Le patriarche Abraham

 

 

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Abraham, le patriarche

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La période des patriarches (Abraham, Isaac, Jacob et Joseph) est difficile à dater, mais on estime qu'elle se situe entre 1900 et 1500 avant Jésus-Christ. Les données bibliques sont insuffisantes pour fournir des dates précises…

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Les patriarches migrèrent de la Mésopotamie à l'Egypte en passant par des endroits connus des archéologues : Ur, Harrân, Salem (la future Jérusalem).

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Mais ni l'archéologie, ni les annales des grandes puissance de l'époque n'ont gardé trace des migrations d'un petit clan nomade, au début du deuxième millénaire. C'étaient les nomades ou semi-nomades, qui couvraient de grandes distances avec leurs troupeaux, à la recherche d'eau et de pâturages.

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Le nomadisme n’est pas l’errance, c’est un déplacement soigneusement jalonné qui va de puits en puits, de pacage en pacage, à des époques à peu près déterminées et selon des rites immuables.

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Abram et sa famille ne sont donc pas des émigrants qui connaissaient la misère. Il leur arrivait souvent de camper à proximité des villes. Ils pratiquaient l'agriculture de temps à autre, ce qui pouvait les conduire à résider temporairement dans les villes en tant que résidents étrangers.

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« Nomadiser » ne veut pas dire « voyager à l'aveuglette ». C'est occuper un espace selon un espace de sécurité que chaque homme se construit, délimité par des limites géographiques, sociales, culturelles, psychologiques et spirituelles.

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Quand le nom d'Abraham est cité dans le livre de la Genèse, il a déjà 75 ans. Par la Bible, nous ne connaissons rien de son existence antérieure. Il faut avoir recours au Midrash pour découvrir quelques explications complémentaires.

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Le Midrash est un terme hébreu pour désigner une   interprétation allégorique de la Bible ayant pour but de prodiguer un enseignement moral en recourant à divers genres littéraires : récits, paraboles et légendes. Le Midrash raconte qu’au moment de la naissance d’Abraham, les astrologues prédirent à Nemrod que l'étoile d'Abraham brillerait d'un plus vif éclat que la sienne. Nemrod ordonna de mettre à mort le fils de Térah. Ce dernier cacha son fils jusqu'à l'âge de 13 ans. Une fois sorti de sa cachette, Abraham commença à combattre l'idolâtrie.

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Lorsque Abraham sortit de la caverne, il se mit à réfléchir : Qui a créé le Ciel, la Terre, et moi-même ? Il a prié toute la journée en se tournant vers Soleil. Le soir, le Soleil s'est couché à l'Ouest et la Lune s'est levée à l'Est. Lorsqu'il vit la Lune et les Etoiles qui l'entouraient, il s'est dit : c'est la Lune qui a créé le Ciel, la Terre et moi-même et les Etoiles en sont les ministres et les serviteurs. Il s'est levé et a prié toute la nuit en direction de la Lune. Le matin, la Lune s'est couchée à l'Ouest et le Soleil a brillé à l'Est. Abraham dit : ils n'ont donc aucune puissance et il y a un Maître au dessus d'eux. C'est lui que je prierai et devant qui je me prosternerai.

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Cette première approche du monothéisme découvert par Abraham signifie que, dans le monde, il n’y a aucune force privilégiée. L'observation du déroulement des cycles astronomiques conduit à l'idée d'un être unique régissant tous les phénomènes particuliers. Théologiquement parlant, Abraham, contemplant le mouvement des astres, est devenu déiste.

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L'histoire de la foi monothéiste d'Abraham commence lorsque Dieu lui parle pour la première fois. Dans un monde entièrement païen, Abraham a choisi de voir la réalité d'un Dieu unique et de se consacrer à lui. L'appel d'Abraham est perçu dans la tradition comme l'intervention de Dieu pour arracher Abraham à l'idolâtrie et le faire entrer dans la foi monothéiste.

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Il faut renoncer à chercher dans l'histoire d'Abraham un noyau historique au sens moderne du terme ; elle ne vise pas à donner des renseignements sur un passé reculé, mais elle vise à faire connaître l'idéal moral et religieux conçu par les Israélites. L'appel d’Abraham sera considéré comme constitutif du peuple. La mission du peuple juif se manifeste par la sanctification du nom de Dieu et la lutte contre l'idolâtrie (culte d'adoration rendu à la créature), il faut refuser tout ce qui réduit Dieu à une chose et aliène l'homme. Cette vocation n'est pas celle d'un juif particulier mais de tous collectivement.

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A l'âge de 75 ans, Abraham reçut de Dieu l'ordre de quitter son pays natal et d'aller s'établir dans un pays étranger. Sans la moindre hésitation il prit la route.

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L'histoire d'Abraham est racontée dans la Genèse (Gn. 12, 1 à 25, 18). Et elle est le résultat d'une compilation de différentes traditions orales (yahwiste, élohiste et sacerdotale) : c'est ce qui permet d'expliquer les discontinuités ou les incohérences du récit. La Bible nous dit qu'Abram a vécu son enfance à Ur en Chaldée, il est donc fort probable que la famille Térah qui s'occupait d'élevages de troupeaux ait connu Ur au temps de sa splendeur vers 2030 avant l’ère chrétienne. La ville d'UR a été détruite en 2004 par les élamites, il est donc probable que la famille d'Abram a émigré vers le nord de la Syrie avant la destruction de la cité. Cette tribu est montée s'installer à Harrân, petite ville de Syrie. C’est là que Térah mourra. «Térah prit son fils Abram, son petit-fils Loth, fils de Harrân, et sa bru Saraï, femme de son fils Abram, qui sortirent avec eux d'Our des Chaldéens pour aller au pays de Canaan. Ils gagnèrent Harrân où ils habitèrent » (Gen. 11, 31).

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La position de chef de la tribu revint naturellement au fils aîné de Térah, Abram. Celui-ci avait des idées différentes de celles de son père. Si Térah, comme la plupart des hommes de son temps, adorait une pluralité de dieux, parmi lesquels très certainement Sin, le dieu lunaire d'Ur et Harrân,

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il n'est était pas de même pour son fils qui brisa avec l'idolâtrie, en s'installant au pays de Canaan et en se mettant d'abord au service du dieu local El. Puisque ce dieu lui avait donné un pays, Abram pensait qu'il serait capable de résoudre son problème crucial : sa femme était stérile.

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Aussi lui offrit-il, selon le rituel mésopotamien, un sacrifice de fécondité en vue d'obtenir une descendance. Mais ce Dieu transforme ce sacrifice de fécondité en sacrifice d'alliance, par lequel Dieu lui-même s'engage dans une double promesse, celle de la possession d'une terre liée à celle d'une descendance pour le patriarche (Gn. 15).

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Si l’on regarde une carte, on s'aperçoit que le patriarche parcourt exactement l'ensemble de ce qu'il est convenu d'appeler le « Croissant fertile », là où s’est déroulée toute l’histoire du peuple : Egypte, Canaan, Babylonie… 

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Le terme de « Croissant fertile » a été forgé au début du vingtième siècle pour désigner une zone d'échanges entre l'Asie et l'Afrique, la Méditerranée et la Mer Rouge, délimitée par des fleuves : la vallée du Nil et son Delta sont en effet reliés aux plaines alluviales du Tigre et de l'Euphrate par le littoral de la Méditerranée. Au milieu, se situe ce que la Bible appelle « le pays où ruissellent le lait et le miel ».

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Cela paraît trop beau pour être vrai. En fait, la « vérité historique » importe peu pour le rédacteur biblique, ce qui importe le plus pour lui c’est de saisir le lien qui unit le patriarche à tous ses descendants. Pour mémoire, il faut rappeler que ces récits ont été composés après l'exil, au sixième siècle avant l’ère chrétienne.

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En fait, aucun des anciens prophètes (Amos, Osée, Premier Isaïe) ne connaît Abraham. Il faut attendre le second Isaïe  rédigé au temps de l'Exil et après, pour que mention soit faite d'Abraham. Les chapitres 12-25 de la Genèse ne racontent donc pas seulement une histoire, celle d'Abraham l'ancêtre, ils ont eux-mêmes une histoire, comme les autres récits et écrits de la Bible. L'histoire d'Abraham, c'est l'histoire de ceux pour qui ce personnage est devenu important et parlant.

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Le peuple d'Israël alors ne possède plus de terre, conséquence, disent certains, de la rupture de l'alliance du Sinaï. Mais en racontant l’aventure d’Abraham à partir de bribes de la mémoire collective, le rédacteur se souvient de l’alliance passée avec Abraham où Dieu s'engageait sans contrepartie. Cette bonté de Dieu, qui avait mis en marche le patriarche devait susciter un sursaut de foi chez ses descendants. Il ne s’agira donc pas d’un voyage physique, mais d’un voyage à travers une histoire qui sera différente de celle de tous les autres  peuples.

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Le premier mot de Dieu à Abraham : « Pars de ton pays » est un programme. En hébreu, il veut dire littéralement : « Va pour toi ». Et c’est justement ce « pour toi » qui importe : Dieu appelle tout homme pour réaliser son bonheur, et cela, il le fait pour le patriarche en lui promettant une descendance et la bénédiction : « Je ferai de toi une grande nation et je te bénirai. Je rendrai grand ton nom. Sois en bénédiction. Je bénirai ceux qui te béniront, qui te bafouera je le maudirai ; en toi seront bénies toutes les familles de la terre ».

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Toute l'histoire d'Abraham sera une longue marche, et particulièrement une marche spirituelle à la découverte du Dieu unique. C'est aussi le point de départ de la foi d'Abram en ce Dieu unique.

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La révélation de Dieu à Abraham ne s'est pas produite dans un vide religieux. À cette époque, tous les peuples avaient leurs dieux. À Harrân, Abraham adorait un dieu personnel, protecteur de son clan. Peut-être l'associait-il à d'autres dieux de la région, car à Harrân la population vénérait surtout Sin, le dieu Lune.

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En arrivant en Canaan, Abraham rencontre le culte de El, dieu suprême des Sémites de l'Ouest, connu sous des noms divers que l'on retrouve dans la Bible : El-Elyon, El-Olam, El-Shadday. En disant à Abraham : « Je suis El-Shadday » (17,2), le Dieu personnel d'Abraham reprend à son compte les attributs de El, reconnu comme créateur du monde et comme source de sagesse.

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Désormais Abraham n'aura plus d'autre dieu que celui de son appel, celui que tous les Patriarches à sa suite serviront comme le Dieu des Pères, celui qui bien plus tard révèlera à Moïse son nom de Yahweh. Le Dieu d'Abram est personnel, il a des relations d'intimité avec son fidèle à qui il donne un nouveau nom : Abraham, père d'une multitude.

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Pourtant, ce Dieu ne se nomme pas, car, pour le Sémite, connaître le nom de quelqu'un, c'est avoir prise sur lui. Dieu reste le mystérieux, le Tout-Autre ; on le désignera simplement en indiquant le nom de ceux qui le vénèrent : il est le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac, le Dieu de Jacob...

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Ce n'est plus une divinité locale ou un dieu qui aurait une supériorité sur les autres divinités des différentes cités, ce n'est pas davantage une divinité de la nature comme Shemesh, le dieu du soleil à Babylone, ou comme Sin le dieu lunaire. Le Dieu qui fait alliance avec Abraham n'est pas semblable aux autres dieux fabriqués de mains d'hommes. Il refuse les sacrifices humains et n'acceptera pas que son fidèle lui immole son fils.

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Dieu lui apparaît et lui promet la possession de la région ; Abraham érige un autel, puis va séjourner près de Béthel, où il bâtit un nouvel autel. C'est là qu'il reçut, ainsi que sa famille, le nom d'Hébreu, car il venait de « l'autre côté du fleuve » selon une étymologie populaire. Mais il est également possible de faire dériver ce terme de la tribu nomade des Habiru qui apparurent en Asie occidentale au cours du deuxième millénaire.

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L'image qu'il est possible de se faire d'Abraham est sans doute celui d'un cheikh oriental, traversant l'ensemble du pays de Canaan avec l'ensemble de ses biens, tentes, troupeaux, bergers, épouse et concubines.

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La famine le poussa en Égypte pour un court séjour, mais il revint au pays de Canaan, car ce pays l'avait séduit, il y avait fait l'expérience d'un Dieu fidèle. Mais il estimait sa culture supérieure à celle des Cananéens, aussi envoya-t-il son serviteur dans son pays d'origine pour prendre une femme pour son fils Isaac (Gen. 24).

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Après son séjour en Egypte, Abraham s'installa à Hébron, dans la plaine de Mambré. Dieu fit de nouveau alliance avec lui, celle-ci s'accompagnant d'un signe inscrit dans la chair, la circoncision des mâles.

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Pour répondre à l'appel de Dieu, Abraham a donc quitté son pays et il s'est installé dans le pays choisi par Dieu pour ce qui sera bientôt son peuple. Mais Abraham s'interroge sur l'existence de ce peuple, car il n'a aucune descendance. Sur les conseils de sa femme, il eut d'abord un fils de sa servante Agar. Celui-ci, Ismaël, est considéré comme l'ancêtre des musulmans. Mais il n'était pas destiné à être l'héritier de la promesse divine.

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Celui qui héritera de la promesse sera le fils de sa femme, Isaac, dont la naissance est annoncée par la visite mystérieuse de trois personnages à Abraham :

 

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Le Seigneur apparut à Abraham aux chênes de Mambré, alors qu'il était assis à l'entrée de la tente dans la pleine chaleur du jour. Il leva les yeux et aperçut trois hommes debout près de lui. A leur vue, il courut de l'entrée de la tente à leur rencontre, se prosterna à terre et dit : Mon Seigneur, si j'ai pu trouver grâce à tes yeux, veuille ne pas passer loin de ton serviteur. Qu'on apporte un peu d'eau pour vous laver les pieds, et reposez-vous sous cet arbre.

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Je vais apporter un morceau de pain pour vous réconfortez avant que vous alliez plus loin, puisque vous êtes passés près de votre serviteur. Ils répondirent : Fais comme tu l'as dit. Abraham se hâta vers la Tente pour dire à Sara : Vite ! Pétris trois mesures de fleur de farine et fais des galettes. Et il courut au troupeau en prendre un veau bien tendre. Il le donna au garçon qui se hâta de l'apprêter. Il prit du caillé, du lait et le veau préparé qu'il plaça devant eux.

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Il se tenait sous l'arbre, debout près d'eux. Ils mangèrent et lui dirent : Où est Sara, ta femme ? Il répondit : Là, sous la tente. Le Seigneur reprit : Je dois revenir au temps du renouveau, et voici que ta femme aura un fils.

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Or Sara écoutait à l'entrée de la tente derrière lui. Abraham et Sara étaient vieux, avancés en âge, et Sara avait cessé d'avoir ce qu'ont les femmes. Sara se mit à rire en elle-même et dit : Tout usée comme je suis, pourrais-je encore jouir ? Et mon maître est si vieux ! Le Seigneur dit à Abraham : Pourquoi ce rire de Sara ? Y a-t-il une chose trop prodigieuse pour le Seigneur ? A la date où je reviendrai vers toi, au temps du renouveau, Sara aura un fils (Gen. 18, 1-14).

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Abraham et Sara auront un fils qu'ils nommeront Isaac, dont le nom signifie : Dieu a souri.

Le Seigneur intervint en faveur de Sara comme il l'avait dit, il agit envers elle selon sa parole. Elle devint enceinte et donna un fils à Abraham en sa vieillesse à la date que Dieu lui avait dite. Abraham appela Isaac le fils qui lui était né, celui que Sara avait enfanté.

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Il circoncit son fils Isaac à l'âge de huit jours, comme Dieu le lui avait prescrit. Abraham avait cent ans quand lui naquit son fils Isaac. Sara s'écria : Dieu m'a donné sujet de rire ! Quiconque l'apprendra rira à mon sujet. Elle reprit : Qui aurait dit à Abraham que Sara allaiterait des fils ? Et j'ai donné un fils à sa vieillesse (Gen. 21, 1-7).

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L'avenir semblait assuré pour la descendance d'Abraham, mais celui-ci croit comprendre que Dieu lui demande de lui sacrifier son fils...

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Dieu mit Abraham à l'épreuve. Il lui dit : Abraham ! Celui-ci répondit : Me voici ! Dieu dit : Prends ton fils, ton fils unique, celui que tu aimes, Isaac, va au pays de Moriah, et tu l'offriras en sacrifice sur la montagne que je t'indiquerai.

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Abraham se leva de bon matin, sella son âne, et prit avec lui deux de ses serviteurs et son fils Isaac. Il fendit le bois pour le sacrifice et se mit en route vers le pays que Dieu lui avait indiqué. Le troisième jour, Abraham, levant la tête, vit l'endroit de loin. Abraham dit à ses serviteurs : Restez ici avec l'âne. Moi et l'enfant nous irons jusque là-bas pour adorer, puis nous reviendrons vers vous.

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Abraham prit le bois pour le sacrifice et le chargea sur Isaac, il prit le feu et le couteau, et tous deux s'en allèrent ensemble. Isaac interrogea soin père Abraham : Mon père ! Eh bien, mon fils ? Isaac reprit : Voilà le feu et le bois, mais où est l'agneau pour l'holocauste ? Abraham répondit : Dieu saura bien trouver l'agneau pour l'holocauste, mon fils.

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Ils arrivèrent à l'endroit que Dieu avait indiqué. Abraham y éleva l'autel et disposa le bois, lia son fils et le mit sur l'autel, par-dessus le bois. Abraham étendit la main et saisit le couteau pour immoler son fils.

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L'ange du Seigneur l'appela du haut du ciel et dit : Abraham ! Il répondit : Me voici ! L'ange dit : Ne porte pas la main sur l'enfant ! Ne lui fais aucun mal ! Je sais maintenant que tu crains Dieu, tu ne m'as pas refusé ton fils, ton fils unique.

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Abraham leva les yeux et vit un bélier qui s'était pris les cornes dans un buisson. Il alla prendre le bélier et l'offrit en holocauste à la place de son fils.

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Du ciel, l'ange du Seigneur appela une seconde fois Abraham :

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Je le jure par moi-même, déclare le Seigneur, parce que tu as fait cela, parce que tu ne m'as pas refusé ton fils, ton fils unique, je te comblerai de bénédictions, je rendrai ta descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel et que le sable au bord de la mer, et ta descendance tiendra les places fortes de tes ennemis (Gen. 22, 1-17).

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La tradition veut donc que le sacrifice d'Abraham eut lieu au sommet du mont Moriah, au lieu même où Dieu modela l'homme avec la poussière du sol. Ce serait le centre de la terre, le nombril du monde. Et c'est en direction de ce mont que pendant des milliers d'années les juifs, quelle que soit leur résidence, se tournaient pour prier.

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Le sacrifice de son fils qu’accomplit Abraham est la réponse d’un homme à une demande divine : Abraham obéit aveuglément à l’injonction divine, sans rien attendre en échange. Aussi bien dans la peinture du Caravage (1575-1610)

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que dans celle de Rembrandt (1635), la détermination du patriarche est flagrante : ses gestes sont vigoureux, et il tient fermement son fils collé contre le rocher, avec dans la main le couteau prêt à frapper. Mais l’Ange de Dieu intervient à temps pour empêcher le sacrifice.

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Dans la peinture de Tiepolo, on voit bien l’interruption du sacrifice suite à l’intervention divine, marquée par la lumière divine déchirant les nuages et la figure de l’ange descendant du ciel.

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Accompagné d'un axe de lumière divine, un ange flotte vers la main d'Abraham. La brebis, qui doit être sacrifiée à la place d'Isaac se trouve en bas de la scène.

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Il en est de même pour la peinture de Rembrandt ou encore celle du Caravage où l’Ange du Seigneur retient la main d’Abraham avant qu’il ne soit trop tard… A chaque fois, l’Ange paraît réprimander Abraham. Dans le premier tableau, il lève la main au ciel comme un père gronderait son enfant

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et, dans la seconde peinture, la main qui ne retient pas le bras d’Abraham pointe le doigt vers une brebis qui deviendra alors l’objet du sacrifice.

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A la mort de son père, Isaac devint le chef de la tribu.