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L’islam
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Personne
n'a jamais mis en doute l'existence de Mahomet, même si celui-ci est entré
vivant dans la légende, tout affirmant lui-même qu'il n'était qu'un homme
semblable à tous les autres. |
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Aucun
événement extraordinaire n'a présidé à sa conception ou à sa naissance ; et
le déroulement de son existence n'a absolument rien d'extraordinaire ou de
divin. |
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On
sait d'ailleurs très peu de choses sur la vie de Mahomet avant la révélation
qui lui a été faite : c'est sur cette période se son existence que les
traditions ultérieures ont le plus fabulé. |
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Les
dates les plus certaines qui concernent la vie du Prophète sont celle de son
émigration de La Mekke à Médine en 622 et celle de sa mort dans la ville de
Médine en 632. |
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Ces
deux dates, et celles des grands événements qui ont pu se produire entre
elles, sont très assurées, tandis que les dates antérieures sont beaucoup
plus incertaines, que ce soit la date de sa naissance ou que ce soit la date
de la première révélation. |
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Néanmoins,
il est tout à fait assuré que Mahomet est bel et bien un personnage
historique, dont la vie ne saurait être rejetée purement et simplement dans
la mythologie religieuse. Muhammad, ou Mohammed - dont le nom a été francisé
en Mahomet - est un prénom relativement courant à l'époque : il signifie : le
loué. |
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Il
naquit à La Mekke dans une ancienne tribu arabe les Qoraïchites qui
prétendent descendre d'Ismaël, fils d'Abraham, et qui ont la garde de la Kaaba,
lieu où tous les prophètes depuis Abraham se rendent en pèlerinage pour
vénérer les idoles et la pierre noire d'origine météorique. |
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Les
spécialistes s'accordent pour situer son année de naissance en 571, faisant
des calculs parfois douteux. La seule base sûre de la datation de sa
naissance est le fait qu'il soit né du vivant de l'empereur perse Khosrô ler,
c'est-à-dire avant 579. Il n'a que deux mois quand son père Abd'allah meurt à
Yathrib, qui par la suite deviendra Médine. Sa mère étant pauvre, l'enfant
est confié par son grand-père paternel, Abd al Muttalib, à une nourrice venue
de la campagne, Hâlima, une bédouine à qui Muhammad conservera toujours une
profonde affection. |
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Il
restera en nourrice jusqu'à l'âge de six ou sept ans : pendant ses années,
passées auprès d'Hâlima, il gardera les moutons avec son frère de lait...
C'est la légende qui rapporte cette occupation de l'enfant : tout prophète
n'a-t-il pas été d'abord berger ? Une tradition, s'appuyant sur une
interprétation littérale d'un verset du Coran : « N'avons-nous pas
ouvert ton coeur, ne t'avons-nous pas débarrassé de ton fardeau qui
t'accablait » rapporte que ce frère vit un jour deux anges renverser
l'enfant, lui ouvrir la poitrine et ôter de son coeur une tâche noire. Cette
interprétation veut signifier que, dès son plus jeune âge, celui qui allait
devenir le Prophète du Dieu unique, a été lavé du péché originel, dont seuls
Jésus, le Prophète envoyé aux chrétiens et Marie, sa mère, ont été préservés
dès leur naissance. |
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Il
perd sa mère quand il a à peine de six ans. Son grand-père paternel le prend
en charge, mais il devait mourir avant que l'enfant n'ait atteint l'âge de
huit ans. Mahomet fut recueilli par un de ses oncles, Abu Talib, commerçant
aisé, qui ne lui donna sans doute pas une brillante instruction, mais qui
l'emmena avec lui dans ses voyages d'affaires. Les récits légendaires et
apologétiques rapportent qu'au cours d'un voyage, il rencontra un
moine-ermite nestorien, Bahira, qui lui aurait prédit sa mission prophétique.
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Son
oncle ne tint guère compte de cette prédiction, mais il se mit sans doute à
considérer son neveu d'un oeil différent. Ce que le jeune homme retenait de
ses voyages, c'est une extraordinaire admiration pour la terre d’ Abraham, où
avaient été révélés la Torah de Moïse, les Psaumes de David et l'Évangile de
Jésus... |
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Les
années passent, et l'intelligence de Mahomet, ainsi que les vertus qu'il
avait pu apprendre grâce à son oncle (loyauté, courage, générosité, sens de
l'hospitalité...) lui permettent d'entrer au service d'une riche veuve,
Khadija, qui lui fait conduire ses caravanes, en fait son homme de confiance,
avant de le prendre pour époux. Mahomet accepta ce mariage même si Khadija
était plus âgée que lui. Elle a quarante ans, lui vingt-cinq. De ce mariage
devait naître quatre filles, les garçons mourant en bas âge. Ce mariage permettait
à Mahomet de sortir de sa condition d’homme pauvre, pour devenir un homme
considéré dans à La Mekke. |
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La Mekke était un centre important pour les
caravanes qui sillonnaient l'Arabie centrale : ses riches bourgeois s'étaient
constitués en propriétaires des dépôts de marchandises devenant ainsi les
maîtres du commerce. Mais, La Mekke était également un grand centre religieux
pour toute la presqu'île arabique. C'est d'ailleurs au contact de son oncle
que le jeune Mahomet avait pu s'initier aux traditions religieuses qui
faisaient de La Mekke un centre de pèlerinage en même temps qu'un centre
commercial. |
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Les
arabes de la péninsule étaient polythéistes. Ils adressaient des prières, à
heures fixes, à Allah, le dieu créateur de l'univers, ils lui offraient
également des sacrifices d'animaux. Mais ce dieu supérieur n'était qu'un dieu
parmi les autres, auprès de ses filles, dont Manât, la déesse du bonheur, et
Allât, déesse du ciel, auprès d'Hubal, le dieu de la foudre, et auprès d'une
quantité d'autres dieux dont les pouvoirs bénéfiques ou maléfiques étaient
connus des bédouins. Les nomades croyaient également aux esprits du désert,
les djinns qui se réifiaient dans les arbres et dans les pierres du désert. |
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Dans
cette cité de La Mekke, se trouve le sanctuaire de la Pierre Noire, construit,
selon les affirmations de la tradition, par Abraham : c'est autour de la
Kaaba que s'effectuent les nombreux pèlerinages entretenus par les
Qoraïchites avec un soin et un zèle jaloux, d'autant plus que toutes les
questions religieuses sont source d'apport financier. Par sa naissance,
Mahomet se trouvait faire parti du clan de Qoraïchites, même si ce clan
n'avait plus à son époque une grande puissance financière. |
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Au
septième siècle, la Kaaba se présentait comme un cube de pierres à ciel ouvert,
dans un angle duquel se trouvait la Pierre Noire, apportée par Abraham, situé
au centre d'une très grande place, sur laquelle se trouvait le puits de
Zemzem. |
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Des
idoles de pierre grossièrement sculptées entouraient ce temple autour duquel
s'accomplissait le rite principal du pèlerinage : la septuple circumambulation
dans le sens contraire des aiguilles d'une montre. |
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Mais
l'Arabie n'était pas entièrement polythéiste. D'autres influences religieuses
s'y exerçaient également : des juifs et des chrétiens s'étaient installés
dans cet immense territoire ; à La Mekke, seuls, les juifs constituaient des
communautés organisées, les chrétiens restant dispersés, sans hiérarchie,
d'autant qu'ils ne constituaient qu'une minorité regroupant des esclaves et
des petits artisans. Mais ces croyants, avec leur idéal monothéiste,
allaient préparer le terrain à la révélation islamique. Dans la famille de
Khadija, certains commençaient à protester contre l'idolâtrie polythéiste
pratiquée dans la ville : ils avaient été au contact de monothéistes au cours
de leurs voyages d'affaires et ils trouvaient que le culte polythéiste était
en décadence. Ils sentaient naître en eux le besoin d'un ascétisme sur le
modèle des ermites chrétiens qu'ils avaient rencontrés. |
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La
tradition aime à faire connaître que c'est à l'âge de quarante ans que
Mahomet eut sa révélation de la part de Dieu par l'ange Gabriel. On n'a guère
de détails sur les circonstances qui entourèrent sa vocation ; mais l'on sait
que Mahomet, à l'instar des grands prophètes d'Israël et de Jésus de
Nazareth, avait entrepris de faire de fréquentes retraites dans le désert :
c'est au cours de l'un d'elles que, dans la joie d'un coeur purifié par ces
pratiques ascétiques, il eut la révélation d'être envoyé par le Dieu unique
pour annoncer les paroles mêmes d'Allah au peuple arabe, jusqu'alors enfermé
dans le polythéisme païen. |
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C'est
un jour de Ramadan que l'ange Gabriel lui apparut et lui confia une mission. Selon
la tradition et les différentes biographies du prophète, c'est au cours d'une
nuit de la dernière décade du mois de Ramadan que cette infusion de la Parole
de Dieu se fit dans celui qui allait devenir l'envoyé d'Allah. Cette nuit est
appelée : nuit du Destin, nuit du Décret, c'est la nuit bénie du Coran.
« Oui, nous l'avons fait descendre, durant la nuit du Décret. Comment
pourrais-tu savoir ce qu'est la nuit du Décret ? La nuit du Décret est
meilleure que mille mois ! Les anges et l'Esprit descendent durant cette
nuit, avec la permission de leur Seigneur, pour régler toute chose. Elle est
paix et salut, jusqu'au lever de l'aurore ». |
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Pendant
que Mahomet dort, un être mystérieux, un ange de Dieu, créateur de l'univers,
se manifeste à lui, tenant un rouleau d'étoffe à la main, rouleau couvert de
signes, en lui intimant l'ordre de lire ce qui s'y trouvait écrit. Mahomet
découvre alors qu'il a été choisi le Dieu unique, pour être son envoyé,
chargé de proclamer aux hommes le message contenu dans ce rouleau : ce
message, regroupant les révélations fragmentaires, constituera le Coran. |
23 |
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En
se réveillant, Mahomet a conscience d'être investi d'un message à transmettre
: un livre est descendu dans son coeur, il devra le transmettre... Il est
d'abord peu confiant dans sa mission, mais son épouse, Khadija, saura
convaincre cet homme qui vient se confier à elle, en lui racontant ce qui
s'était passé au cours de cette nuit qui apparaît décisive non seulement dans
la vie de Mahomet mais dans l'existence de l'Islam. Au lieu de prendre son
époux pour un fou ou pour un possédé à l'esprit dérangé, elle regarde avec
confiance celui qui vient de lui raconter son incroyable révélation, elle a
confiance en lui, elle croit qu'il est bien l'homme que le Dieu unique a
choisi pour être le prophète de son peuple. |
24 |
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Mahomet
était investi d'une mission divine et il fallait l'encourager dans la voie
qui s'ouvrait devant lui. En effet, une vie nouvelle s'ouvrait devant lui, et
les embûches allaient se dresser devant chacun de ses pas : la parole qu'il
allait recevoir de la part de Dieu n'était pas facile à transmettre, la
révélation du Dieu unique allait le faire passer par la nuit la plus obscure.
Rien n'est plus terrible que de se trouver en face du Dieu vivant, Maître,
Créateur et Seigneur de toutes choses et de tous les hommes. |
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Mahomet
apprécie la Bible dont il isole tous les personnages qui ont pu être « soumis
à Dieu ». Du jour au lendemain, Noé, Abraham, Ismaël, Isaac, Israël (Jacob),
Joseph, Salomon ou Jésus, deviennent musulmans (soumis), puis musulmans sans
le savoir et bien sûr, sans protester. Il récupère de même Adam, Moïse,
Aaron, David, Salomon, Job, Jonas, Zacharie, Marie, Jésus (Issa),
Jean-Baptiste (Yahya). |
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S'inspirant
des ascètes chrétiens ou arabes, Mahomet effectue de nombreuses retraites.
Vers 610, il prend l'habitude de réciter, puis dicter à un secrétaire les
paroles que l'archange Gabriel (Djibril) lui rapporte. À travers elles, il
s'en prend aux notables de la Mekke. Il prône l'humilité, la justice, la
redistribution des biens aux pauvres et aux orphelins. Dans les premiers
temps, la mission que Mahomet venait de recevoir demeura réservée à quelques
intimes. Après son épouse, son cousin Ali, le fils d'Abu Talib, fut le
premier à accepter le message, puis ce fut le tour de Zaid, un homme que
Mahomet avait lui-même adopté, n'ayant pas eu de fils avec Khadija. |
27 |
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Deux
hommes influents se joignent à la première communauté des fidèles : Abu-Bakr
et Omar qui plus tard dirigeront eux-mêmes la communauté musulmane, quand
elle aura pris son essor. En dehors de sa famille, Mahomet ne réussit à se
faire entendre que des petites gens de la Mekke, beaucoup plus faciles à
toucher que les grandes familles bourgeoises. |
28 |
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Les
adversaires de Mahomet ne tardèrent pas à lui reprocher de s'entourer de gens
peu recommandables. Le Coran souligne cette incompréhension : « Les
chefs de son peuple, qui n'étaient pas croyants, dirent : Nous ne voyons en
toi qu'un mortel semblable à tous les autres. Nous ne te voyons, à première
vue, suivi que par les plus méprisables d'entre les hommes. Nous ne voyons en
vous aucune supériorité, et nous vous prenons, au contraire, pour des
menteurs ». Ce à quoi, le Prophète ne pouvait que répondre que Dieu seul
pouvait juger les hommes, recevant l'hommage de ceux qui croyaient en lui. |
29 |
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Mahomet
comptait beaucoup sur sa propre famille pour assurer le succès de sa mission
divine. Il a été aidé par Abu-Bakr, qui lui succéda à la tête de la
communauté musulmane : c'est cet ami fidèle qui l'appuya le plus, en
recherchant la modération et en faisant toujours prévaloir la modération sur
la passion et sur les sentiments. |
30 |
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Il
convainc quelques Mekkois, révoltés ou de condition modeste, mais s'attire la
réprobation de ses concitoyens attachés aux divinités ancestrales. En trois
ans, il s'entoure d'une petite cinquantaine de disciples. Ils sont une
centaine au bout de cinq ans. |
31 |
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Mais
à la compassion ou à l'indifférence envers ces hommes, qui se livraient à des
pratiques de piété, succédèrent la raillerie, l'ironie et le mépris. Le
passage à l'hostilité s'est effectué lorsque Mahomet osa se présenter devant
la communauté mekkoise comme l'interprète autorisé de la volonté du Dieu
unique, qui l'envoyait annoncer l'imminence du Jugement dernier. Dieu, le
Grand Justicier récompenserait les hommes selon leurs actions et les punirait
de la même manière. Ses compatriotes le raillaient, quand il leur présentait
des descriptions du paradis et de l'enfer. Non contents de se moquer de lui,
en soutenant que ses propos n'étaient qu'une adaptation des fables des anciens,
ils s'attaquèrent aux thèmes de son message en le discréditant au maximum,
lui proposant de se faire soigner à leurs frais. La lutte devint ouverte
lorsque Mahomet et ses fidèles osèrent afficher publiquement leur foi, par
des rites dans la Kaaba et en public : des accrochages eurent lieu et le sang
coula, l'heure de la première persécution avait sonné. |
32 |
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Ses
protecteurs (sa femme et son oncle) meurent en 619. Il épouse Saouda, veuve
mais bonne ménagère, puis une fillette de six ans, Aïcha (au total, il se mariera
avec une dizaine de femmes dans un climat de scandales et de rivalités).
Mahomet entrait en conflit avec les familles mekkoises, en particulier avec
les Qoraïchites, dont la tribu gardait ses privilèges religieux et financiers
dans les pèlerinages. Ceux-ci risquaient de disparaître si on se mettait à
écouter celui dont l'influence leur semblait trop grande. Les opposants à la
nouvelle religion dispersaient ses fidèles quand ils priaient à l'écart,
couvraient la voix de Mahomet quand il prêchait, l'insultaient ouvertement,
lui crachaient au visage ; avec indifférence, Mahomet accueillait ces
provocations et ne s'intéressait qu'à ceux qui étaient susceptibles de se
convertir et de partager sa foi monothéiste. La rupture est complète avec ses
concitoyens lorsqu'il leur révèle ce qu'il a reçu : « O vous, les
incrédules ! je n'adore pas ce que vous adorez, vous n'adorez pas ce que
j'adore. A vous, votre religion, à moi la mienne », et encore quand il
annonce la profession de foi fondamentale de l'Islam : « Dieu est
Unique, Dieu seul, lui l'impénétrable. Il n'engendre pas, il n'est pas
engendré. Il n'a pas d'égal ». |
33 |
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Mahomet
se rend compte que son action est vaine dans sa ville ; il entre en contact
avec des tribus du voisinage, puis avec les habitants de la ville de Yatrib.
Des habitants de cette oasis avaient été convertis par les soins d'un envoyé
de Mahomet, et quelques-uns, venus au pèlerinage à La Mekke, en 620 et 621,
avaient demandé au Prophète qu'il vienne s'installer chez eux, s'engageant
par serment à suivre sa religion et à respecter la morale qu'il pouvait leur
proposer. |
34 |
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Sûr
de trouver à Yatrib de fidèles partisans et des adeptes convaincus, Mahomet
fait partir les siens vers cette oasis, par petits groupes. Les Mekkois ne
semblaient pas disposés à laisser le Prophète les rejoindre, la tradition
parle même d'un complot ourdi pour le tuer : il dut se cacher durant trois
jours dans une caverne, avec son fidèle ami Abu Bakr, avant de pouvoir
s'expatrier lui-même. La tête des deux hommes fut mise à prix quand les
Mekkois découvrirent le subterfuge, mais rien ne pouvait arriver à ceux qui
avaient comme unique protecteur le Dieu souverain de l'univers. |
35 |
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C'est
le début de l'émigration ou « hégire », en 622. Cette émigration est le
point de départ de l'ère musulmane : le 12 rabi de l'an 1, correspondant au
24 septembre 622 du calendrier julien. L'oasis de Yatrib allait devenir
Médine, madinat an-nabi, la ville du Prophète. |
36 |
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Quand
il arrive à Yatrib, l’oasis située au Nord de la Mekke compte environ trois
mille habitants, formant une population plus paysanne que la ville
commerçante de La Mekke. Aussitôt, Mahomet fait figure de chef d'un état
théocratique, au milieu de ces émigrés, dont le statut était relativement
précaire, puisqu'ils avaient tout quitté, tout sacrifié à la cause de leur
foi nouvelle. Seulement, si certains Médinois avaient demandé à Mahomet de
venir dans leur oasis, il s'en faut de beaucoup que tous les habitants de
l’oasis soient d'accord, que tous admettent les croyances musulmanes : en
plus des Juifs qui repoussaient vigoureusement toute progression d'une
religion étrangère, il se trouvait aussi des Arabes qui se montraient particulièrement
réticents à se soumettre à l'autorité d'un étranger. |
37 |
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Toutefois,
Médine est une ville de tolérance, alors que La Mekke avait totalement rejeté
les idées nouvelles ; et Mahomet, de simple prédicateur qu'il était, fut
bientôt considéré comme un véritable chef d'État. Il exerçait d'ailleurs ses
fonctions avec autant d'habileté diplomatique que de souplesse et de
ténacité, parvenant à se faire admettre par tous les habitants. |
38 |
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À
Médine, par le jeu d'un pacte entre tribus arabes rivales, la vie s'organise
autour de la communauté (Umma) qui trouve ses ressources dans le pillage des
caravanes mekkoises. Pour le Prophète, tous les groupes de la cité se
devaient une mutuelle assistance, quelle que soit leur religion, et par cette
assistance, ils devaient assurer la défense de leur ville. Les juifs
conservaient la liberté de leur culte, en mémoire du voyage nocturne que
Mahomet fit à Jérusalem, en compagnie de l'ange Gabriel. |
39 |
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En
effet, quelque temps avant de quitter sa ville natale, après la mort de son
épouse Khadija et de son oncle Abu Talib, alors qu'il était accablé par ce double
deuil et qu'il était déjà prêt à porter sa prédication en dehors de sa ville,
Mahomet fut emporté dans un voyage miraculeux. Il fut transporté du temple sacré
de La Mekke jusqu'au temple éloigné, El Aqsa, de Jérusalem ; et des ruines du
Temple, il monta jusqu'au pied du trône divin. |
40 |
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Pour
Mahomet, le culte juif gardait sa valeur, et les fidèles judaïsants de Médine
furent donc autorisés à conserver leur culte, puisqu'ils adoraient le Dieu unique,
et suivaient l'enseignement traditionnel des prophètes d'Israël. Ces juifs de
Médine avaient le droit de compter sur la protection des Arabes, mais, en
contrepartie, ils avaient le devoir de contribuer aux frais de guerre
éventuels que les musulmans pouvaient entreprendre contre leurs adversaires
éventuels. L'arbitrage de toute contestation entre les habitants de l'oasis
revenait au Prophète. |
41 |
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Les
principaux articles de la loi que Mahomet voulut imposer à cette nouvelle
communauté furent les principes de l'Islam : la reconnaissance du Dieu unique
et la foi en lui, le souverain de l'univers, la croyance aux fins dernières
et au jugement final qui devait régler le destin de tous les hommes, selon le
bien ou le mal qu'ils avaient accompli au cours de leur existence terrestre,
la croyance également en l'intervention de Dieu dans le cours de l'histoire
des hommes. |
42 |
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D'autres
articles fondamentaux vinrent s'ajouter par la suite, comme les piliers de la
foi islamique. Mais il suffisait d'imposer ces premiers principes pour créer
des liens entre tous les adeptes de la nouvelle communauté. Pour cimenter les
liens qui pouvaient se créer entre ses fidèles, qui avaient quitté La Mekke,
pour suivre les prescriptions de l'Islam, et les habitants de l'oasis qui les
avait accueillis, Mahomet estima que la construction d'un foyer
communautaire, d'une mosquée était une tâche urgente à réaliser. |
43 |
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Au
début, ses fidèles jeûnent le jour de la fête juive de l'expiation (Yom
Kippour), ce qui n'incite pas pour autant les Juifs de Médine à se rallier à la
nouvelle religion. Le jeûne est ensuite fixé le mois anniversaire d'une
escarmouche victorieuse contre des Mekkois venus secourir une caravane ;
Mahomet ne se tourne plus vers Jérusalem pour prier ; la nouvelle religion se
détache de ses ancrages primitifs, s'affirme et s'impose par tous moyens :
ses détracteurs sont assassinés, un clan juif est expulsé de Médine et ses
biens confisqués, la dernière tribu juive restée dans la ville est massacrée
(624). Mahomet veut rétablir l'idéal juif et chrétien dans sa pureté
originelle chez ceux dont il juge qu'ils l'ont corrompu et qu'ils ont
manipulé les écritures, Torah autant qu'Évangile... |
44 |
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La
Mekke tombe en 630. En neuf ans, il s'assure l'Arabie et la soumet.
L'économie de pillage (razzia) atteint ses limites : Mahomet sonne l'arrêt
des razzias entre tribus arabes. L'ère de la conquête a sonné, on soumet de
nouveaux territoires, de nouveaux peuples. |
45 |
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Il
meurt à Médine d'une courte maladie, âgé de soixante-trois ans. |
46 |
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Les
trente années qui suivent la mort du prophète sont déterminantes pour
l'histoire. Elles ouvrent une période d'expansion et de conquête mais surtout,
du fait de la question de succession, elles sont à l'origine de la division
du monde musulman. La disparition de Mahomet est suivie d'une grande
confusion car la communauté n'a aucune indication explicite sur la manière de
se choisir un dirigeant. La rupture survint immédiatement après la mort du
prophète en 632 car ce décès inattendu laissa la communauté sans chef. |
47 |
|
Actuellement
encore, le monde musulman est divisé en deux groupes, les sunnites et les
chiites. Les sunnites sont considérés comme les musulmans orthodoxes et
représentent près de 90% des musulmans. Les compagnons du Prophète auraient
passé outre à sa volonté en désignant l'un d'entre eux, Abu Bakr, beau père
de Mahomet, comme premier calife. Celui ci régna de 632 à 634. Il réprima les
mouvements de mécontentement au sein des musulmans d'Arabie et étendit les
frontières de l'Islam à la Syrie. |
48 |
|
Omar
lui succéda jusqu'en 644 et étendit les frontières de l'Islam en Egypte et en
Iran. Grand homme politique, Omar fut le premier à se déclarer « commandeur
des croyants ». Il fut assassiné ; à sa mort, six des compagnons de
Mahomet élirent un nouveau chef du clan des Omeyyades, Othman qui régna
jusqu'en 656. Il fit promulguer le texte officiel du Coran, il se rendit
impopulaire en pratiquant des détournements de fonds et fut accusé de
népotisme. Il fut assassiné à Médine ; ce meurtre fut à l'origine du
schisme sunnisme-chiisme. |
49 |
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Les
chiites affirment, depuis le deuxième siècle, que Mahomet a désigné comme
devant être son successeur, Ali, son cousin, époux de sa fille Fatima et père
de ses petits-fils, Hassan et Husayn. Ils représentent environ 10% des
musulmans. En 657, un troisième groupe se forma, les Kharidjites qui se
désolidarisèrent d'Ali. |
50 |
|
Le
sunnisme vit naître quatre écoles juridiques. L'école des Hanafites, fondée
par Abu Hannifa (699-767) fut la première et la plus répandue, elle est libérale
et laisse le champ libre à la raison et au libre arbitre. L'école des
Malékites, fondée par Malik ibn Anas (715-795) est conservatrice et s'appuie
sur le droit coutumier en vigueur à Médine au temps du prophète. L'école des
Chaféites a été fondée par Ach-Chafii (767-820) élève des écoles précédentes
qui a établi des distinctions dans les principes juridiques. L'école des
Hanbalites, fondée par Ahmad ibn Hanbal (780-855) incarne une piété
rigoureuse, traditionnelle et sans compromis. Ces écoles qui s'affrontaient
parfois durement sont arrivées à s'harmoniser en ce qui concerne la pratique
de la religion. |
51 |
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Les
chiites ne reconnaissent comme imams que les descendants directs du prophète.
Des divergences existent cependant chez eux sur la personne qui clôt la série
des imams. C'est ainsi que l'on distingue trois groupes. Pour les Zaïdites,
la lignée des imams se termine par Zaïd, un fils du quatrième imam tombé vers
740 au cours de la révolte contre les Omeyyades. Ils sont modérés et tolérants.
Pour les septimaniens ou ismaïliens, la lignée des imams se termine avec
Ismaïl, fils du sixième imam qui fut appelé par ce dernier à lui succéder
avant son décès en 760. Leur doctrine laisse une place importante à la spéculation
et comporte des éléments hérités de la Perse ancienne et du mysticisme
néoplatonicien. |
52 |
|
Deux
courants théologiques et politiques naquirent en 1094, les mutazilites et les
nizârites. Les Duodécimains constituent la branche de plus importante du
chiisme. Ils reconnaissent douze imams comme descendants légitimes d'Ali, le
cousin et gendre du prophète et ils soutiennent que les quatre premiers califes
usurpèrent sa place. Ils maintiennent que seuls les descendants directs
d'Ali sont d'authentiques imams, infaillibles en matière de religion. |
53 |
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Le
caractère distinctif des duodécimains tient à ce qu'ils croient au retour de
l'imam caché. Ils disent que, en 874, le dernier des douze imams, Imam
al-Mahdi disparut pour obéir à la volonté de Dieu. Ils pensent que al-Mahdi
« le bien guidé » est un personnage messianique qui viendra sur
terre pour délivrer l'homme du mal et instaurer la règne du bien à la fin des
temps et restaurer la religion vraie. |
54 |
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Le dogme de l’Islam |
55 |
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La
dogmatique n'a pas la même importance que dans le christianisme. Il n'y a d'ailleurs
pas à proprement parler de dogmes en islam. Les disciplines reines de
la théologie sont le commentaire et la réflexion juridico-éthique. Alors que,
dans le judaïsme et le christianisme, les dogmes sont sujets à de nombreuses
interprétations, en raison de leur complexité, l’islam est une religion
facile à comprendre, parce qu’il s’est fixé des dogmes simples qui peuvent
être admis par tous les fidèles, sans prêter le flanc à des discussions interminables.
Mais la difficulté de l’islam réside plutôt dans le mélange du religieux et
du législatif, du sacré et du judiciaire... C’est que l’Islam n’est pas
simplement une religion comme les autres : c’est tout un mode de vie que le
croyant est invité à adopter pour suivre le chemin de Dieu tout au long de sa
vie quotidienne au milieu de l’ensemble de la communauté des fidèles. |
56 |
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L’ensemble
de la doctrine, fondée sur la révélation a Mahomet s’articule en trois petits
articles de foi, d’où vont découler toutes les autres obligations du croyant
: Dieu est Unique, Mahomet est l’envoyé de Dieu, dans la ligne des prophètes
des temps antérieurs, Le jugement dernier, annoncé par Mahomet, de la part de
Dieu récompensera les croyants et punira les infidèles. |
57 |
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Dans
chaque langue, il existe un ou plusieurs termes utilisés pour désigner Dieu.
Mais, en arabe, Allah est le nom spécifique du seul Dieu. Ce nom n’a ni
pluriel ni genre. Ceci montre son caractère unique quand on le compare avec
le mot « dieu », qui peut s’exprimer au pluriel (dieux) ou au
féminin (déesse). |
58 |
|
Des
explications contradictoires sur les origines du mot arabe Allah, qui est
apparenté au nom donné à Dieu dans les autres langues sémites, ont été avancées.
La plus reconnue indique qu'il s'agit de la contraction de al-ilah, « le
dieu ». On suggère que les arabes païens de l'ère préislamique, bien que
vénérant plusieurs dieux, ont fini par poser l'existence d'un dieu supérieur
aux autres, souvent désigné simplement par « le dieu ». Mahomet
utilisa ce nom existant pour se référer au Dieu unique dont il est le
Prophète. Le nom d’Allah est employé pour désigner Dieu par les arabophones,
musulmans ou chrétiens. Ce nom est mentionné plus de deux mille cent
cinquante fois dans le Coran. En araméen, une langue qui s’apparente à
l'arabe et que Jésus parlait, Dieu est également appelé Allah. |
59 |
|
L'Islam
enseigne qu'il n'existe qu'un seul Dieu pour tous les hommes quelle que soit
leur langues. Comment les chrétiens et les juifs pourraient-ils avoir un Dieu
différent ? Il n’existe qu’un seul Dieu, unique et incomparable, qui n'a pas
de fils ni de partenaire. Personne n'a le droit d'être invoqué, imploré,
prié, ou être l'objet de quelque acte d'adoration à part lui. Il est le
véritable Dieu, et toutes les autres divinités sont fausses. Le concept
de divinité dans l'islam présente de nombreux points communs avec ceux du judaïsme
et du christianisme. Dieu est considéré comme unique, parfait et éternel,
omnipotent et créateur du cosmos. |
60 |
|
Des
non-musulmans prétendent qu’Allah est sévère, cruel, exigeant d’être obéi, ni
tendre ni bienveillant, alors que chaque sourate, à une exception près, commence
par le verset : « Bismillahi ar-rahmâni ar-rahîm » (Au nom de Dieu,
le Miséricordieux, le Bienveillant). Sa miséricorde occupe une place
essentielle dans l’islam. Sa bonté se manifeste par ses bénédictions
matérielles et spirituelles. Le prophète l’a comparée à la bonté d’une mère
pour son enfant. L'islam emploie fréquemment d'autres noms pour désigner
Dieu, ils expriment des qualités de Dieu. Il existe
quatre-vingt-dix-neuf noms par lesquels on désigne Allah, ce sont
« les plus beaux noms de Dieu ». Les musulmans se donnent aussi des
noms patronymiques formés par l'un des noms de Dieu précédé du terme abd
(« serviteur de ») : Abd Allah, Abd al-Rahman, Abd al-Rahim,
etc… |
61 |
|
Pour
rendre un culte authentique à Allah, l’islam reconnaît l’existence des anges
créés de lumière, ailés, purs, immortels porteurs des commandements divins
qui n'adorent que Dieu, lui obéissent, et n'agissent que sur ses
ordres. Des noms propres sont attribués à certains anges. Le Coran en
mentionne quelques-uns et définit leur fonction. Gabriel (Jibrîl) et Michel
(Mikaïl), qui a la haute main sur les forces de la nature. Quand ils
descendent du ciel, les anges peuvent prendre une forme humaine parfaite. Le
rôle de ces anges est de louer la divinité de Dieu, nuit et jour, sans se
lasser ; mais il est aussi de servir d’intermédiaires entre Dieu et les
hommes : ce sont eux qui transmettent, par exemple, aux prophètes les
messages divins. |
62 |
|
Ainsi en est-il particulièrement de Jibrîl, qui est
considéré par le Coran comme le messager privilégié de Dieu ; |
63 |
|
Mikaïl est l’ange qui veille sur l’ensemble de
la nature ; |
64 |
|
Izraïl est l’ange de la mort, |
65 |
|
tandis que Izrafil est l’ange qui sera chargé de
sonner au clairon l’heure du jugement dernier. |
66 |
|
Il faut aussi compter
les deux anges gardiens que Dieu accorde à chaque homme pour qu’ils soient
les témoins de ses bonnes et de ses mauvaises actions ; ils seront présents,
au moment du jugement, comme les garants de la conduite de chaque homme,
avant que celui-ci ne puisse entrer dans le Paradis ou qu’il ne soit condamné
à la Géhenne du feu éternel. |
67 |
|
Quant à Iblis, celui qui a refusé de se
prosterner devant le premier homme, il a été maudit de Dieu et condamné à
errer éternellement, mais il réussit à se concilier les grâces d’une foule de
démons, que la tradition préislamique connaissait déjà sous le nom de
djinns, formant avec eux tout un peuple qui sera puni, au jour du jugement,
en raison du mal qu’il aura fait à l’ensemble de l’humanité. |
68 |
|
Le Coran cite encore Mâlik qui commande la garde
de l’enfer, et mentionne aussi Harut et Marut qui apprennent la magie aux
démons. Enfin, il est question de quatre anges que le Livre ne nomme
pas : Munkar et Nakir, Mubabashar et Bashîr qui interrogent les hommes
dans leur tombe, la nuit de leur enterrement. |
69 |
|
Les anges jouent un rôle en vue d'assister les
croyants pour soutenir leur lutte contre les infidèles. Les anges ont des
fonctions au ciel, sur terre et aussi dans l'au-delà. Au Jugement dernier,
huit anges porteront le Trône de Dieu. D'autres accueilleront les créatures
de Dieu et introduiront les heureux au paradis ou précipiteront les damnés
dans la fournaise et participeront à leurs supplices. Certains anges auront
un pouvoir d'intercession pour les croyants. Ils implorent Dieu de pardonner
aux repentis. La tradition dit également que deux anges se tiennent l'un à
droite de chaque homme et écrit ses bonnes actions, l'autre à sa gauche et inscrit
les mauvaises. |
70 |
|
Croyance aux prophètes et aux
messagers de Dieu |
71 |
|
La miséricorde de Dieu à l’égard de l’humanité
s’exprime dans le fait qu’il a voulu envoyer aux hommes des prophètes, pour
qu’ils puissent proclamer la nécessité de la foi au Dieu unique. Le croyant
doit faire confiance aux envoyés de Dieu. Ces envoyés de Dieu ont été marqués
par des signes qui ont pu accréditer leur mission, dès leur première
vocation. |
72 |
|
Il y a eu beaucoup d’envoyés d’Allah depuis les
origines du monde jusqu’à Mahomet, en commençant par Adam pour arriver
jusqu’à Jésus, qui a été envoyé au peuple juif. |
73 |
|
Chacun des envoyés de Dieu a prêché le
monothéisme dans un cadre défini de l’histoire et de l’espace ; avant Muhammad,
ils étaient envoyés au peuple d’Israël, mais, Mahomet, le dernier des
prophètes d’Allah, a reçu une mission universelle. |
74 |
|
Il est Le Prophète de Dieu. Tous les autres
prophètes ont eu besoin d’apporter des preuves de l’authenticité de leur
mission, en accomplissant, par exemple, des miracles ou des signes qui les
accréditaient ; seul, Mahomet, le dernier des envoyés de Dieu, n’a pas eu
besoin de preuve : le miracle du Coran, le livre même de la Parole d’Allah, a
été sa preuve, une preuve à laquelle tous les miracles ne pouvaient rien
ajouter. |
75 |
|
Mahomet est apparu dans l’histoire comme celui
qui apporte le sceau divin de toute la Parole de Dieu pour l’ensemble de
l’humanité. Le message de ces prophètes, tel qu’il peut apparaître dans le
texte coranique, n’est cependant pas recopié ou retranscrit des livres dont
ils ont pu être les auteurs ou les inspirateurs : |
76 |
|
le Coran ne prétend pas avoir emprunté ses
sources aux livres antérieurs, il affirme que tout ce qui a trait aux
prophètes a été l’objet d’une révélation particulière de Dieu. Celui-ci a
voulu faire connaître à son Envoyé comment les prophètes de tous les temps
ont été de parfaits musulmans, en prêchant le monothéisme contre toutes les
formes d’idolâtrie courantes à leur époque. |
77 |
|
Les prophètes sont des êtres humains créés par
Dieu mais n'ont aucune des qualités divines. Le dernier message envoyé à
l'homme, et qui est une confirmation du message éternel de Dieu, a été révélé
à Mahomet. Ainsi Mahomet est le dernier prophète à avoir été envoyé par Dieu.
|
78 |
|
Il convient de considérer à présent tous ceux
qui sont reconnus comme les prophètes envoyés par Dieu, en suivant l’ordre de
la Bible, mais en les regardant tels qu’ils apparaissent dans le Coran. Tout
d’abord, il faut citer le premier homme, Adam, qui a été placé dans le monde
comme le lieutenant de Dieu. |
79 |
|
Un pacte avait été conclu entre Dieu et le
premier homme, mais celui-ci, poussé par le démon, l’ange qui avait refusé de
se prosterner devant cette nouvelle créature, ange qui a pour nom Iblis, a
oublié le pacte conclu et n’a manifesté aucune résolution personnelle en face
de Dieu. Iblis tenta Adam, en lui indiquant l’arbre de l’immortalité
qui ouvrait, selon lui, les portes d’un Royaume impérissable. Adam désobéit
donc à Dieu, puis il est revenu de son erreur, et Dieu l’a de nouveau élu, en
le dirigeant selon sa volonté. |
80 |
|
Le Coran mentionne Idris qu’on identifie
habituellement au patriarche biblique Hénok, dont le récit de la Genèse parle
également très brièvement : Hénok vécut en tout trois cent soixante-cinq
ans. Ayant suivi les voies de Dieu, il disparut car Dieu l’avait enlevé (Gen.
5, 23-24). Marcher dans les voies de Dieu, c’est agir conformément à la
volonté de Dieu, et c’est donc déjà être un parfait musulman. |
81 |
|
Noé fut envoyé par Dieu au peuple incrédule pour
l’appeler à la conversion au temps du déluge. Noé construisit donc une arche
au milieu des quolibets et des ricanements de son peuple, il le chargea d’un
couple de chaque espèce animale et de ceux qui partageaient sa foi au Dieu
unique. Et, au cours du déluge qui survint, personne n’échappa à la colère de
Dieu, sinon ceux à qui Dieu lui-même avait fait preuve de miséricorde. Noé
reçut alors les bénédictions de Dieu pour lui et pour tous ceux qui avaient
placé leur foi dans le Seigneur de Noé. |
82 |
|
Abraham, qui est l’ami de Dieu, ouvre une
nouvelle étape dans l’histoire de la Révélation de Dieu aux hommes ; les
Sémites, après lui, invoqueront le Dieu Un, en l’appelant le Dieu d’Abraham,
le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob. |
83 |
|
Si la tradition biblique accorde une grande
importance à la migration qu’entreprit Abraham pour aller dans le pays qui
lui serait indiqué par Dieu, la tradition coranique insiste davantage sur la
foi d’Abraham avant son départ, elle souligne ainsi les conditions dans
lesquelles il entreprit sa migration, en brisant, de manière définitive, avec
le polythéisme de ses pères et de ses compatriotes. |
84 |
|
Le Coran mentionne, à plusieurs reprises, le
sacrifice du fils d’Abraham, sans jamais le désigner ; aussi, tout porte à
croire que la tradition islamique veuille voir, dans ce fils, non pas Isaac,
comme dans la tradition biblique, mais Ismaël. Et, en souvenir de ce
sacrifice d’Abraham, les musulmans ont conservé l’habitude d’immoler un
mouton le dixième jour du mois du pèlerinage. |
85 |
|
A la suite de son père, Abraham, Ismaël fut
entièrement soumis à la volonté de Dieu. C’est la raison pour laquelle la tradition
coranique le place également parmi les prophètes : « Mentionne Ismaël
dans le livre, il était sincère en sa promesse, ce fut un apôtre et un
prophète. Il ordonnait à sa famille la prière et l’aumône. Il était agréé par
son Seigneur » |
86 |
|
Isaac, l’autre fils d’Abraham, est aussi
considéré comme un prophète parmi les justes. Le Coran a retenu également le
nom de certains descendants du prophète et patriarche Abraham : Jacob, le
fils d’Isaac et donc le petit-fils d’Abraham, et Joseph, l’un des douze fils
de Jacob. L’histoire de Joseph est racontée dans les cent onze versets d’une
sourate qui porte son nom. Tous ces descendants d’Abraham sont déclarés
justes et soumis à Dieu en toute chose c’est-à-dire authentiques musulmans. |
87 |
|
Le Coran rapporte l’histoire de Moïse d’une
manière comparable à celle de la Bible. Les commandements, transmis par Dieu
à Moïse, au moyen de la Loi, sont rappelés dans le Coran, mais sans référence
à la révélation mosaïque. Ce que Dieu ordonne, c’est de ne reconnaître que le
culte du Dieu unique en refusant aux croyants le culte des idoles qui ne sont
que du vent ; le croyant doit mener une vie exemplaire, se soumettant en tout
à la volonté du Dieu unique, se refusant de l’invoquer vainement dans des
serments, demeurant bon et respectueux à l’égard de ses parents,
s’interdisant toute forme d’homicide, se refusant à tout ce qui pourrait
faire tort à son semblable, comme le mensonge, l’adultère, le vol, la
jalousie, la calomnie. |
88 |
|
Quelques versets coraniques sont consacrés aux
trois premiers rois du peuple d’Israël : Saül, David et Salomon. De ceux que
la Bible considère comme les grands prophètes d’Israël, le Coran ne retient
que quelques noms. |
89 |
|
D’abord, le prophète Élie est simplement mentionné
au nombre des justes. Élisée, le successeur biblique d'Élie, est ainsi
mentionné également, comme l’un de ceux qui ont été choisis par Dieu pour
être guidés sur la voie droite. |
90 |
|
Jonas, présenté comme l’homme au poisson, est
également évoqué par le Coran, à plusieurs reprises. |
91 |
|
Le Coran mentionne enfin Job parmi les prophètes
du peuple d’Israël : Job est l’exemple typique du serviteur souffrant, qui se
soumet en tout à la volonté de Dieu, se comportant comme un véritable et
fidèle musulman. |
92 |
|
A la suite de ces envoyés de Dieu, qui ont traversé
l’histoire du peuple hébreu, de nouveaux envoyés sont chargés d’une mission
par Dieu, dans l’histoire du peuple des chrétiens. C’est ainsi que le Coran
parle de Zacharie, de Jean-Baptiste, de Marie, la Vierge Mère de Jésus : le
Coran relate le récit de l’Annonciation, de l’annonce faite à Marie qu’elle
serait la mère de Jésus ; il affirme la conception virginale de cet enfant,
juste parmi les justes ; il raconte sa naissance au milieu de prodiges,
puisqu’il parle comme un homme plein de sagesse, dès son berceau. |
93 |
|
Jésus est donc un prophète, il est considéré, puisqu’il
est mentionné, dans le Coran, treize fois comme le fils de Marie et trois
fois comme le Messie, fils de Marie. A la fin de sa vie, Jésus monte au ciel,
d’où il reviendra pour le jugement dernier ; les musulmans ne peuvent pas
admettre que Dieu ait laissé crucifier Jésus, ils pensent que Dieu l’a
miraculeusement rappelé à lui et qu’un autre homme a été crucifié à sa place,
ils partagent les doutes des juifs sur la mort et la résurrection de Jésus,
admises comme vérités fondamentales de la foi chrétienne. |
94 |
|
Si les chrétiens ne cessent d’affirmer la mort
sur la croix de Jésus et sa résurrection, c’est qu’ils ont perverti le message
évangélique ; d’ailleurs, ils ont même falsifié ses paroles. Celui-ci a annoncé
la venue d’un autre Prophète après lui. Les chrétiens auraient refusé
d’admettre que Jésus était envoyé de Dieu pour annoncer la venue d’un autre
que lui, ils auraient même substituer au terme « periclutos » qui
signifie en grec : le loué, l’illustre, et qui se traduit en arabe par Ahmad
(qui est aussi le nom de Mahomet), le terme « paracletos », le
Paraclet qu’ils ont traduit par le Saint-Esprit, altérant ainsi profondément
le message même de celui qu’ils prétendent servir. Les chrétiens ont toujours
caché cette annonce prophétique de la naissance de l’Islam. |
95 |
|
A côté des prophètes envoyés au peuple hébreu,
des prophètes envoyés aux chrétiens, le Coran reconnaît l’existence de
prophètes envoyés par Dieu aux Arabes, Houd, Salih et Chuaïb. A plusieurs
reprises, il revient sur ces prophètes qui ont été envoyés par Dieu aux
Arabes avec la mission de leur annoncer la nécessité de revenir au culte de
l’Unique : ces prophètes étaient issus d’un peuple idolâtre, Dieu les avait
institués comme ses envoyés au milieu de leur communauté, ils furent traités
de menteurs par leurs compatriotes. Ainsi, des avertissements divins ont été
adressés aux hommes de toutes les générations et de tous les lieux, mais les
incrédules ont toujours refusé de croire en leur message, ils ont suscité et
fortifié l’opposition à la parole des envoyés de Dieu. |
96 |
|
L’Islam affirme que Dieu a révélé des livres à
ses messagers afin qu'ils servent de preuves et de guides pour l’ensemble de
l'humanité. Parmi ces livres, il y a le Coran, que Dieu a révélé à Mahomet.
Dieu a assuré la protection du Coran contre toute altération. |
97 |
|
Après l’affirmation du monothéisme absolu et
celle de la révélation faite aux hommes, le troisième dogme de l’Islam
concerne la rétribution des hommes, selon le bien ou le mal qu’ils auront
accompli au cours de leur existence. Tout le message des prophètes reconnus
par le Coran peut se résumer dans un appel à se soumettre à la volonté de
Dieu afin d’échapper à la menace du jugement que Dieu porte sur les hommes,
et particulièrement sur le châtiment qu’il prévoit pour les incrédules. Le
jugement récompensera le croyant et punira l’infidèle. |
98 |
|
L’affirmation de l’unicité de Dieu implique
qu’il est le créateur et le maître souverain de l’univers. Lui qui n’est pas
engendré et qui n’engendre pas a créé le monde, seul et à partir de rien. Si
le Coran ne comporte pas un récit de la Création comme celui qui ouvre la
Bible, il remarque cependant que Dieu a effectué sa création, d’une manière
comparable à celle qui peut être affirmée dans la tradition judéo-chrétienne.
Il suffit qu’il parle pour que ce qu’il veut parvienne à l’existence. C’est
aussi en six jours qu’Allah a créé le ciel et la terre, et tout ce qu’ils
contiennent, à commencer par l’homme. Il a créé tous les êtres vivants qui
apparaissent comme autant de signes de sa puissance dans le monde, qu’il
confie au premier homme comme à son lieutenant, puisque, à cet homme il a
lui-même insufflé son esprit, en ordonnant par la suite aux anges de se
prosterner devant ce qui était le sommet de la création. Les anges, qui sont
en quelque sorte contraints de se prosterner devant l’homme, sont aussi des
créatures de Dieu. |
99 |
|
Dieu, créateur de toutes choses, aime sa
création et il manifeste sa miséricorde à chacune de ses créatures, mais il
sait être aussi le juge intransigeant, qui impose son jugement sur l’ensemble
de l’humanité, en considérant la manière dont elle aura vécu dans la
soumission à sa volonté. Les actes divins de création et de conseils prennent
fin avec l'acte du jugement dernier. Le jour de ce jugement, toute l'humanité
sera rassemblée et les individus seront jugés séparément en fonction de leurs
actes. Ceux qui auront « réussi » seront admis dans le jardin
(paradis), et les « perdants », ou les mauvais, iront en enfer,
bien que Dieu soit miséricordieux et pardonne à ceux qui le méritent. |
100 |
|
Dieu est le créateur, celui qui a parlé aux
hommes par des prophètes, leur enseignant ses lois, il est le maître suprême
de la vie et de la mort : il ressuscitera les hommes pour les juger et pour
les rétribuer dans une vie future. En effet, pour la foi islamique, comme
pour les autres religions, l’histoire humaine s’achève par la résurrection
des morts et le jugement, que les morts attendent dans leur tombe, sauf les
prophètes et ceux qui sont morts martyrs pour la cause de Dieu, qui ont accès
directement au Paradis éternel. |
101 |
|
Les incrédules, qui auront refusé de se
soumettre à la foi monothéiste, seront condamnés au feu de la Géhenne, tandis
que les croyants, qui auront accompli de bonnes oeuvres, en accord avec la
foi, auront une récompense, celle de vivre pour toujours dans les jardins
paradisiaques où ils demeureront immortels. Les prédictions, qui jalonnaient
la prédication de Mahomet, ont certainement pu ébranler quelque temps ses premiers
auditeurs polythéistes, en raison de la grande conviction qui animait le
Prophète quand il parlait. Mais Dieu seul est le maître de l’heure du
jugement. Si Mahomet ignorait le moment que Dieu seul pouvait fixer, il n’en
savait pas moins que cette heure était inévitable et que le jugement
arriverait, soit dans ce monde soit dans l’autre. Mais, ses compatriotes, polythéistes
et incrédules, ne voyant pas l’heure advenir sur le champ, ne découvrant même
pas les signes qui annonçaient la réalité de cette heure, se replongeaient
dans leurs anciennes erreurs. |
102 |
|
Au jour du jugement, après les sonneries de
clairon faites par Izrafil, annonçant la mort et la résurrection pour tous
les hommes, chacun comparaîtra devant Dieu, muni du livre qui porte
l’ensemble de ses actions, bonnes et mauvaises, en présence de ses deux anges
gardiens. Ceux qui seront trouvés justes entreront en Paradis, qui est décrit
comme une oasis agréable. Ceux qui seront trouvés injustes, incrédules,
seront condamnés à la Géhenne, présentée comme un feu qui ne s’éteint pas.
Naturellement, la description du paradis et de l’enfer utilise les métaphores
suggestives que les Bédouins, habitués à la sécheresse et à l’aridité de la
vie dans le désert, pouvaient comprendre et apprécier à leur juste mesure...
Mais, il faut le souligner, toutes les descriptions ne sont que des
suggestions, la réalité même du paradis ou de l’enfer étant inexprimable. |
103 |
|
L’Islam reconnaît en outre le
« Al-Qadar », la prédestination divine ; cette croyance en la
prédestination ne signifie pas que les êtres humains n'aient pas de libre
arbitre. La prédestination est un attribut de Dieu par lequel il régit
les choses selon sa volonté et sa science pour les faire exister au moment où
il le veut. Dieu a donné aux êtres humains un libre arbitre, ce qui signifie
qu'ils peuvent choisir entre le bien et le mal et qu'ils sont responsables de
leurs choix. Dieu est le seul dispensateur des biens, et tout vient de lui.
Cependant, l’homme agit selon ses possibilités en cherchant à susciter les
causes, tout en ignorant ce qui lui a été prédestiné. Chacun doit suivre le
bon chemin en sachant que sa responsabilité sera engagée pour tout acte qu'il
aura commis volontairement. La croyance en la prédestination ne signifie donc
pas que l'homme doit perdre toute initiative, en restant les bras croisés,
dans l'attente des événements. Il doit agir en conformité avec les
prescriptions de Dieu, car personne ne connaît le futur. Ce n'est qu'après le
déroulement des faits que l’homme pourra savoir ce qui lui avait été
prescrit. |
104 |
|
Si l'homme ne fait que jouer la partition qu'Allah
a écrite, faut-il en conclure que la liberté de l'homme n'est
qu'illusion ? Plus épineuse encore, se pose cette question :
comment comprendre la finalité d'un jugement dernier venant sanctionner des
actes dont les hommes ne sont pas en dernier ressort les auteurs, mais les
agents ? Religion de la soumission à Dieu, l'islam ne se traduit pas par
un fatalisme face aux arrêts du destin en pensant que « tout est
écrit ». L'homme est nanti d’une volonté qui le porte à choisir ses
actes à chaque instant, à déterminer l'orientation de sa vie, en bien comme
en mal. L’action humaine entre dans le cadre régi par un dessein divin qui a
consigné le destin de la création. Le croyant doit donc agir selon la vertu
et se montrer patient face aux vicissitudes de la vie, par une attitude faite
certes de soumission, mais non pas d'inaction. |
105 |
|
Selon
la dogmatique musulmane, l'Islam est une religion ouverte à tous. Aucune
autorité ne détermine l'entrée, ou l'expulsion, d'un fidèle au sein de la communauté
des croyants. Il suffit d'accepter les dogmes fondateurs, à savoir, les
croyances suivantes : la foi en Dieu (Allah), la reconnaissance des anges,
des Écritures saintes, des messagers de Dieu (Mahomet et tous les prophètes),
l’attente du jour du Jugement, ainsi que la croyance en la prédestination. |
106 |
|
Le
Coran est « Le Livre » par excellence, puisqu’il contient, pour les
fidèles de l’Islam, l’ensemble du message que Mahomet a reçu de Dieu pour le
transmettre d’abord aux Arabes puis à tous les hommes. |
107 |
|
Les
Qoraïchites polythéistes réclamaient un miracle de la part de Mahomet, pour
qu’il puisse ainsi être accrédité dans sa mission, il refusa de leur donner satisfaction.
Les miracles sont peu efficaces dans le domaine de la foi : les fils
d’Israël, après le passage de la Mer Rouge, s’empressèrent de construire un
veau d’or qu’ils adorèrent, oubliant les prodiges dont ils avaient été les
bénéficiaires. Les polythéistes mekkois n’auraient pas davantage été
impressionnés par la vue des miracles que le prophète aurait pu accomplir
pour justifier sa mission auprès d’eux. Le seul miracle accordé à Mahomet en
face de ses adversaires idolâtres, ce fut la révélation des
« ayats » (pluriel du terme « aya », qui se traduit par
signe, témoignage, prodige) La révélation de chaque verset, la descente du
ciel de chacun d’eux est considérée comme un don céleste, vraiment
miraculeux. |
108 |
|
Les
miracles des prophètes qui avaient précédé Mahomet dans l’histoire avaient
été passagers, ils avaient été oubliés : mais la révélation de la Parole de
Dieu, sous la forme des versets coraniques, devait constituer le miracle
permanent. Ce miracle commence dès les premières phrases que Mahomet va
entendre et qu’il répétera à son épouse et à quelques intimes. Au cours de la
mystérieuse nuit, la nuit de la destinée, alors qu’il est âgé d’environ quarante
ans, une voix lui intime l’ordre de lire, alors qu’il ne savait pas lire. En
cette nuit de la destinée, le Coran descendit du ciel supérieur où il était
conservé jusqu’au ciel inférieur, juste au-dessus de la terre ; puis, de ce
ciel inférieur, les paroles de Dieu descendront vers les hommes par l’Envoyé
qui les exprimera, pendant une vingtaine d’années, de manière à faire
connaître aux hommes la volonté divine, à organiser la religion et le culte
de Dieu et à faire triompher l’Islam à la face du monde. |
109 |
|
On
pense, comme le souligne la tradition, que Mahomet était illettré, et qu’il
se contentait de répéter les paroles de la Révélation qui descendaient en
lui. Les premiers croyants recueillirent de sa bouche les premiers ayats
révélés, les apprenant par coeur, de façon à pouvoir les transmettre à ceux
qui deviendraient croyants. |
110 |
|
Dans
un premier temps, les messages révélés sont confiés à la mémoire et transmis
de bouche à oreille, selon une tradition orale. Pourtant, devant la multiplication
des ayats, devant leur longueur composant des ensembles très différents,
ensembles qui seront appelés « soura », d’où le nom de sourates
donné aux chapitres du Coran, certains textes sont consignés par écrit sur
des matériaux de fortune : omoplates de chameaux, morceaux de cuir... Mais ce
besoin de fixer la révélation par écrit n’apparaît pas comme une urgence, ni
au Prophète, ni à ses adeptes les plus proches. Mais cette notation reste
très fragmentaire, et surtout rudimentaire, en raison de la pauvreté des
matériaux ; des divergences prenaient déjà naissance dans cette transmission
des révélations par l’écriture. |
111 |
|
Ce
n’est qu’après la mort du Prophète que ses proches s’inquiètent du sort qui
sera réservé aux révélations coraniques. Les premiers califes, Abu Bakr et
Omar, successeurs du Prophète, sur le plan temporel, décident qu’il fallait
laisser aux générations suivantes un document complet, qu’il serait possible
de consulter, pour régler les discussions pouvant surgir quant à
l’interprétation des paroles prononcées par le prophète en écho avec la
Parole même de Dieu. |
112 |
|
Un
immense travail de compilation fut alors entrepris. Abu Bakr, le successeur
immédiat de Mahomet, se lance dans cette entreprise, organisant un recueil
qui ne jouira pas d’une grande autorité, en raison de leur caractère trop
personnel, trop intime. C’est le troisième calife, Othman, qui ordonna de
réunir dans un livre unique les différents textes qui avaient pu être réunis
par les croyants : la recension qui fut entreprise était plus large et plus
systématique que les souvenirs intimes des amis directs du Prophète. La
fixation du Coran par écrit ne dispense pas les fidèles d’étudier ce texte,
en l’apprenant par coeur. De la sorte, ce Livre révélé demeure toujours ce
qu’il veut être, en raison même de son étymologie : une récitation de la
Parole de Dieu. |
113 |
|
La
division en chapitres (sourates) et en versets date du dixième siècle. Le
Coran comporte cent quatorze sourates. La deuxième sourate est la plus
longue, tandis que les dernières ne contiennent que quelques versets. La
tradition s’est contentée d’indiquer, pour chaque sourate, s’il s’agissait
d’un texte dicté à La Mekke ou à Médine, ce qui souligne clairement que le
Coran, même s’il est la Parole de Dieu par excellence, n’en reste pas moins,
un texte qui a connu une intervention humaine pour présider à sa rédaction. |
114 |
|
Ainsi,
historiquement, le Coran a été reçu et transmis en deux grandes périodes, qui
couvrent les deux époques de l’activité prophétique de Mahomet : celle de La
Mekke, à compter de la nuit de la destinée jusqu’au moment de l’hégire,
période que la tradition estime à une dizaine d’années, et celle de Médine, à
compter de l’hégire jusqu’à la mort du Prophète, soit également une dizaine
d’années. L’analyse scientifique montrerait que les premières révélations
empruntent un style concis, avec des phrases courtes, un peu comme pour
souligner l’aspect interpellant de la révélation. La période médinoise de la
révélation regroupe des versets plus longs et beaucoup plus travaillés, soulignant
ainsi le travail d’organisation de la première communauté croyante de Médine.
|
115 |
|
Dès
les débuts de la révélation qui lui est faite, Mahomet est inquiet, il hésite
en constatant la grandeur de la mission qui lui est confiée. Les premières
révélations faites à Mahomet contiennent le sens de sa mission et les
encouragements divins qui lui sont nécessaires pour surmonter les épreuves
qui se dresseront devant lui. |
116 |
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Une
suite de vingt-trois sourates vient illustrer l’expérience du Prophète : la
révélation l’a frappé comme la foudre, son expérience du divin est unique,
inexprimable. Néanmoins, l’objet qui lui a été révélé se doit d’être
communiqué à tous les hommes, parce qu’il les concerne au plus haut point :
il s’agit de leur salut. Mahomet est convaincu de la proximité du jugement
que Dieu va opérer sur l’univers. |
117 |
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Le
châtiment est inéluctable, même si l’heure où il viendra n’est encore connue
que de Dieu seul ; ce châtiment sera réservé aux impies, à ceux qui refusent
de croire et de se soumettre à la voie droite, en conservant fidèlement la
révélation. Tous les hommes seront jugés selon leurs conduites, les justes
connaissant le sort des élus, les mauvais le sort des damnés. Les
descriptions du jugement de Dieu devaient impressionner ceux qui recevaient
le message : les imprécations de Mahomet se font violentes contre ceux qui ne
suivent pas le chemin voulu par Dieu. |
118 |
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Comment
l’homme peut-il échapper aux tourments du châtiment de Dieu ? Il lui faut
suivre les préceptes enseignés par le Prophète. La mission de Mahomet est
alors affirmée comme une sorte de corollaire à l’imminence de l’heure du
jugement. Contrairement à ce que les premiers témoins pouvaient penser en
voyant Mahomet pris dans les transes de la Révélation, il n’était pas possédé
par quelque esprit mauvais, il était emporté par la Parole de Dieu qui se
révélait à lui. |
119 |
|
Progressivement,
à mesure que la révélation s’amplifie, les attaques de Mahomet contre ses opposants
se font plus vives, et on perçoit que la rupture était déjà presque
inévitable entre les adeptes du monothéisme absolu et les polythéistes
idolâtres, qui refusaient de se convertir et de suivre les préceptes de
l’Islam. Une série de sourates rappelle l’urgence de la conversion en raison
de l’heure eschatologique qui ne fait qu’approcher, tout en invitant, de
manière pressante, les auditeurs de Mahomet à s’engager dans les chemins de
la conversion, en pratiquant l’aumône, en renonçant à leur conduite passée et
en rendant le culte au Dieu unique. |
120 |
|
Par
Gabriel, Mahomet avait reçu la révélation de l’unicité de Dieu : "Dieu
est un, Dieu, lui seul ! Et c’est à lui seul qu’il voulait que soient
rendus le culte et la prière". Le texte qui résume peut-être le plus
parfaitement la révélation coranique, dans cette première partie de la
prédication mekkoise, est la première sou rate, celle qui sert de liminaire à
l’ensemble du Coran, et qui apparaît comme l’élément primordial de toute
dévotion, dans le monde de l’Islam : Au nom de Dieu, celui qui fait
miséricorde... |
121 |
|
Comme
la plupart des Mekkois restaient fermés à son message, Mahomet développa un nouveau
thème de prédication : celui du prophète qui parle dans le désert. Vingt-deux
sourates portent les traces de cette deuxième période mekkoise de la
prédication coranique. Abraham est l’exemple du prophète qui n’est pas
compris par les siens, puisqu’il ne réussit pas à convaincre son propre père.
C’est sans doute alors que naît dans l’esprit de Mahomet l’idée d’une communauté
de destin entre Abraham et lui. Chaque fois qu’une nation impie se détourne
du vrai Dieu, celui-ci lui envoie un Prophète pour qu’elle puisse retrouver
le chemin du salut, un Prophète comparable à Abraham, à Moïse, ou à
Jésus... |
122 |
|
Le
propre de tous les prophètes est de souffrir pour la cause de Dieu. Aussi
Mahomet finit-il pas ne plus s’étonner d’être la cible des sarcasmes des
Mekkois idolâtres. Il ne doit pas se désespérer s’il n’arrive pas à
convaincre ses compatriotes, il n’est pas responsable de l’endurcissement de
leurs coeurs et de l’aveuglement de leurs yeux. Tant pis pour eux s’ils ne
comprennent pas les avertissements qui leur sont adressés de la part de Dieu
! |
123 |
|
Une
troisième période mekkoise se dessine dans la révélation coranique. Les
sourates qui composent cette partie de la révélation faite à Mahomet correspondent
à des homélies que le Prophète devait adresser à l’ensemble des Mekkois.
Mais, de fait, la prédication ne s’adresse plus seulement aux habitants de La
Mekke, elle s’adresse aussi aux tribus avoisinantes, et les thèmes de la
révélation sont repris, en affirmant une nouvelle fois les échecs des
prophètes antérieurs, tout en soulignant la supériorité de l’Islam, qui apporte
la vérité absolue sur le Dieu unique, transcendant, souverain de l’ensemble
de l’univers. Après un exorde édifiant, les sourates rapportent des récits
concernant les prophètes qui ont été méconnus par leurs contemporains, avant
de se conclure par des menaces pour ceux qui n’acceptent pas le droit chemin
de la foi islamique. |
124 |
|
L’essentiel,
dans la pensée de Mahomet, était de rompre avec le paganisme qui sévissait à
La Mekke : il ne fallait pas que les nouveaux convertis soient tentés de
retourner à leurs anciennes pratiques idolâtriques. C’est dans ce contexte,
de la fin du séjour de Mahomet dans sa ville d’origine, que va se développer
la vénération des fidèles pour Abraham, qui n’hésita pas à rompre avec les
anciennes pratiques idolâtriques de son père pour se tourner vers le Dieu
unique et lui réserver le seul culte authentique. |
125 |
|
En
rompant avec le polythéisme mekkois, en quittant sa patrie pour émigrer vers
une oasis située à huit jours de marche de sa ville, Mahomet entreprenait ce
qui allait devenir un tournant radical pour l’avenir de l’Islam : il lui
fallait constituer une communauté de tous ceux qui avaient entendu l’appel
prophétique qu’il leur avait lancé. Il lui fallait organiser cette communauté
en un véritable état qui respecterait comme seule loi les principes de
l’Islam. |
126 |
|
C’est
toujours d’en-haut, de Dieu lui-même que Mahomet recevra les consignes qui
lui permettront de guider ses fidèles dans le droit chemin, en leur permettant
d’affronter toutes les difficultés qui se présenteront à eux. Les révélations
faites dans le cadre médinois sont les plus longues du Coran : elles ne
portent plus simplement l’intérêt sur les questions strictement religieuses,
mais elles insistent sur le fondement social de la nouvelle religion. |
127 |
|
Naturellement,
la prédication médinoise du Coran reprend les thèmes développés à La Mekke,
avec ses avertissements aux croyants et ses menaces contre les polythéistes
idolâtres. L’émigration, l’hégire de Mahomet lui a fait changer d’attitude à
l’égard de ses anciens compatriotes : il ne les considère plus seulement
comme des hommes endurcis dans l’erreur, comme des ennemis personnels, ils
deviennent les ennemis de Dieu qu’il faut vaincre, par tous les moyens, pour
que la gloire puisse être rendue à Dieu seul. L’engagement religieux des
fidèles va s’organiser en engagement politique : l’épée viendra au secours de
la parole, les premiers convertis s’organisent comme les combattants de la
foi. Le Prophète découvrait qu’il était urgent de recourir aux armes pour que
la foi authentique puisse triompher. |
128 |
|
C’est
ainsi qu’un nouveau thème de la prédication du Coran apparaît, celui de la
guerre sainte, « el jihad », guerre qui avait pour but premier de
faire triompher la vérité sur l’erreur de l’idolâtrie. Cette prédication de
la guerre sainte valut à l’Islam les reproches des chrétiens, ceux-ci ayant
oublié les paroles de Jésus qui annonçait qu’il était venu apporter un feu
sur la terre, pour séparer les membres d’une même famille, demandant à ses
disciples de le préférer aux membres de leur famille et même à leur propre
vie. |
129 |
|
A
cette même époque, la prédication se fit plus violente contre les chrétiens
qui furent confondus avec les juifs. A l’origine, il semble bien que Mahomet
ait eu des contacts suivis avec quelques communautés chrétiennes, avec
lesquelles il devait entretenir de bons rapports, même si, à plusieurs
reprises, le dogme de la Trinité est condamné par la révélation coranique. Il
est certain que les premiers croyants de l’Islam ont pu découvrir parmi les
chrétiens des hommes proches d’eux, qui comptaient des prêtres, des moines,
et même de simples laïcs qui ne s’enflaient pas d’orgueil et qui
accomplissaient la volonté de Dieu dans l’humilité et dans le partage d’une
vie communautaire simple. Par leur foi et leur charité, il apparaissait au
Prophète que ces chrétiens pouvaient aussi goûter aux joies du Paradis.
Cependant, quand les chrétiens byzantins s’opposèrent à l’avancée de la foi
islamique, le ton de la prédication de Mahomet changea et il condamna les
chrétiens, au même titre que les juifs. Certes, le Coran donne à Jésus les
titres de Messie, de Verbe, d’Esprit émanant de Dieu, mais il se refuse
toujours à lui reconnaître un rôle supérieur à celui d’un Envoyé de Dieu,
comparable aux prophètes de tous les temps, il se refuse également à le reconnaître
comme le Fils de Dieu, comme un associé du Dieu unique. |
130 |
|
Les
sourates, composées à Médine, furent certainement énoncées à l’occasion
d’événements particuliers qui marquaient la vie de la petite communauté islamique.
En entrant dans le cadre de la révélation coranique, ces sourates prenaient
une dimension universelle. Ainsi, les ayats qui correspondent à cette
dernière période de l’existence de Mahomet ne sont pas simplement des récits
événementiels rapportés sous forme de chroniques, mais l’organisation
sociale, économique, politique et religieuse d’une communauté ayant valeur
exemplaire pour toutes les communautés à l’avenir. Les révélations médinoises
serviront de base à toute la législation islamique, concernant les
prescriptions du culte, les interdits sexuels et alimentaires, les devoirs
moraux et politiques de chacun des croyants envers les autres croyants ou
envers les infidèles. |
131 |
|
Si
le Coran, le Livre révélé par Dieu, se présente comme un bloc littéraire dont
on ne peut changer ni la lettre ni l’esprit, pour demeurer dans le respect de
la foi, il existe un autre livre sacré, source de référence pour les
Croyants, même s’il ne se propose pas à eux comme la Parole de Dieu. Ce
second livre, c’est la « Sunna », recueil, considéré comme sacré,
des traditions : le terme arabe de sunna, désigne les règles de conduite, les
pratiques adoptées et suivies par le Prophète, ses enseignements et ses
exemples. Ce qu’a fait le Prophète, ce qu’il a édicté comme règle, a été bien
fait, bien dit ; ses enseignements prennent alors force de loi, ils sont
articles de lois. Si les musulmans veulent imiter la conduite de Mahomet,
c’est dans la Sunna qu’ils peuvent facilement retrouver les exemples laissés
par le Prophète, même s’il faut reconnaître que tous les musulmans ne sont
pas entièrement d’accord sur toutes les traditions rapportées par ce second
livre saint. |
132 |
|
Pas
plus que le Coran, ce livre n’a été composé du vivant de Mahomet, mais il a
commencé d’être esquissé après sa mort pour répondre aux problèmes nouveaux
qui se posaient à la communauté privée de son chef. Pour répondre à ces
questions, on se référait aux usages qui étaient pratiqués par Mahomet et les
siens, on interrogeait ses compagnons de la première heure à la dernière
heure sur ses faits et gestes. C’est ainsi que fut composé un premier
ensemble de traditions remontant à la vie du Prophète. Une sorte de compilation
de l’enseignement oral venait s’ajouter à la compilation des ayats du Coran.
Pour demeurer dans la fidélité à l’Islam, il convenait non seulement
d’accepter le Coran, mais de suivre également les enseignements de la
Sunna. |
133 |
|
C’est
dès la deuxième génération que ce travail de compilation est entrepris, en
même temps que la rédaction d’un texte unique pour la révélation coranique :
les traditions orales, véhiculées par les personnages réputés pour leurs
connaissances des ayats, sont rassemblées par des auteurs, la plupart du
temps persans, qui constituent des recueils, en éliminant les apocryphes. En
effet, le genre littéraire du hadith était considéré avec tant de respect que
certains croyants, même parmi les plus honnêtes, n’hésitaient pas à en
confectionner de faux, dans le but de justifier telle ou telle décision
pouvant avoir force de loi. Aussi, la règle sera-t-elle de ne reconnaître et
de n’accepter que les hadiths ayant un rapport direct avec un texte
coranique. Ceux-ci serviront de référence pour quiconque voudrait donner une
interprétation du Coran ; en effet, il ne faudrait pas qu’un croyant se mette
à traiter du Coran, sans faire référence à des traditions établies. |
134 |
|
Les
docteurs de la Loi coranique ont voulu intégrer les traditions orales qui
circulaient bien après la mort de Mahomet dans un corpus explicatif : la Révélation
prenait toute sa dimension et toute sa valeur universelle en s’appuyant sur
la Sunna, qui faisait, en quelque sorte, l’exégèse du Coran pour constituer à
partir de celui-ci une dogmatique et une législation purement islamiques. La
loi civile, dans le monde soumis à l’Islam, devenait inséparable de la vie
religieuse, telle qu’elle avait pu être proposée par le Prophète, l’envoyé
d’Allah. |
135 |
|
L'Islam est souvent présenté comme une religion d'interdictions
et de contraintes. Elles existent et sont multiples, mais une comparaison avec
les autres monothéismes montrerait qu'elles ne sont pas plus nombreuses.
Seuls 3 % du Coran concernent des impératifs ou des sanctions. Ce sont les
dimensions communautaires de la religion qui les rend plus visibles, surtout
dans les sociétés arabes où le contrôle social (le regard de tous sur chacun)
et le sens de l'honneur sont forts. Appartenir à la communauté des musulmans
(Umma), tel que cela se dégage du Coran, c'est souscrire au respect de cinq
principes essentiels (piliers) et y satisfaire. Certaines de ces obligations
sont périodiques, d'autres quotidiennes ou exceptionnelles. |
136 |
|
Le
premier devoir de tout musulman, c’est de professer la foi, révélée au
Prophète, enseignée dans le Coran, et explicitée par la Tradition. C’est
ainsi que la profession de foi musulmane, la shahâda, est une composition
tirée du Coran et de la Tradition. La première partie de cette confession de
foi « il n’y a de Dieu qu’Allah » revient fréquemment dans le
Coran, tandis que la seconde partie « Mahomet est l’envoyé
d’Allah » a été ajoutée par la Tradition. |
137 |
|
Pour
entrer dans la communauté de foi et de vie, il suffit au croyant de proférer
cette shahâda, soit publiquement soit intérieurement, pourvu que ce soit dans
la sincérité du coeur. Si, de plus, il obéit aux préceptes coraniques, il ne
sortira plus de cette communauté. Religieusement, il n’y a pas d’autre obligation
que de professer la foi, et de la renouveler chaque jour au cours des
prières. Il n’est pas besoin d’en savoir davantage : Dieu seul sait tout, il
connaît le bien et le mal ; il suffit de se conformer à sa volonté pour
suivre la voie droite et parvenir ainsi au bonheur paradisiaque. |
138 |
|
Proclamer
la profession de foi c’est reconnaître l’absolue unicité et transcendance de
Dieu, son éternité et sa toute-puissance, c’est reconnaître que Dieu a parlé
aux hommes par l’intermédiaire de prophètes, en particulier par Mahomet, qui
détient le sceau de toute prophétie. C’est prendre conscience que le jugement
de Dieu va s’opérer sur tous les hommes, selon leurs conduites, bonnes ou
mauvaises. C’est reconnaître que le Coran est l’expression de la Parole de
Dieu, telle qu’elle a été révélée au Prophète. |
139 |
|
Si
la shahâda est la première obligation rituelle, la prière est une obligation
beaucoup plus contraignante, puisqu’elle doit se renouveler cinq fois pendant
les vingt-quatre heures de la journée. A partir de la puberté, le musulman
est tenu d’accomplir ces cinq prières, en réponse à l’appel du muezzin qui,
du haut du minaret, appelle tous les fidèles à la prière. |
140 |
|
Celle-ci
rythme la journée, puisque la première invitation à la prière rituelle se
fait entre l’aurore et le lever du soleil, la deuxième juste après midi, la
troisième au milieu de l’après-midi, la quatrième aussitôt après le coucher
du soleil, et la dernière à un moment quelconque de la nuit. Chacune de ses
prières se déroule d’une manière à peu près identique. Du haut du minaret de
la mosquée, le muezzin appelle à la prière en psalmodiant les paroles :
|
141 |
|
Allah
est grand, Allah est grand. Il n’est pas d’autre divinité qu’Allah. Il n’est
pas d’autre divinité qu’Allah. Mahomet est son prophète, Mahomet est son prophète.
Venez à la prière. Venez à la prière. Venez à la félicité. Venez à la
félicité. Il n’est pas d’autre Dieu qu’Allah. |
142 |
|
Avant
chaque prière, le fidèle doit procéder à des ablutions rituelles, pour se mettre
en état de pureté légale, grâce à une ablution générale ou réduite selon les
cas, qui peut être remplacée, le cas échéant par une purification avec de la
terre ou du sable, s’il n’y a pas d’eau à la disposition du croyant. On ne
peut se présenter devant Dieu sans s’y être préparé. |
143 |
|
Cette
purification du corps (visage, oreilles, cou, mains et pieds) achevée, le
croyant, qu’il se trouve dans une maison ou qu’il soit en plein air,
s’oriente vers La Mekke et délimite un espace sur le sol qui le sépare du
monde extérieur, utilisant souvent, pour ce faire, un tapis de prière. |
144 |
|
L’office
de prière se compose d’attitudes et de gestes, accompagnés de formules. Le
croyant se tient debout, le visage tourné vers La Mekke ; puis, il lève les
mains à la hauteur de ses oreilles, en prononçant une formule de
sacralisation : « Dieu est le plus grand ! Allahou Akbar ! » |
145 |
|
Ensuite,
en plaçant ses mains sur la poitrine, il récite la Fatiha, la première
sourate du Coran : « Au nom de Dieu, celui qui fait miséricorde, le
Miséricordieux. Louange à Dieu Seigneur des mondes, celui qui fait
miséricorde, le Miséricordieux, le roi du Jour du jugement. C’est toi que
nous adorons, c’est toi dont nous implorons le secours. Dirige-nous dans le
droit chemin, le chemin de ceux que tu as comblés de bienfaits, non pas le
chemin de ceux qui encourent ta colère, ni celui des égarés ». Puis, il
récite une partie du Coran qu’il connaît par cœur. |
146 |
|
Alors,
il dit la formule : « Dieu est le plus grand », il s’incline, les
mains touchant les genoux en répétant trois fois : « Gloire à notre
Seigneur le Sublime ». Il se redresse en disant : « Dieu accepte
celui qui le loue, ô Seigneur, à toi la louange ». En redisant :
« Dieu est le plus grand », il se prosterne, le visage touchant la
terre, les mains allongées sur le sol, en répétant trois fois : « Gloire
à mon Seigneur, le Très-Haut ». Puis, il s’assied, et se prosterne à nouveau,
en prononçant les mêmes paroles. |
147 |
|
Le
fidèle recommence sa prière, selon le nombre prescrit de formules qu’il doit
réciter. Avant de terminer, le croyant s’incline une fois à droite et une
fois à gauche, aussi bien pour saluer ses anges gardiens que pour appeler la
bénédiction de Dieu sur ses frères dans la foi : « Que la paix soit avec
vous et la Miséricorde de Dieu ». Ainsi il se trouve désacralisé et peut
reprendre son activité ordinaire. |
148 |
|
La
pratique de ces prières à des moments définis de la journée permet à la
communauté de se constituer en une vaste communauté mystique : sans montre et
sans horloge, le plus humble bédouin du désert, en observant simplement le
soleil, sait qu’il peut s’unir à la prière de la grande Umma islamique
répandue à travers le monde. Il se trouve en communion avec tous ceux qui rendent
un culte au Dieu unique et qui lui rendent la louange qui convient à sa
Puissance. Ensemble, en suivant les mouvements astronomiques, les musulmans
se mettent au diapason de l’univers qui rend grâce à Dieu pour tous ses
bienfaits. |
149 |
|
Une
fois par semaine, la prière de l’après-midi, ne se fait pas individuellement,
mais communautairement, à la mosquée, au cours d’un service, pendant lequel
l’imam dirige la prière. Cet « imam » agit comme les califes des
premières communautés. Ce chef religieux est appelé ainsi chez les sunnites,
il est appelé « ayatollah » chez les chiites, ou
« mollah », ou « cheikh », selon les écoles
religieuses. |
150 |
|
Toutefois,
l’Islam ne connaît pas de hiérarchie ni de sacerdoce, si bien que lorsque
plusieurs musulmans se réunissent pour prier, l’un d’entre eux peut se faire
imam, guide de la prière commune. Cet office, même s’il ne se déroule pas
dans une mosquée, dans les régions où l’Islam n’est pas encore implanté
officiellement réunit les croyants : c’est le jour de l’assemblée. |
151 |
|
Le
Coran insiste sur la nécessité de cette assemblée : la fréquentation de Dieu
dans la prière est la meilleure des choses dans la vie. L’assemblée du
vendredi est l’occasion d’une prédication par l’imam. Après la récitation de
la shahâda, et d’un texte du Coran, l’imam prononce son sermon,
caractéristique de cet office. |
152 |
|
Les
hommes seuls se rassemblent pour cet office qui est l’unique forme de
liturgie communautaire. Cette réunion des hommes, surtout dans les pays à
majorité musulmane, constitue un spectacle étonnant : le bédouin et
l’artisan, le riche et le pauvre, le notable et le plus petit commerçant se
retrouvent ainsi côte à côte, unis dans la prière, la tête baissée devant
Allah, Dieu plus grand que tout. |
153 |
|
Cette
assemblée est commandée par une forte pression sociale : pratiquement, tous
les hommes y participent, quelles que soient leurs convictions religieuses,
plus ou moins profondes. C’est dans ce contexte qu’il est possible de
percevoir la cohésion de tout un peuple dans l’unité de la religion,
manifestée dans cette prière communautaire. |
154 |
|
Il
existe aussi d’autres prières facultatives, comme les prières de la nuit ou
des prières de demandes spéciales, telles les prières pour demander la pluie,
ou les prières à l’occasion de la mort ou des funérailles d’un croyant. Mais
elles n’entrent pas dans le cadre obligatoire de la prière rituelle. |
155 |
|
Si
la prière manifeste, chaque semaine, l’unité de la communauté musulmane dans
le cadre d’un petit territoire, le jeûne annuel, au mois de Ramadan,
manifeste l’unité de la Umma à travers le monde. Ce jeûne n’est pas une
pratique individuelle, c’est une manifestation sociale durant tout un mois
lunaire. Pendant ce mois, tout musulman, ayant atteint la puberté, doit
jeûner pendant la journée en signe d’humilité et de soumission à Dieu. Dans
toutes les religions, le jeûne constitue une sorte de purification nécessaire
à l’entretien de la spiritualité. |
156 |
|
Le
jeûne du Ramadan fut institué, alors que Mahomet se trouvait à Médine dans la
deuxième année de l’Hégire. Il est certain que le climat torride ne devait
pas faciliter ce jeûne absolu pendant les différentes journées de ce mois ;
mais le fidèle qui aurait pu succomber à la tentation de rompre le jeûne pour
calmer sa soif se voyait encouragé par ses compagnons, qui menaient le même
combat spirituel que lui. Ainsi, ce premier jeûne communautaire devait
renforcer l’unité du groupe musulman : s’ils pouvaient s’abstenir de manger
et de boire pendant tout un mois, les fidèles musulmans pouvaient se préparer
à traverser les déserts et à partir à la conquête du monde, afin d’y répandre
leur foi naissante. |
157 |
|
Cette
première expérience du jeûne volontaire et communautaire devait se poursuivre
à travers les siècles. Chaque année, le mois de Ramadan est marqué par
l’abstinence diurne ; ce n’est pas un moment de tristesse, au contraire, le
fidèle vit dans la joie de pouvoir s’imposer des privations afin de
manifester sa soumission à Dieu et de lui plaire en toutes choses. |
158 |
|
Le
jeûne est obligatoire pour tous, sauf pour les malades et ceux qui sont en
voyage, sous certaines conditions. Il commence au moment de l’apparition de
la nouvelle lune, qui est annoncée officiellement ; il doit être observé
rigoureusement du lever au coucher du soleil. Avant l’aube, le fidèle
formule son intention de jeûner, dans le respect de la tradition islamique,
car sans cette intention de pureté légale, l’acte même de son jeûne ne serait
pas valable. Cette épreuve, qu’il s’impose dans la prière et la privation,
manifeste sa foi d’une manière encore plus évidente que les prières rituelles
ou que l’assemblée à la mosquée, le vendredi. Le jeûne consiste à ne rien
absorber, à ne prendre ni nourriture ni boisson depuis la fin de la nuit
noire jusqu’au coucher du soleil ; le tabac comme les relations sexuelles
sont interdits pendant les heures diurnes. Les juristes discutent sur
certaines pratiques interdites ou permises pendant le Ramadan et sur les cas
de dispense autorisés ou de remplacement compensatoire. |
159 |
|
Ce
mois de jeûne est destiné non seulement à rappeler le souvenir du don du
Coran, mais aussi à rappeler l’existence des pauvres : la faim rappelle aux
riches que des pauvres ont faim durant toute leur vie. C’est un mois orienté
spirituellement ; la permission de se sustenter durant la nuit n’intervient
pas comme l’occasion de banqueter : les interdits de la journée cessent, il
est possible au musulman de prendre un repas après le coucher du soleil et un
autre avant l’aube. Ce mois apparaît comme l’occasion offerte aux fidèles d’exercer
leur volonté, en vivant dans un climat de fête religieuse et familiale,
d’autant qu’à la fin de ce mois prend place une des deux fêtes du monde
musulman : la fête de la rupture du jeûne. Les réjouissances sont permises
et même recommandées : les croyants sacrifient un mouton, après avoir prié et
distribué des offrandes aux pauvres. |
160 |
|
Certes,
le travail, la vie économique se ressentent beaucoup de ce mois de jeûne, car
les privations diurnes et les veillées nocturnes épuisent. Dans les pays à
majorité musulmane, les fidèles se trouvent en quelque sorte contraints de
pratiquer cette abstinence volontaire, en raison de la pression sociale ;
dans les autres pays, où l’Islam s’est répandu, sans être majoritaire,
certains croyants y souscrivent de plein gré ; c’est même, pour la plupart
d’entre eux, un mois de retour à la pratique de la religion. |
161 |
|
Dans
la pratique du jeûne, le musulman découvre une nécessité du partage de ses
richesses avec les plus pauvres, cette nécessité prend force de loi dans
l’obligation qui lui est faite de pratiquer l’aumône. Celle-ci, dans son
acception légale, est désignée par le terme de « zakat » qui
implique une idée de purification. L’aumône est destinée à purifier
religieusement les biens dont le fidèle dispose mais dont il ne peut
réellement jouir qu’en reconnaissant qu’ils appartiennent à Dieu. Cette
obligation de l’aumône est d’origine coranique. Tout au long du Livre, le
terme d’aumône revient régulièrement comme la nécessité d’une pratique de la
charité envers les frères et envers tous les hommes. Les produits de cette
aumône volontaire, et pour ainsi dire rituelle, comme a pu l’être la dîme
dans la tradition chrétienne, doivent subvenir aux besoins des pauvres et de
ceux qui les recueillent ; ils doivent aussi aider ceux qui luttent pour
défendre la cause de l’Islam, ainsi que ceux qui auparavant rachetaient les
esclaves. |
162 |
|
Cette
sorte d’impôt servit, dès les origines de l’Islam, à alimenter les caisses de
la communauté médinoise, notamment pour l’entretien de la lutte pour la propagation
de la foi ; dès l’année 626, les juifs et les chrétiens résidant à Médine, et
désirant poursuivre leurs activités dans cette ville, furent soumis à cet
impôt qui devait les taxer très lourdement. Le payement de cette aumône se
faisait initialement en nature, proportionnellement aux revenus de chacun :
les paysans, les artisans, les commerçants devaient abandonner le dixième, ou
parfois seulement le vingtième de leurs récoltes ou de leurs gains, en faveur
des plus nécessiteux. Par la suite, cette aumône légale perdit de son
caractère véritablement charitable pour devenir un réel impôt. |
163 |
|
Aujourd’hui,
cet impôt, ayant beaucoup évolué, n’est plus distribué aux plus pauvres, mais
il continue de servir à la communauté, pour la construction de mosquées,
d’écoles ou d’hôpitaux. L’intention première de cette aumône est donc
maintenue : il est important, pour le croyant, de reconnaître que tous les
biens de ce monde appartiennent en propre à Dieu, les hommes n’en étant que
les dépositaires et les gérants, usant de ces biens comme d’autant de
bienfaits venant de Dieu. Dans cette même ligne, l’Islam interdit l’usure :
s’il est possible de consentir un prêt, moyennant un intérêt, à quelqu’un qui
a besoin d’argent pour un investissement, il n’est pas permis de demander un
intérêt à celui qui se trouve dans le besoin, il est même recommandé de lui
donner alors ce qui lui est nécessaire. |
164 |
|
La
pratique de l’aumône légale a constitué, elle aussi, un grand facteur
d’unification et de cohésion dans la communauté ; elle est citée en exemple
par ceux qui veulent démontrer le caractère socialisant de l’Islam.
Toutefois, la majorité des pays islamiques ont abandonné cette coutume
pieuse, pour la remplacer par un impôt sur le revenu ; mais les plus fidèles
parmi les musulmans s’acquittent de manière purement volontaire d’une autre
aumône. Ainsi, pour la fête qui marque la fin du jeûne de Ramadan, le fidèle
donne une aumône spontanée et privée à des croyants plus nécessiteux que lui,
afin de leur permettre de fêter eux aussi la Rupture du jeûne. |
165 |
|
Dès
avant Mahomet, La Mekke était une ville sainte, où les polythéistes se
rendaient en pèlerinage pour vénérer leurs idoles. Tout pèlerinage porte en lui
le désir du croyant de se tourner vers Dieu. Le désir du croyant est non
seulement de se rapprocher de Dieu, mais aussi de mieux le connaître,
devenant ainsi un meilleur pratiquant de sa religion Le pèlerinage répond à
une obligation imposée à tout croyant adulte, libre de sa personne, dans la
possibilité matérielle d’accomplir ce voyage vers les lieux saints. |
166 |
|
Le
but du pèlerinage est le sanctuaire de La Mekke, au centre duquel se trouve
la Kaaba (le cube), édifice rectangulaire en pierre (dix mètres sur douze en
base, et quinze mètres de hauteur), entouré d’un dallage et recouvert d’un
voile noir, renouvelé chaque année. |
167 |
|
A
l’un des angles se trouve la pierre noire considérée comme une pierre céleste
jetée par Dieu sur la terre ; à l’endroit où cette pierre avait été jetée,
Seth, un fils d’Adam, aurait édifié une première Kaaba, que le déluge
universel, au temps de Noé, aurait détruite, et que le patriarche Abraham
aurait reconstruite, aidé de son fils Ismaël. |
168 |
|
Le
croyant pénètre à l’intérieur de la Kaaba par une porte située à deux mètres
du sol : cet intérieur ne comprend que des lampes et des inscriptions. |
169 |
|
Un
autre édifice abrite une pierre qu’Abraham aurait foulée, et sous une coupole
se trouve la source de Zemzem. Il existe encore beaucoup de petits édifices
dans la cour du sanctuaire... |
170 |
|
Le
territoire de La Mekke est sacré, il est, en principe, interdit à tout non
musulman, surtout pendant le temps du pèlerinage. De plus, le pèlerin doit
accomplir un certain nombre de règles strictes, afin de se mettre en état de
sacralisation. La première chose que le pèlerin doit faire, qu’il arrive à
pied, en avion ou en bateau, c’est de se changer pour revêtir la tenue
obligatoire du pèlerin, le voile blanc (qui lui servira de linceul). |
171 |
|
Ce
vêtement est en deux parties : une partie basse et une partie haute ; il est
fait en tissu non cousu, et il est le même pour tous, qu’il soit un prince ou
simple homme du peuple. Après s’être rasé et avoir accompli une ablution
rituelle, il peut réciter la prière du pèlerin : « Je réponds à ton
appel, ô Allah, je réponds à ton appel, toi qui es unique. Louange, grâce et
domination à toi, qui es l’unique ». De cette manière, le croyant se met
en présence de Dieu, car c’est pour lui seul qu’il est venu sur ce territoire
sacré, sur lequel il devra se maintenir en état de grâce, tout le temps du
pèlerinage. |
172 |
|
Cet
état de sacralisation comporte de nombreuses obligations, qui remontent au
Coran. Il est interdit de chasser, de tuer, de se couper les cheveux et les ongles,
d’avoir des relations sexuelles. Il existe aussi des recommandations morales,
dans la mesure où l’Islam se reconnaît aussi comme une religion de
l’intention : c’est sur leurs intentions que les hommes seront jugés, au jour
de Jugement, en plus de leurs conduites personnelles. Il convient que celui
qui veut accomplir le pèlerinage en ait l’intention et qu’il l’exprime, en la
maintenant et en la répétant tout au long du pèlerinage. |
173 |
|
Le
pèlerin entre alors dans la grande Mosquée qui peut contenir cinq cents mille
personnes. Il y entre du pied droit, avant d’entreprendre le premier rite du
pèlerinage : la circumambulation autour de la Kaaba. Il doit faire le tour de
la Kaaba sept fois ; ce rite existait bien avant Mahomet. Il essaie d’aller poser
son front sur l’angle qui renferme la pierre noire, en signe d’allégeance,
manifestant son entière soumission à Dieu : c’est un rappel du pacte conclu
par Dieu avec l’humanité tout entière en Adam. Le fait même de toucher cette
pierre, considérée comme la main droite de Dieu, est une marque que ce pacte
est conclu par les descendants du premier homme. |
174 |
|
Le
second rite est une course de quatre cent mètres qu’il faut parcourir également
sept fois, en répétant les litanies rituelles des quatre-vingt dix-neuf noms
de Dieu. Cette course entre deux petits monticules est un souvenir des
épreuves d’Agar, qui recherchait une source pour elle-même et pour son fils
Ismaël, mourant de soif dans leur fuite à travers le désert. Ayant fait
sourdre une source sous ces pieds, un ange lui permit de désaltérer son fils
; elle ramassa cette eau dans ses mains, en disant : « Zemzem »,
c’est-à-dire : « regroupe-toi ». Ce nom est resté à la source
sacrée, qui ne s’est jamais épuisée, malgré l’aridité des territoires
avoisinant. Le pèlerin en recueille : c’est le seul souvenir qu’il pourra emporter
de son pèlerinage. Ayant accompli ces premiers rites, dits du petit
pèlerinage, qui peut se pratiquer tout au long de l’année, il peut participer
au grand pèlerinage, qui n’a lieu qu’une seule fois par an, du 7 au 13 du
douzième mois de l’année lunaire. |
175 |
|
Le
hadj, grand pèlerinage, a pour lieu, la montagne Arafa, lieu où Adam et Ève
se seraient retrouvés après avoir été chassés du Paradis. Le prophète Mahomet
accomplit à cet endroit son dernier pèlerinage, peu avant sa mort ; aussi
est-il appelé le pèlerinage de l’adieu. L’essentiel de ce hadj est une
station sur le mont Arafa : le croyant est invité à se tenir debout, les
mains nues, en face de son Dieu, sur cette montagne, appelée montagne de la
Miséricorde. |
176 |
|
Cette
station permet au musulman de se souvenir, d’une manière encore plus
prégnante du jour du jugement ; elle entraîne les croyants dans une
atmosphère d’extase, tant est grand le déploiement de la foi et de
l’espérance du pardon de Dieu. Le retour à La Mekke comporte également
plusieurs rites. Le pèlerin se rend d’abord à Mozdalifa, parce que le
Prophète a veillé une nuit à cet endroit ; le pèlerin ramasse alors sept
petits cailloux qu’il devra jeter sur une stèle de Mina, en souvenir du
sacrifice d’Abraham. En effet, Satan, alors qu’Abraham, Agar et leur fils
Ismaël avaient accepté la décision de Dieu d’accomplir le sacrifice d’Ismaël,
avait tenté les uns et les autres, afin qu’ils n’accomplissent pas ce
sacrifice. Les trois membres de la famille avaient alors lapidé Satan ; c’est
en souvenir de cette lapidation de Satan que le pèlerin jette ces cailloux
sur la stèle de Mîna. Ce rite signifie pour le croyant le désir qu’il a de
lutter contre lui-même, en invoquant le nom de Dieu, lui le plus grand, le
sublime. |
177 |
|
Le
dernier jour de ce grand pèlerinage, les croyants (pas seulement les
pèlerins, car dans le monde entier, en communion avec les pèlerins de La
Mekke, les fidèles accomplissent le même rite) sacrifient un mouton, en
prononçant la phrase rituelle : « O mon Dieu, de toi, par toi et pour
toi ce sacrifice ». Les bêtes immolées ne peuvent être vendues, mais
doivent être distribuées aux pauvres : la plus grande partie sera perdue,
mais ce sacrifice est, avant tout, offert à Dieu. |
178 |
|
Ayant
accompli ces rites, le pèlerin doit accomplir un nouveau rite, celui de la
désacralisation. Il se fait couper les cheveux, la barbe et les ongles ; il
abandonne le vêtement du pèlerin ; c’est alors qu’il peut réaliser l’ordre
même donné par le Prophète de se désacraliser, avant de retourner au monde
ordinaire. |
179 |
|
Avant
de rentrer dans son pays, le pèlerin aime se rendre à Médine, où est enterré
le Prophète ; ce pèlerinage est facultatif mais il couronne le hadj. Le
prophète a dû quitter sa ville de La Mekke pour se réfugier à Yatrib,
laquelle est devenue Médine. En se rendant sur les lieux où le Prophète a
vécu ses dernières années, le pèlerin peut méditer sur l’expérience qu’il
vient de vivre. Mahomet, qui n’était pas un homme instruit, a été choisi par
Dieu pour porter aux hommes son message ; le pèlerin peut se saisir comme
porteur du message coranique à l’ensemble de l’humanité, en prenant le
Prophète comme modèle de vie, il découvre que tout ce qu’il doit faire, c’est
de se soumettre entièrement à Dieu, de s’annihiler pour faire une place à
Dieu qu’il vient de rencontrer pendant son pèlerinage. |
180 |
|
Importante
manifestation religieuse, ce rassemblement des fidèles musulmans, pour le
grand pèlerinage, comporte aussi une dimension politique : il rassemble tous
les musulmans, vivant sous toutes les latitudes du monde, en un seul peuple.
Il soude une fois de plus l’unité de la communauté islamique, malgré toutes
les dissensions qui peuvent exister entre les différents pays à majorité
musulmane. Comme les autres piliers de la religion, le pèlerinage vise à
assurer une certaine cohésion de tous les fidèles, en vue de la plus grande
gloire et de la plus grande louange du Dieu unique, qui s’est manifesté au
Prophète. |
181 |
|
Ne
constituant pas, à proprement parler une obligation, au même titre que les
cinq autres piliers de la religion la guerre légale, el jihad, considérée
comme une guerre sainte apparaît quand même comme un devoir pour le croyant,
une de ses grandes obligations envers le Dieu unique, puisqu’il s’agit
surtout d’une guerre de défense de la religion islamique, par l’exemple donné
de la foi absolue, et non seulement par l’usage de la force armée, bien que,
dès les premières années de l’Islam, le combat de la foi ait été inséparable
d’une véritable lutte armée. |
182 |
|
Le
premier aspect de cette guerre, c’est qu’elle ne peut être que défensive, et
jamais offensive. Le Coran est explicite à ce sujet, quand il affirme que
Dieu n’aime pas les transgresseurs, ceux qui s’attaquent aux autres hommes,
et en particulier à ses fidèles : « Combattez dans le chemin de Dieu
ceux qui luttent contre vous… Tuez les partout où vous les rencontrerez,
chassez-les des lieux d’où ils vous auront chassés... ». |
183 |
|
De
plus, ce combat pour Dieu est dirigé par Dieu même : c’est lui qui combat à
la tête de ses fidèles : « Ce n’est pas vous qui les avez tués ; mais
Dieu les a tués ». |
184 |
|
Le
deuxième aspect de cette guerre est qu’elle est pour la défense de la
religion. Dieu combat avec ses fidèles contre tous ceux qui demeurent
incrédules, malgré les avertissements prophétiques. |
185 |
|
En
tout état de cause, la tradition islamique a interprété cette guerre sainte
dans le sens d’une prédication de l’Islam au monde entier : il s’agit, pour
les croyants, d’étendre à l’univers les droits de Dieu. Finalement, la guerre
sainte n’apparaît plus comme une lutte militaire, mais comme un combat
spirituel contre toutes les forces du mal. |
186 |
|
L’Islam au quotidien : L’islam est tout ce qu’Allah a révélé à son
prophète Mahomet. Il englobe des questions variées, le dogme, les cultes, la
morale, les transactions et les peines prescrites. Tous ces thèmes sont
abordés dans le Coran, livre destiné à tous les hommes. En effet, l’islam
vise à la réforme de l’individu et de la société tout en croyant en Allah et
tout en suivant ses ordres et en les appliquant dans les domaines de la vie
selon les directives d’un système clair. |
187 |
|
Le
mot « islam » signifie « paix, pureté et obéissance ou
soumission à Allah ». Un musulman est une personne soumise à Allah. Les
articles de la foi définissent le style de vie. Les musulmans démontrent leur
foi, en suivant les lois de Dieu et en menant une vie de travail et de
prière. Ils sont soumis à la loi, qui définit ce qui est halal (acceptable,
permis par Dieu), ce qui est haram (défendu, interdit par Dieu) et ce qui est
makruh (odieux, mais pas aussi mauvais que ce qui est haram). |
188 |
|
La
charia signifie « fil conducteur dans la vie ». C’est la voie que
Dieu a tracée pour les hommes afin qu’ils puissent vivre sur terre tout en
étant avec et devant Lui. Cette voie est constituée aussi bien des croyances
et de la spiritualité que du droit. |
189 |
|
La
charia est dérivée du Coran. Il s’agit d’un régime juridique complet qui
aborde les questions religieuses, morales et sociales. La charia ne concerne
pas tous les aspects de la vie humaine, comme on le pense parfois. Cela est
exagéré dans le sens où elle réglementerait en totalité tous les
détails de la vie humaine. Certes les principaux domaines de l’activité
humaine sont touchés, mais à l’intérieur de chacun de ces domaines, il y a
des zones vierges que les souverains musulmans et les particuliers ne se sont
pas fait faute d’exploiter. |
190 |
|
Elle
classe les actions humaines en cinq catégories : ce qui est obligatoire, ce
qui est recommandé, ce qui est indifférent ou licite, ce qui est blâmable, ce
qui est interdit. Par exemple : ce qui est obligatoire, ce sont les
obligations cultuelles (piliers). Il est recommandé de se marier (mais ce
n’est pas obligatoire). Il est blâmable (mais non interdit) de rester célibataire.
Ce qui est interdit comporte les crimes et délits qui relèvent du droit
pénal, et les tabous alimentaires : interdiction de consommer des boissons
fermentées, de manger du porc...). |
191 |
|
La
colonisation de la plus grande partie du monde musulman par les puissances
européennes a provoqué le remplacement de ce système à peu près partout, sauf
dans la Péninsule Arabique, par des codes de lois pénales inspirés des
traditions occidentales. Après leur indépendance, nombre de pays musulmans
ont précisé que la Charia devenait une des sources du droit national.
Certains ont récemment réinstauré les peines corporelles prévues, dans un
souci de retour aux sources. C’est le cas de l’Afghanistan (1993), de l’Iran
(1979), de l’Irak (1994), du Pakistan (1991) et du Soudan (1983). Parmi ces
pays, l’Afghanistan a pourtant ratifié la « Convention contre la torture
et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants »
(1984), entrée en vigueur en 1987, convention qui a été également signée par
le Soudan. |
192 |
|
Les
peines prévues par la Charia sont des punitions sévères qui n’ont pas pour
but de réhabiliter l’individu mais de le punir publiquement pour décourager
par cet exemple la répétition du délit. Ceci correspond à la nécessité dans
laquelle se sont trouvées les premières sociétés musulmanes de sanctionner
sévèrement les délits - vol, adultère, meurtre - pour éviter qu’ils ne
provoquent des conflits familiaux ou tribaux. Le Coran et la Tradition
mettent en garde de n’appliquer les peines qu’avec retenue et lorsque les
faits sont absolument démontrés. |
193 |
|
Soixante-dix
péchés ont été définis par la tradition. |
194 |
|
Toute
viande doit être hallal, c’est-à-dire absolument exsangue et provenir d’un
animal tué selon les directives religieuses. Il est défendu de manger du porc
et des produits dérivés. Le poisson et les œufs sont permis, mais doivent
être apprêtés loin de la nourriture non hallal. Les oiseaux qui ne mangent
pas de viande sont acceptables, tous les autres sont défendus. Les musulmans
ne peuvent pas manger de nourriture bénie au nom d’un autre Dieu qu’Allah.
L’alcool et les drogues ne sont pas tolérés. Une personne hospitalisée
pendant le Ramadan peut choisir de jeûner de l’aube au crépuscule. Les
personnes malades ou qui doivent subir des traitements médicaux peuvent être
exemptées du jeûne, mais leur choix doit être respecté. |
195 |
|
En
général, les bébés mâles sont circoncis, bien qu’il ne s’agisse pas d’une
obligation religieuse. La loi ne l’impose pas absolument, mais c’est une
tradition de tout l’Orient et de l’Afrique. C’est une mesure hygiénique qui
prend un sens religieux car il marque l’entrée du jeune garçon dans la
communauté des croyants. Cette pratique se réalise maintenant dans les
hôpitaux. Certaines personnes peuvent s’opposer à la transplantation
d’organe, bien que cela ne soit pas précisément défendu par le Coran. |
196 |
|
L’avortement
est toléré seulement si la vie de la mère est menacée par la grossesse. Avant
l’accouchement, les femmes peuvent refuser un examen interne. Une musulmane
ne peut partager une chambre d’hôpital qu’avec une autre femme, et on doit
respecter l’intimité de l’autre lorsque l’on entre dans la chambre. Lorsqu’un
traitement médical est nécessaire en ce qui concerne une partie du corps en
particulier, le reste du corps doit rester couvert, par pudeur. |
197 |
|
Il
n’y a pas d’objection à la transfusion. En cas d’hospitalisation, il faut
fournir aux femmes des blouses qui couvrent les jambes et qui ont des manches
longues. Seules des femmes médecins, des infirmières et des auxiliaires de
sexe féminin peuvent s’occuper d’une patiente, sauf cas d’urgence. Dans ce
cas, l’ordre de préférence est, selon la disponibilité, une femme médecin
musulmane, une femme médecin non musulmane, un homme médecin musulman, et si
aucune de ces personnes n’est disponible, un homme médecin non musulman. |
198 |
|
Si
la mort approche, le patient doit réciter le credo islamique et d’autres
musulmans peuvent lire des versets du Coran. Les yeux du défunt doivent être
fermés, la bouche doit être fermée à l’aide de bandages qui passent sous le
menton et qui sont attachés sur le front. Les bras et les jambes doivent être
droits. Le corps doit être lavé et enveloppé dans un tissu blanc. Les femmes
peuvent laver le corps des femmes, et les hommes peuvent laver celui des
hommes. Le mari ou la femme peut laver le corps de son conjoint. |
199 |
|
Le
service funèbre, dirigé par l’imam, a lieu à la mosquée, où l’on récite des prières
pour le défunt. L’enterrement doit avoir lieu dès que possible. À
l’enterrement, le corps doit être enterré sur son côté droit et faire face à
La Mekke. Les gens qui participent remplissent le trou de terre. Le tout est
ensuite aspergé d’eau. L’incinération est défendue. |
200 |
|
Le
code vestimentaire musulman n’est pas seulement une obligation religieuse, il
leur permet de s’identifier, il peut aussi être une source de fierté personnelle
(démontrer à tous la dévotion et le sens de la pudeur). Les hommes et les
femmes doivent s’habiller de façon décente. |
201 |
|
L’on
recommande fortement aux hommes de porter la barbe, avec ou sans moustache.
Ils doivent cependant tenir celles-ci soignées, propres et taillées. Les hommes
doivent éviter tout vêtement qui serait davantage approprié pour les femmes.
Par exemple, ils ne doivent pas porter de vêtements en soie. Les vêtements
des femmes doivent être décents et couvrir tout le corps, sauf le visage et
les mains. Cette pratique et ce code vestimentaire sont connus en arabe sous
le nom de hijab, selon les recommandations formelles du Coran |
202 |
|
Actuellement,
la notion islamique du « hijab » se traduit par le port d’une robe non
ajustée et modeste, portée par les femmes. Elle couvre tout le corps à
l’exception des mains, du cou et du visage. Certaines femmes peuvent décider
de se couvrir la tête avec un foulard alors que d’autres ne le font pas. Dans
certaines sociétés musulmanes, le concept du hijab requiert l’ajout d’un
voile visant à couvrir tout le corps, sauf les mains et le visage, ou, dans
certains cas, tout le corps, sauf les mains et les yeux. |
203 |
|
Le
style abaya de l’Arabie saoudite et des régions du golfe Persique et le
chador noir d’Iran en sont des exemples. En Afghanistan, les femmes portent
le burqa, un vêtement non ajusté qui couvre le corps de la tête aux pieds, y
compris les yeux, ne laissant qu’un grillage en tissu pour permettre de
voir. |
204 |
|
La
mosquée est le lieu de culte des musulmans. Elle se distingue par son grand
espace ouvert sur l’extérieur, espace dans lequel se trouve une fontaine pour
permettre les ablutions, elle se distingue encore par son minaret, et souvent
par un toit en forme de dôme. |
205 |
|
Dans
la mosquée, l’imam dirige le service à partir du mihrab, structure
semi-circulaire ou alcôve tournée vers La Mekke. Le mimbar, un siège ou un
pupitre duquel on présente des sermons, est situé à la droite du mihrab, en
haut d’une série de marches. |
206 |
|
Le
plancher de la mosquée, l’endroit où la communauté se réunit, est couvert de
tapis. Il n’y a ni siège ni banc. Les rites de purification consistent en des
ablutions avant la prière (mains, visage, barbe, pieds), le déchaussement,
l’usage de tapis de prières : tout acte religieux doit se pratiquer
absolument sans souillures. |
207 |
|
La
mosquée est plus qu’un lieu de culte. C’est également une institution
sociale, éducative et politique. Elle est contrôlée et gérée par la
communauté. |
208 |
|
Les
travailleurs qui ne peuvent se rendre à une mosquée pour prier peuvent
utiliser une chambre propre et un tapis pour prier au moment approprié. Au moment
de la prière, il est utile pour le croyant que la direction de La Mekke soit
indiquée. Il doit également avoir avec lui un exemplaire du Coran. |
209 |
|
Bien
qu’il y ait eu d’autres mosquées auparavant, la coupole du Rocher à Jérusalem
est la plus ancienne encore debout aujourd’hui. Elle a été construite à la
fin du septième siècle à l’endroit où l’on croit que Mahomet est monté au
ciel. |
210 |
|
La
prière est obligatoire cinq fois par jour, à l’aube, à midi, au milieu de
l’après-midi, au crépuscule et dans la soirée. L’heure de la prière varie
chaque jour selon l’heure à laquelle le soleil se lève et se couche. L'appel
à la prière se fait cinq fois par jour par le muezzin de tous les minarets
dans le monde et maintenant par radio et télévision. Il consiste en sept
déclarations courtes, expressions les plus importantes de la foi :
« Allahu akbar ! (Dieu est grand !). Allahu akbar ! Ilaha la illa
l'Allah (il n'y a pas d'autre Dieu que Allah). Je témoigne que Mahomet est le
prophète d'Allah. Surgissez et priez, surgissez et priez. Allahu akbar. Ilaha
la illa Allah ». |
211 |
|
Appelés
à la prière par un muezzin, les musulmans se réunissent à la mosquée à midi, le
vendredi, afin de prier en tant que communauté. Les musulmans peuvent
travailler le vendredi, dans la mesure où ils peuvent assister à la prière à
la mosquée. Avant la prière commune, un imam fait un sermon. |
212 |
|
Les
musulmans prient beaucoup, avec ferveur et respect. En plus de la prière
quotidienne, les musulmans ont toujours à portée de main leur
« tasbih » (sorte de rosaire), avec quatre-vingt dix-neuf perles,
correspondant aux quatre-vingt dix-neuf attributs que le Coran attribue à
Dieu. Ils ont aussi un Rosaire plus petit, avec trente-trois perles, un tiers
du normal. Prier le Tasbih, est simple, chaque fidèle peut le faire : les trente-trois
premières perles, vous dites : « Subhana Allah » (béni soit Dieu),
les trente-trois perles suivantes, vous dites : « Elhandu Allah »
(Gratitude à Dieu), les trente-trois perles finales, vous dites :
« Allahu akbar » (Dieu est grand ». |
213 |
|
Afin
de déterminer les dates des jours saints, les musulmans ont adopté un calendrier
lunaire qui commence en l’an 622 de l’ère chrétienne, l’année au cours de
laquelle Mahomet a fui La Mekke pour se rendre dans la ville de Yatrib,
Médine. La date marque le début de la foi islamique et la formation de la première
communauté. Les dates des jours saints varient chaque année dans le
calendrier grégorien. Ce calendrier a été adopté dix ans après cet événement.
On indique qu'une date est donnée dans ce calendrier en ajoutant la
mention : calendrier musulman, hégirien, ère musulmane ou ère de
l'Hégire. |
214 |
|
Chaque mois démarre au premier croissant de la lune visible à
partir de la nouvelle Lune : selon l'endroit d'où est effectuée
l'observation, le mois peut démarrer plus ou moins tôt. L'année commune de ce
calendrier comporte trois cent cinquante quatre jours, répartis en douze mois
de trente et vingt-neuf jours alternativement, ce qui décale ce calendrier
par rapport à l'année solaire. Cette différence se matérialise par un
décalage par rapport au calendrier grégorien, basé sur le soleil et utilisé
dans le monde occidental, d'environ onze jours par année grégorienne. |
215 |
|
Avec
des années de trois cents cinquante quatre jours, alors que douze lunaisons
durent trois cent cinquante quatre et un tiers de jours, un décalage par
rapport aux lunaisons apparaîtrait progressivement. Pour compenser ce
décalage, sur un cycle de trente ans, on ajoute un jour au dernier mois de
l'année (l'année est alors dite abondante, avec trois cents cinquante cinq
jours) pour les années 2, 5, 7, 10, 13, 16, 18, 21, 24, 26 et 29 du cycle. |
216 |
|
Au
cours du Ramadan, neuvième mois du calendrier, les musulmans commencent à
jeûner avant le lever du soleil et continuent jusqu’au coucher du soleil.
Pour que son jeûne soit valable, le Musulman doit respecter, tout d’abord,
deux principes fondamentaux, l’intention et l’abstinence. L’intention est la
volonté résolue, exprimée par le cœur, d’effectuer le jeûne. Durant le jeûne,
le Musulman devra s’abstenir de manger, de boire ou d’avoir des relations
sexuelles avec son épouse à partir du début de l’aube jusqu’au coucher du
soleil. |
217 |
|
Si
le Musulman veut profiter au mieux de son jeûne pour se rapprocher de Dieu,
il aura la possibilité d’accomplir un certain nombre d’actes. Il a la possibilité
de prendre un repas entre minuit et l’arrivée de l’aube. Cependant, il lui
sera préférable d’attendre les derniers moments de la nuit. S’il arrive
quelqu’un ayant l’intention de jeûner n’a pas la possibilité de connaître
précisément le moment où le soleil commence à se lever et qu’il se trouve en
train de manger, il lui est permis de continuer à prendre son repas jusqu’à
ce qu’il soit sûr de l’arrivée de l’aube. Une fois que le Musulman sera
assuré du coucher du soleil, il devra se hâter à rompre le jeûne, en mangeant
un nombre impair de dattes. Il fera la prière de « Maghreb » puis
prendra son repas. |
218 |
|
Lors
de la journée, celui qui jeûne doit s’efforcer d’invoquer beaucoup Dieu car
ses invocations seront exaucées. Pour qu’il profite pleinement de son jeûne,
le croyant doit éviter toute forme de vulgarité et de futilité dans ses
propos. Le jeûne ne se limite pas uniquement au fait de s’abstenir de manger
et de boire. Il est avant tout un arrêt total des propos vulgaires et
obscènes. Si le Musulman persistait à mentir et à commettre des mauvais
actes, il risquerait alors de voir tous ses efforts réduits à néant. |
219 |
|
Si
celui qui jeûne éprouve le besoin de se rafraîchir ou de se baigner, il
pourra le faire, mais devra se méfier de ne pas faire entrer d’eau à
l’intérieur de son corps. Cependant, si par accident cela se produisait, son
jeûne ne serait pas rompu. Les yeux n’étant pas considérés comme une
ouverture du corps vers l’extérieur, contrairement à la bouche, on estime que
celui qui jeûne peut prendre des gouttes même s’il en ressent le goût à
travers la gorge. Il est permis à celui qui est marié d’embrasser sa femme
s’il ne craint pas que cela provoque un désir chez lui. Dans le cas
contraire, il devra alors éviter tout contact avec elle. Le Musulman peut
recevoir une piqûre pendant qu’il jeûne même si elle est composée de
nourriture. La substance se trouvant à l’intérieur pénètre dans le corps par
un endroit inhabituel, celle-ci n’interrompe pas le jeûne. Toute forme de
saignée, que ce soit une prise de sang, un don ou autre, est autorisée si
elle n’affaiblit pas celui qui jeûne. Le Musulman peut se rincer la bouche et
aspirer de l’eau par le nez pendant qu’il jeûne. Cependant, il devra faire
attention à ce que l’eau ne dépasse pas le niveau de la gorge. Il est
permis au Croyant d’avaler tout ce qui est inévitable sans que cela
n’invalide son jeûne. De plus, il est aussi permis de se parfumer et
d’utiliser de la pommade pendant le jeûne. En effet, ces matières ne jouent
pas le rôle de nourriture. A partir du coucher du soleil, le Musulman pourra
à nouveau manger, boire et avoir des rapports avec son épouse jusqu’à
l’aube. |
220 |
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L’Aid-al-Fitr,
premier jour de Shawwal, dixième mois du calendrier islamique, célèbre la fin
du Ramadan, le mois de jeûne. Pendant cette période, les musulmans ne
travaillent pas, mais se rendent à la mosquée afin de prier et rendent
également visite à leur famille. |
221 |
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L’Aid-al-Adha,
le jour du sacrifice, a lieu le dixième jour du mois de Dhoul-Hijja, douzième
mois du calendrier. Il commémore l’intention d’Abraham de sacrifier son fils
à Dieu, qui a empêché le sacrifice. Ce jour marque également la fin du
pèlerinage à La Mekke, pour ceux qui peuvent s’y rendre. Les musulmans ne
travaillent pas ce jour-là, mais ils rendent visite à leur famille et se
rendent à la mosquée. |
222 |
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L’Al-Hijral
Muharran, nouvel an, commence au début du premier mois lunaire. L’Ashura
marque le martyre de soixante-dix fidèles conduits par l’imam Husayn, le
petit-fils de Mahomet en l’an 680 de l’ère chrétienne). Le Mawlid-al-Nabi,
ou Mouloud, célèbre la naissance du prophète en l’an 570 de l’ère chrétienne.
Certaines sectes considèrent cette célébration comme idolâtre. |
223 |
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Condition
de la femme dans l'Islam. Le drame des Afghanes a ému le monde. Même si le
régime des talibans était une dérive, le statut des femmes, dans la plupart
des pays musulmans, reste discriminatoire. Pourtant, Mahomet aimait les
femmes. L'émergence de l'islam, au septième siècle, a représenté un
progrès pour les femmes. Le droit a durci les dispositions du Coran,
intégrant des traditions spécifiques aux tribus de la péninsule Arabique.
Puis il s'est figé au onzième siècle et s'est peu à peu momifié,
autorisant toutes les dérives. Le sort que la religion réserve aux femmes est
devenu l'un des emblèmes les moins glorieux de l'islam. |
224 |
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Dans
un contexte plus général il est possible de se demander si l'islam est
compatible avec les droits de l'homme. Il ne cultive pas les valeurs de
liberté et de responsabilité individuelles. Il accepte l'esclavage (comme
d'ailleurs l'Ancien Testament), mais n'oblige pas à le pratiquer. L'esclavage
a donc pu diminuer, sous la pression, entre autres, de l'O.N.U. En revanche
il ne reconnaît pas les mêmes droits à la femme qu'à l'homme. Il autorise
l'homme à avoir plusieurs femmes, qui sont sa propriété, et l'autorise à les
battre s'il ne peut les convaincre autrement. En justice, le témoignage de
la femme ne vaut que la moitié de celui de l'homme. Elle hérite moitié moins
que ses frères. |
225 |
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L'Islam
n'empêche pas la femme de travailler, mais insiste pour qu’elle demeure dans
ses rôles domestiques et familiaux. L'interprétation de la loi interdit par
exemple aux femmes l'accès à des postes importants, notamment au sein de la
fonction publique. Elle est également soumise à différentes contraintes, telles
que le port du voile, elle est soumise à des châtiments qui lui sont
spécifiques, comme la lapidation. Le Coran ne prescrit pas formellement le
port du voile, mais indique que la femme, ne doit pas être l'objet du désir
sexuel, C'est pour cette raison que la femme se recouvre dans plusieurs pays
musulmans du voile (hijad) afin d'éviter de dévoiler des parties dénudées de
son corps et d'exposer les hommes qu'elle pourrait épouser à la tentation. |
226 |
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Il
faudrait alors examiner la position du prophète par rapport aux femmes. Au
départ, Mahomet n’avait que la riche Khadija comme épouse, son aînée de
quinze ans. Aucun de ses enfants de sexe mâle ne survit, ce qui, dans la
société bédouine, est un signe d’impuissance et d’opprobre. Il est certain
que cette descendance féminine fut mal ressentie par Mahomet, et qu’il
chercha à prendre d’autres épouses. Certes, la société arabe païenne
préislamique autorisait la polygamie, mais il faut garder à l’esprit le fait
que Mahomet se présentait comme un monothéiste proche des juifs. Or les juifs
refusaient la polygamie. Par conséquent Mahomet devait avoir conscience de se
contredire en admettant la polygamie. Pour régler ce problème, une
autorisation spéciale lui fut gracieusement accordée par Allah pour qu’il
puisse épouser plusieurs femmes. De nombreuses femmes passèrent dans sa
couche, parfois contre leur gré comme Marie, la captive copte. Même si la
plupart de ses mariages répondaient à un intérêt politique pour se concilier
des alliances avec d’autres clans, le pouvoir de son seul désir s’exprime en
de maintes occasions, comme l’illustre son aventure avec Zainab, la femme de
son fils adoptif : Mahomet inventa une histoire incroyable selon
laquelle il avait reçu l’ordre divin de l’épouser. Ainsi il se disculpait du
crime d’inceste et son fils accepta joyeusement de divorcer pour répondre au
désir légitime de son père… |
227 |
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Il
épousa également Aïsha quelques mois avant l’Hégire, alors que lui avait
passé la cinquantaine et qu’elle-même n’avait que six ans. Fort heureusement,
il attendit sagement ses neuf ans avant de consommer ce mariage. Dans
certains pays appliquant la charia, cette histoire scabreuse avec une
fillette fixe l’âge légal du mariage islamique à neuf ans. Si Mahomet avait
créé sa religion à notre époque, toute la presse se serait déchaînée contre
lui en l’accusant d’être un affreux gourou pédophile… |
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Le
christianisme a associé le plaisir sexuel au péché et prôné l’idéal de
chasteté dont Jésus était le modèle, le Coran promet aux croyants un paradis
de délices charnels. Contrairement à la pudeur judéo-chrétienne, l’Islam ne
rejette pas les joies du sexe pour le croyant tué au combat. Arrivé au
paradis en effet, le combattant musulman se voit accordé de nombreuses
vierges célestes, pour son plaisir. De tels fantasmes imprègnent l’esprit des
terroristes islamistes qui enveloppent soigneusement leurs parties génitales
avant de s’exploser… |
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Entre
les deux civilisations, les malentendus sont nombreux, particulièrement en
matière de morale sexuelle. Les chrétiens monogames ont été choqués par la
vision des harems, l’institution de la polygamie, les nombreux mariages du
Prophète Mahomet et plus encore par la promesse coranique d’un paradis sexué.
De leur côté, les musulmans, pour qui le mariage est un devoir, critiquent le
monachisme chrétien et le célibat des prêtres. À leurs yeux, les catholiques
sont des refoulés voire des castrés. Au Moyen-âge, les musulmans doutaient de
la virilité des Croisés qui ne manifestaient aucune jalousie à l’égard des
amitiés masculines de leur femme. |
230 |
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Aujourd’hui,
entre l’Occident laïque féministe et le monde musulman qui a conservé son
code de la famille traditionnel, l’incompréhension est devenue totale sur la
question du statut de la femme. Les Occidentaux considèrent le voile
islamique comme un signe de soumission de la femme, tandis que les musulmans
interprètent comme une marque d’irrespect envers la femme la libération des
mœurs que revendiquent les Occidentaux. |