Le livre de Judith
1 |
|
Le Livre de
Judith le Salut de
Dieu apporté par une femme |
2 |
|
Pour entrer dans la compréhension du livre de
Judith, un rappel sur les différents livres de la Bible s’avère
nécessaire. La Bible est le livre sacré du judaïsme et du christianisme.
|
3 |
|
Le terme Bible vient, par le latin, du grec
biblia, ou « livres », diminutif de byblos, mot signifiant
papyrus ou papier, qui était exporté du port phénicien de Byblos. |
4 |
|
La Bible du judaïsme et celle du christianisme
diffèrent sur plusieurs points. Ce que les chrétiens nomment la Bible
n’est pas tout à fait la même chose que pour les Juifs. |
5 |
|
La Bible juive est un ensemble de trente-neuf
livres écrits à l’origine en hébreu à l’exception de quelques passages en
araméen. |
6 |
|
La Bible chrétienne renferme deux grandes
sections : l’Ancien Testament et le Nouveau Testament. Chacune des
sections contient plusieurs livres eux-mêmes subdivisés en chapitres et en
versets. |
7 |
|
L’Ancien Testament est écrit en hébreu. Il est
présenté sous deux formes différentes par le catholicisme et le
protestantisme. La version utilisée par les catholiques est la Bible du
judaïsme complétée de sept autres livres et adjonctions ; certains des
livres supplémentaires furent écrits initialement en grec comme le Nouveau
Testament. On appelle couramment ces livres
« deutérocanoniques ». L'Ancien Testament se compose de
trente-neuf livres pour les protestants et de quarante-six pour les
catholiques. |
8 |
|
Les sept livres en plus sont appelés
« deutérocanoniques » (deuxième canon), parce qu'ils ont été
reconnus par l'Eglise catholique après le premier canon définissant la
liste officielle des livres de l'Ancien Testament (en 90 de l’ère
chrétienne). Le deuxième canon est intervenu au Concile de Trente
(1545-1563). Il faut également préciser que les catholiques ont inclus,
des passages supplémentaires à l'intérieur des livres d'Esther et de
Daniel. Quant au Nouveau Testament, il se compose de vingt-sept
écrits. |
9 |
|
Le judaïsme quant à lui ne reconnaît pas non
plus ces livres deutérocanoniques, qui forment un groupe de sept
livres : Ben Sirac (Siracide ou Ecclésiastique ), Tobie, Sagesse,
Judith, premier et deuxième livre des Macchabées, Baruch, ainsi que les
« versions longues » de Daniel et Esther que les
protestants appellent parfois péjorativement
« apocryphes ». |
10 |
|
La Bible du judaïsme comporte trois parties
distinctes : la Torah, ou Loi, également appelée Livres de
Moïse ; les Neviim, ou Prophètes, divisé en Prophètes anciens et
Prophètes modernes ; et les Ketubim, ou Écrits, qui contient les
psaumes, les livres sapientaux et autres textes divers. |
11 |
|
Dans le judaïsme, on ne dit pas « la
Bible ». On parle plutôt de la TANAK. Ce mot n’existe pas en fait. Il
est formé, lié pas des « a », par les trois premières lettres de
chacune des parties de la Bible juive : T, N, K. |
12 |
|
Le « T » est la première lettre du
mot Torah (la Torah, c’est le Pentateuque, les cinq premiers livres de la
Bible). |
13 |
|
Le « N » est la première lettre du
mot Neviim qui signifie prophètes. |
14 |
|
Le « K » est la première lettre du
mot Ketubim qui signifie écrits sacrés et qui couvre tous les autres
écrits de la Bible sauf, bien sûr, les écrits grecs et le Nouveau
Testament. |
15 |
|
Le livre de Judith est difficile à dater et
semé de contradictions. Il rapporte l'histoire d'une femme qui a délivré
le peuple juif lors d'une guerre où il était menacé
d'extermination. C'est une histoire fascinante qui montre comment des
êtres humains peuvent intervenir pour sauver d'une situation désespérée.
Son but est alors d'encourager ses compatriotes à tenir bon dans
l'adversité et à rester envers et contre tout fidèles à Dieu. |
16 |
|
L'auteur inconnu aurait composé ce récit
édifiant à la fin du second ou au début du premier siècle avant l’ère
chrétienne. L'original presque a été certainement écrit dans l'hébreu,
mais rapidement traduit en grec. Ce livre a probablement comme origine un
fait réel qui pourrait se placer sous la domination perse (538-333), sur
lequel le rédacteur a brodé librement. |
17 |
|
Le livre de Judith prend cependant
d'étonnantes libertés avec l'histoire et la géographie, non pas parce
qu’il présente une mauvaise géographie ou se trompe dans les faits
historiques, mais parce qu’il est une histoire pieuse, sans prétention
historique ou géographique. Il n’est pas difficile de démontrer que cette
histoire est une fiction. |
18 |
|
Dès le premier verset on nous parle de
Nabuchodonosor, roi des Assyriens, alors qu’il était roi de Babylone et
qu’il a écrasé l’Assyrie. « C'était la douzième année du règne de
Nabuchodonosor, qui régna sur les Assyriens à Ninive, la grande ville, aux
jours d'Arphaxad, qui régna sur les Mèdes à Ecbatane » (1, 1). A
chaque instant de l’histoire, on rencontre des anachronismes. |
19 |
|
Mais, il est clair que l’auteur veut nous
rappeler une vérité permanente de l’histoire : Dieu est en lutte contre
les pouvoirs oppresseurs et il mène toujours à bien son propre plan.
D'autre part, les événements rapportés supposent que les Juifs sont déjà
revenus de l'exil ; or c'est ce même Nabuchodonosor qui les avait fait
déporter. |
20 |
|
La ville de Béthulie, autour de laquelle
tourne toute l'action du récit, n'est mentionnée nulle part ailleurs et
que les indications topographiques ne correspondent à aucune localité
connue en Palestine. Derrière cette fiction, l'auteur cache
intentionnellement des allusions à une situation plus récente,
probablement la difficile période de la révolte juive contre le roi syrien
Antiochus IV Épiphane (175-164 avant J.-C.). |
21 |
|
L'étonnante histoire relatée dans ce Livre se
déroule à un moment où le Proche-Orient est dévasté par une guerre menée
par l'empire assyrien. Les armées du général Holopherne prennent
rapidement le dessus et ravagent l'une après l'autre les villes du
pays. |
22 |
|
Lorsqu'elles paraissent devant Jérusalem, les
Juifs s'enferment dans leurs murs, et le siège de la ville commence. Les
assiégés n'ont aucune chance. La population terrifiée se met à prier
Yahvé. |
23 |
|
Le nom de Judith signifie « la
juive ». Son histoire se situe au moment du retour du peuple après la
captivité à Babylone. C’est une femme dont la réputation de beauté est
exceptionnelle ; |
24 |
|
elle est choisie par Dieu pour sauver son
peuple d'une invasion par le général Holopherne, général assyrien qui met
le siège devant Béthulie, une ville d'Israël. Il affame et assoiffe les
habitants Bientôt, eau et vivres viennent à manquer. |
25 |
|
Les habitants de la ville et leurs chefs
s'enfoncent dans la dépression. Désespérés, ceux-ci sont prêts à se
rendre, Se rendre, c'est ouvrir la porte à l'ennemi. Il faut résister.
Mais le siège est terrible. Alors ils mettent Dieu au pied du mur, alors
ils marchandent avec Dieu : « Donnons cinq jours à Dieu »
(7, 30). |
26 |
|
Judith, femme belle, riche, veuve depuis plus
de trois ans, mais surtout vertueuse, vivant dans le jeûne, le sac et la
louange, est informée de la situation. Alors elle se fâche. Peut-on défier
Dieu ! Les propos de ses concitoyens la choquent. Dans sa foi au Dieu
Unique, elle est convaincue que Dieu agira |
27 |
|
Le campement des forces de Holopherne autour
de la ville promet un avenir sombre. La marche des armées ennemies les
mènerait finalement à Jérusalem, où le temple lui-même serait menacé et,
probablement, détruit. Au retour d’Exil, le peuple de Dieu avait restauré
le temple, rétabli le culte à Dieu et repeuplé le pays…
|
28 |
|
« Les fils d'Israël… apprirent tout ce
qu'Holopherne… avait fait aux nations et la manière dont il avait pillé
leurs sanctuaires et les avait livrés à la destruction. Ils furent
extrêmement effrayés à cause de lui et angoissés pour Jérusalem et pour le
temple de leur Dieu. Car récemment ils étaient remontés de leur
captivité…, et l'autel et la maison de Dieu avaient été consacrés après
leur profanation » (Jud. 4, 1-3). Tous les hommes d'Israël crièrent
vers Dieu avec une grande ardeur et ils jeûnèrent avec une grande ardeur
(4, 9). Si Dieu l’avait libéré de l’esclavage, il ne pouvait permettre que
« la terre promise » fût usurpée. |
29 |
|
Pendant ce temps, le rédacteur fait entendre
au général assyrien le récit de l’histoire du peuple d’Israël :
« Ce peuple est un descendant des Chaldéens. Ils séjournèrent d'abord
en Mésopotamie, parce qu'ils ne voulaient pas suivre les dieux de leurs
pères… Leur Dieu leur dit de sortir du lieu de leur séjour et d'aller dans
la terre de Canaan. Ils y habitèrent… |
30 |
|
Ils descendirent en Égypte, car une famine
avait recouvert la face de la terre de Canaan, et ils séjournèrent là-bas
si bien… qu'ils devinrent là une grande multitude... Le roi d'Égypte se
dressa contre eux… il les humilia et les transforma en esclaves. Ils
crièrent vers leur Dieu, qui frappa toute la terre d'Égypte de coups sans
remède et les Égyptiens les chassèrent hors de leur présence. Dieu
dessécha la mer Rouge devant eux et les conduisit sur la route… |
31 |
|
Après avoir traversé le Jourdain, ils prirent
possession de toute la région... Tant qu'ils ne péchèrent pas devant leur
Dieu, le bonheur était avec eux… Mais quand ils s'éloignèrent de la voie
qu'il leur avait établie, ils furent très gravement exterminés dans de
nombreuses guerres et furent emmenés en captivité dans une terre
étrangère… |
32 |
|
Et maintenant, après être revenus vers leur
Dieu, ils sont remontés de la dispersion où ils avaient été dispersés, ils
ont occupé Jérusalem où est leur sanctuaire et ils se sont établis dans la
région montagneuse, car elle était déserte » (5, 6-18). |
33 |
|
Judith convoque les anciens de sa ville pour
leur dévoiler son plan : « Écoutez-moi : je ferai une action qui
parviendra aux fils de notre race jusqu'à des générations de générations.
Vous vous tiendrez à la porte cette nuit ; je sortirai avec ma suivante et
avant les jours où vous avez parlé de livrer la ville à nos ennemis, le
Seigneur visitera Israël par mon entremise (8, 32-33). |
34 |
|
Elle présente aux chefs du peuple une autre
proposition qui n’est pas un palliatif, mais une ferme décision pour
attaquer le mal à la racine : « Mais nous, nous ne connaissons
pas d’autre Dieu que Lui. Aussi pouvons-nous espérer qu’il ne nous
regardera pas avec dédain et ne se détournera pas de notre race. Si en
effet on s’empare de nous, comme vous l’envisagez, toute la Judée aussi
sera prise et nos lieux saints pillés. Notre sang devra alors répondre de
leur profanation. » (8, 20-21). |
35 |
|
Elle prévoit les conséquences des événements,
elle voit au-delà de ses intérêts : l’extermination des habitants de
sa ville permettra à l’ennemi de prendre possession de tout le pays de
Juda. Céder, même un peu, c’est laisser le champ libre à l’ennemi. Elle
élabore donc un projet qui évitera l’esclavage. Elle prend des risques…
mais elle a pleine confiance dans le Seigneur. Elle ne révèle pas son
plan. Elle demande simplement qu’on la laisse agir en toute liberté :
« Ne cherchez pas à connaître ce que je vais faire. Je ne vous le
dirai pas avant de l’avoir exécuté. » (Jdt. 8,34). |
36 |
|
Quand ses hôtes l'ont quittée, Judith se met à
prier « le Dieu des humbles, le secours des petits, le défenseur des
faibles, le protecteur des abandonnés, le sauveur des désespérés... »
(9, 11). |
37 |
|
Inspirée par Dieu, Judith entreprend alors son
opération de sauvetage. Elle revêt ses habits de fête et sort de la ville,
elle se présente à l'entrée du camp assyrien. Ne s'attendant pas à cette
apparition, les soldats assyriens ne se méfient pas et tombent sous le
charme. |
38 |
|
Ils l'introduisent dans leur camp et la
présentent à leur chef qui est séduit par sa beauté. La prenant pour une
courtisane, le général en chef Holopherne lui-même ne peut résister, et
tombe inévitablement amoureux. Judith sait que la victoire n’est pas dans
ses mains mais dans celles de Dieu qui veut sauver son peuple. |
39 |
|
Holopherne invite Judith à assister à un
banquet. Au cours du dîner, il lui fait des propositions galantes. Ils
conviennent de se retrouver dans l'intimité. Le repas fini, Holopherne,
qui s'était enivré, tomba dans un sommeil profond. Ses serviteurs le
portèrent sur son lit et se retirèrent, laissant près de lui Judith, seule
avec sa servante. |
40 |
|
Judith invoque le Seigneur en silence, puis,
saisissant avec fermeté le sabre d'Holopherne, l'en frappe deux fois au
cou et lui tranche la tête. |
41 |
|
Le général meurt instantanément. |
42 |
|
|
43 |
|
|
44 |
|
|
45 |
|
|
46 |
|
|
47 |
|
|
48 |
|
|
49 |
|
Elle la met ensuite dans un sac que portait sa
servante. |
50 |
|
|
51 |
|
|
52 |
|
|
53 |
|
Judith demande aux soldats assyriens
l'autorisation de passage, en prétextant de devoir dire une prière. |
54 |
|
|
55 |
|
Ne sachant rien du meurtre, les soldats la
laissent passer. Judith regagne rapidement la ville. |
56 |
|
|
57 |
|
Judith montra la tête d'Holopherne aux
habitants. « Tout le peuple fut absolument stupéfait ; s'étant
inclinés, ils adorèrent Dieu et dirent unanimement : Tu es béni, ô notre
Dieu, toi qui as anéanti aujourd'hui les ennemis de ton peuple. |
58 |
|
Ozias lui dit : Bénie sois-tu, ma fille, par
le Dieu très haut, plus que toutes les femmes qui sont sur la terre, et
béni soit le Seigneur Dieu, lui qui a créé les cieux et la terre, lui qui
t'a conduite pour blesser à la tête le chef de nos ennemis. En effet, ton
espérance ne quittera pas le coeur des hommes qui se souviendront de la
vigueur de Dieu pour toujours. |
59 |
|
Que Dieu fasse que tu sois exaltée
perpétuellement et visitée par ses bienfaits, parce que tu n'as pas
épargné ta vie à cause de l'humiliation de notre race, mais tu t'es
opposée à notre chute en marchant droit au but devant notre Dieu. Et tout
le peuple dit : Ainsi soit-il. Ainsi soit-il » (13, 17-20). |
60 |
|
|
61 |
|
Elle ordonne aux hommes de suspendre la tête
d'Holopherne au rempart et les exhorte à se précipiter sur les ennemis.
|
62 |
|
Au matin, c'est la panique dans le camp
assyrien qui découvre la tête de son chef suspendue. Les Assyriens
s'enfuient, poursuivis par les assiégés de Béthulie qui les taillent en
pièces. Le camp est pillé. La victoire du peuple est totale. |
63 |
|
Les habitants, après leur victoire, rendirent
au Seigneur de solennelles actions de grâces. Ce jour-là, le royaume
d'Israël est débarrassé de l'armée d'Holopherne pour toujours, et de la
menace assyrienne pour longtemps. |
64 |
|
Judith chantera elle-même un cantique de
victoire (16, 1-17), qui ressemble trait pour trait au Magnificat de la
Vierge. Elle vécut honorée par tout le peuple d'Israël, et mourut à l'âge
de 150 ans. |