Habemus papam !

19 avril 2004 : Jour de joie pour l’Eglise

 

Après avoir été les témoins directs de l’agonie du pape Jean-Paul, nous avons regretté, avec des millions de fidèles, sa dispa­rition.

Pendant plus d’une semaine, nous avons été dans l’expectative, nous demandant ce que pouvait signifier ce secret extrêmement bien gardé qui régnait au Vatican. Fi­nalement le mardi 19 avril, nous avons pu constater que les délibérations des cardinaux réunis en conclave avaient été rapides et qu’un nouveau pape était élu. Il prenait le nom de Be­noît XVI.

Aussitôt les spéculations les plus diverses pouvaient commencer à circuler.

C’est un Allemand et comme tel il ne peut manquer à l’image que, Français, nous nous faisons des Allemands : des hommes très raides dans les questions de disci­pline. En plus, c’est un théologien, connu dans le monde entier pour la fermeté de ses prises de position et sa rigueur morale. Ce serait donc un pape conservateur.

S’il prend le nom de Benoît, c’est qu’il veut faire référence à saint Benoît qui est le patron de l’Europe. Ce serait donc un pape pro-européen.

En choisissant de nom, il tient à s’inscrire dans la lignée de Benoît XV qui fut le pape qui essaya vainement d’empêcher le premier conflit mondial, et dont le pontificat a été bref. Ce serait alors un homme de la paix, pour un court pontificat.

Ce même Benoît XV avait osé des tentatives de rapprochement avec l’Eglise d’Orient, Benoît XVI serait un pape d’ouverture à l’orthodoxie.

Mais, cet homme, le cardinal Joseph Ratzinger n’a pas une grande expérience de pasteur ; depuis son ordina­tion sacerdotale, il a été un brillant philosophe, professeur de morale, et il n’a été évêque de Munich que très peu de temps, avant d’être appelé à Rome dans la Congrégation pour la dé­fense de la foi, ce qu’on appelait auparavant la « sainte Inquisition ». Ce ne serait donc pas un pasteur comme le pape Jean-Paul II.

Pour faire bref, avant même son introni­sation, qui devait avoir lieu le dimanche 24 avril, Benoît XVI était un homme, un pape déjà bien catalo­gué, enfermé dans des schémas tout tracés… comme si, même à 78 ans, il ne lui était offert aucune chance de changement.

Que les plus anciens se souviennent ! En 1958, personne ne donnait véritablement de chance non plus à ce cardinal Roncalli qui devenait pape sous le nom de Jean XXIII, c’était un vieillard, il ne serait donc qu’un « pape de transition ». Pourtant, ce vieux pape fut à l’origine d’une véritable révolution dans l’Eglise, en devenant le premier artisan du concile Vatican II.

Mais l’Eglise n’est pas une institution comme les autres sociétés humaines. Même s’il faut parfois déplorer les lourdeurs d’une institution bi-millénaire, ou même les lenteurs d’une administration bien hiérarchisée, cette Eglise est une construction de « pierres vivantes ». Et ce nouveau pape est aussi une pierre vivante qui mesurera pleinement que gran­dir est une des lois principales de la vie. A l’heure où beaucoup connaissent les joies et les agréments d’une retraite méritée, Benoît XVI prend le risque de devenir un homme d’avenir, appelé à être un vivant qui fait grandir ses frères dans la foi. Sa tâche précédente était de garantir la doctrine, mission qu’il a accomplie en y engageant toute sa compétence. Il engagera également toute son ardeur dans la nouvelle mission qui lui est confiée, le ministère pétrinien. Le successeur de Pierre à la tête de l’Eglise a endossé une nouvelle personnalité.

Joseph cardinal Ratzinger n’est plus, Benoît XVI entame un nouveau chemin.

Michel Ségard