui se dressaient entre elle et Jésus, elle a surmonté la haine des rieurs pour ac­complir un geste de tendresse, en prenant le parti de la victime contre les oppresseurs.

213

Georges Rouault - Il Santo volto

Le voile de soie qu'elle a uti­lisé et sur lequel les traits du visage de Jésus sont restés imprimés fut remis à la basi­lique saint Pierre de Rome en 707.

214

3mercredi25

Il était suivi d'une grande multitude du peuple, entre au­tres de fem­mes qui se frappaient la poitrine et se lamen­taient sur lui.

215

La Via Dolorosa (chemin de croix à Jérusalem) se ter­mine dans le Saint Sépulcre qui recouvre le Golgotha, la colline sur laquelle Jésus fut crucifié et sur laquelle se trouve aussi le tombeau où son corps fut déposé.

216

On entre dans cette ba­silique par le côté gauche, l'autre côté ayant été condamné par Saladin.

217

A droite, en entrant, se trouve le Golgotha, monticule de forme arron­die, auquel on accède par un escalier abrupt. C'est là que Jésus est dé­pouillé de ses vêtements, qu'il est mis en croix, qu'il meurt, et qu'il est descendu de la croix.

218

Seul un petit groupe de fidèles assistera à sa mort, im­puis­sant, au pied de la croix, sur un mont extérieur de Jérusalem, le Gol­gotha ou Calvaire, le lieu dit du Crâne.

219

C'est là qu'ils le crucifièrent, ainsi que deux autres, un de chaque côté et au milieu Jésus. Pilate avait rédigé un écriteau qu'il fit placer sur la croix, il portait cette ins­cription : Jésus le Nazaréen, le roi des Juifs.

220

Jésus, comme tous les crucifiés, est accablé des sarcas­mes de la foule, qui passe et qui regarde la mort faire son oeuvre.

221

Jésus meurt après six heures de souf­frances, non sans avoir suscité une vérita­ble profession de foi de la part d'un centurion romain : « Le centu­rion qui se tenait de­vant lui, voyant qu'il avait ex­piré, dit : Vraiment cet homme était Fils de Dieu ».

222

La loi mosaïque, en vigueur à Jérusalem, même sous la domination ro­maine, ne permettait pas que des cadavres soient exposés en croix durant la nuit, surtout en pé­riode de fête, et encore plus cette nuit-là qui connaissait la grande prépa­ration pascale.

223

Des soldats viennent briser les jambes des condamnés, mais s'apercevant que Jésus est déjà mort, ils ne lui bri­sent pas les jambes et lui per­cent le côté d'un coup de lance.

224

Selon la loi romaine également en vigueur, les exécutés politiques pouvaient bé­néficier, par grâce spéciale, d'une sépulture ho­norable. Rien n'empêchait qu'un sympathi­sant puisse obtenir le corps du crucifié.

225

Joseph d'Arimathée, membre influent du Sanhé­drin, en demanda l'autorisation à Pilate. Avec Nicodème, disci­ple de Jésus mais en secret, Joseph descend le ca­davre de la croix, le dé­pose au pied du Golgotha.

226

C'est là que les femmes firent, selon la tradition, une onction d'huile parfumée au corps de Jésus, avant que ce­lui-ci ne soit conduit dans une tombe creusée dans le roc, dans un jardin proche du lieu de la crucifixion.

227

Les autorités sacerdotales qui avaient réussi à se dé­bar­rasser du prophète gali­léen se félicitaient d'avoir réussi à éviter des histoi­res avec le gouverneur, sur­tout en cette période d'affluence.

228

Elles étaient sou­cieuses de fêter la Pâque et ne se pré­occupèrent pas des déclarations de Jésus qui avait af­firmé qu'il ressusciterait le troisième jour. Elles ne se soucièrent ab­solument pas de l'ensevelissement et n'ap­posèrent donc pas les scellés sur la pierre du tombeau.

229

Les premiers récits chrétiens n'ont pas cherché à éva­cuer le ca­rac­tère scanda­leux de la croix : l'arrachement de Jésus à l'existence humaine n'a pas été édul­coré, comme s'il s'était agi d'une sorte de demi-mal.

230

Pourtant, ses disciples reconnaissent qu’il demeure vi­vant, non pas qu'il soit revenu pu­rement et simplement à la vie qu'il possé­dait avant son arrestation et sa cruci­fixion, comme si son cadavre avait été réanimé d'une ma­nière ou d'une autre.

231

Si son procès et son supplice avaient bien mis en valeur qu'il avait été re­jeté pour avoir revendiqué une relation particulière avec Dieu, sa résurrection va manifester, à ceux qui ont des yeux pour voir, la réalité de cette rela­tion et de cette intimité.

232

C'est à partir ou à travers l'événement de la résurrec­tion que les disciples ont pu comprendre tout le sens et tous les enjeux de la vie de Jésus.

233

Mais c’est aussi à partir de cet évènement fondateur que s’élaborera d’une manière ou d’une autre l’ensemble de la doctrine chrétienne.